ANALYSE DE L'EFFICACITE DE L'AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS FRAGILES DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : 1995 -
2009
Par:
BIGIRIMANA Emmanuel
et
REMEZO Mike
NDAYISABA Felix
· ND
& NDAYISABA Felix
NDAYISABA Félix
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du grade de Licencié en Sciences de Gestion et
d'Economie Appliquée
Option : Economie et commerce
international
Sous la direction de :
M. NSABIMANA Salomon
Bujumbura, Décembre
2011
DEDICACES
A mon père
A ma mère
A mes frères et soeurs
A mes cousins et cousines
A toutes mes connaissances
BIGIRIMANA Emmanuel
A mon père
A ma mère
A mes frères et soeurs
A la famille SEBUSHAHU Pascal
A la famille NTAHONKIRIYE Omer
A mes cousins, cousines et neveux
REMEZO Mike
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, il nous tient à coeur
d'exprimer nos sentiments de gratitude à l'endroit de toute personne
qui, de près ou de loin a contribué à sa
réalisation.
Nos vifs remerciements s'adressent à Monsieur NSABIMANA
Salomon, directeur de ce mémoire qui, malgré ses nombreuses
obligations n'a pas manqué de nous guider dans nos premiers pas de
chercheurs. Ses pertinentes remarques, ses sages conseils, sa patience, son
courage et son contact ont été pour nous, une leçon tant
scientifique que morale.
Nos sentiments de reconnaissance et de gratitude vont à
l'endroit des autres membres du jury, pour le temps et l'effort qu'ils ont
consacré à la lecture de ce mémoire. Nous sommes
également redevables à tous nos éducateurs dès
l'école primaire jusqu'à l'université, plus
particulièrement ceux de l'ULT dans la Faculté des Sciences de
Gestion et d'Economie Appliquée(FSGEA) pour tant de sacrifices et
d'efforts fournis à la réussite de notre formation.
Que les responsables du centre de documentation de l'ULT, de
l'UB,de la BRB, et de l'IDEC trouvent ici,l'expression de nos sinceres
remerciements pour la documentation fournie.
A tous nos amis et connaissances, nous leur disons merci.
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
$ : Dollar Américain
% : Pourcentage
AFD : Agence Française de Développement
APD : Aide Publique au Développement
ASS : Afrique Subsaharienne
BAD : Banque Africaine pour le Développement
BM : Banque Mondiale
BRB : Banque de la République du Burundi
CAD : Comité d'Aide au Développement
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le
Commerce et le Développement économique
CPIA : Country Policy Institutional Assessment
CVI : Country Vulnerability Index
FMI : Fonds Monétaire International
G20 : Groupe de vingt pays
G8 : Groupe de huit pays
HCR : Haut Commissariat pour les Refugiés
IDEC : Institut pour le Développement Economique
OCDE : Organisation de coopération et de
développement économique
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programmes d'Ajustement Structurel
PCF : Fonds Post-Conflit
PIB : Produit Intérieur Brut
PIB/hab. : Produit Intérieur Brut par habitant
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PPA : Parité de Pouvoir d'Achat
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
PVD : Pays en Voie de Développement
RCA : République Centrafricaine
RDC : République Démocratique du Congo
RNB : Revenu National Brut
SRP : Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté
UB : Université du Burundi
ULT : Université du Lac Tanganyika
USAID : United State Agency for International Development
VIH/SIDA : Virus d'Immunodéficience Humaine/
Syndrome d'Immunodéficience Acquise
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET
ANNEXES
A. LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Résultats d'estimation des
modèles à effets fixes
60
Tableau 2 : Résultats d'estimation des
modèles à effets combinés
63
B. LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution de l'aide publique
au développement des pays relativement stables
30
Graphique 2 : Evolution de l'aide publique
au développement dans les pays post-conflit
31
Graphique 3 : Evolution de l'aide publique
au développement des pays en conflit armé
32
Graphique 4 : Evolution du taux de
croissance du PIB pour les pays relativement stables
33
Graphique 5 : Evolution du taux de
croissance du PIB pour les pays post-conflit
34
Graphique 6 : Evolution du taux de
croissance du PIB/hab. des pays en conflit
armé
35
Graphique 7 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays relativement
stables
38
Graphique 8 : Evolution de l'efficacité
économique dans les pays post-conflit
39
Graphique 9 : Evolution de l'efficacité
économique dans les pays en conflit armé
40
II.2.2. Evolution de l'efficacité
sociale
40
Graphique11 : Evolution de l'efficacité
sociale dans les pays post-conflits
42
Graphique12 : Evolution de l'efficacité
sociale dans pays en conflit armé
43
II.2.3. Evolution de la légitimité
sociale
44
Graphique13 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays relativement stables
44
Graphique14 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays post-conflit
45
Graphique15 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays en conflit armé
45
II.3. Aide publique au développement et
indicateurs de la fragilité
46
II.3.1. Aide publique au développement et
efficacité économique
46
Graphique16 : Evolution de l'aide publique au
développement et de l'efficacité économique dans les pays
relativement stables
46
II.3.2. Aide publique au développement et
efficacité sociale
47
Graphique17 : Evolution de l'aide publique au
développement et de l'efficacité sociale dans les pays de
post-conflit.
48
II.3.3.Aide publique au développement et
légitimité sociale
49
Graphique18 : Evolution de l'aide publique au
développement et de la légitimité sociale dans les pays en
conflit arme
49
CHAPITRE III : AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT
DANS LES PAYS FRAGILES DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE EMPIRIQUE
51
III.1. Cadre théorique des données de
Panel
51
III.1.1. Présentation des données de
panel
51
III.1.2. Rôle et avantages des données
de Panel
52
III.1.3. Inconvénients des données de
panel
53
III.2. Spécification du modèle et
anticipation des signes
54
III.2.1. Présentation du modèle
à estimer
54
III.2.2. Sources des données
56
III.2.3. Anticipations des signes
56
III.3. Présentation des résultats et
implications économiques
58
III.3.1. Résultats d'estimation des
modèles à effets fixes
58
Tableau 1 : Résultats d'estimation des
modèles à effets fixes
60
Tableau 2 : Résultats d'estimation des
modèles à effets combinés
63
III.3.3. Implications économiques des
résultats
65
CONCLUSION GENERALE
68
BIBLIOGRAPHIE
71
ANNEXES
LXXII
Graphique 8 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays
post-conflit
39
Graphique 9 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays en
conflit armé
40
Graphique 10 : Evolution de
l'efficacité sociale dans les pays relativement stables
41
Graphique 11 : Evolution de
l'efficacité sociale dans les pays post-conflits
42
Graphique 12 : Evolution de
l'efficacité sociale dans pays en conflit armé
43
Graphique 13 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays relativement stables
44
Graphique 14 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays post-conflit
45
Graphique 15 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays en
conflit armé
45
Graphique 16 : Evolution de l'aide publique
au développement et de l'efficacité
économique dans les pays relativement stables
46
Graphique 17 : Evolution de l'aide publique
au développement et de l'efficacité sociale dans
les pays de post-conflit.
48
Graphique 18 : Evolution de l'aide publique
au développement et de la
légitimité sociale dans les pays en conflit arme
49
C.
LISTE DES ANNEXES
DEDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET
ANNEXES
v
A. LISTE DES
TABLEAUX
v
B. LISTE DES
GRAPHIQUES
v
C. LISTE DES
ANNEXES
vii
0. INTRODUCTION
1
0.1. Enoncé
du sujet, son intérêt et sa délimitation
1
0.2.
Problématique
3
0.3.
Hypothèses de travail
6
0.4.
Méthodologie de recherche
6
0.5. Articulation
du travail
7
Chapitre I : EFFICACITE DE L'AIDE PUBLIQUE
AU DEVELOPPEMEN ET FRAGILITE DES ETATS : REVUE DE LA LITTERATURE
8
I.1. Historique et formes de l'aide
publique au développement
8
I.1.1. Historique de l'aide publique au
développement
8
I.1.2. Formes de l'Aide Publique au
Développement
9
I. 1. 3. Allocation de l'Aide Publique au
Développement
10
I.2. Littérature théorique et
empirique sur l'efficacité de l'APD
11
I.2.1. Approche théorique de
l'efficacité de l'APD
12
I.2.2. Quelques résultats empiriques
sur l'efficacité de l'APD
15
I.2.3. La corruption comme handicap
à l'efficacité de l'APD
17
I.3. La fragilité des institutions
et efficacité de l'aide publique au développement
19
I.3.1. Historique de la fragilité
des institutions
19
I.3.2. Les indicateurs directs à la
fragilité des Etats
21
I.3.3. Les indicateurs indirects à
la fragilité des Etats
24
Chapitre II : AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT ET LA FRAGILITE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE
DESCRIPTIVE
27
II.1. Evolution de l'aide publique au
développement et du PIB
27
II.1.1. Structure de l'aide publique au
développement
27
II.2.2. Evolution de l'aide publique au
développement
29
Graphique 1 : Evolution de l'aide
publique au développement(en % du PIB) des pays relativement
stables
30
Graphique 2 : Evolution de l'aide
publique au développement(en % du PIB) des pays post-conflit
31
Graphique 3 : Evolution de l'aide
publique au développement(en % du PIB) des pays en conflit
armé
32
II.2.3. Evolution du taux de croissance du
PIB
33
Graphique 4 : Evolution du taux de
croissance du PIB des pays relativement stables
33
Graphique 5 : Evolution du taux de
croissance du PIB des pays post-conflit
34
Graphique 6 : Evolution du taux de
croissance du PIB/hab. des pays en conflit armé
35
II.2. La fragilité et ses
indicateurs
36
II.2.1. Evolution de l'efficacité
économique
37
Graphique 7 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays relativement stables
38
Graphique 8 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays post-conflit
39
Graphique 9 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays en conflit armé
40
II.2.2. Evolution de l'efficacité
sociale
40
Graphique 10 : Evolution de
l'efficacité sociale dans les pays relativement stables
41
Graphique 11 : Evolution de
l'efficacité sociale dans les pays post-conflits
42
Graphique 12 : Evolution de
l'efficacité sociale dans pays en conflit armé
43
II.2.3. Evolution de la
légitimité sociale
44
Graphique 13 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays relativement stables
44
Graphique 14 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays post-conflit
45
Graphique15 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays en conflit armé
45
II.3. Aide publique au développement
et indicateurs de la fragilité
46
II.3.1. Aide publique au
développement et efficacité économique
46
Graphique 16 : Evolution de l'aide
publique au développement(en % du PIB) et de l'efficacité
économique des pays relativement stables
46
II.3.2. Aide publique au
développement et efficacité sociale
47
Graphique17 : Evolution de l'aide
publique au développement (en % du PIB) et de l'efficacité
sociale des pays de post-conflit.
48
II.3.3.Aide publique au
développement et légitimité sociale
49
Graphique18 : Evolution de l'aide
publique au développement(en % du PIB) et de la
légitimité sociale des pays en conflit armé
49
CHAPITRE III : AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS FRAGILES DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE
EMPIRIQUE
51
III.1. Cadre théorique des
données de Panel
51
III.1.1. Présentation des
données de panel
51
III.1.2. Rôle et avantages des
données de Panel
52
III.1.3. Inconvénients des
données de panel
53
III.2. Spécification du
modèle et anticipation des signes
54
III.2.1. Présentation du
modèle à estimer
54
III.2.2. Sources des données
56
III.2.3. Anticipations des signes
56
III.3. Présentation des
résultats et implications économiques
58
III.3.1. Résultats d'estimation des
modèles à effets fixes
58
Tableau 1 : Résultats
d'estimation des modèles à effets fixes
60
Tableau 2 : Résultats
d'estimation des modèles à effets combinés
63
III.3.3. Implications économiques
des résultats
65
CONCLUSION GENERALE
68
BIBLIOGRAPHIE
71
ANNEXES
I
Annexe 1 : Evolution de l'aide
publique au développement
II
Annexe 2 : Evolution de
l'efficacité économique
III
Annexe 3 : Evolution de
l'efficacité sociale
IV
Annexe 4 : Evolution de
l'épargne nationale brute
V
Annexe 5 : Evolution de
l'investissement direct étranger
VI
Annexe 6 : Evolution de
l'investissement national brut
VII
Annexe 7 : Evolution de la
légitimité sociale
VIII
Annexe 8 : Evolution de la profondeur
financière
IX
Annexe 12 : Evolution du taux de
croissance du PIB
XIII
TABLE DES MATIERES
DEDICACES..........
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET
ANNEXES
v
A. LISTE DES
TABLEAUX
v
B. LISTE DES
GRAPHIQUES
v
C. LISTE DES
ANNEXES
v
0. INTRODUCTION
1
0.1. Enoncé du sujet, son
intérêt et sa délimitation
1
0.2. Problématique
3
0.3. Hypothèses de travail
6
0.4. Méthodologie de recherche
6
0.5. Articulation du travail
7
Chapitre I : EFFICACITE DE L'AIDE PUBLIQUE
AU DEVELOPPEMEN ET FRAGILITE DES ETATS : REVUE DE LA LITTERATURE
8
I.1. Historique et formes de l'aide publique au
développement
8
I.1.1. Historique de l'aide publique au
développement
8
I.2.2. Formes de l'Aide Publique au
Développement
9
I. 2. 3. Allocation de l'Aide Publique au
Développement
10
I.2. Littérature théorique et
empirique sur l'efficacité de l'APD
11
I.2.1. Approche théorique de
l'efficacité de l'APD
12
I.2.2. Quelques résultats empiriques sur
l'efficacité de l'APD
15
I.2.3.La corruption comme handicap à
l'efficacité de l'APD
17
I.3. La fragilité des institutions et
efficacité de l'aide publique au développement
19
I.3.1. Historique de la fragilité des
institutions
19
I.3.2. Les indicateurs directs à la
fragilité des Etats
21
I.3.3. Les indicateurs indirects à la
fragilité des Etats
24
Chapitre II : AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT ET LA FRAGILITE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE
DESCRIPTIVE
27
II.1. Evolution de l'aide publique au
développement et du PIB
27
II.1.1. Structure de l'aide publique au
développement
27
II.2.2. Evolution de l'aide publique au
développement
29
II.2.3. Evolution du taux de croissance du PIB
33
II.2. La fragilité et ses indicateurs
36
II.2.1. Evolution de l'efficacité
économique
37
II.2.2. Evolution de l'efficacité
sociale
40
II.2.3. Evolution de la légitimité
sociale
44
II.3. Aide publique au développement et
indicateurs de la fragilité
46
II.3.1. Aide publique au développement et
efficacité économique
46
II.3.2. Aide publique au développement et
efficacité sociale
47
II.3.3.Aide publique au développement et
légitimité sociale
49
Chapitre III : AIDE PUBLIQUE AU
DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS FRAGILES DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ANALYSE
EMPIRIQUE
51
III.1. Cadre théorique des données de
Panel
51
III.1.1. Présentation des données de
panel
51
III.1.2. Rôle et avantages des données
de Panel
52
III.1.3. Inconvénients des données de
panel
53
III.2. Spécification du modèle et
anticipation des signes
54
III.2.1. Présentation du modèle
à estimer
54
III.2.2. Sources des données
56
III.2.3. Anticipations des signes
56
III.3. Présentation des résultats et
implications économiques
58
III.3.1. Résultats d'estimation des
modèles à effets fixes
58
III.3.3. Implications économiques des
résultats
65
CONCLUSION GENERALE
68
BIBLIOGRAPHIE
71
ANNEXES
0. INTRODUCTION
0.1 Enoncé du sujet, son
intérêt et sa délimitation
Dans la littérature, le concept d' "Etat fragile"
englobe plusieurs dimensions et surtout l'efficacité dans la mise en
oeuvre des politiques et programmes de l'Etat d'une part, et
l'équité en termes d'opportunités économiques
d'autre part (USAID, 2006). La fragilité concerne aussi bien l'aspect
macroéconomique que le niveau de pauvreté et des
inégalités.
