SOMMAIRE........................................................................................................................iv
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.............................................................................1
PREMIÈRE PARTIE : UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE GENERATRICE
D'UN DEVELOPPEMENT
CARENCÉ.......................................................................7
CHAPITRE 1 :L'INFLUENCE DU CARACTÈRE
CONFLICTUEL DE LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE AU PLAN
INTERNATIONAL...........................................9
Section 1 : Les orientations classiques de la
gestion environnementale........................9
Section 2 : Le nouveau paradigme de l'économie
écologique....................................17
CHAPITRE 2 : LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE AU
PLAN
NATIONAL.....................................................................................................27
Section 1 : La situation
environnementale.............................................................27
Section 2 : La norme
ivoirienne...........................................................................37
DEUXIÈME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE GÉNÉRATRICE D'UN DÉVELOPPEMENT
DURABLE...........................................47
CHAPITRE 1 : L'ADOPTION D'UNE ÉTHIQUE DE
L'ENVIRONNEMENT................49
Section 1 : Du fondement éthique : la
relation Homme - Nature en Côte d'Ivoire..........49
Section 2 : Du fondement social : les forces
sociologiques de la Nation......................57
CHAPITRE 2 : L'INSERTION DE LA GESTION
ENVIRONNEMENTALE DANS UN CADRE GENERAL D'ÉCONOMIE
ÉCOLOGIQUE................................................67
Section 1 : Le rôle des partenaires
externes..........................................................67
Section 2 : La reconnaissance citoyenne de la
primauté de l'environnement................75
CONCLUSION
GÉNÉRALE..............................................................................85
ANNEXES......................................................................................................90
BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................123
WEBOGRAPHIE............................................................................................135
TABLE DES
MATIÈRES................................................................................137
iv
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Pour tout Etat, l'aspiration au bien-être de la nation
et des nationaux n'est pas seulement utile. Elle est nécessaire et doit
se concrétiser sur l'espace territorial relevant de sa
souveraineté, notamment par le choix de règles protectrices de
cet espace territorial appelé environnement, règles permettant
d'atteindre les objectifs en matière de développement.
La Constitution ivoirienne de l'an 20001(*) consacre non seulement le droit
à un environnement sain, mais aussi le devoir d'entretien de cet
environnement, en quelques dispositions pertinentes.
L'article 19 est ainsi
libellé : « Le droit à un environnement sain
est reconnu à tous. » Il est complété par
l'article 28, en ces termes : « La protection de
l'environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir
pour la communauté et pour chaque personne physique et
morale. » Ainsi, c'est dans la norme fondamentale elle-même que
la préoccupation pour l'équilibre environnemental, gage de
développement, trouve son ancrage. Par ces dispositions, la constitution
détermine et fixe l'option marquée par l'Etat en faveur de
l'orientation écologique culminant dans le binôme
« politique environnementale » et
« développement durable ».
Qu'est-ce que la « politique
environnementale » ?
Qu'est-ce que le « développement
durable » ?
Ces expressions étant composées, il va sans dire
que les définir requiert au préalable une explicitation de chacun
des termes qui les composent.
Le terme « politique » vient du terme
grec « politikos », de « polis », qui
signifie « cité ». En langue française, il
est utilisé, comme substantif, au masculin et au féminin. L'usage
masculin, d'intérêt phénoménologique, s'entend de ce
qui relève de l'exercice du pouvoir dans l'Etat. L'usage féminin
renvoie, d'une façon sommaire, à l'ensemble des options prises,
des actions menées et des méthodes y afférentes par les
gouvernants d'une société politique, ensemble destiné
à avoir un impact sur tout ou partie des composantes de la
société politique 2(*).
L'adjectif « environnemental » vient bien
entendu du terme « environnement ».
Selon la Conférence des Nations Unies de
Stockholm3(*),
l'environnement est défini comme « l'ensemble des conditions
sociales et des ressources matérielles disponibles dans un milieu
à un moment donné, et qui servent à satisfaire les besoins
de l'homme. » Le Code ivoirien de l'Environnement4(*) donne la définition
suivante en son article 1er: « L'environnement
est l'ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques, et
des facteurs socio-économiques, moraux et intellectuels susceptibles
d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme sur le
développement du milieu, des êtres vivants et des activités
humaines. » A ces explications qui situent l'ensemble de plusieurs
éléments dans un milieu s'ajoutent deux
définitions5(*) qui
complètent et achèvent la compréhension du terme en
question. Ainsi l'environnement est « l'ensemble des
éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou
une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir
à ses besoins. » C'est aussi « l'ensemble des
éléments objectifs (qualité de l'air, bruit, etc.) et
subjectifs (beauté d'un paysage, qualité d'un site, etc.)
constituant le cadre de vie d'un individu. »
Le « développement », au sens
économique du terme correspond, selon Paul Bairoch, à l'ensemble
des changements économiques, sociaux, techniques et institutionnels
liés à l'augmentation du niveau de vie résultats des
mutations techniques et organisationnelles de la révolution
industrielle. Pour François Perroux, le développement est
« la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population
qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et
durablement, son produit réel global6(*). » Autant dire qu'il est
« l'amélioration qualitative et durable d'une économie
et de son fonctionnement7(*)», d'une part, ainsi que des mentalités,
d'autre part. L'adjectif « durable » s'entendant de
ce qui est « de nature à durer longtemps, qui présente
une certaine stabilité, une certaine résistance8(*). »
Ainsi, au vu de la définition des termes clés
susmentionnés, la politique environnementale est l'ensemble des
décisions et actions mises en oeuvre par les pouvoirs publics afin de
garantir l'intégrité des écosystèmes, des
ressources naturelles et du cadre de vie des populations. Quant au
développement durable, il s'agit d'un concept promu par le rapport
Brundtland9(*) et qui
consiste dans la satisfaction rationnelle des besoins du présent tout en
garantissant les besoins des générations futures. Et ce par la
justice sociale, le développement économique et la
préservation de l'environnement.
Pourtant, bien que l'environnement soit placé en bonne
place au nombre des priorités dans le développement de l'Etat, il
n'a pas toujours bénéficié du respect et de la protection
nécessaire à sa conservation. En effet, pour ne citer qu'un
exemple, la vie quotidienne offre au regard partout dans les rues du district
d'Abidjan le spectacle d'une ville faite d'immondices et de gisements fort peu
attrayants, d'odeurs sulfureuses, d'égouts à ciel ouvert
dangereux et repoussants.
Ce spectacle est révélateur soit du peu
d'intérêt porté à l'environnement, soit de la
discordance entre les politiques publiques élaborées et les
réalisations faites en la matière, discordance aboutissant
à des errements environnementaux dont le plus notable est le
déversement d'une importante quantité de déchets toxiques
cause de pertes en vies humaines, le 19 août 2006 dans la région
d'Abidjan10(*). Toutes
choses qui amènent à s'interroger sur la gestion environnementale
dans l'Etat de Côte d'Ivoire. Interrogation d'autant plus importante que
l'entretien et la protection de la nature et du cadre de vie garantissent la
pérennité du progrès économique et social d'une
société.
De là découlent les questionnements
suivants :
Quelle perception a l'Etat ivoirien de la notion de politique
environnementale, de celle de développement durable et du lien entre
elles ?
Quel bilan peut être fait de la gestion environnementale
de l'Etat ?
Quelles solutions peuvent être apportées pour
pallier les insuffisances et impulser une dynamique nouvelle à la
politique ivoirienne de l'environnement ?
Etudier une telle question implique que l'on fasse intervenir
plusieurs autres domaines du politique. Cela étant donné que
l'environnement, c'est-à-dire l'espace territorial, est le cocon, bien
plus le lieu immense de la concrétisation des rêves de nation. On
mesure par conséquent la délicatesse du travail à
accomplir, travail qui s'appuiera sur les différentes branches du savoir
et de l'activité humaine pour penser le cas ivoirien. Aussi le vaste
caractère, non pas de l'étude elle-même mais de la somme de
données auxquelles elle fait appel nécessite-t-il une
sélection des sources, au risque malencontreux de passer sous silence
certaines d'entre elles de première importance. Pour cause de limites
spatiales, temporelles et documentaires. En conséquence, il s'agit,
toujours sur la base de l'option intellectuelle prise, aidée des sources
et des références collectées en la matière, de se
donner d'abord une compréhension du lien entre politique
environnementale et développement durable pour asseoir ensuite la
réflexion dans le champ matériel de la politique ivoirienne, en
d'autres termes l'appliquer aux réalités de l'Etat.
Il importe à ce niveau de s'arrêter sur la notion
de développement durable pour éclaircissement, du fait de son
caractère controversé11(*).
Le terme de « développement
durable » pose un certain nombre de problèmes liés
à sa signification et au message qu'il contient. En effet, la
durabilité, la pérennité sont inscrites dans la
définition même du terme
« développement ». Pour ainsi dire, l'adjonction de
l'adjectif « durable » au terme
« développement » entraîne manifestement une
redondance. Si tel est le cas, quel sens donner à son usage ?
Le concept de développement durable est né de
celui de développement, en réaction à un
défaut constaté dans l'élan et la construction du
développement : injustice sociale,
« sous-développement », dégradation sanitaire
et environnementale, entraînés par un certain modèle
économique et social dit
« développé ». L'émergence du concept
en question implique donc une volonté de donner à la perception
ordinaire de la notion de développement une touche plus humaine, en
prenant en compte les préoccupations sociales criardes et les
problèmes écologiques. Thèmes faisant appel à la
« durabilité », c'est-à-dire la
stabilité, contenue dans l'expression
« développement ». Le
« développement durable » remet donc en question la
notion de développement, mais non pas au sens ontologique : il
montre les limites et le problème de la viabilité du
modèle économique et social dominant. Ainsi, dans la perception
commune collective, surtout dans les pays du Sud, parler de
développement revient, sommairement, à avoir non seulement les
infrastructures de base et un niveau de vie décent, mais aussi le style
de vie occidental. Parler de développement durable revient à
prendre en compte la donne
environnementale dans la construction de la
société.
L'objectif du développement ci-dessus est donc de
clarifier, dans un souci d'ordre méthodologique, le concept de
développement durable qui, avec la « politique
environnementale » et « dans l'Etat de Côte
d'Ivoire », forme le thème de la présente étude.
Mais aussi de justifier l'utilisation du terme, puisqu'il pose un certain
nombre de problèmes et est par conséquent sujet à
discussions. A ce stade, la nécessaire possession d'une option
intellectuelle conduit à une utilisation des sources en tenant compte de
cette option.
En ce sens, l'examen du système de gestion de
l'environnement en Côte d'Ivoire fait apparaître une certaine
mitigation au niveau des résultats, laissant subsister une
indécision politique préjudiciable au développement
durable. Aussi importe-t-il de lui impulser une dynamique nouvelle. La
présente étude, sans se donner la prétention d'examiner
à la perfection le sujet, se propose, après avoir montré
le caractère limitant de la politique environnementale traditionnelle
(Première Partie), d'esquisser les
éléments pour une politique de l'environnement
génératrice d'un développement durable
(Deuxième Partie).
PREMIÈRE PARTIE : UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE GÉNÉRATRICE D'UN DÉVELOPPEMENT
CARENCÉ
Toute politique environnementale sert la perpétuation
d'un niveau de vie qualitatif pour les populations qui en sont les
bénéficiaires. Aussi la gestion de l'environnement doit
revêtir un caractère central et hautement stratégique
vis-à-vis des autres fonctions de l'Etat, étant donné que
la terre est la base et la condition de toute vie sociale. Elle implique une
attitude individuelle et collective à même de garantir et
perpétuer son intégrité, sa santé, donc les biens
et services offerts par elle. Ainsi, on reconnaîtra la qualité
d'une politique de l'environnement, préalable au développement
durable, à son impact sur le visage et les systèmes naturels de
l'espace territorial. Or l'analyse de la politique environnementale de l'Etat
de Côte d'Ivoire montre que celle-ci est encore à la recherche
d'une identité. Fragilisant le développement du pays, qui se
trouve du coup carencé. Cet état de fait trouve en partie ses
racines dans le caractère conflictuel de la politique environnementale
reflétée au plan international (Chapitre 1).
Situation que la politique environnementale nationale, du fait de sa relative
indécision, ne fait que refléter (Chapitre 2).
CHAPITRE 1 : L'INFLUENCE DU CARACTÈRE
CONFLICTUEL DE LA POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE AU PLAN
INTERNATIONAL
L'espace terrestre, planétaire, ignorant les
fragmentations territoriales et conditionnant la vie des
sociétés, la conduite humaine vis-à-vis de
l'environnement implique un certain type relationnel Homme - Environnement
à peu près identique en tout temps et en tout lieu :
l'être humain use de la Nature pour se nourrir, se vêtir, se
protéger, s'épanouir, en un mot vivre. Par conséquent,
c'est la même géométrie qui est observée à
l'échelle environnementale, avec ceci de décisif que les
réactions convulsives et punitives d'une planète bafouée
ont constitué le catalyseur de la base uniformisante des politiques
environnementales nationales. Autrement dit des orientations classiques de
gestion environnementale (Section 1).
Mais il ne s'agit pas seulement d'élaboration de
règles dont l'application connaîtrait des fortunes diverses. Car
la décision semble souvent cerner difficilement les contours des
réalités ayant généré le processus qui lui a
donné naissance. Or, cela se vérifie sur le plan environnemental,
où les intérêts des hommes ne concordent pas
forcément avec ceux de la planète. Cependant, la prise de
conscience existe à tous les niveaux et c'est elle qui, soutenue par des
esprits éclairés, est à la base de la définition
d'un mode de vie et d'une économie en harmonie avec l'environnement.
Qu'en est-il de ce paradigme (Section 2) ?
Section 1 : LES ORIENTATIONS CLASSIQUES DE LA
GESTION
ENVIRONNEMENTALE
Les problèmes sociaux et environnementaux font l'objet
de réflexions, individuelles ou communes, de la part des acteurs de la
vie politique mondiale. Ces réflexions permettent d'orienter le cours
des choses à des degrés divers, et de tracer des canevas
d'uniformisation des visées, des choix, des actions. C'est pourquoi il
importe de connaître le cadre général et classique d'action
environnementale, par l'entremise des institutions internationales
(Paragraphe 1) et de la société civile
internationale (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les institutions internationales
Face aux alertes progressives sur les premières
manifestations négatives de modèles économiques
fondés sur la production tous azimuts et la consommation de masse,
l'Organisation des Nations Unies (ONU) a de plus en plus accordé de
l'intérêt à la protection de la planète, par
l'élaboration d'un cadre juridique global d'action (A)
et une attention plus aiguë aux questions du réchauffement
climatique et de la pollution (B). Même s'il faut
reconnaître que cela ne s'est pas fait sur la base d'un credo commun qui
aurait pu être exprimé dans la charte des Nations Unies12(*).
A. Le cadre juridique global d'action
Le système des Nations unies, fondé sur les
cendres de la seconde guerre mondiale se compose, fait connu, de divers cadres
de concertation pour l'élaboration de réponses aux
différents enjeux politiques locaux et internationaux, et ce sur des
bases garantissant un certain nombre de principes juridiques. Si, le monde
sortant de guerre, il fallait satisfaire aux urgences socio-économiques
du moment et aux pressions décolonialistes, les questions
environnementales, en revanche, n'occupèrent que très
exceptionnellement le devant de la scène13(*).
Cependant, la prise de conscience se manifesta notamment
à travers la conférence sur le développement
organisée par l'ONU en 1972, avec l'apparition du concept
d'écodéveloppement14(*), et surtout à travers le célèbre
rapport Brundtland, réalisé pour le compte de la
Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement
(CNUCED), qui popularisa le concept de développement durable.
Ces travaux ont tiré la sonnette d'alarme et
propulsé le thème écologie sur le devant des scènes
politiques. Avec le colloque mondial organisé en 1977 par le Programme
des Nations unies pour l'environnement (PNUE) sur l'avancée du
désert15(*), les
contours sont ainsi tracés pour des actions concrètes au niveau
des Etats : interliaison de la justice sociale, du développement
économique et de la préservation de l'environnement16(*). Ainsi, les premiers
protocoles et conventions, celles portant sur la régulation de la chasse
à la baleine et aux grands cétacés (Washington,
D.C.,1946), sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel
(Paris,1972), sur les zones humides d'importance internationale
particulièrement comme habitat de la sauvagine (Ramsar,1971), seront
suivies par d'autres : la Convention sur le commerce international des
espèces en danger
de la faune et de la flore sauvages ou Convention on International Trade in
Endangered Species of Wild Fauna and Flora, CITES (Washington,
D.C.,1973) ; la Convention sur la conservation des espèces
migratrices appartenant à la faune sauvage (Bonn,1979) ; la
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Montego Bay,1982) ;
le Protocole portant sur la réduction et l'élimination de
l'excédent de chlorofluorocarbures (Montréal,1987) ; les
conventions sur le changement climatique et sur la diversité biologique
ainsi que les déclarations sur l'environnement et le
développement et sur les forêts, série de textes
découlant du Sommet de la Terre, au Brésil (Rio de
Janeiro,1992) ; la Convention sur la lutte contre la
désertification dans les pays gravement touchés par la
sécheresse ou/et la désertification, en particulier en Afrique
(Paris,1994) ; la troisième conférence des Nations Unies sur
les changements climatiques ayant abouti au Protocole de Kyoto, au Japon
(Kyoto,1997). Quant aux conférences, elles ne continuèrent pas
moins de se tenir, soit dans le sillage thématique des
précédents travaux, soit dans l'optique d'une réflexion
sur de nouveaux sujets. En 1995 eurent lieu les conférences sur le
développement social, à Copenhague, sur les changements
climatiques, à Berlin, et sur la protection de la couche d'ozone,
à Vienne. D'autres suivirent.
Au plan régional, pour ce qui concerne l'Afrique, la
Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, fondement juridique de
l'ex- Organisation de l'Unité Africaine (OUA), adoptée à
Nairobi le 28 juin 1981 s'est révélé être
« le premier instrument international en matière de droits de
l'Homme à énoncer clairement le droit à un
environnement17(*). » Dans la sous-région
ouest-africaine, des initiatives comme la Commission de coordination des Parcs
et Réserves des pays du Conseil de l'Entente et la Commission tripartite
Côte d'Ivoire, Guinée, Libéria pour l'ensemble des
réserves des Monts Nimba, sont à mettre à l'actif des
gouvernements concernés18(*).
Deux questions prennent particulièrement de
l'importance. Ce sont le réchauffement climatique et la pollution.
B. Les questions du réchauffement
climatique et de la
pollution
Parmi les thèmes majeurs examinés lors des
rencontres internationales figure le réchauffement climatique.
L'élévation de la température de la
planète, source d'inquiétantes évolutions des processus
naturels terrestres, de même que la détérioration de la
couche d'ozone stratosphérique, phénomènes majoritairement
imputables aux activités humaines19(*), sont à la base d'une valse de réunions
dont la plus importante s'est tenue à Kyoto au Japon, en 1997. Cette
réunion a débouché sur l'adoption du protocole du
même nom. Se situant dans le sillage de la Convention Cadre sur les
changements climatiques, adoptée en 1992 à Rio, il engage la
communauté internationale à réduire ses émissions
de gaz à effet de serre (GES) de 5,2 % d'ici à 2012. La
ratification de ce protocole étant le signe de la volonté, du
moins de la décision des Etats de s'y engager. Cependant, en onze ans de
durée, 156 Etats sur les 192 initialement concernés ont
ratifié le protocole, dont la Côte d'Ivoire. Parmi ces cent
cinquante-six pays, les pays développés engagés sont au
nombre de vingt-deux. L'exemple de prise de conscience écologique est
beau, considéré institutionnellement. Mais les choses ont maille
à partir politiquement, tant il est vrai que les réductions des
émissions de gaz nocifs sont restées insignifiantes,
particulièrement pour de grands pays industrialisés qui sont
aussi les leaders de l'économie mondiale. Avec en prime les Etats-Unis
d'Amérique.
Pour doper le processus s'est tenue du 3 au 15 décembre
2007 la Conférence de Bali, en Indonésie. Il s'agissait de
préparer la suite du Protocole de Kyoto en élaborant un nouvel
accord relatif à la réduction des GES, et ce par l'implication
sérieuse des Etats grands pollueurs de la planète notamment les
Etats-Unis, la Chine, l'Australie et l'Inde. L'autre objectif était de
pouvoir préparer une feuille de route conduisant à un nouvel
accord sur le climat au terme de l'an 2009. Ce cadre de concertation, le
treizième du genre organisé par l'ONU sur le changement
climatique, a fait grincer des dents à quelques grands pays pollueurs.
Ainsi, « s'il est indéniable que la porte reste grande ouverte
sur la possibilité de réunir dans deux ans encore les nations
industrialisées pour parler toujours de la réduction des
émissions des gaz à effet de serre, il demeure tout aussi vrai
que l'on a jusqu'ici pas réussi à faire efficacement
fléchir tous les gros pollueurs. Avec en prime les Etats-Unis (...) Et
des pays émergents comme l'Inde et la Chine, (...) en passe de se hisser
au rang des plus gros pollueurs, ne se sont guère sentis
intéressés par des objectifs chiffrés qui n'ont, du reste,
pu être obtenus. Au motif plutôt qu'ils n'étaient pas
prêts à admettre des mesures qui gêneraient l'élan
amorcé par leur expansion économique actuelle.20(*)»
Un autre sujet environnemental sensible est le traitement des
déchets, qui constituent un important fardeau toxique pour la Terre.
En matière de pollution, diverses conventions ont
été adoptées pour fonder le cadre global d'action relatif
à la classification, à l'utilisation, au transport et à la
gestion des déchets. C'est notamment l'objet de la Convention de
Bâle et de la Convention de Marpol. Selon l'économiste
écologique Lester Brown, un « pas important a
été franchi en décembre 2000, lorsque les
délégués de cent vingt-deux pays se sont rencontrés
à Stockholm pour approuver un accord interdisant douze des produits
chimiques les plus toxiques actuellement en usage (...) Une fois que cinquante
pays auront ratifié le traité, ce qui devrait prendre au moins
trois ans, la mise en oeuvre commencera21(*).»
La Côte d'Ivoire est partie à plusieurs
protocoles et conventions environnementales aussi bien au niveau mondial qu'au
niveau continental et sous-régional. Et les Nations unies montrent,
à travers les cadres politiques que sont le PNUE, le PNUD et le
Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) prévu par le
Protocole de Kyoto, qu'elles ont fait un pas significatif pour
l'intégration de la donne environnementale dans leur vision du monde.
Les acteurs de la société civile de par le monde auront
été leurs décisifs leviers.
Paragraphe 2 : La société civile
internationale
Il ne sera guère ici question d'étudier
l'émergence d'une société civile internationale car
l'humanité s'interpénétrant et se
planétisant22(*),
les sujets qui l'intéressent deviennent eux aussi de plus en plus
globaux.
C'est le cas de l'environnement. Comme le dit le professeur
Philippe Saint-Marc, « l'espace est un. Les pollutions ignorent les
frontières. »23(*). Ceci étant une évidence, il s'agit de
faire un historique de la lutte écologiste (A) et de
s'intéresser aux courants de cette société civile dans
leurs conceptions d'une politique environnementale qui serait
facteur d'un développement soutenable
(B).
A. La lutte écologiste
Dans la dynamique politique, les pouvoirs des gouvernants et
des populations s'interpénètrent, à des degrés
divers, et selon la culture, la vision politique des uns et des autres. Une
population bien instruite, bien au fait de ses problèmes et
possédant un idéal de vie pèse, par ses élites et
ses mouvements de masse, sur le processus décisionnel et l'orientation
politique de la société. Ainsi, aussi simple que cela puisse
paraître, les gouvernements ont souvent été
éveillés à la conscience écologique par des
élites et des groupes sociaux, nationaux ou transnationaux.
Car la montée des préoccupations
environnementales et sa mise en rapport avec le bien-être des hommes sont
pour une importante part l'oeuvre de millions de personnes
réfléchissant et travaillant, au sein de multiples organismes, au
contact des réalités quotidiennes d'une existence à
parfaire.
Le caractère crucial d'une politique
environnementalement responsable et écologique connut une pointe
critique avec l'annonce faite par des scientifiques, en mai 1985, d'un trou
dans la couche d'ozone stratosphérique au-dessus de l'Antarctique. Cette
découverte inquiétante ainsi que plusieurs autres revers tels que
l'accident nucléaire de Tchernobyl en ex-Union soviétique, la
pollution causée par le navire Amoco-Cadiz en France auront mis la
communauté scientifique dans son ensemble en alerte. Les études,
rapports et conférences se multiplient dans tous les domaines
environnementaux. Des hommes et des femmes, des groupes sociaux ainsi que des
centres et instituts de recherche se distinguent dans l'information et dans
l'action.
L'une des premières organisations à mettre la
puce à l'oreille du monde fut le Club de Rome, par ses diverses
études dont le rapport Meadows réalisé en 1972 et
intitulé Halte à la croissance 24(*). Depuis 1984, le Worldwatch
Institute, organisme américain fondé par Lester Brown, l'un des
pionniers des recherches sur l'environnement et le
développement durable, publie annuellement The State of the
World (L'Etat de la planète). Les idées de cet
agroéconomiste de métier, initiateur du concept
d'éco-économie peuvent se résumer en ceci :
« Construire une éco-économie est un projet excitant et
gratifiant. Il implique que nous pouvons vivre dans un monde où
l'énergie provient d'éoliennes et non de centrales thermiques,
où les industries de recyclage remplacent les industries d'extraction,
où les villes sont conçues pour les gens, non pour les voitures
(...). La construction d'une éco-économie affectera la moindre
facette de nos existences. Elle changera la manière dont nous
éclairons nos maisons, ce que nous mangeons, les lieux où nous
vivons, la façon dont nous utilisons notre temps de loisir et enfin le
nombre d'enfants que nous aurons. Elle nous offrira, un monde dans lequel nous
ferons partie de la nature, eu lieu de lui rester
étrangers. »25(*) .L'influence de Lester Brown et de son équipe
est grande dans les milieux environnementalistes et écopolitiques. Le
Grenelle de l'environnement en France témoigne de la prise en compte de
ses analyses de par le monde26(*).
Un autre prophète du développement ajusté
aux réalités écologiques est René Dumont. Il se
sera beaucoup consacré aux problèmes du Tiers-monde en
général et de l'Afrique en particulier. Dans son ouvrage
Démocratie pour l'Afrique il pose le problème
environnemental comme une des questions majeures que doit résoudre le
continent noir - soutenu par ses partenaires occidentaux. Tout un ensemble
d'institutions privées définissent avec les partenaires publics
et d'autres acteurs sociaux les points d'ancrage et les évolutions des
politiques écologiques et de développement, faisant ainsi
entendre leur voix lors des diverses tribunes internationales : l'Institut
d'études économiques et sociales pour la décroissance
soutenable ; l'Observatoire de l'éco-politique internationale,
basé au Québec (Canada) ; l'Institut de recherche et de
développement (ex-ORSTOM) ; le World Resources Institute de
Washington ; l'Institut de Wuppertal en Allemagne.
Ainsi, au fur et à mesure du développement du
mouvement social écologiste se dessine les divers courants à
l'oeuvre en son sein.
B. Les courants environnementalistes
Face à des gouvernements et des acteurs privés
qui, ayant une vision faible ou diffuse de l'impact de leur activité sur
le cycle vital des espaces territoriaux, ont souvent du mal à se
départir du vieux modèle économique né des cendres
des deux guerres mondiales, les organisations de conservation et de promotion
de la nature et du cadre de vie s'efforcent de se doter de moyens
conséquents en vue de combler cette faille et infléchir le cours
des événements. Peu écoutées au départ du
fait de l'incontournabilité des rapports de force, locaux ou
transnationaux, et des intérêts immatures des uns et des autres,
elles finissent, particulièrement dans les pays industrialisés,
à s'intégrer à la dynamique politique ambiante et,
à force de sensibilisation, d'interpellation et de pression, à se
hisser au rang de nécessaires partenaires des acteurs publics et
privés pour la santé, l'équilibre d'un système
sociopolitique orienté vers un projet de société aussi
mûr que possible. De véritables politiques publiques sont ainsi
élaborées dans le cadre de la protection de l'environnement et de
la prise en compte des besoins sociaux par ces structures dont le financement
annuel, se chiffrant en moyenne pour un organisme donné entre 50 et 100
millions de dollars27(*),
provient essentiellement des donations privées et aussi des
souscriptions, des cotisations de leurs adhérents, tous unis en cela
pour un idéal responsable. On peut citer le World Wildlife Fund for
Nature (WWF), la Croix Verte internationale (Green Cross International), The
Nature Conservancy, Greenpeace entre autres. D'autres associations
témoignent de l'évolution des mentalités en faveur d'un
développement qui serait basé sur des investissements
préservés de la myopie du profit égoïste. Tel le
Novethic, responsabilité sociale des entreprises et investissement
éthique, basé en France.
Le continent africain n'est pas resté en marge de cette
progression numérique et politique des ONG, en particulier les ONG
environnementales même si l'état de culture politique et les
rapports de force y sont plus délicats. Pourtant, l'Afrique en
quête de mieux-être se prête comme un terreau favorable au
binôme réflexion-action sur les meilleures voies du
développement. L'une des plus connues est le Green Belt Movement,
fondé par Wangari Maathai au Kenya. Parce que cette femme, modèle
pour tous ceux qui se préoccupent du bien-être de la nature et des
hommes, « défie régulièrement les dirigeants
politiques corrompus, elle a souvent reçu des coups et des
menaces28(*). »
Afrique Nature International travaille pour la conservation de la nature
à l'échelle du continent. Francis Lauginie, ancien
président-fondateur de la section ivoirienne de cette ONG publie, en
partenariat avec les structures de conservation ivoiriennes un remarquable
ouvrage intitulé Conservation de la nature et aires
protégées en Côte d'Ivoire. Ce livre de 668 pages,
paru en 2007 se positionne comme une étude capitale aux mains des
personnes soucieuses d'un véritable développement du pays.
Parler de société civile internationale
engagée dans des politiques d'environnement profitables à tous -
l'Humanité et la Nature - reviendrait-il à en limiter la
qualification aux ONG et à ceux qui s'y distinguent ? Non, car ce
serait malencontreusement ignorer la prise en compte - débutée -
des préoccupations écologiques par les autres acteurs
cités parallèlement aux ONG dans les pages
précédentes, des grands groupes industriels aux médias en
passant par des individus à l'action déterminante. Bien des
efforts restent à accomplir, il convient de le reconnaître, mais
les premières tentatives sont pour le moins louables. Pourtant, il est
un domaine fondamental qui se présente comme une amorce clé du
succès du plaidoyer environnementaliste : l'éthique
environnementale, qui surgit des profondeurs de l'homme, de son rapport
à la nature, aux autres êtres vivants, à son cadre de vie.
Et il est justement observé une implication de plus en plus importante
de ces forces dans le processus. En réalité, on retrouve
la « Mère Nature » ou la
« Mère terrestre » à défendre et
à préserver, « la Création de
Dieu » à promouvoir. Il sera question plus loin de
l'importance de ce paradigme qui constitue, à n'en point douter, la
pierre d'angle du processus salutaire dans lequel doit s'engager
l'humanité, processus mené par les écologistes.
Ces divers cadres de concertation passés en revue
témoignent de l'esprit dans lequel aspirent à s'engager les
Etats, du moins les plus éclairés et les plus volontaires d'entre
eux, en vue du bien-être de la planète, qui est indissociable du
bien-être des populations. Le patron de l'action politique
environnementale au plan international, bien qu'un peu à
l'étroit, est progressivement esquissé : protection et
promotion des eaux, des sols, du climat, des espèces vivantes, de
l'homme ; gestion responsable et appropriée des ressources
énergétiques ainsi que des déchets existants et surtout,
orientation progressive vers une économie en harmonie avec la
Nature.
Section 2 : LE NOUVEAU PARADIGME DE
L'ÉCONOMIE ÉCOLOGIQUE
Il a été précédemment question des
indicateurs et des standards fondateurs d'une politique de l'environnement dans
laquelle l'humanité et la Terre trouveraient tous deux leur compte, en
contraste avec la situation actuelle. Cette politique de l'environnement doit
prendre en compte bien entendu les principes de l'économie, fondement
essentiel de la vie des hommes. Un détail toutefois :
l'économie dont il s'agit ici est une économie en harmonie avec
les principes écologiques de la planète. C'est l'économie
écologique ou encore « éco-économie »,
terme forgé par Lester Brown déjà cité, et auquel
il sera fait référence tout au long de cette étude, qui en
a fait le titre de l'un de ses ouvrages, consacré à la
question.
Forger une économie écologiquement viable, fruit
d'une politique de l'environnement bien pensée revient à redonner
la primauté à l'écologie sur l'économie
(Paragraphe 1) et à imiter dans nos comportements le
cycle de la Nature (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La primauté de l'écologie
sur l'économie
La primauté de l'écologie sur l'économie
constitue à la fois l'évidente nécessité
(A) et la grande opportunité de développement
véritable pour les populations humaines (B).
A. L'évidente nécessité
Il a été déjà indiqué que
de nombreuses études effectuées par diverses organisations
nationales, internationales ou non gouvernementales compétentes en
matière d'environnement montrent un visage plutôt
tuméfié de la Terre. On citera, parmi les plus récentes,
celles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
ou Food and Agriculture Organisation (FAO), qui évalue à 13
millions d'hectares la superficie de forêt qui disparaît chaque
année dans le monde29(*); du PNUE, qui note une acidification croissante des
océans30(*); du
WWF, qui évalue l'empreinte écologique de l'humanité
à un niveau excédant de 30% les capacités de
régénération de la planète. Ce même rapport
souligne en outre qu'une cinquantaine d'Etats sont actuellement
confrontés à un stress hydrique modéré ou
grave31(*).
