THEME / LE DROIT A L'ALIMENTATION DANS LES MENAGES DE
KINSHASA. Etude descriptive de quelques foyers de Lemba Terminus
Introduction Générale
Le droit à l'alimentation est un
droit universel qui appartient à chaque personne et à chaque
groupe humain vivant sur terre. C'est un droit humain reconnu à toutes
les échelles (national, régional, et international).
Au sommet mondial sur l'alimentation, en 1996, les chefs
d'Etat de 185 pays et la communauté européenne ont
réaffirmé, dans la déclaration de Rome sur la
sécurité alimentaire mondiale, le droit de chaque être
humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive
conformément au droit à une nourriture adéquate et au
droit fondamental de chacun d'être à l'abri de la faim.
Dès sa constitution, les Nations Unies ont
identifié l'accès à une nourriture suffisante à la
fois comme un droit de l'individu et une responsabilité collective. La
déclaration universelle des droits de l'homme (1948) proclamait que"
toute personne a droit à un niveau suffisant pour assurer sa
santé, son bien être et ceux de sa famille, notamment pour
l'alimentation".
Près de 20 ans, plus tard, le pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC, 1966),
approfondit ses concepts, en soulignant "le droit de toute personne à
une nourriture adéquate et en précisant le droit fondamental de
chaque être humain à être libéré de la faim".
Selon le premier objectif des OMD (objectifs du
Millénaire pour le développement), le nombre de personnes de ceux
qui souffrent de faim est à réduire de moitié d'ici 2015
et à 850 millions de personnes souffrent de faim dont 815 millions dans
les pays en développement soit 40 millions de plus qu'il y a 10 ans.
Mais hélas, bien que reconnu dans le monde, le
constat général est amer lorsqu'on parcourt des chiffres et des
données sur l'alimentation mondiale (surtout des pays en
développement comme la République Démocratique du
Congo).
Plusieurs causes expliquent cette situation de crise ou de
carence alimentaire dans le monde: sécheresse, inondations,
problèmes de terre, des conflits sociaux ne permettant pas d'intenses
activités agricoles et agropastorales diversifiées.
Nous retenons que les causes de la sous-alimentation et les
conséquences qu'elle peut engendrer sont nombreuses et complexes. Nous
pensons les résumer en complétant les injustices sociales, les
exclusions politiques ou économiques, les multiples discriminations, les
catastrophes naturelles, etc.
Néanmoins, il est logique d'en faire une analyse
profonde et multisectorielle, en dépit d'une situation alimentaire
sombre. Ce droit permet dans les pays où il est effectif de sauver des
populations en détresse. Ces dernières se trouvent pour la
plupart des cas dans les situations d'urgences alimentaires.
Il ressort de tous les constats que nous pouvons faire sur la
situation alimentaire dans le monde que le droit à l'alimentation de
nombreuses personnes est violé, et plusieurs personnes sont sous
alimentées et n'ont pas accès à une alimentation saine
comme le confirment Christophe Golay et Molik Ozden (2005).
Ce droit n'est pas effectif dans beaucoup de pays, pourtant il
est reconnu par les Nations Unies comme un droit fondamental. La
République Démocratique du Congo n'est pas épargnée
par tous ces problèmes liés aux multiples crises alimentaires. Sa
situation alimentaire est sujette à caution et demeure très
difficile à l'heure actuelle où les populations urbaines
croupissent dans la misère en se nourrissent mal.
Cependant, beaucoup de facteurs démontrent que la
situation chaotique que la RDC a connue (conflits, changements de régime
politiques, instabilité politique). Ces problèmes ont
placé le pays dans les situations sans précédentes de
précarité et d'urgence alimentaire, économique, sociale,
agricole, etc.
Pour le cas particulier de l'agriculture, de nombreux
agriculteurs ont du abandonner leurs terres et leurs moyens naturels de
subsistance (pêche, élevage) pour se refugier ailleurs. Il est
clair qu'il leur faudra beaucoup de temps pour qu'ils retrouvent leur
stabilité sociale et foncière afin de rentrer sur leur terre.
Et pourtant, ce retour pose encore des problèmes dans
certaines parties du pays à cause des îlots ou foyers
d'insécurité persistante (surtout dans la partie Est du pays).
Aussi, le rétablissement de l'ordre économique est loin
d'être atteint.
Aucun secteur de développement rural ou urbain ne peut
être relancé durablement sans un retour à la paix politique
et sociale. Pour ces quelques raisons avancées, l'alimentation
générale pose encore de sérieux problèmes en termes
de production agricole, animale, agroalimentaire, etc.
Beaucoup de régions sont restées
enclavées, des terres pillées et abandonnées
jusqu'à ce jour et des lignes d'approvisionnement agricoles
interrompues, les trafics sur des cours d'eau ralenties.
Nous pouvons donc conclure avec Jean Ziegler, que la
population congolaise est aujourd'hui affamée et la situation
alimentaire est dans l'impasse. Celui-ci estime que plus de la moitié
de la population est directement ou indirectement touchée par la
faim.
1. PROBLEMATIQUE
Le droit à l'alimentation n'est pas une option
politique que la République Démocratique du Congo peut choisir de
suivre ou non. Il est plutôt une obligation qui doit être
respectée et appliquée pour le respect des conditions
alimentaires des populations habitant les villes tout comme les campagnes.
En réalité, l'effectivité du droit
à l'alimentation pose sûrement des problèmes dans la
plupart de pays pauvres où les problèmes alimentaires font partie
des conséquences du sous développement. C'est la même
situation en République Démocratique du Congo en
général, et dans la quasi totalité de ses villes, y
compris les principaux quartiers et les principales communes. La misère
et l'apparence des crises alimentaires sont flagrantes.
De ce fait, beaucoup de questions peuvent être
posées pour ce qui concerne le respect et l'application du droit
à l'alimentation en RDC et surtout dans les quartiers choisis comme
support pour cette étude.
Ainsi, notre analyse répondra aux questions
suivantes:
-le droit à l'alimentation est-il reconnu en RDC comme
un droit fondamental ?
-y a t il des instruments nationaux de reconnaissance du droit
à l'alimentation en République Démocratique du
Congo ?
-existe-t-il d'autres droits qui sont en relation ou qui
incluent le droit à l'alimentation?
-quels sont les principaux types d'aliments consommés
par les habitants de Kinshasa et ceux de Lemba Terminus?
-la consommation alimentaire justifie-t-elle le respect du
droit à l'alimentation de la population de la ville de Kinshasa en
général et de Lemba Terminus en particulier ? -quelles sont
les principales conséquences de l'application ou de non application du
droit à l'alimentation à Lemba Terminus?
Les réponses à toutes ces questions permettront
de comprendre comment le droit à l'alimentation est appliqué
dans les ménages de Lemba Terminus en particulier et dans ceux de
Kinshasa en général.
2. Hypothèses de Recherche
Le droit à l'alimentation n'est pas respecté et
protégé effectivement dans les ménages de
différents quartiers de la ville de Kinshasa en particulier, et en
République Démocratique du Congo en général. La
principale justification en est que les populations urbaines et villageoises
consomment mal en quantité et en qualité les aliments qu'ils se
procurent difficilement.
Il y a inaccessibilité à une alimentation
suffisante et de qualité expliquée par une
détérioration du pouvoir d'achat d'une population dont les
conditions de vie sont déjà difficiles pour s'alimenter
dignement.
La situation alimentaire générale sombre est
aggravée par l'insuffisance des productions agricoles (produits de
l'élevage, de la pêche, de l'agriculture,...), ainsi que par les
retombées de multiples crises sectorielles multiformes que la RDC a
connues ces dernières années. Les conséquences d'une sous
alimentation sont donc nombreuses, surtout du point de vue sanitaire.
3. Objectifs de Recherche
3.1. Objectif général
Cette étude analyse quelques facteurs de la
consommation alimentaire des habitants de Kinshasa, afin de tirer des
conclusions sur l'effectivité de l'application du droit à
l'alimentation en République Démocratique du Congo.
Elle ressort logiquement les conséquences sanitaires du
non application de ce droit dans les ménages de la capitale et dans tous
les autres milieux de vie du pays.
3.2. Objectifs spécifiques
A travers la même étude, nous comptons
également: -sensibiliser les couches de populations de
la ville de Kinshasa en général et de Lemba Terminus en
particulier, pour la reconnaissance et le respect de leur droit à
l'alimentation.
-éveiller tous les esprits en matière des droits
à la vie, droit à la santé, droit à une nourriture
saine et équilibrée, et de tous les autres droits qui sont
intimement liés au droit à l'alimentation.
-conscientiser les dirigeants pour la promotion et le respect
de la qualité de la vie à travers la promotion d'une alimentation
digne pour une population en pleine croissance.
-pousser toutes les institutions éducatives, sociales,
administratives, religieuses à prendre en compte tous les
problèmes d'alimentation pour les quartiers d'étude et la ville
de Kinshasa.
Objet et Intérêt de recherche
Le but de cette étude est de se rendre compte de
l'effectivité du droit à l'alimentation en République
Démocratique du Congo en général, et dans les quartiers de
Lemba Terminus en particulier. Les éléments qui permettront de
tirer des conclusions constitueront également une étude
approfondie, c'est le cas de la lutte contre l'insécurité
alimentaire et la lutte contre la faim.
Le droit à l'alimentation (droit à la
nourriture) est un thème très important, intéressant et
d'actualité dans la mesure où son contenu serait vital pour les
hommes à cette époque où la crise alimentaire mondiale est
effective avec toutes les conséquences qui y sont liées. Ce
droit est reconnu dans le monde depuis l'adoption de la déclaration
universelle des droits de l'homme en 1948.
En réalité, le respect de ce droit par les
nations, par les organisations (intergouvernementales, internationales,
nationales, etc.) est un tremplin pour le bien être et l'émergence
d'une société humaine digne de ces valeurs.
Face au défi alimentaire en RDC, un sujet qui traite de
l'alimentation devrait être placé au rang de priorité
absolue. Une telle analyse permettra à travers ses propositions de
mobiliser les esprits et les moyens financiers, matériels afin
d'améliorer les conditions de vie et rendre effectif le droit de bien se
nourrir des populations de Kinshasa et de tout le pays.
5. Méthodes, Techniques de Recherche et
Echantillonnage
Méthodes et Techniques
Pour cette étude, nous avons utilisé la
méthode descriptive appuyée principalement par les techniques de
collecte de données, de l'observation sur terrain, de l'interview, et
des statistiques (la plupart de nos résultats étant
chiffrés et présentés sous forme des tableaux).
La consultation des documents été
également très importante car nous nous sommes servis d'une
abondante documentation écrite (générale, écrite,
visuelle). C'est la technique documentaire.
5.2. Echantillonnage
Nous avons considéré le 1/10 de la
totalité des parcelles (soit 450 parcelles) de l'ensemble de toutes les
parcelles des quartiers de Lemba Terminus. Nous sommes donc descendus dans
chacune de ces parcelles pour interroger les ménages au sujet de
certains facteurs déterminant ou expliquant leur réalité
alimentaire. Il s'agit donc d'un échantillon probabiliste
aléatoire que nous avons utilisé.
6. Structure et circonscription du travail
Ce travail est divisé en trois chapitres et les
enquêtes ont couvert le site de Lemba Terminus qui comprend 5 quartiers
administratifs qui représentent chacun une aire de santé dans la
zone de santé de Lemba faisant partie du district de Moamba.
Délimiter notre sujet d'étude
est une contrainte de la recherche scientifique. En effet toute démarche
scientifique exige un découpage de la réalité. Il n'est
pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments
influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre comme le pense
Roezsohazy (1971).
C'est pourquoi, la présente délimitation permet
si facilement de travailler en profondeur au lieu d'être superficiel
comme le pense Man H. que la délimitation permet à l'auteur de
mener sa recherche avec suffisamment d'efficacité et de
lucidité.
Le premier chapitre analyse les
généralités en rapport avec le droit à
l'alimentation en République Démocratique du Congo en
générale, sa définition, son effectivité et la
sécurité alimentaire dans la ville de Kinshasa d'où font
partie les quartiers d'étude.
Le deuxième chapitre analyse et interprète les
données de terrain. Il étudie la consommation alimentaire de la
population afin de tirer des conclusions relatives au respect ou à la
violation du droit à l'alimentation des populations de la ville de
Kinshasa et de la République Démocratique du Congo en ce moment
où les multiples crises constituent les sujets d'actualité. Il
ressort également les causes du respect ou du non respect de
l'application du droit à l'alimentation dans les ménages de
Kinshasa et de Lemba Terminus. Les résultats sont
interprétés d'une manière générale sur base
des données présentées dans les tableaux.
Enfin, le troisième chapitre présente les
propositions pour le respect et l'application du droit à l'alimentation
dans les différents ménages de la République
Démocratique du Congo en général, et dans les quartiers de
la ville de Kinshasa en particulier.
Concernant l'alimentation, la déclaration universelle
sur l'éradication de la famine et la malnutrition dans son article 1
déclare que: "chaque homme, femme, et enfant a le droit
inaliénable d'être libéré de la faim et de la
malnutrition afin de se développer pleinement et de conserver ses
facultés physiques et mentales".
CHAPITRE 1: Les Généralités
Nous parlons successivement dans ce chapitre des concepts
généraux relatifs au droit à l'alimentation dans le monde
et en République Démocratique du Congo, et à la
sécurité alimentaire en survolant quelques points essentiels
susceptibles d'éclairer notre thème d'étude.
1.1. Le contexte général du droit
à l'alimentation en République Démocratique du Congo et
dans le monde
1.1.1. Définition et Explication du concept
droit à l'alimentation
Jean Ziegler trouve que le droit à l'alimentation est
le droit à un accès régulier, permanent et libre, soit
directement, soit au moyen d'achat monétaires, à une nourriture
quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante,
correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le
consommateur et qui assure une vie psychique et physique individuelle et
collective, libre d'angoisse, satisfaisante et digne.1(*)
L'accès à l'alimentation pose beaucoup de
problèmes dans les pays en voie de développement. Ceci confirme
aussi la violation de son droit .Cette inaccessibilité se remarque
à travers la malnutrition ou la dénution et toutes ses
conséquences dont la cécité, les malformations, l'atrophie
du cerveau, etc.
Les affamés sont condamnés à une
marginalisation et à une pauvreté qui se transmettent de
génération en génération. Et pourtant, la faim
n'est pas une fatalité, mais plutôt la conséquence des
actions des hommes. Elle peut être éradiquée avec une dose
mesurée de volonté humaine et surtout politique.
La faim est un phénomène causé par
l'homme. Elle est le résultat soit de l'inaction soit des mesures
négatives qui violent le droit à l'alimentation. Il est
indispensable que la lutte contre la faim soit menée afin que ceux qui
en ont une existence rivée dans cet étau de la pauvreté,
puissent s'en sortir.
De cette longue définition du droit à
l'alimentation, nous pouvons donc comprendre que ce droit consiste d'abord
à s'alimenter dans la dignité, ensuite, c'est le droit
d'être aidé si on ne peut pas s'en sortir seul.
Globalement, le droit à l'alimentation comprend
l'accès à la terre (pour avoir des ressources vitales), la
sécurité à la propreté (pour éviter des
conflits fonciers), l'accès à l'eau (pour boire et faire
l'agriculture), l'accès aux semences, aux crédits, aux
technologies, aux marchés locaux et régionaux, l'accès aux
zones de pêche traditionnelle pour les communautés des
pécheurs, etc.
Il est donc facile de comprendre que ce droit a un contenu
très varié et complexe car la vie fait recourt à beaucoup
de domaines pour sa garantie. Le droit à l'alimentation n'est pas
à dissocier de la dignité humaine car il permet de
réaliser les autres droits fondamentaux consacrés dans la charte
internationale des droits de l'homme2(*).
Ce droit comprend la disponibilité et l'accès
à l'alimentation. Les pays du monde surtout les pays pauvres en
général et la RDC en particulier reconnaissent le droit) la
nourriture suffisante comme un droit fondamental à travers les chartes
et les conventions ratifiées.
1.1.2. La reconnaissance du droit à
l'alimentation comme un droit fondamental
Il est démontré que dans les faits, le droit
à l'alimentation protège en priorité les individus et les
groupes des personnes discriminées, les femmes et les enfants, les
paysans sans terre, les peuples indigènes et tribaux, les petits
pêcheurs, les habitants des bidonvilles, les sans -emplois, etc.
Autre avis, nous pensons que les mécanismes sont mis en
place pour appliquer effectivement ce droit surtout en faveur des
vulnérables. Nous pouvons donc comprendre et souhaiter que la
défense du droit à l'alimentation et l'exigence de son
application soit d'une urgence capitale.
Beaucoup de pays reconnaissent donc ce droit comme un droit
fondamental, ceci à travers leur constitution. Mais, il y a d'autres
pays qui le reconnaissent seulement à certains groupes
vulnérables de la population (enfants, adolescents, personnes
âgées).
Le caractère fondamental de ce droit réside dans
le fait que toute personne a le droit d'avoir accès à une
nourriture et à une eau suffisante, à la sécurité
sociale et l'assistance appropriée...Les vulnérables ont droit
à un niveau nutritionnel minimum et à des services sociaux de
base (cas des enfants et des personnes de 3eme âge). Ceci est-il le cas
en RDC?
Les problèmes alimentaires de la RDC sont criants et
par conséquent la reconnaissance du droit à l'alimentation et son
application effective sont de conditions inévitables pour les instances
concernées, ainsi que par la constitution nationale. Cette
reconnaissance est capitale car elle permet de porter plainte devant un organe
judiciaire local ou national pour la violation du droit à
l'alimentation.
Ceci n'est pas encore une" monnaie" courante ou une habitude
pour beaucoup de pays. Il en serait une habitude spéciale pour les
congolais qui malheureusement et apparemment ont un accès difficile
à l'alimentation. Nous le remarquons par manque des structures
nationales en matière d'assistance alimentaire, à l'exception de
quelques organisations non gouvernementales, des organisations
intergouvernementales et régionales qui interviennent par moment sur
terrain dans ce domaine.
L'accès à une alimentation saine est aussi tout
autre problème en dehors de la disponibilité à
l'alimentation. Nous comprendrons la nature de ces problèmes en
analysant toutes les situations de terrain relatives à la consommation
alimentaire dans les ménages des quartiers de Lemba Terminus à
Kinshasa.
1.1.3. L'accès à l'alimentation et le
Droit à l'alimentation
Dans certains pays, le droit à l'alimentation n'est pas
reconnu comme un droit fondamental mais l'accès à l'alimentation
est inscrit dans les constitutions comme un principe, un but ou un objectif
social ou politique essentiel.
Tous les pays qui ont ratifié des pactes, des chartes
ou des conventions...sont obligés à ce titre d'inscrire dans leur
législation nationale le droit à l'alimentation en tant que droit
fondamental et de prendre des mesures qui s'imposent pour sa
réalisation. C'est le cas des pays qui ont ratifié le pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Mais il est reconnu par d'autres voies par exemple à
travers d'autres droits fondamentaux comme le droit à la vie, le droit
à la protection de la dignité humaine ou à travers la
reconnaissance des traités internationaux ou
continentaux3(*).
Dans la plupart des pays, le droit à la vie est reconnu
comme un droit fondamental dans les différentes constitutions, Il est
alors possible que ce droit puisse inclure la protection du droit à
l'alimentation. Les Etats doivent interpréter largement le droit
à la vie et inclure par l'élimination de la malnutrition.
1.1.4. Le recours en cas de violation du Droit
à l'alimentation
La situation de sous alimentation dans le monde à
l'heure actuelle montre que le droit à l'alimentation est violé
dans beaucoup de pays. Il en est le cas en République
Démocratique du Congo où les conditions apparentes de vie se sont
dégradées surtout ces dernières années
d'instabilité politique, sociale et économique.
Logiquement, un état qui ratifie les textes sur le
droit à l'alimentation, est obligé de l'appliquer. Ainsi, les
populations victimes de violation peuvent en obtenir réparation et
compensation. Le droit à l'alimentation est un droit humain que les
Etats sont tenus de respecter car les droits humains priment sur tous les
autres droits qui peuvent exister.
Il est certain que le droit à l'alimentation est
violé à travers le monde, les différents pays par le biais
des mouvements sociaux, des organisations non gouvernementales et
intergouvernementales doivent lutter pour placer les populations
opprimées dans leur droit de se nourrir et de vivre dignement.
1.1.5. L'exclusion des personnes
En ce qui concerne les décisions en matière de
l'alimentation, beaucoup de personnes sont exclues. Elles ne sont pas
écoutées, leur avis n'est pas sollicité. Ces personnes ne
mènent pas une vie normale et digne, elles sont exposées aux
conséquences de la faim. On pense aujourd'hui que 852 millions de
personnes sur la planète restent sous alimentées4(*) car
elles n'ont pas accès à des ressources des productions
suffisantes : la terre, l'eau, les semences, la pêche.
La faim, c'est l'exclusion de la terre, du revenu, du travail,
du salaire, de la vie, et de la citoyenneté. Quand une personne arrive
au point de ne plus avoir à manger, ce que tout le reste lui a
été dénié. C'est une forme d'exil et c'est la mort
de la vie.5(*)
En RDC, les violations du droit à l'alimentation
peuvent être le fait d'une action de l'Etat congolais ou d'autres
entités insuffisamment réglementées par l'Etat. C'est
l'exemple du non réglementation par l'Etat des activités des
particuliers ou des groupes de façon à les empêcher de
porter atteinte au droit à l'alimentation.
Les exemples sont nombreux pour ces cas
précités, c'est le cas des importations des privés non ou
mal contrôlées par l'Etat, ce qui a des répercussions sur
la consommation alimentaire et par conséquent le droit à
l'alimentation des populations urbaines de la ville de Kinshasa.
En effet, il faut reconnaître qu'en plus de cette
violation citée, beaucoup de personnes restent exposées à
la faim et à ses conséquences. Elles sont exclues d'une
société humainement digne, elles sont donc
marginalisées.
1.1.6. Les textes pertinents de reconnaissance du
droit à l'alimentation (à l'échelle internationale et
régionale)
Le droit à l'alimentation a été reconnu
dans de nombreux textes aux niveaux international, régional et national.
Au niveau international, les deux principaux textes sont la déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 et le pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels de 1966.
Au niveau régional, ce sont la charte africaine des
droits de l'homme et des peuples de 1981 et le protocole additionnel à
la convention américaine des droits de l'homme traitant des droits
économiques, sociaux et culturels de 1988 appelés aussi le
protocole de san salvador.
Au niveau national, les constitutions nationales reconnaissent
soit le droit à l'alimentation directement, soit d'autres droits
fondamentaux pouvant comprendre le droit à l'alimentation, comme le
droit à la vie.
Dans la déclaration universelle des droits de l'homme,
les Etats ont proclamé ce qui suit :"toute personne a droit à un
niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien être et
ceux de sa famille, notamment pour alimentation, l'habillement, le logement,
les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux
nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de
chômage, des maladies, d'invalidité, de veuvage par suite des
circonstances indépendantes de sa volonté". Ceci est
stipulé dans son article 25. Cette déclaration universelle est
aujourd'hui acceptée par tous les Etats, c'est ce qui justifie sa force.
Le pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels a été adopté presque 20 ans
après la déclaration universelle des droits de l'homme. Dans ce
pacte, les états ont reconnu plusieurs droits humains,
économiques, sociaux et culturels parmi lesquels le droit à
l'alimentation, le droit à la santé, le droit à
l'éducation, le droit au logement, et le droit au travail...
Par son article 11, les états se sont engagés
à prendre les mesures nécessaires pou réaliser :"le droit
de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et
sa famille, y compris une nourriture suffisante ainsi qu'à une
amélioration constante de ses conditions d'existence" et "le droit
fondamental qu'à toute personne d'être à l'abri de la
faim". Ce pacte est un traité qui est juridiquement obligatoire pour
tous les 151 Etats qui l'ont accepté par ratification ou
adhésion.
Sur le continent africain, le droit à l'alimentation
est protégé par deux textes: la charte africaine des droits de
l'homme et des peuples et la charte africaine des droits et du bien être
de l'enfant. Cette deuxième ne reconnaît pas explicitement le
droit à l'alimentation. Le droit à la santé reconnu dans
ce texte est reconnu comme protégeant le droit à l'alimentation.
La charte africaine et du bien-être de l'enfant est plus explicite.
1.2. La Sécurité Alimentaire à
Kinshasa
1.2.1. La Pratique du Droit à l'alimentation
sur le plan Institutionnel
1.2.1.1. Les obligations et les pratiques du droit
à l'alimentation
La RDC est sur la liste des Etats partie au pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Elle
a été ratifiée depuis 1976, ainsi, elle a des obligations
définies d'abord par le gouvernement, et ensuite par les organes de
contrôle au niveau international6(*).
Il s'agit du comité des droits économiques,
sociaux et culturels des Nations -Unies et la commission africaine des droits
de l'homme et des peuples. Raison pour laquelle, la RDC est dans l'obligation
de respecter, de protéger et de donner l'effet au droit à
l'alimentation c.à.d. elle doit faciliter et réaliser le droit
à l'alimentation, comme il en est pour les autres Etats7(*).
Le Gouvernement congolais doit respecter et faire respecter le
droit à l'alimentation à travers plusieurs opérations
(exemple : ne pas chasser les paysans de leurs terres, trouver des solutions
durables aux problèmes fonciers surtout à l'Est du pays,
concevoir des politiques pour la promotion agricole, la création
d'emplois pour assurer ainsi un niveau de vie meilleur à tous les
congolais,...).