Les PVD sont en permanence en difficulté
d'infrastructures de toute nature : manque d'infrastructures qui est
dû à la faiblesse de leurs économies qui, par
conséquent, enregistrent de faibles recettes fiscales avec une
épargne intérieure trop petite. Ces Etats n'ont d'autres recours
que de se retourner vers les économies occidentales qui sont parvenues
à mobiliser des fonds sur des épargnes, sur leurs budgets
respectifs et sur les marchés financiers.
Depuis la période poste coloniale, l'Afrique semble
déstabilisée par plusieurs obstacles au développement qui
la maintiennent dans une situation de pauvreté grandissante. Le manque
des infrastructures de base adéquates, le faible taux de scolarisation
et d'alphabétisation, l'instabilité politique et les guerres qui
se produisent dans cette région sont autant de facteurs qui maintiennent
l'Afrique et surtout l'ASS dans une situation de sous développement.
Malgré les aides que recevrait cette région, force est de
constater que cet effort louable reste encore insuffisant.
L'aide publique au développement a été
toujours caractérisée dans les PVD comme un moyen de lutter
contre la pauvreté. Les stratégies adoptées par la
coopération internationale ont évolué dans le temps, on
enregistre une tous les dix ans. Mais ces stratégies n'ont pas
eu les résultats escomptés car la pauvreté persiste
toujours.
Au cours des années 1970, il s'agissait d'investir dans
les actions qui touchaient directement les personnes pauvres, les années
1980 ont été marquées par l'avènement des PAS. Au
cours des années 1990, la BM a adoptée des travaux à haute
intensité de main d'oeuvre selon le principe qui consiste à
distribuer le revenu aux plus pauvres en leur facilitant l'accès au
travail. Les années 2000 ont été
caractérisées par les SRP dont les résultats
escomptés dans les PVD restent encore décevants. Aujourd'hui on
est en face des OMD dont les résultats sont encore attendus.
Nous avons opté d'analyser l'efficacité de
l'aide publique au développement dans les pays fragiles de l'Afrique
Subsaharienne. Dans un premier lieu, ce travail analyse l'effet de l'APD sur la
croissance économique et dans un second lieu, il analyse la relation qui
existe entre la fragilité et l'efficacité de l'APD.
Étant conscient de la grandeur croissante des
déficits budgétaires de ces pays, les APD concourent
à hauteur de 50% des recettes budgétaires (OCDE, 2005). En effet,
cette aide est destinée à réduire la pauvreté et
déclencher la croissance économique, le principal1(*) moteur du développement
durable. Nulle n'ignore l'importance de l'aide publique au développement
dans les pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne; elle constitue un flux
additionnel de l'épargne intérieure, la principale source de
financement mobilisable pour la mise en oeuvre d'une stratégie de
développement. Faute d'investissements directs étrangers, elle
présente aussi la principale opportunité de transfert de
capitaux.
Ce travail cherche à analyser l'efficacité de
l'aide publique au développement dans les 19 pays fragiles de l'Afrique
Subsaharienne sur la période d'analyse qui s'étale de 1995
à 2009. L'intérêt de ce travail est de montrer la relation
qui existe entre l'efficacité de l'APD et l'effet de la fragilité
sur la croissance économique.
Pour le choix de ce sujet, nous avons été
motivés par les travaux de Burnside et Dollar (1997) qui ont
démontré que l'efficacité de l'APD est conditionnée
par l'amélioration de la bonne gouvernance.
0.2 Problématique
Pour un PVD disposant de très peu de capitaux, le
recours aux aides extérieures lui permet de franchir la contrainte
budgétaire instantanée. Il peut s'attendre à une
croissance élevée dans la mesure où l'entrée des
capitaux permet l'abaissement du taux d'intérêt et par
conséquent la hausse du volume de la production agrégée.
Selon H. Chenery et A. Strout (1966), la situation de sous-
développement des pays pauvres est caractérisée par la
diminution de leurs possibilités de développement, par le manque
de l'épargne, le manque des devises étrangères donc
l'impossibilité d'importation. Le rôle de l'APD est de
combler l'écart entre l'épargne et l'investissement.
L'ASS a reçu une part non négligeable de l'APD
pour la promotion du développement à travers l'investissement.
Paradoxalement, la croissance d'Afrique en général a
diminué en moyenne malgré l'augmentation de cette aide par
rapport au revenu. Ces fonds d'aide n'ont pas contribué à
réduire la pauvreté de manière significative.
Selon l'OCDE, l'APD a atteint un montant de 79 ,5 milliards de
dollars en 2004 et 106 milliards de dollars en 2005 alors qu'en 2001 l'ASS
bénéficiait d'une APD de 14,6 milliards de dollars provenant des
sources bilatérales et multilatérales. Les nouvelles
données publiées par l'OCDE montrent une croissance continue de
l'APD en 2009 malgré la crise financière. Le total de l'APD
versé par les pays donateurs membres du CAD a augmenté de 0,7% en
terme réel mais la hausse est de 6,8% une fois la dette est
abandonnée.
L'aide représente moins de 1% des dépenses
gouvernementales en moyenne parmi les pays de l'OCDE alors que les gros efforts
sont encore nécessaires pour atteindre les OMD.
Bien qu'il y ait une augmentation considérable de l'APD
vers l'Afrique, le CAD constate que celle-ci est moindre par rapport à
l'objectif qu'il s'est fixé. En 2009, les apports bilatéraux vers
l'Afrique ont augmenté de 27 milliards de $, soit une progression de 3 %
en taux d'intérêts réels par rapport à 2008, dont
24milliards de $ sont alloués à l'ASS, soit 5 ,1% de plus
qu'en 2008.
L'augmentation des flux d'aide et de la dépendance
vis-à-vis de l'aide a conduit à une multiplication des travaux
sur l'effet de l'aide publique au développement dans des nombreux pays
pauvres. La volonté de comprendre les effets de l'aide ont
suscité des débats sur la définition de
l'efficacité de l'aide publique au développement et ses
critères d'évaluation.
Les études les plus connues sur l'efficacité de
l'APD sont celles des économistes de la Banque mondiale qui ont
été les premiers à suggérer que les liens entre la
croissance économique et l'aide étaient trop faible en
particulier dans un environnement des politiques publiques déficientes
(Burnside et Dollar,1997).
Depuis la Déclaration de Paris de 2005 sur
l'efficacité de l'APD, les débats se sont focalisés sur
l'efficacité ou l'inefficacité de l'APD sur la croissance
économique ou sur l'investissement, sur les formes d'aide comme l'aide
bilatérale ou multilatérale, et sur la composition de l'APD entre
autre les dons et les prêts (OCDE, 2003). Certains travaux
réalisés estiment que le processus de démocratisation peut
être amélioré par l'APD conditionnée. D'autres
estiment que l'APD sous forme de dons est plus efficace pour orienter
l'économie vers un développement durable. Pour les partisans des
prêts, ils estiment que les prêts reçus sont orientés
vers les dépenses de consommation au lieu des investissements.
Ayant reconnu les problèmes des pays pauvres, beaucoup
d'initiatives ont été reprises en matière de l'APD. Les
plus récentes concernent l'octroi de 0,7% du RNB par les pays donateurs
à l'APD destinée aux pays pauvres afin de réduire la
pauvreté dans le monde. Si l'APD peut promouvoir la croissance
économique et le développement humain, elle ne le fait pas de
manière efficace dans tous les pays. Ce manque d'efficacité est
attribué, dans pas mal des cas, à des facteurs comme les
institutions qui demeurent incapables d'accroitre la productivité de
l'APD, une capacité d'absorption insuffisante, la multiplicité
des donateurs aux exigences et objectifs variés, le manque de
coordination et d' harmonisation entre les politiques des différents
donateurs et la prise en compte des politiques nationales des pays
bénéficiaires dans la formulation des stratégies des
donateurs.
Les pays fragiles ayant des institutions moins solides et
moins efficaces pour faire face à la lutte contre la corruption, ces
Etats risquent de ne pas rendre l'APD efficace. L'analyse de Burnside et Dollar
(1997,2000) est au coeur du débat de l'efficacité de l'APD qui a
animé la communauté internationale dans les années1999.
Ainsi, cette analyse marque un tournant dans l'étude de
l'efficacité de l'APD puisqu'elle aborde la question des
conditionnalités macroéconomiques favorables à une plus
grande efficacité. Ainsi, étudier l'efficacité de l'APD
dans les pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne nous est parue indispensable
car, malgré les conditionnalités exigées par les bailleurs
pour rendre l'APD efficace, cette région reste décevante en
matière de promotion de la croissance économique soutenue et du
développement.
L'objectif principal de ce travail est d'analyser si l'APD a
eu un impact significatif sur la croissance économique. Etant
donné que ces pays ont été dévastés par des
guerres civiles et la pauvreté que les autres pays du monde.
Au cours de notre travail, nous cherchons à
répondre au questionnement suivant: Est-ce que l'APD est efficace
pour promouvoir la croissance économique dans les Etats fragiles de
l'ASS ? La fragilité des Etats influe-t- elle sur
l'efficacité de l'aide publique au développement ?
0.3 Hypothèses de
travail
"Une hypothèse est une réponse à la
question de départ de la recherche. C'est une proposition de
réponse à la question posée"2(*). Ainsi, Pour répondre aux questions ci-haut
posées, deux hypothèses ont été formulées:
· L'aide publique au développement contribue
positivement à la croissance économique des pays de l'ASS. En
effet, un flux d'aide internationale est supposé se répercuter
sur l'accumulation du capital, en s'ajoutant totalement à
l'épargne domestique, venant combler le déficit en épargne
qui contraint la croissance économique des PVD (Papanek, 1973 ;
Hansen et Tarp, 2000) ;
· La fragilité des Etats influe
négativement sur l'efficacité de l'aide publique au
développement. Cette hypothèse s'explique par le fait que la
croissance enregistrée depuis les années 2000 est menacé
par la crise financière mondiale de 2007.En effet, l'afflux des capitaux
et autres ressources financières internationales risquent de subir une
baisse substantielle du fait de la reprise de la fragilité des
économies développées (BAD, 2009).
0.4 Méthodologie de
recherche
Comme l'indique Balinda (2001), la méthodologie est
définie comme étant l'étude systématique par
observation de la pratique scientifique des principes qui la fondent et des
méthodes de recherche qu'elle utilise.
Pour ce travail, la démarche méthodologique a
suivi trois étapes : une documentation portant sur la revue de la
littérature théorique et empirique, une analyse descriptive et
une investigation économétrique à l'aide de la
méthode des moindres carrées ordinaires, utilisant les
données de panel.
0.5 Articulation du travail
Ce travail est fait de trois chapitres. Après une
brève introduction qui retrace l'intérêt de ce travail, le
premier chapitre présente l'approche théorique de
l'efficacité de l' aide publique au développement et quelques
travaux empiriques déjà réalisés sur le
thème, le second chapitre donne essentiellement l'évolution de
l'APD et de la fragilité au sein des pays relativement stables,
post-conflit et en conflit armé de l'ASS et enfin le troisième
chapitre analyse empiriquement la relation qui existe entre la fragilité
et l'efficacité de l'APD. Le travail est clôturé par une
conclusion générale dans laquelle nous avons ajouté une
interprétation économique des résultats obtenus.
Chapitre I : EFFICACITE DE L'AIDE
PUBLIQUE AU DEVELOPPEMEN ET FRAGILITE DES ETATS : REVUE DE LA
LITTERATURE
Ce premier chapitre retrace, d'une part, la revue de la
littérature théorique et empirique ainsi que l'historique de
l'APD dans les pays fragiles de l'ASS et la présentation de la situation
de la fragilité des Etats, d'autre part.
I.1. Historique et formes de
l'aide publique au développement
I.1.1. Historique de l'aide
publique au développement
L'aide publique au développement(APD) remonte à
la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, l'idée de
développer l'Europe trouve son point de départ dans un discours
de George Marshall à l'université de Harvard en 1947, d'où
le plan Marshall pour sauver l'Europe ruinée par la seconde
guerre mondiale.
Avant cette période, les relations entre les nations ou
à l'intérieur d'un empire étaient commerciales ou
financières. Pour atteindre l'objectif de développer l'Europe, il
a fallu une économie financée par de dons ou de prêts
à des conditions souples (BM, 1970) et la réussite de l'Europe a
donné l'image de ce que pouvait être le plan de
développement soutenu par l'aide.
Au cours des années 1960, la plupart des pays Africains
ont accédé à l'indépendance et ils ont
commencé à bénéficier de l'aide
étrangère. Cette dernière s'évaluait entre 20 et 30
milliards de dollars américains par an (BM, 1996). Le but principal
était de déclencher une croissance économique de
qualité et cohérente grâce à cet appui. Jusqu'au
milieu des années 70, les donateurs mettaient l'accent sur le volume
d'aide ; ils fournissaient une importante ressource financière
ainsi qu'une assistance technique aux pays bénéficiaires.
A la fin des années 1970, l'idée que les
ressources financières étaient une condition nécessaire
mais pas suffisante est devenue apparente. En effet, les politiques
économiques des pays bénéficiaires de l'aide sont apparues
essentielles pour la réussite de tout plan de développement.
Dès lors, la politique de l'APD et les politiques des
pays bénéficiaires sont devenues des composantes à
intégrer dans tout processus de développement. Le pourcentage de
l'APD débloquée pour l'Afrique Subsaharienne a augmenté
entre 1998 et 2003: cette région a reçu 60% du surcroît de
l'APD (Nations Unies, 2009). L'essentiel de ces fonds a toutefois
été alloué à des pays sortant d'un conflit. En
2003, les donateurs ont adopté la déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide qui insiste sur cinq les principes :
l'appropriation, l'alignement, l'harmonisation,
la gestion axée sur les résultats, et la
responsabilité partagée3(*).
I.1.2. Formes de l'Aide Publique
au Développement
Dans la littérature, l'APD se présente sous
plusieurs formes. En effet, à coté de l'aide octroyée par
les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui permet de mettre en oeuvre de
courtes opérations ponctuelles de moindre échelle, il existe
également l'aide projet et l'aide programme que les pays de l'ASS
utilisent pour le développement depuis longtemps.
· Aide des ONG
La Banque Mondiale précise que l'octroi de l'aide par
les ONG est efficace dans la mesure où l'aide arrive directement aux
bénéficiaires. Certaines ONG allouent leur aide sous forme
d'assistance technique spécialisée dans certains domaines comme
la gestion des affaires, l'éducation, la santé, l'assistance
à des enfants et des femmes. D'autres se spécialisent dans des
aides d'urgence.
Les ONG ont des façons très favorables
d'atteindre leurs objectifs par rapport à l'aide classique (aide
bilatérale et multilatérale). Elles se proposent d'atteindre les
pauvres et de les faire participer dans la prise des décisions afin de
répondre de façon efficace à la demande globale. Elles
enseignent à la population cible comment se prendre en charge, en
valorisant les ressources locales au lieu d'agir d'Etat à Etat. Les
ONG agissent de personne à personne et pour ce, améliore
l'efficacité de l'aide envers les pays fragiles.
Le financement du développement par les donateurs non
membres du CAD, par les ONG et autres organisations de la société
civile internationale reste significative depuis l'adoption des OMD (ONU,
2010). On estime que l'aide en provenance des pays non membres du CAD
s'évaluait autour de 8,5 milliards de dollar américain en 2007,
soit près de 7,5% des flux du CAD et environ 7,1milliards de dollars
américain du total provenaient des pays membres de l'OCDE et
dirigés vers les PVD.