Cependant, les différents rapports, quoique dressant un
état préoccupant des lieux, savent aussi relever et saluer les
efforts entrepris pour changer et améliorer la situation. Et face
à la colère de la mère terrestre, l'humanité,
quelque peu honteuse de découvrir sa nudité après de
nombreuses décennies de carnaval
égo-économique32(*) ne peut que négocier, sinon se soumettre
- plus ou moins lentement d'ailleurs - aux lois de sa génitrice.
En termes plus concrets, c'est dire que le mauvais état
écologique international actuel, dont les conséquences sur les
populations humaines ne sont déjà que trop mesurables, oblige
à effectuer un changement de paradigme
politico-économique : la primauté de l'écologie
sur l'économie. Il est possible de mesurer les implications politiques
d'une telle conception en reprenant les propos du professeur Philippe
Saint-Marc : « C'est la conception du
« progrès » qu'il faut remettre en cause ; la
nature ne doit plus être sacrifiée à la croissance
économique et sa protection doit cesser d'être
préoccupation mineure pour devenir objectif fondamental de
l'humanité (...) La sauvegarde de la nature implique une action
politique : ne pas agir seulement auprès de l'Etat mais aussi sur
l'Etat, et par la voie la plus démocratique, le suffrage
universel33(*). »
La primauté de l'écologie sur l'économie
est d'abord une évidence. L'écologie est la science de l'habitat,
des milieux de vie et des échanges s'y déroulant. Il est
également connu que l'économie est la science ayant pour objet la
production st la répartition des richesses produites par l'homme. Or,
est-il besoin de souligner que la production de richesses, non seulement ne se
fait pas ex-nihilo, mais aussi - dans la phase où elle
intéresse les modèles scientifiques économiques actuels,
ne se réalise qu'à un stade bien déterminé de la
vie humaine - encore que celle-ci ait été produite, murie par
le milieu naturel ambiant ?
La primauté de l'écologie sur l'économie
est ensuite une nécessité. La connaissance des
réalités physiques de la nature ainsi que son fonctionnement doit
déterminer l'action humaine de mise en valeur de cette nature. On ne le
répétera jamais assez, les lois écologiques s'imposent de
façon naturelle et ne souffrent aucune contestation sans
dégâts pour la vie. Par conséquent, connaître le
fonctionnement des systèmes naturels et agir dans le respect de ceux-ci
constitue l'a b c de tout développement bien pensé. Or, des
preuves multiples de la caducité du développement industriel
basé sur l'énergie fossile et soutenue par un rythme
démographique préoccupant dans les Etats dits du Tiers-monde ont
été fournies. Et René Dumont
d'ajouter : « Tout comme l'oppression des femmes et
l'explosion démographique, la dégradation de l'environnement
est un problème politique : il est même devenu le
premier d'entre eux, et il doit être posé à
l'échelle mondiale34(*). » Il dit plus
loin : « Il est exclu de généraliser sur
toute la planète le mode de vie occidental : les ressources
énergétiques et minérales dont nous disposons n'y
suffiraient pas... Détaillons notre hypothèse : 1 ou 2
voitures acquises par chaque famille africaine (80 millions de familles
à ce jour, 100 millions demain ; ajoutons-y les 600 millions de
familles asiatiques - ce dernier chiffre sera dépassé en l'an
2000). J'ai déjà calculé que, si chacune des voitures
d'Asie nécessitait la même surface de béton (garages,
parkings, autoroutes...) qu'en Californie, il ne resterait plus guère
d'espaces agricoles disponibles dans la plus grande partie de la Chine, de
Java, de l'Indochine et du sous-continent indien... Dans cette
hypothèse, certes absurde, mais qu'il est suggestif d'envisager, les
réserves connues (et à découvrir) de pétrole
seraient vite épuisées...35(*) » La primauté de l'écologie
sur l'économie est donc une nécessité, et ne pas
reconnaître intellectuellement et politiquement cette évidence
c'est marcher en aveugle et s'attirer ainsi bien des ennuis, que ce soit
à court, à moyen ou à long terme. Il est évident
que le problème se pose également pour la Côte d'Ivoire et
il s'agit, à ce propos, de donner, à partir d'exemples locaux,
quelques matières à réflexion.
Dans un article du quotidien de presse Fraternité Matin
faisant mention de plusieurs violations d'espaces protégées, le
Dr Mathieu Egnankou Wadja, président de l'ONG SOS Forêt, disait
que « plus rien de concret ne se décide en matière
de protection forestière en Eburnie36(*)... C'est une véritable crise écologique
qui guette la Côte d'Ivoire après la crise sociopolitique que nous
vivons actuellement37(*). » Au chapitre des signes avant-coureurs de
cette crise le président de SOS Forêt inscrit :
l'ensoleillement intensif et croissant, particulièrement perceptible
à Abidjan, les perturbations pluviométriques, les maladies
respiratoires, les maladies de la peau ainsi que d'autres maux, en
expansion38(*). Par
ailleurs, en ce qui concerne la question du changement climatique, des
études d'impact effectuées par le ministère de
l'Environnement, des Eaux et Forêts en 2001 ont donné des
résultats auxquels il importe de réfléchir : au
niveau des ressources côtières, si l'on tient compte du fait que
l'élévation du niveau de la mer sera d'un
mètre, « ce sont 54 km2 de terres qui seront
inondées. Mettant du coup en péril les 4 millions de personnes
vivant sur le littoral ivoirien, tout comme les infrastructures
économiques qui s'y trouvent... Une grande partie des plantations de
palmier à huile, d'hévéa, d'ananas, de banane plantain, de
cocotiers sera emportée par les eaux. Surtout les vastes exploitations
de palmier à huile produisant 580.000 tonnes et de coco dont on peut
tirer 37.000 tonnes dans les régions d'Abidjan. Les voies de
communication ne seront pas à l'abri de ces effets pervers des
changements climatiques : on estime à 1000 km, l'ensemble des
routes bitumées, de pistes et de ponts dans la région d'Abidjan
qui disparaîtront, avec une élévation de 0,5 m du niveau de
la mer... Au total, le Bureau national d'études techniques et de
développement, évalue à 2.355 milliards de Fcfa,
l'ensemble des pertes qu'occasionneront les conséquences des changements
climatiques sur le littoral ivoirien39(*). » Et M. Djaha Lucien, coordonnateur
national du projet des inventaires de gaz à effet de serre de
révéler : « Ce sont environ 3,5 millions de
personnes qu'il faudra déplacer, abandonnant d'importants
investissements que sont les usines, les habitations, les infrastructures,
touristiques, les bâtiments administratifs et autres, qu'il va falloir
reconstituer. Ce qui nécessitera d'énormes moyens financiers aux
pouvoirs publics40(*). » Aussi, concevoir les actions politiques
en se basant sur la donne environnementale ne peut être que des plus
profitables aux dirigeants et aux autres acteurs sociaux.
B. La grande opportunité
La primauté de l'écologie sur l'économie
est une opportunité. Il n'est pas exagéré de dire que le
monde est à la croisée des chemins en ce début de
vingt-et-unième siècle. Quel bilan peut-être fait ? Le
système politique mondial, fondé sur l'économie et la
technologie a considérablement révolutionné la vie
humaine. Il est clair qu'il a eu et a ses avantages. Mais aussi ses
inconvénients. Comme toute oeuvre humaine, dira-t-on. Mais pourquoi
alors insister sur les inconvénients ? Parce que l'état
délicat, très délicat de la situation l'exige. A titre
d'exemple, il a été précédemment question du
rapport Planète vivante 2008 du WWF. Cette organisation estime
qu'au rythme de sa consommation actuelle, l'humanité aura besoin de deux
planètes au début de la décennie 2030 pour répondre
à ses besoins. Le PNUE de son côté notait, entre autres
dégradations, une acidification des capitaux écosystèmes
marins dans son dernier rapport. Et l'Institut international de recherche sur
les politiques alimentaires, basé à Washington, de
prévenir, à l'endroit du continent
noir : « La diminution des éléments nutritifs
du sol entraîne une stagnation ou un déclin de la production
agricole de plusieurs pays africains. A moins que les gouvernements africains,
avec le soutien de la communauté internationale, n'entreprennent de
trouver des solutions au problème de l'épuisement des sols, la
diminution de la productivité agricole mettra sérieusement
en péril les bases d'une croissance économique durable en
Afrique41(*). »
Cela suffit pour conclure que l'orientation d'ensemble et le
fonctionnement du système politique global montrent des limites
insoutenables et qu'ils sont à réformer. Car les bases
environnementales du nouvel ordre international né en 1945 et
incarné par la Charte des Nations unies n'y ont guère
été affirmées. On a basé la vie sur
l'économie au lieu du contraire. Il faut donc un retournement de
situation. Aussi est-il encourageant de constater une redéfinition des
politiques économiques dans une perspective écologique chez
certains Etats, pour la plupart industrialisés. Si le paradigme
éco-économique est - et doit être - sérieusement
pris en compte par les Etats et les grands groupes financiers, il s'en suivra
une gigantesque restructuration de l'économie puisque tous les aspects
de notre vie seront repensés en tenant compte de notre relation
écologique avec la nature. Par conséquent, et comme il est
déjà donné de le constater, de nouveaux modes de
production de richesses verront le jour avec leurs industries, leurs emplois,
leurs travailleurs. L'économie basée sur l'écologie,
génératrice d'emplois nouveaux et en expansion, éducatrice
des modes de vie humains, sera alors facteur d'une amélioration par trop
significative de la qualité de la vie et une voie royale vers la justice
sociale. C'est ainsi une grande opportunité pour les Etats du monde en
quête de repères, en particulier les plus pauvres, que de
réfléchir sérieusement à leur intégration
dans un monde où l'écologie reprendra enfin ses droits. Où
il faudra réapprendre à imiter le cycle de la Nature.
Paragraphe 2 : L'imitation du cycle de la Nature
Les modalités pratiques de ce vaste système qui
à la fois naît de la politique environnementale et la
détermine, consistent en une imitation politique de l'économie de
la nature elle-même. C'est pourquoi il importe de connaître les
principes écologiques de base (A) ainsi que des
exemples de modes de vie écologiques (B) pour une
intégration réussie du système économique humain
actuel dans son ensemble.
A. Des principes écologiques
A cet égard Lester Brown dit ceci :
« Les écologistes comprennent les processus écologiques
qui soutiennent la vie sur la Terre (...) Ils savent que les
écosystèmes de la Terre fournissent des services tout autant que
des biens, et que les premiers ont souvent plus de valeur que les seconds (...)
La nature aussi repose sur des équilibres. Il s'agit des
équilibres entre l'érosion du sol et la formation de nouveau sol,
entre les émissions de carbone et la fixation du carbone, entre la mort
des arbres et la régénération des arbres.
La nature dépend de cycles pour maintenir la vie. Dans
la nature, il n'y a aucun flux linéaire, aucune situation où des
matières premières entrent par un bout tandis que des
déchets sortent par l'autre. Dans la nature, ce qu'un organisme rejette
est le moyen de subsistance d'un autre. Les substances nutritives sont
continuellement recyclées. Ce système fonctionne. Le défi
qui est le nôtre, c'est de l'imiter dans la conception de
l'économie.
Les écologistes apprécient le rôle de la
photosynthèse, ce processus par lequel les plantes convertissent
l'énergie solaire en énergie biochimique qui soutient la vie sur
la Terre. Tout ce qui diminue le produit de la photosynthèse, comme la
désertification, l'asphaltage de terres productives ou l'acidification
des lacs par les pluies acides, réduit la productivité de la
terre au sens le plus fondamental42(*). » L'auteur note par la suite que les Etats
ont malheureusement « étendu l'activité
économique au détriment du rendement durable et des
équilibres fragiles de la nature. » Situation qui perdure en
dépit de la somme des recherches scientifiques entreprises et des
publications enregistrées, en dépit de la somme des connaissances
acquises sur le fonctionnement de la planète, en dépit de
l'exemple donné par certaines communautés et peuples qui,
possédant une éthique certaine de la nature couplée
à un savoir environnemental de haute valeur, s'en servent pour leur plus
grand bien et celui de leur écosystème.
B. Des cultures écologiques
On s'intéressera notamment aux Bishnoï, aux
Esséniens, ainsi qu'à des pratiques écologiques en usage
chez ces peuples, connues d'autres et redécouvertes.
Les Bishnoï sont un peuple de l'Inde installé dans
le nord du pays, surtout dans l'Etat du Rajasthan. Ils se sont rendus
célèbres pour leur sens très poussé du respect de
la nature et de l'harmonie entre toutes les créatures. Aussi, de
l'éthique qui est la leur découle une attitude
caractéristique vis-à-vis de l'environnement. Car depuis 500
ans, les Bishnoï, qui vivent au bord du désert,
« n'abattent aucun arbre et ne tuent aucun animal. Ils prennent
même soin de filtrer l'eau de cuisson afin de ne tuer aucun petit
insecte. Grâce à leur mode de vie, les Bishnoïs ont pu
conserver un petit lac et des terres fertiles malgré qu'ils vivent dans
une région plutôt désertique...43(*) »
Les Esséniens, terme bien connu des milieux
archéologiques, sont une communauté dont les origines remontent
au commencement de l'humanité, selon ses membres. Cependant, les
Esséniens sont surtout connus du deuxième siècle avant
notre ère au premier siècle après notre ère, en
Palestine, en Syrie et en Egypte. De nombreuses études à eux
consacrées ont été effectuées à travers le
monde et les recherches se poursuivent. Car à l'instar des Bishnoï,
les Esséniens ont un rapport original à l'environnement. On se
référera à la présentation suivante :
« Les Esséniens ne sont pas des croyants, mais des
pratiquants. Ils se sont toujours assemblés en village pour vivre selon
leur culture et dans le respect de la Mère-Terre.
Aujourd'hui, les Villages Esséniens ne sont pas des
parcs pour préserver une Nature sauvage mais des lieux vivants dans
lesquels l'homme apprend à vivre en accord, en harmonie, en dialogue
avec la Mère.
C'est une nouvelle façon d'être au monde. C'est
un projet ambitieux, une réalisation grandiose.
Trois Villages Esséniens ont déjà vu le
jour : l'un en France, un second au Gabon, et un troisième au
Québec.44(*) » Un peu plus loin il est également
dit : « Tout être a le droit de marcher sur la terre
avec les convictions qui sont les siennes. Les Villages Esséniens sont
des espaces où tous les règnes de la nature sont pris en
compte.45(*) »
Ces conceptions, basées sur une connaissance certaine des principes
écologiques, sont aussi vieilles que la communauté
elle-même, ainsi que l'ont démontré des experts. L'un
d'entre eux, Edmond Bordeaux-Székély, spécialiste des
textes antiques de l'essénisme, a rédigé de très
nombreux ouvrages sur les Esséniens et appliqué lui-même
leurs si hauts principes écologiques46(*). Voici ce qu'il dit de l'impasse environnementale de
l'humanité, indissociable de son impasse éthique et spirituelle,
dans l'un de ses ouvrages : « Obsédée par un
esprit démoniaque de cupidité et de compétition, notre
société dévaste et gaspille follement le capital
précieux des ressources naturelles de la planète pour produire
une marée sans fin de biens de consommation inutiles, non
biodégradables et non recyclables.
Ainsi se développe à une vitesse vertigineuse
une pollution sans cesse croissante des sources de la vie sur terre -
atmosphère, océans, rivières, lacs, sols, champs,
forêts - détruisant à jamais des milliers et des milliers
de formes de vie créées il y a des millions d'années. Dans
un très proche futur, l'industrie géante centralisée, cet
insatiable monstre, nous aura complètement séparé de la
nature qui recouvre notre mère la terre et nous achèvera en
immolant nos corps affaiblis, anémiques et malades au sommet d'une
montagne de déchets empoisonnés aussi grande que la
planète47(*). » Il y décrit en outre le mode
d'alimentation, l'habitat, les techniques d'agriculture et les concepts
écologiques esséniens.
Ces modes d'exploitation de la terre selon une éthique
environnementale, ce rapport écologique et affectif à la nature
perçue comme mère et nourricière à aimer, respecter
et entretenir sont progressivement redécouverts par le grand nombre dans
un contexte de crise environnementale généralisée. Cela
est notamment vérifiable dans un domaine comme l'agriculture. Ainsi,
John Madeley affirme que « bon nombre de paysans
réussissent à améliorer leurs rendements et à les
maintenir en recourant à des méthodes fondées sur des
principes agro-écologiques éprouvés qui mettent l'accent
sur la diversité, la synergie, le recyclage et une gestion
intégrée, la participation et le renforcement de la
communauté. Ainsi, non seulement les récoltes augmentent, mais la
biodiversité est préservée et la fertilité du sol
rétablie.48(*) » Il poursuit en disant que « les
pays qui ont accompli des pas importants dans la poursuite de la
sécurité alimentaire l'ont fait en grande partie en se tournant
vers des techniques appropriées et peu coûteuses. Au Mali et au
Burkina-Faso, par exemple, l'application répandue de nouvelles
techniques de captage de l'eau permet aux agriculteurs de mieux tirer parti de
l'eau de pluie (...) Le défi de l'agriculture durable, souligne Jules
Pretty, est de « maximiser l'utilisation des ressources locales
renouvelables ». Pretty souligne la hausse impressionnante des
rendements agricoles associée à cette approche de
l'agriculture.49(*) » Aussi, à titre
d'exemple, « environ 45000 agriculteurs du Guatemala et du
Honduras ont à ce point augmenté leur production de maïs que
cela a incité nombre de gens qui avaient pris le chemin de la ville
à retourner à la campagne.50(*) »
D'autres expériences éloquentes de techniques
agricoles écologiques et de systèmes respectueux de
l'environnement51(*)
témoignent de la nécessité d'une intégration
salutaire des activités humaines dans les processus biologiques et le
cycle de la nature. Et il est encourageant d'assister à un réveil
même si, de façon générale, les changements ne
s'opèrent que très lentement, partiellement et partialement,
donnant à la politique environnementale vue sous un angle international
un air de système encore à la recherche de ses marques. Un reflet
de ce caractère peut être trouvé dans l'article 61 du Code
de l'Environnement de la Côte d'Ivoire : « L'Etat
s'engage à : promouvoir l'utilisation des énergies
renouvelables ou non52(*). »
Ainsi, comparativement à la gestion environnementale au
plan international, quel visage présente la politique environnementale
au plan national ?
CHAPITRE 2 : LES HÉSITATIONS DE LA
POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE AU
PLAN NATIONAL
Le chapitre 1 a été consacré à
l'étude du système mondial dans lequel se pense, politiquement,
économiquement et écologiquement notre attitude vis-à-vis
du milieu de vie terrestre. Cette étude a permis de relever les
avancées et les limites des décisions et actions prises par les
détenteurs du pouvoir politique et économique de par le monde, et
de voir les préoccupantes conséquences de nombre d'entre elles
pour le bien-être de la planète et de l'humanité.
Dans le présent chapitre il s'agira de ramener à
l'échelle nationale l'analyse du système de gestion de
l'environnement. Comment la société ivoirienne traduit t-elle ce
qu'elle pense de l'environnement dans les faits ? Dans l'analyse de la
situation environnementale du pays (Section 1), des
éléments de réponse seront donnés en
procédant selon une approche par le bas, c'est-à-dire par
l'analyse de la situation dans les zones naturelles et les zones anthropiques.
Il sera ensuite analysé le cadre juridique d'action, c'est analyser le
cadre juridique d'action, qui définit le canevas et les modalités
pratiques, et le cadre sociologique, qui permet de comprendre les idées,
idéaux et conceptions qui sous-tendent l'armature juridique et qui sont
à l'oeuvre, institutionnellement ou conceptuellement, dans l'Etat. Le
tout formant la norme ivoirienne (Section 2). Ceci afin de
comprendre la politique environnementale d'ensemble de l'Etat de Côte
d'Ivoire C'est l'objet de la section deux.
Section 1 : LA SITUATION ENVIRONNEMENTALE
L'étude de la situation de l'environnement ivoirien est
envisagée selon une approche qui, sans se départir de
l'unicité territoriale, dicte cependant l'analyse respective des milieux
naturels (Paragraphe 1) et des milieux anthropiques
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les milieux naturels
Les milieux naturels ivoiriens s'entendent de l'ensemble des
zones territoriales desquelles est normalement exclue toute présence
humaine permanente. Les divers biomes du pays incluent, en plus d'un
respectable réseau hydrographique, 550 kilomètres de
façade maritime. Il sera ici procédé à un examen de
l'état de la flore (A) et de la faune
(B) de ces milieux.
A. L'état de la flore
Sans entrer dans de vastes considérations
écologiques qui ne sont pas l'objet de cette analyse, il convient de
poser que, sommairement, la Côte d'Ivoire a quatre zones
biogéographiques : la zone guinéo-congolaise au sud, la zone
soudanaise au nord, une zone de transition guinéo-congolo-soudanaise au
centre, et des éléments montagneux spécifiques à la
région du Mont Nimba. La végétation comprend des
forêts de basses terres au sud, des savanes soudanaises parsemées
de forêts claires au nord, et une mosaïque de forêt dense
humide et de savane guinéenne au centre, ainsi que des formations
montagnardes particulières au milieu physique de l'ouest
montagneux53(*).
La superficie forestière ivoirienne est aujourd'hui
évaluée à moins de 30 000 kilomètres
carrés, contre 90 000 kilomètres carrés en 1965, et
120 000 kilomètres carrés en 1956. Cette diminution
drastique de la sylve est évidemment imputable au déboisement.
Ainsi, le taux de déboisement en Côte d'Ivoire était
estimé à 5,2% entre 1980 et 1990. Le défrichement annuel a
atteint le pic de 350 000 hectares entre 1967 et 1974 pour
dégringoler à quatre-vingt mille hectares entre 1987 et 1991, le
massif étant épuisé (annexe III). Les causes du
déboisement sont diverses et s'enchaînent : ce sont
l'explosion démographique, la demande en bois de feu, l'exploitation
forestière, le développement de l'agriculture, les grands projets
de réalisation d'infrastructures économiques, les causes
culturelles, les responsabilités politiques et les défaillances
administratives (Lauginie).
· la croissance démographique : de moins de
2 000 000 d'habitants en 1920, la Côte d'Ivoire est
passée à 2 700 000 habitants en 1960,
4 500 000 habitants en 1965, 6 720 000 habitants en 1975,
10 815 694 habitants en 1988, et 15 366 672 habitants en
1998. En 2005, la population ivoirienne est estimée à
19 800 000 habitants, chiffre qui devrait encore être revu
sérieusement à la hausse à l'heure actuelle. Soit une
densité de 61 habitants au km² contre 48 habitants au km² au
recensement de 199854(*).
Le pays possède, avec 4,4% de taux d'accroissement moyen annuel - dont
3,1% d'accroissement moyen annuel de la population et 1,3% d'immigration, la
croissance démographique la plus élevée du continent pour
ces dernières décennies.
Une telle explosion numérique du capital humain ne peut
être sans conséquences sur l'utilisation des terres. Selon
une étude du Programme National d'Action pour l'Environnement
publiée en 1994, entre 1955 et 1990, la population rurale de la zone
forestière du pays est multipliée par quatre, la superficie de
forêt dense humide se trouvant réduite des trois-quarts pour la
même période. Au cours de ces trente dernières
années, la superficie d'espace forestier par habitant est ainsi
passée, dans cette zone, de 8,5 hectares à 0,5 hectare. Quant au
taux annuel moyen de croissance urbaine, il est de 8%, rendant du coup
préoccupant l'accélération du rythme d'urbanisation,
singulièrement dans le sud du pays, avec l'agglomération
abidjanaise qui, de deux millions d'habitants en 1990, s'est peuplée de
près de 900 000 habitants supplémentaires en huit ans
(Direction de l'Environnement, 1991 ; La Côte d'Ivoire en chiffres,
2007).
· le développement de l'agriculture et la demande
en combustible : l'évolution croissante de la population, synonyme
de nouvelles bouches à nourrir, entraîne un accroissement tout
aussi rapide de la superficie des terres cultivées. Celle-ci
était de 1 900 000 hectares soit 6% du territoire en 1965, de
3 500 000 hectares soit 11% du territoire en 1975 et de
7 500 000 hectares soit 23% du territoire en 1989. La pression
agricole sur les ressources forestières, dans la zone des savanes, est
évaluée, pour la période 1960-1990, à 200 000
hectares par an (Direction de l'Environnement, 1991). Les techniques agricoles
inappropriées entraînent un gaspillage de terres et une
inquiétante ponction sur celles encore disponibles. L'utilisation du
bois comme combustible traditionnel, même s'il n'est pas à
négliger, particulièrement dans les régions de savane, se
révèle être un facteur secondaire de dégradation.
· L'exploitation forestière : toujours dans
l'optique de la satisfaction des besoins nationaux de développement, la
diversification des sources de devises a engendré la progression
accélérée de prélèvement du matériel
ligneux éburnéen : De 228 000 m3 en 1950, on
est passé à 2 560 000 m3 en 1965, puis
à 4 000 000 de m3 en 1969, ensuite
5 321 000 m3 en 1977. Naturellement, la ressource
s'amenuisant, la production de grumes s'est affaissée à
1 400 000 m3 en 1990 pour remonter dans l'ordre des deux
millions de mètres cubes au début de ce siècle, serrant
de très près les mesures de préservation et de suivi de la
ressource (annexe III).
Au total, force est de reconnaître que le
déboisement vorace, corollaire d'une croissance démographique et
d'une occupation spatiale non maîtrisées, a
précipité la forêt et la savane ivoiriennes dans une
situation délicate55(*). Situation qui ne peut être sans
conséquence pour la faune locale.
B. L'état de la faune
Le nombre d'espèces animales sauvages en Côte
d'Ivoire est évalué à environ 120 espèces de
poissons d'eau douce56(*),
83 espèces d'amphibiens, 117 espèces de reptiles, 710
espèces d'oiseaux et 232 espèces de mammifères57(*). L'inventaire de la faune ne
pouvant être véritablement exhaustif58(*), la prise en compte des
nombreux représentants de la faune marine ainsi que des milliers, sinon
des centaines de milliers de représentants de la microfaune, ne pourra
se faire ici59(*).
Les animaux jouent un rôle écologique et
économique inestimable : fertilisation des sols, dispersion des
graines, pollinisation, production d'aliments, et ont donc un impact aussi
crucial que les autres éléments naturels dans le
développement durable. « A la seule condition de maintenir, en
l'état, les types de milieux qui permettent leur propre
survie. »60(*)
La diminution drastique des habitats naturels dont il a
déjà été question, associée à une
chasse et un piégeage atteignant des sommets, pratiqués
indifféremment dans les zones libres et les espaces
protégés, suffit à réduire considérablement
les effectifs et à menacer sérieusement de nombreuses
espèces61(*).
Ainsi, ce sont au moins 45 espèces animales qui sont en danger de
disparition dans le pays62(*). La situation s'est sans doute dégradée
avec la crise militaro-civile déclenchée le 19 septembre 2002. En
2003, 60% des habitats de la faune se trouvent en zone de guerre. Le fait de
guerre a fait fuir une part importante de la faune nationale vers les pays
voisins63(*). Pourtant,
des efforts de protection des effectifs et des habitats, voire de leur
restauration, existent : mesures institutionnelles, classification de
parcs et réserves, projets de classification en cours, création
de corridors biologiques64(*).
Au total, le potentiel floristique et faunique de la
Côte d'Ivoire, riche en diversité biologique, est fortement
dégradé par le déboisement, corollaire de l'impressionnant
accroissement des besoins humains en espace et de l'exploitation irrationnelle
du sol. La situation politiquement difficile à contrôler,
engendrée par la guerre, avec son lot d'insouciance écologique
manifestée par une pression plus accrue sur la biosphère aussi
bien en zone gouvernementale qu'en zone sous contrôle des Forces
Nouvelles65(*), n'a fait
qu'empirer les choses.
Le déboisement est principalement dû à la
croissance démographique incontrôlée d'une part, ainsi
qu'à l'agriculture et à l'exploitation forestière d'autre
part. Or, l'agriculture, depuis le dépassement du système de la
chasse et de la cueillette, est la base de la vie humaine. Par
conséquent d'un développement durable. En Côte d'Ivoire,
l'impact de l'activité agricole est double : recul de la
biosphère, pourtant sa base et sa nécessaire collaboratrice, du
fait de l'extension des terres utilisées ; dégradation des
sols, du fait de la gestion inappropriée de ces terres et des techniques
culturales destructrices. Par là, l'agriculture ivoirienne sape
lentement ses propres bases. Les terres disponibles se réduisent en
même temps que la demande s'accroît66(*). Il est pourtant possible d'adopter un modèle
agricole en harmonie avec la nature et par conséquent profitable aux
populations. Un recadrage s'impose.
Par ailleurs, faire l'état des lieux des milieux
anthropiques se révèle d'un intérêt certain, en
corrélation avec celui des milieux naturels.
Paragraphe 2 : Les milieux anthropiques
Par milieux anthropiques, il faut entendre les milieux
naturels remaniés par l'homme, son cadre de vie, en un mot son
habitat : les villages et les villes67(*). En conséquence, l'étude de la
situation environnementale des zones rurales (A) et des zones
urbaines du pays (B) complète celle de l'état
des milieux naturels pour caractériser les grandes lignes de la
politique nationale de l'environnement.
A. La situation des zones rurales
Les zones rurales ivoiriennes sont situées dans un
cadre environnemental où l'espace habité est entouré par
un milieu naturel dominant - supplanté il est vrai, ça et
là, par de vastes paysages de cultures commerciales. Le système
s'intègre dans une certaine dynamique écologique. Car
l'aménagement rural traditionnel, pour ce qui est des activités
internes à l'espace d'habitation, est simple et sobre, par
conséquent peu demandeur en ressources naturelles, même si les
systèmes locaux de régulation écologique, lorsqu'ils
persistent, sont soit rudimentaires, soit en voie de disparition68(*). Pour ainsi dire,
l'environnement rural traditionnel ivoirien est dans l'ensemble plutôt
sain et équilibré. Cependant, le mode de vie traditionnel se
restreint avec la modernisation, et ce depuis la période coloniale. Le
développement économique, basé sur les grandes
exploitations agricoles, l'augmentation des infrastructures modernes et la
décentralisation administrative ont remodelé et influencé
les zones rurales dans leur ensemble. Des matériaux nouveaux,
industriels, sont importés des centres urbains et leur utilisation,
toute aussi nouvelle pour les populations, pose des problèmes de gestion
et d'environnement. C'est particulièrement le cas pour les menues
matières jetables, les matières en plastique ou en aluminium.
L'inexpérience se fait aussi sentir dans la gestion des systèmes
de canalisation d'eaux usées, qui ont fait leur apparition en même
temps que les installations sanitaires modernes et l'industrie des
détergents. Bref, le visage des villages ivoiriens pourrait fort bien
devenir, à la longue et avec cette tendance au niveau de la gestion
environnementale, semblable à celui des villes.
Quel visage présentent-t-elles, à ce
propos ?
B. La situation des zones urbaines
La population urbaine de Côte d'Ivoire utilise les
infrastructures et équipements modernes de l'industrie, tout en se
basant naturellement sur l'exploitation des ressources naturelles locales.
En 1998, la population urbaine était de
6 529 138 habitants, soit 43% de la population totale contre
8 865 448 habitants du milieu rural, soit 57% de la population
totale. Dix ans plus tôt, les citadins représentaient 39% de la
population et, en 1975, le pourcentage d'habitants des villes était de
32%. Le pays comptait, il y a peu, 19 régions et 59 départements,
avec 197 communes de plein exercice, sans compter les
départements-collectivités décentralisées
créés en 200269(*). La décentralisation du pays a encore
progressé avec une loi et deux décrets portant création
d'un grand nombre de nouvelles circonscriptions administratives et
collectivités décentralisées70(*).
Une telle configuration des entités urbaines,
associée à la croissance industrielle que cela implique, a
assurément un impact sur les ressources du milieu, les sols, les eaux,
la biosphère, et la qualité de la vie.
Parlant de la situation urbaine, un auteur relate
que « presque la moitié de la population (sept millions
de personnes) vit maintenant dans les zones urbaines, entraînant des
conséquences considérables pour l'environnement, les
égouts et les services sanitaires étant insuffisants, en
particulier à Abidjan, où le système d'égouts ne
suit pas le développement. La plus grande partie des eaux d'égout
ne sont traitées que sommairement et une bonne quantité finit
dans la lagune Ebrié. Non seulement cela aboutit à
l'eutrophisation, mais représente aussi une menace sérieuse pour
la santé des individus. La collecte et le traitement des déchets
solides suscitent également beaucoup de
préoccupations. »71(*)
Au niveau des ressources hydriques, le système
d'alimentation en eau potable est basé sur l'exploitation des nappes
aquifères du pays. Les besoins actuels en eau de la Ville d'Abidjan sont
de l'ordre de 300 000 m3 par jour et sont satisfaits par une
nappe phréatique dont la question de l'intégrité se pose
de plus en plus avec le développement de l'agglomération.
Problème aussi bien quantitatif que qualitatif. Au plan quantitatif,
plusieurs chiffres faisant état de l'augmentation rapide des populations
urbaines ont déjà été mentionnés. Inutile
donc de dire que les besoins en eau iront augmentant. Cependant, ceux-ci ne
seront pas couverts en totalité puisque la poussée
démographique ignore les capacités écologiques -
limitées à un certain seuil - de la nappe aquifère et des
eaux douces. Il est important de souligner que la nappe phréatique
d'Abidjan constitue la principale ressource pour l'alimentation en eau potable
de la ville et des centres urbains périphériques depuis plus de
30 ans72(*). Au plan
qualitatif, la pollution des eaux en milieu urbain constitue un
véritable drame qui semble n'émouvoir personne.