Les droits sur la terre des populations indigènes
doivent être reconnus et respectés par l'Etat congolais. Le pays
doit avoir une législation nationale claire qui garantit le droit
à l'alimentation. Il doit traduire les textes internationaux et
régionaux de droit à l'alimentation dans la législation
nationale.
Dans la constitution congolaise, le droit à
l'alimentation doit être présenté comme un droit
fondamental. En plus, les éléments du droit à
l'alimentation doivent être inscrits comme les cas de l'accès
à la terre, l'accès à l'eau, la garantie d'un revenu
minimum ou la protection sociale, etc.
En dépit de toutes les difficultés de nature
complexe, ces obligations du pays pour la réalisation et la
sécurisation du droit à l'alimentation doivent être
effectives.
Le gouvernement congolais doit réaliser le droit
à l'alimentation de ceux qui n'ont aucune chance d'avoir accès,
seuls à une alimentation adéquate (aujourd'hui, c'est le cas de
presque tout le monde mais surtout des réfugiés, des
déplacés de guerres, des personnes sans logement et sans terre,
des vulnérables et des victimes des catastrophes naturelles, etc.).
L'Etat doit par exemple fournir de l'aide directe qui peut
être alimentaire pour ceux qui n'ont aucun accès à une
production, ou financière pour ceux qui ne peuvent se procurer des
aliments sur les marchés locaux.
Ces genres d'interventions sont d'une exigence
régulière et permanente dans les situations normales tout comme
dans les situations d'urgences (l'Est du pays vit depuis 1997 beaucoup de
situations d'urgences qui nécessitent des interventions du gouvernement
bien que la communauté internationale et régionale y soit
mobilisée).
L'intervention de l'Etat congolais dans ce domaine
précis de l'alimentation permettra la réalisation d'autres droits
fondamentaux. Ainsi donc, la sécurité alimentaire de toutes les
personnes sera d'une importance capitale, surtout les personnes vivant dans les
grandes villes congolaises. Ainsi, beaucoup de choses peuvent être
faites telles que l'alimentation des prisonniers, des enfants de la rue, des
élèves dans les écoles, et de tous les membres dans les
familles...8(*)
1.2.1.2. La reconnaissance nationale du droit à
l'alimentation à travers la constitution congolaise
Dans les précédents points, il a
été signalé que le droit à l'alimentation est
reconnu implicitement par certains pays à travers le monde. Et nous
avons remarqué que la RDC a ratifié les textes internationaux et
régionaux pertinents pour ce qui concerne le droit à
l'alimentation.
La constitution actuelle de la RDC reconnaît pour son
compte le droit à l'alimentation implicitement dans son article 46
à travers la reconnaissance du droit à la vie. Ce dernier inclut
donc la protection du droit à l'alimentation.
Cet article stipule que : " la personne humaine est
sacrée et que l'Etat est dans l'obligation de la respecter et de la
protéger". Il renforce en signalant que toute personne n'a droit
à la vie, à l'intégrité physique ainsi qu'au libre
développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de
l'ordre public, du droit d'autrui et de bonnes moeurs.
Le droit à la vie reconnu par l'Etat congolais est une
garantie pour les autres droits entre autre le droit à l'alimentation.
Néanmoins, dans l'article 41 de la constitution, le droit à la
santé et la sécurité alimentaire est garanti à
travers différentes applications et fait partie des droits de l'homme
dans l'ensemble.
Pour la première fois depuis son indépendance,
le Congo est doté depuis le 29 juin 2001 d'une charte des droits
fondamentaux qui a été voulue complète et constitutive.
Cette charte contient un catalogue des droits qui vont de
droits classiques, politiques et civils, droits économiques, sociaux et
culturels, aux droits de la 3eme génération, voir de la 4eme
génération (droit à la vie, droit à
l'égalité, et à la non discrimination, droit à la
santé, droit au travail....9(*)).
Nous comprenons donc que les deux formes explicite et
implicite du droit à l'alimentation sont reconnues dans cette charte
congolaise. Mais, il faudrait retenir que plusieurs droits et garantis sont
aussi définis et consacrés par des textes nationaux (exemple :
décrets lois, arrêtés ministériels de
différents ministres de la santé, de l'agriculture, textes de
proclamation directe des droits de l'homme, mais qu'en réalité le
sont). Les principes fondamentaux du droit à l'alimentation et les
règles d'organisation de la sécurité alimentaire sont
fixés par ces textes.
Certains éléments sont reconnus comme
prioritaire pour la réalisation du droit à l'alimentation en RDC.
C'est le cas du logement, de l'accès à l'eau potable et à
la garantie d'un revenu minimum ou la protection et l'assistance sociale, etc.
Bien que ces éléments soient reconnus dans la constitution
congolaise, dans le vécu quotidien des congolais, leur violation et leur
méconnaissance sont criantes.
Dans la constitution congolaise, le respect des droits de
l'homme, dans l'ensemble est exigé dans l'article 45 où il est
demandé aux pouvoirs publics de promouvoir et d'assurer par
l'enseignement, l'éducation et la diffusion des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Ces mêmes pouvoirs publics ont le devoir
d'assurer également la diffusion de l'enseignement de la
déclaration universelle des droits de l'homme et des peuples, ainsi que
de toutes les conventions régionales et internationales relatives aux
droits de l'homme10(*).
Pour notre avis, nous pensons qu'à travers cet
enseignement, un accent devrait être placé sur l'importance de
l'alimentation pour le développement humain en général et
dans la formation de l'esprit et de la personnalité. Ainsi le droit
à l'alimentation devrait être enseigné et
présenté à toutes les couches sociales congolaises comme
un droit fondamental, une condition sine qua non pour la réalisation
d'autres droits11(*).
1.2.1.3. La protection nationale du droit à
l'alimentation et les mécanismes de sauvegarde
1.2.1.3.1. La protection nationale
Nous avons déjà dit que la reconnaissance
d'autres droits fondamentaux (comme le droit à la vie) inclut la
protection du droit à l'alimentation en République
Démocratique du Congo .Ce droit à la vie est reconnu par la
constitution congolaise, il doit logiquement être
interprété largement par les organes congolais de
contrôle.
Le droit à l'alimentation est également
protégé à travers d'autres droits fondamentaux. C'est le
cas par exemple du droit à la protection de la dignité humaine
qui est garantie par la constitution ainsi que le droit national congolais qui
protège aussi le droit à l'alimentation par la reconnaissance et
l'application des textes internationaux relatifs aux droits économiques,
sociaux et culturels 12(*).
L'Etat congolais protège et applique par principe le
droit à l'alimentation à travers ces éléments
précités par l'existence des ministères (et des services
annexes) : ministère de l'agriculture, de l'élevage et de
pêche, ministère de santé publique, ministère de
travail, ministère des droits humains, etc.
1.2.1.3.2. Les mécanismes congolais de
sauvegarde de droits de l'homme
En RDC, les droits de l'homme sont protégés dans
l'ensemble par certaines institutions. C'est le cas de l'observatoire national
des droits de l'homme, de la commission congolaise des droits de l'homme et du
peuple,...dont nous examinerons quelques uns.
a) L'observatoire national des droits de
l'homme
Il est une institution d'appui à la démocratie
crée le 09/04/2002 par une réalisation des participants au
dialogue inter congolais. Il fait partie de cinq institutions d'appui à
la démocratie qui ont pour mission de promouvoir et de protéger
les droits de l'homme. C'est là les mêmes missions
réservées à l'observatoire national des droits de
l'homme.
b) La commission congolaise des droits de
l'homme
Elle est une structure particulière de promotion et de
protection des droits de l'homme et du peuple crée en juin 2001 par une
conférence nationale sur les droits de l'homme, convoquée par le
ministre des droits humains. Les objectifs sont relatifs à l'application
des principes du plan national de promotion et de protection des droits de
l'homme notamment la création d'une structure de promotion et de
protection de ces droits.
c) Les cours et tribunaux classiques dans le
rôle de protection des droits de l'homme
Il est considéré de notoriété
publique que les cours et tribunaux soient au sein d'un Etat les premiers
protecteurs du droit de l'homme. Et le droit constitutionnel congolais
dès l'accession du pays à l'indépendance leur confie
derechef ce rôle. La loi fondamentale du 19/05/60 relative aux structures
du Congo inaugure par son article 185, le principe d'un exercice exclusif par
les cours et tribunaux classiques de la fonction juridique en matière
des droits de l'homme.
1.2.1.4. Le contrôle national du droit à
l'alimentation en RDC
L'analyse des points précédents a montré
que la constitution de la RDC reconnaît à la fois implicitement et
explicitement le droit à l'alimentation. L'état reconnaît
le droit à la vie et celui de la sécurité alimentaire. Ces
deux sont respectivement la forme implicite et explicite du droit à
l'alimentation.
Le besoin qui s'avère indispensable en dehors de sa
reconnaissance est l'ensemble de mécanismes pour le contrôle du
droit à l'alimentation car d'une façon générale,
les états sont obligés de respecter, de protéger ou de
donner effet au droit à l'alimentation.
Les victimes de violation de ce droit doivent recourir aux
mécanismes de contrôle surtout judiciaires pour le revendiquer car
ces victimes ont droit à une réparation adéquate, une
compensation ou une garantie de non répétition13(*). Toute personne dont les
besoins fondamentaux en alimentation sont violés, doit pouvoir porter
plainte et obtenir réparation et compensation pour la violation du droit
à l'alimentation.
Il est évident qu'en RDC, il se pose des
problèmes de culture populaire qui ne favorise pas un recours massif et
régulier à des juridictions pour revendiquer la violation d'un
droit quelconque. Ce recours n'est pas une habitude courante ou
régulière. Pire encore, est la situation dans les milieux
reculés ou marginalisés où le manque d'informations ,
l'analphabétisme, l'inaccessibilité à des structures
étatiques, la naïveté et la peur,...constituent des freins
pour la reconnaissance et la revendication des droits fondamentaux par les
congolais.
Rares sont les plaintes déposées pour violation
des droits sociaux, du droit à la santé, du droit à l'eau
potable et au logement décent, etc. Et pourtant les violations sont
massives et permanentes à tous les niveaux et les domaines de la vie en
RDC.
Les ONG et les OIG assurent tant soit peu la
sécurité alimentaire par des interventions ponctuelles sur le
terrain: distribution des vivres, semences, des techniques et des outils pour
la pêche et l'agriculture...Certains mouvements sociaux tels que les
organisations de protection des droits humains et des organisations de
développement oeuvrant en RDC, condamnent le gouvernement pour violation
du droit à l'alimentation en particulier et des droits humains des
congolais en général.
1.2.2. L a Pratique effective du droit à
l'alimentation en RDC
1.2.2.1. L'analyse des données et des domaines
pour l'application du droit à l'alimentation
Pour bien comprendre d'une autre manière cette question
liée au droit de l'alimentation, il est important de s'attarder sur les
autres éléments pour permettre une bonne perception des faits.
C'est le cas de l'analyse des données relatives aux productions
agricoles (en particulier les données alimentaires) et animales
(produits de pêche et de l'élevage), pour la réalisation du
droit à l'alimentation...
Le secteur informel (ses avantages et ses
inconvénients) et celui de l'agroalimentaire seront
évoqués comme domaines importants pour comprendre les situations
liées à la sécurisation alimentaire et à
l'effectivité du droit à l'alimentation.
a) L'approvisionnement et la consommation des
denrées alimentaires et des produits vivriers en RDC
La situation alimentaire et humanitaire actuelle et les
perspectives en RDC sont très préoccupantes. Les conflits
successifs que le pays a connus sont à la base de la dégradation
des conditions alimentaires générales, ainsi que celles
d'approvisionnements en denrées alimentaires de base et autres produits
agricoles.
Les conséquences générales de tous ces
conflits (qui continuent et qui continueront encore) se font ressentir
jusqu'à nos jours car les infrastructures détruites pendant cette
période des troubles n'ont pas été toutes
réaménagées.
C'est la raison pour laquelle des liaisons entre les centres
de production animale et végétale, et les centres de consommation
(ex: les grandes villes) sont restées précaires. C'est cette
situation qui est une des causes qui explique la diversité des crises
alimentaires actuelles généralisées en RDC, surtout dans
les grandes villes.
La forte hausse des prix des denrées alimentaires et
leur approvisionnement difficile dans les centres urbains sont expliqués
d'une part par la perturbation des activités agricoles et
agroindustrielles, d'autre part par l'inaccessibilité aux zones
agricoles aujourd'hui coupées des centres urbains.
Ainsi, la violation du droit à l'alimentation n'est pas
à démontrer car elle est apparente. Une nouvelle politique de
l'approvisionnement des villes et des centres urbains en denrées
alimentaires pour leur sécurisation alimentaire s'impose. La situation
est également aggravée par la crise alimentaire mondiale de nos
jours, accentuée par la crise financière.
L'insécurité alimentaire reste
préoccupante en RDC car elle touche environ 70% des personnes. Depuis
1998, la production des principales cultures accuse les tendances suivantes :
moins 20% pour les céréales ; moins 20% pour les racines et les
tubercules, moins 6% pour les légumes s et les fruits, etc. 14(*).
Le cas le plus frappant est celui du manioc qui est la culture
de base d'autant plus qu'elle occupe au moins 50% des terres arables et couvre
70% à 80% des apports des congolais. Il faut certes reconnaître
que la culture de la production de cet aliment est principalement due aux
maladies et aux attaques par les insectes et aussi par l'abandon forcé
des champs expliqué par l'instabilité politique.
Nous pouvons donc conclure que les productions
vivrières (manioc, mais, arachides, haricots, millet, courge, riz,...),
cultures maraîchères légumes à graines, bananes et
plantains ont sensiblement baissées pour des raisons qui sont
évoquées dans ce point. La consommation qui dépend de ces
productions pose alors de sérieux problèmes qui expliquent le non
respect et l'effectivité du droit à l'alimentation en RDC
à l'heure actuelle, surtout dans les grandes villes comme Kinshasa.
D'ailleurs, ces mêmes enquêtes sur
l'insécurité alimentaire en RDC ont affirmé
également que : "en termes de la consommation des aliments, les
dernières enquêtes couvrant la période allant de mars
à septembre 2003 signalent une consommation moyenne de 1700
kcal/per/jour et 48 g de protéines / pers. /jour contre les standards de
71 g/pers./jour. Les mêmes enquêtes signalent une dépense
alimentaire de 0,25dollard UE par jour par personne".
Considérant que les conditions se sont
détériorées tout au long de ces dernières
années depuis 2003 jusqu'aujourd'hui, nous nous réservons le
droit de réaffirmer que ces données présentées ont
empiré.
b) La production des poissons
La consommation des poissons est l'une des sources pour lutter
contre la carence en protéines de base pouvant assurer la bonne
santé d'un corps humain et en vitamines de base, et pour répondre
aux problèmes alimentaires d'une population. La République
Démocratique du Congo offre naturellement beaucoup de
potentialités pour ce qui concerne une production éventuelle des
poissons par une promotion et une valorisation de la pêche (fluviale,
lacustre, dans les eaux douces..).
Les cours d'eau, les lacs, les fleuves présentent une
diversité d'espèces de poissons .Malheureusement, ces
possibilités n'ont pas été exploitées ou ne sont
pas exploitées à l'heure actuelle pour les besoins alimentaires
de la population congolaise. Les différentes politiques ont
privilégiés plutôt les importations des poissons ou le
"silence" pour des intérêts autres que ceux de la population.
A titre d'exemple, tous les lacs de l'Est du pays, sont
poissonneux à l'exception du lac Kivu qui renferme le gaz
méthane. Mais la pêche n'y a jamais connu de véritables
campagnes promotionnelles pouvant permettre la production des poissons pour
couvrir tous les besoins alimentaires. Il en est de même pour les autres
cours d'eau dans leur ensemble. Pour couvrir les carences en poisons, le pays
recourt à des importations de poissons de mer appelés "Mpiodi"
dont la consommation par les populations est devenue également un luxe
ce dernier temps.
Ces importations sont malheureusement soumises aux caprices
des douanes et de transport. Elles ne couvrent pas en réalité des
besoins alimentaires en poissons tant dans les grandes villes que dans les
centres semi urbains (ou l'arrière pays).Il se pose également des
problèmes de transport et de conservation des poissons du moins pour les
régions qui en produisent vers les centres de consommation. La
dégradation des voies de desserte en est la principale cause pour le cas
de transport. Mais il y a aussi le manque d'outils appropriés, y compris
les conséquences généralisées de la crise
alimentaire mondiale.
En RDC, La production des poissons a connu une chute moyenne
de 45% .Les infrastructures de pisciculture, activité qui devrait venir
en appui à la pêche sont dans un état de
délabrement très avancé ou d'inexistence totale. Cette
activité était autrefois le monopole des projets à
capitaux étrangers, aujourd'hui ne fonctionnant plus en RDC ou ayant
fermé les portes à cause de troubles et autres politiques
locales.
Les sociétés industrielles très rares
tournent au ralenti par manque ou arrêt des financements de l'Etat ou de
l'extérieur. C'est le cas de la pêcherie industrielle de Moanda
(PIM).Toutes ces difficultés pour la pêche, bien qu'elles ne
soient pas toutes citées, aggravent la situation alimentaire en RDC et
par conséquent renforcent et compliquent encore une fois la violation du
droit à l'alimentation. Ce dernier est également expliqué
par tous les problèmes liés à l'élevage et à
la production animale en RDC.
c) L'élevage et la production animale
La production animale reste trop faible en RDC, que ce soit
celles de l'élevage du bétail et de volaille ou celles de la
pêche, de la pisciculture et de la chasse. Beaucoup d'efforts doivent
être déployés dans ce domaine pour répondre à
une demande croissante d'une population en croissance rapide.
La tendance générale des productions animales
est toujours à la baisse. Aucune perceptive ne laisse présager
même une légère amélioration à court ou
à long terme. Les provinces de l'Est et du Nord-est du pays, qui
constituent les aires à vocation pastorale ont perdu près de 80%
de leur cheptel. Ainsi donc les grands centres urbains et semi urbains sont
mal approvisionnés en viande et autres productions animales.
Il se pose réellement un problème de manque de
volonté politique qui doit favoriser la promotion de l'élevage en
priorité par rapport aux importations pour les besoins alimentaires.
L'intervention de l'Etat pour l'amélioration de la production animale en
RDC reste une priorité parmi les priorités. Elle exigerait le
renforcement des capacités techniques des productions ainsi que
l'installation des infrastructures et de structures modernes d'élevage,
d'abattage et de distribution des productions vers les centres de
consommation.
1.2.2.2. La situation alimentaire
générale en RDC
Bien que disposant des potentialités agricoles
innombrables, la RDC connaît depuis des années des
problèmes d'insuffisances alimentaires qui l'ont secoué ces
dernières années.
Ils ont placé le pays dans des situations sans
précédentes de précarité et d'urgences alimentaire,
sanitaire, économique, sociale, agricole, etc. Pour le cas particulier
de l'agriculture, de nombreux agriculteurs ont du abandonner leurs terres et
leurs moyens naturels de subsistance (pêche, élevage,...) pour
chercher refuge dans d'autres villes, régions ou pays, dans les camps de
fortune...Il leur a fallu ou il leur faudra encore du temps pour rentrer sur
leurs terres.
Ce retour n'est pas toujours bien garanti à cause des
îlots ou foyers d'insécurité persistance (surtout dans la
partie Est du pays, bien que les efforts actuels sont déployés
pour une situation sécuritaire générale qui doit tendre
vers une pacification totale. Aussi, le rétablissement
général de l'ordre économique est loin d'être
atteint ou envisagé.
Aucun secteur ne peut être relancé durablement
sans un retour réel à la paix sociale et politique. Pour cette
raison évoquée, l'alimentation en RDC pose encore de
sérieux problèmes, car la production végétale et
animale, est à ce jour ralentie à cause de toutes les raisons
précédemment avancées. Ainsi les conditions de vie
s'étant dégradées, l'accessibilité et la
disponibilité à la nourriture sont aujourd'hui une urgence
prioritaire et en même temps un casse-tête pour les populations.
Les effets conjugués des guerres ont fait sombrer les
populations congolaises (surtout dans les villes et celles des régions
touchées par les conflits) dans la misère et la sous alimentation
déjà préexistantes ou post conflits. Ils ont
renforcé la pauvreté et la malnutrition à tel point que la
nourriture est devenue un réel "luxe" pour une population qui ne
remplissait pas au départ les conditions en normes alimentaires (exemple
:en protéines, en vitamines, en nombre de repas par jour, etc.).
Il est acceptable à l'heure actuelle que les pillages
et les exactions, l'économie en ruine, les conflits divers font partie
du quotidien de la RDC depuis 1998. Depuis cette date des mouvements successifs
de la population et la sécurité chronique ont à court et
à long terme des effets dévastateurs sur les infrastructures,
l'économie rurale et la vie en général. D'où les
conditions difficiles de vie à tous les points de vue, surtout dans les
grandes villes.
Certaines régions sont restées enclavées,
des terres pillées et abandonnées jusqu'à ce jour, et des
lignes d'approvisionnement agricoles interrompues, le trafic sur des cours
d'eau ralenti,...La population congolaise est aujourd'hui affamée et la
situation alimentaire générale est dans l'impasse15(*).
1.2.2.3. Le secteur agroalimentaire en RDC
L'agroalimentaire est l'ensemble des activités de
transformation des produits de l'agriculture (culture, élevage,
pêche) destinées à l'alimentation. Ce secteur est d'une
grande importance pour l'alimentation populaire surtout dans les grandes
villes. Il jouerait un rôle pondérant là où toutes
les mesures de promotion et d'encadrement devraient être prises.
L'implantation des industries alimentaires exige de grands
investissements afin d'élever la production. Ces industries existent en
RDC, mais leurs productions ne répondent pas aux besoins alimentaires et
ruraux. C'est le cas de sucreries, des minoteries, des boulangeries, des
brasseries, des charcuteries, conserveries, des huileries, etc.
Malheureusement, les produits issus des transformations de ces
industries en RDC ne donnent pas des aliments de base à la
portée de tous les congolais. Le nombre d'industries agroalimentaires
est aussi limité sur toute l'étendue du pays.
Tous ces éléments démontrent encore une
fois de plus les conditions alimentaires difficiles et par conséquent
ils justifient la violation du droit à l'alimentation. Les populations
n'accèdent pas facilement à ces produits de l'agriculture, de la
pêche et de l'l'élevage transformés par les industries
agroalimentaires. Et pourtant, c'est un secteur qui pouvait protéger et
venir en aide cette population menacée par la sous alimentation et la
faim chronique.
1.2.2.4. Le secteur informel de l'alimentation
à Kinshasa et en RDC
Le secteur informel de l'alimentation a été
défini comme le" secteur produisant des aliments et des boissons
prêts à être consommés, préparés ou
vendus par des vendeurs spécialement dans les rues et dans les autres
lieux publics similaires16(*).
Ce secteur prend en général dans les villes
africaines et en particulier dans les villes congolaises des dimensions
particulières. L'urbanisation rapide et les difficultés
économiques ont favorisé l'augmentation du nombre des vendeurs
d'aliments sur la voie publique. Ce secteur présente hélas, des
caractéristiques parmi lesquelles, on peut tirer des aspects
négatifs, des aspects positifs et des stratégies pour un
réel secteur pourtant nécessaires pendant cette période de
crise alimentaire en RDC.
Le secteur informel de l'alimentation recouvre principalement
l'alimentation de la rue qui constitue une solution aux nombreux
problèmes et besoins des populations de grandes villes congolaises. Il
offre aux populations urbaines des aliments et des boissons prêts
à être consommés au goût congolais et à des
prix (ou des coûts acceptables et accessibles même par les gagne
petits).
En effet, le niveau de vie congolais s'étant
dégradé, l'organisation d'une vie familiale normale pose de
problèmes à cause de la faiblesse des revenus .En plus, l'absence
des moyens de transport adéquats et de nombreux travailleurs,
étudiants, écoliers ne pouvant pas rentrer chez eux pour manger,
ainsi que plus d'autres raisons, ces cas expliquent une alimentation à
tout prix sur les voies publiques.
Le manque de système efficace de restauration
collective comme les cantines sur les lieux du travail (à notre
connaissance, il n'en existe pas à travers les grandes villes
congolaises), pousse la population à acheter dans la rue de quoi se
nourrir à peu de frais par rapport à ce que lui coûterait
un repas à la maison.
A titre d'exemple pour le seul cas de la ville de Kinshasa, il
est difficile à l'heure actuelle de recenser tous les restaurants "de
fortune", faits" de bric et de broc", offrant des cadres tant bien que mal aux
congolais et aux kinois en particulier. Ils peuvent être en plein air,
sous les arbres, accrochés aux maisons d'habitation, etc.
Beaucoup de familles dans les grandes villes, surtout à
Kinshasa semblent dépendre de l'alimentation de la rue. Les
phénomènes, des migrations de ces dernières années
ont renforcé et multiplié le nombre de personnes vivant seules et
se trouvant en situations alimentaires difficiles. D'après les
études, la RDC est à la tête des pays africains dans la
typologie des consommateurs en pourcentage par rapport au total du groupe
considéré (sexe, état civil, l'âge et taux de
fréquentation).