· Aide projet et aide programme
L'aide projet sert à financer un projet
spécifique pouvant prendre la forme d'une construction d'infrastructure
ou de mise en place d'une unité de production. Quant à l'aide
programme, elle vise à financer une partie du plan de
développement du pays bénéficiaire. Il faut entendre
l'aide programme comme un prêt -programme pouvant servir à payer
les intérêts sur la dette extérieure contractée par
un pays.
I. 1. 3. Allocation de l'Aide
Publique au Développement
Le sommet de G20, en avril 2009, souligne combien il est
important de ne pas réduire les engagements de l'APD pendant la crise. A
part les retards d'exécution constatés par rapport à
l'objectif global, qui est de réduire la pauvreté, il existe
également un retard de couverture dans la répartition de l'APD.
La part de l'APD allouée aux pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne a
cru de façon marginale entre 2000 et 2007. Et n'a pas favorisé
les pays les plus dépourvus et possédant le plus grand nombre des
pauvres.
De même, en 2007, le premier bénéficiaire
de l'APD était l'Irak suivi par l'Afghanistan; ensemble les deux pays
ont reçu environ 1 /6 de l'APD allouée par pays en
provenance du CAD.
Par région, l'ASS reste le premier
bénéficiaire de l'APD avec un doublement de fonds reçu en
dollars américains des Etats Unis entre 2000 et 2007. L'Asie occidentale
vient en deuxième position et les montants qu'elle a reçus
à titre de l'aide ont augmenté au cours de cette période.
Cependant, la hausse est imputable aux efforts d'allégement de la dette
extérieure multilatérale (ONU, 2009). Quant à l'APD dans
le cadre des relations multilatérales orientée vers l'ASS entre
1980 et 1992, elle était estimée en moyenne aux environs de 38%
(Sinkan, 1995). En 2000 les donateurs ont transféré 50 milliards
de dollars vers l'ASS, soit environ 0,22% du RNB contre 0,35% en 1997, 0,25% en
1996 et 0,35% entre 1994 et 1995.
Cette diminution de l'aide trouve son explication dans les
organisations bureaucratiques, peu soucieuses des principes économiques
qui visent à accroitre l'efficacité de l'APD entre autres les
politiques des pays bénéficiaires. Cet état des faits a
entrainé l'inefficacité l'APD et alimentait la corruption et la
mauvaise gestion des ressources disponibles. D'où la décision des
donateurs de réduire le volume de l'aide ou tout simplement de se
désengager. D'autre part, les pays bénéficiaires
expliquent que la réduction d'aide est due aux conditionnalités
formulées par les pays donateurs.
I.2. Littérature
théorique et empirique sur l'efficacité de l'APD
La relation aide-croissance a été
analysée depuis les travaux de Burnside et Dollar (1997) et il est
important de reconnaitre que, outre l'aide, il y a d'autres facteurs qui
participent à la croissance économique. Pour beaucoup de pays de
l'Afrique Subsaharienne, la faiblesse de la croissance économique
s'explique par la vulnérabilité aux aléas climatiques et
chocs économiques tels que la dégradation des termes de
l'échange, les sécheresses, les inondations ou autres
aléas.
Au fil des années, bien des pays de l'Afrique
Subsaharienne ont pu bénéficier de nombreux concours d'organismes
bilatéraux ou multilatéraux et d'organisations non
gouvernementales qui diffèrent dans leurs priorités, objectifs et
procédures, cycles de planification et conditions qu'ils imposent. Cette
multiplicité des donateurs soulève des problèmes de
coordination de l'APD et pose de grandes difficultés aux pays fragiles
bénéficiaires de l'aide.
Les procédures et objectifs divergeant ont des
conséquences considérables sur la relation "aide publique au
développement" et "croissance économique" dans la mesure
où le manque de coordination entre les donateurs induit la mauvaise
gestion et le détournement des fonds de la part des pays fragiles
bénéficiaires. Les vastes volumes d'APD non coordonnées
versés à des économies tributaires de l'aide
extérieure, peuvent entraver l'émergence d'une bonne gouvernance
et d'institutions économiques efficaces, ce qui risque de gêner le
développement de structures propices à la croissance
économique.
L'aide publique au développement accordée d'une
façon non considérable peut apporter une légère
contribution à la croissance. Pour certains, l'inefficacité de
l'APD dans les pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne tient en partie
à l'imprudence dont font preuve les pays donateurs et les agences de
développement lorsqu'ils accordent de l'aide et des prêts à
des pays Africains. Une grande proportion de l'aide publique au
développement adressée à ce continent est utilisée
pour financer des projets de prestige (Ayittey, 1999).
I.2.1. Approche théorique
de l'efficacité de l'APD
La littérature sur l'efficacité de l'APD pour
promouvoir la croissance porte des divergences. Rostow (1960), prédisait
que l'épargne des pays bénéficiaires de l'aide s'accroit
naturellement à la suite du décollage économique et que
l'aide ne serait plus nécessaire après 10 ans ou 15 ans.
Hollis Chenery (1962) souligne l'importance de
l'épargne dans sa variante de l'approche par le déficit de
financement. De plus, Chenery et Alan Strout (1966) eurent recours à un
modèle où l'aide est destinée à combler le besoin
de financement entre les capacités d'épargne et les
nécessités d'investissement. Pour eux, la hausse de revenu
s'accompagne d'un taux d'épargne qui devrait être suffisamment
élevé pour permettre d'arriver à une croissance auto-
entretenue.
Initialement, l'APD avait pour objectif de combler
l'écart entre l'épargne nationale et l'investissement, et de
remédier au manque de devises dans les économies tributaires des
importations (BAD, 2006). La motivation théorique de cette relation
réside dans le modèle Roy Harrod et Evsey Domar (1946) qui prend
pour l'hypothèse que le taux de croissance d'une économie
dépend de la productivité des machines en stock et de
l'investissement. Selon cette hypothèse, tant que le taux
d'épargne est inférieur au taux d'épargne requis,
l'économie connaît un déficit d'épargne que l'APD
peut combler.
Etant donné une relation positive entre
l'investissement et la croissance économique, on peut s'attendre
à ce que l'aide dirigée vers l'investissement stimule la
croissance économique. Cette même idée a servi la base au
modèle de déficit de devises de Chenery et Bruno(1962) et de
Chenery et Alain Strout (1966) qui a justifié l'octroi de
l'aide aux PVD des années 1960.
Pour Jagdish Bhagwati (1966), l'accroissement de
l'investissement pour générer la croissance a subi plusieurs
débats depuis l'analyse de Domar qui soutient que la production est
fonction de stock de machine à utiliser. P. T. Bauwer (1972) disait que
la politique de prêter aux pays sous développés afin qu'ils
puissent payer les intérêts de leurs emprunts antérieurs a
été sans effet.
Outre le double déficit (épargne et devises)
présenté dans le modèle de Bruno et Chenery (1962), les
études de Bacha (1990) et de Taylor (1990) ont mis en exergue le
déficit budgétaire que l'APD peut financer.
Pour Addisson et al. (2005), un PVD enregistre un
déficit budgétaire lorsqu'il ne dispose pas de ressources pour
entreprendre des investissements ciblés, et l'aide
étrangère joue un rôle crucial à condition
d'être axée sur l'investissement.
En ce qui concerne l'efficacité de l'APD, il y a eu des
controverses depuis les années 1970. Parmi ses opposants les plus
farouches, Milton Friedman(1958), Piter Bauwer et William Easterly (2001)
affirment qu'ils n'existent aucune relation entre l'APD et la croissance et
que l'APD a conduit à une expansion de la bureaucratie étatique,
pérennise les mauvais gouvernements et enrichit l'élite des pays
pauvres. Ces auteurs évoquent l'ampleur de la pauvreté en Afrique
et en Asie du Sud en dépit de 30 ans d'aides et le cas des pays qui ont
reçu des gros apports d'aide et qui ont pourtant affiché un bilan
désastreux comme la RDC, l'Haïti, et la Somalie.
Selon eux, l'aide et les programmes d'aide devraient
être profondément remaniés, sensiblement réduits ou
tout simplement abolis4(*).
Quant aux défenseurs d'aide, ils réfutent ces arguments les
jugeant exagérés. Parmi ces défenseurs, Jeffrey Sachs
(2004), Joseph Stigitz(2002) et Nicolas Stern(1990) ont soutenu qu'en
dépit de quelques échecs, l'aide a favorisé le recul de la
pauvreté et la croissance de certains pays.
Il se trouve cependant que toutes ces analyses sont
menées dans un environnement de non conflit qualifié de situation
normale. En situation de post conflit, les études ont essentiellement
porté leurs attentions sur le timing de l'aide (Collier et Hoeffler,
2004 ; Suhrke et al., 2005 ; Esso, 2008). Ainsi, les travaux récents se
sont intéressés aux canaux de transmission de l'aide à la
croissance dans les pays de post conflit (Mavrotas, 2003 ; Elbadawi et al.,
2007).
Collier et Hoeffler (2004) ont examiné l'effet de
l'aide sur la croissance en période d'après-guerre et ils ont
trouvés qu'il n'existe pas de fondements théoriques permettant de
déterminer si l'aide est plus ou moins productive dans les situations de
post-conflit. Ces auteurs notent que les pays en situation
d'après-guerre constituent une exception importante à la
proposition selon laquelle pour des niveaux donnés de pauvreté,
l'aide devrait être moins importante dans les pays ayant de mauvaises
politiques économiques.
En critiquant l'approche méthodologique de Collier et
Hoeffler (2004), Suhrke et al. (2005) n'estiment que le "timing"
nécessaire pour que l'aide impacte positivement sur la croissance, soit
quatre à sept années après la fin des conflits. Ils
trouvent, contrairement aux résultats de Collier et Hoeffler, que la
variable politique économique est le mécanisme par lequel l'aide
influence la croissance économique. En effet, la question de
l'efficacité de l'APD reste non tranchée entre les
différents auteurs.
I.2.2. Quelques résultats
empiriques sur l'efficacité de l'APD
Les théories sur les déficits ont donné
l'impulsion de multiples études empiriques sur l'efficacité de
l'APD. Nombreux d'entre elles ont pris en compte l'hypothèse selon
laquelle l'APD exerce un impact positif sur l'investissement et la croissance
économique. Néanmoins, Rahman (1968), Griffin (1970), Griffin et
Enos (1970), Gupta (1970) et Weisskopf (1972) n'ont observé aucune
relation statistiquement positive entre ces deux variables, contrairement
à ce que laissait supposer le modèle de Harrod- Domar
(1946-2000). Ce modèle consiste à dire que la croissance
économique est fonction de nombre de machine en stock.
Les études économétriques sur les
approches de la relation entre APD et croissance économique,
menées dès les années 1980, n'ont pas dégagé
des preuves concluantes étayant l'hypothèse de déficit.
Sur un échantillon de 63 PVD, Mosley (1987) n'a conclu à aucune
relation statistiquement significative entre l'APD et la croissance
économique.
De même, les études empiriques
réalisées au cours des années 1990 et 2000 tendent
également à jeter le doute sur l'efficacité de l'APD en
termes de la promotion de la croissance économique des pays
bénéficiaires.
Ainsi, d'après l'étude de Boone (1996), qui
s'est fondé sur les données de panels concernant 91 pays
destinataires de l'APD sur une période de 1971 à 1990, les
preuves de l'impact de l'APD sur l'investissement et la croissance
économique sont insuffisantes. Easterly (1999, 2001 et 2003) a abouti
aux mêmes conclusions que Boone et Mosseley.
Dans l'étude de 1999, l'auteur affirmait qu'il
n'existait aucune base empirique témoignant d'une relation
proportionnelle à court terme entre la croissance économique et
le besoin d'investissement. Dans les ouvrages ayant suivi 2001 et 2003, il a
testé empiriquement l'hypothèse selon laquelle l'APD favorise
l'investissement et la croissance économique. Là encore, il n'a
pas pu observer de relation entre l'APD et l'investissement, sauf pour 6 des 88
pays bénéficiaires.
Par contre, une analyse de l'effet de l'APD sur le budget en
Ouganda, en Zambie, et au Malawi menée par Overseas Development
Institute sur la période 1990-2000 ; constate que c'est l'Ouganda
qui a bénéficié de l'effet sur la croissance
économique le plus fort (Fagernaïs et Roberts, 2004). Ces
écarts s'expliquent par le fait qu'au Malawi et en Zambie, l'APD
continue d'être affectée à des programmes de
développement spécifiques, alors qu'ils ne sont pas les plus
efficaces pour la croissance économique (Gupta, Powell et Yang,
2006).
De plus, l'agence française de développement et
al. (2005), qui a examiné à la fois l'impact de l'aide sur la
croissance économique et la capacité des pauvres à
cueillir les fruits du processus de croissance économique, constate que
l'APD a alimenté l'accélération de la croissance
économique des pays africains.
De là même, c'est en Ouganda que l'APD a produit
un effet remarquable sur la croissance économique par le biais de la
reconstruction, de l'amélioration de la gestion économique, des
programmes sociaux et des progrès dans l'administration publique. Au
Ghana, l'APD exerce une influence à la fois sur le soutien à la
stabilisation macroéconomique et la stimulation des programmes sociaux.
Le Mozambique offre également un bon exemple d'efficacité de
l'APD sur la période de 25 ans.
De surcroit, Devarajan et al. (2001), sur une étude
menée sur dix pays africains qui ont reçu l'aide programme au
cours de la période 1999, ont observé que seuls trois d'entre eux
(le Mali, le Ghana et l'Ouganda) ont réussi à se réformer
et que l'APD avait retardé les réformes dans 4 autres (le Congo,
le Kenya, le Nigeria et la Tanzanie). En revanche, Dunning (2004), a
étudié la relation entre APD et la démocratie sur 48 pays
du continent africain au cours de la période 1975-1986 et n'a
observé aucune relation significative entre l'APD et la
démocratie, mais il a dégagé une corrélation
positive et statistiquement significative sur une période de 1987-1997.
De même Dovoodi, Trongson et Asawanuchit( 2000), sur la
période 1960-2002 avec un échantillon de 46 pays de l'Afrique
subsaharienne, révélaient qu'en moyenne le ciblage des
dépenses sociales s'est révélé inefficace pour la
promotion de la croissance économique. Cependant, des études
ultérieures remettent en cause ces constats. Ainsi, des études
par pays de la Zambie, du Sénégal, et du Burkina Faso soulignent
l'importance de l'APD à des programmes de santé et de
l'éducation lesquels étayent l'action du capital humain
intervenant dans le processus de croissance économique (AFD et al.,
2005).
I.2.3. La corruption comme
handicap à l'efficacité de l'APD
La corruption est phénomène commun à tous
les pays, les riches comme les pauvres, les petits comme les grands, les
africains comme les asiatique, les musulmans comme les chrétiens
(Easterly, 2006). La corruption est la pure incitation contre la croissance
à laquelle font face les dirigeants des pays fragiles.
Le fait que les entrepreneurs donnent des pots de vin aux
dirigeants, a un effet négatif sur la croissance économique. Une
enquête réalisée dans les pays en développement par
l'agence Roper Starch International a révélé que la
corruption apparaît au quatrième rang après la
criminalité, l'inflation et la récession (Easterly, 2006).
Les données fournies par l'International Credit Risk en
1990 montrent que la corruption et l'efficacité de l'APD sont
inversement corrélées. De même que la corruption est
inversement corrélée avec l'investissement. Outre l'effet direct
de la corruption sur l'efficacité de l'aide, elle a également des
effets indirects sur les conditions politiques qui comptent pour rendre l'APD
efficace dans les pays fragiles.
La corruption avec toutes ses formes présente des
effets différents sur l'efficacité de l'aide publique au
développement. La corruption décentralisée qui se
caractérise par l'éparpillement des personnes qui exigent des
pots de vin, sans coordination entre elles présente des effets
négatifs sur l'efficacité de l'APD. L'auteur continue en disant
que la corruption centralisée où les dirigeants politiques
cherchent à maximiser les revenus de l'organisation dans l'ensemble,
présente des effets positifs sur l'efficacité de l'APD et donc un
effet positif sur la croissance économique.