Pourtant, « avec la pression de la population sur la ville
d'Abidjan et le développement anarchique des quartiers précaires,
des experts en eau craignent une pollution de la nappe phréatique qui
alimente la capitale économique en eau douce. »73(*) Or, s'il en est ainsi de la
nappe aquifère, qu'en est-il de la situation des eaux de surface -
situation à peu près connue de tous ? A ce niveau, il
apparaît donc nécessaire de donner la parole aux
spécialistes : l'Organisation mondiale de la santé fixe le
taux maximal de bactéries présentes dans les
écosystèmes de l'hydrosphère à 200 coliformes
fécaux par millilitre. Or, ce taux est allègrement
dépassé dans la baie de Biétry qui, selon une étude
de la Royal Haskoning effectuée en 1999, contenait 60.000 coliformes
fécaux et 110.000 streptocoques fécaux par millilitre74(*). Ajouté à cela,
la dommageable présence de métaux lourds, zinc, mercure, plomb.
La baie de Biétry est, comme la baie de Cocody dont la situation est non
moins préoccupante75(*), un bourgeon en souffrance du vaste
écosystème de la lagune Ebrié, écosystème
malheureusement gémissant sous les yeux des populations et des pouvoirs
publics. Les autres systèmes lagunaires du littoral ivoirien ne sont
guère épargnés par la dégradation due aux
activités humaines. Pour ce qui regarde les sources de pollution de ces
écosystèmes, excepté les déchets domestiques et
industriels, les lagunes ivoiriennes sont aussi la proie de la pollution par
les hydrocarbures imputable aux « fuites qui surviennent sur les
oléoducs des exploitations et distributions de pétrole. Et au
déversement des eaux de ballast par les pétroliers en pleine mer.
Cela est surtout courant du côté de Jacqueville où, dit-on,
l'on peut relever «des concentrations de l'ordre de 70 g/10m2
d'huile sur les plages» (Voir livre blanc du littoral
ivoirien). »76(*)
Quant aux ordures ménagères, gisant en pleine
ville, elles peuvent résumer à elles seules la situation de
l'environnement en Eburnie. Tant elles font partie du vécu quotidien des
populations. Tant elles démontrent l'indifférence, le laxisme et
le manque d'initiatives de celles-ci77(*). Car, s'il est vrai que les pouvoirs publics ne sont
guère exempts de tout reproche dans la gestion des déchets
domestiques et de l'hygiène publique, il faut leur reconnaître le
mérite de s'être sincèrement attelés à la
sensibilisation des habitants du pays, des zones urbaines en particulier.
Cependant, le problème demeure. C'est à croire que même la
chanson « Nettoyez chez vous, nettoyez chez vous, faites semblant de
balayer chez vous, nettoyons chez nous un jour (...) Sauvez-nous
ôôôô on peut pas respirer...78(*)» n'a pu faire changer
l'attitude étrange, honteuse, scandaleuse et incivique de beaucoup qu'il
y a lieu de dénoncer.
La qualité de l'air est aussi problématique,
particulièrement à Abidjan. Et pour cause, l'extension du parc
automobile libérant d'importantes quantités de dioxyde de carbone
dans l'espace. Situation d'autant plus grave qu'une importante part des
véhicules, toutes catégories confondues, sont des
véhicules âgés, de seconde main. Il y a environ deux
décennies, la Côte d'Ivoire faisait partie des vingt-cinq pays les
plus grands émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde. La
situation s'est sans doute davantage dégradée avec
l'accroissement du parc automobile du pays et particulièrement du nombre
des véhicules de seconde main, moins coûteux. Selon une analyse du
Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et
les constructions urbaines, « la pollution constitue le premier enjeu
environnemental du système de transport abidjanais, avec un coût
des dommages y afférent se chiffrant entre 34 et 61 milliards de
FCFA.79(*) »
Dommages se traduisant, par exemple, par la croissance des crises d'asthme chez
les enfants, ainsi que l'a constaté un rapport de l'OMS.80(*)
Les eaux usées, les ordures ménagères,
l'air pollué, la verdure en recul sont, comme étudié,
source de détérioration écologique aussi bien des zones
naturelles sauvages que des zones anthropiques, puisque l'espace est un. Et par
conséquent de dégradation sanitaire préjudiciable à
un développement durable. Aussi la politique d'assainissement est-t-elle
une tâche essentielle pour l'Etat81(*). Dans ce contexte, M. Tihi Kpao Victor, directeur de
l'assainissement en 2005, a pu dire : « Les mauvaises
conditions sanitaires dans la plupart des villes, des quartiers et des villages
en Côte d'Ivoire, constituent aujourd'hui une préoccupation
majeure du Ministère de la Construction et de l'Urbanisme (MCU) et des
gestionnaires urbains au regard d'une démographie galopante et des
ressources financières limitées... Le constat, de manière
générale, est que l'assainissement suit les opérations
d'aménagement au lieu de les précéder ; ce qui
amène parfois des surcoûts importants quand il s'agit de
« rattraper » la situation avec des déplacements de
réseaux ou de construction d'ouvrages. L'occupation de l'espace
précède la mise en place des infrastructures
d'assainissement... »82(*) Il ajoute plus loin, en analysant la situation de la
capitale économique : « Si des mesures courageuses
ne sont pas prises dès maintenant sur tout le territoire de la ville,
Abidjan encourt des risques sanitaires et écologiques majeurs et
multiformes sans précédents. »83(*)
L'expert en assainissement touche ici du doigt des
réalités que tous vivent au quotidien. On mesure par
conséquent l'importance de la prise en compte du secteur de
l'assainissement dans le cadre d'une politique de l'environnement bien
pensée pour les agglomérations ivoiriennes actuelles. Mais
surtout, et dès à présent, c'est l'urbanisation
elle-même qui doit être reconsidérée en profondeur. A
ce propos il est fort utile d'écouter l'avis d'un
spécialiste : « La plupart des gens pensent que
l'urbanisation va continuer. Mais ce n'est pas nécessairement vrai. Si
le monde est confronté à une pénurie d'eau, la
disponibilité de l'eau et ses coûts de transport sur longues
distances peuvent commencer à restreindre la croissance des villes. Plus
généralement, un avenir de pénurie d'eau est presque
assurément aussi un avenir de pénurie alimentaire, puisque 70 %
de l'eau pompée dans le sous-sol et détournée des cours
d'eau est utilisée pour l'irrigation. »84(*) Voilà un coup de
starter pour une vision prospective de ce que doit être la cité
ivoirienne de demain, et dont les agglomérations actuelles, avec leur
environnement malsain ainsi que leur développement anarchique et
dysharmonique, n'offrent qu'une bien pâle image.
Dans ce contexte, que dire du système juridico-social
de gestion de l'environnement dans l'Etat ivoirien ?
Section 2 : LA NORME IVOIRIENNE DE GESTION DE
L'ENVIRONNEMENT
La norme ivoirienne s'entend de l'espace juridique
(Paragraphe 1) et sociologique (Paragraphe 2)
dans lequel s'élabore la politique de l'environnement de la Côte
d'Ivoire depuis les indépendances.
Paragraphe 1 : Le cadre juridique
C'est de la loi fondamentale de l'Etat qu'il faut partir pour
la saisie du cadre juridique, car la constitution est le matériel
génétique d'un Etat de droit, la fondatrice et le gouvernail de
celui-ci. Il faut d'emblée rappeler que la Côte d'Ivoire
indépendante a connu deux constitutions fondatrices d'une
première république (A) et d'une deuxième
république (B), dont on examinera les apports.
A. L'apport de la première
République
La première République naît le 3 novembre
1960, jour de la promulgation de la Constitution, deux mois après la
date historique du 7 août 1960 à laquelle fut proclamée
l'indépendance du Pays.
Composée d'un préambule introduisant treize
titres comportant en tout soixante-seize articles, la loi étatique
suprême rédigée par le constituant ivoirien affirme comme
principes fondamentaux les lignes suivantes :
« Le peuple de Côte d'Ivoire proclame son
attachement aux principes de la Démocratie et des Droits de l'Homme,
tels qu'ils ont été définis par la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, par la Déclaration Universelle
de 1948 et tels qu'ils sont garantis par la présente Constitution.
Il affirme sa volonté de coopérer dans la paix
et l'amitié avec tous les peuples qui partagent son idéal de
justice, de liberté, d'égalité, de fraternité et de
solidarité humaine. »
Voici exposé l'esprit de la Côte d'Ivoire
indépendante ainsi que sa vision du monde. Inutile de dire que les
aspirations au développement y sont manifestes : démocratie,
droits de l'Homme, justice, liberté, égalité,
fraternité. Cependant, aucune mention de principe ou de norme
environnementale n'est faite ni dans le préambule, ni dans le corps de
la Constitution. La loi fondamentale détermine la structure
administrative de l'Etat. En ce qui concerne l'exécutif, il est,
jusqu'en 1990, constitué par le président de la république
et des ministres auxquels des portefeuilles sont délégués.
La gestion de l'environnement, telle qu'on le voit dans la Constitution,
cherche encore sa place dans les activités de l'Etat ivoirien, tout au
moins de façon formelle, car les éléments d'un
système global de politique de l'environnement sont progressivement mis
en place sans pour autant être uniformisés. Il faut attendre 1976
pour voir la création d'un Ministère en charge de
l'Environnement. Mais dès le début de la décennie, un
ensemble de mesures sont prises par les autorités, qui reflètent
une louable prise de conscience politique des problèmes
écologiques posés par le mode de développement
épousé : création d'un Ministère des Parcs
Nationaux et Réserves (1971), et d'une Société
d'équipement des terrains urbains (SETU, remplacée par la
Direction et Contrôle des Grands Travaux en 1986), d'un
Secrétariat d'Etat aux Parcs Nationaux (1972), d'une Commission
Nationale de l'Environnement (1973). Cependant, avec le remaniement
ministériel du 20 juillet 1977, le Ministère de l'Environnement
est supprimé. Il sera réhabilité après certaines
hésitations conceptuelles. Pourtant, à travers la création
des structures étatiques précitées, se dessine les deux
grands cadres d'intervention environnementale : les milieux naturels et
les milieux anthropiques.
L'Etat ne lésina pas sur les moyens pour se doter d'une
législation : en ce qui concerne la conservation de la nature, la
loi n° 65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de
la faune et à l'exercice de la chasse, modifié par la loi n°
94-442 du 16 août 1994, et la loi n° 65-425 du 20 décembre
1965 portant Code forestier. Les effets seront respectivement l'interdiction
totale de la chasse, décrétée en février 1974 et la
création d'une Société de Développement des
Plantations Forestières (SODEFOR) en septembre 1966. Les
compétences du Ministère des Parcs Nationaux et Réserves
concernent, d'une part le classement, la conservation et l'aménagement
des parcs et réserves fauniques et botaniques, d'autre part, la
réglementation de la chasse, de la pisciculture et de la pêche en
eaux continentales. Il s'en suit l'arrêté ministériel
portant création du Secrétariat d'Etat aux Parcs Nationaux
précédemment cité. Les résultats de cette politique
volontariste sont l'extension du réseau des parcs et réserves
ainsi que des superficies de forêts classées et parcelles
reboisées. Un Code de l'environnement85(*) est adopté par l'Assemblée nationale,
de même qu'un Livre Blanc de l'Environnement, approuvés par les
ministères en 1995, qui servira de base à l'élaboration
d'un Plan National d'Action Environnementale (PNAE). Selon M. Ahossane
Kadio, les objectifs généraux de ce plan sont
notamment la mise en place d'une stratégie de développement
durable des ressources naturelles du pays, la préservation de la
diversité biologique, le développement des ressources humaines,
le développement d'un système national d'information sur les
problèmes et préoccupations de l'environnement ainsi que la
collaboration de la société civile.86(*) Pour ce qui regarde
l'assainissement, il existe une loi portant le numéro 88-651 du 7
juillet 1988, qui est relative à la protection de la santé
publique et de l'environnement contre les effets des déchets industriels
toxiques et nucléaires et des substances nocives87(*). En outre, un ambitieux projet
de loi visant à lutter contre la pollution en Côte d'Ivoire et
permettant de réduire la pollution industrielle d'environ
« 70% d'ici l'an 2010 » est mis sur pied88(*).
Au plan spécifiquement institutionnel, la mise en place
des structures chargées de l'environnement s'est faite avec des
hésitations conceptuelles qui traduisent les difficultés
d'attribution de compétences dévolues à chacune d'entre
elles. La détermination du domaine de compétence d'un
ministère chargé de la matière n'a pas été
sans difficultés pour les autorités : en témoignent,
d'une part, la création puis la suppression du Ministère de
l'Environnement durant la décennie 1970, d'autre part, le changement
continuel d'appellation dudit département, qui du Ministère de
l'Environnement est passé au Ministère des Eaux et Forêts,
ensuite au Ministère de l'Environnement et du Tourisme, puis au
Ministère du Logement, du Cadre de vie et de l'Environnement pour
aboutir à l'actuel Ministère de l'Environnement, des Eaux et
Forêts. Ce fait traduit par ailleurs une certaine vision de la politique
gouvernementale, qui assigne aux départements ministériels des
appellations révélatrices du canevas de leur mission, canevas
parfois imprécis. Ainsi, s'il est légitime que la Direction de
l'Environnement soit placée sous la tutelle du Ministère du
même nom, des interrogations peuvent être posées quant
à la mise sous tutelle de la Direction des parcs nationaux au
Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales.
Bref, s'il est notable que, dans les fondements juridiques de
la Première République, l'environnement en tant que valeur
pensée au même titre que la justice ou l'économie n'est
malheureusement guère consacré, il est tout aussi remarquable de
constater que dans la pratique institutionnelle l'autorité politique a
montré un intérêt significatif à la chose
environnementale, à travers la mise en place de diverses structures.
Celles-ci constitueront l'héritage de la Deuxième
République.
B. L'apport de la deuxième
République
Le 1er août 2000 voit la naissance officielle
de la Deuxième République, avec la promulgation de la nouvelle
Constitution approuvée par voie référendaire,
opération consécutive au réaménagement
institutionnel survenu après le coup d'état du 24 décembre
1999 qui mettait fin à la Première République.
La nouvelle Constitution comporte un préambule et
quinze titres avec cent trente-trois articles. A la différence de la
première, elle affirme les droits et devoirs du citoyen de façon
explicite. Et une avancée importante est effectuée par le
constituant, avec la reconnaissance du droit à un environnement sain
pour tous (article 19)89(*) et l'affirmation du devoir de protection de
l'environnement et de promotion de la qualité de la vie (article
28) 90(*).
En février 2002, une importante loi relative à
la création, à la gestion et au financement des parcs nationaux
et des réserves naturelles, fruit d'une réflexion sur l'avenir du
secteur enclenchée dans les années 1990, est promulguée
sous le numéro 2002 - 102. A l'ordre du jour :
· le renforcement du statut foncier des parcs et
réserves intégrales en inscrivant leur rattachement au domaine
public de l'Etat ;
· le mode de gestion des parcs et réserves en
prévoyant les possibilités de délégation d'une
partie des missions précédemment dévolues à la
Direction de la Protection de la Nature ;
· la définition des pouvoirs de police judiciaire
attribués à certaines catégories d'agents ;
· la création d'un établissement public
particulier chargé de la conservation des parcs nationaux et
réserves ;
· la constitution d'un conseil scientifique des parcs
nationaux et réserves, indépendant et jouant un rôle
consultatif auprès de l'Etablissement
· la mise en place de fondations destinées
à contribuer au financement des activités de conservation
menées dans les espaces protégées et leurs zones
périphériques (Lauginie, 2007).
En ce qui concerne l'assainissement, le décret n°
2006 - 03 du 25 janvier 2006 portant attribution des membres du gouvernement,
établit le Ministère de l'environnement et des Eaux et
Forêts comme autorité compétente pour superviser la gestion
des déchets industriels, agricoles, toxiques ou dangereux, en
collaboration avec les ministères de l'agriculture, de l'industrie, des
mines et de l'énergie. Dans cette optique est créée la
même année l'Agence Nationale de l'Environnement (ANDE), qui
abritera l'Autorité Nationale chargée du Mécanisme pour un
Développement Propre (MDP), fruit du Protocole de Kyoto auquel l'Etat de
Côte d'Ivoire est partie. Le Ministère de la Ville et de la
Salubrité urbaine, créé en 2007 et
l'organisme chargé de la gestion des produits chimiques,
créé en 2008 et placé sous la tutelle du Ministère
de l'Environnement, des Eaux et Forêts sont autant de manifestations d'un
cadre juridique assez outillé, qui cependant n'est pas exempt de
corrections91(*) - ce dont
il sera question plus loin, mais dont l'application effective92(*) - éternel
problème de la loi, serait source de résultats fort
encourageants.
Le cadre juridique de la politique environnementale de l'Etat
étant établi, il importe pareillement d'en poser le cadre
sociologique.
Paragraphe 2 : Le cadre sociologique
La perception de la politique environnementale et de son
rapport avec un développement humain harmonieux (A),
ainsi que l'influence sur elle exercée par la société
ivoirienne (B), déterminent son succès ou son
insuccès.
A. La perception politique du binôme
« politique
environnementale - développement
durable »
En accédant à la souveraineté nationale
le 7 août 1960, l'Etat de Côte d'Ivoire unissait juridiquement en
son sein une mosaïque de peuples, d'ethnies, de traditions culturelles et
religieuses. Ces populations avaient en commun l'expérience de la
colonisation. Celle-ci allait léguer en héritage au nouvel Etat
le système du libéralisme économique alors en vigueur.
Où les préoccupations productivistes, corollaire du
système international ambiant, avaient carte sur table. Cependant,
l'Etat ivoirien impulsera une dynamique de protection de l'environnement,
surtout au plan de la conservation des milieux naturels. Les problèmes
de salubrité, de leur côté, augmentaient avec la croissance
démographique et l'expansion de l'usage des produits industriels.
La société ivoirienne, ce n'est pas seulement
l'Etat en tant qu'instrument gouvernemental agissant, c'est aussi la population
et les diverses structures sociales et coutumières qui la constituent.
Un demi-siècle de colonisation aura habitué les esprits à
la logique de l'exploitation tous azimuts des terres pour goûter, autant
que faire se peut, aux conforts de la modernité, synonyme de
progrès.
Ainsi, pour mieux cerner l'esprit de la politique de
l'environnement version éburnéenne, il importe de situer la
conception développementaliste des différents acteurs sociaux que
sont les gouvernants, les partis politiques, la société
civile.
En proclamant l'indépendance de la Côte d'ivoire
le 7 août 1960, le président Félix Houphouët-Boigny
déclarait à la face du monde son idéal pour le
pays : « C'est la Côte d'Ivoire qui veut aujourd'hui
s'en aller, non pas à l'aventure, mais bâtir sa maison à
elle (...) nous aussi, nous devons apporter notre contribution...notre amour
sincère de la Paix et de la Justice ».93(*)
Ces paroles, traduction d'un réel projet de
société, sont le reflet de la maturité de la vision
politique d'ensemble de leur auteur, qui conçoit le développement
comme élan vers la maturité, participation effective et
féconde à l'Universel.
Cela impliquait d'abord la définition d'une ligne
politique et économique à même de doter l'Etat des moyens
de son évolution. Ce fut le libéralisme économique,
continuité du système économique de l'époque
coloniale, une économie extravertie, basée sur l'agriculture,
comme le traduit le slogan : « Le succès de ce pays
repose sur l'agriculture. » Et, fait marquant, la conscience
écologique était loin d'être absente, même si, comme
il a été dit plus haut, elle n'a pas été
expressément affirmée dans les textes fondateurs, ni servie par
l'esprit du modèle social dominant94(*). A preuve, la remarquable mise en oeuvre de
programmes de protection de la nature éburnéenne, mue par
l'esprit du père fondateur de la Nation, tel qu'il transparaît
dans ses propos :
« En 1960, la forêt ivoirienne
couvrait 10 000 000 d'hectares. Cette superficie est aujourd'hui
considérablement réduite et évaluée à
3 000 000 d'hectares auxquels on peut ajouter 1 700 000
hectares de savane (...) Reconstitution du capital forestier,
aménagement de la forêt naturelle, reboisement villageois en zone
de savane devront s'accompagner d'une protection effective des massifs
existants (...) Il s'agit là d'une nécessité
nationale, car la destruction de la forêt n'a pas que des
conséquences directes sur un secteur générateur d'emplois
et de revenus et qui peut par la création d'une industrie
papetière apporter d'autres devises (...) Nous touchons une fois de
plus du doigt les ravages que l'homme peut causer par la
recherche de profits immédiats, l'égoïsme, le gaspillage de
biens dont nous sommes les gestionnaires et responsables au regard des
générations futures... »95(*)
« L'Homme a marché sur la Lune
(...), mais il ne sait pas encore fabriquer un flamboyant ou un chant d'oiseau.
Gardons notre cher pays d'erreurs irréparables, qui pourraient dans
l'avenir l'amener à regretter ses oiseaux et ses
arbres. »96(*)
Tout en saluant cette conscience des gouvernants ivoiriens, un
auteur note cependant que « malheureusement, les premiers signes de
récession économique, apparus avec les années 1980,
balayèrent ces préoccupations liées au moyen ou long
terme... »97(*)
Celui qui a faim n'étant pas un homme libre, selon la formule du
président Houphouët, tout discours environnementaliste en pareille
circonstance, avec une visibilité économique nébuleuse, ne
pouvait prétendre avoir un impact réel sur les populations.
Populations qui, par ailleurs, exercent tout naturellement une influence sur la
gestion environnementale étatique.
B. L'influence des populations
Les populations constituent, avec le territoire et le pouvoir
gouvernemental, l'autre force politique de l'Etat. Elles sont dans l'ensemble
assez peu au fait des questions écologiques. Pratiques culturales
destructrices, déboisement étendu, chasse et pêche
effrénée, braconnage, gestion non rigoureuse des ressources
hydriques, énergétiques et climatiques, inexpérience dans
la gestion écologique des déchets industriels sont aussi de leur
fait. Choses qui s'opposent carrément au bien-être
recherché, au développement dit « durable ».
Ce qui nécessite une organisation et une formation de ces populations.
La Côte d'Ivoire comptait en 1998 vingt-huit organisations non
gouvernementales impliquées dans le secteur de l'environnement.98(*) Cette autre avancée
dans la sensibilisation aux questions environnementales s'est manifestée
dans les activités organisées par les associations y
opérant lors de la célébration annuelle de la
Journée mondiale de l'Environnement. Mais en réalité ces
actions, dans l'ensemble peu soutenues, sont sporadiques et très
localisées. Cependant, la création, le 1er novembre de
l'année en cours, d'un Forum civil pour l'environnement (FCE) augure des
lendemains prometteurs. Ce forum sera, comme l'explique M. Loukou Koffi Jules,
président du comité de coordination, une plate-forme
d'échange sur les problèmes environnementaux destinée aux
citoyens. Il entend également « mettre fin au silence des
autorités face aux dangers liés à la destruction de
l'environnement »99(*). Les ONG environnementales locales montrent ainsi
leur volonté de se positionner comme des acteurs de poids dans
l'orientation politico-économique du pays.
D'autres acteurs sociaux dénotent de la
considération progressive, en Côte d'Ivoire, du caractère
basal de la politique environnementale vis-à-vis du développement
durable de l'Etat. Il s'agit des partis politiques qui se réclament du
courant écologiste. Deux formations existent ainsi en Côte
d'Ivoire, le Mouvement Ecologique Ivoirien (MEI) et le Parti Ecologique
Ivoirien (PEI). Ces partis, déjà entreprenants sur le terrain
comme les ONG - le PEI dispose d'un siège à l'Assemblée
nationale - tissent comme elles des solidarités prometteuses avec
d'autres formations et organismes environnementalistes sous-régionales
et internationales, au profit de la politique environnementale locale.
Un autre aspect sociologique à prendre en compte est la
donne culturelle et le poids des traditions, des us et coutumes. L'habitat
traditionnel ivoirien, plutôt sobre - comme d'ailleurs l'habitat
traditionnel africain - n'est pas le fruit d'un désir psychologique
d'esthétique environnementale, d'harmonie avec la nature ambiante, comme
c'est le cas dans d'autres civilisations. Cependant, il s'intègre aussi
bien au plan physique qu'au plan spirituel dans un environnement naturel, qui
est la forêt, la savane ou l'écosystème aquatique ambiant,
et est en général bien tenu par ses locataires. Cet aspect sera
examiné plus en profondeur dans un chapitre ultérieur100(*). Un esprit semble
demeuré dans le comportement des populations, celui de la
considération de la ressource environnementale nourricière comme
bien inépuisable, et dont la maintenance, facile - pas de plan
d'aménagement de jardin, ni de construction de fontaine ou de plan d'eau
artificiel, mais en général simple balayage de la devanture de la
concession - ne nécessite ni d'attention singulière, ni
d'élaboration rigoureuse. Transposé à l'échelle de
la civilisation occidentale actuelle exportée par le colonisateur, avec
l'ère du matériel jetable, cela donne une gestion
environnementale défensive et sans véritable élan de
perfectionnement du milieu. De plus, cette gestion ne prétend pas
souvent jouer les premiers rôles dans les planifications locales de
développement, où d'autres secteurs sont jugés
prioritaires : infrastructures, santé, éducation, emploi,
logement. Voilà une question qui permet de comprendre en partie les
raisons pour lesquelles les politiques environnementales pratiquées
généralement n'intéressent pas les populations et leurs
dirigeants au plus haut point. Car il n'est pas clairement perçu le lien
entre stabilité écologique et développement
socioéconomique. Développement socioéconomique selon le
modèle classique de la productivité et de la rentabilité,
et qui plus est en rapport avec la conjoncture économique vécue.
Ainsi, le cadre sociologique de l'élaboration d'une
politique environnementale dans l'Etat de Côte d'Ivoire est fort d'une
vision écologique montante, mais il demeure dans l'ensemble surtout
réactionnaire, défensif et moyennement, sinon peu
éveillé.
En considération de tout ce qui précède,
il ya lieu de retenir que la politique ivoirienne de l'environnement, qui
devrait normalement conduire à un développement durable, est
desservie par un certain nombre de lacunes qui la vicie dans l'atteinte de cet
objectif. Or, une politique environnementale génératrice d'un
développement durable est nécessaire. Il s'agira d'en
définir les contours.
DEUXIÈME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE GÉNÉRATRICE D'UN DÉVELOPPEMENT
DURABLE
La formation d'un Etat dûment consentie par ses
composantes humaines est juridiquement et solennellement basée sur la
Constitution, mais celle-ci n'est que la matérialisation des aspirations
et valeurs du peuple, qui trouvent leur raison d'être dans la sublimation
de la terre-patrie. Ainsi, le lien entre la terre et ses habitants existe,
comme dans tout peuple, mais celui-ci, influencé par de multiples
facteurs historiques et politiques s'est souvent trouvé gauchi, ce qui a
pour conséquence la banqueroute environnementale. Ceci est vrai tant
pour les autres Etats que pour la Côte d'Ivoire. Par conséquent,
afin de crédibiliser l'affect sociologique qui lie les populations
à leur terre, base des énergies légitimes de l'action et
du développement, il faut réveiller et
régénérer cet affect en l'ajustant à ce qui fait
son essence : une éthique de l'environnement
(Chapitre 1). Il est également nécessaire de
tirer toutes les conclusions du corpus de connaissances sur la situation de
l'environnement planétaire en orientant l'économie ivoirienne
dans une direction viable, c'est-à-dire une direction
d'intégration véritable des principes écologiques
(Chapitre 2).
CHAPITRE 1 : L'ADOPTION D'UNE ÉTHIQUE DE
L'ENVIRONNEMENT
Une politique de l'environnement viable, c'est-à-dire
facteur de stabilité écologique, gage d'un véritable
développement humain, doit prendre en compte et dynamiser la donne
affective qui lie, comme tous les peuples, les Ivoiriens à leur pays et
qui a sous-tendu le combat pour l'émancipation et la création de
l'Etat.
Quelles sont les modalités pour y parvenir ?
D'abord la saisie des conceptions de la relation psychologique de l'homme
ivoirien avec la Nature (Section 1). Ensuite la perception du
rôle, au sein de l'Etat, des forces sociologiques qui le constituent
(Section 2).
Section 1 : DU FONDEMENT ÉTHIQUE :
LA RELATION HOMME - NATURE
EN CÔTE D'IVOIRE
Il s'agit de voir quel type de relation s'établit entre
l'homme ivoirien et l'environnement en tenant compte de deux dimensions :
la dimension philosophico-mystique, dans laquelle la Nature est d'abord
maître et parent (Paragraphe 1), ensuite la dimension
socioéconomique, qui envisage la Nature comme serviteur et capital
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La Nature, maître et parent
La conception de la Nature en tant que maître et parent
s'enracine dans une vision philosophico-mystique du monde (A)
pour se matérialiser dans les types de rapports entretenus par les
peuples éburnéens avec la Nature (B).
A. La vision philosophico-mystique du
monde
Comment se présente cette vision des choses chez les
peuples éburnéens ?
A ce propos, L'Encyclopédie Générale
de la Côte d'Ivoire pose ceci :
« Tout le monde s'accorde pour reconnaître
que l'Africain appartenant aux sociétés traditionnelles faisait,
et fait encore, dans une certaine mesure, à cause de la faible
efficacité des anciennes techniques, l'expérience quotidienne que
le milieu naturel est plus fort que lui.
En ce qui concerne des sociétés du type de
celles de la Côte d'Ivoire traditionnelle, le « champ du
sacré » recouvre tout ce qui est ressenti comme porteur d'une
puissance non explicable par la connaissance.
Bien des éléments entrent dans cette
catégorie, dans l'entourage de l'individu. Tout d'abord, les
éléments non humains.
La végétation comporte de multiples
composantes chargées de puissance et en tout premier lieu les plantes
qui entrent dans la pharmacopée des guérisseurs...
Enfin, les végétaux sont
considérés comme des partenaires vivants. Il est rare que l'on
coupe un arbre ou que l'on en prélève une quelconque partie sans
observer un certain type de rite destiné à permettre
l'opération...
Les lieux peuvent aussi être habités par une
puissance. On peut distinguer ceux qui jouissent d'une puissance
attachée à leur configuration propre et ceux dans lesquels une
puissance a été concentrée grâce à diverses
opérations...
Particulièrement chargés de puissance,
encore, les animaux. L'origine d'une société, d'une tribu ou d'un
village, est souvent marquée par l'intervention d'un animal, en
général véhicule d'un esprit tutélaire : il y
a donc alliance sacrée entre l'animal et les membres de ce groupe.
Dès lors, tout ce qui arrive à cet animal peut accroître ou
affaiblir la puissance protectrice qu'il exerce sur la communauté :
à l'interdiction de le tuer s'ajoute souvent l'obligation de lui porter
secours si on l'estime menacé.
Quant aux phénomènes astronomiques ou
météorologiques, ils sont perçus comme autant de
manifestations de puissances supérieures à l'homme. Soleil, lune,
pluie, tonnerre, marée, éclipse, séisme sont
considérés comme manifestations ou symboles d'une puissance, soit
comme puissance eux-mêmes - réalité vivante qu'il s'agit
dans tous les cas de se concilier. Les phénomènes anormaux dans
ce domaine sont évidemment ressentis comme particulièrement
puissants...
Dans son milieu naturel, l'homme des spiritualités
traditionnelles est ainsi sans cesse confronté à des puissances
avec lesquelles il doit compter : le sol, l'air, le ciel, la
végétation, les divers lieux, le temps, perçus comme
autant de forces à maîtriser pour assumer la vie. De nombreuses
ethnies pratiquent le culte des esprits de la nature - Akan, Krou, Koulango,
Gouro, Gban, Malinké - ou parfois plus précisément du
terroir - Baoulé, Dan...
Ainsi le sacré est-il entièrement lié
à la vie quotidienne de l'Ivoirien des sociétés
traditionnelles. Le « champ » - l'étendue - du
sacré est pour lui considérable. Il se meut dans un milieu
entièrement magico-religieux où chaque acte, chaque geste peut le
confronter à des puissances agissantes (...) la vie quotidienne de
l'individu se déroule dans un univers de forces en équilibre les
unes par rapport aux autres. Tout acte se doit d'être assuré que
l'équilibre sera maintenu durant son déroulement. Pour
l'Ivoirien, exister est un acte religieux car cette existence, d'avant la
naissance au- delà de la mort physique, se déroule, nuit et jour,
suivant le mince cheminement résultant de cet
équilibre. »101(*)
Voici dépeint le cadre philosophico-mystique du rural
ivoirien quant à son rapport à l'environnement. On notera la
relative diversité des coutumes religieuses, liée au
caractère non moins divers des peuples éburnéens.
Cependant, les conditions naturelles, les philosophies sont assez semblables
pour que leurs différentes manifestations dégagent le fonds
commun de l'animisme. On retrouvera cette vision du monde dans les types de
rapports entretenus avec la terre et ses êtres.
B. Les types de rapports entretenus
Une telle perception des êtres et des choses, une telle
place faite au sacré dans le quotidien ne peut qu'engager l'homme des
sociétés traditionnelles - et partant la société
elle-même - dans toute sa totalité. Car s'il est un domaine qui
caractérise les sociétés traditionnelles tant en Afrique
qu'ailleurs dans le monde, c'est la conception symbolique et mystique du
Cosmos, des éléments, de l'homme et de sa place dans la Nature,
qui en constitue le socle même, d'où part toute action102(*).