Les études entreprises par la FAO dans les villes font
état de l'utilisation des matières et ingrédients de
mauvaises qualités microbiologiques, voir même en état de
décomposition, de l'eau non potable sous forme de boissons ou sous forme
de glace, des additifs alimentaires non autorisés ou en qualité
impropre, de vaisselles et emballages impropres au contact avec les aliments ou
insuffisamment nettoyés, etc.
Il faut noter également de mauvaises techniques de
préparation, d'emballages, de conservation et de vente des aliments dans
un environnement précaire (manque d'eau potable, proximité des
voies d'évacuations des eaux usées, des égouts et tas
d'ordures, chaleur et ensoleillement excessif qui sont également
à l'origine de contamination microbiologique, etc.).Les
conséquences de toutes ces manipulations sont mêmes fatales dans
la plupart de grandes villes.
Les fraudes et les falsifications sont nombreuses dans le
secteur informel de l'alimentation, à savoir l'omission
d'ingrédients essentiels ou la réduction en teneur de certains
ingrédients (par exemple: jus de fruits sans fruits, des sauces
à viande où seuls les os sont présents...).Les
contaminations microbiologiques (ex: les moisissures et les flores) et
chimiques (rancidité d'huiles) sont nombreuses.
Il est cependant difficile d'évacuer les effets sur la
santé et la nutrition des aliments contaminés ou
falsifiés. Les cas d'intoxications alimentaires causées par les
aliments de la rue sont particulièrement nombreux et mortels. Ils sont
comptés dans le vécu quotidien des kinois.
La préparation des aliments sur la rue a aussi des
conséquences sur l'environnement telles que la fumée des
cuisines, l'encombrement des voies publiques aggravant la situation
précaire des infrastructures et exposant les populations affamées
à des maladies. Et là, c'est tout un autre problème d'un
autre droit qui est violé, il s'agit du droit à la
santé.
De ces quelques aspects négatifs du secteur informel de
l'alimentation en RDC, il est important de retenir et de comprendre encore une
fois les conditions difficiles pour accéder à une alimentation
digne pour les congolais. Ce qui justifie que les conditions normales pour le
respect de l'alimentation ne sont pas réunies en République
Démocratique du Congo. De surcroît, il découle de toute
cette logique alimentaire que le droit à l'alimentation est
violé.
Les analyses précédentes ont permis de tirer des
conclusions sur le droit à l'alimentation en République
Démocratique du Congo en Général et à Kinshasa en
particulier. Nous pouvons retenir que l'analyse de données ne favorise
pas le respect du droit à l'alimentation car les populations sont
exposées à la faim chronique et à la sous alimentation.
Elles mangent mal qualitativement et quantitativement parce
que les productions agricoles, animales, agroindustrielles,...sont très
faibles ou nulles. D'où la violation apparente du droit à
l'alimentation en République Démocratique du Congo en
Général et à Kinshasa en particulier que nous
vérifions sur le terrain en utilisant comme support le site de Lemba
Terminus afin d'extrapoler les résultats à toute la ville de
Kinshasa.
CHAPITRE 2 : ANALYSE DE L'APPLICATION
DU DROIT A L'ALIMENTATION DANS LES FOYERS DE LEMBA TERMINUS :
enquêtes sur terrain et interprétation des
résultats
INTRODUCTION
La faim reste, selon les termes de l'organisation des Nations
Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO),"la manifestation la plus
extrême de la pauvreté17(*) et du dénuement ". Elle engourdit
l'intellect et affaiblit la productivité, empêchant des
sociétés entières de réaliser pleinement leur
potentiel.
Une alimentation de piètre qualité n'est pas
seulement préjudiciable à la santé, elle peut
également mettre la vie en danger. Le chercheur William Chandler note
qu'une malnutrition due à une mauvaise hygiène alimentaire
emporte 10 fois plus d'enfants que la famine proprement dite. Elle est la
première cause de la mortalité dans le monde. Un rapport de
l'UNICEF explique qu'aucune épidémie, aucune inondation, aucun
tremblement de terre ni aucune guerre n'a jamais pris la vie de 250 000
enfants en une semaine.
Selon cet organisme, c'est pourtant ce que font à
l'échelle mondiale, la malnutrition et les maladies qui en
découlent. La malnutrition provoque d'autres dommages impossibles
à quantifier : elle amoindrit les facultés intellectuelles,
affaiblit la main-d'oeuvre, nuit à la productivité et à la
qualité du travail.
L'OMS résume le problème en ces
termes : « la malnutrition englobe ainsi un large spectre
de troubles,notamment la dénutrition,les carences nutritionnelles et la
suralimentation,elle tue,mutile, attarde,invalide,rend aveugle et entrave le
développement humain dans des proportions vraiment énormes
à l'échelle planétaire ».
Pour les familles pauvres urbaines et rurales de la RDC,
elles consomment mal en quantité et en qualité et les
conséquences dues à cette situation sont nombreuses (maladies,
accroissement des dépenses des ménages déjà pauvres
pour lutter pour leur propre survie,...). Leur droit à l'alimentation
n'est pas respecté.
Partant de ces affirmations, nous regroupons nos
enquêtes sur terrain en trois points suivants: la consommation
alimentaire dans les ménages de Lemba Terminus, les causes du non
respect de l'application du droit à l'alimentation et les
conséquences du non respect du droit à l'alimentation dans les
ménages de Lemba Terminus.
Certes, toutes ces analyses de terrain permettront de tirer
des conclusions relatives au respect ou à la violation du droit à
l'alimentation dans la plupart des ménages de ce site choisi comme
support afin d'extrapoler les résultats à toute la ville de
Kinshasa et à la République Démocratique du Congo.
2.1. La consommation alimentaire dans les
ménages
Il est démontré dans ce point le respect ou la
violation du droit à l'alimentation à travers la qualité,
la quantité et la diversité des aliments consommés par
les différents ménages à Kinshasa. Pourtant d'autres
aspects tels que l'heure de repas, le nombre de repas par jour, les
fréquences, le rationnement ...seront aussi évoqués afin
d'être fixé sur ce droit.
De l'avis de Hector Bourges, directeur de la section Nutrition
à l'institut des sciences médicales et de nutrition Salvador
Zubiran, au Mexique, une alimentation saine doit être complète,
suffisante et équilibrée. Il préconise
d' « inclure à chaque repas au moins un aliment de
chaque catégorie et de varier autant que possible des aliments pris dans
chaque groupe ainsi que la façon de les préparer ».
Nous pensons que ces recommandations ne sont pas
respectées à Kinshasa et dans ses différents quartiers, y
compris les quartiers d'étude, c'est ce que nous démontrons dans
l'analyse de ce point.
2.1.1 Les types d'aliments
consommés
L'homme a besoin chaque jour de manger et de boire car
l'alimentation est indispensable à la vie. Une bonne alimentation doit
fournir à l'organisme les éléments dont il a besoin pour
fonctionner. Elle est donc l'une de clés essentielles de la
santé.
Le corps humain a donc besoin tous les jours de quatre types
d'aliments : l'eau, les aliments de construction, les aliments
énergétiques et les aliments fonctionnels. Mais il faut donc
retenir qu'une alimentation déséquilibrée peut provoquer
des carences (apports insuffisants en certains nutriments18(*)) ou des excès (apports
trop importants par rapport aux besoins de l'organisme).
Certains classent les aliments en trois grandes
catégories. La première comprend les céréales,
comme le mais, le blé, le riz, l'avoine, le seigle, l'orge et le millet,
ainsi que les plantes à tubercules telles que les pommes de terre et
l'igname. Ces glucides fournissent rapidement de l'énergie. La
deuxième catégorie englobe les légumineuses,comme les
haricots,le soja,les lentilles,les pots chiches et les fèves,ainsi que
certains aliments d'origine animale,tels que la viande,les poissons,les
oeufs,le lait et ses dérivés. Ces aliments sont une source de
protéines, de fer, de zinc, et des vitamines. Les légumes et les
fruits appartiennent à la troisième catégorie .Ils sont
riches en sels minéraux.
Nous cherchons à travers ce point à
vérifier si les populations de Lemba Terminus consomment ces types
d'aliments en tenant compte des normes reconnues pour la bonne santé de
tout un chacun.
2.1.1.1. La qualité de l'eau
consommée
L'eau est indispensable au fonctionnement de l'organisme car
elle est un constituant de base très capital. Un être humain est
constitué en moyenne de 70% d'eau. Cependant, en fonctionnant, le corps
perd chaque jour plus de 2,5 litres de liquide (notamment par les urines et la
transpiration).Il faut donc remplacer cette eau perdue car la
déshydratation est très dangereuse pour la vie.
Donc, l'eau est utilisée directement pour boire, pour
se laver, ou indirectement pour préparer la nourriture, elle doit donc
être d'une bonne qualité pour être épargné des
contaminations par les microbes. Nous analysons ainsi la qualité de
l'eau consommée par les populations de Lemba Terminus comme un
élément d'application du droit à l'alimentation, et un des
indicateurs de bonne santé de la population de ce site
d'étude.
Tableau 1 : Qualité de l'eau consommée
à Lemba Terminus
|
Types d'eau consommée par les
ménages
|
Consommation des ménages
(en %)
|
Eau
bouillie
|
Eau non
bouillie
|
Eau en
sachet
ou en bidon
|
Eau
filtrée
|
Eau de trou ou de pluie
|
4,9
|
86,2
|
0,7
|
3,3
|
4,7
|
CR
|
CI
|
Cr
|
CR
|
CI
|
Cr
|
CR
|
CI
|
Cr
|
CR
|
CI
|
Cr
|
CR
|
CI
|
Cr
|
1.8
|
2.4
|
0.7
|
70.1
|
9.3
|
6.8
|
0.2
|
0.4
|
0.1
|
0.9
|
1.9
|
0.5
|
0.7
|
2.9
|
1.1
|
Source:enquête sur terrain
CR : consommation régulière; CI: consommation
irrégulière ; Cr: consommation rare.
Interprétation
La répartition des parcelles par ménages se
présente de la manière suivante: parcelles à 1
ménage (49), parcelles à deux ménages (76), parcelles
à trois ménages (107), parcelles à quatre ménages
(124), parcelles à cinq ménages (53), parcelles à six
ménages (30), parcelles à sept ménages (21) soit un total
de 1610 ménages pour 450 parcelles enquêtées. Les
pourcentages sont calculés en fonction du nombre total de
ménages. Lorsqu'on ne boit pas un type d'eau indiqué, on boit
alors un autre type ou les autres types combinés.
Ces chiffres démontrent facilement que presque la
quasi-totalité de la population de Lemba Terminus boit l'eau non
bouillie. Il se pose un problème et des inquiétudes persistent
pour cette eau qui coule des robinets vétustes et rouillés pour
la plupart datant de l'époque coloniale. Par endroit, ces robinets sont
sectionnés et font entrer des eaux usées ainsi que des eaux de
pluie.
D'où, le doute que nous pouvons émettre sur la
qualité de l'eau qui coule des robinets de ces quartiers
d'étude. En plus, cette eau non bouillie est mal conservée avant
d'être consommée (bidons non propres, sceaux, tonneaux mal
entretenus et parfois non couverts, utilisation non contrôlée et
non ordonnée de plusieurs consommateurs...).
Il se pose aussi des problèmes pour l'eau bouillie et
l'eau en sachet qui sont considérées comme étant potable
et pure. La première laisse planer des doutes sur les conditions de
chauffage et de conservation, la deuxième pose des problèmes sur
le respect des normes et des conditions de mise en sachet pour qu'elle soit
considérée comme pure et ensuite vendues.
Sûr de ces constats, nous nous réservons le droit
de conclure que le droit à l'alimentation n'est pas respecté
à Lemba Terminus à travers la consommation de l'eau et pourtant
une boisson vitale.
2.1.1.2. Les aliments de construction
Ils servent à fabriquer les muscles et les os, et ils
apportent les matériaux indispensables au renouvellement des cellules.
Ils sont essentiels à la croissance, ce sont essentiellement des
protéines (ou protides). Les protéines sont apportées par
des aliments comme la viande, le poisson, les oeufs, les
céréales, les légumes,...Ces aliments apportent
également le fer qui est indispensable aux globules rouges du sang pour
transporter l'oxygène.
D'après l'OMS, les aliments riches en protéines
sont indispensables au bon fonctionnement physique et mental de l'enfant. Une
alimentation peu nutritive nuit à son épanouissement
intellectuel, à l'école,il risque de s'épuiser,de devenir
apathique,d'avoir du mal à fixer son attention ou à retenir ce
qui dit .L'absence ou l'insuffisance de l'un ou de l'autre des nutriments de
base(protéines,vitamines,graisses essentielles et autres nutritionnels)
est responsable d'au moins 26 malades de carence alimentaires.
Il est demandé d'en manger tous les jours, mais il est
recommandé de consommer de la viande une seule fois par jour et il est
très important de limiter les quantités et de varier les aliments
(boeuf, agneau, volaille, poisson, oeufs, etc.).Ces aliments procurent la
vitamine PP (ou B3 appelé niacine), indispensable à la
fabrication des cellules sanguines; la vitamineB6 (pyridoxine), la
vitamine B12 (cobalamine).
Retenons que ces aliments précités fournissent
tous les acides aminés essentiels dont l'organisme a besoin pour
constituer ses propres protéines. La viande par exemple contient 20% des
protéines, 20% des liquides et 60% d'eau. Tous les poissons contiennent
une huile riche en vitamines D et A. Le blanc d'oeuf est la forme
protéique la plus concentrée.
En dehors d'une consommation occasionnelle d'un de ces
aliments précités, le tableau suivant présente leur
consommation dans les ménages de Lemba Terminus.
Tableau 2 : Consommation des aliments de construction
dans les ménages de Lemba Terminus
Nombre de fois/ semaine
|
Consommation des aliments en %
|
Viandes et légumes (1)
|
Poissons et légumes (2)
|
OEufs et légumes (3)
|
(1) et (2)
|
(1), (3)
|
(1), (2), (3)
|
0 fois
|
5.9
|
2
|
3
|
2.8
|
3.4
|
3.7
|
1fois
|
6.2
|
6.2
|
5.3
|
2.9
|
5.7
|
4.09
|
2 à 4 fois
|
4.8
|
5.09
|
6.08
|
3.6
|
3.2
|
1.6
|
5 fois
|
3.1
|
3.6
|
4.2
|
2.8
|
1.2
|
1.1
|
Chaque jour
|
1.1
|
1.6
|
1.9
|
1.3
|
1.05
|
0.86
|
Source: enquêtes sur terrain janvier 2008 à
septembre 2009
Interprétation
De ce tableau ressortent les constats suivants: tous les
aliments de construction sont moins consommés ou non consommés
dans les ménages de LEMBA Terminus. Il est d'ailleurs facile de
remarquer que ceux qui en consomment ne respectent pas les exigences reconnues
en matière. C'est par exemple les mêmes aliments qui sont
consommés régulièrement car en plus de la rareté;
la diversité n'est pas permise à cause de la pauvreté de
la majorité de la population.
Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf,
reconnaît un paradoxe quand il fait remarquer que "certains indicateurs
alignent la RDC parmi les pays misérables au sud du Sahara" tout en
notant que le nombre de congolais vivant avec moins d'un dollar
américain par jour est estimé à 80% de la
population19(*).
2.1.1.3. Les aliments
énergétiques
Ils fournissent au corps l'énergie dont il a besoin. Il
s'agit essentiellement des sucres (glucides), des graisses (ou lipides), des
pommes de terres, des pattes, des aliments sucrés, des aliments gras,
des légumes secs, des céréales, des légumes
à gousses (haricots, pois).
Ces aliments sont une excellente source d'énergie. Ils
apportent des sucres lents et des protéines végétales.
Ils peuvent être mangés à chaque repas et en bonne
quantité, à condition de ne pas cumuler certains tels que le
pain, les pommes de terre et le bol des céréales, et de fournir
les aliments complets (pas trop de pain blanc) et de varier les aliments.
Ils procurent à l'organisme des vitamines telles que
vitamine B2 (germes et enveloppes de céréales),
vitamine B6 (légumes, céréales), vitamine PP
(céréales).Il faut insister sur le fait que la farine blanche
(riche en amidon) et le riz blanc sont pauvres en aliments nutritifs.
Lorsqu'ils sont complets et contiennent le germe et l'enveloppe externe, le
blé et le riz constituent un apport des fibres pour l'organisme
(vitamine B, minéraux, zinc, cuivre, manganèse).
Les légumes à gousses ou légumineuses
groupent une grande variété d'haricots, de pois, de grains et
même des arachides...Ils sont tous riches en amidon, mais peuvent fournir
une quantité de protéines beaucoup plus importantes que les
céréales ou les tubercules. Leur composition en acides
aminés complète souvent celle du riz, du mais et du blé
dans de nombreux foyers.
Nous analysons la consommation de quelques principaux aliments
énergétiques dans les ménages de Lemba Terminus afin de
tirer des conclusions en rapport avec le droit à l'alimentation dont la
violation massive à travers le monde (et en RDC) a pour l'une des causes
la crise alimentaire mondiale actuelle.20(*)
Tableau 3 : La consommation des aliments
énergétiques de base dans les ménages de Lemba Terminus
(en %)
Nombre de fois par semaine
|
Principaux aliments
|
Pâte à base de mais
|
Pâte à base de manioc
|
Riz blanc et légumes
|
Riz, haricot et autres aliments
|
Pommes de terre, plantains, légumes
|
Patates, taro, ignames,...
|
0 fois
|
0.6
|
0.3
|
0.6
|
2.17
|
2.23
|
0.8
|
1 fois
|
3.2
|
2.1
|
4.9
|
2.9
|
0.9
|
0.4
|
2à 4 fois
|
5.3
|
5.6
|
3.5
|
2.9
|
0.7
|
0.4
|
5 à 6 fois
|
3.8
|
11.6
|
7.4
|
2.3
|
0.1
|
0.2
|
Chaque jour
|
4.09
|
15.6
|
9.7
|
1.55
|
0.3
|
-
|
Source : enquêtes sur terrain janvier 2008 à
mars 2009
Les pourcentages sont calculés sur base du nombre total
de ménages (1610).Nous appelons aliments énergétique de
base ceux que tout le ménage consomme comme principal repas
familial.
Interprétation
Ce tableau présente une place de choix qu'occupe la
consommation de la farine blanche de mais ou de manioc, du riz blanc dans la
consommation alimentaire de base dans les ménages de Lemba Terminus.
Certains de ces aliments sont consommés sous forme des pâtes
alimentaires (fufu, chikwange...). Ceci révèle principalement la
consommation de l'amidon contrairement aux exigences en protéines et en
vitamines pour une alimentation saine et nutritive.
Dans certains ménages ce sont ces pâtes
alimentaires qui sont consommées plusieurs fois au cours des mois et des
semaines, sans une diversité alimentaire quelconque, et pourtant leur
pauvreté en éléments nutritifs a été
présentée dans les paragraphes précédents.
2.1.1.4. Les aliments fonctionnels
Ils apportent à l'organisme des vitamines, des sels
minéraux, des fibres qui sont présents dans les légumes,
les fruits, les produits laitiers. Ces aliments cités apportent la
vitamine C. Il est souhaitable d'en manger à tous les repas et il est
important d'essayer d'en manger tous les jours (les spécialistes de
l'alimentation recommandent d'en consommer entre 5 et 10
variétés par jour).
La vitamine C stimule des défenses naturelles de
l'organisme. Les légumes verts procurent aussi la vitamine PP ou
B3,,la vitamine A, le magnésium ,le potassium, le
phosphore...Le lait et les produits laitiers ,le lait entier, le fromage, les
yaourts et les crèmes glacées sont connus pour être riches
en protéines, en calcium et en phosphore.
Le lait est aussi riche en vitamine mais ne contient pas du
fer et une fois pasteurisé, plus de vitamine C. Le calcium est
indispensable à la solidité et à la construction des os.
Les Nutritionnistes recommandent d'en consommer à chaque repas surtout
pendant l'enfance et l'adolescence.
La vitamine C ou l'acide ascorbique est essentielle pour la
formation du collagène, et elle contribue aussi au maintien de
l'intégrité de l'os, des dents et du tissu conjonctif. Les
besoins quotidiens en vitamine C sont de 100 milligrammes (un verre de jus
d'orange en contient environ entre 30 et 50).On en trouve aussi dans de
nombreuses denrées industrielles, notamment dans les boissons, les
conserves et la charcuterie, qui sont consommés moins par les
populations de Lemba Terminus à cause de leur coût.
La consommation de vitamine C en comprimés, ou dans les
cocktails vitaminiques, est une mode médicale déjà
ancienne qui vient des Etats-Unis. On attribue à la vitamine
déjà ancienne de nombreuses vertus, en particulier celle de
combattre la fatigue, le stress ou de favoriser une meilleure
récupération après de petites maladies infectieuses
(rhumes, grippe).
A une forte dose, cette vitamine est d'ailleurs un excitant
et empêche de dormir. Certaines recherches vont beaucoup plus loin: une
consommation quotidienne de vitamines C jouerai un rôle sur la
longévité (les Américains sont persuadés qu'elle
augmente l'espérance de vie de deux à six ans), et provoquerait
une augmentation dans le sang du HDL- Cholestérol (le bon
cholestérol).
Nous vérifions à travers les données des
enquêtes sur terrain si toutes ces recommandations sont respectées
dans les ménages de Lemba Terminus.
Tableau 4 : La consommation des aliments fonctionnels
dans les ménages de Lemba Terminus
|
Aliments fonctionnels
|
Consommation hebdomadaire en nombre de
ménages
|
Fruits
|
Nombre de sortes de fruits
|
Laits et produits laitiers
|
Nombre de sortes de Légumes
|
1
|
2
|
3
|
+
|
1
|
2
|
3
|
+
|
0 fois
|
814
|
-
|
-
|
|
|
212
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1 fois
|
512
|
314
|
135
|
45
|
18
|
368
|
63
|
58
|
45
|
9
|
2 à 4 fois
|
260
|
90
|
81
|
58
|
31
|
751
|
228
|
351
|
112
|
94
|
5 à 6 fois
|
93
|
53
|
28
|
8
|
4
|
184
|
121
|
178
|
64
|
25
|
Chaque jour
|
11
|
6
|
3
|
1
|
1
|
95
|
98
|
124
|
39
|
11
|
Total
|
1610
|
1610
|
1610
|
1610
|
Source: enquêtes sur terrain, janvier 2008 à mars
2009
Interprétation
Les résultats de ce tableau sont impressionnants pour
ce qui concerne le fonctionnement de l'organisme humain .Beaucoup de personnes
ne consomment pas les fruits, soit la moitié de ménages
c.à.d. ils en consomment très rarement au courant des mois et de
l'année. Quand bien même dans certains ménages, les fruits
sont consommés, la diversité exigée n'est pas à
l'ordre du jour.
Des proportions faibles des ménages consomment
régulièrement des fruits (5 à 6 fois ou chaque semaine)
avec des difficultés d'en consommer de variétés pour des
semaines et des mois successifs. Il se pose des problèmes liés
aux habitudes alimentaires (qu'il faut obligatoirement bannir), à la
pauvreté et aussi aux exigences climatiques et de transport des
régions qui approvisionnent la ville en aliments (Bandundu, Equateur,
Bas Congo).
Pour ces dernières, il faut retenir que les arbres
fruitiers urbains produisent aussi quelques variétés des fruits
en dehors des régions frontalières avec la ville province.
Beaucoup de ménages consomment une ou deux sortes de
fruits par semaine. La majorité ne consomme pas plusieurs sortes de
fruits à la fois. Ils ne sont même pas disposés à
changer leurs habitudes pour consommer tel que les spécialistes
l'exigent, ceci pour plusieurs raisons : ignorance, pauvreté,
rareté des fruits sur le marché à certaines
périodes de l'année, ce qui explique leurs prix d'achat
élevés.
Concernant les légumes, ils sont en moyenne
consommés pour autant de fois (2 à 6 fois par semaine) par une
majorité des ménages. Ici, le problème se pose en terme de
la qualité des légumes consommés (mal conservés,
cultivés sur des terrains à risques et le long des voies
publiques, cultivés et récoltés rapidement par exemple
avec des engrais chimiques, transportés dans des chariots pour la vente,
nettoyés dans des caniveaux pour la vente après récolte,
vendus au sol provenant de loin et utilisés comme siège lors de
déplacement).
Les produits laitiers et le lait sont moyennement
consommés par semaine (2 à 6 fois).Mais le constat sur le terrain
est amer car le lait le plus utilisé est le lait en poudre (mal
conservé et avarié dans certains cas). Aussi, le principe pour le
mélange à l'eau ou à une autre boisson (thé) n'est
pas en général suivi car ces mélanges sont souvent de
nature à gonfler la quantité pour satisfaire le besoin des
consommateurs. Rares sont les ménages qui s'achètent une boite de
lait en poudre pour le foyer (pire encore pour les autres sortes de lait). Si
cela est le cas, la consommation de ce lait est rationalisée.
Le lait en petit sachet coûte également cher car
il en faut en toute logique un sachet par personne dans un ménage .Tout
dépendra donc du nombre de personnes par ménages. Et pourtant, le
constat général démontre que les ménages sont
surpeuplés de nos jours pour toute la ville de Kinshasa.
La conclusion que nous pouvons tirer de ce point est la
suivante: la consommation des aliments fonctionnels à Lemba Terminus ne
tient pas compte du droit à l'alimentation. La violation de ce droit
est apparente pour tous les quartiers de ce site d'étude.