Les pays fragiles étant caractérisent par les
institutions moins solides pour faire face à ce fléau, ils
n'observeront pas la croissance qui résultera de l'aide
étrangère. Celle-ci est minée par les clivages ethniques
comme le souligne Svensson (2004) que dans une société
marquée par les clivages ethniques, la corruption s'accroît sous
l'effet de l'aide étrangère, phénomène qu'on ne
pourra pas retrouver dans une société homogène du point de
vue ethnique.
Les restrictions au libre échange, la qualité
des institutions jouent également sur le niveau de la corruption. Ainsi,
une administration qui obéit aux lois au lieu de se placer au-dessus
d'elles crée un système solide moins propice à la
corruption et donc un environnement favorable à l'efficacité de
l'APD.
L'International Credit Risk mesure la qualité de
l'environnement institutionnel selon les quatre critères suivant: la
force de l'Etat de droit, la qualité de l'administration, le respect des
contrats par le gouvernement et le risque d'expropriation. Pour
éradiquer la corruption et créer les incitations favorables
à l'efficacité de l'APD au sein de la sphère publique
chacun de ces aspects institutionnels doit être solidairement
ancré.
I.3. La fragilité des
institutions et efficacité de l'aide publique au
développement
I.3.1. Historique de la
fragilité des institutions
La fragilité des Etats a été introduite
dans le vocabulaire de l'ADP au début des années 1990, à
l'époque où le gouvernement somalien a été
destitué. A la fin des années 1990, un mouvement populaire a
amené le Président Somalien Mohamed Siyad Barré à
démissionner. C'est ainsi qu'en 1991, le gouvernement fut
désintégré et laissa le pays sans Etat central. Cet
événement quelque peu exceptionnel a fait naitre le concept
d'Etat failli ou " failed states".
Par la suite, des événements violents sont
survenus dans d'autres pays d'Afrique comme le Liberia (1992 à 2003)
et en Sierra Leone (1991 à 2002). Suite aux attentats du 11
septembre 2001 sur les tours de World Trade Center et du Pentagone, le concept
d'Etat fragile a pris une place importante dans les réflexions des
stratégies et politiques des Etats donateurs vis-à-vis des pays
bénéficiaires.
Bien que l'APD fût auparavant consacrée aux pays
pauvres faisant preuve de bonne gouvernance, hormis les exceptions d'Etats
fragiles en situation flagrante de post conflits, ces événements
ont amenés les pays donateurs à adopter d'autres attitudes
à l'égard des Etats fragiles. La première mission
était la réorientation stratégique car ces Etats fragiles
apparaissaient comme une réelle menace pour la sécurité
mondiale. Le développement orienté vers ces Etats apparait comme
un point incontournable pour les bailleurs, et l'aide publique au
développement est considérée comme un
élément de la stratégie de la lutte contre
l'insécurité mondiale.
Concernant la définition de l'Etat fragile, il n'y a
pas de consensus quant à sa définition. Ce qui explique la
diversité d'appellations. Les dénominations sont propres à
chaque coopération. Elles varient dans le temps et recouvrent
différentes situations.
Chaque institution a utilisé ses propres indicateurs de
la fragilité. La Banque Mondiale a considéré comme fragile
les Etats dont la valeur du CPIA est inferieur à 3,2, la BAD a
rajouté un indicateur de vulnérabilité, le Country
Vulnerabilty Index (CVI), etc. Néanmoins, il existe d'autres termes
pour designer des situations diverses entre autres pays en conflits, en post
conflits, détériorés, etc. Ainsi, la fragilité
d'Etat recouvre plusieurs situations qui varient en fonction des institutions
ou des organisations. Sur le plan de la coopération, plusieurs
déclarations relatives au concept d'Etat fragile ont été
signées: les principes d'engagement dans les Etats fragiles de
l'OCDE-CAD, la proposition pour améliorer l'aide du groupe de la BAD en
faveur des Etats fragiles en Afrique (BAD, 2008).
Malgré l'absence de consensus sur l'appellation d'Etat
fragile au sein de la communauté internationale, les bailleurs
interviennent dans les domaines comme l'action humanitaire, les droits de
l'homme, le développement et la sécurité, avec des
motivations différentes pour chaque bailleur conduisant à des
approches et réponses propres à chaque institution.
Cependant, on constate la persistance dans le monde du nombre
de conflits et de la multiplication des Etats fragiles, particulièrement
en Afrique Subsaharienne (Hugon, 2003). En situation de conflit, le lien entre
aide et la croissance a fait l'objet de plusieurs études
théoriques et empiriques. Dans la plupart des travaux, il montre que
l'aide internationale est considérablement plus efficace pour augmenter
la croissance dans les situations de sortie de conflit que dans les situations
dites normales (Collier et Hoeffler, 2004 ; Esso, 2008).
La fragilité des Etats est un élément
important dont l'USAID se préoccupe. Les indicateurs de la
fragilité des Etats concernent les pays qui n'ont pas connu de
performance économique et ont vu leur croissance économique
stagner alors que la croissance démographique ne cesse de
s'accélérer. La même agence identifie trois
catégories d'indicateurs de la fragilité :
l'efficacité économique, la légitimité
économique, et l'efficacité sociale.
I.3.2. Les indicateurs directs
à la fragilité des Etats
La santé économique et la croissance
économique étant mesurées par la performance
économique ; l'inflation, la croissance du PIB et le déficit
budgétaire sont associés à la stabilité
macroéconomique. Pour certains indicateurs qui sont
particulièrement importants pour mesurer la fragilité, on utilise
les critères beaucoup plus détachés car les données
actualisées et fiables restent difficile à trouver.
Par exemple, le taux de chômage chez les jeunes et de
l'iniquité horizontale n'existent pas dans beaucoup de pays d 'Afrique
Subsaharienne, mais ils restent toujours à inclure dans les indicateurs
de la fragilité des Etats. Similairement pour l'effectif de
refugiés d'un pays, cet indicateur pour USAID n'est pas une
donnée standard mais il est utilisé par le HCR.
Parmi les indicateurs directs à la fragilité des
Etats, USAID mentionne :
· La croissance réelle du produit intérieur
brut par habitant en parité du pouvoir d'achat, cet indicateur mesure le
volume de la production relative à la taille de la population qui tient
compte du revenu par tête. La croissance économique est le premier
indicateur pour mesurer le succès d'un pays et le coût
d'opportunité des Etats qui sortent de la violence, elle donne une
meilleure opportunité de travail ou de débuter une affaire
lucrative. Miguel et al. (2004), Collier et Hoeffler (2004) et Hoeffler et
Sambanis (2004) ont trouvé que la croissance économique est une
variable statistiquement significative pour réduire un conflit
civil ;
· Le taux d'inflation est un indicateur de base de la
stabilité macroéconomique. La fluctuation de l'inflation
déstabilise l'économie, amplifie le risque économique,
réduit la croissance et de ce fait, fait perdre aux agents la confiance
monétaire. Si les agents économiques sont incertains à
propos du pouvoir d'achat de la monnaie nationale, ils n'auront pas confiance
en décisions des décideurs politiques, ce qui conduit à la
chute de l'épargne et de l'investissement, à la fuite des
capitaux qui influe automatiquement sur l'instabilité du taux de change
et à la déviation des ressources rares dans l'inflation des
ménages. Le niveau élevé de l'inflation est un indicateur
direct de la fragilité des Etats, dans la mesure où il
démontre la faible capacité des Etats et leur instabilité
macroéconomique ou les deux à la fois. Le résultat en est
la diminution de la croissance potentiellement particulière avec divers
effets sur le pauvre qui est amené à suivre l'augmentation des
prix et demeurer dans une économie incertaine ;
· Le déficit budgétaire est un important
indicateur du risque pays. La persistance du grand déficit
budgétaire est liée à la crise de la balance des
paiements, à la hausse ou la baisse de l'inflation et d'autres sources
d'instabilité macroéconomique qui contribue à
l'échec des Etats. L'emprunt peut assembler les ressources
financières pour le secteur privé, stimuler la croissance
inflationniste, suite à l'offre de la monnaie et l expansion de la dette
externe. Le grand déficit budgétaire avec le revenu faible est un
signe de l'inefficacité des institutions fortes capables de gouverner et
de résoudre les réclamations compétitives sur les
ressources de l'Etat ;
· L'investissement fixe apparaît aussi essentiel
dans l'économie pour répondre effectivement aux chocs
économiques, au changement de l'environnement économique, permet
d'avoir une capacité de construire des infrastructures
nécessaires et investir dans une nouvelle technologie et ainsi augmenter
la capacité productive. La prise en compte de l'investissement public et
privé aident à mesurer la capacité d'un gouvernement
à financer l'investissement en infrastructures indispensables et
améliorer la confiance du secteur privé dans l'économie.
Un taux d'investissement en dessous de 20% est un signe que l'économie
est incapable de soutenir une croissance économique rapide ;
· L'investissement direct étranger est le
témoignage de la confiance de l'investisseur étranger dans un
Etat. Il est alors une source de financement pour promouvoir la croissance
économique et souvent un transfert technologique capable d'impulser la
hausse de la production du secteur réel ;
· La stabilité externe influe également sur
l'efficacité de l'aide publique au développement, dans la mesure
où elle augmente le risque pays et l'instabilité de la balance
des paiements, ce qui influe sur la dette extérieure.
L'intégration économique mondiale crée des risques que des
opportunités, principalement le risque de déficit de la balance
des paiements et de la crise de la dette extérieure. La crise de la
balance des paiements mine et renverse la performance économique vers
d'autres régions, et quand elle est combinée à d'autres
facteurs comme ceux mesurant l'inefficacité d'un pays peut conduire
à l'échec d'un Etat ;
· L'ouverture commerciale est un élément
essentiel pour un pays afin d'avoir une stabilité
macroéconomique. L'ouverture commerciale étant
corrélée avec la bonne gouvernance et l'ouverture
économique générale, permet aux pays fragiles de respecter
un bon nombre de règles. La précaution s'avère
indispensable dans l'interprétation de cette variable comme indicateur
de la politique d'ouverture ou de la compétitivité. Les grands
pays situés loin d'un grand marché tendent à avoir un
ratio d'ouverture bas sans respecter si le régime politique est ouvert
ou non. Parallèlement, les petits pays disposent d'un ratio commercial
élevé, avec même des politiques commerciales
protectionnistes. Un pays avec un grand niveau d'exportation de pétrole
ou autres produits clés comme le diamant et la bauxite ont souvent
disposé d'un ratio commercial élevé quel que soit son
régime politique. L'idée que le bas niveau de l'ouverture
commerciale soit corrélé avec d'autres causes de l'échec
des Etats a été établie à l'université de
Maryland.
D'autres chercheurs ont trouvé que le haut niveau de
l'ouverture commerciale est corrélé avec une gouvernance forte et
que l'ouverture commerciale cause l'orientation des institutions.
I.3.3. Les indicateurs indirects
à la fragilité des Etats
Le ratio des produits primaires exportés,
particulièrement le pétrole et les minerais dans le produit
intérieur brut sont des sortes de ressources naturelles qui sont
liées à la fragilité des Etats. On considère la
catégorie étroite de pétrole et de minerais
exportés mais on inclut également le bois de construction et
d'autres matières premières.
Le management et la distribution des ressources apparaissent
particulièrement prônant une gouvernance médiocre, et
encore ces ressources sont identifiées comme un des facteurs les plus
significativement corrélés avec l'échec et le conflit des
Etats.
Pour Collier et Hoeffler (1998,2000), les ressources
naturelles augmentent inévitablement le montant de pillage de
ressources, elles incitent les rebelles de prendre contrôle de ces
ressources et devient une source de revenu pour financer la rébellion.
Robert Bates(2005) soutient que les ressources naturelles qui fournissent
d'importants revenus au gouvernement, diminuent l'encouragement du
gouvernement à fournir la sécurité, le bien public
à la population et réduisent l'encouragement des institutions
gouvernementales fortes.
Le solde du compte courant est un indicateur essentiel de la
fragilité. Le grand déficit du compte courant indique la
fragilité des Etats, le déficit étant le résultat
inadéquat de l'épargne domestique à l'une ou l'autre
épargne publique ou privé. Il est le résultat
déséquilibré des biens et services du à l'offre et
d'un manque de compétitivité. Le grand déficit n'est pas
nécessairement mauvais si un pays dispose des opportunités
d'investissement pour attirer l'investisseur étranger, la croissance
rapide y résulte.
La corruption est un autre indicateur de la fragilité
car, avec ses effets sur tous les aspects de la gouvernance, la corruption mine
les réformes des institutions, la légitimité des
institutions gouvernementales et la règle de droit (USAID, 2005). Outre
le niveau de corruption, la facilité du Doing Business effectue un
palmarès pour ce qui est du climat des affaires.
En effet, un faible score d'indice composite de cet indicateur
implique qu'un pays a un problème dans la variété des
facteurs institutionnels qui affectent l'environnement d'affaires. Cette
suggestion montre que les institutions des Etats ne sont pas disposées
à acquérir un commerce productif. Le rapport de USAID(2005)
ajoute également que la population refugiée d'un pays est un
facteur significatif de la fragilité, un pays qui affiche un grand
nombre de refugiés a beaucoup de chances d'avoir un conflit. D'autres
indicateurs de la fragilité sont ceux montrant le niveau de
l'éducation, de la santé et des dépenses affectées
à l'armée.
Selon Collier et Hoeffler(2000), l'éducation sert
à mesurer le coût d'opportunité de la rébellion. La
corrélation de l'éducation et de la guerre civile est
significativement négative pour trois raisons majeur.
Premièrement, éduquer les travailleurs qui ont des hauts niveaux
influence un manque à gagner pour le futur car après avoir
été formé, ils ne trouvent pas l'emploi compte de leur
compétence. Deuxièmement, le haut niveau d'éducation
indique qu'un Etat a des succès dans la réalisation des services
sociaux essentiels. Et enfin une force de travail éduquée
présente un effet négatif sur la croissance économique,
mais aussi pour la valeur intrinsèque du développement humain.
La population éduquée n'est pas
nécessairement sous-entendre un coût d'opportunité
élevé pour un pays, si l'accès à l'emploi et la
facilité d'opportunité à l'éducation sont
gênés par d'autres facteurs comme la discrimination politique,
l'ethnolinguistique ou facteurs religieux (Sambanis, 2005).
La bonne santé est imputable à la force de
travail nécessaire pour la croissance économique, aussi bien que
la mesure intrinsèque du développement humain. Un pays qui
affiche une faible capacité d'assurer la santé pour leurs
citoyens a peu de chance de croître. L'indicateur de la santé qui
est faible induit une faible efficacité de l'Etat, parallèlement
un bas niveau du PIB par habitant et un grand niveau de pauvreté
absolue.
Cette particularité est vraie pour augmenter le niveau
d'infection du VIH/SIDA spécialement parmi les populations actives. Les
taux élevés d'infection vont substantiellement entraver la
croissance économique et enfin l'efficacité des pays fragiles. En
plus de l'indicateur de la santé, les dépenses militaires jouent
un rôle très important parmi les indicateurs de la
fragilité des Etats. Les dépenses militaires
élevées reflètent les priorités du gouvernement
dans l'allocation des fonds au budget. Les dépenses militaires marquent
peu de ressources pour les programmes sociaux et humains ou activités
économiques et cette raison les rend plus corréler avec la
fragilité élevée des Etats.
Cependant, une attention dans l'interprétation de la
variabilité de cette variable doit être nécessaire, les
dépenses militaires élevées peuvent être un signe
pour un pays à provoquer une instabilité régionale ou
encore un niveau élevé des dépenses militaires peut
être corrélé avec l'habilité d'un Etat à
fournir la sécurité interne et externe et la stabilité.