En effet, l'Univers, lieu d'expérience et
d'expérimentation du mystère de la vie, de forces visibles et
invisibles à l'oeuvre dans les divers phénomènes cosmiques
et naturels, source de l'existence humaine et matrice nourricière, ne
peut que susciter l'étonnement, l'émerveillement, la crainte, la
révérence. Aussi l'homme, conscient de ses limites et de sa
finitude face à l'illimité et à l'infini, se
subordonne-t-il à toute cette dynamique imposante qui, non seulement lui
échappe, mais de surcroît l'entraîne dans
l'indifférence vis-à-vis de sa volonté. Pourtant, c'est
bel et bien dans ce monde mu par quelque force suprême, Dieu ou/et les
esprits, que l'homme est comme propulsé, s'y voit naître, vivre et
mourir, c'est au sein de cet espace qu'il conçoit, connaît et
expérimente la vie : il y reconnaît une Nature qui,
fonctionnant selon un ordre mystérieux, lui procure la nourriture du
corps aussi bien que de l'âme, pour le faire vivre. Ce sont
là les deux dimensions de l'autorité de la terre sur l'être
humain.
La nature apparaissant comme maîtresse de l'homme, cela
est donc perceptible, ainsi qu'il a été montré plus haut.
Les rapports sont fondés sur la conciliation avec les esprits, les
forces ou les êtres qui habitent et animent les éléments,
le culte à eux rendu pour s'attirer des grâces dans les affaires
quotidiennes ou en des étapes clés de l'existence. Quant au lien
affectif, parental, il est plus lointain, recouvert qu'il est par cette
relation essentiellement négociée qui lie l'homme à son
environnement. Les grands systèmes philosophico-religieux
existent : ainsi, chez les Baoulé, la triade Nyamé (le Ciel,
Dieu) - Assié (la Terre-Mère) - Assassi-oua (le fils de
Nyamé et d'Assié). Assié, la Mère, la Terre
nourricière, divinité la plus directement en rapport avec les
humains, était l'objet d'un culte répandu103(*). La cosmogonie
sénoufo évoque l'âge d'or universel, où tous les
êtres vivaient dans l'harmonie104(*).
Au total, force est de reconnaître l'existence, chez les
peuples éburnéens, d'une conscience du caractère
sacré de la nature, qui est le fondement de la vie. Cependant, les
formes cultuelles et religieuses, dans leurs conceptions vitalistes et
environnementales, s'inscrivent plus dans un système de
dominant/protecteur (les forces invisibles), à
dominé/protégé (l'homme) - système basé sur
l'utilisation des ressources de la terre pour les besoins quotidiens, que dans
une éthique basée sur la place de l'homme dans la nature et la
responsabilité vis-à-vis de l'environnement.
On examinera maintenant la Nature envisagée comme
serviteur et capital.
Paragraphe 2 : La Nature, serviteur et capital
Ici, l'environnement est présenté sous la forme,
en général, la plus directement perceptible par les populations,
c'est-à-dire sous la forme exploitable. C'est la mise en valeur des
terres qui a favorisé la naissance des premières grandes
civilisations, c'est aussi la mise en valeur des terres qui a
conditionné leur déclin105(*). La construction d'une société humaine
nécessitant des règles et des lois, il s'agit de voir, aussi bien
dans la Côte d'Ivoire rurale (A) que dans la Côte
d'Ivoire moderne (B), la conception de la Nature en tant
qu'objet économique, sa traduction dans les faits et l'impact sur
l'environnement, qui est le lieu et la condition du développement
souhaité.
A. Les conceptions dans la Côte
d'Ivoire rurale
Caractériser le mode d'appréhension et de
gestion de la terre dans les systèmes traditionnels nécessite une
étude des conceptions sur le foncier ainsi que leur mise en pratique
chez des peuples témoins représentatifs des grandes familles
ethniques du pays : Sénoufo, Krou, Mandé-Sud, Agni-Sanwi,
Lagunaires106(*).
Il convient toutefois de rappeler que l'économie
traditionnelle s'organise autour de quatre grands piliers :
l'alimentation, le vêtement, le logement, la vie coutumière. Elle
intègre des techniques ancestrales de régulation
écologiques107(*).
Pour les Sénoufo, le travail de la terre est
nécessaire pour accéder au « village des
morts » (koubélékaha), car institué par
les ancêtres108(*). Aussi est-il régi par des normes religieuses
de strict respect. En ce qui concerne le système foncier proprement dit,
les taras (zones de culture) « appartiennent à
des familles élargies dont les ancêtres ont occupé les
premiers le territoire ou l'ont arraché de force aux premiers
propriétaires (...) Une parcelle de terre concédée
à une famille ne lui appartient pas pour autant. Elle lui est seulement
prêtée...109(*) » Les travaux champêtres se
déroulent selon un calendrier suivant le rythme des saisons, fait
habituel. Une part symbolique des premiers produits du sol est
dédiée aux tarafolo, chefs de terre, ainsi qu'aux
Mandebélé, génies habitant les lieux aussi bien
cultivés que les espaces incultes.
En pays Krou, de même qu'en pays sénoufo et
partout ailleurs en Eburnie, le travail de la terre repose sur une division
sociale des tâches, qui détermine la constitution d'unités
de production spécifiques. On pratiquait assez l'assolement et la
jachère, bénéfiques pour la santé des sols.
Chez les Mandé-Sud, la terre nourricière est
représentée par un prêtre, sorte de garant moral, qui est
symboliquement maître et propriétaire du sol. Il est surtout
sollicité en cas de catastrophe naturelle ou autre chose susceptible
d'affecter les cultures, pour expiation.
Chez les Agni-Sanwi, l'exploitation de la terre est
régie par un code de propriété justifié par des
considérations politiques et religieuses. Les terres appartiennent aux
mmusun (génies) et sont gérées par les premiers
occupants lignagers. On retrouve certaines mesures écologiques prises
pour la préservation de l'intégrité des sols, comme
l'abstention de l'abattage des gros arbres présents, et pour
l'utilité publique, telle la conservation des palmiers à huile.
Le système des peuples lagunaires ne diffère pas
sensiblement de tous les autres décrits. Cependant, pour raison
d'emplacement géographique, l'eau y est beaucoup plus présente,
au point de fonder, comme la terre ferme, l'économie de nombre d'entre
eux. Aussi la pêche y prend-t-elle toute son importance comme mode
d'exploitation des espaces hydrosphériques.
La pêche est traditionnellement pratiquée par les
populations pour la consommation locale. Le commerce de poisson et
crustacés constitue pour elles une source substantielle de revenus et
d'approvisionnement en produits de la terre supplémentaires ou peu
disponibles localement. Diverses méthodes sont employées, depuis
la pêche à la ligne jusqu'à l'épervier en passant
par le ramassage, les nasses et l'empoisonnement de l'eau.
S'il doit être fait un constat en rapport avec
l'économie naturelle, la pêche artisanale n'exerce pas une
influence véritable sur les peuplements, en termes de ponction sur la
ressource. Exception faite de l'hypothèse d'une exploitation
d'espèces au peuplement très réduit, qui ne peut souffrir
de prélèvements sans conséquences graves. Cependant, il
faut toucher du doigt le fait que les risques environnementaux sont souvent peu
pris en compte par les acteurs du secteur, qui ont utilisé des filets
aux mailles étroites et usé de substances végétales
toxiques pour la pêche110(*).
Quant à la chasse, activité répandue sur
tout le territoire, elle obéit à la même logique
d'exploitation du milieu naturel pour l'appoint alimentaire quotidien, mais se
présente, dans l'ensemble, comme beaucoup plus élaborée
que la pêche dans ses concepts et dans sa pratique. C'est que la chasse,
comme la pêche, ne peut s'exercer sans une intégration aux
conceptions culturelles et religieuses des peuples qui, cela ayant
été analysé plus haut, conçoivent la nature en un
vaste ensemble sacré où chaque être et chaque chose
possède une signification ainsi qu'une place à ne pas
déplacer, le tout étant déterminé par les esprits.
Aussi le contact permanent de l'homme éburnéen avec la terre et
les autres êtres qui l'habitent admet-il une communauté
d'intérêt beaucoup plus forte qu'avec les locataires strictement
aquatiques de l'hydrosphère. Bien que les animaux totémiques
existent aussi bien dans l'eau que sur la terre111(*). Puiser donc dans cet
ensemble pour des besoins alimentaires revient à se soumettre à
un certain nombre d'opérations rituelles et magiques pour rendre la
chasse fructueuse, se concilier les forces protectrices de tel ou tel animal et
se protéger des éventuelles représailles de la victime
dont la vie a été offensée par la brutale survenance de la
mort112(*). Hormis ces
étapes, c'est le caractère socio-économique qui
prédomine.
Les méthodes de chasse utilisées dans la
Côte d'Ivoire traditionnelle sont très variées :
piégeage renfermant diverses techniques, battue, lances, flèches.
Ici encore, les questionnements écologiques se posent avec acuité
pour certaines méthodes de chasse. Par exemple, la battue sur espace
incendié, pratiquée dans la zone de savane, peut être sinon
est grandement destructrice. De même un piégeage et une collecte
inconsidérés sont loin d'avoir des conséquences
agréables pour les peuplements animaux et partant pour l'économie
naturelle113(*). Autant
d'inconvénients qui, combinés à ceux de l'activité
de cueillette et des techniques culturales destructrices114(*), sont
révélateurs des lacunes des systèmes traditionnels dans la
gestion écologique quotidienne, lacunes procédant
elles-mêmes d'un défaut dans la vision holistique de
l'environnement et constituant, avec celles de la plupart des systèmes
industriels modernes, des portes ouvertes à bien des excès. Mais
il n'en demeure pas moins que le caractère nourricier de la terre reste
présent dans la conscience collective, ce qui est décisif pour un
renversement de situation en faveur de l'éthique environnementale.
Il s'agira maintenant d'examiner, en corrélation avec
les conceptions traditionnelles, les idées de la Côte d'Ivoire
moderne vis-à-vis de la Nature perçue comme serviteur et
capital.
B. Les conceptions dans la Côte
d'Ivoire moderne
Quelle conception de la nature peut avoir la
société ivoirienne moderne ?
Il convient d'abord de s'entendre sur ce que c'est que la
société ivoirienne moderne : c'est la Côte d'Ivoire
constituée en état moderne, dont les organes, la structure et le
fonctionnement sont tributaires de l'héritage politique et culturel
colonial, occidental.
Pour rappel, cette société a connu deux
républiques : la première vécut de 1960 à
1999, pour faire place à la seconde République actuelle, en 2000.
Quid des conceptions de l'Etat, des décideurs politiques et des
populations sur le système de mise en valeur du pays ?
Les conceptions étatiques en matière de mise en
valeur de l'environnement sont à rechercher dans les textes fondateurs
de l'Etat ou organisant les activités à l'intérieur de
celui-ci.
La Constitution du 3 novembre 1960 ne comporte ni d'article
relatif à l'environnement, ni de disposition explicite touchant une
orientation de la gestion des terres, au contraire de celle du 1er
août 2000115(*).
On comprend qu'un tel état des choses se soit fait, comme il a
été déjà souligné, dans le sillage politique
et économique ambiant qui considérait plutôt la nature
comme un bien quasiment inépuisable116(*). Cependant, la conscience écologique
était bel et bien présente117(*) - est-ce là aussi le signe que la question de
la protection de l'environnement allait de soi, et par conséquent
surplombait même les principes constitutionnels ? - et c'est elle
qui fut à la base de significatives évolutions
ultérieures118(*). Néanmoins les moules économiques
définis dans les codes d'investissement en vue du développement
de l'économie du pays ne s'accompagnèrent pas de mesures
environnementales rigoureuses vis-à-vis des industries, dont beaucoup
mettent à mal le développement qu'elles sont censés
servir119(*).
Au niveau des populations, les limites structurelles et
fonctionnelles des conceptions environnementales dans les
sociétés traditionnelles - bases de la nation - alliées au
manque de sensibilité écologique engendré par la
mentalité utilitaire et productiviste se traduisent par un comportement
en général anarchique vis-à-vis de la terre. Les
occupations tous azimuts des terres, protégées ou non, par des
exploitants agricoles et la construction libertine de logements et
d'infrastructures en témoignent (question du foncier)120(*). De telles attitudes,
à tous les niveaux, ne peuvent qu'être préjudiciables
à court, moyen ou long terme au développement souhaité.
Dans un tel contexte, et pour pallier ces faiblesses, les
forces sociologiques qui fondent la nation méritent examen.
Section 2 : DU FONDEMENT SOCIAL : LES
FORCES SOCIOLOGIQUES DE LA NATION
Dans le cadre de la recherche d'une politique environnementale
idéale qui serait le levier du progrès, on ne peut naturellement
ignorer la place centrale occupée par les forces sociologiques qui
forment l'Etat et la nation, ainsi que leur rôle. Le souffle vital d'une
politique de l'environnement bien comprise est constitué par les
symboles de l'Etat (Paragraphe 1) ainsi que la culture, les
religions et croyances du pays (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les symboles de l'Etat
La Côte d'Ivoire indépendante s'est doté
d'une Constitution promulguée le 3 novembre 1960, remplacée par
la Constitution du 1er août 2000. Les idéaux de la
nation y sont exprimés, de même que les symboles catalyseurs. Par
conséquent, pour comprendre le lien entre une politique environnementale
et les aspirations des populations au bonheur, il convient de situer les
fondements symboliques de l'Etat ivoirien (A) et de mettre en
lumière le sens ainsi que la valeur de ces différents symboles
(B), autant que faire se peut.
A. Les fondements symboliques de l'Etat
L'Etat, en tant qu'organisation politique, est l'expression du
contrat social, mieux, de l'alliance scellée entre les groupes humains
désireux de construire ensemble et quotidiennement leur avenir, un
avenir heureux, bien entendu. Aussi la conscience nationale fondatrice de
l'Etat produit-elle des symboles qui concentrent l'énergie affective
devant relier l'individu à la communauté de rêve et qui
perpétuent le désir solennel de vivre et de bâtir ensemble.
Ces symboles sont traditionnellement les suivants : constitution, drapeau,
emblème, hymne national, devise. Les caractères ou le contenu de
ces symboles traduisent les idéaux de la communauté.
En ce qui concerne les aspirations du peuple ivoirien, elles
ne sont guère différentes de celles de tout être humain, de
tout peuple et de toute nation. Qu'il s'agisse de la Constitution de 1960 ou de
celle de 2000, l'idéal exprimé dans les préambules
respectifs se fait l'écho de celui de toute nation : paix, justice,
liberté, égalité, fraternité,
prospérité. Ces idées doivent ainsi s'incarner,
c'est-à-dire se traduire en réalités concrètes,
dans la vie des habitants du pays. Elles reposent sur la sublimation de la
terre-patrie, qui est ainsi le concentré visible et indiscutable des
voeux et des rêves de bonheur. Ainsi, déjà, les
populations, pour la réalisation des objectifs désirés, se
tournent instinctivement vers la terre, de laquelle il faudra faire sortir la
richesse, le mieux-être. Cependant, devant les problèmes
inhérents à la dynamique politique dans les groupes humains en
vue de la construction nationale quotidienne, elles ont constamment besoin
d'être stimulées par les forces positives de rassemblement, qui
ont fondé l'Etat autour de l'idéal de nation souhaité. Et
ces forces sont contenues, outre dans la terre-patrie elle-même qui est
le corps de cet idéal, dans les symboles que sont la Constitution, le
drapeau, les armoiries, l'emblème, l'hymne national et la devise, qui en
constituent l'esprit.
A ce niveau, il apparaît capital de bien s'entendre sur
la place de la politique environnementale dans un tel contexte idéel.
L'environnement étant le cadre de vie, la terre, le territoire dans ses
acceptions les plus simples, toute la responsabilité d'une
cité consiste à le maintenir dans un état de santé,
donc d'intégrité et de productivité permanente, pour la
sécurité même de cette cité et partant la
réalisation de ses désirs légitimes de
bien-être. Or, cela ne peut être fait sans un minimum
d'affectivité vis-à-vis de la « terre des
ancêtres », comme cela a été vu auparavant. A
cela il faut ajouter l'élément crucial, celui de la
responsabilité : en termes simples, que fait chacun pour la
terre qui le fait vivre, que fait-il pour l'entretenir afin qu'elle soit
toujours productive comme elle, la terre, l'entretient, afin que lui aussi soit
toujours productif ?
Une importante conclusion se dégage de cette
démarche réflexive : le territoire, en tant
qu'élément constitutif d'un Etat, doit être assumé
dans toute sa dimension physique, morale et spirituelle, pour être le
socle et le sujet d'espérance véritable du développement
tant désiré.
En cela, l'Etat de Côte d'Ivoire possède de
précieux atouts symboliques pour asseoir une politique viable de
l'environnement, et par conséquent le mieux-être.
B. Le sens et la valeur des symboles de
l'Etat
La Constitution : la Constitution du 1er
août 2000 dit : « Le droit à un environnement
sain est reconnu à tous. »121(*) ; « La protection de
l'environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir
pour la communauté et pour chaque personne physique ou
morale. »122(*) Une autre disposition vient mettre en relief
l'éloquence des deux premières:
« Les biens publics sont
inviolables. Toute personne est tenue de les respecter et de les
protéger. »123(*)
Quel état de la situation peut être dressé
relativement au respect de dispositions si importantes de la loi
fondamentale ?
Comme déjà vu, les actions en faveur de
l'environnement ont toujours existé. Mais elles ont la
particularité d'être toujours intégrées à
l'option de développement économique traditionnelle, source de
bien des maux pour l'environnement, ce qui ne les rend pas aussi efficaces
qu'il se devrait. Ajouté à cela la difficulté de
perception de la santé de la nature et du cadre de vie en tant que base
du développement. Lacunes qui ont pour conséquence
inéluctable la survenance de drames écopolitiques aussi graves
que le déclassement d'importantes aires pour l'activité
économique ou le déversement de plusieurs centaines de tonnes de
résidus chimiques toxiques dans le pays124(*). Situations incompatibles
avec la fidélité aux normes constitutionnelles, situations
incompatibles avec les valeurs républicaines, et qui
suscitent « une interrogation sur la place de l'environnement
dans le programme de gouvernement ivoirien125(*). » Car « les questions
environnementales sont-elles traitées avec la même attention que
celles touchant à l'économie, à la sécurité,
à la défense ou aux finances ? »126(*)
Le drapeau et les armoiries : la Constitution actuelle
stipule que « l'emblème national est le drapeau tricolore
orange, blanc, vert, en bandes verticales et d'égales
dimensions. » (article 29). Chaque couleur est un symbole :
l'orange pour le nord ensoleillé ; le blanc pour la paix ; et
le vert pour les forêts du sud.
Sans donner dans des interprétations philosophiques qui
pourraient être qualifiées de subjectives, loin s'en faut - et si
telle est la perception valable de la philosophie dans toutes ses dimensions -,
il convient de souligner que le drapeau ivoirien est un symbole de
l'éthique environnementale que se doit d'adopter ses habitants.
D'emblée, il faut remarquer que l'emblème a
trois bandes verticales : la première bande est de couleur orange,
elle représente les espaces de savanes réellement
ensoleillées et souvent jaunies par le climat du nord ; à
l'opposé, le climat du sud verdit de façon permanente la grande
forêt, représentée par la troisième bande de couleur
verte. Mais en réalité, cette opposition n'est guère
stricte, vu que l'ensoleillement, quoique plus marqué dans l'une des
zones, est le lot commun du nord au sud et que les formations
végétales, bien que caractéristiques de leur espace
respectif, se retrouvent en fait sur tout le territoire, sous l'une ou l'autre
forme. Cela traduit déjà la notion d'harmonie, d'unité de
la terre. Il s'agit là du premier aspect. Le deuxième aspect
concerne les populations établies sur le territoire, dont la culture et
les modes de vie ont été façonnés par la
géographie ambiante. Ces populations ayant décidé de
former un Etat, elles doivent donc perpétuer le pacte solennel conclu
entre elles en vivant dans l'unité, à l'image et à
l'exemple donné par la Nature, la terre nourricière à la
fois duale et diverse, mais une. Et surtout, pour atteindre cette
unité, pour bâtir un avenir heureux, elles doivent puiser dans
l'amour de la Mère-patrie, mieux, de la Mère Nature, cette
Mère Nature qui se présente sous une division politique faite par
ses fils, à laquelle ils donnent des noms, comme celui de
« Côte d'Ivoire ». C'est là le sens de la
bande de couleur blanche, celle du milieu, celle de l'union.
Les armoiries de la Côte d'Ivoire incitent aussi
fortement à l'environnementalisme. L'écu, qui est la pièce
centrale, est fait d'une singulière harmonie d'orange et de vert et sur
lequel se trouve une tête d'éléphant, symbole par
excellence du pays : on y retrouve les trois couleurs du drapeau.
L'écu, encadré par deux arbres au feuillage vert, est
surmonté d'un soleil issant de couleur jaune avec neuf rayons. Le
listel, qui soutient l'écu et les arbres, est fait des couleurs
nationales et porte l'inscription « République de Côte
d'Ivoire ». Autre symbolisme qui est matière à
réflexion.
L'hymne national : l'hymne national ivoirien,
dénommé « l'Abidjanaise », fut pour la
première fois exécuté lors de la proclamation de
l'Indépendance, le 7 août 1960. Il s'ouvre sur ces paroles :
« Salut ô terre d'espérance, pays de
l'hospitalité. » Significative allégeance au sol,
à la terre d'Eburnie. Allégeance, respect qui implique bien
entendu une attitude appropriée. « Tes légions,
remplies de vaillance, ont relevé ta
dignité. » Allusion au combat pour l'émancipation
et le développement véritables, irréalisables, cela est
su, sans respect et amour pour l'environnement. Dans le même ordre
d'idées, « Tes fils, chère Côte d'Ivoire,
fiers artisans de ta grandeur, tous rassemblés pour ta gloire, te
bâtiront dans le bonheur. » Ensuite, « Fiers
Ivoiriens, le pays nous appelle. » Appel sérieux.
Invitation à une prise de conscience des enfants du sol
éburnéen de la responsabilité qui est la leur
vis-à-vis du pays dans toutes ses dimensions. Enfin,
« Si nous avons, dans la paix, ramené la liberté, notre
devoir sera d'être un modèle de l'espérance promise
à l'humanité, en forgeant, unis dans la foi nouvelle, la Patrie
de la vraie fraternité. » Il était question plus
haut de l'impasse politique, économique et écologique dans lequel
se trouve le monde entier. La Côte d'Ivoire se doit d'assumer pleinement
ses atouts symboliques fondés sur la terre, l'environnement, ainsi que
la culture de la paix qui l'a longtemps caractérisée. Alors
seulement sera-t-elle engagée sur le chemin de la vraie liberté,
le chemin de la vie consciente de l'interdépendance, au plan
écologique, de tous les éléments du Vivant, donc de leur
fraternité127(*). Alors seulement sera-t-elle en mesure
d'illuminer par son exemple l'humanité en quête de repères,
victime du rejet de ses merveilleuses origines biologiques, de sa
parenté indiscutable avec tous les éléments du Vivant, et
de son rôle exaltant d'administration sage et responsable des
éléments et d'elle-même, en vertu de l'intelligence de
ses particules128(*).
La devise : la devise de la République
est : « Union, Discipline, Travail.» Ce noble leitmotiv ne
correspond guère vraiment à la réalité. De fait il
est souvent tourné en dérision par les Ivoiriens eux-mêmes.
Et la situation environnementale, particulièrement dans les zones
urbaines, en est la quotidienne illustration. Un changement profond d'attitude
s'impose. Et la devise invite chacun à la responsabilité. Aussi
la culture, les religions et croyances sont susceptibles de tenir un rôle
cardinal dans le processus de responsabilisation de la
société.
Paragraphe 2 : La culture, les religions et
croyances
Les sciences humaines et sociales donnent continuellement la
preuve que la culture, la religion et les systèmes de pensée
sont les fondements des sociétés humaines. En conséquence,
il apparaît intéressant, pour la Côte d'Ivoire,
d'étudier les conceptions environnementalistes des cultures
traditionnelles et des religions étrangères, afin de jauger de
leur intégration dans une politique environnementale qui serait levier
de sécurité et de stabilité écologique et
économique pour tous.
A. Les cultures traditionnelles
D'une façon générale, les conceptions
environnementales des cultures ivoiriennes s'intègrent dans un vaste
système philosophique et religieux qui conçoit le monde comme
émanant de Dieu, qui crée, harmonise et vivifie toutes choses.
Aussi la nature est elle-même vivante, animée par des forces
invisibles, prolongements naturels de l'action divine permanente, et elle
fonctionne selon des lois que l'homme, à la fois fils de la terre et
gestionnaire de la création, se doit d'observer. Sous peine de
bouleverser l'équilibre d'un système dont il fait lui-même
partie. De là il se déduit que l'homme doit respecter
l'environnement et entretenir des rapports harmonieux avec les esprits de la
nature - vicaires du Dieu lointain ou possédant quelque
particularité - et les différents éléments du monde
afin de vivre dans un minimum de bien-être. Aussi la vie dans les
sociétés traditionnelles se déroule-t-elle selon un
certain ordre, dont la terre nourricière est le lieu de
l'accomplissement.
Bien qu'on ne puisse pas parler d'environnementalisme au sens
politique du terme dans les sociétés traditionnelles
éburnéennes129(*), ce vitalisme culturel a donné lieu, comme
partout ailleurs, à des manifestations folkloriques évocatrices
et significatives. On notera par exemple le vaste univers des contes et
légendes du pays, où Dieu est un interlocuteur direct et
personnel, où des arbres comme le fromager et le baobab, et des animaux
comme l'éléphant, le lièvre, la tortue, l'araignée,
le lion et l'hyène sont des héros ou des personnalités de
la société130(*).
Ce patrimoine culturel environnemental ne doit guère
être négligé et il s'agira de réintégrer
l'Ivoirien des sociétés traditionnelles et par ricochet
l'Ivoirien tout court dans ce contexte d'interdépendance et de
solidarité, dont les preuves scientifiques viennent solidement confirmer
les tenants culturels131(*). La mise en oeuvre d'une telle vision, alliant
données scientifiques et conceptions culturelles, est susceptible de
rencontrer un écho favorable auprès des populations. La
responsabilité envers l'environnement n'en sera que plus ressentie, pour
le plus grand bénéfice de tous. Cependant, le réalisme
suggère prudence et patience pour un changement d'attitude qui
nécessitera aussi un soutien politique et économique. Mais,
faut-il se rassurer, la visée ne peut souffrir d'utopie. Il existe
encore dans le monde des peuples possédant un savoir environnemental
sûr et vivant en harmonie avec l'environnement, en un exemplaire
équilibre écologique, ainsi qu'il a été
déjà vu132(*).
Pourtant, l'exploitation du patrimoine culturel ivoirien
à des fins environnementalistes ne peut vraisemblablement suffire
à une implication ressentie des populations. Le modernisme et
l'intégration culturelle implique que l'on s'intéresse aux forces
sociales non autochtones et qui sont un fondement essentiel de la
société ivoirienne : les religions
étrangères.
B. Les religions
étrangères
Pour ce qui est de ces religions, on se bornera ici, compte
tenu de certaines limites et pour ne pas prétendre épuiser la
question, à étudier les plus connues et les plus importantes
numériquement sur le territoire national.
La population de la Côte d'Ivoire est certes animiste
dans son fonds, mais elle compte une proportion majoritaire de chrétiens
et de musulmans133(*).
Ces deux religions révélées, à vocation
universelle, si chargées d'autorité morale à travers le
monde, comportent dans leur théologie d'indéniables et
incontestables valeurs en faveur de l'environnement. Celles-ci, longtemps
occultées, sont progressivement redécouvertes. L'autorité
dont jouissent ces religions en fait des acteurs clés pour un changement
de mentalité et d'attitude en faveur de l'environnement.
Pour le christianisme et l'islam, « l'éthique
environnementale est compatible avec la croyance dans le caractère
sacré de la Terre et la vision d'une nature oeuvre de
Dieu. »134(*)
La création de l'univers par Dieu est explicitement affirmée dans
la foi chrétienne. De même que l'animation et la gestion
responsable de la Terre par l'homme, image du Créateur. On lit dans la
Bible : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait. Voilà,
c'était très bon. »135(*) L'harmonie et la paix, bénédictions de
l'Etre suprême, régnaient dans l'univers entier et entre toutes
les créatures, dont l'homme, chargé de continuer et de
perpétuer l'ordre divin. La chute de l'être humain l'a
précipité, lui et la Création, dans la
dégénérescence physique et morale, le malheur et la
douleur. Cependant, même après la sanction diluvienne qui s'en
suit, Dieu affirme toujours son attachement à la vie : «
Je vais établir mon alliance avec vous, avec votre descendance
après vous et avec tous les êtres vivants qui sont avec
vous : oiseaux, bestiaux, toutes les bêtes sauvages qui sont avec
vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche avec vous, même les
bêtes sauvages. J'établirai mon alliance avec vous : aucune
chair ne sera plus exterminée par les eaux du Déluge, il n'y aura
plus de Déluge pour ravager la terre... Voici le signe de l'alliance que
je mets entre moi, vous et tout être vivant avec vous, pour toutes les
générations futures. »136(*) Par la suite les oracles des
prophètes ont constamment mis l'homme face aux conséquences de
ses mauvaises actions vis-à-vis de ses semblables et des autres
créatures : « Ecoutez la parole du SEIGNEUR, fils
d'Israël : le SEIGNEUR est en procès avec les habitants du
pays... Imprécations, tromperies, meurtres, rapts, adultères se
multiplient : le sang versé succède au sang versé.
Aussi le pays est-il désolé, et tous ses habitants
s'étiolent, en même temps que les bêtes des champs et les
oiseaux du ciel ; et même les poissons de la mer
disparaîtront. »137(*) Tout en annonçant une ère de
renouveau, de restauration, de retour à l'ordre voulu par Dieu138(*). Cela est accompli par la
vie et le sacrifice du Christ, selon la parole de l'apôtre Paul :
« Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la
plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la
terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa
croix. »139(*)
C'est la réconciliation de l'homme avec Dieu, avec lui-même et
avec toute la création, qui « elle aussi sera
libérée de l'esclavage de la corruption, pour avoir part à
la liberté et à la gloire des enfants de
Dieu. »140(*)
Témoins du réveil progressif de l'Eglise aux
enjeux environnementaux, les déclarations de divers chefs religieux et
les actions menées par eux141(*). Ainsi, dans le Nouveau Catéchisme de
l'Eglise catholique, on lit notamment que « l'usage des
ressources minérales et animales de l'univers ne peut être
détaché du respect des exigences morales. La domination
accordée par le Créateur à l'homme sur les êtres
inanimés et les autres vivants n'est pas absolue : elle est
mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y
compris celle des générations à venir : elle exige un
respect religieux de l'intégrité de la
création. »142(*) Responsabilité de l'homme dont on mesure le
sérieux à l'aune d'un autre texte
biblique : « Les nations se sont mises en colère,
mais c'est ta colère qui est venue. C'est le temps du jugement pour les
morts, (...) le temps de la destruction pour ceux qui détruisent la
terre. »143(*)
L'islam ne se place guère dans une position autre au
sujet du caractère sacré de l'environnement. Dans le Coran, le
livre saint, Dieu dit : « Et Nous avons créé,
à partir de l'eau, toute chose vivante »144(*) - l'univers étant
lui-même créé ex nihilo. Il est dit encore :
« Lui qui fait descendre du ciel une eau, dont Nous faisons sortir
végétation de toute chose, sortir la verdure, sortir l'épi
composite... »145(*) Les anges régissent le ciel et la terre. Ils
sont l'âme des forces et des éléments naturels, l'esprit
des lieux, montagnes ou déserts, et sont les agents qui accomplissent
l'ordre et la finalité des choses146(*). Il s'en suit au plan pratique une conduite
intègre et responsable vis-à-vis de la création divine, du
cadre de vie. Aussi le texte sacré dit : « Ne faites
pas nuisance à la terre alors qu'elle a été mise en ordre
par Dieu.147(*) » Des hâdiths authentiques du
Prophète Mohamed le confirment : « Etre croyant c'est
être propre. » ; « Nul musulman ne doit uriner
dans l'eau stagnante. » ; et un autre hâdith, tout aussi
significatif au plan moral, écologique et sanitaire,
enseigne : « Méfiez-vous des trois
malédictions : ne déféquez pas dans l'eau, ni sur les
routes, ni à l'ombre. »148(*)
On mesure l'importance et l'ampleur de telles conceptions, qui
renvoient au sens même de l'identité et de la finalité des
choses en même temps qu'elles offrent des pistes pratiques pour la
sensibilisation et la responsabilisation des acteurs de la
société149(*) : la Création, d'origine divine, est
sacrée. Respecter, aimer, promouvoir et vivre en harmonie avec la Terre
nourricière, l'environnement, est un acte de foi pour tout bon croyant.
Détruire la Nature, c'est offenser Dieu, se détruire
soi-même et par conséquent compromettre le
développement.150(*)
L'incontournabilité de l'éthique
environnementale en vue d'un développement durable étant
posé, il s'agit par la suite d'examiner la nécessité d'une
insertion de la gestion environnementale dans un cadre général
d'éco-économie.