La situation nutritionnelle des populations de Kinshasa comme
celles du Congo devrait faire l'objet d'un suivi permanent. Car le
régime alimentaire déséquilibré, la
fréquence des repas, les aléas de la crise socioéconomique
auxquels sont soumis actuellement ces populations sont autant de raisons de
craindre l'installation d'une malnutrition
protéo-énergétique chronique.
Les bilans tant calorifiques que protéiques
s'avèrent tous déficitaires par rapport aux normes moyennes
respectives de 23 calories par personne et 78 par personne de plus ou moins
60-70Kg. L'insécurité alimentaire et nutritionnelle est une grave
réalité à laquelle est exposé les Kinois et
même les congolais en général.
2.1.1.5. Les Modes d'alimentation
Le docteur Pamplona donne les principales modes
d'alimentation suivantes : régime carné, régime omnivore,
régime ovo-lacto-végétarien, régime
lacto-végétarien, régime végétarien
strict21(*).
Nous décrivons chacun de ces régimes avant de
parler de ce que nous avons trouvé sur le terrain de Lemba Terminus.
a) Le régime corné
La viande et les poissons en sont la base. Cette alimentation
apporte un excès de protéines et de graisses, avec des
répercussions négatives sur la santé: excès d'acide
urique et de cholestérol, fermentations intestinales, et un grand risque
des maladies cardiaques (infarctus, angine de poitrine) et de cancers.
b) Le régime omnivore
C'est l'alimentation que pratiquent la plupart des personnes
qui mangent de tout .Elle inclut une grande gamme des produits d'origine
animale et végétale.
c) Le régime ovo
-lacto-végétarien
Il inclut la viande, le poisson et les volailles .Il inclut
également les oeufs, les laitages en quantités
modérées et surtout les végétaux :
céréales, fruits, légumes (verts, légumineuses et
tubercules) Cette alimentation est considérée comme parfaitement
satisfaisante en ce qui concerne les apports nutritifs.
Elle est facile à pratiquer et adaptée aux
enfants. Elle présente plus d'avantages que l'alimentation omnivore. Il
est cependant recommandé aux adultes de limiter à trois fois
leur consommation des oeufs par semaine, et de consommer des produits laitiers
écrémés afin d'éviter un excès de
cholestérol.
d) Le régime
lacto-végétarien
Il n'inclut que le lait et ses dérivés pour
l'aliment animal. C'est également une alimentation satisfaisante du
point de vue de l'apport nutritif. Les protéines du lait sont un
complément qui enrichit les protéines végétales.
Ainsi, il est facile d'obtenir tous les acides aminés essentiels. Il est
préférable d'employer les produits laitiers
écrémés, spécialement pour les adultes.
e) Le régime végétarien
strict
C'est l'alimentation dite végétarienne .Elle
n'inclut que des aliments d'origine végétale, sans aucun produits
animal. Elle apporte tous les nutriments nécessaires, les
protéines et la vitamine B12, si l'on prend des
précautions dans la sélection et la combinaison des aliments.
Ce mode d'aliments présente d'intéressants
avantages par rapport à l'alimentation omnivore et c'est celle qui donne
les meilleurs résultats dans la prévention et le traitement des
maladies chroniques dégénératives, comme les troubles
circulatoires, l'angine de poitrine, l'infarctus du myocarde,..), les
affections rhumatismales et le cancer, etc.
Sur le terrain, à Lemba Terminus, nous avons
remarqué que c'est le régime omnivore (voir tableaux 2, 3,4) qui
est dominant car les ménages au départ pauvres pour la plupart
des cas se nourrissent au hasard en fonction de ce qu'ils trouvent pour
manger. Ces ménages n'ont aucune éducation en rapport avec ce
qu'ils consomment. Les régimes recommandés ou souhaités
tels que c'est décrit si haut ne sont pas rencontrés dans la
plupart des ménages. Cette situation confirme encore que le droit
à l'alimentation n'est pas pratiqué à Lemba Terminus sous
plusieurs formes.
2.1.2. Le nombre de repas consommés : ration
alimentaire
Chacun doit non seulement avoir accès à une
nourriture suffisante en quantité (pour couvrir les besoins du corps en
énergie), mais aussi à une alimentation de bonne qualité
et suffisamment diversifiée (pour couvrir les besoins du corps en
nutriments et ne pas mettre la santé en danger. Les quantités de
repas à consommer dépendent d'une personne à une autre.
Cependant, il est utilement recommandé de consommer trois repas par jour
avec 25% au petit déjeuner, 45% au déjeuner et 30% au
dîner.
La ration alimentaire varie selon l'âge. Elle doit
être adaptée au poids et à l'activité physique de
chacun. Ainsi l'enfant et l'adolescent ont des besoins
énergétiques élevés. Les protéines doivent
être consommées en quantité suffisante pour permettre une
croissance musculaire harmonieuse. Le calcium, le phosphore, la vitamine D sont
nécessaires au développement osseux.
Les personnes âgées doivent avoir des apports
alimentaires permettant de perte osseuse et d'éviter les fractures du
col du fémur et de la colonne vertébrale, ainsi que
l'hyperparathyroïdie secondaire liée à l'âge. Donc,
leur alimentation doit être riche en protéines, en calcium, en
vitamine D et jumelée autant que possible à une activité
sportive. Malheureusement, ces recommandations ne sont nullement
pratiquées dans les quartiers de Lemba Terminus, car les aliments sont
consommés en " désordre" en fonction de "petits moyens" qui se
présentent du jour au jour.
La cause de la faim n'est pas le manque de nourriture. En
fait, le problème vient du fait que de nombreuses personnes n'ont pas
accès à la nourriture : c'est que l'on appelle
insécurité alimentaire. La principale cause de la faim est la
pauvreté car les plus pauvres n'ont pas les moyens d'acheter
régulièrement de la nourriture de qualité suffisante.
Raison pour laquelle, les populations consomment moins par
jour, et le nombre de repas est très réduit par jour, par semaine
ou par mois. C'est alors la malnutrition qui altère la croissance et
diminue les performances physiques et intellectuelles et rend l'organisme plus
sensible aux infections. Cette situation est apparente dans les quartiers de
Lemba Terminus.
Tableau 5 : Les repas consommés par jour en
fonction des heures de consommation
Nombre de fois de consommation
|
Heures de consommation
|
7 h à 12 h
|
12 h à 15 h
|
15 h à 18 h
|
18 h à 23 h
|
0 fois
|
11 ménages sans repas de base
|
1 fois
|
-
|
368
|
-
|
485
|
2 fois
|
129 (b)
78(c)
|
91 (a)
68(c)
|
101 (b)
-
|
95(a)
-
|
3 fois
|
27(a)
40(b)
|
37(a)
35(b)
|
27(a)
|
-
30(b)
|
Plus de 3 fois
|
99 ménages consomment à des heures
diversifiées
|
Sources: enquête sur terrain, janvier 2008 à mars
2009
NB:Les lettres placées à coté des
chiffres représentent les différentes possibilités de
consommation par rapport au temps. Les chiffres sont exprimés en nombre
des ménages sur un total de 1610.
Interprétation
L'interprétation du tableau ci haut est la suivante:853
ménages ont droit à un repas qui est surtout consommé par
la majorité au-delà de 18h (soit 485 ménages), et 368
ménages consomment une fois entre 12h et 15h (au delà des heures
de dîner).C'est à dire que pour beaucoup, le petit déjeuner
et le déjeuner n'existent pas (soit 70 % d'apport
énergétique qui manque).
561 ménages ont droit à 2 repas avec une
majorité qui consomme entre 18h et 23h et peu qui consomme entre 12h et
15h.
Pour les ménages qui consomment deux repas, le premier
repas n'est pas souvent important en quantité et en qualité .Il
est composé généralement des aliments légers tels
que le riz blanc ou le riz à l'huile rouge ou à l'huile de table,
les pains "secs" ou les pains au thé rouge ou rarement au lait ...).
Le deuxième repas est un repas important où
toute la famille a théoriquement la chance de consommer. Il s'agit des
pâtes alimentaires à base de mais et de manioc, du riz à
l'haricot, des plantains avec des légumes, des patates douces avec des
légumes,...
Pour les ménages qui consomment trois repas (soit 196
ménages), le premier repas est constitué du pain au thé
rouge avec ou sans lait, de la bouillie, du riz blanc. C'est un repas auquel
tous les membres des ménages n'ont pas forcément droit.
Généralement, ce sont les jeunes enfants qui en consomment.
Le deuxième repas qui intervient
généralement entre 12h et 15h est le principal repas accessible
pour beaucoup de membres des ménages. Souvent, c'est le reste qui est
consommé le soir après 18h. Parfois, ce sont les tout petit qui
en ont seulement droit .S'il n'y a pas de reste, le riz blanc ou le riz
à l'huile peut être préparé encore pour le soir. Les
repas" lourds" c.à.d. importants en quantité et en
qualité par jour sont très rares pour la majorité des
ménages de Lemba Terminus.
99 ménages consomment plus de 3 fois par jour. Ils en
consomment à des heures diversifiées quand la nourriture est
présente. L'existence de la nourriture permet aux membres d'en consommer
à tout moment. Mais nos constats ont été évidents
sur terrain à propos de cette consommation.
Nous avons donc compris que la consommation alimentaire des
membres des ménages dépend aussi des activités des femmes
ménagères. Celles qui vendent ou qui travaillent dans les bureaux
préparent en fonction de leur emploi du temps pour celles qui n'ont pas
de" bonne" ou de grandes filles pouvant les remplacer à leur absence.
Pour la plupart de cas, c'est au retour de ces femmes, en fin
de la journée que les aliments sont apportés pour la cuisson, et
c'est en ce moment que la cuisine peut commencer. Mais le plus grand
problème reste l'absence des provisions dans les ménages,
justifiée par la pauvreté et les difficultés pour
conserver les aliments.
Cette situation où les membres des familles restent
affamés toute la journée, a beaucoup de conséquences pour
beaucoup de personnes car l'apport énergétique est très
insuffisant pour le bon fonctionnement de l'organisme.
2.1.3. Les dépenses journalières pour
les repas
Nous avons déjà souligné que la
pauvreté du quasi totalité des ménages ne permet pas aux
membres de manger à leur faim. Les dépenses ne correspondent pas
aux exigences des ménages en fonction de leurs tailles par manque des
moyens financiers. Nous considérons à titre indicatif quelques
aliments locaux ou importés par les populations de Lemba Terminus afin
de déterminer les dépenses faites par les ménages.
Tableau 6 : Consommation alimentaire moyenne et
journalière des ménages
Aliments
|
Consommation en Kg
|
-1/4
|
1/4
|
1/2
|
1
|
2
|
3 ou +
|
Farine de mais
|
-
|
103
|
766
|
497
|
201
|
133
|
Farine de manioc
|
214
|
651
|
292
|
333
|
120
|
|
Poissons Frais ou congelés
|
85
|
372
|
566
|
248
|
225
|
114
|
Viandes Fraîches ou congelées
|
204
|
311
|
395
|
368
|
212
|
120
|
Riz blanc
|
-
|
452
|
641
|
230
|
211
|
76
|
Haricots
|
-
|
21
|
728
|
538
|
218
|
105
|
Pommes de terre
|
-
|
501
|
685
|
296
|
116
|
12
|
Poulets et Abats
|
316
|
361
|
408
|
203
|
201
|
121
|
Plantains et légumes
|
|
|
|
|
|
|
Source : enquêtes sur terrain de janvier 2008 à
septembre 2009
Interprétation
Sur base de ce tableau, nous pouvons donc déterminer
les prix des aliments et par conséquent avoir une idée sur les
dépenses moyennes des congolais habitant les quartiers d'étude de
Lemba Terminus en particulier et ceux de Kinshasa en général.
La logique permettra de tirer des conclusions par rapport au
respect ou à la violation du droit à l'alimentation dans ces
quartiers. Chaque ligne donne le total de ménages (soit 1610
ménages) pour l'aliment consommé.
Tableau 7 : Les Moyennes de la consommation
alimentaire par les ménages en FC (de juillet 2008 à septembre
2009 soit 11 mois)
|
Prix en Fc
|
0-2000
|
2000 à 4000
|
4000 à 6000
|
6000 à 8000
|
8000 à 10000
|
Plus de 10000
|
1
|
Pâtes +Légumes
|
170
|
97
|
52
|
39
|
28
|
17
|
2
|
Pâtes+Poulets+légumes
|
77
|
55
|
48
|
31
|
26
|
10
|
3
|
Pâtes+Vi.ou abats+Légumes
|
38
|
24
|
18
|
11
|
10
|
9
|
4
|
Riz blanc+Légumes
|
99
|
85
|
48
|
36
|
19
|
18
|
5
|
Riz+Poulet +Légumes
|
37
|
24
|
21
|
14
|
12
|
10
|
6
|
Riz +Haricots
|
42
|
35
|
27
|
21
|
18
|
15
|
7
|
Riz +Haricots+V. ou abats et LéG.
|
27
|
21
|
16
|
10
|
8
|
6
|
8
|
Riz +Har. +Poulets +
|
20
|
18
|
15
|
11
|
7
|
6
|
9
|
Plantains+Viandes ou Poulets ou abats
+Lé.
|
25
|
20
|
15
|
9
|
8
|
7
|
10
|
P. de Terre +Viandes ou poulets
+Légumes
|
25
|
14
|
12
|
7
|
7
|
5
|
Source : enquêtes sur terrain de janvier 2008 à
septembre 2009
Interprétation
Ce tableau traduit les conditions de précarité
de vie dans lesquelles vivent les habitants de 1610 ménages
enquêtés dans les quartiers de Lemba Terminus. La situation est
de même pour la plupart des quartiers de Kinshasa .Elle est d'ailleurs
pire dans certains quartiers de la ville.
Les moyennes de chaque case sont calculées en faisant
la sommation des ménages ayant dépensés les mêmes
montants correspondant au cours de 3 mois considérés (juillet,
Août, Septembre).Les chiffres parlent d'eux mêmes, les
ménages ayant dépensés pour les aliments "bourratifs (voir
cases 1, 4, 6) et non qualitatifs sont nombreux.
Ceux ayant plus dépensés pour l'achat des
aliments sont moins nombreux par rapport à ceux qui dépensent
moins (voir les trois premières colonnes). Les trois dernières
colonnes traduisent les conditions de pauvreté qui empêchent les
ménages de bien consommer, où il s'agit tout simplement dans
certains cas des tailles des ménages. Certes, dans la logique, la taille
de la famille ne peut pas poser des problèmes pour l'achat des aliments
car ce sont les moyens financiers qui déterminent les conditions d'achat
des aliments dans tous les ménages.
La première colonne semble confirmer ce que Jacques
Diouf a affirmé plus haut que : plus de 85% des congolais vivent avec
moins d'un dollar américain par jour.
2.1.4. Le" rationnement "des repas dans les
ménages
En plus de tous les problèmes liés à
l'alimentation que nous pouvons évoquer à Lemba Terminus, ceux
liés au "délestage des repas" sont étonnant. Il s'agit de
l'alimentation qui est destinée seulement à un groupe de
personnes dans les ménages.
C'est une situation permanente et régulière
expliquée par la pauvreté persistante qui ne permet pas à
certains foyers de nourrir tous leurs membres à charge. Ces personnes
qui ont droit à la nourriture sont choisis à cause de leur
vulnérabilité ou tout simplement en tenant compte de sexe (les
filles ont plus de chance de consommer que les garçons ou seulement, ce
sont les liens familiaux qui interviennent pour s'entraider...
Il existe de foyers où les membres cotisent chaque jour
pour manger. La personne n'ayant pas apporté sa contribution en termes
d'argent ou des aliments à préparer n'a pas droit à la
nourriture. Elle est obligée de recourir à d'autres moyens pour
se nourrir .Parmi ces moyens, nous avons retrouvé la prostitution des
filles, le vol des garçons, la mendicité et le mensonge ou
accepter la faim et en souffrir.
Il se développe dans les comportements de ces jeunes
privés de nourriture, beaucoup de mauvaises habitudes telles que le
courage de tout faire pour vivre, la consommation de tout ce qui "existe" (nous
les avons vus attraper les chats, les chiens, les poules et tous les autres
animaux de compagnie en divagation appartenant à des tierces
personnes,...pour les tuer et les manger).
La situation est difficile sur terrain pour interroger les
membres de familles et avoir si facilement des données en rapport avec
cet aspect des choses, car il en va de la dignité et du respect des
familles concernées, voilà pourquoi à titre indicatif,
nous avons étudié les ménages situés sur une
parcelle de l'avenue zizi où nous habitons depuis deux ans.
Ce qui nous a permis de découvrir cette
réalité qui ôte toute dignité humaine à
toutes ces personnes qui vivent sans être sûr de manger demain ou
du jour au jour. Ainsi leur droit à l'alimentation n'est tout simplement
pas violé mais aussi méconnu par eux-mêmes et par tous ceux
qui peuvent les prendre en charge entant que tels.
Dans cette parcelle, six ménages (y compris
nous-mêmes) constituent la grande famille d'une personne X
déjà décédée. Son épouse, ses
enfants, ses petits fils et ses petites filles, ses nièces, ses neveux,
les oncles et leurs familles, les tantes et leurs enfants,...se partagent
l'espace intérieur et extérieur très réduit.
Les ménages sont constitués selon les relations
formées dans les différentes familles nucléaires ou tout
simplement selon les différentes relations qui les resserrent les uns
les autres. Soixante six personnes vivent en permanence dans cette parcelle
sans compter ceux qui viennent pour des périodes difficiles à
évaluer. Nous avons donc considéré les six ménages
pour étudier ce phénomène qui existe cependant
ailleurs.
Tableau 8 : Rationnement des repas par semaine dans
le ménage situé sur l'avenue zizi au numéro 5 de Lemba
Terminus
|
|
Consommation familiale par âge et par sexe en
nombre de fois par semaine
|
|
|
Filles (majeures)
|
Garçons (
majeurs)
|
Filles et Garçons
|
Enfants
|
Autres membres adultes (hommes ou femmes)
|
Moyenne
|
Ménage 1
|
4 fois
|
2 fois
|
2 fois
|
5 fois
|
2 fois
|
5 fois
|
Ménage 2
|
5 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
6 fois
|
4 fois
|
4.6 fois
|
Ménage3
|
3 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
5 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
Ménage 4
|
4 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
Ménage 5
|
5 fois
|
3 fois
|
3 fois
|
5 fois
|
3 fois
|
3.8 fois
|
Ménage 6
|
7 fois
|
7 fois
|
7 fois
|
7 fois
|
7 fois
|
7 fois
|
Moyenne
|
4. 6 fois
|
4 fois
|
4 fois
|
7 fois
|
4 fois
|
4.9 fois
|
Source : enquêtes sur terrain, janvier 2008 à
septembre 2009
Interprétation
Nous avons étudié cette parcelle à titre
indicatif pour découvrir qu'il y a la désolation en
matière de rationnement de la nourriture à Lemba Terminus. En
général, les filles mangent peu au cours de la semaine que les
garçons. Mais les deux n'ont pas droit à un repas durant toute la
semaine. Pour certains jours, ils sont obligés de se débrouiller
afin d'avoir un aliment à consommer. La situation qui nous
Intéresse est la consommation en famille et non une consommation
individuelle et sporadique.
Tous les ménages présentent une moyenne de 4.6
fois de consommation par semaine (voir dernière case de la colonne 1),
la moyenne de chaque ménage est présentée dans la
dernière case de la ligne correspondante.
Nous pensons que les réalités suivantes sont les
mêmes pour un certain nombre de ménages de la ville de Kinshasa
car la pauvreté ne permet pas à chacun de se nourrir comme il le
faut .Cette réalité permet encore de se rendre compte de la
violation flagrante du droit à l'alimentation en République
Démocratique du Congo en général et dans la ville de
Kinshasa en particulier car il est inconcevable de voir des êtres humains
qui doivent régulièrement manger tout au moins trois fois par
jour ,consommer au contraire 3 ou 4 fois par semaine .
2.1.5. La fréquence Hebdomadaire des repas et
la taille des ménages
Il a été remarqué que
même si les ménages consomment les repas par jour, il se pose des
problèmes relatifs à la régularité de ces repas au
cours de la semaine ou du mois. Les repas sont rationnés au cours des
semaines car des journées entières peuvent se passer sans que les
ménages déjà nombreux puissent consommer un repas de base.
Parfois, ce sont les groupes bien déterminés qui consomment
à des jours bien définis. Le tableau suivant confirme cette
introduction.
Tableau 9 : Fréquence Hebdomadaire des repas en
fonction des tailles des ménages (Juillet, Août,
Septembre)
|
Nombre de jours de consommation de repas par
semaine
|
|
1 j /S
|
2 j /S
|
3 j /S
|
4 j /S
|
5 j /S
|
6 j /S
|
7 j /S
|
Ménages
|
18
|
36
|
64
|
282
|
308
|
598
|
304
|
Taille des ménages
|
|
Moins de 5 per.
|
5 à 10
Pers.
|
11 à 15
Pers.
|
16 à 20
Pers.
|
21 à 25
Pers.
|
26 à30
Pers.
|
Plus de 30 Pers.
|
Ménages
|
136
|
181
|
308
|
428
|
301
|
148
|
111
|
Source : enquêtes sur terrain Janvier 2008 à
septembre 2009
Interprétation
Le tableau précédent démontre que les
ménages sont généralement nombreux c.à.d. beaucoup
de personnes les composent. Les membres se partagent de petites
quantités de repas. Il se pose donc les problèmes relatifs
à la quantité de ce dernier.
Les chiffres des ménages qui consomment
respectivement une fois, deux fois, trois fois et quatre fois par semaine sont
impressionnants. Ces ménages consomment par hasard au cours de la
semaine. En plus, le jour, l'heure ou la qualité des aliments
consommés ne sont pas connus. Tout dépend du hasard pour
trouver quoi se nourrir.
Pour ces familles qui consomment moins de jours par semaine,
il se passe de " scénarios" hors de tout entendement. Si le repas de
base ou le repas communautaire n'est pas consommé, chaque membre se
"débrouille" pour "croquer" un morceau de pain, de chikwangwe, des
arachides, ou du riz blanc et boire un gobelet d'eau.
Parfois, seule la pâte alimentaire est servie rarement
à tout le monde, soit à une catégorie des membres des
ménages, sans tous les aliments secondaires qui doivent logiquement
l'accompagner. Ces derniers sont à la charge de chaque membre. Ceci
renforce dans certains ménages les mauvaises manières de
"cotisations familiales" pour s'approvisionner en aliments. C'est en fonction
des moyennes hebdomadaires de chaque mois que nous avons calculées les
moyennes pour les trois mois considérés.
Lorsque nous associons les facteurs taille des ménages
et la pauvreté, nous pouvons confirmer qu'il se pose des
problèmes en rapport avec la quantité des repas dans les
ménages d'étude. Ceci renforce alors les problèmes de la
sous alimentation ou de la dénutrition car les repas consommés
sont pauvres en nutriments et sont des indicateurs de la faim.
Et pourtant sans une nourriture adéquate, les hommes ne
peuvent pas mener une vie saine et active, ils ne peuvent pas travailler. Ils
ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants et leurs enfants ne peuvent pas
apprendre à lire et à écrire. Le droit à
l'alimentation embrasse tous les domaines des droits de l'homme. Le
réaliser est essentiel pour la lutte contre la pauvreté, et le
mandat de la FAO qui vise à éliminer la faim dans le monde en a
fait un de ses thèmes centraux22(*). La faim reste, selon les termes de la FAO, "la
manifestation la plus extrême de la pauvreté et du
dénuement".
Les endroits les plus touchés seraient l'Afrique
subsaharienne, où 160 millions d'africains sont atteints notamment du
sida, de maladies parasitaires et du paludisme, et `autre part, le sud et l'Est
de l'Asie où la maladie et l a malnutrition touchent 40% de la
population (soit 500millions de personnes) .Beaucoup sont pris dans un cercle
vicieux de la pauvreté qui favorise la maladie, laquelle à
son tour accentue l'accentue.
En considérant les analyses précédentes,
il est facile de remarquer que le droit à l'alimentation est diversement
violé dans les quartiers de Lemba Terminus car l'analyse de beaucoup de
paramètres détermine une violation effective et apparente. Les
ménages présentent également les modes d'achat des
aliments qui traduisent leur pauvreté (fréquence d'achat des
aliments, techniques de vente et d'achat d'aliments, conservation des aliments,
les sources d'aliments,...).
2.1.6. Les fréquences d'achat des aliments par
les ménages et provisions familiales
A travers les modes d'achat des aliments, il est facile de
remarquer également que le droit à l'alimentation dans les
ménages de Lemba Terminus est violé en particulier, et dans
toutes les villes de la RDC dont Kinshasa en général.
Les bonnes habitudes qui consistaient à acheter et
à conserver les aliments ont disparu, la pauvreté et le manque
d'infrastructures faisant défaut problèmes liés au
délestage ou à l'absence totale de l'électricité,
difficultés ou impossibilité de s'acheter ou de se faire monter
un congélateur ou un frigo, sur les 1610 ménages, seuls 89
ménages possèdent un congélateur ou un frigo en bon
état mais qui fonctionne difficilement). Presque la
quasi-totalité des ménages achètent journellement les
aliments.