Chapitre II : aide publique
au developpement et la fragilite en afrique subsaharienne : ANALYSE
descriptive
Ce deuxième chapitre analyse de façon
descriptive l'évolution de l'APD, sa relation avec l'évolution du
taux de croissance du PIB dans les pays de l'ASS subdivisés en trois
catégories : les pays relativement stables, les pays post-conflit
et les pays en conflit armé. Enfin, ce chapitre illustre la relation
entre l'APD et les indicateurs de la fragilité.
II.1. Evolution de l'aide publique
au développement et du PIB
Théoriquement, toute augmentation de l'APD devrait
être suivie de la hausse du PIB en passant par l'épargne et
l'investissement. La réduction de la pauvreté se traduisant par
la hausse du PIB. La promotion des investissements financés par les flux
d'épargne extérieure sous formes d'APD font croitre la production
agrégée du pays bénéficiaire de l'APD. Cependant,
les pays ayant reçu des APD massives ne sont pas ceux qui ont
affichés la croissance économique.
Les pays de l'ASS ont connu une tendance négative de
leur PIB durant les années 1980, suite à la mise en place des
Programme d'Ajustement Structurel. Ces mêmes programmes qui consistaient
en la réduction des dépenses publiques, ce qui a entrainé
des conséquences néfastes sur les investissements publics qui ont
subi le même sort, ont débouché sur la baisse du PIB.
II.1.1. Structure de l'aide
publique au développement
L'APD octroyée par les pays donateurs aux PVD
récipiendaires, est généralement composée d'aides,
de dons, d'aides humanitaires et de prêts concessionnels et elle est
essentiellement axée sur la réalisation d'infrastructures, les
programmes sectoriels, les domaines sociaux, les projets de
développement et la réduction de la pauvreté.
Selon le rapport de la CNUCED (2006), depuis 1960, l'Afrique a
reçu 580 milliards de $ d'APD. Les flux d'aide, liés aux
programmes d'ajustement du FMI et de la BM, ont continué d'augmenter
pendant toutes les années 1980 mais en privilégiant de
façon marquée l'ASS. La part de l'ASS dans l'aide totale a
augmenté régulièrement pour passer de 16% en 1974 à
28% en 1992 (pour atteindre près de 21 milliards de $). L'on a ensuite
enregistré un fléchissement marqué qui a duré
jusqu'en 2000 (l'APD tombant à moins de 12 milliards de $), suivi en
2002 par une reprise qui a dépassé le chiffre
précédemment atteint. Ce même rapport continue d'annoncer
que rares sont les pays de l'ASS qui ont été
épargnés par la contraction de l'aide des années 1990.
L'aide à la région a été fournie
essentiellement sur un plan bilatéral. Pour le même rapport, l'APD
multilatérale à l'ASS est passée à un peu moins du
cinquième du total pour les années 1970 à près de
40 % au début des années 1990 (l'APD multilatérale
résistant mieux à la baisse que les flux bilatéraux) avant
de diminuer à nouveau (CNUCED, 2006).
D'après la BM(2003) et l'ONU(2002), la reprise de
l'aide à la région a eu un élément
multilatéral plus marqué, sa part atteignant près de 30%
du total, essentiellement en raison de la place accrue
représentée par l'allégement de la dette (et ce en
dépit du principe selon lequel l'allégement de la dette viendrait
compléter l'aide plutôt que de s'y substituer). Bien que, dans les
pays donateurs, les idées reçues tendent à
considérer l'aide essentiellement comme une réponse aux besoins
de l'Afrique, l'APD à ce continent (en prix courants) a
généralement été bien inférieure à
celle accordée à l'Asie. Entre 1960 et 2004, l'Asie a reçu
environ 40 milliards de $ d'APD de plus que l'Afrique (CNUCED, 2006).
Le même rapport énonce que l'APD à l'ASS a
atteint son maximum pendant les années 1990 (5,5% du PIB) mais, en
dépit de l'augmentation ultérieure des flux nominaux, sa part a
diminué depuis lors sous l'effet de la reprise économique.
Cette part a été en hausse pendant toute cette
période et a atteint 5% pendant les années 1990,
reflétant, pour l'essentiel, la dégradation de la situation
économique dans la région de l'ASS. L'augmentation de
l'allégement de la dette accordée aux PPTE au cours de la
période 1990-2004 a plus que doublé le ratio entre leur APD et
leur PIB pour le porter à environ 11%.
Il importe pour les décideurs africains que l'aide soit
prévisible mais, en réalité, elle a
généralement été extrêmement instable, plus
encore que pour les pays en développement d'autres régions. En
fait, comme les flux d'aide sont importants par rapport aux autres variables
macroéconomiques, cette instabilité peut devenir
générale, ce qui ne manque pas d'avoir des conséquences
négatives pour la mobilisation des ressources internes et les
perspectives de croissance économique (CNUCED, 2006).
II.2.2. Evolution de l'aide
publique au développement
Pour pouvoir interpréter l'évolution des
différentes variables, nous avons procédé à la
subdivision en trois catégories les pays concernés par ce travail
: les pays relativement stables, les pays en situation de post-conflit et afin
ceux en conflit armé.
En effet, ces Etats d'ASS ont presque connu tous les guerres
civiles mais à des degrés différents. La première
catégorie est constituée par les pays tels que le Cameroun, le
Congo, les îles Comores, le Kenya, le Malawi, le Mali, l'Ouganda, le
Rwanda et Togo. La deuxième catégorie est faite par les pays tels
que le Burundi, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Liberia, la
Sierra Leone et la R.C.A. Et enfin, la dernière catégorie est
composée par les pays tels que la R.D.C, le Tchad, le Niger et le
Soudan.
Graphique 1 : Evolution de
l'aide publique au développement(en % du PIB) des pays relativement
stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
Le graphique ci-haut montre que l'APD dans les pays
relativement stables ont connu une tendance à la hausse pour certains
pays et pour certaines périodes. La part de l'APD reçue par ces
derniers varie entre 4,37% et 27,34% pour la sous-période 1995 - 1999,
2,03% et 20,67% pour la sous-période 2000 - 2004 et 2,47% et 21,93% pour
la dernière sous-période 2005 - 2009. Les pays tels le Rwanda, le
Malawi et le Mali ont reçu des parts plus importantes respectivement
27,34%, 23,1% et 17,02% comparativement aux autres pays de la même sous-
catégorie car ces pays sont éligibles envers les bailleurs de
fonds, par exemple, le Rwanda a réussi à combattre sensiblement
la corruption.
Les autres pays en l'occurrence le Cameroun, le Kenya, le Togo
et le Congo en ont reçu des parts moins importantes que les autres pays
à concurrence de 4,74%, 3,67%, 2,47% et 2,03%. Cette part
négligeable de flux est dû au fait que ces pays ne sortent pas de
la crise ou bien ils disposent d'une capacité d'absorption faible de
telle sorte que les bailleurs les jugent incapables d'absorber l'APD
reçue.
Graphique 2 : Evolution de
l'aide publique au développement(en % du PIB) des pays
post-conflit
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
De par ce graphique, l'APD évolue positivement pour
certains pays, surtout pour le Burundi au cours de la période
2005-2009, ce qui est dû au fait que l'APD augmente pour la
période post-conflit et diminue après une certaine
période.
En ce qui concerne l'octroi de l'APD à destination de
la région de l'ASS, les pays en situation de post-conflit ont vu
l'enveloppe qui leur est allouée augmenter sensiblement et se fixer
entre 6,78% et 53,3% pour la sous-période 1995-1999, 3,43% et 34,49%
pour la sous-période 2000-2004 et enfin entre 1,12% et 45,92% pour celle
relative à 2005-2009. Les pays comme la Guinée-Bissau et le
Libéria ont reçu respectivement 45,81% et 53,31% de l'APD pendant
la période 1995-1999. Pour la période 2000-2004, la Sierra Leone
a encaissé 34,49% d'APD, une part presque équivalente à
celle de la Guinée-Bissau 37,36%. Le Burundi quant à lui, n'a eu
que 30,74% de l'APD tandis que les pays tels la Côte d'ivoire et la R.C.A
n'ont reçu que de très petite part respectivement 3,43% et
6,62%.L'APD devrait donc être dirigée prioritairement dans les
zones de post-conflit et augmenter dans les premières années de
paix, pour ensuite diminuer progressivement. Toutefois, les schémas
actuels d'allocation ne sont pas conformes à cette exigence.
En effet, théoriquement, l'APD augmente fortement dans
les deux premières années d'après-guerre, pour ensuite
diminuer et rapidement retrouver ainsi un niveau normal, voire inférieur
(Hoeffler, 2004).
La période relative à 2005-2009 a
coïncidé avec la hausse de l'apport de l'APD par les bailleurs pour
les pays tels que le Burundi, le Libéria, la Guinée-Bissau et la
Sierra Leone respectivement 45,92%, 43,8%, 26,56%, et 26,77% puisque ces Etats
venaient de sortir de la guerre et les pays qui sortent des conflits affichent
une aide massive pour diminuer continuellement après quelques
années. A part la R.C.A dont la part d'APD reçue a rebondi
jusqu'à 8,22%, la Côte d'ivoire, quant à elle, a vu sa
part fléchir pour s'établir à 1,12%.
Graphique 3 : Evolution de
l'aide publique au développement(en % du PIB) des pays en conflit
armé
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
De par ce graphique, cette sous-catégorie est
composée par la R.D.C, le Niger, le Soudan et le Tchad ; pays en
situation de conflit armé. Les flux d'APD reçus sont très
faibles variant entre 2,2% et 30,74% au cours de ces trois
sous-périodes. Le Soudan a eu une très petite part que les autres
pays part équivalente à 2,2% pendant la période 2000-2004
si bien qu'elle a atteint 6,09% au cours de celle de 2005-2009.
Le Tchad a vu sa part réduite de façon continue
au cours des sous-périodes 1995-1999, 2000-2004 et 2005-2009. Les flux
d'APD à destination du Niger sont restés au même rythme de
12,57% et 13,68% au cours de toutes les trois sous-périodes. En ce qui
concerne les pays en conflit armé, les bailleurs de fonds
regroupés au sein du CAD de l'OCDE restent réticents à
cause de leur situation d'instabilité politique critique.
II.2.3. Evolution du taux de
croissance du PIB
Généralement, le taux de croissance du PIB a
connu une évolution négative. Ceci est dû au fait que les
pays de l'ASS ont connu les guerres civiles, les violences, la faiblesse des
institutions et la corruption ; ce qui a miné les activités
économiques capables de déclencher une croissance
économique.
Graphique 4 : Evolution du
taux de croissance du PIB des pays relativement stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe12
Le graphique ci-dessus montre l'évolution du taux de
croissance des pays supposés relativement stables. On remarque qu'ils
ont connu, pour certains et par moment une évolution à la hausse
comme à la baisse.
Sur ce graphique, les pays comme le Cameroun, les îles
Comores, le Congo, l'Ouganda et le Rwanda ont vu leur taux de croissance
diminuer continuellement pendant ces trois sous-périodes ceci peut
être expliqué par le fait que l'ASS n'a pas profité le
développement global du au progrès technologique.
En fait, dans la plupart des pays de l'ASS, le niveau de vie a
même baissée (PNUD, 2005). Ce pendant, le Rwanda a connu un taux
de croissance très élevé par rapport aux autres pays de
l'ASS considérés comme stables au cours de la période
1995-1999, ceci est lié au fait que le Rwanda venait de sortir de la
crise ethnique de 1994 qui avait ravagé le pays. Après la guerre,
les activités économiques ont repris normalement.
En Ouganda, le taux de croissance du PIB a chuté
continuellement durant les périodes 1995-1999 à 2000-2004 pour se
relever au cours de la période 2005-2009 ce qui est du à la
guerre civile et à la présence d'un mouvement rebelle au nord du
pays qui mine les activités économiques pour cette
région.
Graphique 5 : Evolution du
taux de croissance du PIB des pays post-conflit
Source: Auteurs à partir
des données en annexe12
De par ce graphique, l'évolution du taux de croissance
des pays post- conflits de l'ASS a une tendance négative au cours de ces
trois périodes sauf pour le Libéria qui avait connu un taux de
croissance significatif jusqu'à 24% pendant la période 1995-1999.
Ceci s'explique par le fait qu'au cours de cette période, ce pays
exportait des diamants et même temps, il finançait la guerre
civile en Sierra Leone : sa population était stimulée
à produire car il y avait un marché d'écoulement.
Le Burundi présente un taux de croissance
négatif pour toutes les périodes mais qui évolue
positivement car de 1995 à 2007, le Burundi disposait des
rébellions qui minaient les activités économiques du pays
et freinaient la croissance économique. Ceci peut être
expliqué par la fragilité des institutions que ces pays
connaissent. La Guinée-Bissau affiche également un taux de
croissance négatif, ceci est dû également à sa
fragilité des institutions comme pour le cas du Burundi qui,
malgré qu'il ait sortie de la crise, ce taux de croissance reste
tellement bas. Le R.C.A a connu lui aussi la guerre civile, un coup
d'Etat ; tous ces événements ont conduit ce pays à
la chute de sa croissance économique jusqu'à afficher un taux de
croissance nulle au cours des ces trois périodes.
Graphique 6 : Evolution du
taux de croissance du PIB/hab. des pays en conflit armé
Source: Auteurs à
partir des données en annexe12
De par ce graphique, le taux de croissance du PIB
évolue négativement pour tous les pays en conflit armé
à l'exception du Soudan pour tous les trois sous-périodes
considérées. La R.D.C a connu une baisse significative de ce taux
de croissance du PIB pour la sous-période 1995-1999 car au cours de
cette période, la R.D.C était le lieu de rencontre de tous les
rébellions de l'Afrique Centrale à cause de son sous-sol riches
en minerais.
Pour le Soudan, son taux de croissance évolue
positivement et de façon significative durant toutes les périodes
considérées, ceci s'explique par le fait que le Soudan est un
pays exportateur de pétrole. Le Tchad quant à lui a connu un taux
de croissance négatif pour la période 1995-1999, pour se relever
la période suivante atteignant un taux de 9% et pour la dernière
période de2005-2009.
II.2. La fragilité et ses
indicateurs
La communauté internationale a pris l'engagement
d'atteindre les OMD en l'an 2015. Pour y répondre, la plupart des
bailleurs de fonds ont envisagé d'augmenter leur budget consacré
à l'aide publique au développement afin d'accroitre les
dépenses des pays récipiendaires. L'un des enjeux principaux
consiste à rendre compte de l'augmentation de l'APD avec l'augmentation
de la fragilité dans les pays de l'ASS.
Selon le rapport mondial sur le développement humain
(2002), depuis 1990, quelques 81 pays ont réalisé des
progrès notables sur la voie de la démocratie. Malgré ces
progrès, toutefois, la fragilité continue de prendre place
très lentement dans ces pays. Sur 140 pays en élection
multipartites, plus de 100 imposent encore des limites à diverses
libertés civiles et politiques.
La fragilité conduit à la déstructuration
des fonctions traditionnelles des Etats (chute des recettes fiscales et des
dépenses, l'accroissement de la part du secteur informel), favorise la
criminalisation des activités économiques et l'émergence
des nouveaux conflits (Kaldor, 2000).
La fragilité présente des inconvénients
non négligeables du fait qu'elle repose sur des analyses nationales. Les
pays d'ASS ayant un grand besoin d'APD, la fragilité vient aggraver la
pauvreté des ces pays, les empêchant d'atteindre les OMD.
Elis(1999) révèle dans le cas du Libéria
l'importance d'un facteur religieux dans la relation entre fragilité et
croissance économique.
