L'union africaine à l'épreuve de la démocratie( Télécharger le fichier original )par christelle GBOH Université catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité universtaire d'Abidjan ( Côte d'Ivoire) - Maitrise en droit- option : relations diplomatiques et consulaires 2010 |
B-« LA PASSIVITE » DE L'UNION AFRICAINEL'Union Africaine a remplacé l'OUA en 2002. Elle est donc sur la scène africaine depuis près de huit ans. Elle est certes une organisation très jeune, mais elle a à son actif près de cinquante ans d'expérience héritée de la défunte OUA. Ainsi, si la précédente organisation avait des motifs tangibles qui l'empêchaient d'agir efficacement contre les Etats anti-démocratiques95(*), ce n'est pas le cas de l'Union Africaine. L'Union Africaine dispose d'un champ de manoeuvre beaucoup plus large que celui de l'OUA. Elle peut s'ingérer dans les affaires politiques de ses Etats membres. Elle peut donc agir beaucoup plus efficacement contre les Etats anti-démocratiques, et ne plus se contenter de les condamner avec la « dernière énergie ». Contre toute attente, cette nouvelle institution chargée d'oeuvrer beaucoup plus efficacement se fait souple face aux actes non démocratiques. En effet, lorsqu'un dirigeant accède au pouvoir par coup d'Etat, sur la base de la déclaration d'Alger de 2000, il est suspendu pour une période de six mois. Toutefois, tout porte à croire que cette suspension n'est qu'une stratégie politique pour éviter que la communauté internationale et / ou les populations africaines ne jasent, car le dirigeant ou le gouvernement en question est ensuite accepté et reconnu officieusement. Cette reconnaissance vaut autant pour les putschistes que pour les dirigeants, tripatouilleurs de constitution. L'Union mentionne que l'Etat suspendu peut réintégrer l'organisation à condition que l'ordre constitutionnel soit rétabli. D'ailleurs, il faudrait qu'elle définisse ce qu'elle entend par rétablissement de l'ordre constitutionnel ou démocratique. Pour l'instant, elle semble assimiler ce rétablissement à l'organisation d'élections. Le sachant, les putschistes travaillent alors à légitimer, par des élections difficilement crédibles, leur pouvoir96(*). Au demeurant, lorsqu'elle constate qu'un gouvernement commet des exactions sur sa population (exactions ou mauvaise gouvernance pouvant déboucher sur une crise ou une guerre civile ) et qu'elle demeure sans réaction, c'est la démocratie tant défendue qui prend un coup. En Tunisie, face à cette passivité, le peuple tunisien a dû prendre ses responsabilités et demander la démission du président Ben Ali, au pouvoir depuis plus de 20 ans. L'UA donne l'impression d'être gagné à la solde des dirigeants tant elle cautionne les nombreux dérapages politiques. Nous en tenons pour exemple, la pérennisation de plusieurs chefs d'Etat au pouvoir. Ils y parviennent au prix de modifications inappropriées de leurs Constitutions et d'élections non crédibles. Tout ceci se passe malheureusement sous le regard impuissant de l'Union Africaine. Il est donc temps pour l'Union de se prendre en main, si elle ne veut pas connaitre le même sort de l'OUA. Quoique jeune, c'est son attitude face aux situations présentes qui détermineront sa suprématie sur les Etats. Elle se fera de fait respectée et ses décisions respectées autant par la communauté extérieure que par les Etats membres. Un autre os dans la gorge l'UA est la mainmise des puissances occidentales. Elle devra donc y faire face. * 95 Le principe de la souveraineté des états, et l'affinité entre Etats qui était très forte. Voir introduction p.5. * 96 Cas de François BOZIZE en Centrafrique et du président Abdel AZIZ en Mauritanie, tous deux parvenus au pouvoir par un coup d'Etat militaire. |
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