CHAPITRE 2 : L'INSERTION DE LA GESTION
ENVIRONNEMENTALE DANS
UN CADRE GENERAL
D'ÉCONOMIE ÉCOLOGIQUE
Dans l'optique de proposer des éléments pour une
politique de l'environnement gage de développement durable pour l'Etat
de Côte d'Ivoire, il a été analysé dans un premier
chapitre la question de la nécessité d'une éthique
environnementale, qui disposerait la conscience individuelle et collective
à agir de façon plus responsable envers la nature et le cadre de
vie. Cela en ayant à l'esprit que cette responsabilisation doit se
traduire en réalités palpables pour tous les acteurs.
Matérialisation qui à son tour s'opérerait par un
changement progressif des normes et structures politico-économiques qui
constituent des entraves à la santé de l'environnement, donc des
menaces pour l'économie naturelle et celle de l'homme. A ce propos, on
assiste à une évolution des mentalités, qui
reconsidère la viabilité du système économique
actuel. Ainsi, au niveau interétatique, Maciej Nowicki, ministre
polonais de l'environnement déclarait, à la réunion
d'ouverture de la conférence de
Poznan : « L'humanité a poussé le
système de la planète Terre à ses limites, poursuivre
ainsi provoquerait des menaces à très forte intensité...
Ne cédez pas à d'obscurs intérêts particuliers quand
nous devons modifier la direction dangereuse qu'a prise
l'humanité... »151(*)
La politique environnementale de l'Etat de Côte
d'Ivoire, dans un tel contexte, doit être intégrée à
l'économie du pays en même temps qu'elle doit l'orienter et la
conditionner. Pour la réalisation politique et technique d'un tel
chantier, l'Etat a besoin de partenaires. Ainsi, on étudiera dans le
rôle des partenaires externes (Section 1) puis celui des
partenaires internes (Section 2).
Section 1 : LE RÔLE DES PARTENAIRES
EXTERNES
L'action des partenaires externes dans la vie d'un Etat est
aisément vérifiable au regard des échanges
inhérents aux sociétés humaines et à l'impact de
cette action sur la vie de l'Etat. De même, le recadrage
économique soutenu par une politique environnementale viable requiert
l'assistance des institutions publiques (Paragraphe 1) et des
institutions privées (Paragraphe 2) au plan
régional, continental et mondial.
Paragraphe 1 : Les institutions publiques
Il sera procédé à un examen de la
coopération onusienne d'une part (A) et de la
coopération inter-étatique d'autre part (B).
A. La coopération onusienne
Les institutions de droit international public sont
impliquées dans la gestion de l'environnement en Côte d'Ivoire,
étant au fait des défis en la matière. On peut citer le
Programme des Nations unies pour l'environnement, le Programme des Nations
unies pour le développement, l'Union mondiale pour la nature, la Banque
mondiale, le Fonds monétaire international. Le cadre
général d'intervention de ces structures est l'harmonisation des
politiques de développement et d'environnement ainsi que l'assistance
financière et technique aux Etats. Mais il est aussi, bien entendu,
éthique. Le rapport Brundtland possède à cet égard
un titre assez évocateur : Our Common future (Notre
avenir à tous)152(*). Les critères du PNUD pour la promotion d'un
développement humain durable sont les suivants153(*) :
- l'élimination (progressive) de la pauvreté
- la diminution de la croissance démographique
- la répartition plus équitable des ressources
(financières, naturelles, technologiques)
- une population en meilleure santé, plus instruite,
mieux formée
- un gouvernement décentralisé, plus
participatif
- un système d'échange plus équitable et
plus ouvert au sein des pays et entre pays
- une meilleure compréhension de la diversité
des écosystèmes, un besoin de solutions adaptées aux
problèmes écologiques locaux et une surveillance plus attentive
de l'impact des activités de développement sur l'environnement.
Forts donc de ces principes, les organismes publics
internationaux appuient l'Etat ivoirien dans la gestion du couple
environnement/développement. En 1998, la Côte d'Ivoire comptait 27
principaux projets intervenant dans le secteur de l'environnement, dont la
presque totalité était financé par les institutions
onusiennes et de Bretton Woods154(*). A ce propos, quelques exemples méritent
d'être cités.
Le PNUD publie périodiquement des rapports sur le
développement humain, aussi bien au niveau international qu'au niveau
national. Ainsi, l'Etat de Côte d'Ivoire fait aussi l'objet de ces
études. L'assistance financière aux projets de
développement suit les travaux théoriques, comme le montre les
projets soutenus par la structure soit par un financement direct, soit par un
financement conjoint155(*). D'autres institutions de l'ONU, le PNUE, le FNUAP,
l'ONUDI, l'OMS, l'UNESCO, la FAO, l'UNICEF, sont impliquées dans la
coopération avec l'Etat ivoirien. Ces structures, outre le financement
direct entrepris par elles-mêmes, sont aussi appuyées par des
organes de gestion commune, en l'occurrence le Fonds pour l'environnement
mondial (FEM).
Ce mécanisme financier est conjointement
géré par la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE). Pour ce qui est des champs d'intervention du FEM, ce
sont les changements climatiques, la diversité biologique, les eaux
internationales, l'appauvrissement de la couche d'ozone, la dégradation
des sols (désertification et déforestation) et les polluants
organiques persistants. Le FEM a notamment financé le Projet de Gestion
Participative des Ressources Naturelles et de la Faune (GEPRENAF), la
préparation du Programme Cadre de Gestion des Aires
Protégées (PCGAP), le projet FEM/ONG - Microfinancement, celui de
la lutte contre les végétaux aquatiques envahissants, le Projet
National de Gestion des Terres, le Projet National de Gestion des Ressources
Naturelles et, au plan sous-régional, le projet Efficacité
énergétique.
Cette dynamique se retrouve dans la coopération
bilatérale entre Etats.
B. La coopération
inter-étatique
La coopération bilatérale entre Etats en
matière d'environnement et de développement est aussi une
réalité en Côte d'Ivoire. Les ministères des
affaires étrangères et les agences de coopération des
Etats occidentaux notamment, épaulent techniquement et
financièrement l'Etat et les collectivités. La Coopération
française est l'une des plus développées en Eburnie.
Commentant le rôle de cet organe, Francis Lauginie conclut que
« cette assistance technique, parfaitement intégrée aux
services nationaux, des postes de terrain aux cabinets ministériels en
passant par les directions centrales, a joué un rôle fondamental
dans l'élaboration de la politique environnementale
nationale. »156(*)L'Agence de coopération technique de la
République allemande (GTZ) est associée à de nombreux
projets couvrant des domaines variés. En matière d'environnement,
diverses actions regroupées sous la dénomination programmatique
« secteur vert » sont soutenues par la GTZ :
projets « Assistance-Conseil en matière de Politique
Forestière et de l'Environnement (UMWELT), Aménagement des
Forêts classées et de la Protection de la Nature (WALD), Projet de
Stabilisation des Systèmes d'Exploitation Agricole dans la région
centre-est (PROSTAB), Projet Autonome de Conservation du Parc National de
Taï » (PACPNT).
Le Département fédéral des Affaires
étrangères de la Confédération helvétique,
à travers sa Direction du Développement et de la
Coopération (DDC) est aussi un important partenaire. La
coopération suisse est présente dans le pays depuis plus de
cinquante ans, notamment à travers le Centre Suisse de Recherches
Scientifiques (CSRS). Pour ne citer qu'un exemple, le Parc national de Taï
dispose de son assistance, avec son programme « Milieu naturel
et biodiversité ».
La coopération d'ordre communautaire ne peut être
passée sous silence. Au plan sous-régional, l'Etat de Côte
d'Ivoire est bénéficiaire de prestations de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). La Banque Africaine de
Développement (BAD) a financé le projet BAD-Education IV,
producteur de l'ouvrage « Education environnementale C.E »,
destiné aux élèves du Cours moyen de l'enseignement
primaire157(*). Elle a
cofinancé le Plan de Développement Urbain (PDU). Mais il est
regrettable de constater que, dans l'ensemble, les projets de gestion
environnementale ne suscitent pas autant d'engouement que d'autres secteurs
d'activité économique, ce qui constitue une lacune
sérieuse que les acteurs communautaires se doivent de combler. Au plan
extra-sous-régional, il faut noter l'importante activité de la
Commission européenne, notamment dans le domaine des parcs et
réserves158(*),
même si l'exécution des programmes a été mise
à mal par la situation socio-politique du pays.
De ce qui précède, on constate l'effort consenti
par les organismes gouvernementaux, intergouvernementaux et communautaires dans
l'élaboration d'une politique préservatrice de l'environnement,
donc des possibilités de développement. Cependant il faut
remarquer que ces actions fort louables ont comme facteur limitant d'être
initiées dans un système économique qui n'a guère
pour fondation les principes du système de la nature. La
nécessité des projets environnementaux est bien entendu
indéniable et indiscutable, mais, comme le souligne Lester
Brown, « nous perdons la guerre, parce que nous n'avons pas de
stratégie de changement économique systémique qui mettra
le monde sur une voie de développement environnementalement
durable. »159(*) Il ne s'agit pas d'aider à la
préservation de l'environnement d'une part tout en continuant, avec les
politiques systémiques traditionnelles, à remettre en cause cette
préservation - avec tout le précieux effort financier que cela
implique - d'autre part. La question fondamentale est d'avoir, comme
souligné par l'auteur précédemment cité, une
politique systémique de l'environnement, dans laquelle celui-ci sera
le référentiel de base des actions de développement.
Cela, les institutions publiques en prennent progressivement
conscience160(*). En
conséquence, il importe de mesurer les conséquences pratiques de
cette prise de conscience dans la coopération avec l'Etat de Côte
d'Ivoire.
Il faudrait dans ce contexte rappeler toute l'importance du
protocole de Kyoto. Au nombre des décisions prises, la mise en place
d'un outil dénommé « Mécanisme pour un
Développement Propre » (MDP). Le MDP est significatif de
l'orientation souhaitée par la communauté internationale
vis-à-vis des économies, en particulier celles en
développement. Il consiste à assister techniquement et
financièrement des projets compatibles ou/et bénéfiques
à l'environnement. Quinze secteurs d'activité sont
concernés. L'Etat ivoirien est partie à cet outil de
restructuration économique. Une Autorité Nationale,
chargée de gérer le mécanisme, est fonctionnelle. Le MDP a
servi de cadre institutionnel à l'organisation de la première
édition du Marché africain de carbone, tenu du 3 au 5 septembre
2008 à Dakar au Sénégal. Plusieurs entreprises ivoiriennes
ont bénéficié de contacts prometteurs ou/et conclu, avec
les institutions bancaires et intergouvernementales partenaires, de fructueux
accords de financement. Cependant, bien des efforts de vulgarisation,
d'assistance et d'amélioration des méthodologies du
mécanisme restent à accomplir. Car, comme le note Moussa
Touré du quotidien Fraternité-Matin, parlant des
projets, « on ne saurait perdre de vue le coût élevé
despréparatifs de ceux du MDP. »161(*) Néanmoins, les
acteurs économiques ivoiriens gagneraient à s'impliquer le plus
sérieusement possible dans le MDP, pour un avenir meilleur de
l'économie et de l'environnement du pays.
En corrélation avec le partenariat public, le
rôle des institutions internationales privées ne saurait non plus
être passé sous silence.
Paragraphe 2 : Les institutions privées
Comme les institutions intergouvernementales, les institutions
privées contribuent à façonner la politique
environnementale de l'Etat ivoirien. Avant d'examiner leur participation
à l'édification d'une économie environnementalement
viable, il convient d'étudier le cadre général de leur
action (A) et les projets initiés par elles ou avec
elles au plan local (B).
A. Le cadre général
d'intervention
On examinera l'action de quelques organisations en faveur de
l'environnement, donc du développement en Côte d'Ivoire.
Le WWF est l'une des organisations écologistes les plus
en vue à travers le monde. En Côte d'Ivoire, le WWF est un acteur
de plusieurs activités de conservation environnementale : mise en
oeuvre de la Convention sur la diversité biologique, réalisation
de l'étude sur l'organisation et l'avenir des parcs nationaux et
réserves financée par la DDC, contributions à la
conservation des parcs nationaux de la Comoé et des Iles Ehotilé
en partenariat avec la Commission européenne, la GTZ et l'Ambassade du
Royaume-Uni, participation à la conservation du Parc national de
Taï.162(*)
L'organisme ouvrit une représentation à Abidjan en 1992,
représentation transformée par la suite en un Bureau
régional pour l'Afrique de l'Ouest.
Afrique Nature International compte, au nombre de ses
activités en Côte d'ivoire, deux expositions itinérantes
Avant que Nature meure et Eléphants en sursis,
l'édition d'un bulletin environnemental et de documents
éducatifs, une campagne d'information Amnistie pour les
Eléphants, la formation de techniciens ainsi que le
développement institutionnel, la réalisation de programmes
d'inventaires et de recherches biologiques. La section ivoirienne d'Afrique
Nature International existe depuis août 2003, date de la signature de
l'accord d'établissement avec le gouvernement ivoirien.
Green Cross International, ou Croix Verte International en
français, est aussi un partenaire de l'action environnementale en
territoire ivoirien. Cette association est représentée par une
section en Côte d'Ivoire. Elle participe à l'éducation des
acteurs sociaux à travers la publication du mensuel Bulletin
d'information et de sensibilisation environnementale (BISE). Elle
joue également un rôle dans l'élaboration d'un cadre de
concertation politique. A ce propos elle fait partie des ONG qui, le
1er novembre 2008 ont procédé au lancement du Forum
Civil pour l'Environnement (FCE).
Le REDDA a quant à lui initié un projet
d'envergure dénommé : « Sensibilisation sur
les transports durables en Côte d'ivoire. » Le titre est
évocateur, puisqu'il s'agit d'une invite à une meilleure
accessibilité des services et à une meilleure qualité de
l'environnement. Ce projet est réalisé en partenariat avec des
structures publiques et privées canadiennes à savoir, l'Agence
Canadienne pour le Développement International (ACDI), Transport 2000
Québec et Carrefour Canadien International.
Le CERAP, à travers l'organisation de rencontres sur le
développement et la publication de revues et bulletins dans lesquels la
question environnementale est traitée163(*) contribue à la réflexion en la
matière. L'IRD (ex-ORSTOM) est au nombre des acteurs privés qui
apportent soutien technique et financier aux ONG environnementales en
Côte d'Ivoire. Il est aussi au nombre des partenaires à la
conservation des aires protégées du pays164(*). Médiaterre est un
système d'information mondial francophone pour le développement
durable. Il publie des données sur l'environnement ivoirien, son
état et sa gestion.
A tout cela, il faut ajouter les actions des ONG de
coopération bilatérale entre Etats. C'est ainsi qu'Ivoir-China
International a planté, du 20 au 28 août 2004 plus de 3000 arbres
à Bandiai, localité du centre-ouest ivoirien165(*).
Ces différentes actions peuvent être
orientées dans le sens de la participation à une économie
écologique.
B. La participation à une
économie écologique
On ne saurait méconnaître le rôle non
négligeable des organismes privés étrangers et
internationaux dans l'action environnementale nationale. En cela elles
constituent des sensibilisateurs potentiels à la cause de
l'économie écologique, qui est un facteur de stabilité
sociale et environnementale. Greenpeace est co-auteur d'un rapport
intitulé Révolution énergétique : vers un
avenir énergétique propre et durable166(*), de grande
portée. Il est la preuve que la question de la réorientation du
système économique par le respect des principes
écologiques se pose de plus en plus chez les acteurs privés.
On le voit en particulier avec les organismes de recherche
environnementale. Le Worldwatch Institute publie depuis 1984 le rapport annuel
sur l'état de la planète, qui intéresse toutes les
régions du monde. Des exemplaires de ce rapport, ainsi que d'autres
études et ouvrages relatifs au même sujet, sont accessibles
à la Côte d'Ivoire. Par ailleurs, le World Resources Institute,
partenaire de l'Etat ivoirien, est l'initiateur du projet
« Evaluation de l'écosystème du
millénaire ». Aux dires de Lester Brown, ce
projet, « dans lequel le WRI a impliqué la Banque
mondiale, le Programme des Nations unies pour l'environnement et le Programme
des Nations unies pour le développement, est de loin la plus ambitieuse
et la plus détaillée des évaluations de
l'écosystème mondial jamais entreprises.167(*) » De nombreux
experts ainsi que plusieurs institutions scientifiques à travers le
monde sont partenaires de ce projet. Il doit fournir des données sur
l'état actuel de l'environnement et faire des projections objectives
dans le futur, afin de tirer les conclusions nécessaires à une
bonne gestion de la planète.
Les organismes de recherche scientifiques, les organismes
militants ou de protection ainsi que les personnes physiques oeuvrant à
la protection de l'environnement se veulent les porte-paroles de la cause de
conservation et du mieux-être des populations. Pourtant, la mobilisation
est loin d'être aussi forte que dans les autres états de la
sous-région ou au niveau mondial, pour ce qui concerne l'environnement.
Cependant, des organisations comme le World Wide Fund for Nature (WWF),
Afrique Nature International, Green Cross International, la CARITAS, le
Réseau pour l'Environnement Durable en Afrique (REDDA), la Croix Rouge
International, le Mouvement scoutiste international, l'Institut de Recherche
pour le Développement (IRD, ex- ORSTOM), le Centre de Recherche et
d'Action pour la Paix (CERAP, ex-INADES), travaillent pour l'environnement ou
s'y impliquent en terre éburnéenne.168(*)
Il reste que toute cette dynamique coopérative doit
être soutenue par une volonté politique réelle, une
reconnaissance citoyenne de la primauté de l'environnement en tant que
base du développement.
Section 2 : LA RECONNAISSANCE CITOYENNE DE LA
PRIMAUTE DE
L'ENVIRONNEMENT
L'hymne national de l'Etat ivoirien dit
ceci : « Fiers Ivoiriens, le pays nous appelle (...) notre
devoir sera d'être un modèle de l'espérance promise
à l'humanité... » Il va donc de soi que l'Etat
crée lui-même les conditions de sa réorientation
économique, qui le mettra sur la voie d'un développement
raisonnable et équilibré. Cela passe par la reconnaissance
politique de la primauté de l'environnement aussi bien par les pouvoirs
publics (Paragraphe 1) que par les populations
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le rôle des pouvoirs publics
Les institutions de l'Etat ont considérablement
oeuvré à l'élaboration de lois et règlements en
faveur d'une politique environnementale exemplaire. Le cadre juridique de ce
secteur est assez outillé. Pour rappel, les bases écologiques de
l'Etat ivoirien sont nettement affirmées par le constituant sous la
deuxième République. Le Code de l'environnement, le Livre blanc
de l'environnement et le Plan National d'Action Environnementale sont, dans la
forme, autant d'avancées significatives. Cependant, des lacunes existant
tant au niveau de la forme qu'au niveau du fond doivent être
corrigées. Il en est de même de l'action politique. Ceci par un
certain nombre d'actions de réforme, d'amélioration et de
renforcement, en un mot d'aménagement de l'outil institutionnel en place
(A), ainsi que par une éducation appropriée des
populations (B).
A. Les aménagements
institutionnels
Les aménagements institutionnels devront se faire en
tenant le plus grand compte possible du postulat d'une économie
écologique. A cet égard il a été
démontré, à travers les chapitres
précédents, les limites d'un système économique qui
ne respecte pas les lois et la primauté de l'environnement duquel,
pourtant, il dépend. C'est un devoir pour les pouvoirs publics que
d'orienter l'ensemble des acteurs économiques et sociaux sur la voie
raisonnable d'une économie basée sur l'éthique de la
nature, le respect de l'environnement et ses principes, et non sur les
impératifs des seules performances économiques qui conduiront
immanquablement l'Etat à un cul-de-sac.
D'un point de vue politologique, c'est une réelle
consécration du thème Ecologie ainsi que la reconnaissance de son
caractère basal dans l'ordre et le fonctionnement des trois pouvoirs qui
est souhaitable. En termes plus clairs, il doit exister dans le
législatif, l'exécutif et le judiciaire un cadre légal de
réflexion et d'action en la matière.
Ainsi, la Commission Environnement du Parlement doit
être renforcée et disposer d'un statut spécial en raison du
caractère basal de la matière traitée, ce qui serait une
avancée.
Dans le système exécutif, il faudra se pencher
sur l'importance accordée au département ministériel de
l'Environnement, des Eaux et Forêts. Ce département devra
fonctionner en étroite collaboration avec celui du Plan et du
Développement car la conservation de l'environnement est question
d'aménagement du territoire. De même le ministère de
l'Environnement devra être beaucoup plus associé aux
activités des autres ministères.
Au niveau du Conseil économique et social, des
tentatives infructueuses de création d'une Commission Ressources
naturelles ont été enregistrées, tout comme au niveau du
Parlement, par ailleurs169(*). Là encore il y a nécessité de
mettre sur pied une Commission Ecologie, qui sensibiliserait les membres du
Conseil ainsi que tous les acteurs économiques et sociaux aux questions
environnementales et à l'insertion de l'économie dans une logique
écologique. Une autre solution consiste à créer une
Autorité de réorientation éco-économique ou de
l'Ecologie qui comprendrait des scientifiques, des membres du Parlement, des
juridictions principales, du Conseil économique et social, de
l'exécutif, des principales administrations de l'Etat et bien entendu de
la société civile.
La réforme fiscale constitue également un outil
majeur de construction d'une économie respectueuse de l'environnement.
Le principe du pollueur payeur est prévu par le Code de l'Environnement
en son article 35 alinéa 5. Cependant, d'autres moyens plus efficaces
peuvent être mis en oeuvre. Ce sont le transfert fiscal, le transfert des
subventions, l'étiquetage, les permis négociables170(*).
Par ailleurs l'accent doit aussi être mis sur la
coopération avec les partenaires extérieurs, en particulier ceux
qui s'occupent des questions environnementales, dans le but d'être
permanemment au fait de ces questions afin de conduire des politiques
suffisamment éclairées. En fait, cette coopération avec
diverses institutions environnementales existe déjà. Le PNUE, le
PNUD, le WWF, Afrique Nature international entre autres, travaillent avec le
gouvernement ivoirien. De même l'Etat de Côte d'Ivoire est
signataire de plusieurs traités et protocoles environnementaux.
Cependant, la coopération doit être renforcée dans une
dynamique d'ensemble, une vision intégrée de l'écologie
et de l'économie du pays. En cela, des actions ont été
déjà réalisées. Le Mécanisme pour un
développement propre prévu par le protocole de Kyoto et
adopté par la Côte d'Ivoire en est une illustration. Des
opérateurs économiques ivoiriens commencent à s'engager
dans les programmes dudit mécanisme, avec des retombées
avantageuses171(*).
Cependant, les pouvoirs publics se doivent de mettre sur pied les politiques
d'incitation nécessaires pour orienter de plus en plus d'entrepreneurs
vers les projets MDP. Le partenariat devra être renforcé avec les
instituts de recherche internationaux comme le Worldwatch Institute, le World
Resources Institute, l'Earth Policy Institute, l'Institut de Wuppertal. Ceci
dans un but d'assistance, de formation de cadres et d'information, tant
auprès des sphères décisionnelles qu'auprès des
acteurs de l'éducation des populations.
B. L'éducation des populations
L'éducation environnementale des populations est
nécessaire au passage à une économie basée sur les
principes de l'environnement. Des actions sont déjà
menées, qui méritent d'être encouragées. Le ministre
de la Ville et de la salubrité urbaine proposait, à l'occasion de
l'opération dénommée « Ma ville n'est pas
une poubelle », initiée dans le district d'Abidjan ainsi que
dans certaines communes de l'intérieur du pays, l'institution de mesures
répressives contre les infractions à la salubrité, allant
de la simple remontrance verbale à l'emprisonnement en passant par le
paiement d'amendes forfaitaires172(*). Ce qui nécessite l'accroissement des
possibilités coercitives, économiques et logistiques de la police
environnementale. Donc des aménagements juridiques quant au statut de la
police environnementale, c'est-à-dire les agents des eaux et
forêts ainsi que ceux de la Brigade de salubrité. Une
réflexion serait également des plus souhaitables quant à
l'appui et au rôle des autres forces de défense et de
sécurité dans la gestion environnementale et l'éducation
des populations173(*).
Un autre volet de l'orientation écologique à
donner à l'économie consiste dans la formation des partenaires
économiques et sociaux aux projets environnementalement
viables174(*). Des
structures telles que l'Agence de Promotion de l'Emploi (AGEPE), l'Agence de la
Formation Professionnelle (AGEFOP), le Bureau National d'Etudes techniques et
de Développement (BNETD), le Centre de Promotion des Investissements en
Côte d'ivoire (CEPICI), la Chambre d'agriculture de Côte d'Ivoire,
la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, la Radio
Télévision Ivoirienne (RTI), prennent ici toute leur importance.
De telles actions, bien entendu menées aussi bien en collaboration avec
les organismes extérieurs spécialisés qu'avec les acteurs
internes, sont susceptibles de donner un formidable coup
d'accélérateur au Mécanisme pour un développement
propre.
Il reste que la sensibilisation de tous au problème de
l'expansion démographique et à une occupation
équilibrée de l'espace territorial se pose comme un facteur
clé pour la réussite de la politique environnementale. Il est
évident que le caractère limité de l'espace et de ses
ressources induit une planification appropriée.
En conclusion, les pouvoirs publics se doivent
d'intégrer à leur vision politique la nécessité du
passage de l'économie traditionnelle gaspilleuse de ressources à
une économie en harmonie avec l'environnement. Aussi devront-ils adopter
l'attitude civique et les mesures nécessaires à sa mise en oeuvre
progressive, raisonnable et raisonnée, mais résolue. La
réalisation de ce programme passe bien entendu par les populations,
l'une des trois grandes composantes de l'Etat.
Paragraphe 2 : Le rôle des populations
Examiner l'action potentielle des populations en faveur d'une
économie écologique revient à étudier d'une part
les collectivités territoriales, à travers leur administration,
ce qui constitue le volet administratif (A), et d'autre part
la société civile, c'est-à-dire les administrés, ce
qui constitue le volet sociologique (B).
A. L'administration des collectivités
territoriales
En ce qui concerne les collectivités territoriales, il
sera procédé à une analyse des possibilités d'une
économie s'inscrivant dans la durabilité en se situant à
l'intérieur de la configuration politique et administrative actuelle.
Cependant, une telle approche ne doit absolument pas occulter les
sérieuses questions soulevées par une décentralisation mal
comprise, qui constituerait pour les ressources naturelles un risque
majeur175(*).
Les collectivités territoriales ont pour objectif de
responsabiliser les populations en vue du développement local. La loi
reconnaît à ces entités administratives 16 domaines de
compétences basées sur le principe de subsidiarité.
Comme le dit un auteur, « pour tout dire, les populations,
à travers leurs collectivités territoriales, sont responsables de
leur développement.176(*) » Mais quelle est l'option
développementaliste prise par les populations ? S'inscrit-elle dans
le cadre de la ligne économique commune grande consommatrice de
ressources et destructrice de l'environnement ? Ou alors s'engage-t-elle
dans une voie qui privilégie la pérennité de
celui-ci ? Les chapitres précédents ont fourni des
éléments de réponse montrant la situation précaire
de l'environnement ivoirien, considéré à tort comme un
sous-ensemble de l'économie177(*). L'investissement dans le secteur environnemental,
qui comprend principalement l'arboriculture, les énergies renouvelables,
l'architecture écologique, le recyclage et la gestion des aires
protégées demeure peu développé178(*).
On mesure l'importance du projet de société et
du programme d'action élaborés au niveau local par les
représentants des populations dans un tel contexte. Ces
réflexions doivent assumer toute la connaissance, les statistiques et
l'expérience acquises aux plans local, national et international dans le
domaine de l'écologie. Ceci afin de donner des fondations sûres au
développement des collectivités. En cela, la voie indiquée
par l'article 28 de la Constitution ivoirienne doit constituer l'une de ces
fondations, au plan éthique. Forts de ces principes et de l'appui
politique, technique et financier de l'Etat, il importe aux conseils des
collectivités territoriales d'allouer un budget de plus en plus
important à la pérennisation et à la rentabilisation
écologiquement faisable de leur capital de ressources naturelles. Dans
ce contexte, les partenaires extérieurs, dont le rôle é
été précédemment décrit, entrent alors en
scène comme de précieux assistants pour l'élaboration des
politiques locales d'éducation et de sensibilisation à
l'investissement dans la maintenance de l'environnement. En ce sens des actions
prometteuses menées par certaines collectivités méritent
d'être mentionnées pour l'exemple.
Ainsi, en 2003, la mairie de Cocody a signé avec la
SODEFOR une convention pour l'aménagement des terre-pleins de certains
boulevards de la commune. Comme la commune de Cocody, celle de Treichville a
aussi sollicité la structure de gestion forestière pour
l'étude de l'aménagement de certains sites jugés
prioritaires dans son programme d'action. En 2006, le conseil
général de Toumodi a fait l'acquisition d'un accumulateur de
puissance et d'un chauffe-eau solaires respectivement pour le village de Ninkro
et l'hôpital général de Toumodi. A ce propos, N'Dri
Célestin, correspondant régional du quotidien Fraternité
Matin, note : « Pour M. Patrice Kouamé,
président du Conseil général de Toumodi, (...)
l'énergie solaire apparaît, a-t-il noté, la meilleure
alternative pour apporter la lumière et donc le développement aux
populations qui n'en espèrent pas mieux. Eu égard aux nombreux
avantages liés à l'exploitation de cette énergie naturelle
et bon marché sous nos tropiques. »179(*) Point n'est besoin de
mentionner le poids du facteur pauvreté dans les possibilités de
développement. Car « l'énergie solaire constitue
une source inestimable d'économie, tant pour l'investisseur que pour
l'utilisateur... la batterie revient à 40000 F et l'ampoule à
1000 F... Comme on le constate, c'est une source d'énergie qui est
parfaitement adaptée aux moyens financiers des masses paysannes qui ont
besoin de s'éclairer, sans trop de contraintes. Surtout qu'une fois
l'investissement effectué, il n'y a aucune facture à payer
désormais... Et si le gouvernement songeait à prévoir une
ligne budgétaire sur les 50 milliards du Fonds à l'Energie, pour
promouvoir l'énergie solaire ? » Proposition
intéressante à l'adresse des gouvernants180(*). Et Moussa Touré
d'emboîter le pas à son confrère : « Il
faut une implication que nous souhaitons vivement du reste des pouvoirs publics
et ce, par l'entremise de leurs démembrements que sont les conseils
généraux. En cela, disons sans fioritures que le Conseil
général de Toumodi est un exemple à
imiter. »181(*)
Pour ce qui est du financement propre des activités des
collectivités, elles devraient songer à jouer à fond la
carte environnementale. A ce sujet, l'une des sources de revenus les plus
importantes pour les entités décentralisées se trouve
être la gestion des ordures ménagères. Mais l'ordonnance
présidentielle du 4 octobre 2007 les dessaisit désormais de cette
activité. Cependant, deux grands champs de financement s'offrent
à leurs autorités. Ce sont la conservation des ressources
naturelles locales et la restructuration fiscale.
Conserver et entretenir les ressources naturelles locales est
du plus haut intérêt pour les populations. Cela implique une
sérieuse réflexion sur la pression démographique, la saine
occupation de l'espace et la répartition équilibrée des
populations sur le territoire en général et à Abidjan en
particulier. Normalement, les principes écologiques veulent qu'une part
respectable de la superficie d'une collectivité soit
réservée à la nature. On a, au niveau étatique,
l'exemple du parc national du Banco, dans le district d'Abidjan. Chaque
collectivité doit donc s'engager plus fermement dans la protection et la
promotion des espaces naturels et des superficies classées sur son
territoire. Car le fait que les parcs nationaux, réserves et
forêts classées soient du domaine de l'Etat n'exclut guère
une saine collaboration avec celui-ci. De même la réduction
controversée, par l'Etat, des prérogatives reconnues aux
entités décentralisées en matière de
préservation de l'environnement182(*) n'empêche nullement les autorités
locales d'initier des projets écologiquement et économiquement
productifs.
La restructuration fiscale s'inscrit dans une dynamique plus
décisive que le seul entretien quotidien de l'environnement dans la
mesure où l'impact d'une orientation fiscale nouvelle sur les acteurs
économiques est potentiellement capable d'améliorer le visage du
cadre de vie et des ressources naturelles. Or, les collectivités
territoriales ont grand besoin de ressources financières pour leur
développement.
Réfléchir à une politique fiscale qui
engagerait les activités polluantes et dégradantes
vis-à-vis de l'environnement et qui encouragerait par des avantages les
activités promotrices du cadre de vie et de la nature serait d'un grand
rapport. Cela constituerait non seulement une source substantielle de revenus,
mais encore un moyen d'orientation de l'économie locale vers des
activités plus viables écologiquement, donc plus durables. Des
activités comme la production de tabac, les émissions de carbone,
la mise en décharge, la possession d'une automobile, la conversion de
terres cultivables à des fins non agricoles, l'abattage des arbres,
l'usage de pesticides et celui de substances dangereuses pour l'extraction
minière et l'exploitation de l'énergie sont à
viser183(*).
Assurément, une telle orientation politique devra bien
entendu se faire en tenant le plus grand compte des
réalités socio-économiques nationales et locales. Etant
donné que les populations y sont très sensibles et les ressentent
souvent plus directement que les problèmes écologiques184(*). De plus, certains aspects
de l'orientation écologique de la fiscalité sont connus, comme le
principe du « pollueur-payeur185(*) ». Mais ce qu'il y a de significatif ici,
c'est l'ampleur du rôle potentiel de construction d'une économie
écologique par les collectivités territoriales et la
diversité des ouvertures qui s'offrent à elles en la
matière. Pour ce faire, la volonté politique de leurs
décideurs sera décisive, mais aussi celle de l'Etat qui, de par
ses prérogatives, devra puissamment soutenir ces initiatives, et celle
des administrés, la société civile, qui sera on ne peut
plus incontournable.