La présence d'un conflit dans un pays voisin a
été aussi reconnue comme facteur majeur dans l'effondrement des
Etats et donc de l'inefficacité de l'APD (State Failure Task Force
Report, 2000). Châtaigner (2004), identifie un commerce inégal qui
profite certes de la fragilité des Etats, comme principal facteur actif
de maintien des pays d'ASS dans la pauvreté, dans la criminalité
ainsi que dans l'instabilité incessante.
II.2.1. Evolution de
l'efficacité économique
D'une manière générale,
l'efficacité économique permet de mesurer la capacité des
institutions économiques dont dispose un pays à faire face aux
chocs macroéconomiques internes et externes et d'adaptation aux
fluctuations du taux de change. Mais aussi la capacité des Etats
à coordonner ses activités, de les rendre efficaces et atteindre
les populations bénéficiaires.
Graphique 7 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays relativement stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe2
De par ce graphique, l'on remarque que les pays relativement
stables ont connu une légère diminution de leur fragilité
surtout pour les pays comme le Cameroun, le Congo et le Kenya : ce qui est
dû au fait que ces pays n'ont pas connu des guerres civiles, de
violences, alors que d'autres pays comme les Îles Comores, le Malawi, le
Mali, le Rwanda, le Togo et l'Ouganda ont vu leur fragilité
stagnée au tour d'un score de 4. Ce qui est dû à la
qualité des institutions des ces Etats qui affiche un niveau de
corruption élevé et une mauvaise gouvernance.
Grosso modo, cela conduit à penser que la variable
efficacité économique qui est un indicateur de la
fragilité des Etats a une influence négative sur
l'efficacité de l'APD dans les pays relativement stables de l'ASS.
Graphique 8 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays post-conflit
Source: Auteurs à partir des
données en annexe2
De par ce graphique, l'on constate que dans le groupe des pays
post-conflit de l'ASS, la fragilité reste élevée pour
toutes les périodes. Les pays comme le Burundi, le Libéria, la
R.D.C, la Sierra Leone et le Guinée-Bissau ont enregistré une
fragilité trop élevée suite à la guerre civile qu'a
connue ces Etats.
La Côte d'Ivoire a connu une fragilité moindre
par rapport aux pays considérés comme post-conflit durant toutes
les périodes. Ceci s'explique par le fait que le cacao a fait l'essor de
la Côte d'Ivoire dont elle est devenue en quinze ans ; le premier
producteur mondial. L'accroissement de la production cacaoyère, qui a
passé de 865 000 tonnes à 1,2 million de tonnes en 1998, (soit
une augmentation de 39 %) a été le moteur de la croissance
ivoirienne durant ces cinq dernières années. Mais aussi, le cacao
a fait le déclin de l'économie, notamment dans les années
1980. La variable cacao peut être considéré comme un des
principaux déterminants de la fragilité économique
ivoirienne car elle attire les belligérants qui s'installent pour
bénéficier des récoltes du cacao et les grandes puissances
commerciales aux intérêts partagés (BM, 2007).
Graphique 9 : Evolution de
l'efficacité économique dans les pays en conflit armé
Source: Auteurs à partir des
données en annexe2
De par ce graphique, l'on constate que la fragilité de
ces Etats suit une tendance positive pour toutes les périodes, en
l'occurrence la période 1995-1999, 2000-2004, 2005-2009. Pour la R.D.C,
le niveau élevé de sa fragilité est dû au fait que
ce pays est ravagé par la guerre civile, la présence des
différences ethniques, une faiblesse de leur institution et du niveau de
corruption élevé (Rapport des Nations Unies, 2005) au cours de la
période 1995-1999,2000-2004,2005-2009. Ce graphique nous montre
également que les pays comme la R.D.C, le Niger, le Tchad sont
vulnérables aux chocs externes et que le Soudan est moins
vulnérable compte tenu de la variable efficacité
économique et des fluctuations du taux de change.
II.2.2. Evolution de
l'efficacité sociale
D'une façon globale, l'efficacité sociale
étant définie comme étant la capacité des
institutions d'un Etat à fournir les services sociaux tels que la
santé publique, l'éducation et l'équité à sa
population.
Graphique 10 : Evolution de l'efficacité sociale
dans les pays relativement stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe3
De par ce graphique, l'on constate une évolution
continuelle et positive de la fragilité du point de vue de la variable
efficacité sociale pour tous les pays relativement stables de l'ASS
pendant ces trois périodes. Les pays comme le Cameroun, les Îles
Comores, le Togo, l'Ouganda et le Congo présentent une fragilité
moindre par rapport aux autres pays de la région. Ceci est dû au
fait que ces Etats n'ont pas connu des guerres civiles très violentes et
que leurs institutions sont jugées capables d'offrir des services
sociaux à leur population, ce qui les rendent moins fragiles compte
tenu de la variable efficacité sociale.
Néanmoins, les pays comme le Kenya, le Malawi, le Mali
et le Rwanda présentent une insuffisance dans l'octroi des services
sociaux à leur population : ce qui nous conduit à penser que
la fragilité influe négativement sur la croissance
économique. De plus, ces Etats ont connu des guerres durant ces
périodes.
Graphique 11 : Evolution de
l'efficacité sociale dans les pays post-conflits
Source: Auteurs à partir des
données en annexe3
De par ce graphique, l'on constate que la fragilité
occupe un niveau très élevé au sein des pays post-conflit
pendant toutes les périodes. Tous ces Etats affichent une mauvaise
distribution des services sociaux entre autres les infrastructures scolaires et
sanitaires.
Le Burundi, par exemple a connu une guerre civile de 1993
à 2006, année de la signature d'un accord de cessez- le feu
à Dar-Salam avec le dernier mouvement rebelle. Cependant,
l'insécurité persiste ce qui fait que ce pays n'a
réalisé aucune infrastructure afin de réduire son niveau
de fragilité. Il en de même pour le Libéria au cours de la
période 2000-2004, le pays était dans une crise de guerre civile.
En général les pays post-conflit ont connu une fragilité
élevée malgré leur accessibilité aux
élections démocratiques et à des programmes de
consolidation de la paix. En somme, le constant est que la variable
efficacité sociale exerce une influence négative sur
l'efficacité de l'APD dans les pays post- conflit de l'ASS.
Graphique 12 : Evolution de
l'efficacité sociale dans pays en conflit armé
Source: Auteurs à partir des
données en annexe3
Le graphique ci-dessus montre que les pays en conflit
armé connaissent une évolution positive de leur fragilité
pour toutes les périodes considérées à l' exception
du Soudan qui a manifesté la fragilité élevée
pendant la période 1995-1999 seulement, ce qui est dû au fait que
le Soudan a franchi un pas énorme en matière de liberté
d'expression et de légalité jusqu'à signer les accords
reconnaissant le Sud- Soudan comme étant un Etat indépendant.
Cependant, les pays comme la R.D.C et le Niger connaissaient
une variation très élevée de la variable efficacité
sociale ce qui signifie que ces pays en conflit armé offrent moins des
services sociaux à leur population. En effet, pour le Soudan, on
remarque le changement de la concavité, l'évolution de la
fragilité tend vers le bas à partir de l'année 2000
jusqu'à la fin de la période d'étude.
II.2.3. Evolution de la
légitimité sociale
Globalement, la légitimité est entendue comme
étant le respect des normes. Dans le contexte social cette fois-ci, elle
est caractérisée par la perception de la culture, les coutumes et
croyances de la population d'un pays.
Graphique 13 : Evolution de
la légitimité sociale dans les pays relativement stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe7
Le graphique ci-dessus traduit l'évolution de la
fragilité pour les pays relativement stables, de ce graphique l'on
constate que la fragilité évolue de façon négative
pour certains pays alors que dans d'autres pays elle reste fixe à un
haut niveau. Les pays comme le Kenya et le Togo ont réussi à
réduire leur degré de la fragilité pendant le trois
périodes. Ce pendant les Etats tel que les Îles Comores, le Congo,
le Malawi et le Rwanda ont connu une fragilité forte compte tenu de la
variable légitimité, ce qui est dû au fait que ces pays ne
respectent pas les normes.
Graphique 14 : Evolution de
la légitimité sociale dans les pays post-conflit
Source : Auteurs a partir des
donnees en annexe7
De par ce graphique, la fragilite des Etats ne varie pas elle
reste élévée sauf un seul pays le Burundi qui a connu une
varition négative pour la période 2000-2004. Pour d'autres pays
comme la R.C.A, la Sierra Leone, le Libéria la Côte d'ivoire et la
Guinée-Bissau ont affiché une fragilité
élévée ce qui signifie que ces Etats en matière de
respect des normes sont loin d'atteindre un score favorable afin qu'ils
réduisent leur fragilité.
Graphique15 : Evolution de la
légitimité sociale dans les pays en conflit armé
Source :Auteurs à partir des donnees en
annexes7
De par ce graphique, l'on remarque que la fragilité ne
varie dans ces pays en conflit armé au cours de ces trois
périodes 1995-1999, 2000-2004 et 2005-2009 sauf pour le Soudan qui a
enregistré une variation à la baisse pour la période
2000-2004 et une augmentation pendant la période 2005-2009. Ce qui
signifie que ces pays en conflit armé ne respectent pas les normes,
ceci nous a conduits à penser que la fragilité des Etats
influence négativement l'efficacité de l'aide publique au
développement.
II.3. Aide publique au
développement et indicateurs de la fragilité
II.3.1. Aide publique au
développement et efficacité économique
D'une manière générale, la
fragilité des Etats mine les institutions à atteindre un niveau
de croissance économique élevé. En effet, la
fragilité prise dans sa composante de la variable efficacité
économique diminue l'effet de l'aide publique au développement
sur la croissance économique des Etats.
Graphique 16 : Evolution de
l'aide publique au développement(en % du PIB) et de
l'efficacité économique des pays relativement stables
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
Source: Auteurs à partir des
données en annexe2
De par ces deux graphiques précédents, la
fragilité des Etats représentée par la variable
efficacité économique nous permet de constater que pour les pays
relativement stables tels que le Cameroun, le Congo et le Kenya leur
fragilité est (de l'ordre de 2 pour le Congo et 3 pour le Cameroun et le
Kenya) moins importante que les autres pays de cette même
catégorie. La variable APD des pays comme les Îles Comores, le
Malawi, le Rwanda et l'Ouganda a cru en moyenne mais cela n'a pas
empêché la fragilité des Etats via l'efficacité
économique de rester à son niveau élevé ce qui nous
permet de confirmer que ces pays connaissent des faiblesses en matières
des institutions économiques capables de faire face aux chocs
externes.
II.3.2. Aide publique au
développement et efficacité sociale
L'efficacité de l'aide publique au développement
peut être freinée par la fragilité des Etats suite une
mauvaise allocation des services sociaux. Ainsi l'effet de la variable
efficacité sociale sur la croissance est négatif. Autrement dit
les pays qui affichent un score élevé de la fragilité
connaissent une faiblesse dans la réception de
l'APD.
Graphique17 : Evolution de
l'aide publique au développement (en % du PIB) et de
l'efficacité sociale des pays de post-conflit.
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
Source: Auteurs à partir des
données en annexe2
En considérant ces deux graphiques
précédents, les pays en situation de post-conflit ont
enregistré des parts croissantes de l'APD au cours de trois
sous-périodes : 1995-1999, 2000-2004 et 2009. Le Burundi a
reçu des parts croissantes de l'APD au cours des trois
sous-périodes : 1995-1999, 2000-2004 et 2005-2009. Malgré
ces flux, l'efficacité sociale n'a pas du tout été
améliorée durant toutes les trois sous-périodes.
Le Libéria et la Sierra Leone si bien qu'en moyenne
leur APD a cru, ne sont pas eux aussi parvenu à améliorer leur
efficacité sociale en fournissant à leurs populations respectives
des services sociaux de qualité. Une telle situation caractérise
pour les sous-périodes :1995-1999, 2000-2004 et 2005-2009 les pays
post-conflit vulnérable à la fragilité
II.3.3.Aide publique au
développement et légitimité sociale
De façon globale la légitimité sociale
influence négativement l'effet de l'APD sur la croissance
économique. En effet les pays qui ont un grand score dans le non respect
des normes ont peu de chance de rendre l'APD efficace.
Graphique18 : Evolution de
l'aide publique au développement(en % du PIB) et de la
légitimité sociale des pays en conflit armé
Source: Auteurs à partir des
données en annexe1
Source: Auteurs à partir des
données en annexe7
De par les deux graphiques ci-haut, les pays de l'ASS en
situation de conflit armé tels la R.D.C, le Niger et le Tchad,
même si de façon générale leur APD a
augmenté, elle n'a pas été un élément
stimulant la croissance, ceci est dû à son niveau de la
légitimité sociale qui reste élevé,
réduisant ainsi l'effet de l'APD sur la croissance économique. Le
Soudan, malgré qu'il ait reçu une part d'APD moins importante
comparativement aux autres pays se trouvant dans la même situation, est
parvenu à réduire sa fragilité compte tenu de sa variable
légitimité sociale qui a passé de 3 à 2,2 pour la
sous-période : 2000-2004.
En effet, le constat est que les pays en conflit armé
ne sont pas redevables au sein des bailleurs de fonds et que la
fragilité des Etat diminue l'effet de l'APD sur croissance
économique de ces Etats. D'une manière globale, l'on constate que
ce soit dans les pays relativement fragile, post-conflit, ou en
conflit armé, la fragilité influe négativement sur
l'efficacité de l'APD.
CHAPITRE III : AIDE PUBLIQUE
AU DEVELOPPEMENT DANS LES PAYS FRAGILES DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE :
ANALYSE EMPIRIQUE
L'objet de ce chapitre est d'analyser empiriquement l'effet de
la fragilité des Etats sur l'efficacité de l'aide publique au
développement au sein des 19 pays considérés de l'ASS.
Nous présentons le cadre théorique des données de panel,
ses avantages et inconvénients, les résultats d'estimation et
l'interprétation des résultats.
III.1. Cadre théorique des
données de Panel
L'économétrie des données de Panel
remonte des travaux de Balesta et Nerlove (1996) et Madalla (1971) sur les
modèles à effets composés ainsi que ceux de Swamy(1970)
sur les modèles à effets aléatoires. En 1991, le Journal
of Economic Litterature a introduit dans sa classification un nouveau code
intitulé l'économétrie de panel.
L'économétrie des données de Panel a
depuis cette période pris une grande importance Araujo, Brun et Combes
(2004) jusqu'à devenir un domaine à part dans
l'économétrie Qt, Im, Pesam et Shin(2000), l'exemple le plus
illustratif d'étude avec les données de panel est celui de
(Summer et Heston 1991). Selon Gujaratti (1998), la combinaison de la
série chronologique avec des sections transversales peut accroitre
à la fois la qualité et la quantité des données,
chose impossible lorsqu'on prend une des deux dimensions.
III.1.1. Présentation des
données de panel
L'emploi des données de panel donne à l'analyse
de régression de dimension spatiale et temporelle. La dimension spatiale
concerne l'ensemble d'unités en coupe d'observation. Il s'agit des pays,
des Etats, des sociétés, ou même des individus. La
dimension temporelle concerne des observations périodiques d'un ensemble
des variables caractérisant ces unités pendant une période
particulière.
Les données de panel peuvent enrichir l'analyse
empirique dans des différentes directions qui sont presque impossibles
utilisant les séries chronologique ou des coupes instantanées
peuvent faire l'étude des modèles plus complexes de
comportement.
Pour notre travail, nous disposons des données sur 19
pays fragiles d'Afrique Subsaharienne avec des variables explicatives sur une
période de 15ans. Le choix de l'année 1995 comme limitée
inférieur a été motivé par la non
disponibilité des données pour les variables de la
fragilité des Etats dans les antérieurs.
III.1.2. Rôle et avantages
des données de Panel
Le modèle des données de Panel présente
une série d'avantages entre autres :
· la double dimension des données (individuelle et
temporelle) permet de rendre compte simultanément de la dynamique des
comportements et de leur éventuelle
hétérogénéité, ce qui constitue un avantage
par rapport aux autres types de données que sont les séries
temporelles et les coupes transversales. A ces avantages viennent s'ajouter
d'autres liés au nombre très élevé de
données et leur variabilité (Sevestre, 2002).
