Paragraphe 2- Interprétation des
résultats
Notre recherche sur les mesures objectives et subjectives de
bien-être en Martinique et en Centrafrique montre que l'affect
déplaisant n'a aucune influence significative sur le bien-être de
nos participants en Martinique et en Centrafrique. Son indicateur en
Centrafrique comme en Martinique semble être faible comparativement aux
autres composantes cognitives (satisfaction) et émotionnelle (sentiment
agréable) du bien-être. La régression multiple et la
méthode des calculs de la moyenne arithmétique en
témoignent (Voir Tableau 8, 13, 14). Conformément à la
définition de bien-être subjectif, le sentiment négatif
(l'affect déplaisant) doit être faible (Kahneman & al, 2004)
au regard des autres composantes qu'on avait retenu pour mesurer le
bien-être subjectif.
Nos résultats confirment les travaux de Diener, 1984;
Diener & Suh (1997); Gilbert et al (1998) et Conceição &
Bandura (2008) selon laquelle, ils définissent le bien-être
subjectif comme le faite d'avoir peu de sentiment désagréable
(Affect déplaisant) et beaucoup d'expériences positives (affect
plaisant). C'est pour dire que, pour être heureux, l'individu
-' 109 -'
doit vivre peu d'expériences négatives, beaucoup
d'émotions positives être satisfait de la vie en
générale. Ils soulignent que le manque des sentiments
négatifs, montre que quelque part le bien-être subjectif des
individus est influencé par les événements positifs et que
ses individu semble être heureux pendant cette période à
laquelle l'étude a été réalisé.
Par contre, l'affect plaisant, le domaine de satisfaction de
la vie, la qualité de la vie, n'ont aucune incidence significative sur
le bien-être subjectif des participants Centrafricains et Martiniquais.
Leurs coefficients standardisés sont positifs pour la RCA, mais ne sont
pas statistiquement significatifs. S'agissant des Martiniquais de notre
échantillon, bien que parmi les sentiments cités ci-haut dans le
cas de Centrafrique, l'affect plaisant et l'affect déplaisant des
Martiniquais de notre échantillon ont des coefficients
standardisés négatif mais le modèle
économétrique (régression multiple) montre que leurs
coefficients standardisés ne sont pas significatif au sens de la
statistique au seuil de 10%. Ce qui est un peu étonnant, c'est le fait
que le coefficient standardisé de l'affect plaisant en Martinique soit
négatif, mais heureusement il n'est pas aussi significatif. Car sinon,
il ne serait pas cohérent de dire que les sentiments positifs affectent
négativement le bien-être subjectif.
De même, la comparaison des moyennes a bien
démontré que la différence entre la moyenne de
l'indicateur de bien-être subjectif des deux groupes de participants n'as
pas une signification statistique. Cela montre que les populations de nos
échantillons ont un même niveau de bien-être subjectif. Donc
même niveau de satisfaction. L'affect net des participants Martiniquais
et Centrafricains confirme ce résultat. Ce résultat renvois
à la définition de Kahneman & al (2004) selon la quelle,
l'affect net correspond à la différence entre la moyenne des
sentiments positifs et la moyenne des sentiments positifs. C'est le signe de ce
résultat qui détermine si l'individu est heureux ou pas. En RCA
comme en Martinique, l'affect net de nos participants est positif, cela montre
que les deux peuples sont satisfaits.
Par ailleurs, le modèle de la régression
multiple a démontré que le coefficient bêta
standardisé de la satisfaction de la vie en Martinique et en
Centrafrique est positif et significatif au seuil de 1% (Voir Tableau 13 &
14 : résultats des Tests). Cela montre que la
satisfaction de la vie est la principale déterminante du bien-être
subjectif de ces peuples. Donc, par la satisfaction de la vie nous mesurons le
bien-être de nos répondants. Ce résultat confirme la
thèse de Dabitao et al (2011) selon laquelle, ils soulignent que la
satisfaction permet de mesurer le bien-être d'une personne. Ce
résultat confirme également les résultats du
1er cas (comparaison des moyennes) qui révèle que les
deux peuples ont le même niveau de satisfaction. L'équation de la
régression simple mettant en relation le bien-être subjectif et le
niveau de revenu, révèle que le modèle pour la RCA n'est
pas statistiquement significatif au
~ 110 ~
seuil de 10%, mais elle est statistiquement significative au
seuil de 10% pour les répondants Martiniquais. Cela montre qu'en
dépit du faible niveau de revenu des participants de la RCA, leur
bien-être subjectif n'est pas lié au niveau de revenu. Ce
résultat renvois à la théorie économique selon
laquelle, Cassiers & Delain (2006, p. 8) soulignent que « la richesse
n'est pas Tout », « l'homme n'attribue pas seulement une valeur
à la quantité de bien et services qu'il consomme. Il valorise
aussi la qualité de son environnement social, politique et naturel
». Cela sous entend qu'il peut exister d'autres facteurs qui
déterminent le SWB des Centrafricains, car selon Diener (2000), la
satisfaction de la vie dépend de plusieurs facteurs.