B. La société civile
A propos de la perception par la société civile
de son rôle dans un développement soutenable, le rapport de
synthèse de la Commission Nationale de Prospective intitulé
Côte d'Ivoire 2025 explique
que « l'émergence d'une conscience écologique est
un phénomène très perceptible comme facteur susceptible de
soutenir une politique de développement durable dans le long terme.
Cependant les Ivoiriens ne se considèrent pas encore comme les acteurs
principaux pour un changement dans l'inversion des
tendances à la dégradation des
écosystèmes et des cadres de vie. C'est encore dans leur esprit
la responsabilité de l'Etat et des collectivités
décentralisées186(*). »
Le diagnostic posé est, ni plus ni moins, significatif
de la réalité ivoirienne en matière de responsabilisation
de la société pour une gestion environnementale responsable. On
comprend pareillement le peu d'intérêt accordé aux ONG et
autres organismes locaux qui se démènent pour sensibiliser les
populations et les pouvoirs publics. Pourtant, il n'est pas besoin de rappeler
que les individus sont facteurs de changement.
En ce sens la société civile ivoirienne en
organisation croissante187(*) se présente comme un terreau
intéressant pour la sensibilisation à une économie
écologique. Cette sensibilisation doit s'appuyer sur les trois piliers
suivants : l'écologie et les avantages d'une économie
écologique ; les valeurs écologiques de la République
et l'attitude patriotique envers la terre ; l'attitude morale envers
l'environnement et les êtres qui y habitent, la Création de Dieu.
Trois axes pédagogiques indissociables. Tout habitant, tout enfant du
pays, toute personne soucieuse du développement de la Côte
d'Ivoire, tout patriote véritable, tout bon croyant doit
nécessairement faire sien ce triple message. Pour cela, les dirigeants
des organisations de la société civile ivoirienne doivent non
seulement s'en faire les relais auprès de leurs différentes
structures, mais aussi contribuer à promouvoir les thèmes
écologiques dans toutes leurs dimensions : politique,
économie, religion, morale, science, art. Autres acteurs majeurs de
cette restructuration salutaire de la société ivoirienne pour
l'environnement et le développement de la nation, le monde de la
culture188(*). Cependant
le message religieux pourrait jouer le rôle clé. Selon les
données statistiques du recensement général de 1998, 82,6
% des habitants de la Côte d'Ivoire pratiquaient soit l'islam, soit le
christianisme ou encore les religions traditionnelles ou les cultes
syncrétiques189(*). Communiquer aux croyants l'amour de
l'environnement, qui est amour du Créateur et amour de la patrie, ainsi
que les gestes écologiques qui en découlent, est susceptible
d'avoir un impact positif retentissant sur l'ensemble de la vie de l'Etat.
Toutes ces actions nécessiteront non seulement un soutien actif des
gouvernants, mais aussi un partenariat dynamique avec les diverses autres
compétences de la société, tant au plan local, national,
qu'au plan international.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Au terme de ce périple intellectuel, il apparaît
indiqué de caractériser la ligne de la politique environnementale
de l'Etat de Côte d'Ivoire, avec ses bases, ses forces et ses
faiblesses.
Le système de gestion de l'environnement est
intégré dans la vision développementaliste que promeut
l'Etat. Cette vision est notamment perceptible et contenue dans le
préambule de la loi fondamentale de la Première
République, tel que libellé :
« Le peuple de Côte d'Ivoire proclame son
attachement aux principes de la Démocratie et des Droits de l'Homme,
tels qu'ils ont été définis par la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, par la Déclaration Universelle
de 1948 et tels qu'ils sont garantis par la présente Constitution. Il
affirme sa volonté de coopérer dans la paix et l'amitié
avec tous les peuples qui partagent son idéal de justice, de
liberté, d'égalité, de fraternité et de
solidarité humaine190(*). » En outre l'article 2 alinéa
1er stipule : « La République de Côte
d'Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et
sociale. »
Cependant, les dispositions constitutionnelles de la
Première République ne posent pas explicitement le
caractère basal et fondamental de la terre, de l'environnement comme
fondement et condition du développement. Les traits de la politique de
l'environnement en Eburnie ne sont donc pas à rechercher dans la
Constitution mais dans la pratique adoptée par l'Etat dans le cadre de
son action politique et sociale. Cette pratique a développé d'une
façon admirable, non sans quelques errements, un cadre de gestion qui
manifeste l'intérêt porté par l'Etat à la chose
environnementale dans l'ensemble. Cependant, un bond est franchi au plan
textuel dans la vision développementaliste ivoirienne sous la
Deuxième République, à travers le préambule de la
Constitution :
« LE PEUPLE DE COTE D'IVOIRE, (...)
Conscient de sa diversité ethnique, culturelle et
religieuse, et désireux de bâtir une nation unie, solidaire et
prospère ;
Convaincu que l'union dans le respect de cette
diversité assure le progrès économique et le
bien-être social ;
Profondément attaché à la
légalité constitutionnelle et aux Institutions
démocratiques, à la dignité de la personne humaine, aux
valeurs culturelles et spirituelles ;
Proclame son adhésion aux droits et
libertés tels que définis dans la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme de 1948 et dans la Charte africaine des Droits de l'Homme
et des Peuples de 1981...191(*) »
Plus encore l'article 28 énonce : « La
protection de l'environnement et la promotion de la qualité de la vie
sont un devoir pour la communauté et pour chaque personne physique ou
morale. »
Ainsi, la loi fondamentale montre que l'Etat de Côte
d'Ivoire possède de sérieux critères pour une vocation
écologique, condition sine qua non du développement
normal et véritable de ses composantes. La base constitutionnelle
montrant d'une façon éloquente le caractère fondamental de
l'environnement ainsi que son respect gage du développement
souhaité constitue, avec le cadre juridique et institutionnel assez
exemplaire adopté en la matière, les forces d'entretien et
d'inspiration de la politique environnementale ivoirienne. Malheureusement,
celles-ci sont niées par la non-application et le non-respect des textes
aussi bien par les pouvoirs publics que par les populations. Où trouver
l'origine d'une telle attitude ? Elle est à rechercher dans les
structures de la société tant traditionnelle que moderne, bases
de la nation. Celles-ci ne perçoivent ni n'intègrent assez
parfaitement le caractère responsabilisant et pratique,
développementaliste, d'une vision holistique de l'environnement
dans leur système. Vision qui prend en compte tous les fondements
scientifiques, moraux et spirituels de la terre. Ajouté à cela le
contexte politique et économique international qui, d'une façon
générale, ignore les principes écologiques, système
dans lequel a baigné la Côte d'Ivoire avant sa naissance en tant
qu'Etat et dans lequel elle vit depuis192(*).
De ce qui précède, il ressort, comme il a
été vu plus haut, que la politique environnementale de l'Etat de
Côte d'Ivoire comporte des bases constitutionnelles et juridiques assez
solides bien que perfectibles, à même d'asseoir la voie d'un
développement durable du pays, mais dont la mise en oeuvre est
malheureusement viciée par les insuffisances sociologiques
analysées précédemment.
En conséquence, comme éléments de
réponse pour un développement raisonné et soutenable de
l'Etat, la correction des faiblesses des conceptions culturelles et des
structures sociales ivoiriennes ainsi que la réforme des
mentalités s'imposent comme une incontestable et pressante
nécessité.
Pour y aboutir ; il faudra, au plan structurel, s'atteler
d'une part à construire chez les habitants de ce pays une éthique
environnementale. En cela, il s'agira d'assumer, d'exploiter, de
réveiller dans les mentalités toutes les valeurs culturelles et
spirituelles qui conçoivent une harmonie de l'homme avec la nature et
toutes ses composantes, avec son cadre de vie. Il faudra d'autre part orienter
l'économie ivoirienne vers un modèle écologiquement
viable, modèle dont la faisabilité ni l'efficience, largement
abordées dans les pages précédentes, ne peut aucunement
souffrir d'utopie.
Au plan fonctionnel, les modalités pour établir
un système de gestion environnementale inspirateur du
développement de l'Etat pourraient se résumer essentiellement
dans le tryptique « informer, éduquer,
communiquer » appliqué de la plus humble association
villageoise aux grandes institutions de la République. De courageuses
politiques d'incitation et des investissements environnementalement faisables
seront en outre nécessaires pour aider l'Etat à entrer
progressivement mais résolument dans une direction économique et
politique salutaire.
Ici s'offre pour la Côte d'Ivoire l'occasion d'amorcer,
après des années de crise sociopolitique, sa réalisation
économique, mais aussi et surtout morale et spirituelle. Il n'y a
pas d'autre alternative pour le développement que de bâtir une
nation avec pour idéal la paix et l'harmonie entre l'homme ivoirien et
tous les éléments de son environnement, de la Nature, et bien
entendu avec ses semblables. Il y va de la raison d'être de la
nation et de l'exemple à donner à l'humanité souffrante,
comme l'affirme expressément l'hymne national193(*). Car la construction d'une
nation repose sur le rêve de bonheur, sur la vision d'un avenir heureux
à réaliser. Aussi André Malraux
dira : « L'esprit donne l'idée d'une nation ;
mais ce qui fait sa force sentimentale, c'est la communauté de
rêve194(*). »
Pierre Teilhard de Chardin exprime les pensées
suivantes dans son ouvrage L'Avenir de l'Homme :
« Jusqu'ici l'Homme avait pratiquement vécu,
dans l'ensemble, sans analyser bien loin les conditions de
légitimité et de développement requises par son effort. Il
agissait au jour le jour,- pour des intérêts plus ou moins proches
et limités,- instinctivement, plus que rationnellement. Et voici que,
autour de lui, l'atmosphère se fait portante, consistante et chaude
(...) Tout s'illumine. Tout se dilate. Tout s'imprègne d'une saveur
essentielle d'absolu (...) Réajustement général
et irréversible des valeurs de l'existence : de nouveau
les deux indices qui (non plus cette fois dans le domaine de la vision,
mais sur le terrain de l'action) trahissent notre accession, par
delà toutes idéologies et tous systèmes, à un
milieu différent et supérieur, à une dimension spirituelle
nouvelle.195(*) »
Les populations et les gouvernants de l'Etat de Côte
d'Ivoire auront-ils la volonté d'opérer les changements
nécessaires à leur développement véritable ?
à leur progrès ?
L'Histoire en jugera...
ANNEXES
ANNEXE I : DONNÉES PHYSIQUES DE LA
CÔTE D'IVOIRE
ANNEXE II : DONNÉES ADMINISTRATIVES DE LA
CÔTE D'IVOIRE
ANNEXE III : DONNÉES RELATIVES A
L'ÉTAT DU MASSIF FORESTIER DE LA
CÔTE D'IVOIRE
ANNEXE IV : CODE DE L'ENVIRONNEMENT DE LA
CÔTE D'IVOIRE
REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union - Discipline - Travail
Loi n° 96-766 du 3 octobre 1996
portant Code de l'Environnement
L'ASSEMBLEE NATIONALE, a adopté,
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, promulgue la loi dont la teneur
suit :
TITRE 1: DEFINITIONS, OBJECTIFS ET DOMAINE
D'APPLICATION
CHAPITRE I : DEFINITIONS
Article l er:
Aux termes de la présente loi :
L'environnement est l'ensemble des
éléments physiques, chimiques, biologiques et des facteurs
socio-économiques, moraux et intellectuels susceptibles d'avoir un effet
direct ou indirect, immédiat ou à terme sur le
développement du milieu, des êtres vivants et des activités
humaines.
L'environnement humain concerne le cadre de
vie et l'aménagement du territoire.
L'environnement naturel comprend :
- le sol et le sous-sol,
- les ressources en eau,
- l'air,
- la diversité biologique,
- les paysages, sites et monuments...
Les ressources en eau comprennent les eaux
intérieures de surface et les eaux souterraines.
L'air est la couche atmosphérique dont
la modification physique, chimique ou autre peut porter atteinte à la
santé des êtres vivants, aux écosystèmes et à
l'environnement en général.
Le paysage est une portion du territoire dont
les divers éléments forment un ensemble pittoresque par la
disposition de ses composants ou les contours de ses formes ou l'effet de ses
couleurs.
Le site est une portion de paysage
particularisée par sa situation géographique et/ou son
histoire.
Le monument naturel est un
élément ou un groupe d'éléments dus à la
nature tels que rochers, arbres, sources, bouleversements du sol, accidents
géologiques ou autres qui, séparément ou ensemble, forment
un panorama digne d'attention.
L'écosystème est un ensemble
structuré qui englobe en une seule ou et même unité
fonctionnelle le biotope et la biocénose.
Le biotope est l'aire géographique
où l'ensemble des facteurs physiques et chimiques de l'environnement
reste sensiblement constant.
La biocénose est l'ensemble des
végétaux et animaux qui vivent dans les mêmes conditions de
milieu et dans un espace donné de dimensions variables.
L'écologie est l'étude des
milieux où vivent, se reproduisent et meurent les êtres vivants
ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu et leur protection
contre toute pollution.
La diversité biologique est la
variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres
écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont
il fait partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces
et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes.
La pollution est la contamination ou la
modification directe ou indirecte de l'environnement provoquée par, tout
acte susceptible :
- d'altérer le milieu de vie de l'homme et des autres
espèces vivantes
- de nuire à la santé, à la
sécurité, au bien-être de l'homme, de la flore et de la
faune ou aux biens collectifs et individuels.
La pollution des eaux est l'introduction dans
le milieu aquatique de toute substance susceptible de modifier les
caractéristiques physiques, chimiques et/ou biologiques de l'eau et de
créer des risques pour la santé de l'homme, de nuire à la
faune et à la flore terrestres et aquatiques, de porter atteinte
à l'agrément des sites ou de gêner toute autre utilisation
rationnelle des eaux.
La pollution atmosphérique ou
pollution de l'air est l'émission volontaire ou accidentelle dans la
couche atmosphérique de gaz, de fumée ou de substances de nature
à créer des nuisances pour les êtres vivants, à
compromettre leur santé ou la sécurité publique ou
à nuire à la production agricole, à la conservation des
édifices ou au caractère des sites et paysages.
La pollution transfrontière est la
pollution qui a son origine dans un pays et dont les effets se propagent dans
d'autres pays.
Les aires protégées sont les
zones spécialement consacrées à la préservation de
la diversité biologique et des ressources naturelles qui y sont
associées.
Les zones maritimes comprennent : les eaux
archipélagiques, la mer territoriale, la zone économique
exclusive, le plateau continental ainsi que le rivage de la mer, les fonds
marins et le sous-sol correspondant.
L'établissement humain comprend
l'ensemble des agglomérations urbaines et rurales, des infrastructures
et équipements dont elles doivent disposer pour assurer à leurs
habitants un cadre de vie agréable et une existence saine, harmonieuse
et équilibrée.
Les hydrocarbures sont des substances
énergétiques, fluides (liquides ou gazeuses).
La nuisance est toute atteinte à la
santé des êtres vivants, de leur fait ou non, par
l'émission de bruits, de lumière, d'odeurs etc.
Les déchets sont des produits solides,
liquides ou gazeux, résultant des activités des ménages,
d'un processus de fabrication ou tout bien meuble ou immeuble abandonné
ou qui menace ruine.
Les déchets dangereux sont des
produits solides liquides ou gazeux, qui présentent une menace
sérieuse ou des risques particuliers, pour la santé, la
sécurité des êtres vivants et la qualité de
l'environnement.
Les matières fertilisantes sont les
engrais, les amendements et tout produit dont l'emploi, contribue à
améliorer la productivité agricole.
Les risques naturels sont les catastrophes et
calamités naturelles qui peuvent avoir des effets imprévisibles
sur l'environnement et la santé.
L'accident majeur est défini comme un
événement tel qu'une émission de substances dangereuses,
un incendie, une explosion résultant d'un développement
incontrôlé d'une activité industrielle, agricole ou
domestique.
Les plans d'urgence se définissent
comme l'organisation rapide et rationnelle, sous la responsabilité d'une
autorité déterminée, des moyens de toute nature pour faire
face à une situation d'une extrême gravité.
Les feux de brousse sont des feux
allumés volontairement ou non, quelle qu'en soit l'ampleur, causant des
dommages à 1'homme et à ses biens, à la flore et à
la faune.
La désertification désigne la
dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides
sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations
climatiques et les activités humaines.
La pêche consiste en la capture,
l'extraction ou la récolte de poissons, cétacés,
chéloniens végétaux, planctons ou d'animaux
vertébrés ou invertébrés vivant partiellement ou
complètement dans le milieu aquatique.
La chasse consiste en tout acte
tendant :
- à blesser ou tuer pour s'approprier ou non de tout ou
partie de sa dépouille, un animal en liberté dans son milieu
naturel au sens des textes législatifs et réglementaires en
vigueur ;
- détruire les oeufs des oiseaux et des reptiles.
La capture consiste en tout acte tendant
à:
- priver de sa liberté, un animal sauvage ;
- récolter et retirer hors de leur lieu naturel
d'éclosion, les oeufs des oiseaux ou des reptiles.
L'étude d'impact environnemental est
un rapport d'évaluation de l'impact probable d'une activité
envisagée sur l'environnement.
Le Bureau d'Etudes d'Impact Environnemental
est un service à la disposition de l'Autorité
Nationale Compétente chargé d'examiner les
études d'impact.
L'audit environnemental est une
procédure d'évaluation et de contrôle des actions de
protection de l'environnement.
L'Autorité Nationale Compétente
est une entité unique ou un groupement d'entités dont
les compétences sont définies par décret.
L'Association de défense l'environnement
est l'organisation par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en
commun leurs connaissances ou leurs activités en vue de concourir
à la défense de l'environnement.
CHAPITRE II : OBJECTIFS
Article 2
Le présent code vise à :
- protéger les sols, sous-sols, sites, paysages et
monuments nationaux, les formations végétales, la faune et la
flore et particulièrement les domaines classés, les parcs
nationaux et réserves existantes;
- établir les principes fondamentaux destinés
à gérer, à protéger l'environnement contre toutes
les formes de dégradation afin de valoriser les ressources naturelles,
de lutter contre toutes sortes de pollution et nuisances ;
- améliorer les conditions de vie des différents
types de population dans le respect de l'équilibre avec le milieu
ambiant;
- créer les conditions d'une utilisation rationnelle et
durable des ressources naturelles pour les générations
présentes et futures ;
- garantir à tous les citoyens, un cadre de vie
écologiquement sain et équilibré ;
- veiller à la restauration des milieux
endommagés.
CHAPITRE III: DOMAINE D'APPLICATION
Article 3
La présente loi ne fait pas obstacle à
l'application des dispositions législatives et réglementaires
concernant l'urbanisme et les constructions, la santé, l'hygiène,
la sécurité et la tranquillité publique, la protection des
écosystèmes et d'une manière générale
à l'exercice des pouvoirs de police.
Article 4
La présente loi ne s'applique pas aux activités
militaires et aux situations de guerre. Toutefois, les auteurs de telles
activités sont tenus de prendre en compte les préoccupations de
protection de l'environnement.
Article 5
La présente loi s'applique à toutes les formes
de pollution telles que définies à l'article ler du
présent code et susceptibles de provoquer une altération de la
composition et de la consistance de la couche atmosphérique avec des
conséquences dommageables pour la santé des êtres vivants,
la production, les biens et l'équilibre des
écosystèmes.
Article 6
Sont soumis aux dispositions de la présente loi ;
- les installations classées telles que définies
dans leur nomenclature : les usines, dépôts, mines, chantiers,
carrières, stockages souterrains ou en surface, magasins et ateliers
;
- les installations exploitées ou détenues par
toute personne physique ou morale, publique ou privée qui peuvent
présenter des dangers ou des inconvénients, soit pour la
commodité, soit pour la santé, la sécurité et la
salubrité publique ;
- les déversements, écoulements, rejets et
dépôts' susceptibles de provoquer ou d'accroître la
dégradation du milieu récepteurs.
Article 7
Sont visés, aux termes de la présente loi, les
différents types d'énergie suivants
- l'énergie solaire
- l'énergie de biomasse
- l'énergie éolienne ;
- l'énergie géothermique
- l'énergie hydro-électrique
- l'énergie thermique
- l'énergie nucléaire.
Article 8
Aux termes de la présente loi, sont visées les
substances ou combinaisons de substances fabriquées ou à
l'état naturel susceptibles, en raison de leur caractère toxique,
radioactif, corrosif ou nocif de constituer un danger pour la santé des
personnes, la conservation des sols et sous-sol, des eaux, de la faune et de la
flore, de l'environnement en général, lorsqu'elles sont
utilisées ou évacuées dans le milieu naturel.
Article 9
Est visée par la présente loi, l'utilisation de
techniques publicitaires agressives.
Nul ne peut faire de la publicité sur un immeuble sans
l'autorisation du propriétaire ou des autorités
compétentes dans les conditions fixées par décret.
TITRE II L'ENVIRONNEMENT
CHAPITRE 1 : L'ENVIRONNEMENT NATUREL
Section 1 : Le sol et le sous-sol
Article 10
Le sol et le sous-sol constituent des ressources naturelles
à préserver de toutes formes de dégradation et dont il
importe de promouvoir l'utilisation durable.
L'usage du sol et du sous-sol doit être fait en
respectant les intérêts collectifs attachés à leur
préservation.
A ce titre, le droit de propriété doit
être exercé sans qu'il nuise à l'intérêt
général. Les statuts du sol doivent établir les droits et
les obligations du titulaire vis-à-vis d'une protection du sol.
Article 11
Les sols doivent être affectés à des
usages conformes à leur vocation. L'utilisation d'espace pour des usages
non réversibles doit être limitée et la plus rationnelle
possible.
Article 12
Tout projet d'aménagement et d'affectation du sol
à des fins agricoles, industrielles ou urbaines, tout projet de
recherche ou d'exploitation des matières premières du sous-sol
sont soumis à autorisation préalable dans les conditions
fixées par décret.
Section II : Les ressources en eau et les eaux
maritimes
Article 13
Les points de prélèvement de l'eau
destinée à la consommation humaine, doivent être
entourés d'un périmètre de protection prévu
à l'article 51 du présent code.
Toute activité susceptible de nuire à la
qualité des eaux est interdite ou peut être
réglementée à l'intérieur des
périmètres de protection.
Article 14
La gestion de l'eau peut-être concédée.
Le concessionnaire est responsable de la qualité de
l'eau distribuée conformément aux normes en vigueur.
Article 15
Les occupants d'un bassin versant peuvent se constituer en
association pour la protection du milieu.
Section III : La diversité biologique
Article 16
L'introduction, l'importation et l'exportation de toute
espèce animale ou végétale sont soumises à
autorisation préalable dans les conditions fixés par
décret.
Article 17
En dehors de la chasse traditionnelle ou des cas prévus
par les articles 99 et 103 du Code Pénal relatifs à la
légitime défense et à l'état de
nécessité, toutes formes de chasse sont soumises à
l'obtention d'un permis de chasse.
Article 18
Toutes les formes de pêche relèvent de
l'Autorité Nationale Compétente :
- la pêche artisanale doit être exercée
dans le respect de la réglementation en tenant compte d'une bonne
gestion de l'environnement
- la pêche industrielle requiert pour son exercice,
l'obtention d'une licence délivrée par l'autorité
administrative compétente.
Article 19
La vente, l'échange, la commercialisation de la viande
de chasse sont réglementés.
Section IV: L'Air
Article 20
Les immeubles, les installations classées, les
véhicules et engins à moteur, les activités industrielles,
commerciales, artisanales ou agricoles, détenus ou exercées par
toute personne physique ou morale doivent être conçus et
exploités conformément aux normes techniques en vigueur en
matière de préservation de l'atmosphère.
CHAPITRE II L'ENVIRONNEMENT HUMAIN
Article 21
Les plans d'aménagement du territoire, les
schémas directeurs, les plans d'urbanisme et autres documents
d'urbanisme doivent prendre en compte les impératifs de protection de
l'environnement dans le choix, l'emplacement et la réalisation des zones
d'activités économique, industrielle, de résidence et de
loisirs.
Article 22
L'autorité compétente, aux termes des
règlements en vigueur, peut refuser le permis de construire si les
constructions sont de filature à porter atteinte au caractère ou
à l'intégrité des lieux avoisinants.
Article 23
Aucun travail public ou privé dans le
périmètre auquel s'applique un plan ne peut être
réalisé que s'il est compatible avec ce dernier, et s'il prend en
considération les dispositions d'ordre environnemental, prévues
par les textes en vigueur.
Article 24
Les travaux de construction d'ouvrages publics tels que
routes, barrages, peuvent être soumis à une étude d'impact
environnemental.
Article 25
Les caractéristiques des eaux résiduaires
rejetées doivent permettre aux milieux récepteurs de satisfaire
aux objectifs qui leur sont assignés. Le déversement des eaux
résiduaires dans le réseau d'assainissement public ne doit nuire
ni à la conservation des ouvrages ni à la gestion de ces
réseaux.
Article 26
Tous les déchets, notamment les déchets
hospitaliers et dangereux, doivent être collectés, traités
et éliminés de manière écologiquement rationnelle
afin de prévenir, supprimer ou réduire leurs effets nocifs sur la
santé de l'homme, sur les ressources naturelles, sur la faune et la
flore et sur la qualité de l'Environnement.
Article 27
L'enfouissement dans le sol et le sous-sol de déchets
non toxiques ne peut être opéré qu'après
autorisation et sous réserve du respect des prescriptions techniques et
règles particulières définies par décret.
Article 28
L'élimination des déchets doit respecter les
normes en vigueur et être conçue de manière à
faciliter leur valorisation.
A cette fin, il est fait obligation aux structures
concernées de :
- développer et divulguer la connaissance des
techniques appropriées ;
- conclure des contrats organisant la réutilisation des
déchets ;
- réglementer les modes de fabrication.
Article 29
Tous les engins doivent être munis d'un avertisseur
sonore conforme à un type homologué par les services
compétents et ne doivent pas émettre de bruit susceptible de
causer une gêne aux usagers de la route et aux riverains.
Article 30
En agglomération, l'usage des avertisseurs sonores
n'est autorisé qu'en cas de besoin absolu pour donner les avertissements
nécessaires aux autres usagers de la route.
La nuit, les signaux sonores ne doivent être
utilisés qu'en cas de nécessité absolue.
Article 31
Lorsque l'urgence le justifie l'autorité
compétente peut prendre toutes mesures appropriées pour faire
cesser immédiatement toute émission de bruits susceptibles de
nuire à la santé des êtres vivants, de constituer une
gêne excessive et insupportable pour le voisinage ou d'endommager les
biens.
Article 32
Les feux précoces ou les feux allumés en vue du
renouvellement des pâturages, de débroussaillement des terrains de
culture ou dans le cadre de l'aménagement des zones pastorales,
forestières ou savanicoles, des parcs nationaux et des réserves
fauniques font l'objet de réglementation de la part de l'autorité
administrative compétente.
TITRE III : PRINCIPES GENERAUX
Article 33
Toute personne a le droit fondamental de vivre dans un
environnement sain et équilibré. Il a aussi le devoir de
contribuer individuellement ou collectivement à la sauvegarde du
patrimoine naturel.
A cette fin, lorsqu'un tribunal statue sur une demande, il
prend notamment en considération, l'état des connaissances
scientifiques, les solutions adoptées par les autres pays et les
dispositions des instruments internationaux.
Article 34
La politique nationale de protection de l'environnement
incombe à l'Etat.
L'Etat peut élaborer des plans d'actions
environnementales avec les collectivités locales ou toute autre
structure.
Article 35
Lors de la planification et de l'exécution d'actes
pouvant avoir un impact important sur l'environnement, les autorités
publiques et les particuliers se conforment aux principes suivants :
35.1 - Principe de précaution
Lors de la planification ou de l'exécution de toute
action, des mesures préliminaires sont prises de manière à
éviter ou réduire tout risque ou tout danger pour
l'environnement.
Toute personne dont les activités sont susceptibles
d'avoir un impact sur l'environnement doit, avant d'agir, prendre en
considération les intérêts des tiers ainsi que la
nécessité de protéger l'environnement.
Si, à la lumière de l'expérience ou des
connaissances scientifiques, une action est jugée susceptible de causer
un risque ou un danger pour l'environnement, cette action n'est entreprise
qu'après une évaluation préalable indiquant qu'elle n'aura
as d'impact préjudiciable à l'environnement.
35.2 Substitution
Si à une action susceptible d'avoir un impact
préjudiciable à l'environnement, peut être
substituée une autre action qui présente un risque ou un danger
moindre, cette dernière action est choisie même si elle
entraîne des coûts plus élevés en rapport avec les
valeurs à protéger.
35.3 - Préservation de la diversité
biologique
Toute action doit éviter d'avoir un effet
préjudiciable notable sur la diversité biologique.
35.4 Non-dégradation des ressources
naturelles
Pour réaliser un développement durable, il y a
lieu d'éviter de porter atteinte aux ressources naturelles tels que
l'eau, l'air et les sols qui,' en tout état de cause, font partie
intégrante du processus de développement et ne doivent pas
être prises en considération isolement. Les effets
irréversibles sur les terres doivent être évités
dans toute la mesure du possible.
35.5 - Principe "Pollueur-Payeur"
Toute personne physique ou morale dont les agissements et/ou
les activités causent ou sont susceptibles de causer des dommages
à l'environnement est soumise une taxe et/ou à une redevance.
Elle assume en outre toutes les mesures de remise en état.
35.6 - Information.
Toute personne a le droit d'être informée de
l'état de l'environnement et de participer aux procédures
préalables à la prise de décisions susceptibles d'avoir
des effets préjudiciables à l'environnement.
3 5.7 Coopération
Les autorités publiques, les institutions
internationales, les associations de défense et les particuliers
concourent à protéger l'environnement à tous les niveaux
possibles.
TITRE IV: LES OBLIGATIONS DE L'ETAT ET DES
COLLECTIVITES LOCALES
CHAPITRE I : DISPOSITIONS GENERALES
Article 36
L'Etat est propriétaire des gisements et des
accumulations naturelles d'hydrocarbures existant en Côte d'Ivoire y
compris sur le plateau continental.
Article 37
Les cours d'eau, les lagunes, les lacs naturels, les nappes
phréatiques, les sources, les bassins versants et les zones maritimes
sont du domaine public.
Article 38
Les immeubles, établissements agricoles, industriels,
commerciaux ou artisanaux, véhicules ou autres objets mobiliers
possédés, exploités ou détenus par toute personne
physique ou morale, privée ou publique devront être construits,
exploités ou utilisés de manière à satisfaire aux
normes techniques en vigueur ou édictées en application de la
présente loi.
Article 39
Tout projet important susceptible d'avoir un impact sur
l'environnement doit faire l'objet d'une étude d'impact
préalable. Il en est de même des programmes, plans et politiques
pouvant affecter l'environnement. Un décret en précisera la liste
complète..
Tout projet fait l'objet d'un contrôle et d'un suivi
pour vérifier la pertinence des prévisions et adopter les mesures
correctives nécessaires.
Article 40
L'Etude d'Impact Environnemental (EIE) comporte au minimum
:
- une description de l'activité proposée ;
- une description de l'environnement susceptible d'être
affecté y compris les renseignements spécifiques
nécessaires pour identifier ou évaluer les effets de
l'activité proposée sur l'environnement ;
- une liste des produits utilisés le cas
échéant ;
- une description des solutions alternatives, le cas
échéant ;
- une évaluation des effets probables ou potentiels de
l'activité proposée et des autres solutions possibles sur
l'environnement, y compris les effets directs, indirects, cumulatifs à
court , à moyen et long termes ;
- l'identification et la description des mesures visait,
atténuer les effets de l'activité proposée et les autres
solutions possibles, sur l'environnement, et une
évaluation de ces mesures ;
- une indication des lacunes en
matière de connaissance et des incertitudes rencontrées dans la
mise au point de l'information nécessaire ;
- une indication sur les risques pour l'environnement d'un
Etat voisin dus à l'activité proposée ou aux autres
solutions possibles ;
- un bref résumé de l'information fournie au
titre des rubriques précédentes ;
- la définition des modalités de contrôle
et de suivi réguliers d'indicateurs environnementaux avant (état
initial), pendant le chantier, durant l'exploitation de l'ouvrage ou de
l'aménagement et le cas échéant,après la fin de
l'exploitation (remise en état ou réaménagement des lieux)
;
- une estimation financière des mesures
préconisées pour prévenir, réduire ou compenser les
effets négatifs du projet sur l'environnement et des mesures de suivi et
contrôle réguliers d'indicateurs environnementaux pertinents.
Article 41
L'examen des études d'impact environnemental par le
Bureau d'Etude d'Impact Environnemental, donnera lieu au versement d'une taxe
au Fonds National de l'Environnement dont l'assiette sera
précisée par décret.
Article 42
Sur proposition de l'Autorité Nationale
Compétente, le Conseil des Ministres établit et révise par
décret la liste des travaux, activités, documents de
planification pour lesquels les autorités publiques ne pourront, sous
peine de nullité, prendre aucune décision, approbation ou
autorisation sans disposer d'une étude d'impact environnemental leur
permettant d'en apprécier les conséquences directes ou indirectes
pour l'environnement.
Article 43
Sont soumises à autorisation, les installations qui
présentent des dangers ou inconvénients visés à
l'article 6 du présent code.
Elles ne peuvent être ouvertes sans une autorisation
préalable délivrée dans les conditions fixées par
décret sur demande de l'exploitant.