L'hétérogénéité est
subdivisée en hétérogénéité
observée et inobservée. La première peut être
contrôlée à travers les variables explicatives tandis que
l'hétérogénéité inobservée peut
être contrôlée à travers l'analyse en coupe
instantanée et sur une série temporelle.
Ne pas tenir compte de
l'hétérogénéité inobservée conduirait
à une inefficacité des estimateurs des Moindres Carrées
Ordinaires, soit un estimateur biaisé.
· l'autre avantage est l'accroissement de la taille de
l'échantillon, ceci conduit à l'augmentation du nombre de
degré de liberté et à la réduction de la
colinéarité entre les variables explicatives améliorant
par là les estimations des résultats obtenus sur base des tests
économétriques.
· avec la double dimension des données de panel,
il en résulte une interprétation facile des résultats.
En effet, la différence des individus, les uns par
rapport aux autres crée une variabilité interindividuelle. Cette
dernière pouvant être décomposée en
variabilité intra-individuelle temporelle proposée à
chaque individu et en variabilité interindividuelle
III.1.3. Inconvénients des
données de panel
Le biais de sélection et problème des
données de panel incomplet à cause de manque des données
suffisantes sur l'ensemble des observations représentent les
problèmes les plus récents des données de panels. Lorsque
toutes les observations ne sont pas disponibles : le panel est dit non
cylindre ou déséquilibre. Il y a tendance à cylindrer
l'échantillon en éliminant certaines observations pour que chaque
individu ait le même nombre d'observation.
En effet, l'utilisation de panel non cylindre conduit à
des problèmes d' hétéroscedacité et ou
auto-corrélation des erreurs. L'autre problème que
présentent les données de panel réside dans la
fréquence non négligeable des sources des données
statistiques utilisées ou la présence d'observation aberrante.
Huber(1981) a montré que seulement 3% des valeurs suffisantes dans
l'ensemble d'observation a perturbé significativement la qualité
d'observation.
En dépit des ces limites, les économistes
s'accordent de dire que les avantages des données de panel sont plus
importants que les inconvénients et préconisent que chaque fois
qu'il y a moyen de faire une analyse en panel il faut la privilégier par
rapport au modèle en coupe instantanée l'analyse ou la
série temporelle.
III.2. Spécification du
modèle et anticipation des signes
Le modèle est donc une présentation
schématique et partielle d'une réalité naturellement plus
complexe Bourbonnais(2000). Dans le cadre de l'économétrie, nous
pouvons considérer qu'un modèle consiste en une
présentation formalisée d'un phénomène sous forme
d'équation dont les variables sont des grandeurs économiques.
L'objectif du modèle est de présenter les traits
les plus marquants d'une réalité qu'il cherche à styliser.
C'est un outil du modalisateur utilise lorsqu'il cherche à comprendre et
expliquer des phénomènes. D'après Yvan L. (1975), la
spécification du modèle a pour objet d'exprimer la théorie
économique sous forme d'équation linéaire ou non.
III.2.1. Présentation du
modèle à estimer
La spécification du modèle repose sur les
études empiriques antérieures et sur certains indicateurs
particuliers des pays fragiles de l'Afrique subsaharienne. Pour pouvoir estimer
le modèle utilisé dans ce travail, nous nous sommes
inspirés des travaux de Paul Collier et David Dollar (2002) qui ont
analysé l'effet de l'APD sur la croissance économique dans 109
pays pour la période de 1990 à 1996 dans laquelle nous ajoutons
les variables de la fragilité des Etats.
Le modèle de Paul Collier et David Dollar est le
suivant :
Git= C+b1 X+b2
Pit+b2 Ait+b3 APit+
Eit
Où G= croissance économique
X = conditions exogènes
P = politiques de chaque pays
A = niveau de l'APD nette par rapport au PIB
i = indice du pays
t = indice de temps
Pour notre travail, nous utilisons le modèle
suivant :
Log PIB/habit = a0 + a1 log
APB/PIBit +a2 log Touvit + a3
Tinflit +a4 S nat bruteit + a5 log
Inv nat bruteit + a6 IDEit + a7 log
M2/PIBit +effecoit + effisocit
+legsocit+ ìit
Avec
PIB/hab. : Produit intérieur brut par hab.,
variable endogène du pays i à la période
t
APD/PIB: ratio de l'aide publique au développement
variable exogène du pays i à la période
t
Touv: taux d'ouverture commerciale du pays i
à la période t
Tinfl: taux d'inflation du pays i à la
période t
S nat brute: épargne nationale brute du pays
i à la période t
Inv nat brut: investissement nationale brute du pays
i à la période t
IDE: Investissement Direct Etranger du pays i
à la période t
M2/PIB: profondeur financière du pays
i à la période t
Effeco : efficacité
économique : variable explicative d'un Etat i à
la période t
Effisoc : efficacité sociale : variable
explicative d'un Etat i à la période t
Legisoc : légitimité sociale :
variable explicative d'un Etat i à la période
t
ìit : terme d'erreur du pays
i à la période t
Le terme d'erreur ìit inclut les
caractéristiques individuelles, les caractéristiques temporelles
ainsi que l'erreur idiosyncratique (propre à chaque observation).
En effet, il est égal à ìit =
Vi + Ôt + åit Vi est la
composante individuelle, Ôt est la composante temporelle et
åit est le terme d'erreur idiosyncratique.
III.2.2. Sources des
données
Les données ne sont relatives qu'aux 19 pays d Afrique
Subsaharienne. Celles portant sur l'inflation ouverture commerciale
investissement national brut, l'épargne nationale brute,
l'investissement direct étranger, l'aide publique au
développement ainsi que le produit intérieur brut par habitant en
parité de pouvoir d'achat proviennent de la base des données du
CD ROM de la banque mondiale 2009. Celles de la fragilité sont fournies
par Systemicpeace Institute.
Notre période d'étude porte sur 15 ans, allant
de 1995 à 2009. Par ailleurs, faute de données disponibles, nous
avons été contraints de ne retenir, en définitive que 19
pays de l'ASS.
III.2.3. Anticipations des
signes
Pour la variable APD, le signe attendu est positif,
Papanek(1973) disait que l'aide internationale a un effet significativement
positif sur la croissance, effet relativement plus important que celui de
l'épargne domestique, des investissements privés étrangers
et des autres flux étrangers.
Quant à la variable taux d'ouverture, le signe attendu
est positif, l'ouverture commerciale permet aux pays en voie
développement d'accéder au savoir et aux connaissances par le
biais des biens étrangers et nécessaires dans le processus de
production des firmes (Feder, 1983 ; Balassa, 1985 ; Harisson, 1996
et Edwards, 1998).
De plus pour la variable investissement direct
étranger, le signe attendu est positif, ainsi comme le disait
Dofsdotter(1998), Busse and Groizard(2006), Pruffer and Tond(2007) des
infrastructures et des institutions locales de meilleures qualité
augmentent la capacité des investissements directs étrangers
à stimuler la croissance du produit intérieur brut et de la
productivité globale des facteurs.
Concernant la variable investissement national brut, le signe
attendu est positif, à ce niveau Levine R., et Renet D., (1992) montrent
que le taux d'investissement en capital physique et humain affecte positivement
la croissance économique. Levin et Renet (1992), Florax et Al. (2002),
prédisent qu'il existe une forte corrélation positive entre
l'investissement et le commerce international, source potentiel de la
croissance économique.
De même pour la variable épargne nationale brute,
le signe attendu est positif, Adam Smith, David Ricardo, et John Swart disent
que l'épagne est la principale source de croissance économique et
d'accumulation du capital.
Pour la variable inflation, le signe attendu est
négatif, une augmentation des prix alors que les salaires restent
inchangés se traduit par une perte de pouvoir d'achat des consommateurs
et donc une diminution de la consommation affectant directement une baisse de
la croissance économique.
Quant à la variable profondeur financière le
signe attendu est positif, de façon théorique, le
développement financier crée des conditions favorables à
la croissance économique. Selon, Rajan et Zingales(2003), le
développement du système financier contribue significativement
à la croissance économique.
Concernant la variable efficacité économique, le
signe attendu est négatif, l'efficacité économique
étant mesurée à partir de la stabilité et de la
performance macroéconomique de part le taux de croissance de
l'économie, le taux d'inflation et la pression fiscale.
L'instabilité est inévitablement déclencheuse et
précurseur de la fragilité d'un Etat. Cette instabilité
qui est d'ordre politique et sécuritaire se répercute sur toutes
les activités économiques, d'où la chute de la croissance
économique.
De même pour la variable efficacité sociale, elle
est définie comme étant la capacité d'un Etat à
fournir les services de base essentiels tels que l'éducation et la
santé publique ; la fragilité mine ces services dans ces
Etat et deviennent inefficients, son effet sur croissance est négatif,
ici le signe attendu est négatif.
Et enfin quant à la variable légitimité
sociale, le signe attendu est négatif, la légitimité
étant définit comme respect des normes, l'existence des
différentes coutumes, cultures et croyance impacte négativement
la croissance économique car ils ne sont pas
règlementés.
III.3. Présentation des
résultats et implications économiques
Lors des estimations, nous avons opté d'estimer d'abord
le modèle macroéconomique et ensuite les trois modèles qui
prennent la dimension de la fragilité des Etats. Après avoir
estimé les modèles à effets fixes dont les
résultats se trouvent dans le tableau 1, nous avons
procédé à l'estimation des modèles à effets
combinés (voir le tableau2). Et enfin nous avons présenté
les implications économiques des résultats.
III.3.1. Résultats
d'estimation des modèles à effets fixes
Dans ce modèle on suppose que l'influence des
explicatives sur la variable expliquée est identique pour tous les
individus. Autrement le modèle a des pentes constantes et des
interceptes qui différent selon le groupe de pays. Des
différences significatives s'observent entre pays mais il n'ya pas
d'effet temporel.
La prise en compte des spécificités
individuelles et temporelles se fait donc pour l'introduction des effets
spécifiques aux individus et aux périodes qui constituent autant
de coefficient que l'on peut estimer.
En présence des effets fixes, les
caractéristiques individuelles sont fixes. Et le modèle
s'écrit :
Log PIB/habit = a0 +
a1 log APB/PIBit +a2 log Touvit +
a3 Tinflit +a4 S nat bruteit +
a5 log Inv nat bruteit + a6 IDEit +
a7 log M2/PIBit +effecoit +
effisocit +legsocit + åit
Dans ce modèle, les coefficients d'un pays à un
autre sont considérés uniformes sauf pour le terme constant.
Contrairement au modèle à effets fixes, les modèles
à effets aléatoires, les composantes de ìit,
Vi et Ôt sont aléatoires et ne peuvent pas
être ajoutés mécaniquement à la constante sous forme
de variables muettes. Pour estimer un modèle à effets
aléatoires ou à erreurs composées, (où les erreurs
suivent une forme particulière d'autocorrélation) l'estimateur
des MCO n'est pas approprié, l'estimateur des MCG en est le meilleur.
Ainsi nous procédons à un test de Hausman pour
vérifier lequel des deux modèles (modèle à
effets fixes et modèle à effets aléatoires), il
conviendrait d'utiliser. Ce test vérifie l'hypothèse selon
laquelle : il n ya pas de différence entre les coefficients de deux
estimateurs.
Et si la probabilité calculée est
supérieure au seuil de 5% que nous avons choisi, il est envisageable de
retenir les estimateurs à effets aléatoires. Contrairement, si la
probabilité calculée est inferieure à la
probabilité critique, on considère le modèle à
effets fixes. Bien que le modèle à effets fixes est
considéré comme un modèle moins efficient à
estimer, statistiquement parlant c'est un modèle plus raisonnable pour
modéliser les modèles utilisant les données de panel. Le
modèle à effets fixes donne des résultats consistants.
L'utilisation des logarithmes dans le modèle à
estimer présente un avantage dans la mesure où elle vient
résoudre le problème liés à l'utilisation des
variables expriment dans des unités différentes. En plus les
logarithmes donnent les valeurs des coefficients des variables explicatives
sous une forme réduite.
Tableau 1 : Résultats
d'estimation des modèles à effets fixes
Variable
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
C
|
7.04
(0.00)***
|
8.11
(0.00)***
|
7.34
(0.00)***
|
7.31
(0.00)***
|
APD/PIB
|
-0.04
(0.01)**
|
-0.06
(0.00)***
|
-0.05
(0.00)***
|
0.03
(0.07)*
|
IDE
|
0.008
(0.41)
|
0.006
(0.40)
|
0.0005
(0.49)
|
0.0007
(0.39)
|
Inv.nat.brut
|
0.15
(0.00)***
|
0.15
(0.00)***
|
0.15
(0.00)***
|
0.13
(0.00)***
|
M2/PIB
|
-0.13
(0.00)***
|
-0.13
(0.00)***
|
-0.13
(0.00)***
|
-0.13
(0.00)***
|
S.nat.brute
|
0.009
(0.00)***
|
0.008
(0.00)***
|
0.009
(0.00)***
|
0.01
(0.00)***
|
Tinfl.
|
-0.005
(0.16)
|
-0.006
(0.10)
|
-0.006
(0.09)
|
-0.0007
(0.10)
|
Tovc.
|
0.28
(0.00)***
|
0.23
(0.00)***
|
0.24
(0.00)***
|
0.23
(0.00)***
|
R2
|
0.95
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
R2 aj.
|
0.95
|
0.95
|
0.95
|
0.95
|
F-statistic
|
237.36
(0,00)***
|
251.13
(0.00)***
|
254.44
(0.00)***
|
256.67
(0.00)***
|
D - W
|
0.55
|
0.67
|
0.67
|
0.65
|
ECOEFF
|
|
-0.34
(0.00)***
|
|
|
EFFISOC
|
|
|
-0.18
(0.00)***
|
|
LEGSOC
|
|
|
|
-0.17
(0.00)***
|
T.de Hausman
|
0,00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
Source : Auteurs à partir des résultats
trouvés en Eviews
***: Significatif au seuil de 1% ** : Significatif au
seuil de 5% *: Significatif au seuil de 10%
Le tableau ci-haut fait apparaitre respectivement les
coefficients et les probabilités associées aux différentes
variables. De par ce tableau, les résultats montrent que le
modèle à effets fixes est globalement significatif compte tenu
des coefficients des variables et de la probabilité de Fisher
trouvé.
En effet, pour la significativité globale, les valeurs
de R2 sont respectivement 0.95 ; 0.96 ; 0.96 ; 0.96
pour les modèles M1à M4. L'augmentation de
R2 de 0.95 à 0.96 montre que la variable Efficacité
économique est très importante dans l'explication du PIB/hab., de
même que, les variables Efficacité sociale et
Légitimité sociale pour lesquelles R2 augmente. En
effet, R2 peut augmenter mécaniquement au fur et mesure
qu'augmente le nombre de variables explicatives mais l'augmentation de
R2-aj. révèle l'importance de la nouvelle variable
dans l'explication du modèle.
Globalement, les variables prises en compte expliquent la
variable endogène à hauteur de 95% ; donc, le modèle
est globalement valide. Bien plus, un modèle ne peut être
jugé comme valide du point de vue économétrique qu'en
considérant également les résultats de Fisher. Les valeurs
du stat. de Fisher renseignent également sur la significativité
globale des relations estimées. Etant donné que la valeur de la
probabilité de F.stat (0,000) pour toutes les modèles est
inférieure à 5%, les modèles peuvent être
jugés valides.