Nos résultats montrent que le niveau de revenu (revenu
mensuel moyen) des Centrafricains est faible (145€) comparativement
à celui des Martiniquais (1145 €). Cela montre que le niveau de vie
des Martiniquais est beaucoup plus élevé que celui des
Centrafricains. Les résultats montrent que les Martiniquais qui sont
heureux subjectivement en ayant un niveau de revenu beaucoup plus
élevé. Ce résultat confirme les données
macroéconomiques sur la Martinique (Voir Tableau 17, Données
niveau nationale : Martinique et Centrafrique en Chiffres). Ce résultat
atteste aussi les travaux de Diener & al (1999), Diener & Oishi (2000),
Morrison & al (2011) selon laquelle ils mentionnent que la satisfaction
nationale est un prédicteur positif de la satisfaction de vie au niveau
individuel et qu'avoir un revenu décent coopère largement
à l'amélioration des conditions de la vie de l'individu, donc de
son bien-être individuel. Ainsi, le revenu permet à l'individu
d'acquérir les biens-matériels dont il a besoin pour vivre. Cela
peut l'offrir le sentiment de sécurité psychique. Le revenu a un
impact positif sur le bien-être subjectif au niveau individuel et
collectif (Biswas-Diener, 2008). De même, ce résultat renvoi aux
travaux des chercheurs comme György & Kapitány (2010), Frey;
Stutzer (2002) et le Conseil de l'Europe (2008) dans lesquelles ils ont
souligné que plus on a un niveau de vie relativement
élevé, plus ont peut espérer vivre bien.
Dans le cas des participants Centrafricains qui n'ont pas un
niveau de vie élevé mais subjectivement ils sont heureux, ce
résultat confirme les travaux de Perrenoud (2002) selon laquelle il
souligne que l'argent ne fait pas le bonheur, [...], mais il y contribue.
Et les données au niveau national (présentation
sociaux économique) qui est résumé dans le tableau
17, montre qu'objectivement la République
Centrafricaine ne semble pas être une société dans laquelle
les gens ont une meilleure qualité de vie. La RCA ne possède pas
des moyens nécessaires qui peuvent contribuer au bien-être de sa
population. C'est un pays qui est classé parmi les pays les plus pauvres
au monde (159ème) en termes de PIB par habitant (PNUD, 2008).
C'est pour dire que le bonheur auto-déclaré par les participants
de Centrafrique n'a
~ 111 ~
aucune relation avec les biens matériels ni le niveau
de revenu. La satisfaction des Centrafricains contredit la théorie
économique selon laquelle Morrison & al (2011) souligne que le
bien-être des gens est amélioré lorsque ceux-ci ressentent
que leur pays se porte bien.
Enfin, l'analyse de la régression simple
révèle que le niveau de revenu a un impact positif et
significatif au seuil de 10% sur le bien-être subjectif des Martiniquais,
cela confirme les précédents résultats. Selon laquelle la
satisfaction des Martiniquais est corrélée au niveau de revenu.
De même, en Centrafrique, le test de Fisher montre que le modèle
reliant le revenu avec le bien-être subjectif n'est pas statistiquement
significatif : le modèle n'est pas bon au seuil d'une signification de
10%. Et le test de Student révèle que le coefficient
standardisé de cette régression n'est pas significatif. Ce
résultat confirme les précédents résultats qui
révélaient que le bonheur des Centrafricains n'est pas lié
au revenu ni au bien-matériel.
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