Sont soumises à déclaration, les installations
qui, bien que ne présentant pas de tels dangers ou inconvénients,
doivent néanmoins respecter les prescriptions générales
édictées par l'autorité compétente en vue d'assurer
la protection des intérêts visés à l'article 6. Les
installations soumises à autorisation, qui occasionnent des risques
majeurs (incendies, explosions, émanations toxiques, etc.) font l'objet
d'une réglementation spécifique visant notamment à
maîtriser 1'urbanisation dans leur environnement immédiat.
Article 44
Sont soumises à permis ou à licence, la
pêche industrielle, la chasse et la capture.
Article 45
L'inspection des installations classées est
assurée par des agents assermentés ayant la qualité
d'Officier de Police Judiciaire dans l'exercice de leur fonction.
Article 46
Les installations classées visées à
l'article 6 soit assujetties à une taxe de contrôle et
d'inspection, versée au Fonds National de l'Environnement.
Article 47
Les installations de l'Etat affectées à la
défense nationale, sont soumises à des règles
particulières.
Article 48
Toutes les installations classées existantes
bénéficiant d'un délai de 2 ans à compter de la
promulgation de la présente loi pour être mise en
conformité avec ses dispositions et ses textes d'application.
Article 49
Il est instauré des normes appropriées pour la
protection de l'environnement.
Il est créé un label pour les produits de
consommation les plus respectueux de l'environnement.
Des normes sont également exigées pour les
produits importés.
Article 50
Les entreprises ou ouvrages, sources de pollutions importantes
seront soumis à un audit écologique par des experts
agréés, aux frais de leurs promoteurs. Les conditions de cet
audit seront précisées par décret. Les résultats de
l'audit écologique sont transmis à l'Autorité Nationale
Compétente.
Article 51
Il est institué des périmètres de
protection en vue de la conservation ou de la restauration des:
- écosystèmes,
- forêts, boisements, espèces et espaces
protégés,
- monuments, sites et paysages,
- systèmes Hydrauliques et de la qualité des
eaux,
- espaces littoraux...
Article 52
L'Autorité Nationale Compétente peut à
l'intérieur des périmètres visés à l'article
49
- interdire, limiter ou réglementer les
activités incompatibles avec les objectifs assignés à la
zone ;
- mettre en oeuvre des programmes de restauration du milieu
naturel ou des monuments ;
- approuver tout plan d'aménagement ou d'action
définissant les moyens d'atteindre les objectifs assignés
à la zone.
Article 53
La protection, la conservation et la valorisation du
patrimoine culturel et architectural font partie intégrante de la
politique nationale de protection et de la mise en valeur de
l'environnement.
Article 54
Il est dressé une liste de sites et monuments
protégés qui précise les mesures à prendre pour la
protection du patrimoine architectural, historique et culturel sur tout le
territoire national.
Cette liste est révisée tous les cinq ans.
CHAPITRE Il: DISPPOSITIONS PARTICULIERES
Section I : Les obligations de l'Etat
Article 55
L'Etat s'engage à :
- faire de l'environnement et de sa protection une politique
globale et intégrée ;
- prendre toutes dispositions appropriées pour assurer
ou faire assurer le respect des obligations découlant des conventions et
accords internationaux auxquels il est partie ;
- interdire toute activité menée sous son
contrôle ou dans les limites de sa juridiction, susceptible
d'entraîner une dégradation de l'environnement dans un autre Etat
ou dans des régions ne relevant d'aucune juridiction nationale ;
- oeuvrer en toute coopération avec les autres Etats
pour prendre les mesures contre la pollution transfrontière.
Article 56
L'Etat déterminé la politique nationale de
l'Environnement et veille à sa mise en oeuvre.
Il assure, par des mesures idoines, la protection, la
conservation et la gestion de l'environnement.
Toutefois, les occupants d'un bassin versant et/ou les
utilisateurs de l'eau peuvent se constituer en association pour la protection
du milieu.
Il réglemente l'établissement d'accès aux
digues et déversements d'égouts dans les milieux
récepteurs.
Il interdit et réglemente l'exercice d'activités
susceptibles de constituer, d'une manière ou d'une autre, une menace
pour, l'environnement, l'intégrité et le fonctionnement des
écosystèmes.
Article 57
L'Etat détermine :
- la création d'un réseau de réserves
biologiques en proportion avec l'usage des sols ;
- les mesures de lutte contre l'érosion ;
- les mesures de lutte contre la pollution du sol par des
substances chimiques, les engrais, les produits phytosanitaires et autres dont
l'usage est admis ;
- les mesures de prévention des pollutions diffuses
affectent le sol et les mesures concrètes de restauration des sols
endommagés ;
- les périmètres de protection des points de
prélèvement de l'eau destinée à la consommation
humaine;
- les seuils critiques des polluants atmosphériques
- les espaces alloués aux zones industrielles
. Article 58
L'Etat dresse une liste
- des espèces animales et végétales qui
doivent être partiellement ou intégralement
protégées en raison de leur rôle dans les
écosystèmes, de leur valeur esthétique, de leur
rareté, de la menace qui pèse sur leurs populations et enfin de
l'intérêt touristique, culturel, économique, et
scientifique qu'elles représentent ;
- des sites et monuments protégés en
précisant les mesures à prendre pour la protection du patrimoine
architectural, historique et culturel national ;
- des établissements, édifices et monuments qui,
bien que non classés ou inscrits sur lesquels l'affichage est
interdit.
Cette liste est revue et corrigée tous les cinq ans.
Article 59
L'Etat assure la gestion de l'eau en préservant la
qualité de ses sources, en évitant le gaspillage et en
accroissant la disponibilité.
Article 60-
L'Etat établit des normes conçues de
manière à faciliter la valorisation des déchets.
A cette fin, il est fait obligation aux structures
concernées
- de développer et de divulguer la connaissance des
techniques appropriées
- de conclure des contrats organisant la réutilisation
des déchets ;
- de réglementer les modes de fabrication et
d'utilisation de certains matériaux ou produits, afin de faciliter la
récupération des éléments de leur composition.
Article 61
L'Etat s'engage à :
- promouvoir l'utilisation des énergies renouvelables
ou non ;
- lutter contre toute forme de gaspillage des énergies
;
- lutter contre le gaspillage de toutes les sources
d'énergie notamment les ressources ligneuses.
Article 62
Tout projet de texte relatif à l'environnement est
soumis à l'avis et à l'observation de l'Autorité
Nationale Compétente.
L'Autorité Nationale Compétente dispose d'un
délai de deux mois à compter de la transmission du projet pour
donner suite. Le silence de ladite autorité vaut, au terme du
délai, approbation. Toute divergence entre l'auteur d'un projet et
l'Autorité Nationale Compétente est tranchée par le
Conseil des Ministres.
Article 63
L'Etat prend les mesures adéquates pour introduire
l'éducation, la formation et la sensibilisation environnementales dans
les programmes d'enseignement à tous les niveaux.. Il peut donner son
agrément aux associations de défense de l'environnement et leur
allouer des subventions.
Article 64
Dans sa politique nationale de gestion de l'environnement,
l'Etat de Côte d'Ivoire intègre la coopération
internationale.
Article 65
L'Autorité Nationale Compétente coordonne les
mécanismes nationaux de mise en oeuvre de suivi des conventions et
accords internationaux relatifs à l'environnement.
Section II : Les obligations des Collectivités
Locales
Article 66
Les communes sont responsables de la collecte, du transport et
de l'élimination des déchets ménagers. Cette action peut
être entreprise en 1iaison avec les départements et les
régions ou avec des groupes privés ou publics habilités
à cet effet.
Elles ont l'obligation d'élaborer des schémas de
collecte et de traitement des déchets ménagers avec le concours
des services techniques des structures compétentes.
Elles assurent également l'élimination d'autres
déchets qu'elles peuvent, eu égard à leurs
caractéristiques et aux quantités produites, contrôler ou
traiter.
Article 67
Les collectivités locales sont tenues d'avoir :
- un plan de gestion de l'environnement ;
- une ou plusieurs décharges contrôlées
d'ordures ménagères.
Elles veillent à enrayer tous les dépôts
sauvages.
Elles instituent une taxe de salubrité.
Section III : Les obligations communes à l'Etat
et aux Collectivités Locales
Article 68
Il incombe à l'Etat, aux collectivités locales
et aux concessionnaires d'assurer, dans le respect des prescriptions
environnementales, l'exploitation rationnelle des gisements et accumulations
naturelles d'hydrocarbures existant en Côte d'Ivoire y compris sur le
plateau continental.
Article 69
L'Etat et les collectivités doivent veiller ' la ci
cation, au maintien et à l'entretien d'espaces verts.
Article 70
La gestion des eaux usées relève de la
compétence de l'Etat, des collectivités locales et de toutes
autres structures susceptibles de produire des effluents de nature à
porter atteinte à l'environnement.
Elle peut faire l'objet d'une concession.
Article 71
L'Etat, les régions, les départements et les
collectivités locales s'engagent à élaborer des programmes
d'action et à organiser des plans d'urgence dans tous les domaines en
vue de protéger l'environnement.
Article 72
L'éducation, la formation et la sensibilisation
environnementales incombent à l'Etat, aux collectivités locales
et aux associations de défense.
Article 73
Les établissements et institutions publics ou
privés ayant en charge l'enseignement, la recherche et l'information
sont tenus dans le cadre de leurs compétences respectives :
- de sensibiliser aux problèmes d'environnement par des
programmes adaptés
- d'intégrer dans leurs activités des programmes
permettant d'assurer une meilleure connaissance de l'environnement.
Section IV : Les Institutions
Article 74
Pour l'application de la présente loi, il est
créé
- un Réseau de Réserves Biologiques en
proportion avec l'intensification de l'exploitation des sols
- un Observatoire de la Qualité de L'Air ;
- une Agence Nationale de l'Environnement (ANDE),
établissement public de catégorie particulière
dotée de la personnalité morale et de l'autonomie
financière
- un Fonds National de l'Environnement (FNDE)
- une Bourse de Déchets
Par ailleurs, le juge des référés est
compétent pour constater ou, faire cesser immédiatement toute
pollution ou toute forme de, dégradation de l'environnement.
La procédure d'urgence prévue aux articles 221
à 230 du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative
est applicable.
TITRE V : DISPOSITIONS PREVENTIVES ET DISPOSITIONS
PENALES
CHAPITRE 1: DISPOSITIONS PREVENTIVES
Article 75
Sont interdits :
les déversements, les rejets de tous corps solides, de
toutes substances liquides, gazeuses, dans les cours et plans d'eaux et leurs
abords ; toute activité susceptible de nuire à la qualité
de l'air et des eaux tant de surface que souterraines.
Article 76
Il est interdit de rejeter dans les zones maritimes et
lagunaires, toutes substances susceptibles de :
- détruire les sites et monuments présentant un
intérêt scientifique, culturel, touristique ou historique ;
- détruire la faune et la flore
- constituer un danger pour la santé des êtres
vivants ;
- porter atteinte à la valeur esthétique et
touristique de la lagune, de la mer et du littoral.
Article 77
Il est interdit de rejeter dans les eaux maritimes et
lagunaires des eaux usées, à moins de les avoir
préalablement traitées conformément aux normes en vigueur
;
- des déchets de toutes sortes non préalablement
traités et nuisibles.
Article 78
Il est interdit de détenir ou d'abandonner des
déchets susceptibles de :
- favoriser le développement d'animaux vecteurs de
maladies
- provoquer des dommages aux personnes et aux biens.
Article 79
Sont interdits :
- tous déversements, écoulements, rejets ou
dépôts de toutes natures susceptibles de provoquer ou
d'accroître la pollution des eaux continentales, lagunaires et maritimes
dans les limites territoriales;
- toute exploitation illégale, dégradante et/ou
non réglementée ;
- toute émission dans l'atmosphère de gaz
toxiques, fumée, suie,
poussière ou toutes autres substances chimiques non conformes
à la réglementation en vigueur.
Article 80
Conformément aux dispositions spéciales des
conventions internationales ratifiées par la Côte d'Ivoire, sont
interdits les déversements, les immersions et incinérations dans
les eaux maritimes sous juridiction ivoirienne de substances de toutes natures
susceptibles :
- de porter atteinte à la santé publique et aux
ressources maritimes biologiques
- de nuire aux activités maritimes y compris la
navigation et la pêche
- d'altérer la qualité des eaux maritimes
- de dégrader les valeurs d'agréments et le
potentiel touristique de la mer et du littorale
Article 81
Sont interdits :
- l'importation non autorisée de déchets sur le
territoire national ;
- les dépôts de déchets sur le domaine
public non autorisé, y compris le domaine public maritime tel que
défini par les textes en vigueur ;
- l'immersions l'incinération ou l'élimination
par quelque procédé que ce soit, des déchets dans les eaux
continentales, lagunaires et maritimes, sous juridiction ivoirienne.
Article 82
Sont interdits sur le territoire national, tous actes relatifs
l'achat, à la vente, à l'importation, à l'exportation et
au transit des substances ou combinaison de substances visées à
l'article 8 de la présente loi.
Article 83
Sont interdites, si elles n'ont pas fait l'objet d'une
homologation et/ou si elles ne bénéficient pas d'une autorisation
provisoire de vente, d'importation, d'exportation délivrée par
les autorités compétentes, toute importation, exportation,
détention en vue de la vente ou de la mise en vente, de distribution
même à titre gratuit, de l'une quelconque des matières
fertilisantes définies à l'article 1er de la présente
loi..
Article 84
L'usage de l'avertisseur sonore est interdit dans les
agglomérations et aux environs des hôpitaux et des écoles
sauf nécessité absolue et dans ce cas, il doit être bref et
modéré.
De même sont interdites les émissions de bruits,
de lumières et d'odeurs susceptibles de nuire à la santé
des êtres vivants ou de constituer une gêne excessive et
insupportable pour le voisinage ou d'endommager les biens.
Article 85
Tout affichage est interdit sur :
- les immeubles classés monuments historiques ou
inscrits
- les monuments naturels et dans les sites classés,
inscrits ou protégés ;
- les monuments, sites et les constructions dont la liste est
établie par les autorités compétentes,
bénéficiant d'une protection spéciale
- les panneaux de signalisation routière.
Article 86
Sont interdits :
- usage d'explosif, de drogues, de produits chimiques ou
appâts dans les eaux de nature à enivrer le poisson ou à le
détruire ;
- l'emploi de drogues, de produits chimiques ou appâts
de nature à détruire le gibier et/ou à le rendre impropre
à la consommation ;
- les feux de brousse non contrôlés.
Article-87
Il est interdit de :
- tuer, blesser ou capturer les animaux appartenant aux
espèces protégées
- détruire ou endommager les habitats, les larves, et
les jeunes espèces protégées ;
- faire périr, endommager les végétaux
protégés, en cueillir tout ou partie ;
- transporter ou mettre en vente tout ou partie d'un animal ou
d'un végétal protégé ;
- procéder à l'abattage d'arbres dans les
forêts classées, aires protégées et parcs
nationaux.
CHAPITRE II : DISPOSITIONS PENALES
Article 88
Toute personne morale ou physique, qui omet de faire une
étude d'impact environnemental prescrite par l'autorité
compétente et préalable à tout projet susceptible d'avoir
des effets nuisibles sur l'environnement, est passible de suspension
d'activité ou de fermeture d'établissement sans préjudice
des mesures de réparation des dommages causés à
l'environnement, aux personnes et aux biens.
La falsification d'une étude d'impact environnemental
et/ou sa non conformité sont punies des mêmes peines.
Article 89
Est puni d'un emprisonnement de deux mois à deux ans et
d'une amende de 5000000 de francs, quiconque procède ou fait
procéder à l'abattage d'arbres ou d'animaux dans les forêts
classées, les aires protégées et les parcs nationaux.
Les complices sont punis des mêmes peines.
Article 90
Est puni d'une amende de 10000000 de francs à 100000000
de francs et d'un emprisonnement de six mois à deux ans ou de l'une de
ces deux peines seulement, toute destruction de site ou monument
classé.
Article 91
Est puni d'un emprisonnement de un à six mois et d'une
amende de 1000000 de francs à 5000000 de francs ou de. 1'une de ces deux
peines seulement : tout responsable d'un établissement faisant obstacle
a l'exercice des fonctions des agents chargés de l'inspection des
installations classées.
En cas de récidive, il est procédé
à la fermeture temporaire de l'établissement.
Article 92
Est passible d'une amende de 5000000 de francs à
50000000 de francs sans préjudice d'une suspension temporaire des
activités, ou d'une fermeture de l'établissement, tout
établissement qui ne se sera pas mis en conformité avec les
dispositions de la présente loi dans les deux ans de sa promulgation.
Article 93
Quiconque poursuit l'exploitation d'une installation
classée sans se conformer à la mise en demeure d'avoir à
respecter les prescriptions techniques déterminées est puni d'un
emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 200000 francs
à 2000000 de francs.
Article 94
Quiconque poursuit l'exploitation d'une installation
classée frappée de fermeture, de suspension ou d'interdiction est
puni de deux mois à deux ans d'emprisonnement et de 50000000 de francs
à 100000000 de francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Article 95
Est puni d'une amende de 1000000 de francs à 2500000 de
francs et d'un emprisonnement de six mois à deux ans ou de l'une de ces
deux peines seulement quiconque se livre de façon illicite à des
travaux de recherches ou d'exploitation des hydrocarbures.
Article 96
Est passible d'une amende de 100000000 de francs à
500000000 de francs quiconque effectue des rejets interdits ou, sans
autorisation, des rejets soumis à autorisation préalable ainsi
que défini aux articles
74 à 86 du présent code dans les conditions
fixées par décret ou ne se conforme pas aux conditions
déterminées par son autorisation.
Article 97
Est puni d'une amende de 2000000 de francs à 50000000
de francs et d'un emprisonnement de deux mois à deux ans ou de l'une de
ces deux peines seulement, toute personne ayant pollué les eaux
continentales par des déversements, écoulements, rejets et
dépôts de substances de toute nature susceptible de provoquer ou
d'accroître la pollution des eaux continentales et/ou des eaux maritimes
dans les limites territoriales.
En cas de récidive, la peine est portée au
double. Le coupable peut être condamné à curer les lieux
pollués.
L'Autorité Nationale Compétente peut, en cas de
négligence, refus ou résistance, y procéder ou y faire
procéder aux frais et dépens de l'intéressé.
Article 98
Est puni d'une amende de 100000000 de francs à
1000000000 de francs et d'un emprisonnement de un à cinq ans ou de l'une
des deux peines seulement sans préjudice des sanctions administratives
en vigueur, quiconque, nonobstant les dispositions
spéciales des conventions internationales, procède à des
déversements, immersion et incinération dans les eaux maritimes
sous juridiction ivoirienne, des substances de toutes natures susceptibles
- de porter atteinte à la santé publique et aux
ressources maritimes biologiques ;
- de nuire aux activités maritimes y compris la
navigation et la pêche
- d'altérer la qualité des eaux maritimes ;
- de dégrader les valeurs d'agrément et le
potentiel touristique de la mer et du littoral.'
L'administration maritime peut arraisonner tout navire surpris
en flagrant délit de déversement de contaminants, y compris les
hydrocarbures en mer.
En cas de récidive, l'amende est portée au
double et L'Administration se réserve le droit de procéder
à la saisie du navire.
Article 99
Est passible d'un emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une
amende de 5000000 de francs à 100000000 de francs quiconque :
- dépose des déchets dans le domaine public
maritime national ;
- importe sans autorisation des déchets sur le
territoire national ;
- immerge, incinère ou élimine par quelque
procédé que ce soit des déchets dans les eaux
continentales, lagunaires et/ou maritimes sous juridiction ivoirienne.
Article 100
Est puni d'une amende de 1000000 de francs à 30000000
de francs et d'un emprisonnement de trois à vingt-quatre mois ou de
l'une de ces deux peines seulement, le promoteur de toute entreprise
procédant des dépôts sauvages.
L'autorisation d'exercer toute activité de collecte de
déchets sur le territoire national peut être suspendue pour une
période d'au moins deux ans.
Article 101
Quiconque procède ou fait procéder à
l'achat, à la vente à l'importation, au transit, au stockage,
à l'enfouissement ou au déversement sur le territoire national de
déchets dangereux ou signe un accord pour l'autorisation de telles
activités, est puni d'un emprisonnement de 10 à 20 ans et d'une
amende de 500000000 de francs à 5000000000 de francs.
La juridiction ayant prononcé la peine peut
- ordonner la saisie de tout moyen ayant servi à la
commission de l'infraction ;
- ordonner la saisie et l'élimination des
déchets aux frais dépens du propriétaire desdits
déchets.
Article 102
Est puni d'une amende de 1000 francs à 10000 francs
celui qui dépose, abandonne, jette des ordures, déchets,
matériaux, ou verse des eaux usées domestiques en un lieu public
ou privé sauf si le dépôt a lieu à un emplacement
désigné à cet effet par l'Autorité
Compétente.
De même est soumise à ces peines et/ou astreinte
au nettoyage des lieux, toute personne qui pollue par des déjections un
domaine public ou privée.
Sont punis d'une amende de 1000 francs à 10000 francs
ou astreint. au nettoyage des lieux, ceux qui auront pollué par des
déchets humains un bien public ou privé sauf si ces emplacements
sont désignés à cet effet par l'autorité
compétente.
Article 103
Est passible d'une amende de 10000 francs à 500000 de
francs quiconque :
- fait usage dans les agglomérations et aux environs
des Hôpitaux et des écoles, d'avertisseurs sonores en dehors des
cas de danger immédiat;
- fait usage intempestif et sans nécessité
absolue, en dehors des agglomérations d'avertisseurs sonores
- fait usage, sans nécessité absolue
d'avertisseurs sonores dans la nuit
- émet des bruits susceptibles de causer une gêne
aux usagers de la route et aux riverains ;
- utilise des engins à moteur munis d'avertisseurs
sonores non conformes au type homologué par les services
compétents
- émet des bruits, lumières. ou odeurs
susceptibles de nuire à la santé des êtres vivants, de
constituer une gêne excessive et insupportable pour le voisinage ou
d'endommager les biens.
Article 104
Est puni d'une amende de 50000 francs à 5000000 francs
et d'un emprisonnement de trois mois au maximum quiconque fait:
- de la publicité sur un immeuble sans l'autorisation
du propriétaire et des autorités compétentes
- de l'affichage et des graffitis sur les immeubles
classés inscrits ou classés monuments historiques, sur les
monuments naturels et dans les sites inscrits ou protégés.
Article 105
Les circonstances atténuantes et le sursis ne sont pas
applicables aux infractions prévues par le présent code relatives
aux déchets dangereux.
Article 106
La tentative et la complicité des infractions
prévues par le présent code sont punissables des mêmes
peines que l'infraction elle-même.
Article 107
Les infractions sont constatées sur
procès-verbal par les agents assermentés de l'Autorité
Nationale Compétente.
Article 108
L'administration chargée de l'environnement peut
transiger en toute circonstance et à tout moment de la procédure
avant toute décision au fond.
La demande de transaction est soumise à
l'Autorité Nationale Compétente qui fixe en cas d'acceptation, le
montant de celle-ci.
Article 109
La poursuite des infractions relevant du présent code
obéit aux règles définies par le code de procédure
pénale.
Article 110
Les collectivités locales, les associations de
défense de l'environnement régulièrement
déclarées ou toutes personnes doivent saisir l'Autorité
Nationale Compétente avant tout recours devant les juridictions et/ou
exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne les
faits constituant une infraction relevant de la présente loi et portant
un préjudice direct ou indirect aux intérêts collectifs ou
individuels.
TITRE VI : DISPOSITIONS FINALES
Article 111
Les modalités d'application des dispositions de la
présente loi feront l'objet de décrets.
Article 112
La présente loi abroge toutes les dispositions
contraires antérieures.
Article 113
La présente loi sera publiée au Journal Officiel
de la République de Côte d'Ivoire et exécutée comme
loi de l'Etat.
Fait à Abidjan, le 3 octobre 1996
Henri Konan BEDIE
ANNEXE V : UN EXEMPLE D'ACTION RELIGIEUSE EN
FAVEUR DE
L'ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
ANNEXE VI : HYMNE NATIONAL DE LA CÔTE
D'IVOIRE
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territoriales.
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Constitution de la République de Côte d'Ivoire du
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WEBOGRAPHIE
Actualités News Environnement :
www.actualites-news-environnement.com
Actu-environnement :
www.actu-environnement.com
Afrique Nature International :
www.afnature.org
Agora 21 :
www.agora21.org
Alliance des Religions et de la Conservation (ARC):
www.arcworld.org
Centre pour l'Environnement et le Développement :
www.africa-environnement.org
Conservation International :
www.conservation.org
Croix Verte internationale :
www.greencrossinternational.net
Earth Policy Institute:
www.earth-policy.org
Greenpeace :
www.greenpeace.org
Groupement intergouvernemental sur l'évolution des
climats (GIEC):
www.ipcc.ch
Institut de Wuppertal pour le climat :
www.wupperinst.org
Institut international du développement durable :
www.iisd.org
MaisonEco - Construction maison écologique, portail
collaboratif sur la construction de maisons saines et écologiques :
www.maisoneco.com
MDP Côte d'Ivoire :
www.mdp-cotedivoire.org
Médiaterre, système d'information mondial
francophone pour le développement soutenable :
www.mediaterre.org
Novethic, responsabilité sociale des entreprises et
investissement éthique :
www.novethic.fr
Observatoire de l'éco-politique internationale :
www.er-uqam.ca
Portail d'information des professionnels de l'environnement et
du développement durable : actualités, dossiers techniques,
emplois, services :
www.pro-environnement.com
Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) :
www.undp.org
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) :
www.unep.org
RefERE, Réseau francophone international de recherche
en éducation relative à l'environnement :
www.refere.uqam.ca
The International Society for Ecological Economics:
www.ecologicaleconomics.org
The Nature Conservancy:
www.tnc.org
Union mondiale pour la nature :
www.iucn.org
World Business Control for sustainable development:
www.wbcsd.org
World Resources Institute:
www.wri.org
Worldwatch Institute:
www.worldwatch.org
World Wide Fund for Nature:
www.wwf.org
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.............................................................................1
PREMIÈRE PARTIE : UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE GÉNÉRATRICE
D'UN DÉVELOPPEMENT
CARENCÉ....................................................................7
CHAPITRE 1 : L'INFLUENCE DU CARACTÈRE
CONFLICTUEL DE LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE AU PLAN
INTERNATIONAL..............................................9
Section 1 : Les orientations
classiques de la gestion environnementale.......................9
Paragraphe 1 : Les institutions
internationales..........................................................9
A/ Le cadre juridique global
d'action.....................................................................10
B/ Les questions du réchauffement climatique et de la
pollution.................................12
Paragraphe 2 : La société civile
internationale........................................................13
A/ La lutte
écologiste........................................................................................14
B/ Les courants
environnementalistes..................................................................15
Section 2 : Le nouveau paradigme de
l'économie écologique...................................17
Paragraphe 1 : La primauté de l'écologie sur
l'économie..........................................18
A/ L'évidente
nécessité.....................................................................................18
B/ La grande
opportunité...................................................................................21
Paragraphe 2 : L'imitation du cycle de la
Nature.....................................................22
A/ Des principes
écologiques..............................................................................23
B/ Des cultures
écologiques...............................................................................23
CHAPITRE 2 : LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE AU PLAN
NATIONAL...........27
Section 1 : La situation
environnementale............................................................27
Paragraphe 1 : Les milieux
naturels.....................................................................27
A/ L'état de la
flore...........................................................................................28
B/ L'état de la
faune..........................................................................................30
Paragraphe 2 : Les milieux
anthropiques...............................................................32
A/ La situation des zones
rurales........................................................................32
B/ La situation des zones
urbaines......................................................................33
Section 2 : La norme ivoirienne de
gestion de l'environnement.................................37
Paragraphe 1 : Le cadre
juridique........................................................................37
A/ L'apport de la première
République..................................................................37
B/ L'apport de la deuxième
République................................................................40
Paragraphe 2 : Le cadre
sociologique..................................................................42
A/ La perception politique du binôme « politique
environnementale - développement
durable »........................................................................................................42
B/ L'influence des
populations............................................................................44
DEUXIÈME PARTIE : POUR UNE POLITIQUE
ENVIRONNEMENTALE
GÉNÉRATRICE D'UN DÉVELOPPEMENT
DURABLE..........................................47
CHAPITRE 1 : L'ADOPTION D'UNE ÉTHIQUE DE
L'ENVIRONNEMENT...................49
Section 1 : Du fondement
éthique : la relation Homme - Nature
en Côte
d'Ivoire...............................................................................................49
Paragraphe 1 : La Nature, maître et
parent............................................................49
A/ La vision philosophico-mystique du
monde........................................................49
B/ Les types de rapports
entretenus.....................................................................51
Paragraphe 2 : La Nature, serviteur et
capital........................................................52
A/ Les conceptions dans la Côte d'Ivoire
rurale......................................................53
B/ Les conceptions dans la Côte d'Ivoire
moderne..................................................56
Section 2 : Du fondement
social : les forces sociologiques
de la
Nation....................................................................................................57
Paragraphe 1 : Les symboles de
l'Etat..................................................................57
A/ Les fondements symboliques de
l'Etat...............................................................57
B/ Le sens et la valeur des symboles de
l'Etat........................................................59
Paragraphe 2 : La culture, les religions et
croyances...............................................61
A/ Les cultures
traditionnelles.............................................................................62
B/ Les religions
étrangères.................................................................................63
CHAPITRE 2 : L'INSERTION DE LA GESTION
ENVIRONNEMENTALE DANS UN CADRE GENERAL D'ÉCONOMIE
ÉCOLOGIQUE.................................................67
Section 1 : Le rôle des
partenaires
externes..........................................................67
Paragraphe 1 : Les institutions
publiques.........................................................................68
A/ La coopération
onusienne..............................................................................68
B/ La coopération
inter-étatique..........................................................................69
Paragraphe 2 : Les institutions
privées.................................................................72
A/ Le cadre général
d'intervention.......................................................................72
B/ La participation à une économie
écologique......................................................74
Section 2 : La reconnaissance
citoyenne de la primauté de l'environnement................75
Paragraphe 1 : Le rôle des pouvoirs
publics...........................................................75
A/ Les aménagements
institutionnels...................................................................75
B/ L'éducation des
populations...........................................................................77
Paragraphe 2 : Le rôle des
populations................................................................79
A/ L'administration des collectivités
territoriales......................................................79
B/ La société
civile...........................................................................................82
CONCLUSION
GÉNÉRALE...............................................................................85
ANNEXES......................................................................................................90
BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................123
WEBOGRAPHIE............................................................................................135
TABLE DES
MATIÈRES..................................................................................137
* 1 Loi n° 2000-513 du
1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte
d'Ivoire.
* 2 C'est ce qui ressort de
la combinaison des six définitions du
substantif « politique » employé au
féminin, données par le Grand Larousse en 5 volumes,
1987, vol. 4.
* 3 Conférence tenue
à Stockholm en Suède en 1972. C'est la première
conférence internationale avec l'environnement pour thème.
* 4 Loi n° 96-766 du 3
octobre 1996 portant Code de l'Environnement.
* 5 Définitions du
Grand Larousse en 5 volumes, op.cit., vol. 2.
* 6 Paul BAIROCH et
François PERROUX sont cités par le professeur Georges Antoine
ACHIEPO dans son fascicule ECONOMIE POLITIQUE. Cours de
2ème année, collection Comment réussir,
ABC éditions, p.111.
* 7 Définition du
Grand Larousse en 5 volumes, op. cit.
* 8 Ibid.
* 9 Rapport de la Commission
mondiale sur l'environnement et le développement, Notre avenir
à tous, Montréal, éditions du Fleuve, 1988.
* 10 581 tonnes de
déchets toxiques déversées en Côte d'Ivoire par le
navire Probo Koala, battant pavillon grec, affrétée par la
multinationale Trafigura, enregistrée aux Pays-Bas. Les déchets
déversés sont constitués de pétrole, de sulfure
d'hydrogène, de phénols, de soude caustique et de mercaptans, le
tout dénommé « slop » dans le jargon
scientifique. Seize décès officiellement enregistrés,
95.247 victimes directes (Fraternité Matin, n° 12831 du
Samedi 18 au Dimanche 19 août 2007, p. 6.)
* 11 Le Rapport Brundtland,
sans le définir explicitement, pose le développement durable
comme « un développement qui s'efforce de répondre aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs. »
Comparer avec la définition du développement du Grand Larousse,
p. 4. Cette répétition de la notion de durabilité est
critiquée par Francis LAUGINIE dans son ouvrage Conservation de la
nature et aires protégées en Côte d'Ivoire. Par
ailleurs, les études de John PESSEY et de François HATEM
révèlent de nombreuses acceptions différentes du terme.
Aussi le concept prête-t-il, du fait de cette absence de
définition formelle, ajoutée à d'autres raisons, le flanc
à la critique : l'économiste Nicholas GEORGESCU-ROEGEN le
qualifie de « charmante berceuse » (Voir Jacob J. KRABBE,
« Quantifying Sustainability : the Entropy Approach »,
et Martin O'CONNOR, « On Steady-State : A
Valediction », Conférence internationale de
bioéconomie, Rome, 1991.).
* 12 La charte des Nations
Unies pose l'idéal nouveau qui doit animer les nations du monde
après la triste expérience des guerres mondiales. Elle
définit en outre les objectifs à atteindre en vue de la
réalisation de cet idéal : droit à la vie, droits de
l'homme, liberté et égalité des hommes, des nations.
Cependant, fait significatif, on note l'absence de principe consacré
à l'environnement. Lacune éthique et politique grave dont les
conséquences sont plus que manifestes de nos jours.
* 13 Convention
internationale sur la régulation des baleines. Washington D.C., 1946. 57
Etats signataires.