Tableau 10 : Provisions familiales en aliments et
sources financières
Modes d'achats des aliments
|
|
Par jour
|
Tous les deux jours
|
Tous les trois jours
|
Par semaine
|
Toutes les deux semaines
|
Par mois
|
Ménages
|
717
|
321
|
202
|
81
|
102
|
187
|
Sources financières des
ménages
|
|
Salaire
|
Commerce
|
Aide familiale
|
Autres activités
|
Aucune source
|
|
Ménages
|
301
|
411
|
219
|
323
|
466
|
|
Source : enquêtes sur terrain Janvier 2008 à Mars
2009
Interprétation
Ce tableau présente les conditions de vie
aléatoire et précaire auxquelles sont soumis les ménages
de Lemba Terminus .Elles dépendent surtout des sources
financières incertaines et moins sûres pour les ménages
tels que l'aide familiale, l'absence des sources d'activités
sûres, etc. Tous les incidents relatifs à ces sources ont
d'impacts négatifs sur la consommation familiale et obligent les membres
des ménages à supporter la faim durant des journées ou des
semaines entières lorsque les sources "tarissent".
Les salaires incertains et les activités commerciales
moins sûres condamnent aussi les ménages à acheter les
aliments par jour avec toutes les conséquences possibles. Les membres de
ménages sont poussés aussi à consommer sur la rue.
Les ménages qui s'approvisionnent à la fin du
mois pour relier les deux bouts du mois suivant sont moins nombreux (soit 187
ménages). Nous pensons que la pauvreté, les faibles revenus, le
chômage, le sous emploi,... sont des facteurs qui expliquent ces modes
d'achat des ménages. Les questions posées aux responsables de la
plupart des ménages montrent que leurs ménages sont
frappés par l'un des facteurs précités.
2.1.7. Sources ou provenances de quelques aliments de
base consommés à Lemba Terminus
Les aliments de base consommés à Lemba Terminus
ont des origines diverses. Ils proviennent de l'importation, de l'agriculture
locale ou nationale, de l'élevage local ou national, des jardins de
case, de potagers, des maraîchages, etc. Nous remarquerons que chacune de
ces sources pose des problèmes relatifs au respect du droit à
l'alimentation.
Tableau 11 : Source des aliments de base
consommés à Lemba Terminus
|
Importations
|
Jardins
de case
|
Potagers
ou maraichages
|
Agriculture locale
|
Agriculture nationale
|
Elevage local
|
Elevage national
|
Agro-industriel
Local et international
|
Manioc +Mais
|
|
|
|
|
*
|
|
|
*
|
Riz
|
*
|
|
|
|
*
|
|
|
|
Viande et abats
|
*
|
|
|
|
|
|
|
|
Légumes
|
|
|
*
|
|
*
|
|
|
|
Pommes de terre
|
*
|
|
|
|
*
|
|
|
|
Epices
|
*
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
Haricots
|
*
|
|
|
|
*
|
|
|
|
Patates et taro
|
|
|
|
*
|
*
|
|
|
|
Poulets
|
*
|
|
|
|
|
|
|
|
Plantains
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SOURCE : enquête sur terrain de janvier 2008
à septembre 2009
INTERPRETATION
Deux colonnes de ce tableau sont apparentes, il s'agit de la
colonne 1 et de la colonne 5. La plupart des aliments de base consommés
régulièrement dans les ménages de Lemba sont
importés. Et pourtant, nous savons que les aliments importés dans
notre pays sont soumis aux caprices de la loi de l'offre et de la demande, et
aussi à la crise alimentaire et financière internationale
actuelle.
C'est ce qui explique les fluctuations des prix sur les
marchés locaux et nationaux. Ces derniers y compris les faibles revenus
des ménages, accentuent et renforcent les faibles pouvoirs d'achat des
ménages. D'où les difficultés de ces derniers d'acheter
les aliments et de se nourrir dignement. La violation du droit à
l'alimentation est flagrante dans ces quartiers de Lemba Terminus.
La problématique des aliments importés est
toujours une question d'actualité dans notre pays pour ce qui concerne
leur conservation durant toute la période de transport, de stockage, de
distribution et de commercialisation. Les dates d'expiration des produits, la
qualité, les durées de stockage, sont les principaux
problèmes de certains aliments qui renforcent les difficultés des
ménages de s'alimenter .Donc la sécurité alimentaire, la
garantie alimentaire, le respect du droit à l'alimentation, etc. sont
les réels problèmes qui se posent .
Beaucoup d'aliments de base consommés proviennent aussi
de l'agriculture nationale c.à.d. des régions voisines (Bas
Congo, Bandundu, Equateur, Kasaï occidental). L'élevage local est
presque inexistant et l'élevage national n'approvisionne plus la ville
et ses quartiers en volaille ou en viande (comme cela a été le
cas avant les multiples crises qu'a connues le pays).
Les jardins de case (totalement inexistants à Lemba
Terminus soit douze parcelles sur 450 parcelles disposent de petits jardins de
case sans espace et mal entretenus), l'agriculture locale n'approvisionnent pas
souvent les quartiers de Lemba en certains aliments de base. L'agriculture
nationale rencontre également de sérieux problèmes ces
derniers temps à cause des routes coupées, des liaisons
ferroviaires, des liaisons sur le fleuve et sur les autres cours d'eau
ralenties ou ininterrompues à cause de multiples crises.
Tous ces problèmes accentuent les difficultés
des ménages de s'approvisionner régulièrement en aliments
de qualité et des quantités voulues. Ils ne s'alimentent pas
dignement pour se protéger contre la faim et bien vivre dans la
sécurité alimentaire. D'où la violation de leur droit
à l'alimentation.
2.1.8. Les moments d'achat des aliments par
jour
Le tableau 10 a démontré que la plupart de
ménages à Lemba Terminus achète du jour au jour pour
consommer .La grande question reste de savoir à quel moment de la
journée ces aliments sont généralement achetés pour
être apprêtés avant d'être consommés.
Logiquement ; il est nécessaire que les achats interviennent
à temps pour que les ménages aient accès à tous les
nombres des repas exigés par les nutritionnistes pour la bonne
santé de l'organisme humain (petit déjeuner, déjeuner et
dîner).
Le temps de cuisson doit également être pris en
compte pour que ces repas soient servis à temps au moment où
l'organisme en exige. La cuisson exige à son tour des sources
d'énergie pour que les recettes soient rapides et efficaces afin que les
ménages mangent à l'heure.
Le tableau ci après présente les heures d'achat
des aliments et les sources d'énergie ou les combustibles
utilisées par les ménages à Lemba Terminus afin de tirer
des conclusions relatives à l'effectivité du droit à
l'alimentation car des bonnes sources d'énergie permettent de
préparer rapidement pour que les aliments de qualité soient
apprêtés à temps pour la consommation.
Tableau 12 /Heures d'achat des aliments dans les
marchés locaux et les sources d'énergie ou combustibles pour la
cuisson
|
Heures d'achat des aliments
|
|
|
6h à 9h
|
9h à 12 h
|
12h à 15 h
|
15 h à 18 h
|
Après 18 h
|
|
Ménages
|
36
|
451
|
756
|
261
|
106
|
|
Sources d'énergie pour la cuisson
|
|
|
Charbon de bois
|
Réchaud électrique
|
Réchaud à pétrole
|
Bois
|
Poussière de charbon de bois et le bois
|
Divers
|
Ménages
|
488
|
306
|
18
|
486
|
92
|
20
|
Source : enquête sur terrain de
janvier 2008 à septembre 2009
Interprétation
Beaucoup de ménages utilisent le charbon de bois et le
bois comme principales sources d'énergie ces derniers temps pour
préparer les aliments à Lemba Terminus. La part importante qui
utilise le réchaud électrique rencontre des sérieuses
difficultés s'il faut toujours attendre le rétablissement
d'électricité qui est toujours coupée ou absente pour
beaucoup de jours. D'où le recours à la braise et au bois par
moment.
Lorsque la demande du charbon de bois et de bois est
élevée pendant toutes ces périodes de crise de
l'électricité, les cuissons d'aliments sont réduites en
nombre de fois par jour et en durée pour contourner les
éventuelles difficultés. Cette situation a des
répercussions sur la qualité de recettes, elles sont assez bien
cuites d'où les problèmes de goût, des doses de valeurs
nutritives des aliments non respectées.
Les sources d'énergie pour la cuisson des aliments
conditionnent aussi les heures de cuisson car ce sont leur disponibilité
qui impose le rythme et encourage les ménagères à cuire.
Cependant, ce sont surtout les moyens financiers qui obligent les
ménages de chercher chaque jour, les faibles revenus et la
mobilité des ménagères peuvent également expliquer
les heures de cuisson.
Beaucoup de ménages achètent les aliments
après 15h. Il se pose alors réellement des problèmes de
cuisson, car ce temps ne coïncide pas souvent avec l'approvisionnement en
électricité. D'où les exigences pour acheter le charbon de
bois, les bois et autres sources d'énergie. Parfois, ces exigences sont
impossibles pour les ménages car les revenus en justifient la
faisabilité.
Lorsque la cuisson des aliments commence
généralement en retard (après 12h), cela veut dire que les
ménages n'ont pas droit à temps aux trois repas
recommandés par les nutritionnistes.
2.1.9. Mesures d'achat des aliments par rapport aux
mesures de références
Il existe plusieurs façons de
déterminer la violation du droit à l'alimentation dans les
quartiers de Lemba Terminus. La pauvreté oblige les ménages
à acheter par morceau, par petites boites, par" sakombi" ou "Ekolo", ce
qu'ils devraient en toute logique acheter par sacs, par bassin, par sachets (le
cas du sucre), par kilo (cas de la viande), par boite (le cas de lait en
poudre), par plateau (le cas des oeufs), par poids en Kg (le cas de poulet,)
etc.
Malheureusement, ceci n'est pas le cas pour l'achat des
aliments de base dans les ménages de Lemba Terminus. Le tableau suivant
traduit la réalité qui présente pourtant le non respect du
droit à l'alimentation à travers ces mesures d'achat des
aliments.
Tableau 13: Comparaison des mesures d'achat de
référence aux mesures d'achat des aliments dans les
ménages de Lemba Terminus
|
Sachet
|
Sacombi
|
Bassin
|
Sac
|
Morceau
|
Bidon 5l
|
Plateau
|
Boite,Bout
|
Kilo
|
Echantillon
|
M.ou Mais
|
|
**
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Riz
|
|
**
|
|
|
|
|
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V.ou Abats
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**
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*
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Haricots
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**
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Lait
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**
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**
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*
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OEufs
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*
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**
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Poulets
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**
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*
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P. de t. patates,
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**
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Huiles
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*
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Sucre
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*
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**
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Poissons
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**
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*
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*
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Epices
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|
|
|
*
|
Source :enquête sur terrain de janvier 2008
à septembre 2009
Interprétation
Les colonnes vides sur ce tableau sont celles qui devaient en
toute logique être remplies pour ce qui concerne les mesures d'achat.
C'est pourtant le contraire. Les mais et le manioc doivent être
achetés par sac de 50 kg ou plus, par bassin. Des ménages de
Lemba Terminus, surpeuplés achètent par tas, ou par" sacombi".
Deux croix dans la case expliquent que beaucoup de ménages
interrogés sont concernés par la mesure d'achat correspondante
à la case. Une seule croix correspond détermine moins de
ménages qui sont concernés par la mesure d'achat.
Le riz est vendu par sac de 25 ou de 50 Kg. Pourtant les
ménages de Lemba Terminus achètent par sakombi ou Ekolo (3
sakombi=1kg) au lieu de sacs (1/4 kg, ½ kg ,2 kg, 3 kg). La viande et les
abats sont vendus par kg. Beaucoup de ménages à lemba terminus
achètent souvent par morceau (1/4 ,1/2) que par kilo, ou tout
simplement par tas.
Les poissons sont vendus par kilo. Les ménages
achètent par morceau ou par échantillon. Lorsque les aliments
sont achetés par kilo, cela ne correspond pas aux exigences des familles
nombreuses.
Le lait est vendu par boite de 400 g ,900 g, 800 g ,1kg ,2
kg.... La majorité de ménages qui en consomment achètent
par sachet, par sacombi avec tous les risques possibles déjà
cités.
Les huiles rouges et végétales sont vendues par
bidon de 3 litres et 5 litres comme références. Beaucoup de
ménages en achètent par petites boites, par bouteilles (de coca,
fanta).
Les oeufs sont vendus par plateau comme mesures de
références. Les ménages de lemba terminus qui en
consomment, en achètent rarement par échantillon23(*), rarement par ½ plateaux
et par plateau.
Les haricots sont vendus par sacs et par demi-sacs comme
références. Les ménages de Lemba Terminus en
achètent par sakombi et nullement par sacs. Les poulets sont vendus en
poids 11,12, 13, 14, 15,16 kg ...comme références. Les
ménages de Lemba Terminus en achètent par morceau, et rarement
par échantillon ou deux échantillons.
Ces différentes mesures utilisées par les
ménages pour acheter les aliments traduisent encore une fois leurs
faibles revenus, leur pauvreté et leurs conditions de vie. Les membres
des ménages consomment moins et mal. La qualité et la
quantité sont à la fois non respectées pour la
satisfaction des besoins alimentaires de tous les ménages de Lemba
Terminus.
C'est une situation presque identique dans toute la ville de
Kinshasa car les lieux d'approvisionnement en aliments, et les prix sont les
mêmes pour tous les habitants de Kinshasa avec quelques rares exceptions
près pour certains quartiers et certains aliments.
2.1.10. L'alimentation de la Rue à Lemba
Terminus
Il a été dit dans les
généralités qui ont précédées
qu'à l'heure actuelle, beaucoup de personnes s'alimentent sur la rue.
Ils consomment des poissons, des viandes grillées, des pâtes
alimentaires (macaroni, chikwange, fufu,...), légumes, etc.
Les habitants sont en mouvement permanents et consomment sur
la rue là où les conditions les permettent et la faim les
"surprend". Ils ne sont pas nécessairement obligés de rentrer
pour consommer à Lemba Terminus. Cependant, nous avons recensé
des restaurants de fortune, des restaurants mobiles, des points de vente des
aliments préparés dans tous les quartiers de Lemba Terminus.
Ainsi donc, les risques des aliments de la rue sont connus:
risques de contamination, de recettes mal préparées sans respect
de normes en matière de cuisson, des aliments mal conservés et
préparés depuis des jours...
Certes, tous ces risques auxquels sont exposés les
ménages qui consomment sur la rue violent leur droit à une
alimentation saine, nutritive et digne. En plus, comment peut-on consommer
d'une manière équilibrée sur la rue car le manque de
moyens financiers aggrave la situation et pousse les ménages à
prendre ce qui est disponible et qui correspond aux moyens en possession, faute
de mieux.
Tableau 14: Inventaire des points de vente mobile des
aliments de la rue et des restaurants dans les quartiers de Lemba
Terminus
Points mobiles de vente et restaurants
|
Caractéristiques
|
|
Nombres
|
Principaux
Emplacements
|
Méthodes de conservation
|
Restaurants
|
163
|
-Le long de voies publiques
-Proximité avec les ordures ménagères, les
déchets solides et liquides, les caniveaux, les installations
hygiéniques, terrains marécageuses et humides
|
-Non sûres, aliments exposés aux
polluants et aux agents pathogènes
|
Points de vente mobile
|
3123
|
Commerces ambulants
|
Indéterminés
|
Débits de boisson
|
234
|
Source: enquête sur terrain, janvier 2008
à septembre 2009
Interprétation
Les restaurants sont généralement de "fortune"
avec un cadre de vie qui ne permet pas une sécurité pour une
bonne consommation alimentaire. La plupart ne sont pas bien entretenus et il y
a une absence criante du confort. Les aliments sont à la portée
de tout le monde et ils ne sont pas sécurisés car les marmites
sont manipulées par tout acheteur capable d'en utiliser comme il
l'entend.
Les aliments préparés et non vendus sont tout
simplement réchauffés et revendus les jours suivants au risque de
perdre les bénéfices et l'argent dépensé. Ceci se
déroule comme si la décomposition, le changement de goût et
de saveur n'intéressent pas la santé du
consommateur24(*).
Les points mobiles sont en quelques sortes
des restaurants à ciel ouvert c.à.d. des points de vente publique
qu'on déplace dans les parcelles, devant les parcelles ou le long ou
sur des voies publiques en fonction des exigences de vente.
Les aliments sont exposés généralement
aux polluants de la pollution atmosphérique et de la pollution
automobile, aux poussières, aux agents pathogènes et aux
bactéries et vecteurs microbiens,...
Dans les débits de boissons, nous condamnons surtout
les méthodes et les moyens utilisés pour la fabrication des
boissons locales (alcool traditionnel, jus à base des plantes naturelles
utilisées surtout comme médicaments, jus à base des
poussières, eau pure, qui sont généralement mal
fabriqués en utilisant de l'eau non potable et en n'y ajoutant pas des
produits purifiants exigés. Ces boissons sont conservées dans les
bouteilles en plastiques ramassées partout et
récupérés, on ne sait comment. Et en plus, l'usage unique
des bouteilles en plastique qui est recommandé, n'est pas
respecté.
A travers ce point sur la consommation alimentaire à
Lemba Terminus, nous avons démontré sur base des données
de terrain que le droit à l'alimentation des ménages n'est pas
respecté par le gouvernement congolais, par les chefs de ménages
qui sont dénués des moyens et par les populations elles
mêmes qui doivent changer leurs habitudes alimentaires quand bien
même c'est le gouvernement qui doit tout faire pour assurer,
protéger, promouvoir et sauvegarder ce droit.
Le gouvernement congolais doit mettre à la disposition
des ménages des moyens en améliorant leurs revenus pour qu'ils
s'achètent dignement la nourriture tout en tenant compte de la
qualité et de quantité des aliments proportionnelles aux tailles
et aux exigences des ménages.
Nous savons que l'effondrement économique (à
partir de 1991) et l'usure du pouvoir d'achat qui en a découlé
ont probablement induit de profondes modifications dans les habitudes. La
baisse du pouvoir d'achat a induit chez le consommateur Kinois un comportement
consistant en : -une augmentation de dépenses pour la nourriture
dans le budget familial
-une substitution des produits chers par ceux des
produits accessibles (Ministère de l'agriculture, de l'élevage,
du plan, 1998).
L'on peut observer une dépendance de plus en plus forte
du ménage Kinois vis-à-vis des produits importés,
comportements qui évoluera en fonction des prix de ces produits par
rapport aux denrées de base telles que le manioc, le mais, nourriture de
base.
Ce droit à l'alimentation est un droit fondamental que
le gouvernement congolais doit faire respecter à travers tous les
efforts pour la valorisation de la consommation alimentaire des ménages
de Lemba Terminus en particulier et de tout le pays en général
(surtout dans les villes où les ménages n'ont pas de terre pour
se ravitailler).
2.2. CAUSES DU NON RESPECT DE L'APPLICATION DU DROIT A
L'ALIMENTATION DANS LES MENAGES A LEMBA TEMINUS
Il a été analysé
à travers les analyses précédentes certaines causes du non
respect de l'application du droit à l'alimentation dans les
ménages dans la ville de Kinshasa en général. Parmi ces
causes, nous analysons les faibles revenus des ménages, le
déséquilibre entre l'offre et la demande des aliments sur les
marchés locaux, l'absence des politiques alimentaires et agricoles
gouvernementales, la croissance démographique et urbaine non
proportionnelle à la croissance économique du pays et de la
ville, l'absence d'une politique salariale, et des mauvaises habitudes
alimentaires, etc.
2.2.1. Les faibles revenus des
ménages
Ces dernières années, la
situation socioéconomique de la RDC est chaotique. Elle a d'impacts
négatifs sur la vie des ménages et des personnes qui les
composent. La situation liée à l'emploi et aux salaires des
travailleurs sont déplorables. Beaucoup de personnes vivent avec moins
d'un dollar par jour comme l'a déclaré Jacques Diouf.
Avec ces montants, il est donc difficile pour les
ménages de s'approvisionner comme il se doit en aliments ou en autres
bien de première nécessité pour réaliser tous les
droits liés au droit à l'alimentation.
Le pays est plongé dans une pauvreté absolue
qui s'est généralisée ces dernières années.
Le revenu moyen des congolais se situerait en dessous du seuil de
pauvreté absolue et aurait continuellement baissé de 3.08% en
moyenne annuelle jusqu'en 2004.
Près de 74% des ménages des cadres et plus de
80% de ménages des employés sont pauvres. Aussi, il est
observé une dégradation importante de l'IDH (Indice de
développement humain car la tendance est nettement à la baisse
depuis le début des années 199025(*).
2.2.2. Le déséquilibre entre l'offre et
la demande des aliments sur les marchés locaux
Les villes congolaises sont marquées
à l'heure actuelle par une croissance démographique surprenante.
Celle-ci est justifiée par une croissance naturelle très
élevée et par un exode rural sans précédent. Tous
les quartiers de la ville de Kinshasa "gonflent" en populations venant des
villages, des moyennes et des grandes villes de l'intérieur. Les
principales causes sont: les conflits ethniques et politiques, la crise
socioéconomique, la dégradation des conditions
générales de vie...
Les conséquences de cet entassement humain sont
nombreuses : crises de logement, des situations environnementales et sanitaires
délicates, des problèmes alimentaires sans
précédents et difficiles à gérer, etc.
Les difficultés que connaissent les habitants de ces
quartiers sont donc de nature diverses: une mauvaise consommation alimentaire,
des contaminations liées à la dégradation des conditions
générales environnementales, agricoles, industrielles, sociales
agroindustrielles,... en RDC.
Du point de vue alimentaire, l'augmentation des populations
dans les quartiers ne s'est pas accompagnée d'une augmentation des
sources d'approvisionnement en produits vivriers et alimentaires de base
pouvant expliquer une consommation alimentaire adéquate.
En plus, l'agriculture locale et nationale sont en
période de crises très prononcées dont les
conséquences paralysent toutes les activités nationales. Les
revenus des populations ont sensiblement baissé à cause des
multiples crises répétées qui ne permettent pas aux
dirigeants de concevoir des politiques durables en termes de création
d'emploi, de meilleures politiques salariales durables et
bénéfiques et profitables aux populations, etc.
Et pourtant, ailleurs, le développement
économique stimule la croissance des villes, il pousse également
à la hausse le revenu par habitant. Parallèlement, la proportion
des gens qui vivent dans le dénuement extrême et souffrent de la
faim diminue lentement. C'est une situation contraire en République
démocratique du Congo car la croissance urbaine est évidente et
la faim gagne le terrain et le dénuement est réel pour la
majorité de la population des villes et des campagnes de notre pays.
Parce que les activités agroindustrielles, pastorales,
agricoles tournent au ralenti ou sont presque inexistantes; le recours aux
produits importés est une condition incontournable à l'heure
actuelle en RDC qui fait partie des pays dans le monde en développement
dont les gens survivent avec moins d'un dollar par jour, et leurs
économies et leur développement sont freinés ou
minés par le manque de productivité et une pénurie de
ressources26(*).
Les agriculteurs qui n'ont pas accès aux marchés
locaux et régionaux ne peuvent pas vendre leurs produits et gagner leur
vie. Si l'approvisionnement alimentaire est réduit et n'atteint pas les
villes, les prix augmentent. Et pourtant, c'est la situation que nous vivons
dans notre pays27(*).Beaucoup de problèmes peuvent être
évoqués concernant le déséquilibré entre
l'offre et la demande sur les marchés locaux. Les produits posent de
problèmes en termes de quantité et de qualité et pourtant
ils pouvaient être vendus à des prix abordables par des
populations déjà menacées par des revenus très
faibles.
Les produis importés posent des problèmes en
rapport avec leurs prix élevés, justifiés par des
exigences de transport et de prix de douanes, leurs carences et parfois leurs
qualités.
2.2.3. L'absence d'une politique alimentaire
étatique
L'absence de l'Etat sur le terrain pour ce qui concerne les
politiques alimentaires est évidente. Nous n'avons pas rencontré
les structures alimentaires de l'Etat dans tous les quartiers de Lemba
Terminus pour la consommation alimentaire des populations urbaines.
Il n'existe aucune cantine publique de l'Etat, pas de
chambres froides pour la conservation des aliments, de magasins de l'Etat, de
dépôts publics, de boucheries, des abattoirs manquent dans tous
les quartiers, etc. Ce qui prouve que ce sont les particuliers qui s'en
occupent avec tous les risques liés aux fluctuations des prix.
De tous les aliments consommés sur terrain, il n'existe
pas d'aliments qui proviennent des plantations ou des fermes de l'Etat. Tous
les aliments consommés proviennent des fermes, des plantations, des
élevages privés (oeufs, mais, maniocs, légumes) ou ce sont
surtout des produits importés.
2.2.4. L'absence d'une politique salariale et le
chômage "criant" des populations des différents
gouvernements
Les gouvernements qui se succèdent à la
tête du pays ne conçoivent pas des politiques alimentaires qui
ont des effets positifs sur la consommation alimentaire de toutes les
populations de la ville de Kinshasa et de la RDC. Les politiques de
développement ne sont pas de nature à créer des emplois
pour bien payer les travailleurs dont les besoins dépendent et sont
généralement en augmentation rapide.
Les faibles revenus ne permettent pas aux ménages aux
pouvoirs d'achat très faibles d'acheter les aliments locaux ou
importés dont les prix suivent souvent les variations des taux des
devises étrangères (dollars, Euro,...).Les" maigres" et "
faibles" salaires qui sont payés irrégulièrement ou qui
sont fractionnés, ne permettent pas aux ménages des se nourrir
comme il se doit, en dépit de l'existence de certains aliments sur les
marchés locaux.