Quant à la significativité individuelle des
variables, nous nous sommes basés sur la valeur de la probabilité
critique de la statistique de student afin de se prononcer sur la pertinence ou
non d'une variable. En considérant le modèle1, une seule variable
l'aide publique au développement est significative au seuil de 10%,
tandis que quatre autres variables à savoir l' investissement
national brut, l'épargne nationale brute, et le taux d'ouverture
commerciale et la profondeur financière sont significatives au seuil de
1% et évoluent dans le même sens que la croissance
économique sauf pour la variable profondeur financière ;
c'est-à-dire que si l'investissement national brut, l'épargne
nationale brute et l'ouverture commerciale augmentent ; la croissance
économique augmente aussi.
Pour le modèle2, six variables sont significatives au
seuil de 1% l'épargne nationale brute, l'ouverture commerciale, l'aide
publique au développement, l'investissement national brut, la profondeur
financière et l'efficacité économique. Toutes ces
variables ont un signe positif sauf la variable
profondeur financière et celle de la fragilité qui ont des
signes négatifs. Pour cette dernière, une augmentation de 1%
de la fragilité se traduit par une baisse de la croissance
économique de 0.34%.
Pour le modèle3, six variables sont significatives au
seuil de 1% l'épargne nationale brute, l'investissement national brut,
l'aide publique au développement, le taux d'ouverture commerciale et
l'efficacité sociale tandis que pour modèle4, six variables sont
significatives, l'une au seuil de 10% et les cinq autres au seuil 1%
respectivement l'aide publique au développement et l'épargne
nationale brute, l'investissement national brut, la profondeur
financière, le taux d'ouverture commerciale ainsi que la
légitimité sociale.
Tableau 2 : Résultats
d'estimation des modèles à effets combinés
Variables
|
M5
|
M6
|
M7
|
C
|
6.64
(0.00)***
|
6.80
(0.00)***
|
6.60
(0.00)***
|
APD/PIB
|
0.30
(0.00)
|
0.21
(0.00)
|
0.03
(0.11)
|
IDE
|
-0.0002
(0.51)
|
-0.0005
(0.54)
|
-0.0008
(0.33)
|
Inv.nat.brut
|
0.18
(0.00)***
|
0.15
(0.00)***
|
0.14
(0.00)***
|
M2/PIB
|
-0.10
(0.00)***
|
-0.12
(0.00)***
|
-0.13 (0.00)***
|
S.nat.brute
|
0.007
(0.00)***
|
0.007
(0.00)***
|
0.009
(0.00)***
|
Tinfl.
|
-0.006
(0.08)
|
-0.006
(0.14)
|
-0.006
(0.06)
|
Tovc.
|
0.27
(0.00)***
|
0.23
(0.00)***
|
0.21
(0.00)***
|
R2
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
R2 aj.
|
0.95
|
0.95
|
0.95
|
F - stat
|
241.01
(0.00)***
|
242.95
(0.00)***
|
248.20
(0.00)***
|
D - W
|
0.60
|
0.60
|
0.64
|
APD/PIB*Ecoeff
|
-0.10
(0.00)***
|
|
|
APD/PIB*Effisoc
|
|
-0.09
(0.00)***
|
|
APD/PIB*Legsoc
|
|
|
-0.08
(0.00)***
|
Test de Hausman
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
Source: Auteurs à partir des résultats
trouvés en Eviews
***: Significatif au seuil de 1%
**: Significatif au seuil de 5%
*: Significatif au seuil de 10%
Le tableau précédent, fait apparaitre
respectivement les coefficients et les probabilités associées aux
différentes variables. Pour les modèles à effets
combinés, nous avons cherché à montrer comment la
fragilité des Etats amoindrit l'influence de l'aide publique au
développement sur la croissance économique dans les 19 pays
considérés de l'ASS.
De ce fait lorsque la combinaison de ces deux variables agit
négativement sur la croissance économique, on conclut que la
fragilité des Etats réduit l'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance économique. En d'autres termes,
lorsque la fragilité augmente, l'efficacité de l'aide publique au
développement diminue. Ainsi, de par ce tableau, nous remarquons que
l'effet combiné de la fragilité des Etats avec l'aide publique au
développement agit négativement sur la croissance
économique respectivement pour les modèle5 à7 ; ce
qui signifie que la fragilité des Etats réduit l'effet de l'aide
publique au développement sur la croissance économique.
Dans le même ordre d'idées, ce tableau montre
également que l'effet combiné de la fragilité des Etats
avec l'aide publique au développement reste significatif pour tous les
modèles. Autrement dit, la fragilité des Etats agit
négativement sur l'efficacité de l'aide publique au
développement et ou renforce l'inefficacité de l'APD.
Pour ces modèles, nous constatons que la
fragilité vient diminuer l'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance économique. Par la théorie
économique, le signe attendu de l'effet de l'aide publique au
développement sur la croissance économique était positif
mais combiné avec la fragilité, le signe devient
négatif ; ce qui revient à confirmer notre seconde
hypothèse selon laquelle la fragilité des Etats influe
négativement sur l'efficacité de l'aide publique au
développement dans les pays fragiles de l'ASS.
Concernant la significativité individuelle des
coefficients, modèle5 dispose cinq variables significatives :
l'investissement national brut, l'épargne nationale brute, le taux
d'ouverture commerciale, la profondeur financière, la variable aide
publique combiné avec la fragilité au seuil de 1% et les autres
restent non significatives.
Le modèle6 dispose cinq variables
également significatives entre autre l'investissement national brut,
l'épargne nationale brute, le taux d'ouverture commerciale, la
profondeur financière, et la variable combiné aide publique avec
la fragilité au seuil de 1%. Enfin, le modele7 dispose
également cinq variables significatives au seuil de 1% :
l'investissement national brut, l'épargne nationale brute, l'ouverture
commerciale, la profondeur financière, et la variable combiné de
la fragilité avec l'aide publique développement.
III.3.3. Implications
économiques des résultats
Les variables prises en compte pour ce travail sont :
l'aide publique au développement, l'investissement national brut,
l'épargne nationale brute, le taux d'inflation, le taux d'ouverture
commerciale, la profondeur financière, le produit intérieur brut
par habitant, ainsi que les trois variables de la fragilité des
institutions, l'efficacité économique, la
légitimité sociale et l'efficacité sociale.
De par les estimations, on remarque que les variables
l'investissement national brut, l'investissement direct étranger, le
taux d'ouverture commerciale et l'épargne nationale brute exercent une
influence positive sur la croissance économique dans les 19 pays de
l'ASS ; alors que les variables tels que la profondeur financière
et l'inflation exercent une influence négative sur la croissance
économique dans ces 19 pays de l'ASS.
Du point de vue économique, les coefficients positifs
obtenus sur les variables investissement national brut, l'épargne
nationale brute et l'ouverture commerciale expliquent qu'il existe une relation
positive entre laide publique au développement et la croissance
économique dans les 19 pays de l'ASS.
Le coefficient négatif obtenu sur la variable aide
publique au développement démontre
que celle-ci influence négativement la croissance
économique, ce qui revient à infirmer que notre première
hypothèse selon laquelle l'aide publique au développement
contribue positivement à la croissance économique dans les pays
fragiles de l'ASS.
Les coefficients négatifs obtenus sur les variables
efficacité économique, efficacité sociale, et
légitimité sociale montrent que la fragilité influence
négativement la croissance économique, ce qui revient à
confirmer notre deuxième hypothèse selon laquelle la
fragilité des Etats influe négativement sur l'efficacité
de l'APD dans les pays fragiles de l'ASS.
Comme le souligne Collier et Hoeffler(2004) l'APD est plus
moins productive dans des situations de post-conflit. De ce fait, il faudrait
reconstruire les pays, créer un environnement favorable dans lequel
l'aide est particulièrement efficace. De plus, les pays de l'ASS ayant
traversés des guerres civiles font face à une corruption
persistante ce qui, combiné à la faiblesse de l'administration et
des institutions rendent l'aide publique au développement inefficace.
Il faudrait que les pays fragiles de l'ASS mettent en place
des programmes de lutter contre la corruption, améliorer leur
gouvernance économique pour qu'ils puissent accroitre leurs revenus.
Ainsi, les Etats devraient prioritairement orienter l'APD pour la
reconstruction vers la recherche de la cohésion sociale, la promotion de
la gouvernance, l'investissement capital humain, la création de l'emploi
et la sécurité intérieure. De par ces canaux de
transmission, il en résulterait une efficacité de l'APD (Esso,
2008).
Plus encore, la croissance enregistrée depuis le
début des années 2000 est menacée par la crise
financière de 2007. En effet, l'afflux des capitaux et autres ressources
financières risquent de subir une baisse substantielle du fait de la
reprise de la fragilité des économies développent.
Ainsi, les pays donateurs de l'APD doivent adopter des
stratégies qui vont à la lutte contre la fragilité des
Etats et la reprise de la crise financière. Dans le même ordre
d'idée, les flux d'APD pourraient subir une baisse importante, avec des
effets avérés sur la croissance économique à long
terme en ASS. De ce fait, les pays de l'ASS doivent mener des politiques
palliatives à l'inefficacité de l'APD. Il faudrait que l'APD
reçue par les Etats bénéficiaires soit orientée
vers des secteurs porteurs de la croissance économique.
Si l'efficacité de l'APD a été mise en
cause lors des années 90, cela est dû aux quelques
problèmes liés à son efficacité dans les pays
d'ASS. De ce fait, il faut améliorer la coordination de l'APD ;
coordonner la multiplicité des différents donateurs, leurs
procédures d'octroi d'APD, leurs priorités, et leurs cycles de
planification.
Il faudrait également que l'APD soit accordée
compte tenu des besoins des pays bénéficiaires car l'aide
reçue par ces pays est souvent orientée vers des projets de
prestige comme l'achat des véhicules de luxe, extension de la
bureaucratie, ce qui a débouché sur l'inefficacité de
l'APD en ASS. Il faudrait de plus que les objectifs des donateurs soient
harmonisés avec ceux des pays bénéficiaires.
CONCLUSION GENERALE
L'objectif de ce travail était d'une part, d'analyser
l'efficacité de l'APD, et d'autre part, l'effet de la fragilité
sur la croissance économique dans les pays fragiles de l'ASS. De ce
fait, ce travail était subdivisé en trois chapitres. Le premier
chapitre traite la littérature théorique et empirique relative
à la relation entre l'APD et la croissance économique, la
fragilité des institutions et l'efficacité de l'APD.
Le deuxième chapitre s'est focalisé sur
l'analyse descriptive de ces relations dans 19 pays de l'ASS afin de mieux
visualiser la relation entre la fragilité et l'efficacité
de l'APD. Nous avons, par la suite, subdivisé ces 19 pays en trois
catégories à savoir les pays relativement stables, les pays
post-conflit et enfin, les pays en conflit armé. Enfin, le
troisième chapitre a décrit la méthodologie
économétrique des données de panel, constituant l'outil
utilisé dans ce travail, et les résultats des estimations.
D'après la littérature théorique, l'APD
influence positivement la croissance économique via l'augmentation de
l'épargne, du taux d'investissement et la production
agrégée. De plus, l'afflux massif de l'APD ne suffit pas pour
garantir une croissance économique auto-entretenue. D'autres, facteurs
politiques des Etats jouent un rôle important dans l'amélioration
de l'efficacité de l'APD en ASS. D'après la littérature
économique, l'APD est plus efficace dans les pays
bénéficiaires disposant de bonnes politiques économiques,
de bonne gouvernance et de stabilité politique.
L'analyse descriptive quant à elle, montre que dans
les 19 pays considérés de l'ASS, les variables comme
investissement direct étranger, investissement national brut,
l'épargne nationale brute, et le taux d'ouverture commerciale
évoluent en général dans le même sens que le
produit intérieur brut par habitant alors que les variables comme aide
publique au développement, inflation, et la profondeur financière
influent négativement sur la croissance la croissance économique,
cela revient à présumer que notre première
hypothèse n'est pas vérifiée. De plus, les variables de la
fragilité évoluent dans le sens inverse que la croissance
économique. D'une manière globale, dans tous ces pays
de l'ASS, la fragilité influe négativement sur la croissance
économique : ce qui nous permet de confirmer notre seconde
hypothèse selon laquelle la fragilité des Etats influe
négativement sur l'efficacité de l'APD. Quant à l'analyse
empirique, après l'estimation du modèle à effets fixes et
à effets combinés, le constat est que toutes les variables sont
significatives sauf les variables investissement direct étranger et
l'inflation.
Compte tenu des résultats d'estimation des
modèles à effets fixes retenus après le test de
Hausman, l'hypothèse stipulant que l'aide publique au
développement contribue positivement à la croissance
économique dans les pays de l'ASS a été infirmée.
Les variables comme efficacité économique, efficacité
sociale et la légitime sociale influent négativement sur la
croissance économique dans les pays fragiles de l'ASS et cela pour
tous les modèles.
De même, ces résultats conduisent à la
confirmation de la seconde hypothèse selon laquelle la fragilité
influe négativement sur l'efficacité de l'APD. En effet, les
variables comme efficacité économique, efficacité sociale
et légitimité sociale augmentent la significativité
globale des modèles. Dans le même ordre d'idées,
l'effet combiné de la fragilité avec l'APD vient confirmer notre
seconde hypothèse en ce sens que la combinaison de l'APD aux variables
de la fragilité entre autres l'efficacité économique,
l'efficacité sociale et la légitimité sociale agissent
négativement sur la croissance économique.
Vue les résultats obtenus nous suggérons aux
Etats de :
· mettre en place les politiques nationales visant
à rende efficace l'aide publique au développement
c'est-à-dire la bonne gestion, création des infrastructures
nécessaires pour la croissance économique comme la construction
des routes, construction des barrages, et la lutte contre corruption.
· Harmoniser leurs plans d'action avec ceux des bailleurs
pour permettre une plus grande efficacité de l'aide publique au
développement.
· Allouer l'aide publique au développement
reçue aux infrastructures de base essentielles. De cette façon,
elle permet de stimuler la croissance économique.
· Eviter les déficits de devises pour que l'aide
publique au développement soit orientée vers les projets
d'investissement.
· Proposer les secteurs dans lesquels les bailleurs de
fonds peuvent intervenir pour promouvoir la croissance économique.
Bien que nous ayons mené ce travail sur
l'efficacité de l'APD, nous ne prétendons pas avoir
effectué un travail exhaustif sur ce sujet, compte tenu de sa
complexité. En effet, notre travail présente certaines limites
qui ouvrent sur les voies de recherche importantes. Notre proposition s'inscrit
dans le cadre d'intégrer d'autres angles qui n'ont pas été
abordés dans ce travail comme l'efficacité de l'APD et la
démocratie, l'efficacité de l'APD et l'intégration
régionale.
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2.
www.oecd.org
3.
www.systemicpeace.org
4.
www.un.org
5.
www.undp.org
ANNEXES
Annexe 1 : Evolution de l'aide publique au
développement
Annexe 2 : Evolution de l'efficacité
économique
Annexe 3 : Evolution de l'efficacité sociale
Annexe 4 : Evolution de l'épargne nationale brute
Annexe 5 : Evolution de l'investissement direct
étranger
Annexe 6 : Evolution de l'investissement national
brut
Annexe 7 : Evolution de la légitimité
sociale
Annexe 8 : Evolution de la profondeur financière
Annexe 12 : Evolution du taux de croissance du PIB
* 1 En réalité,
bien qu'elle ne soit pas une condition suffisante, la croissance
économique est une condition nécessaire pour le
développement en général et pour le développement
durable en particulier.
* 2 BALINDA, R,
Méthodologie de recherche, Université de Goma, Goma,
2001 p.21
* 3 BAD, Evaluation de la
mise en oeuvre de la déclaration de Paris : Résumé
des messages clés, BAD, juillet 2008, p.2
* 4 Steven RADELET, Michael
CLEMENS, Rikhil BHAVNANI, Rendre l'aide plus efficace dans
les finances et développement, Fond monétaire International,
Washingiton, 2005, p.16
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