* 14 Ensemble de principes
énoncés par Ignacy SACHS, auteur de l'ouvrage
L'écodéveloppement : stratégies pour le XXIe
siècle, Collection Alternatives économiques,
éditions Sepros. Paris, 1997.
* 15 Conférence des
Nations Unies sur la désertification. Nairobi (Kenya), 1977.
* 16 Ce sont les trois
piliers sur lesquels repose le développement durable, selon le Rapport
Brundtland.
* 17 Abraham GADJI,
« Droit de l'homme à l'environnement. Saisissez le tribunal en
cas de dégradation de votre cadre de vie », in Cahier
économie & environnement, p. VIII, du quotidien de presse
Fraternité Matin, n° 12462 du Lundi 22 mai 2006.
* 18 Francis LAUGINIE,
Conservation de la nature et aires protégées en Côte
d'Ivoire, éditions CEDA/NEI Abidjan et Afrique Nature, p. 395.
* 19 Entre autres impacts
environnementaux des activités humaines, le Groupe intergouvernemental
pour l'évolution des climats (GIEC) estime, dans son dernier rapport
publié en 2007, l'augmentation globale des GES entre 1970 et 2004 due
à ces activités à 70%. Une autre démonstration du
groupe d'étude parle de « plus de 90% de chances »,
relativement au rôle de l'homme dans le réchauffement
planétaire. Quant au problème de la détérioration
de la couche d'ozone, il est à la base de l'élaboration du
protocole de Montréal (1987).
* 20 Moussa TOURE,
« Emission des GES. Des réductions encore
insignifiantes », in Fraternité Matin, n° 13002
du Jeudi 13 mars 2008, p. 3.
* 21 Lester R. BROWN,
Eco-économie. Une autre croissance est possible, écologique
et durable, éditions du Seuil, 2003, p. 201.
* 22 Participe
présent du verbe « planétiser », de
l'expression « planétisation »,
néologismes utilisés par le père Pierre TEILHARD DE
CHARDIN, in L'Avenir de l'Homme, éditions du Seuil, 1959.
* 23 Philippe SAINT-MARC,
« Protection de la nature », in Encyclopædia
Universalis, 1982, vol. 13, p. 690.
* 24 Donnela MEADOWS, et
al., Halte à la croissance ? (version anglaise :
Limits to Growth, 1972.)
* 25 Lester R. BROWN,
Eco-économie. Une autre croissance est possible, écologique
et durable, op. cit.
* 26 Jean-Louis BORLOO,
ministre français de l'Ecologie, du Développement et de
l'Aménagement Durables, cite Lester R. BROWN comme étant l'une
des sources d'inspiration des travaux du Grenelle de l'Environnement. Entretien
du 10 octobre 2007 dans l'émission « 7/10 » de Radio
France International (RFI) (source : Wikipédia, article
« Lester BROWN »).
* 27 Edward O. WILSON,
L'avenir de la vie, éditions du Seuil, 2003, p. 214.
* 28 Lester R. BROWN, op.
cit.
* 29 Fraternité
Matin, n° 13002 du Jeudi 13 mars 2008, p. 1.
* 30 Rapport annuel du
PNUE 2008.
* 31WWF, Rapport
Planète vivante 2008.
* 32 Expression
consacrée par les auteurs de la présente étude.
« Carnaval égo-économique » signifie la
croissance matérielle accélérée de
l'humanité réalisée dans l'ignorance et au
détriment de la nature.
* 33 Philippe SAINT-MARC,
« Protection de la nature », (avec P. Antoine), in
Encyclopædia Universalis, op. cit., p. 689.
* 34 René DUMONT,
Démocratie pour l'Afrique, éditions du Seuil, 1991, p.
80.
* 35 René DUMONT,
ibid.
* 36 Néologisme
dérivé du substantif latin « ebur », qui
signifie « ivoire ». Il sert à désigner la
Côte d'Ivoire.
* 37 Fraternité
Matin du Lundi 15 mai 2006. Article de Moussa TOURE,
« Protection de la biodiversité. Une crise écologique
guette la Côte d'Ivoire », in Cahier économie &
environnement, n° 97, p. VIII.
* 38 Fraternité
Matin, ibid.
* 39 Fraternité
Matin, n° 13002 du Jeudi 13 mars 2008, p. 3.
* 40 Ibid.
* 41 Institut international
de recherche sur les politiques alimentaires, Nutrient Depletion in the
Agricultural Soils of Africa, 1999. Cité par John MADELEY,
in Le commerce de la faim, collection Enjeux Planète,
éd. Alliance des éditeurs indépendants pour une autre
mondialisation, 2002 (version anglaise 2000), p. 54.
* 42 Lester R. BROWN, op.
cit., p. 124-125.
* 43 Renato PICHLER,
« Les Bishnoïs, une vie sans tuer », in
Vegi-Info, avril 2000.
* 44 Site internet
essénien : etre-essenien.blogspot.com.
* 45 Ibid.
* 46 Le Docteur
Bordeaux-Székély est le fondateur des centres écologiques
de santé « Rancho Puerta » et
« Puerta del Sol » en Californie aux Etats-Unis. On y
pratique le mode de vie écologique des Esséniens.
* 47 La Vie
Biogénique, éditions Soleil Diffusion, 1982, cité par
le Docteur Christian T. SCHALLER in « Santé
Globale », son site internet.
* 48 John MADELEY, Le
commerce de la faim, op. cit., p. 204.
* 49 Ibid., p. 204-205.
* 50 Ibid., p. 206.
* 51 On citera par exemple
le concept de « permaculture ». C'est une approche dont le
nom rime avec celui de Bill MOLLISON, agronome et écologiste australien,
qui dit qu'elle « se fonde sur le respect de la terre et des
gens. » Le terme signifie « agriculture
permanente ». Les adeptes de cette méthode n'utilisent en
général aucun intrant externe, ce qui ne les empêche pas
d'obtenir de hauts rendements, en comparaison avec les utilisateurs d'intrants
chimiques. Voir John MADELEY, op. cit.
* 52 La conjonction de
coordination « ou » est soulignée par les auteurs de
la présente étude. Cette phrase est symptomatique du dilemme dans
lequel l'Etat se trouve relativement à la conduite de la politique
environnementale de la nation. La combinaison de l'utilisation des deux types
d'énergie est bien sûr compréhensible dans la mesure
où les énergies renouvelables sont encore peu sollicitées,
et, éventuellement, dans un contexte de transition vers une
économie écologique. Mais justement, cela nécessitera la
sélection des énergies les moins polluantes possible, en
l'occurrence le gaz naturel, et seulement pour la transition. Par
conséquent, on ne peut faire de la promotion des énergies non
renouvelables une politique de base, un pilier de l'action environnementale de
l'Etat.
* 53 Kadio AHOSSANE,
« La difficile gestion du couple
environnement/développement », in PACIPE infos/news,
numéro 13, sept.-oct. 1998, p.6.
* 54 La Côte
d'Ivoire en chiffres édition 2007. République de Côte
d'Ivoire. Ministère de l'économie et des finances. Direction
générale de l'économie, p. 14. Voir aussi
Mémorial de la Côte d'Ivoire, op. cit., tome
troisième, p. 262.
* 55 Pour un
approfondissement de la question forestière, lire Les politiques
forestières de Gérard BUTTOUD, collection « Que
sais-je ? », Presses Universitaires de France, 1998.
* 56 Encyclopédie
générale de la Côte d'Ivoire, 1978. Grand
Dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire, 1986.
* 57 Francis LAUGINIE,
Conservation de la nature et aires protégées en Côte
d'Ivoire, op. cit.
* 58
L'Encyclopédie générale de la Côte
d'Ivoire, op. cit., vol.1.
* 59 A propos de la
microfaune L'Encyclopédie générale de la Côte
d'Ivoire conclut de façon assez
éloquente : « Il s'en faut naturellement de beaucoup
pour que ces animaux, et même seulement les plus abondants, soient tous
connus. » Vol.1, p. 230.
* 60 Francis LAUGINIE, op.
cit.
* 61 Voir
L'Encyclopédie générale de la Côte
d'Ivoire, Le Grand Dictionnaire encyclopédique de la Côte
d'Ivoire. Se référer aussi à l'ouvrage
Conservation de la nature et aires protégées en
Côte d'Ivoire de Francis LAUGINIE, qui contient en outre une
importante bibliographie rassemblant les nombreuses études sur la
question.
* 62 Kadio AHOSSANE, op.
cit.
* 63 La Côte
d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op.cit.
* 64 Agenda SODEFOR/GTZ,
2004.
* 65 Forces Nouvelles :
appellation donnée par ses membres au groupe d'insurgés
formé à partir de la fusion du MPCI (Mouvement Patriotique de
Côte d'Ivoire), du MPIGO (Mouvement Patriotique Ivoirien du Grand Ouest)
et du MJP (Mouvement pour la Justice et la Paix). Ce groupe occupe la
moitié nord du territoire ivoirien depuis la tentative de coup d'Etat du
19 septembre 2002.
* 66 Kadio AHOSSANE, op.
cit. ; La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007,
op. cit. ; L'Encyclopédie générale de la
Côte d'Ivoire, 1978.
* 67 S'agissant du terme
« ville », il y a lieu de distinguer ici la
définition classique, selon laquelle la ville, en Côte d'ivoire,
est « une localité d'au moins 3000 habitants
agglomérés dotée d'une fonction politique et
administrative... au sein de laquelle la population active non agricole est
supérieure ou égale à 50% » (La Côte
d'Ivoire en chiffres, édition 2007, p.15), de la définition
administrative donnée par le législateur ivoirien, qui fait de la
ville une collectivité décentralisée située
hiérarchiquement entre le District et la commune (Lazare Passo SERI,
La politique ivoirienne de décentralisation sous la Deuxième
République, mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies
en Droit Public, Université de Cocody, 2008). La définition
classique sera ici utilisée dans un souci de distinction d'avec les
agglomérations à peuplement numériquement
inférieur, appelées communément villages.
* 68 Sur
l'aménagement de l'espace rural, voir Kindo BOUADI, Dynamisme
économique et organisation de l'espace rural chez l'Agni du
N'Dénéan et du Djuablin (Côte d'Ivoire), thèse
n° 1, Université d'Abidjan, 1978.
* 69 La Côte
d'Ivoire en chiffres, édition 2007.
* 70 Loi n° 2001-476 du
9 août 2001 portant orientation générale de
l'administration du territoire, article 32 portant création du district.
Décret numéro 2005-314 du 6 octobre 2005 portant création
de 520 communes. Décret n° 2008-115 du 6 mars 2008 modifiant et
complétant le premier, portant création de 269 communes
supplémentaires. Pour de plus amples renseignements sur le sujet, voir
Lazare Passo SERI, La politique ivoirienne de
décentralisation sous la Deuxième République,
mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Droit Public,
Université de Cocody, 2008.
* 71 Kadio AHOSSANE,
op.cit.
* 72 Grands Lacs Hebdo, 25
août 2008, article de Théodore KOUADIO. Site :
www.manews.com.
* 73 Jacques ANDOH,
ex-ministre de l'Environnement, des Eaux et Forêts. Entrevue
réalisée à Mexico par Théodore KOUADIO à
l'occasion du quatrième Forum mondial de l'eau. Cahier
économie & environnement n° 93, in Fraternité
Matin du Lundi 3 avril 2006.
* 74 Fraternité
Matin, Cahier économie & environnement, n° 15 du
Lundi 3 mai 2004, p. XI.
* 75 Ibid.
* 76 Ibid.
* 77 Cet amer constat ne
doit guère occulter les actions menées par de braves personnes
soucieuses de la propreté de l'environnement. Voir
Débats numéro 41, « La gestion des
ordures ménagères », janvier 2007, Les Editions du
CERAP, p. 15-20.
* 78 Tiré de
l'album Bouche B du groupe musical « Les
Salopards », sorti en 1995.
* 79 Cahier
économie & environnement, n° 35 du Lundi 27 septembre
2004, p. VIII.
* 80 Cahier
économie & environnement, n° 112 du Lundi 2 octobre
2006, p. VI.
* 81 Kadio AHOSSANE, op.
cit.
* 82 Kpao Victor
TIHI, « Assainissement de la ville d'Abidjan. On occupe l'espace
avant son équipement en infrastructures », in Cahier
économie & environnement, n° 51, p.VII,
Fraternité Matin du Lundi 4 avril 2005.
* 83 Ibid., p. VIII.
* 84 Lester R. BROWN, op
.cit., p. 284-285.
* 85 Voir en annexe.
* 86 Kadio AHOSSANE, op.
cit., p. 6.
* 87 Guétondé
TOURE, La politique de l'environnement dans les capitales africaines,
éditions Literaturverz, 2006.
* 88 Direction de
l'Environnement, « Ville d'Abidjan », Rapport
d'activités, Abidjan, 1995, p.4. Cité par Guétondé
TOURE, op. cit.
* 89 Op. cit.
* 90 Ibid.
* 91 Voir le paragraphe
intitulé « Le rôle des pouvoirs
publics », p. 76-79, entre autres.
* 92 A ce propos, on
considérera notamment l'article 35 alinéa 2 du Code de
l'Environnement, qui stipule : « Si à une action
susceptible d'avoir un impact préjudiciable à l'environnement,
peut être substituée une autre action qui présente un
risque ou un danger moindre, cette dernière action est choisie
même si elle entraîne des coûts plus élevés en
rapport avec les valeurs à protéger. »
* 93
L'Encyclopédie générale de la Côte
d'Ivoire, Nouvelles Editions Africaines (NEA), 1978, vol.1, p. 339. Voir
aussi l'Anthologie des discours. Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
1946-1978, éditions CEDA, 1978.
* 94 Le ministre de la
Construction et de l'Urbanisme, qui avait également en charge
l'industrie, était, selon Koffi ATTAHI « d'avis que la
pollution industrielle était le prix que les jeunes pays du Tiers-monde
devaient payer pour soutenir la concurrence féroce en vue d'attirer les
investisseurs étrangers. » (Koffi ATTAHI, « Le
problème et ses fondements théoriques », in Adepoju G.
ONIBOKUN (dir.), La gestion des déchets urbains. Des solutions pour
l'Afrique, CRDI - Karthala, 2001, version anglaise 1999.)
* 95 Extrait du rapport de
politique générale du président Félix
HOUPHOUET-BOIGNY au VIIe congrès du PDCI-RDA, les 29, 30
septembre et 1er octobre 1980 à Abidjan, in
Mémorial de la Côte-d'Ivoire, op. cit., tome
troisième, p. 159. Les mots en italiques le sont par les auteurs de la
présente étude.
* 96 SCIENCE ET
ECOLOGIE, Manuel scolaire du Cours élémentaire
première année, éditions CEDA - Abidjan, 1983, p. 5.
* 97 Francis LAUGINIE, op.
cit., p. 31.
* 98 PACIPE
infos/news, op. cit., p. 9.
* 99 Fraternité
Matin, n° 13197 du Jeudi 6 novembre 2008, p. 7.
* 100 Chapitre premier de
la deuxième partie de la présente étude,
intitulé : « L'adoption d'une éthique de
l'environnement. », p. 50-67.
* 101
Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire,
1978, vol.3, p. 1100-1105.
* 102 Voir à ce
propos Joseph KI-ZERBO, « L'environnement dans la culture africaine.
Les rapports entre les Africains et la Nature », in Les Cahiers
du cycle postgrade en sciences de l'environnement, Cahier numéro 1,
EPFL, Lausanne, 1996. Cité par Mohamed L. BOUGUERRA, op. cit., p.
46-48.
* 103 Bohumil HOLAS,
cité par Le Grand Dictionnaire encyclopédique de la
Côte d'Ivoire, op. cit., in Article
« Assié », vol. 1, p. 141.
* 104 Tiona Ferdinand
OUATTARA, « le mythe de la création et de l'organisation du
monde chez les Sénoufo », in Mémorial de la
Côte-d'Ivoire, éditions Ami Abidjan, 1987, tome premier, p.
142-143.
* 105 Lester R. BROWN, op.
cit.
* 106 Mémorial
de la Côte-d'Ivoire, op. cit., p. 245-253.
* 107 Voir Kindo BOUADI,
op. cit. ; Pierre POILECOT, et al., Projet GEPRENAF. Annexe 2 :
Rapport sur la conservation de la biodiversité, Rome, 1994.
* 108 Mémorial
de la Côte-d'Ivoire, op. cit., p. 246.
* 109 Ibid.
* 110 La méthode de
pêche par empoisonnement est mentionnée dans le
Mémorial de la Côte d'Ivoire, op. cit., tome premier, p.
258. Voir aussi L'Encyclopédie générale de la
Côte d'Ivoire, op. cit., vol.1, p. 254.
* 111 A titre d'exemple, on
citera l'hippopotame chez les Baoulé (région de Sakassou, en pays
baoulé) ; les singes sacrés de Soko et les silures
sacrés de Sapia (Bondoukou, en pays abron) ; les
cercopithèques mones de Gbétitapéa (Daloa, en pays
bété) ; le lézard (Dabou, en pays adioukrou).
* 112 Voir
L'Encyclopédie générale de la Côte
d'ivoire, op. cit., vol.1, p. 250-252.
* 113 De nombreux travaux
se font l'écho de l'action négative de l'homme sur les
peuplements animaux. Voir le sous-paragraphe intitulé
« L'état de la faune », p. 30.
* 114 Voir Francis
LAUGINIE, op. cit.
* 115 Articles 19 et 28 de la
Constitution du 1er août 2000.
* 116 Voir le paragraphe
intitulé « Le cadre sociologique »,
p. 42-46. .
* 117 Ibid.
* 118 Voir le paragraphe
intitulé « Le cadre juridique », p. 37-41.
* 119 Le laisser-aller et
le manque de rigueur vis-à-vis des entreprises en vue de la
préservation de l'environnement et du cadre de vie ont encouragé
et encouragent encore beaucoup d'entre elles à ne consentir que peu
d'efforts pour se conformer aux normes de traitement de leurs effluents et
à un mode de fonctionnement respectueux des ressources. Encore que
celles-ci aient les moyens de s'affranchir d'un contexte international dont
elles dépendent et qui reproduit le même comportement
vis-à-vis de l'environnement. Voir l'article
« environnement » du Grand Dictionnaire
encyclopédique de la Côte d'ivoire, op. cit., tome 3, pp.
19-20 ; PACIPE infos/news, op. cit., p. 6.
* 120 Sur l'occupation
illicite des forêts classées et espaces protégés par
des exploitants agricoles, voir La Côte d'Ivoire en chiffres,
édition 2007, p. 85.
* 121 Article 19 de la
Constitution du 1er août 2000.
* 122 Article 28, ibid.
* 123 Article 25, ibid.
* 124 Voir l'introduction
de la présente étude, p. 2.
* 125 La lettre de
l'IDDH, octobre-novembre-décembre 2006, numéro 12, p. 2.
* 126 Ibid.
* 127 A ce propos, la
Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire donne un exemple
significatif à méditer : « Seigneur,
Père éternel, Créateur du ciel et de l'univers,
Créateur de cette terre de Côte d'Ivoire, Tu voulais en faire un
paradis pareil à celui confié à Adam et Eve. »
In Prière pour la paix en Côte d'Ivoire,
Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire, juin 2004. Vision
pouvant apparaître hardie pour certains mais moralement légitime
et scientifiquement raisonnable.
* 128 Particule
humaine : autre terme cher au père Pierre TEILHARD DE CHARDIN.
Désigne l'individu humain en tant qu'élément unique du
grand ensemble biologique formé par l'humanité, baptisé
« noosphère ». Voir L'Avenir de l'Homme,
op. cit.
* 129 Voir la section
première du chapitre 1er, deuxième partie de la
présente étude.
* 130 C'est un immense
univers que celui du folklore ivoirien, où les êtres vivants
autres que l'homme occupent une place éminente, à
côté de celui-ci. Voir les notes et les références
bibliographiques, consacrées au patrimoine culturel ivoirien, des
différents ouvrages consacrés au pays ou/et cités dans le
cadre de la présente étude. Voir aussi Mylène REMY, La
Côte d'Ivoire aujourd'hui, éditions du Jaguar, 1996.
* 131 Ces évocations
folkloriques de fraternité et de communauté
d'intérêt entre toutes les créatures sont
corroborées par les connaissances scientifiques qui certifient
l'unité indiscutable de la vie. Aussi le Pr. Edward O. WILSON a pu
dire : « L'humanité n'est pas un peuple d'anges
descendus en ce monde(...) Nous y avons fait notre évolution, nous,
espèce parmi de nombreuses autres, durant des millions d'années,
et nous y existons en tant que miracle organique lié aux autre miracles
organiques. » In L'avenir de la vie, op. cit., p. 69.
* 132 Mohamed L. BOUGUERRA,
op. cit., p. 77 : « Les Bishnoï, en Inde, ont
été officiellement honorés, en 1988, par le gouvernement
pour leur lutte héroïque à défendre la faune, la
flore et l'eau du désert de Rajasthan. » Voir aussi la
sous-partie intitulée « Quelques exemples de culture
écologique », p. 24-27, au chapitre 1er de la
première partie.
* 133 Données
statistiques du recensement général de 1998, in Rapport
national sur le développement humain en Côte d'Ivoire 2002,
p. 49.
* 134 Edward O. WILSON,
L'avenir de la vie, op. cit., p. 201.
* 135 Genèse
1 : 31, Traduction OEcuménique de la Bible (TOB). Toutes
les citations bibliques de la présente étude sont tirées
de cette traduction.
* 136 Genèse
9 : 9-12.
* 137 Osée 4 :
1-3.
* 138 Esaïe 11 :
1-9 ; Ephésiens 1 : 9-10.
* 139 Colossiens 1 :
19-20.
* 140 Romains 8 :
19-21.
* 141 A l'occasion du
huitième centenaire de saint François d'Assise, le pape Jean-Paul
II s'est adressé aux Ministres Généraux des Ordres
Franciscains en ces termes : « Les créatures et les
éléments ne seront plus protégés de toute violation
que dans la mesure où on les considère comme des êtres
auxquels l'homme est lié par des devoirs. » (Cf. Jean
GAILLARD, Les animaux, nos humbles frères, éditions
Fayard, 1986, p. 20-21.) On considérera aussi l'importance des propos du
révérend Stan L. LEQUIRE, aux Etats-Unis : « Nous,
évangélistes, reconnaissons de plus en plus que les questions
environnementales ne sont ni républicaines ni démocrates, mais
trouvent en réalité leur origine dans les plus merveilleux des
enseignements contenus dans les Ecritures, qui nous commandent d'honorer Dieu
en prenant soin de sa création. » (Cf. Edward O. WILSON, op.
cit., p. 202.)
* 142 Catéchisme
de l'Eglise catholique, 1992. Paragraphe 2415.
* 143 Apocalypse 11 :
18.
* 144 Sourate XXI, v.
30.
* 145 Sourate VI, v. 99.
* 146 Philippe FAURE,
Les anges, éditions du Cerf/Fides, 1988.
* 147 Sourate VII, v. 45.
* 148 Water and
sanitation in Islam, WHO, cité par Mohamed Larbi BOUGUERRA in
Les batailles de l'eau, op. cit., p. 33 & 39.
* 149 PACIPE
infos/news, op. cit. Le PACIPE, dans sa méthode d'éducation
environnementale a utilisé des hadiths du Coran traitant de la question.
Initiatives simples à réaliser et précieuses.
* 150 Le pape Jean-Paul II
a déclaré : « L'engagement du croyant en
faveur d'un environnement sain découle directement de sa foi en Dieu
créateur » (Message du Pape à l'occasion de la
23ème journée mondiale de la paix, le 1er
janvier 1990.) et encore « La protection animale est une
éthique chrétienne. » (Jean NAKOS, éditorial
intitulé « Pour une théologie de l'animal »
du webzine « Les chrétiens et les animaux »). Le
cardinal Joseph RATZINGER (l'actuel pape Benoît XVI) s'est posé la
question suivante dans son livre L'esprit de la
liturgie : « Le cosmos ne nous concernerait-il plus
aujourd'hui ? » Le patriarche Bartholomée
Ier, chef spirituel des chrétiens orthodoxes et cité
par Edward O. WILSON (op. cit., p. 201), a
dit : « Provoquer l'extinction d'une espèce et
détruire la diversité biologique de la création divine,
dégrader l'intégrité de la Terre (...) contaminer les eaux
de la Terre (...) tout cela, ce sont des péchés. »
* 151 Discours d'ouverture
prononcé à la Conférence internationale sur
l'environnement tenue à Poznan en Pologne du 1er au 12
décembre 2008. Cette conférence visait à avancer sur la
voie d'un nouveau texte en remplacement du protocole de Kyoto sur la
réduction des GES, qui expire en 2012 (Source : AFP, Jeudi 4
décembre 2008, citée par Yahoo ! news.)
* 152 Rapport de la
Commission Brundtland sur l'environnement et le développement. Version
en langue française : Notre avenir à tous, op.
cit.
* 153 Rapport national
sur le développement humain en Côte d'Ivoire 2002, p. 54,
encadré numéro 5.
* 154 Voir PACIPE
infos/news, op. cit.
* 155 Ibid.
* 156 Francis LAUGINIE, op.
cit. p. 659-660.
* 157 EDUCATION
ENVIRONNEMENTALE C.E., République de Côte d'Ivoire,
Ministère de l'Education Nationale et de la Formation de Base, Bureau
d'exécution du Projet BAD-Education IV, 1998. Réalisé en
collaboration avec le Ministère du Logement, du Cadre de vie et de
l'Environnement.
* 158 Francis LAUGINIE, op.
cit. p. 659.
* 159 Lester R. BROWN, op.
cit. p. 128.
* 160 Les Nations Unies,
à travers le PNUE, réfléchissent aux voies et moyens pour
orienter l'économie mondiale dans une dynamique écologique
salutaire. C'est la tâche confiée à l'économiste
indien Pavan SUKHDEV par M. Achim STEINER, directeur exécutif du PNUE. A
ce titre la première réunion de travail s'est tenue les
1er et 2 décembre 2008 à Genève en Suisse. Six
secteurs ont été identifiés : les infrastructures
environnementales ; le business tiré de la diversité
biologique ; les technologies propres ; les énergies
renouvelables ; les villes et les transports durables ; la gestion
des déchets. Pour plus de renseignements sur ces questions, consulter le
site internet du PNUE : www.unep.org.
* 161 Fraternité
Matin, n° 13152 du Jeudi 11 septembre 2008, p.1. Article de Moussa
TOURE.
* 162 Francis LAUGINIE, op.
cit., p. 662.
* 163 Le CERAP publie le
bulletin La lettre de l'IDDH, qui a abordé le thème
suivant : « Le droit à un environnement sain en
Côte d'Ivoire : théorie ou
réalités ? » Voir La lettre de l'IDDH
numéro 1, avril-mai 2004, et numéro 12,
octobre-novembre-décembre 2006.
* 164 L'ORSTOM participa
à l'élaboration d'un projet de centre d'Ecologie Tropicale
(L'Encyclopédie générale de la Côte
d'Ivoire, op. cit., vol.3, p. 1030.)
* 165 Fraternité
matin, Cahier économie & environnement n° 35 du
Lundi 27 septembre 2004, p. VIII.
* 166 Greenpeace International
et EREC (European Renewable Energy Council), Révolution
énergétique : vers un avenir énergétique
propre et durable, PrimaveraQuint (Pays-Bas), 2007.
* 167 Lester R. BROWN, op.
cit., p. 392.
* 168 Voir PACIPE
infos/news, op. cit. p. 9.
* 169 Francis LAUGINIE, op.
cit., p. 386.
* 170 Lester R. BROWN, op.
cit., p. 348. L'auteur donne dans l'ouvrage cité une explication du mode
d'usage de ces différents outils.
* 171 Cf.
Fraternité Matin, n° 13.152 du Jeudi 11 septembre 2008, p.
2-3. Lors de la première édition du Marché africain du
carbone tenue à Dakar au Sénégal, l'Agence Nationale
d'Appui au Développement Rural (ANADER) a décroché un
financement de 300 millions de francs CFA pour la production
d'électricité à partir du chauffage de résidus
agricoles. Plusieurs autres entreprises ivoiriennes ont également conclu
des accords ou/et noué de précieux contacts.
* 172 Le ministre
Théodore MEL EG a abordé ces questions à l'occasion de son
passage au journal télévisé de 13 heures du Mardi 21
octobre 2008, à la première chaîne de
télévision ivoirienne.
* 173 L'article 4 du Code
de l'Environnement est particulièrement concerné par cette
question, car il stipule que « la présente loi ne
s'applique pas aux activités militaires et aux situations de guerre.
Toutefois, les auteurs de telles activités sont tenus de prendre en
compte les préoccupations de l'environnement. » Les forces de
défense et de sécurité dans leur ensemble, en tant que
garants des valeurs de la République doivent être davantage
impliquées dans la politique environnementale de l'Etat.
* 174 Comme effet de la
politique éducative, certaines entreprises ont procédé
à la modernisation de leur structure de production en tenant compte de
la protection de l'environnement. Voir Guétondé TOURE, op. cit.
* 175 Voir le paragraphe
intitulé « Les milieux anthropiques », p.
?. Les auteurs de la présente étude partagent l'inquiétude
de Francis LAUGINIE : « La décentralisation à
outrance, prônée par les grandes institutions de financement, va
faire courir un très grand risque aux parcs et
réserves. » (op. cit., p. 377.)
* 176 Fraternité
Matin. Les chantiers de l'avenir. Hors-série, septembre 2008, p.
61. Article de Franck A. ZAGBAYOU intitulé « La
révolution par les conseils généraux. »
* 177 Pour l'état de
l'environnement ivoirien, voir le chapitre 2 de la première partie de la
présente étude. En ce qui concerne la réfutation de la
perception erronée de l'environnement comme sous-ensemble de
l'économie, voir le paragraphe intitulé « La
primauté de l'écologie sur l'économie » (section
2 du chapitre 1, première partie.), p. 19-23.
* 178 La valeur de la
consommation annuelle de venaison en Côte d'Ivoire était
estimée, au début des années 1980, à environ 50
milliards de francs CFA. En comparaison, les dépenses pour les parcs
nationaux ne représentaient, à la même époque, que
0,4 % de ce montant. Voir Francis LAUGINIE, op. cit. De 2001 à 2005 la
sylviculture n'a représenté que 1,4 % du Produit Intérieur
Brut (PIB) de l'Etat de Côte d'Ivoire, tandis que l'extraction
minière progressait de 2,3 % sur la même période. Voir
La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 2007, op. cit.
* 179 Fraternité
Matin, Cahier économie & environnement, n° 102 du
Lundi 26 juin 2006, p. VII.
* 180 Voir le paragraphe
intitulé « Le rôle des pouvoirs publics », p.
75-78.
* 181 Ibid., p.VI.
* 182 Ordonnance
présidentielle n° 2007-586 du 4 octobre 2007 abrogeant certaines
dispositions de la loi numéro 2003-208 du 7 juillet 2003 portant
transfert et répartition de compétences de l'Etat aux
collectivités territoriales.
* 183 Lester R. BROWN, op.
cit. Pour ne citer qu'un exemple, on sait que la production de tabac est
à la fois facteur de dégradation de la santé humaine et de
la santé de l'environnement (incendies causés par les
mégots de cigarettes). Voir Cahier éducation &
santé, n° 102 du Mercredi 14 juin 2006, p.VI-VII. ;
article « feu de brousse » du Grand Dictionnaire
encyclopédique de la Côte d'Ivoire, op. cit., vol.3, p.
66-67.
* 184 On se rappellera,
à ce propos, de la formule du président Houphouët :
« Celui qui a faim n'est pas un homme libre. »
* 185 Voir le paragraphe
intitulé « Le rôle des pouvoirs
publics », p. 75-78.
* 186 Commission Nationale
de Prospective. Côte d'ivoire 2025. Rapport de synthèse
cité par le Rapport national sur le développement humain en
Côte d'Ivoire 2002, op. cit., encadré numéro 4.
* 187 Rapport national
sur le développement humain en Côte d'Ivoire 2002, op. cit.
Voir aussi Dr. Patrick N'GOUAN, « Les dynamiques de la
société civile en Afrique de l'Ouest », in
L'Afrique de l'Ouest et la tradition universelle des droits de
l'homme, Denis MAUGENEST et Théodore HOLO (dir.), Les Editions du
CERAP, 2006.
* 188 On se souviendra
notamment des sympathiques titres relatifs à l'insalubrité, de
l'album Bouche B du groupe musical « Les
Salopards » (1995) et à l'environnement naturel, de l'album
Trait d'Union du groupe « Zouzouko Africa »
(1999).
* 189 Données
statistiques du recensement général de 1998, in Rapport
national sur le développement humain en Côte d'Ivoire
2002, op. cit.
* 190 Constitution de la
République de Côte d'Ivoire du 3 novembre 1960.
* 191 Constitution de la
République de Côte d'Ivoire du 1er août 2000.
* 192 Voir en particulier
les paragraphes intitulés « La primauté de
l'écologie sur l'économie », p. 19-23, et
« Le cadre sociologique » (p. 43-47) de la première
partie, ainsi que la section 1 (p. 50-58) du chapitre premier de la
deuxième partie.
* 193 L'hymne national
dit : « Notre devoir sera d'être un modèle de
l'espérance promise à l'humanité en forgeant unis dans la
foi nouvelle la patrie de la vraie fraternité. »
* 194 André MALRAUX,
La Tentation de l'Occident, 1926, cité par Georges BURDEAU dans
l'article « Nation », in Encyclopædia
Universalis, 1982, vol. 11, p. 565.
* 195 L'Avenir de
l'Homme, op. cit., p.73.
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