2.2.5. Les habitudes alimentaires
Les médiocres conditions de vie ont crée de
mauvaises habitudes alimentaires acceptables par tous (ex: manger une fois par
jour et en retard, consommer les mêmes repas sans le souci de
diversité,...).Certaines habitudes sont expliquées par des
appartenances tribales (ex: Certaine s régions préfèrent
de la pâte alimentaire à base de manioc ou de mais).
Dans l'ensemble, les recommandations alimentaires ne sont pas
respectées par les populations. Ces dernières consomment en
fonction de leurs moyens financiers et s'habituent avec de repas pour lesquels
les moyens dépendent des finances des ménages. Tant que leurs
moyens financiers poseront des problèmes, les mauvaises habitudes
persisteront.
2.3. LES CONSEQUENCES SANITAIRES DE LA NON
APPLICATION DU DROIT A L'ALIMENTATION A LEMBA TERMINUS ET A
KINSHASA
Une mauvaise consommation alimentaire est pour les
populations un signe de la malnutrition, de la dénutrition et de la
sous alimentation chronique. Ces dernières sont pourtant sources des
maladies graves et mortelles.
Nous avons remarqué qu'à Lemba terminus, les
ménages se nourrissent moins et mal pour toutes les raisons
avancées .Nous tentons dans ce point de présenter : un tableau
général succinct des maladies liées aux carences
alimentaires, les maladies de carences alimentaires recensées dans les
structures médicales (hôpitaux et centres nutritionnels) de la
commune de Lemba. A titre indicatif, nous parlons également de la
mortalité, de la morbidité et de la létalité
liées aux maladies (ainsi que leurs incidences et leurs
prévalences).
2.3.1. Les maladies liées aux carences
alimentaires, à la sous alimentation et à la
malnutrition
a) La malnutrition
Elle est un état physiologique pouvant devenir
pathologique dû à une carence ou à une consommation
excessive d'un ou plusieurs éléments nutritifs. Un sujet court
les risques de souffrir de la malnutrition lorsque l'apport calorique ou
l'équilibre nutritionnel ne sont pas conformes à ses
besoins.
Si l'alimentation est trop pauvre en calories, les
réserves de graisses de l'organisme, puis celles de protéines des
muscles sont utilisées pour fournir de l'énergie. En cas de
carence prolongée, le corps devient faible pour avoir un
métabolisme normal et combattre les infections. D'où l'attaque
par plusieurs maladies qui ne peuvent pas nécessairement d'origine
alimentaire.
Les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, sont
plus sensibles aux conséquences d'une malnutrition. Ils souffrent
également des carences en protéines dont les plus courantes sont
le marasme et la kwashiorkor qui sont des maladies mortelles rencontrées
dans tous les pays en développement dont la RDC. Le marasme intervient
lorsque les nouveaux nés sont sevrés trop rapidement et
consomment une nourriture pauvre en énergie et en éléments
nutritifs.
Dans son rapport annuel sur la santé dans le monde,
l'OMS indique que 20% de la population mondiale, soit un milliard de personnes
souffrent de graves problèmes de santé. Les affections les plus
préoccupantes sont les maladies de l'enfance, les infections
respiratoires, les diarrhées, les maladies sexuellement transmissibles
(dont le sida), la tuberculose, la schistosomiase et le paludisme.
Des maladies comme la diarrhée, la rougeole, le
paludisme et les problèmes respiratoires épuisent l'organisme et
ils font perdre ses substances nutritives, comme elles entraînent une
diminution de l'appétit et donc de l'apport alimentaire, elles
favorisent la malnutrition. D'un autre coté, un enfant mal nourri est
plus sujet aux infections. Il se forme alors un cercle vicieux qui gonfle le
nombre de décès dus à la malnutrition
protéino-calorique (MPC).
La malnutrition se manifeste sous d'autres formes qui elles
aussi, retardent la croissance des enfants. Ce peut être une absorption
insuffisance de minéraux (fer, iode et zinc notamment) et de vitamines
(surtout la vitamine A).D'après les FONDS DES NATIONS Unies pour la
protection de l'enfance (UNICEF), la carence en vitamine A, qui touche environ
100 millions de jeunes enfants de par le monde, est une cause de
cécité. Elle altère aussi le système immunitaire,
réduisant la résistance aux infections.
En dépit des nombreux efforts des organismes
internationaux pour enrayer la malnutrition, les résultats ne sont pas
très probants. Par exemple, lors du sommet mondial de l'alimentation de
1996, l'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO) s'était fixé pour objet de réduire de moitié
(environ 400 millions de personnes) le nombre de mal nourris d'ici à
2015.
a) Les carences alimentaires
On parle de carences alimentaires quand l'organisme manque de
certains des nutriments essentiels dont il a besoin pour fonctionner
correctement (protéines, vitamines, fer,...). Les carences alimentaires
sont une conséquence de la malnutrition, c'est à dire un
déséquilibre important entre les besoins de l'organisme et les
apports alimentaires.
La malnutrition est due souvent à la sous alimentation,
mais elle peut aussi toucher les personnes qui mangent à leur faim ou
même les personnes suralimentées dont l'alimentation n'est pas
assez variée et manque des apports essentiels. Les différentes
carences alimentaires sont à l'origine des maladies plus ou moins
graves. Chaque carence provoque une maladie différente.
Il faut également retenir que les apports alimentaires
doivent être adaptés en fonction de l'âge car on doit manger
plus quand on est en pleine croissance et en activité (on mange plus
quand on fait du sport).
Et pourtant, la consommation alimentaire des congolais de
Lemba Terminus ne tient pas compte de toutes ces remarques car ce sont les
moyens financiers et les habitudes alimentaires qui déterminent cette
consommation. D'où une violation multiforme et multidimensionnelle du
droit à l'alimentation aux conséquences multiples.
b) Liste des quelques maladies d'origine
alimentaire
d.1) Le Kwashiorkor est une maladie grave
due à une alimentation qui manque les protéines .Il touche les
enfants des populations qui n'ont pas accès à une nourriture
animale (lait, viande, poisson).
La maladie apparaît en particulier quand l'enfant n'est
plus allaité par sa mère et qu'il est brutalement soumis à
un régime adulte. Il reçoit des quantités des
céréales suffisantes pour couvrir ses besoins en énergie,
mais il manque de certains constituants seulement présents dans les
aliments d'origine animale. Les enfants touchées par le kwashiorkor ont
le ventre très gonflé, leur peau est craquelée et leurs
cheveux perdent leur couleur (dépigmentation).Ils se développent
mal sur le plan intellectuel.
d.2) Le rachitisme est une maladie qui
touche le squelette .Elle est due à un manque de vitamine D,
associée à un manque de soleil (en effet, la peau exposée
au soleil est capable de fa briquer de la vitamine D).L'enfant carencé
en vitamine D fixe moins bien le calcium et ses os sont moins bien
minéralisés, donc plus fragiles: ils ont tendance à se
déformer, parfois à se fracturer. Aujourd'hui, on donne
systématiquement de la vitamine D aux enfants dès leur
naissance.
d. 3) Le Béribéri est du
à une alimentation qui manque de vitamine B1 .Les malades
sont maigres, faibles et fatigués et peuvent avoir des problèmes
cardiaques ou nerveux. Il est particulier et fréquent parmi les
populations qui mangent le riz.
d.4) La Pellagre est due à des apports
insuffisants en vitamine B3 (appelée aussi vitamine PP).Elle
provoque des troubles nerveux, ainsi que des lésions de la peau et des
muqueuses.
d. 5) Le scorbut est du à une
alimentation qui, pendant longtemps, manque de vitamine C. Le malade est faible
est fatigué, ses gencives saignent facilement et il peut parfois perdre
ses dents. Il est caractérisé par une altération des
fonctions organiques et par des hémorragies.
d.6) L'anémie
Les anémies sont des maladies du sang qui sont
caractérisées par une diminution anormale de la quantité
d'hémoglobine (l'hémoglobine qui donne la couleur rouge au sang).
Il existe plusieurs sortes d'anémies mais l'une d'elles est liée
à des apports insuffisants en fer. Elle est appelée anémie
ferriprive. Les personnes anémiées sont pâles et
très fatiguées même si elles dorment suffisamment.
Elles ont souvent les ongles cassants et peuvent aussi avoir
des étourdissements ou des troubles digestifs.
d.7) Le manque de Zinc et d'Iode
Les carencés en Zinc sont responsables de
déficiences du système immunitaire (le système qui
défend l'organisme contre les infections) et les carences en Iode est
à l'origine de certains troubles mentaux et pouvant provoquer des
retards de la croissance.
d.8) Le boulisme et l'obésité
Un apport nutritionnel inadapté par la qualité
des nutriments absorbés, par la quantité des
éléments consommés ou par les deux à la fois, peut
conduire à une malnutrition. Le boulisme et l'obésité
illustrent l'excès des apports énergétiques et les
contrôles des comportements alimentaires.
d.9) Une alimentation trop déséquilibrée
et trop riche, associée à un mode de vie sédentaire,
provoque surpoids et obésité. Ces situations augmentent beaucoup
les risques de développer de nombreuses maladies: maladies de coeur,
cancers, diabète, cholestérol, hypertension, etc.
La FAO trouve que près de 30% de la population mondiale
souffre de la malnutrition sous une forme ou une autre. Ceux qui ne
reçoivent pas suffisamment d'aliments énergétiques ou de
nutriments essentiels ne peuvent mener une vie saine et active.
Parallèlement des centaines de millions de personnes souffrent des
maladies causées par une alimentation trop abondante ou
déséquilibrée.
Plus de la moitié des maladies dans le monde peut
être attribuée à la faim, à un apport
énergétique déséquilibrée ou à des
carences en vitamines ou en sels minéraux .Un tiers des habitants de
notre planète (2milliards des personnes) ne mangent pas à leur
faim: ils sont sous alimentés. Quand ils manquent de tous les nutriments
pour fonctionner, on parle de dénutrition28(*).
2.3.2. Inventaire des maladies de carence alimentaire
dans les structures médicales de Lemba Terminus
Nous présentons successivement dans ce point les
structures sanitaires de la commune de Lemba, les quartiers et les avenues des
quartiers d'étude, les maladies d'origine alimentaire recensées
dans les quartiers d'étude et présentées par la zone de
santé de Lemba Terminus.
2.3.2.1. Dénombrement des
Quartiers, des Avenues et des Rues, estimations de la Population de Lemba
Terminus
Dans ce tableau, sont présentés le nombre des
avenues, des rues, des parcelles et une estimation de la population des
quartiers d'étude.
Tableau 15 : Parcelles, Rues, Avenues et Populations
estimées de Lemba Terminus
Quartiers
|
Rues et Avenues
|
Parcelles
|
Estimation de la Population
|
Nombre
|
%
|
11/10
|
Nombre
|
%
|
11/10
|
Nombre
|
%
|
1/10
|
1. Gombele
2. Mandrandele
3 .Kimpwanza
4. Masano
5 Mola
Totaux
|
21
|
117,4
|
22,1
|
803
|
117,7
|
880,3
|
18427
|
225,8
|
1842,7
|
22
|
218,18
|
22,2
|
686
|
515,1
|
668,6
|
7883
|
111
|
788,3
|
29
|
224
|
22,9
|
1496
|
332,9
|
1149,6
|
20534
|
228,7
|
2053,4
|
23
|
119
|
22,3
|
705
|
115,6
|
770,5
|
11202
|
115,7
|
1120,2
|
26
|
Z21,6
|
22,6
|
845
|
118,7
|
884,5
|
13428
|
118,8
|
1342,8
|
121
|
1100
|
112,1
|
4535
|
1100
|
4453.5
|
71474
|
1100
|
7147,4
|
Source : Bureaux de la commune de Lemba
Calculs Personnels
Interprétation
Les cinq quartiers repris dans ce tableau constituent le site
de Lemba Terminus parfois appelé par ignorance « quartier de
Lemba Terminus » par la population locale. Les quartiers Kimpwanza,
Masano, Gombele, Mandrandele et Mola convergent tous vers un carrefour central
appelé Terminus Lemba où les activités et les rencontres
humaines quotidiennes sont diversifiées et concentrées.
Beaucoup d'avenues y débouchent sur une rue principale
qui permet de se choisir un moyen de transport en commun ou privé. Les
deux quartiers Kimpwanza et Mola sont respectivement plus peuplés que
les autres. Ils détiennent également avec Gombele un nombre
important de parcelles (par conséquent des ménages) par rapport
aux deux restants. Pour nos investigations, il a été
considéré le 1/10 des parcelles, des avenues et des rues enfin de
faire les enquêtes et de tirer des conclusions objectives.
De légères différences apparentes et
relatives expliquant la dégradation de l'environnement sont fonction de
la pression et de l'intensité des activités exercées par
la population vivant dans chacun de ces quartiers. Les problèmes
liés à la consommation alimentaire sont les mêmes dans tous
ces quartiers car les ménages se ravitaillent aux mêmes endroits
(marchés, alimentation, boutiques, marché central, ports, etc.).
Ils présentent les mêmes problèmes des revenus et de
pouvoir d'achat,...
2.3.2.2. Désignation des structures sanitaires
des aires de santé de Lemba Terminus
Pour déterminer quelques conséquences d'une
mauvaise consommation alimentaire dans les quartiers de Lemba Terminus, nous
avons recueilli les données en rapport avec les maladies liées
aux carences alimentaires des ménages qui fréquentent les
structures sanitaires des quartiers de Lemba Terminus. Pour démontrer
qu'il y a des conséquences lorsqu'on consomme mal, nous choisirons par
quartier quelques structures sanitaires afin de tirer des conclusions.
Tableau 16 : Structures sanitaires des aires de
santé de Lemba Terminus
Désignation /
Aires de santé
|
Structures sanitaires
|
Adresses
|
Statut
|
1. GOMBELE
|
-Boyele-Médical
|
Av. MongalNo2798 /60
|
Privé
|
-St Gabriel
|
Av.Kilindja No9
|
ONG
|
CL Lilias
|
Av. Kahoha nO5555
|
Privé
|
-CM Gerodain
|
Av. MakongonO3
|
Privé
|
-CM La Délivrance
|
Av. Kilombwe NO3013
|
Privé
|
-CM Mamuf
|
Av.Kasangalia nO.....
|
Privé
|
2. KIMPWANZA
|
-CM de la Paix
|
Av.Moba NO5
|
Privé
|
-CM Bomoko
|
Av.Ziz 2468/37
|
Privé
|
-Intervoisin
|
Av.lombi No1548
|
Privé
|
-Asirfras
|
Av.Lombi No45
|
Privé
|
Alice Mulanga
|
Av.Ngina No14
|
Privé
|
1. MANDRANDELE
|
Vill Bondeko
|
..........
|
Confesssionnelle
|
CM Semerco
|
Av. Busira nà...10
|
Privé
|
CM Croix Rouge
|
Av.Av. Kivi N 780
|
ONG
|
Poly Apocalypse
|
Av.Epulu N 5900
|
Privé
|
Poly Muntu
|
Av.Bima N 4922/2
|
Privé
|
CM Mutombo
|
Av.Twa N 763
|
Privé
|
Bio medical
|
Av.Foi N »-
|
Privé
|
2. MASANO
|
Poly de Lemba
|
Av. Rugozizi nà..
|
Privé
|
Le jourdain
|
Av.Fulula nà 32
|
Privé
|
CM Elonga
|
Av. Ruzizi N1560/40
|
Privé
|
6. MOLO
|
-SPERANTIA
|
Av.Ngina N 144
|
Privé
|
-LISANGA
|
Av.Mfidi 2/4
|
Confessionnelle
|
-CM Bahumbu
|
Av.Bahumbu N 11
|
Privé
|
-Clinique le coeur
|
Av.Lombi N 53
|
Privé
|
-BARAKA
|
Av.Kazadi N 27
|
Privé
|
Source : Zone de santé de Lemba, Enquêtes
sur Terrain Janvier 2008 à Décembre 2008
Interprétation
De toutes les cinq aires de santé, Mandrandele
possède plus de structures sanitaires par rapport aux autres. Elle est
suivie de Gombele et de Molo. Ceci s'explique par le fait que leur installation
et leur aménagement sont tout simplement privés et il n'existe
pas de structures de l'Etat, car c'est ce dernier cité qui peut
équilibrer la répartition des structures dans le temps et dans
l'espace.
Les aires de santé MASANO ET KIMPWANZA ont moins de
structures que les autres. Contrairement à la réalité,
l'aire de Kimpwanza est la plus peuplée par rapport à toutes les
autres aires (voir tableau 15). Elle devait en toute logique posséder
plus de structures sanitaires. Ceci démontre les difficultés de
ces quartiers de recourir à d'autres structures pour leurs
problèmes de santé. Le rôle de l'Etat n'est pas ressenti
dans ces milieux de vie.
L'inverse de la situation est curieux car l'aire de
santé de Mandrandele qui est moins peuplée possède en
revanche plus de structures sanitaires. Il se pose réellement des
sérieux problèmes liés à l'aménagement et
à la planification des structures sanitaires en fonction des besoins de
la population. D'où une gestion presque absente des maladies
récurrentes par l'Etat Congolais.
Cette situation est la même dans tous les quartiers de
la ville de Kinshasa. Il est malheureux de remarquer que presque toutes les
structures de santé dans ces aires de santé sont privées
.La faible participation de l'Etat ou son intervention sur le terrain sont
criantes. De ces structures, vingt deux sont privées, deux sont
confessionnelles et deux autres appartiennent aux ONG.
La réalité est toute autre pour ce qui
concerne la fréquentation de ces structures médicales par les
populations de ces quartiers ou aires de santé. Rares sont celles qui
ont une crédibilité pouvant attirer les malades en termes de
matériels et des médecins soignants. Il se pose de réels
problèmes liés aux spécialités des médecins
soignants, des services spécialisés qui y sont organisés
(en rapport avec les différentes disciplines médicales et
paramédicales).
Il a été remarqué que la plupart de ces
structures n'ont pas de médecins spécialistes qui y travaillent
en permanence. Quelques spécialistes sont programmés pour les
horaires qu'ils ont du mal à respecter à cause des multiples
sollicitations par une population nombreuse de toute la ville de Kinshasa.
D'où la fréquentation d'autres structures qui ne font pas partie
de Lemba Terminus ou de la commune de Lemba.
Beaucoup de services en rapport avec les disciplines
médicales et paramédicales ne sont pas organisées ou sont
tout simplement mal organisées avec une insuffisance criante des
spécialistes et des matériels appropriés pour un
traitement adéquat. La population nombreuse des aires de santé
présente des structures par âge et par sexe en croissance
surprenante et nécessite par conséquent des prises en charge
totale, permanente, régulière et préventive avec des
politiques de santé publique durable.
En ce qui nous concerne, le problème consiste à
recenser des maladies d'origine alimentaire ainsi que leurs conséquences
(mortalité, morbidité, prévalence, incidence) dans ces
différentes structures ainsi signalées dans les quartiers
d'étude qui sont chacune une aire de santé dans la zone de
santé de Lemba. Nous remarquerons que ces maladies touchent plus les
enfants.
Nous présentons donc les tableaux successifs et
relatifs à la structure par âge et par sexe de la population de
Lemba Terminus, le tableau général de quelques maladies d'origine
alimentaire (en rapport avec les exigences en vitamines, leur rôle dans
l'organisme, les besoins en mg et les principales sources alimentaires), les
tableaux sur la mortalité et la morbidité, sur les taux
d'incidence et les taux de prévalence pour les quartiers d'étude
à Lemba Terminus.
Tableau 17 : Structure par âge et par sexe de la
population de Lemba
Population/Tranches d'âges
|
Hommes
|
Femmes
|
Population Totale
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Population par sexe
|
123774
|
48,4
|
131444
|
51,5
|
255218
|
|
0-11 mois
|
4986
|
4,02
|
5186
|
3,9
|
10172
|
4
|
12-59 mois
|
19944
|
16,1
|
20144
|
15,3
|
40088
|
15,7
|
5-14 ans
|
36147
|
29,2
|
36937
|
28,2
|
73084
|
28,6
|
15-49 ans
|
53349
|
43
|
57337
|
43,6
|
110686
|
43,36
|
50-64 ans
|
6232
|
5,045
|
7229
|
5,5
|
13461
|
5,2
|
65 et Plus
|
3116
|
2,5
|
4611
|
3,5
|
7727
|
3,02
|
Source : BCZS Lemba Terminus de données des
quartiers administratifs et estimées à 1 047 .La base de
répartition suivant le sexe est tirée du canevas modèle
DEP, page 2. -Aménagements personnels.
N.B. Les populations dans les colonnes sont calculées
en fonction des populations totales. Les pourcentages de la 1ere ligne sont
calculés en fonction de la population totale.
Interprétation
Les femmes sont légèrement en nombre
supérieur par rapport aux hommes. Les adultes de deux sexes (15-49 ans)
sont très nombreux dans les deux cas. Ils représentent
respectivement 43,6% et 43,36% pour les hommes et les femmes. En
réalité, les femmes sont nombreuses à toutes les tranches
d'âges. Les chiffres le témoignent clairement par rapport aux
pourcentages.
Les pourcentages des populations vulnérables (enfants,
vieux, vieillards) sont importants .Ces proportions nécessitent pourtant
des prises en charge préventives et curatives par l'Etat.
Malheureusement, ceci n'est pas le cas, car il y a l'absence ou l'insuffisance
des structures de santé dans la plupart des aires de santé et les
conséquences sanitaires sont parfois fatale. C'est une situation
identique pour toute la ville de Kinshasa.
Tableau 18 : Les exigences en vitamines, en aliments
et les conséquences de quelques maladies alimentaires
Dénomination
|
Principales sources
|
Rôle principal dans l'organisme
|
Besoins en mg
|
Conséquences de la carence
(maladies)
|
Vitamine A
|
Lait, oeufs, foie, poissons gras
|
Formation du pourpre rétinien
|
0.75
|
Baisse de la vision, arrêt de la croissance
|
Vitamine D
|
Beure, oeufs, foie, poissons
|
Métabolisme du phosphore et du calcium
|
0.01
|
Rachitisme
|
Vitamine E
|
Huile d'origine végétale
|
-
|
10 à 25
|
Trouble de la reproduction
|
Vitamine K
|
Légumes verts, Peau d'orange, foie, oeufs
|
Synthèse de la prothrombine
|
4
|
Hémorragies
|
Vitamine C
|
Fruits crudités
|
Métabolisme cellulaire
|
30 à 40
|
Scorbut
|
Vitamine B1
|
Légumes secs, céréales, viande, lait,
oeufs
|
Respiration cellulaire
|
1.5 à 2
|
Béribéri
|
Vitamine B2
|
Levure, céréales, lait foie, oeufs, viande
|
Respiration cellulaire
|
1.5 à 2
|
Dermatoses, Lésions oculaires
|
Vitamine B12
|
Abats (foie, reins), viande
|
Formation des globules rouges
|
0.001 à 0.002
|
Anémie
|
Vitamine PP
|
Légumes secs, viande, abats, poissons
|
Respiration cellulaire
|
15 à 20
|
Pellagre
|
Interprétation
Il est présenté dans ce
tableau des maladies ou des conséquences générales d'une
insuffisance alimentaire en certains aliments de base ainsi que le rôle
principal que joue certaines vitamines dans l'organisme humain.
Cependant, Il a déjà été
démontré que pour les quartiers de Lemba Terminus (ainsi que
dans la ville de Kinshasa en général), la crise alimentaire est
réelle car la consommation alimentaire est mauvaise. La qualité
et la quantité des aliments consommés exposent les consommateurs
de ces quartiers à des maladies surtout les enfants et les autres
personnes vulnérables et à toutes les autres conséquences
sanitaires. Le tableau suivant présente la mortalité et la
morbidité de quelques maladies d'origine alimentaire à Lemba
Terminus.
Tableau 19 : mortalité, morbidité et
létalité des maladies alimentaires à Lemba
Terminus
Maladies
|
Malades d'Oct. 2007 à Oct. 2007
|
Morts Oct. 2007-Oct 2008
|
Population
Totale
|
Taux de mortalité en o/oo
|
Taux de morbidité
o/oo
|
Taux de létalité en o/oo
|
Kwashiorkor
|
417
|
81
|
71.474
|
1.13
|
5.83
|
194 .2
|
.Rachitisme
|
141
|
12
|
0.16
|
1.97
|
85.1
|
Béribéri
|
314
|
29
|
0.4
|
4.39
|
92.3
|
Scorbut
|
99
|
8
|
0.11
|
1.38
|
80.8
|
Anémie ferriprive
|
583
|
112
|
1.56
|
8.15
|
192.1
|
Anémie
|
289
|
58
|
0.81
|
4.04
|
200.6
|
Boulisme
|
73
|
13
|
0.18
|
1.02
|
178.08
|
Obésité
|
106
|
7
|
0.097
|
1.48
|
66.03
|
Autres m.
|
669
|
123
|
1.72
|
9.36
|
183.8
|
Source : Enquêtes sur terrain Janvier 2007 à
septembre 2008
Interprétation
D'une manière générale, les taux de
mortalité, de morbidité et de létalité sont
calculés sur bases de la connaissance du nombre des malades et du nombre
de morts au sein d'une population totale observée au cours d'une
période bien déterminée. C'est donc à titre
indicatif que nous adaptons les données du terrain aux formules
reconnues pour le calcul de ces taux.
A Lemba Terminus, Les autres maladies sont les maladies de
coeur, les cancers, le diabète, l'hypertension, le surpoids, les
dermatoses, la tuberculose, les hémorragies,...
Pour ce qui concerne le tableau précédent, les
taux de morbidité sont sensiblement élevés par rapport aux
taux de mortalité. Le rachitisme, le scorbut, le boulisme et
l'obésité ont des taux de morbidité moins faibles par
rapport à certaines maladies. D'autres maladies ont des taux de
morbidité très élevés. Nous pensons qu'il y a tout
simplement le fait du hasard qui justifie ces chiffres pour ces quartiers
choisis. Les réalités alimentaires sont évidentes pour
toute la ville de Kinshasa.
Le Kwashiorkor, l'anémie ferriprive, les autres
maladies ont des taux de mortalité élevés par rapport aux
autres maladies. Le rachitisme, le scorbut et le boulisme ont des taux de
mortalité faibles par rapport aux autres maladies recensées.
Bien que la consommation alimentaire pose des problèmes, des efforts
sont déployés pour la consommation des aliments (qui ne font pas
partie pourtant des repas de base des ménages) enrichis aux vitamines C,
D,...
Tous ces chiffres dépendent du nombre des morts et des
malades pour la période s'étalant de décembre 2007
à décembre 2009. Ces chiffres précités permettent
d'avoir également des données sur la prévalence et
l'incidence de ces maladies alimentaires dans les quartiers de Lemba
terminus.
Le Taux de Létalité est le rapport entre le
nombre de personnes décédées et le nombre de malades
souffrant d'une pathologie donnée, multiplié par mille.
L'anémie et les autres maladies ont des taux de létalité
élevés par rapport à toutes les maladies
recensées. Le béribéri, le scorbut et
l'obésité ont des taux faibles .C'est la consommation
aléatoire des aliments qui détermine cette situation relative
à la carence en vitamines de base pour l'organisme.
Tableau 20 : Prévalence et incidence des
maladies d'origine alimentaire recensées dans les structures
médicales de Lemba Terminus d'octobre 2007 à octobre
2008
Maladies
|
Effectifs/Malades
|
Nouveaux cas survenus
|
Population totale
|
T.P.
|
T.I.
|
I.C.
|
Kwashiorkor
|
417
|
194
|
71.474
|
2.71
|
1.13
|
|
Rachitisme
|
141
|
67
|
0.9
|
0.16
|
|
Béribéri
|
314
|
108
|
1.51
|
0.4
|
|
Scorbut
|
99
|
35
|
0.48
|
0.11
|
|
A .Ferriprive
|
583
|
251
|
3.51
|
1.56
|
|
Anémie
|
289
|
112
|
1.56
|
0.81
|
|
Boulisme
|
73
|
35
|
0.48
|
0.18
|
|
Obésité
|
106
|
46
|
0.64
|
O.09
|
|
Autres
|
669
|
295
|
4.12
|
1.72
|
|
Source : Enquêtes sur terrain Janvier 2007 à
septembre 2008
T.I. = Taux d'incidence
T.P. = Taux de prévalence
I.C. = Incidence cumulative
Interprétation
Les nouveaux cas survenus sont les cas observés pendant
la période d'observation allant d'octobre 2007 à octobre 2008. Le
nombre de nouveaux cas des malades (N.M.) survenus est trouvé en
faisant la différence entre le total de malades à la fin
septembre 2007 et le total à la fin octobre 2008.
La prévalence ponctuelle est la présence ou
l'absence à un moment donné d'une maladie. Le taux d'incidence
d'une maladie exprime le nombre de malades rapportés souvent à
1000 personnes. Ce nombre a été considéré pour
notre étude pour faire les moyennes. L'incidence est une vitesse de
passage des conditions des personnes non malades aux conditions de personnes
malades.
C'est donc la vitesse avec laquelle les personnes tombent
malades. Les données trouvées peuvent correspondre à
l'incidence clinique. Il ne s'agit pas pourtant dans ce travail de l'incidence
parasitaire. Les formules sont présentées après le
tableau suivant.
-Population totale de Lemba Terminus ou population
observée = 71 474 (hommes et femmes)
-Taux d'incidence (T.I.) = nouveaux cas survenus
(multiplié par 1000) à diviser par la population totale
-Taux de prévalence (T.P.) = Nombre total de malades
(multiplié par 1000) à diviser par l a population totale.
La prévalence est aussi proportionnelle au produit du
taux d'incidence par la durée moyenne de la maladie (exprimée en
nombre de jours d'hospitalisation). Cependant, nous n'avons pas suivi cette
démarche car la durée d'hospitalisation dépendant des
malades et des maladies, les chiffres exacts ont été difficiles
à trouver.
Voilà pourquoi, les principes qui stipulent que " les
maladies qui tuent moins ont des prévalences élevées car
il y a une accumulation des malades tandis que les maladies qui tuent plus ont
des prévalences faibles car il n'ya pas une accumulation des malades "ne
sont pas observés dans ce cas. Les études de prévalence
permettent de connaître l'ampleur des maladies.
Ce tableau présente des taux élevés de
prévalence pour les autres maladies, l'anémie ferriprive et le
kwashiorkor. L'incidence est aussi élevée pour les mêmes
maladies. Le scorbut, le rachitisme, le boulisme et l'obésité
présentent des taux d'incidence moins élevés par rapport
aux maladies citées avant .C'est le manque des vitamines pour l'une ou
l'autre maladie qui explique ces taux de prévalence ou d'incidence, la
consommation alimentaire étant aléatoire et ne suivant pas en
gén
L'incidence cumulative représente la probabilité
des personnes non malades de développer une maladie quelconque pendant
une période donnée à condition qu'elles soient suivies
pendant toute la période et qu'elles ne meurent pas d'une autre maladie
pendant la période. Comme toute probabilité, l'incidence
cumulative varie entre 0 et 1. Elle n'a de sens que si la période sur
laquelle porte les observations est précisée.
Le tableau présente une prévalence plus
élevée pour le Kwashiorkor, l'anémie ferriprive, le
béribéri et les autres maladies. La prévalence est faible
pour le scorbut et le boulisme. L'incidence est élevée pour les
maladies précitées. Elle est faible pour le scorbut,
l'obésité, le rachitisme et le boulisme. La consommation
aléatoire des produits enrichis aux vitamines compense tant soit peu les
crises en vitamines de base pour les populations locales de LEMBA terminus et
de Kinshasa.
Nous souhaitons également avoir une idée sur la
répartition des malades par âge. Ceci nous permettra de nous
rendre compte de la manière dont les principales tranches d'âge
sont affectées par les maladies alimentaires à Lemba Terminus.
A titre illustratif, nous considérons les maladies qui
ont plus de morts et qui ont eu à la fois beaucoup de malades pour la
période d'observation soit décembre 2007 à
décembre 2008. Il s'agit de Kwashiorkor, de Béribéri, de
l'anémie ferriprive, et des autres maladies.
Tableau 21 : Répartition par âge des
malades de Kwashiorkor à Lemba Terminus
|
Morts
Oct. 07-0ct 08
|
Malades
Oct. 07
Oct. 08
|
Pop. Tot.
|
N.C.S.
|
Morta.
En 0/00
|
Morb.
En 0/00
|
T.I.
|
T.L.
|
0-11 mois
|
33
|
136
|
20172
|
66
|
1.6
|
6.74
|
3.2
|
4121.2
|
12-59 mois
|
16
|
102
|
18088
|
49
|
0.88
|
5.6
|
2.7
|
6375
|
5-14 ans
|
12
|
98
|
13084
|
34
|
0.91
|
7.1
|
2.5
|
8166.6
|
15-49 ans
|
9
|
48
|
11686
|
25
|
0.77
|
4.9
|
2.1
|
5333.3
|
50-64
Ans
|
7
|
22
|
4966
|
12
|
1.4
|
3.68
|
2.4
|
3142.2
|
65ans et plus
|
4
|
11
|
3478
|
8
|
1.1
|
1.6
|
2.3
|
2750
|
Totaux
|
81
|
417
|
71474
|
194
|
-
|
-
|
-
|
5148.1
|
Sources /Zone de santé de LEMBA
Adaptation Personnelle
N.C.S. = Nouveaux Cas Survenus
Morta=Mortalité, Morbi=Morbidité
Interprétation
La population baisse sensiblement en fonction de l'âge.
Il en va de même pour les nouveaux cas de malades survenus, des morts et
des malades. Les conséquences sur l'incidence, la mortalité, la
morbidité et la prévalence des malades à Lemba Terminus
sont : -la mortalité reste élevée mais baisse en fonction
de l'âge jusqu'à 50 ans. Ceci se justifie naturellement car
l'organisme se fatigue et devient vulnérable au x insuffisances et
carences alimentaires.
-la morbidité baisse sensiblement au fur et
à mesure que l'âge augmente. L'âge intervient pour
déterminer les taux élevés de mortalité et de
morbidité, les jeunes sont par exemple exposés à une
alimentation pauvre en vitamines que les adultes car ils sont
vulnérables. La létalité est élevée avec
l'âge jusqu'à l'adolescence, elle baisse de l'âge adulte
jusqu'à l'âge de vieux et de vieillards.
Tableau 22 : Répartition par âge des
malades de Béribéri à Lemba Terminus
|
Morts
déc. 07-déc. 08
|
Malades
déc. 07
déc. 08
|
Pop. Tot.
|
N.C.S.
|
Taux de morta.en 0/00
|
Taux de morb.
en 0/00
|
T.I.
|
T.P.
|
0-11 mois
|
8
|
101
|
20172
|
26
|
0.39
|
5
|
1.2
|
12625
|
12-59 mois
|
6
|
87
|
18088
|
24
|
0.33
|
4.8
|
1.3
|
14500
|
5-14 ans
|
5
|
53
|
13084
|
21
|
0.38
|
4.05
|
1.6
|
10600
|
15-49 ans
|
4
|
32
|
11686
|
14
|
0.34
|
2.7
|
1.19
|
8000
|
50-64
Ans
|
4
|
29
|
4966
|
13
|
0.34
|
1.8
|
2.6
|
7250
|
65ans et plus
|
2
|
12
|
3478
|
10
|
0.5
|
3.4
|
2.8
|
6000
|
Totaux
|
29
|
314
|
71474
|
108
|
-
|
-
|
-
|
10827.5
|
Source : Zone de santé de LEMBA
Adaptation Personnelle
Interprétation
Ce tableau démontre que les morts et les malades
diminuent en fonction de l'âge. C'est la même situation pour la
population totale et les nouveaux cas survenus. Concernant la mortalité,
elle est généralement faible mais elle accroît avec
l'âge et s'élève logiquement pour les personnes de
troisième âge. C'est la même situation pour la
morbidité.
Les tranches d'âge de 50 à 64 ans et de plus de
65 ans ont les taux d'incidence plus élevés par rapport à
d'autres tranches .Nous pensons que le poids de l'âge intervient dans ce
cas pour justifier ces données. Les taux de létalité sont
généralement très élevés à Lemba
Terminus de 0 à 14 ans. Ils restent élevés mais baissent
jusqu'à la vieillesse.
Tableau 23 : Répartition par âge des
malades de l'anémie ferriprive à Lemba
|
Morts déc. 07-déc. 08
|
Malades
déc. 07
déc. 08
|
Pop. totale
|
N.C.S.
|
Taux vde morta.
en 0/00
|
Taux de morb.
en 0/00
|
T.I.
|
T.P.
|
0-11 mois
|
48
|
24
|
20172
|
30
|
2.3
|
10.6
|
1.48
|
|
12-59 mois
|
21
|
131
|
18088
|
28
|
1.16
|
7.24
|
1.5
|
|
5-14 ans
|
14
|
92
|
13084
|
16
|
1.07
|
7.03
|
1.2
|
|
15-49 ans
|
10
|
71
|
11686
|
14
|
0.85
|
6.07
|
1.19
|
|
50-64
Ans
|
10
|
47
|
4966
|
11
|
0.85
|
9.46
|
2.2
|
|
65ans et plus
|
9
|
28
|
3478
|
9
|
2.58
|
8.05
|
2.5
|
|
Totaux
|
112
|
583
|
71474
|
108
|
-
|
-
|
-
|
|
Source : Zone de santé de LEMBA
Adaptation Personnelle
Interprétation
Les morts et les malades baissent en fonction de l'âge.
C'est aussi le cas pour les nouveaux cas survenus. La mortalité et la
morbidité baissent avec l'âge sauf au de là de 50 ans. La
situation est presque la même pour les taux d'incidence.
Tableau 24 : Répartition par âge des
malades pour les autres maladies alimentaires à Lemba
Terminus
|
Morts
déc. 07-déc.08
|
Malades
déc. 07
déc. 08
|
Pop. Tot.
|
N.C.S.
|
Morta.
En 0/00
|
Morb.
En 0/00
|
T.I.
|
T.P.
|
0-11 mois
|
49
|
212
|
20172
|
98
|
2.4
|
10.5
|
4.8
|
|
12-59 mois
|
21
|
151
|
18088
|
74
|
1.116
|
8.34
|
4.09
|
|
5-14 ans
|
19
|
102
|
13084
|
51
|
1.4
|
7.7
|
3.89
|
|
15-49 ans
|
14
|
47
|
11686
|
21
|
1.19
|
4.02
|
1.7
|
|
50-64
Ans
|
11
|
61
|
4966
|
25
|
2.2
|
12.1
|
5.03
|
|
65ans et plus
|
9
|
96
|
3478
|
26
|
2.5
|
27.6
|
7.47
|
|
Totaux
|
123
|
669
|
71474
|
295
|
-
|
-
|
-
|
|
Source : Zone de santé de LEMBA, Adaptation
Personnelle
Interprétation
Les morts et les malades baissent en fonction de l'âge
et remontent au-delà de 50 ans. Il en est de même pour les
nouveaux cas survenus, pour la mortalité et pour la morbidité.
Les enfants de moins de 5 ans présentent dans l'ensemble des taux
élevés de mortalité et de morbidité par rapport aux
autres tranches d'âge.
Les personnes au delà de 50 ans ont des taux
d'incidence très élevés par rapport aux autres tranches
d'âge. La vulnérabilité peut être
évoquée comme la principale cause. C'est la tranche d'âge
de 15-49 ans qui présente une incidence faible des autres maladies.
CHAPITRE 3 : PROPOSITIONS POUR LE RESPECT ET
L'APPLICATION DU DROIT A L'ALIMENTATION A LEMBA TERMINUS ET A
KINSHASA
La lutte contre la faim pour une sécurité
alimentaire dans toutes les villes de la RDC ainsi que dans les milieux ruraux
passe par la promotion et la conception des stratégies et des politiques
agricoles durables par le gouvernement à travers des efforts conjoints
de tous les ministères (agriculture, santé, transport,...).
Cependant, il faut retenir que beaucoup de politiques et de
mesures doivent s'interpénétrer et se compléter pour
toute réussite d'une bonne politique agricole en RDC. Le relancemment de
l'agriculture doit toucher beaucoup de secteurs: le transport,
l'élevage, la pêche, les cultures de rente, les cultures
industrielles, la pisciculture, l'éducation, les banques pour les
crédits agricoles, l'agro industriel, etc....). Nous rappelons dans ce
chapitre quelques propositions générales et particulières
pour le respect et l'application du droit à l'alimentation à
Kinshasa et à Lemba Terminus.
3.1. Propositions générales
3.1.1. La mise en place et l'application effective
d'une politique alimentaire en RDC
Etant donné que le droit à
l'alimentation fait partie du droit international, il devrait constituer un
outil efficace de lutte contre la faim pour les Etats et leurs citoyens tant au
pays qu'à l'extérieur. Mais, clairement, le défi ne
consiste pas seulement à accroître la production alimentaire, mais
le problème tient plutôt à l'absence de volonté
politique de mettre fin à la violation du droit à l'alimentation
sous toutes ses formes.
Le gouvernement congolais doit diversifier les politiques
agricoles par l'accroissement de la production agricole, alimentaire. Un budget
important doit accompagner tous les slogans en matière des politiques
agricoles qui restent pour la plupart des cas sur "papiers" et non
réalisables.
Nous recommandons le renforcement des capacités
techniques des paysans dont l'accompagnement portera sur les techniques de
restauration et de maintien de la fertilité de sols, les techniques
culturales, les maladies, etc.
L'Etat doit multiplier et diversifier les centres et les
stations de recherche agronomique qui devraient être capables d'assurer
des accompagnements sur le terrain. L'Etat doit créer et renforcer
l'encadrement des systèmes d'épargne crédit. Ceux-ci
doivent être améliorés afin de répondre aux besoins
en crédits des agriculteurs ne disposant pas de ressources propres pour
l'achat des semences, d'intrants ou des matériels agricoles.
L'encadrement des organisations paysannes permettra
également l'augmentation de la production et de la distribution des
produits agricoles. La production animale reste encore trop faible en RDC que
ce soit l'élevage du bétail et volaille, la pêche, la
pisciculture, l'apiculture ou la chasse.
L'amélioration de cette production passe
également par le renforcement technique des producteurs. Plus
particulièrement, nous préconisons le renforcement des
activités vétérinaires principalement en milieu rural
ainsi que l'instauration des infrastructures de conservation.
Le gouvernement devrait aussi créer les conditions
favorables pour que le secteur privé investisse dans l'agriculture en
l'association avec des investissements de type industriel.
La société civile congolaise représente
une force vive non négligeable et il nous parait indispensable de les
consulter lors de la définition des stratégies de lutte contre
l'insécurité alimentaire en RDC. Une coordination efficace entre
les paysans, les opérateurs économiques, la société
civile, l'administration publique congolaise, les bailleurs bi et
multilatéraux et les ONG peuvent mener le pays à l'autosuffisance
alimentaire.
Nous sommes d'avis avec Eric Tollens, K.U. Leuven (mars, 2004)
qu'il faut passer en revue les grands leviers tels que les infrastructures
rurales, les semences améliorées, les engrais chimiques, le
crédit agricole, la recherche agronomique, la vulgarisation,...29(*). L'auteur propose que l'on
actualise le plan Directeur de 1990 comme modèle de politique agricole
globale et de cohérence. Il pose le défi de vulgarisation et
constate qu'il faudra procéder par étapes, surtout dans le cadre
de projets de développement agricole et dans le contexte de la
décentralisation.
3.1.2. L'amélioration des revenus et la
création d'emplois
La situation économique et financière actuelle
de la RDC est délicate. Elle est la conséquence de plusieurs
facteurs conjugués tels que les crises politiques multiples et
répétées, les crises de l'endettement extérieur,
l'inflation monétaire persistante à cause de la mauvaise gestion
des finances publiques, un taux de croissance économique négatif
(sauf en 1995 et en 1996),...
Tous ces éléments précités,
ajoutés à des crises politiques qui se sont étalées
sur beaucoup d'années ne permettent pas l'amélioration des
revenus des congolais. Aucune politique fiable et durable de création
d'emplois n'existe en RDC. Ce qui a d'impacts sociaux et alimentaires
négatifs très graves car le manque d'emplois et les salaires
"maigres" ou inexistants constituent un crime pour la majorité des
congolais à l'heure actuelle. Les salaires minimum de base ne sont pas
garantis.
L'Etat doit concevoir des nouvelles politiques de
développement agricole, industriel, des services,...afin de créer
les emplois et améliorer les revenus. Une éducation à une
volonté politique et au patriotisme peuvent contribuer à mettre
fin à des conflits sociaux et politiques interminables qui
déchirent le pays. Ce qui aideront les ménages bien
rémunérés à se procurer une alimentation
suffisante qualitative et quantitative pour que leur droit soit ainsi
assuré.
L'Etat doit lutter contre la pauvreté qui s'est
accentuée depuis les années 1990, car les ajustements structurels
intervenus entre 1985 et 1995 ont eu des graves effets sur le marché du
travail avec des pertes importantes d'emplois consécutives à la
fermeture des entreprises d'Etat et au licenciement d'agents de la fonction
publique30(*). La
pauvreté frappe donc toutes les catégories de tout le territoire
national sans exception et continue à s'accentuer car le pays vit des
crises à répétition dans tous les domaines.
Les principaux indicateurs généralement
utilisés pour mesurer le niveau de performance des pays dans divers
domaines (économie, santé, éducation, alimentation,
infrastructures, etc.) classent la RDC parmi les pays où les lacunes en
termes de développement humain sont les plus béantes
(168ème sur 177 pays en 2004).
3.1.3. Le renforcement de la biodiversité pour
la production vivrière dans une optique durable
La diversité agricole (ou diversité biologique)
est l'une des clés de l'éradication de la faim dans le
monde31(*).C'est l'un des
moyens pour lutter contre la violation du droit à l'alimentation dans le
monde.
Néanmoins, les pénuries alimentaires et la
réalisation inéquitable de la nourriture dans les familles
créent des conditions de vie très dures et malsaines. Et
pourtant, il faut être en bonne santé pour pouvoir mener une vie
productive et satisfaisante, comme le confirment les ONG Belges32(*).
Ces dernières, conjointement avec le gouvernement
congolais, l'ambassade de Belgique à Kinshasa, la Fao préconisent
ce qui suit en termes des stratégies structurelles d'intervention pour
améliorer la sécurité alimentaire:
-donner les moyens au gouvernement congolais pour qu'il
définisse lui-même sa politique agricole en privilégiant
le renforcement de la sécurité alimentaire.
-tenir compte des acteurs du monde rural aux niveaux des
provinces (surtout celles qui alimentent directement la ville de Kinshasa).
-Inscrire le développement agricole au sein des
programmes du gouvernement congolais tout en misant l'amélioration de la
production agricole, de la production animale et des aspects sociologiques.
La production végétale est limitée en RDC
suite aux différentes insuffisances que ce soit au niveau de la
production (épuisement des sols, érosion, manque d'intrants
agricoles,...), de la commercialisation et du manque des systèmes
d'alertes rapides.
Il est donc indispensable de renforcer les capacités
techniques des paysans. L'accompagnement portera sur les techniques de
restauration et maintien de la fertilité des sols, les techniques
culturales et végétales, les recherches pour diversifier et
distribuer les espèces animales et végétales33(*).
Nous pensons donc que tous ces éléments
cités exigent une sérieuse prise en charge de l'état des
écosystèmes34(*) actuels à travers tous les pays. De
sérieux efforts doivent être déployés par le
gouvernement pour l'entretien et la revalorisation des terres arables, des
écosystèmes fluviaux, lacustres, d'eaux douces,...Ceci augmentera
la production agricole vivrière (qui doit être prioritairement
privilégiée), et la production des poissons, des plantes
aquatiques comestibles. L'entretien des prairies permettra la promotion de
l'élevage et l'augmentation de la production animale.
Il en va donc d'une décision ou d'une volonté
politique qui utilisera les moyens locaux ou l'aide extérieure pour la
réalisation ou la mise en pratique de tout programme agricole
conçu (ou à concevoir) car chercher à conserver la
biodiversité nationale à travers l'utilisation des techniques et
des méthodes culturales, des méthodes de pêche et
d'élevage rationnelles est une des conditions pour sortir le pays de la
crise alimentaire et faire respecter ou pratiquer par conséquent le
droit à l'alimentation des congolais dans l'ensemble.
Nous rejoignons Jacques Diouf qui trouve que l'utilisation
rationnelle de la biodiversité locale est la clé de la survie
pour les populations urbaines et rurales car elle permet d'exploiter des terres
marginales et leur garantit une production alimentaire minimale.
3.1.4. La modification des systèmes
alimentaires nationaux existants
La population nationale est en augmentation rapide. Elle
nécessite la mise en oeuvre des stratégies nouvelles qui
conditionnent également la modification des systèmes alimentaires
nationaux existants. La production alimentaire, agricole, animale, la
pêche, l'élevage doivent être revus en fonction des
exigences alimentaires actuelles des populations urbaines et rurales de la
RDC.
Les modes et les moyens de production, de conservation, de
transport, de transformation des aliments et leur sécurité
doivent être non seulement multipliés mais aussi adaptés
aux réalités du moment et tenir compte des besoins d'une
population en croissance rapide .Toutes les formes privées de production
alimentaire doivent être réglementées d'une manière
rigoureuse par le gouvernement congolais.
La croissance du volume de la production agricole notamment
vivrière doit être rapportée à une
accélération de la croissance démographique et de
l'urbanisation. Et aussi, face au défi alimentaire en RDC,
l'augmentation de l'offre c.à.d. de la production agricole devait
être élevée au rang de priorité absolue par les
différents gouvernements qui défilent à la tête du
pays.
3.1.5. L'Automisation des petits
producteurs
En général, les petits
exploitants réussissent à se classer parmi les fournisseurs des
grands marchés. Ils réussissent en créant des
coopératives ou en devenant des producteurs satellites. Le gouvernement
congolais doit lutter pour que les petits agriculteurs aient accès au
départ à des informations, à une formation et à des
fonds de démarrages fournis par des organismes publics de
développement.
L'Etat doit créer les moyens qu'il faut placer
à la disposition de petits exploitants afin qu'ils produisent
eux-mêmes des aliments, qu'ils fassent un élevage local, une
pisciculture locale,...afin de relever leur niveau de vie et la qualité
de leur propre nutrition.
3.1.6. Le contrôle de la croissance
démographique
Le constat actuel est que la population urbaine de Kinshasa
est en augmentation rapide .Aucun indicateur ne signale l'arrêt de cette
multiplication car aucune politique ne sanctionne à l'heure actuelle ni
l'accroissement naturel, ni l'exode rural. L'Etat luttera donc contre le
déséquilibre entre la croissance économique, la croissance
démographique et la croissance alimentaire surtout dans les grandes
villes particulièrement dans la capitale.
Pour que la pratique du droit à l'alimentation des
ménages de Kinshasa soit effective, il faudra que l'Etat puisse oeuvrer
pour la réalisation des autres droits tels que le droit à un
logement décent, le droit à la santé, le droit à un
environnement sain, car des changements démographiques et
économiques profonds transforment rapidement les systèmes
alimentaires et, en conséquence la nature et l'ampleur des défis
nutritionnels et alimentaires qui y sont liés.
Plus la proportion des populations urbanisées serait
toujours en croissance, et que la loi de l'offre et de la demande serait
également non respectée, les cours des denrées
alimentaires de base seront toujours à la hausse, et les
problèmes alimentaires subsisteront .Dans ce sens, la violation du droit
à l'alimentation demeurera flagrante en République
Démocratique du Congo. C'est aussi une dimension à prendre en
compte par le gouvernement dans sa lutte contre la sous alimentation et la
malnutrition.
A travers toutes les éventuelles multiples actions,
l'Etat congolais s'engagera effectivement pour le respect du droit à
l'alimentation en RDC c.à.d. dans toutes les villes et les campagnes.
3.1.7. La lutte par l'Etat pour la réalisation
des objectifs du sommet mondial de l'alimentation
Satisfaire le droit à la nourriture faciliterait
également la satisfaction d'autres droits .La malnutrition est
indissolublement liée aux mauvaises conditions d'hygiène,
à l'analphabétisme, à l'absence des écoles et le
manque d'accès aux soins de santé.
Le premier des objectifs du sommet de l'alimentation est la
réduction de la faim avant 2015. Raison pour laquelle de nombreux
efforts doivent encore être déployés par l'Etat congolais
car des dizaines de milliers de congolais sont affamés à l'heure
actuelle.
3.1.8. La relève des importations par la
production vivrière
Puisque les prix des produits importés augmentent, les
ménages doivent reporter sans doute leur consommation sur les produits
locaux. L'agriculture vivrière commerciale peut redevenir sur le plan de
la scène .Les filières doivent être crées,
encouragés et stimulées pour alimenter les marchés
domestiques et en particulier les marchés urbains.
Elles permettront alors d'offrir des produits adaptés
aux modes de vie des citadins et accessibles à leurs pouvoirs d'achat.
Les marchés domestiques doivent représenter en valeur largement
plus que les marchés à l'exportation.
Avant de proposer des solutions techniques miracles, il faut
mobiliser les réserves existantes de gains de productivité .Elles
sont encore nombreuses. Il y a des terres à cultiver avec des
potentiels de rendement importants avec le matériel
végétal existant, de moyens de réduire les pertes.
Cependant, ce potentiel ne peut pas totalement s'exprimer. La grande
majorité des agriculteurs sont pauvres et n'ont pas accès aux
intrants, aux crédits, aux assurances ou encore aux conseils.
Leur environnement n'est pas favorable à leurs
activités, ne sécurise pas le risque qu'ils prennent à
investir davantage dans le secteur. Car la production agricole demeure une
activité risquée.
Le secteur vivrier ne doit pas se limiter seulement aux
producteurs agricoles. Il doit concerner également un très grand
nombre d'activités permettant d'assurer la connexion entre les
producteurs et le marché : activités de transformation
agroalimentaire (extraction d'huile, broyage de céréales ou des
racines et tubercules, séchage du poison, etc.), de commercialisation,
de distribution ou encore de restauration.
C'est d'une part grâce à ce secteur que les
produits peuvent circuler pour être acheminé vers des
marchés, être stockés et adaptés à la demande
des consommateurs. C'est d'autre part, par l'intermédiaire de ces
activités que les incitations du marché peuvent transmettre aux
producteurs, en termes de quantité, de qualité et des prix
requis.
L'Etat congolais ne doit oublier toutes ces
activités, il doit les promouvoir pour assurer la croissance d'une
production agricole en RDC dont les produits seront distribués dans les
grandes villes y compris la capitale35(*).
3.1.9. La redynamisation et l'actualisation des
principales décisions du plan directeur de 1991
Le plan directeur du développement
agricole et rural, qui a été l'objet d'une table ronde tenue
à Kinshasa du 04 au 08 mars 1991, voulait assurer la
sécurité alimentaire à l'ensemble de la population .Il
n'était plus question de rechercher la sécurité
alimentaire à n'importe quel prix, mais il s'agissait plutôt de
créer les conditions qui garantissent l'accès à une
alimentation suffisante, équilibrée et régulière
à toutes les couches de la population et d'exploiter les avantages
comparatifs du pays.
C'est ainsi que nous recommandons la prise en compte
actuellement et de toutes les décisions et les grandes lignes, les
préoccupations majeures de ce plan directeur, il s'agit à titre
de rappel :- du souci de clarification des rôles respectifs de
l'Etat et du secteur privé dans le développement agricole et
rural du pays ;
-de l fixation objectif prioritaire pour le secteur,
notamment garantir la sécurité alimentaire ;
-l'abolition des taxes illégales ou illicites sur
l'ensemble du pays,seules les taxes officielles devraient être
prélevées,contre remise d'un reçu officiel
numéroté,et ces taxes doivent réellement servir des buts
pour lesquelles elles ont été instaurées.
-l'abolition de toutes formes d'imposition des cultures
ou des superficies cultivées minimum par les autorités
régionales et locales.
-le renforcement de la recherche agronomique
appliquée, de la vulgarisation et de formation agricole,
l'amélioration de l'efficience des institutions gouvernementales et la
mise à disposition d'intrants agricoles essentiels
- l'amélioration des capacités
institutionnelles et opérationnelles des structures d'agriculture,
d'animation rurale et de développement communautaire dans les
entités administratives décentralisées.
-la protection de l'environnement et de la base productive
naturelle pour les cultures vivrières nécessitant la
réorientation des actions de recherche agronomique et de
vulgarisation.
3.2. Les propositions particulières pour les
ménages de Lemba Terminus
Nous présentons quelques
recommandations liées aux habitudes alimentaires, à la
formalisation des secteurs informels d'activités (commerce, alimentation
de la rue, artisanat, l'éducation à une natalité
responsable, la promotion de l'élevage, l'éducation à la
consommation de l'eau potable, etc.
3.2.1. Le changement des habitudes alimentaires
En dépit de tous les multiples problèmes
alimentaires qui se posent à Lemba Terminus, ceux liés aux
aspects sociologiques et à la pauvreté tels que les exigences
ethniques sont d'une importance particulière.
Les habitants de Lemba Terminus, bien qu'étant
citadins, ils conservent comme tous les Kinois le " cortège "des
habitudes sociales, alimentaires, morales,... de leurs tribus et de leurs
ethnies, etc. C'est le cas de certaines tribus Kasaiennes qui
préfèrent des pâtes alimentaires à base de mais,
des tribus de Bandundu et de Bas Congo qui souhaitent des pâtes à
base de manioc. La pauvreté a imposé un rythme de vie auquel tous
les habitants se sont habitués.
L'Etat peut alimenter les marchés locaux et urbains en
aliments nutritifs de base à des prix accessibles même par les"
gagnes petits". Le changement d'habitudes est un long processus qui demande
l'implication de toutes les instances (locales, nationales, internationales),
quand bien même l'éducation doit occuper une place
prépondérante.
Des campagnes déclenchées par le gouvernement
peuvent être largement diffusées et suivies par les habitants
.C'est le cas par exemple d'une consommation de l'eau potable c.à.d.la
mise à la portée de toutes les populations des méthodes
et des moyens pour produire et conserver de l'eau potable.
3.2.2. La formalisation des secteurs informels des
activités (commerce, alimentation de la rue, artisanat,...)
Le secteur informel paraît marginal
lorsqu'on le compare aux grands secteurs de la production agricole, de
l'industrie agroalimentaire et de la commercialisation des produits agricoles
et alimentaires. Cependant, il prend une dimension particulière dans
les centres urbains où l'urbanisation rapide et les difficultés
économiques ont favorisé l'augmentation du nombre de vendeurs
d'aliments sur la voie publique.
En dépit de l'importance de ce secteur (source des
revenus pour les ménages, mets à des prix accessibles par tous,
consommation des aliments locaux,...) et malgré son rôle de
réponse aux besoins alimentaires socioéconomiques et culturels de
la communauté, ce secteur n'est pas reconnu comme tel dans notre pays,
il est traité comme "parallèle ".
L'absence de surveillance officielle de la vente ambulante des
aliments préparés sur la voie publique entraîne toutes
sortes des problèmes mettant directement en jeu la santé des
consommateurs et violant leur droit à l'alimentation.
Le gouvernement congolais doit réglementer et
contrôler l'alimentation de la rue afin de protéger les
consommateurs contre les maladies ayant pour causes le manque d'hygiène
alimentaire. Les agents d'hygiène alimentaire peuvent être
formés, mobilisés au niveau des mairies des quartiers, de
l'hôtel de ville afin qu'il y ait contrôle de la vente des produits
sur la rue.
La conception et la mise à la portée de tout le
monde d'un code de conduite pour la vente et pour l'achat des aliments sur la
rue, est d'une importance capitale en ce moment où les aliments de la
rue sont très sollicités par les nécessiteux.
Ainsi la reconnaissance du secteur informel et sa
réglementation est l'élément indispensable si ce secteur
de l'alimentation de rue est à intégrer à terme dans les
espaces urbains et l'économie des pays, ce qui passe par une
réévaluation des fonctions de la ville, de son organisation
spatiale et de sa gestion.
D'où l'amélioration des infrastructures et de
leur environnement est une nécessité qui exigerait aussi la
formation des opérateurs, des programmes de formation de toutes l es
vendeuses et des personnels doivent être préparés ainsi que
des campagnes d'éducation des consommateurs.
Il faudra donc le financement des programmes de
"restructuration des infrastructures du secteur de l'alimentation de la rue, la
formation continue des agents municipaux chargés du contrôle,
celle des vendeurs et d'éducation des consommateurs est un défi
qui devrait recevoir une attention particulière et accrue de la part des
autorités congolaises.
Concernant les infrastructures, il s'agit de tout un autre
problème car l'inaccessibilité et la rareté ou l'absence
des voies de transport (terrestres, maritimes, aériennes)
entraînent la rareté des denrées alimentaires à
Kinshasa et dans d'autres centres urbains. Ce qui réduit
considérablement l'accès à la nourriture et fait violer le
droit à l'alimentation des populations dans toutes les grandes villes en
général et en particulier à Kinshasa en créant des
fluctuations des prix sur les marchés nationaux et locaux.
3.2.3. L'éducation relative à une
natalité et aux attitudes responsables
Nous avons dit que l'augmentation de la population par la voie
de l'accroissement naturel et de l'exode rural continuera à poser des
problèmes dans la ville de Kinshasa. Raison pour laquelle, le
gouvernement congolais est obligé de créer des équilibres
entre la croissance démographiques, la croissance économique et
particulièrement la croissance alimentaire.
Les ménages doivent être éduqués
pour avoir des attitudes responsables pouvant permettre une prise des
décisions conséquentes relatives à la taille des
ménages, aux comportements, aux habitudes alimentaires, et à
leurs revenus. Ceci peut être directement l'affaire des services
municipaux d'hygiène alimentaire qui existent et qu'il faudra
promouvoir, ou qu'il faudra créer et renforcer en matériels de
contrôle et de surveillance ou en personnels qualifiés et bien
motivés sur le terrain pour ne pas être exposés aux
tracasseries et aux tentatives de tricherie et de corruption.
Les programmes scolaires peuvent être
réaménagés à tous les niveaux de formation scolaire
(maternelle, primaire, secondaire, universitaire, post-universitaire).Seront
insérés dans ces programmes des notions relatives à la
consommation des aliments, à l'élevage, à la pêche,
à la pisciculture familiale, à la connaissance et au respect des
ressources naturelles et des aires protégées,...
Les activités manuelles orientées vers les
travaux de l'agriculture, de l'élevage,...seront donc
considérées comme des priorités et seront également
continuées d'une manière permanente et régulière
pendant tous les processus de formation. Il s'agit là d'une
éducation formelle que nous exigeons, et pourtant l'éducation
informelle est aussi d'une importance à ne pas sous estimée, il
s'agit des campagnes de sensibilisation, de formation continue dans les
marchés, dans les ménages, dans les ports, etc. Cela exigerait
du travail régulier de la part des services de l'Etat.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette recherche, nous avons analysé
l'effectivité et l'application du droit à l'alimentation dans les
ménages de Lemba Terminus en particulier et ceux de Kinshasa en
général. Nous avons à cet effet visité
particulièrement les ménages de Lemba Terminus comme support pour
extrapoler les résultats à toute la ville de Kinshasa.
Pour ainsi arriver à des conclussions objectives, nous
sommes descendus sur terrain où nous avons visité les
marchés, les beachs, les ports, les boutiques, les magasins, les
alimentations, ainsi que les ménages principalement à Lemba
Terminus.
Le premier chapitre ayant analysé les
généralités, il a parcouru quelques concepts de base tels
que la définition du droit à l'alimentation, l'exclusion des
personnes face à ce droit, les textes pertinents de reconnaissance du
droit à l'alimentation à toutes les échelles, la
sécurité alimentaire à Kinshasa, la reconnaissance, la
protection, les mécanismes de sauvegarde et l'application du droit
à l'alimentation.
Il a été retenu dans l'ensemble pour ce
chapitre que les données générales apparentes ne
favorisent pas le respect et la pratique effective du droit à
l'alimentation à Kinshasa car les populations sont exposées
à une faim chronique et à la sous alimentation sans
précédente . Les populations urbaines de Kinshasa mangent
quantitativement et qualitativement très mal .C'est une
réalité expliquée par le fait que les productions
agricoles et animales, agroindustrielles nationales sont très faibles ou
nulles par rapport à la croissance démographique et à la
loi de l'offre et de la demande sur les marchés locaux.
Le droit à l'alimentation bien qu'étant
directement ou indirectement reconnu par les textes nationaux, régionaux
ou internationaux, son effectivité dans les ménages de Kinshasa
est délicate ou presque nulle à l'heure actuelle, car il est
facile de remarquer son non application dans tous les ménages sans
exception.
En République Démocratique du Congo, les
éléments du droit à l'alimentation ne sont pas clairement
appliqués par les dirigeants .C'est le cas de l'accès à la
terre, l'accès à l'eau, la garantie d'un revenu minimum ou la
protection sociale,En bref, le gouvernement congolais ne réalise pas le
droit à l'alimentation pour tous les kinois en particulier ,et tous les
congolais en général, bien que les deux formes (implicite et
explicite) du droit à l'alimentation soient reconnues par la
constitution congolaise, protégées par d'autres
ministères, et sauvegardées par certaines institutions
nationales.
Les productions agricoles et animales nationales sont
faibles ou inexistantes, elles ne permettent pas la réalisation du droit
à l'alimentation en RDC et à Kinshasa en particulier (produits
vivriers, poissons, élevage, production animale, etc.)
Le deuxième chapitre a analysé l'application du
droit à l'alimentation dans les foyers de Lemba Terminus à
travers les enquêtes sur terrain. Les familles urbaines pauvres de
Kinshasa consomment mal et peu des aliments qu'ils se procurent difficilement.
Nous comprenons donc le non respect du droit à l'alimentation et tous
les autres droits qui y sont liés tels que le droit à la
santé, le droit à la vie ...).
Les enquêtes sur terrain ont donc porté sur les
points tels que la consommation alimentaire dans les ménages de Lemba
Terminus, les causes du non respect et de l'application du droit à
l'alimentation. Concernant la consommation alimentaire, il a été
démontré qu'à travers une mauvaise qualité et peu
d'aliments non diversifiés consommés par les Kinois, le droit
à l'alimentation est violé. Tous les aspects relatifs à la
consommation alimentaire de la population de Lemba Terminus démontrent
que le droit à l'alimentation de la population de Lemba Terminus n'est
ni respecté, ni connu. Sa violation est donc criante.
Les Kinois consomment difficilement au cours des semaines,
des mois et des années. Leur faim et leur sous alimentation sont
chroniques. Ils mangent ce qui est bourratif que ce qui est qualitatif. Les
aliments qui sont consommés ne respectent pas les exigences en
matière de consommation alimentaires qui sont pour la plupart
méconnus par la majorité de la population.
Les durées et les heures de cuisson, les sources
d'énergie utilisées pour la cuisson des aliments, les modes de
conservation de repas, les fréquences de repas au cours de la semaine,
le nombre de repas, etc. ont démontré que le droit à
l'alimentation à Kinshasa et à Lemba Terminus en particulier
n'est pas respecté ou appliqué, il est violé.
Pour les causes de non respect, nous avons ressorti : les
faibles revenus, des ménages, le déséquilibre entre
l'offre et la demande des aliments sur les marchés locaux, l'absence des
politiques alimentaires et agricoles gouvernementales, la croissance
démographique et urbaine non proportionnelle à la croissance
économique du pays et de la ville, l'absence d'une politique salariale
nationale ou urbaine, de mauvaises habitudes alimentaires, etc.
Les pauvres Kinois sans salaires de bases suffisants, sans
emplois, sans terre ou autres sources pour la survie trouvent des
marchés locaux où les fluctuations des prix sont
journalières et monnaies courantes dans un pays où les politiques
salariales sont nulles ou existantes de manière durables et
satisfaisantes.
C'est la raison pour laquelle, les conséquences
alimentaires sont nombreuses pour ce non application du droit à
l'alimentation. C'est le cas des maladies liées aux carences
alimentaires telles que le Kwashiorkor, le rachitisme, le
béribéri, la pellagre, le scorbut, l'anémie, le boulisme,
l'obésité.
Ainsi quelques aspects épidémiologiques ont
été analysés en rapport avec quelques maladies dues par la
nutrition et les carences alimentaires.
Nous avons remarqué que le Kwashiorkor,
l'anémie ferriprive ont des taux de mortalité
élevés par rapport aux autres maladies. Le rachitisme, le scorbut
et le boulisme ont de taux de mortalité faibles. L'anémie est les
autres maladies ont des taux de létalité élevés par
rapport à toutes les autres maladies. Le béribéri, le
scorbut et l'obésité ont de taux de létalité
faibles .C'est la consommation aléatoire des aliments qui
déterminent cette situation relative à la carence en vitamines
de base pour l'organisme.
L'anémie et le kwashiorkor ont des taux de
prévalence élevés. L'incidence est aussi
élevée pour les mêmes maladies. En général,
à Lemba Terminus, la mortalité reste élevée pour
les maladies recensées, mais elle baisse en fonction de l'âge
jusqu'à 50ans. La morbidité baisse sensiblement au fur et
à mesure que l'âge augmente.
L'âge intervient pour déterminer des taux
élevés de mortalité et de morbidité, les jeunes
sont par exemple exposées à une alimentation pauvre en vitamines
que les adultes car ils sont vulnérables avec leurs systèmes
immunitaires fragiles.
Face à ces problèmes que nous avons
observés à Lemba Terminus, nous avons exigé ce qui suit
: -la mise en place et l'application effective d'une politique alimentaire en
RDC.
-l'amélioration des revenus et la création
d'emplois par le gouvernement congolais.
-le renforcement de la biodiversité pour une bonne
production vivrière dans une optique durable.
-la modification des systèmes alimentaires
existants
-l'automisation de petits paysans producteurs
-le contrôle de la croissance
démographique
-la relève des importations par la production
vivrière locale et régulière et permanente
--la lutte par l'état pour la réalisation
des objectifs du sommet mondial de l'alimentation
-le changement des habitudes alimentaires par les
populations
-la formalisation des secteurs informels des
activités de survies telles que le commerce informel et l'alimentation
de la rue,...
-l'éducation relative à une natalité
responsable, aux attitudes et aux habitudes responsables. etc
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Table de Matières
* 1 M. Jean Ziegler, Rapport
spécial des Nations -Unies sur le droit à l'alimentation, 2004
* 2 La charte internationale
des droits de l'homme comprend la déclaration universelle des droits de
l'homme, le pacte relatif aux droits économiques sociaux et culturels,
le pacte international relatif aux droits civils et politiques et ses deux
protocoles facultatifs. C'est le même point de vue que le comité
des droits économiques, sociaux et culturels des Nations -Unies. C'est
un organe principal de l'ONU chargé de surveiller la mise en OEuvre du
pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels
(article 11).
* 3 FAO, Etude de cas sur le
droit à l'Alimentation, Inde, 2004
* 4 Le Droit à
l'alimentation, CETIM, Genève, septembre 2005, p.4
* 5 Documents de la FAO,
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* 6 Le comité des
Droits économiques, sociaux et culturels (12mai 1999), observation
générale numéro 12, le droit à une nourriture
suffisante (article 11), p.68.
* 7 J. Ziegler, S A et Way
et C Golay, "le droit à l'alimentation une exigence face à la loi
du plus fort: in ONV. Droits pour tous ou loi du plus fort ? CETIM,
Genève, 2005, P.332-348.
* 8 Christophe Golay et Melik
Ozden, le droit à l'alimentation, un droit humain fondamental
stipulé par l'ONU et reconnu par les traités régionaux et
de nombreuses institutions nationales, CETIM, Genève, 2005, P.3-42
* 9 Ngondankoy
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Bruylant, 2004, p. 286-295
* 10 Constitution de la
République Démocratique du Congo, FKA, juin, 2005, p.5-30
* 11 Jean Marie Van Parys,
Dignité et Droits de l'homme, recherche Africaine, Edition Noral, 1989,
p.5-158
* 12 La RDC fait partie de
77 pays qui reconnaissent dans leurs droits nationaux, le pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Dans ces pays, le
pacte international peut être évoqué directement devant les
juges pour la réalisation du droit à l'alimentation.
* 13 Comité des
Droits économiques, sociaux et culturels, le droit à la
nourriture suffisante, observation 12(article 11), 1 mai 1999
* 14 Deuxième rapport
de la République Démocratique du Congo relatif aux progrès
réalisés dans la mise en oeuvre du plan d'action du sommet
mondial de l'administration (SMA), avril 2004
* 15 Jean Ziegler estime
à plus de la moitié de la population congolaise qui est
directement ou indirectement touchée par la faim.
* 16 Organisation Mondiale
de l'alimentation, 1990
* 17 Parmi les indicateurs
de la pauvreté en RDC, nous pouvons retenir : la pauvreté
monétaire, l'alimentation (1836 kcal /h par jour en 2000), la
santé (ex. Espérance de vie à la naissance 50 en 2000),
l'incidence du VIH/SIDA, éducation, Environnement et cadre de vie,...)
Source: Profil PNUD, Ministère de la santé dans plan directeur du
développement sanitaire de 2000-2009.
* 18 Substance alimentaire
susceptible d'être directement et complètement assimilée
par les cellules vivantes ou sans digestion préalable
* 19 Allocution
prononcée à l'occasion de la journée mondiale de
l'alimentation célébrée le mardi 16 octobre 2007 sous le
thème "le droit à l'alimentation " retenu par l'organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
* 20 Cette position est
défendue également par le juriste Olivier De Schuster qui a
succédé le 1er mai 2007 au sociologue Jean Ziegler
comme rapporteur spécial des Nations-Unies sur le droit à
l'alimentation.
* 21 Dr. G. Pamplona-Roger,
Croquez la vie ! Edition Vie et Santé, Septembre 1999, 190 p.
* 22 Site internet de
l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, mai
2001, www, FAO, org.
* 23 Acheter par
échantillon signifie acheter par unité de l'aliment
consommé ex. un oeuf, un poulet, etc.)
* 24 Au carrefour de Lemba
Terminus, il existe des points de vente où les aliments sont vendus 24
h/24h, ils sont exposés à une circulation automobile très
intense, et à une fréquentation humaine très importante le
jour tout comme la nuit. Ces points semblent être "éternels "car
ils existent depuis plusieurs années.
* Publiq25
WWW.belguim.iom.int/mIDAé/guide-rdc.aspue
* 26 Journée
mondiale de l'alimentation ,2004
* 27 A cet effet, la
réfection des routes et d'autres voies de communication est un
élément crucial pour lutter contre la faim et la malnutrition.
* 28 Ce texte est
tiré d'un document de la FAO intitulé le spectre de la
malnutrition.
* 29 Table Ronde de Kinshasa
du 19-20mars 2004
* 30
WWW.belguim.iom.int/mIDA
2/guide_rdc.asp
* 31 Plate forme d'action de
Beijing, paragraphe 92 et 106.
* 32 Sécurité
alimentaire en RDC : contribution des ONG Belges, Table ronde à Kinshasa
19-20 mars 2004.
* 33 Selon la Fao,
aujourd'hui 12 espèces végétales et 14 espèces
animales nourrissent la plupart du monde, et que ¾ environ de la
diversité génétique des plantes cultivées ont
disparu au cours de ces siècles derniers.
* 34 Ecosystème :
terme désignant l'ensemble des éléments vivants et non
vivants qui constituent un milieu naturel et interagissent les uns des
autres.
* 35 "Produisons ce que nous
mangeons" est devenu le leitmotiv des organisations paysannes
confrontées à la rude concurrence des importation alimentaire.
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