Mastère SAE 2010/2011
1
Université de Tunis El Manar
Ecole Nationale des Ingénieurs de
Tunis
Mémoire de
Mastère professionnel Sources Alternatives en
Eau
Influence des paramètres opératoires sur
les performances d'un système de dessalement par osmose inverse
Présenté par
Bilel FATHALLI
Soutenu juillet 2011 devant le jury
:
Mr Hamza EL FIL : Président de jury
Mr Abdelhalim KOUNDI :
|
Examinateur
|
Mr Mohamed SAFI : Encadreur
Mastère SAE 2010/2011
2
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, je tiens à remercier
Pr Mohamed Jomâa SAFI pour son encadrement et
son suivi
Je remercie également Mr Carlos Armenta
DEU, Professeur à la faculté de Physique de
l'Université Complutense de Madrid pour son aide précieuse lors
de la réalisation de ce travail, son accueil et sa
disponibilité.
J'adresse mes remerciements au membre de Jury :
A Monsieur Hamza EL FIL pour avoir
accepté de présider ce jury
A Monsieur Abdel Halim KOUNDI pour
avoir accepté d'évaluer ce travail
Mastère SAE 2010/2011
3
Table des Matière
Introduction 1
Partie I : Synthèse Bibliographique 2
I. Etat des ressources et évolution de la demande
en eau 3
1. Dans le monde 3
2. En Méditerranée 5
3. En Tunisie 5
II. Problèmes de l'eau et nécessité
du dessalement 6
1. Problèmes de l'eau 6
2. Situation du dessalement 7
2.1. Dans le monde 7
2.2. En Méditerranée 8
2.3. En Tunisie 9
III. Les procédés de dessalement
9
1. Généralités 9
2. Les procédés membranaires 9
2.1. L'osmose inverse 10
2.1.1. Principe 10
2.1.2. Schéma général 11
2.1.3. Performances du procédé d'OI :
caractéristiques principales 12
2.1.4. Caractéristiques des membranes d'OI
13
2.1.5. Modèles de transfert de matière
14
2.1.6. Modèle de solubilisation-Diffusion
14
2.1.7. Polarisation de la concentration et colmatage
15
4
Mastère SAE 2010/2011
Partie II : Etude expérimentale 17
I. Présentation de l'installation pilote d'osmose
inverse et caractérisation de la
membrane d'OI
|
18
|
1. Principe de fonctionnement 19
2. 21
22
Détermination de la perméabilité au
solvant de la membrane 19
2.1. Evolution de la perméabilité de la
membrane A en fonction de la température
II. Influence des paramètres opératoires
sur les performances du système
d'osmose inverse
1. Effet de la température sur le flux de
perméat Jp et sa qualité 25
2 Effet de la pression d'attaque sur le flux de
perméat Jp et sa qualité 26
3. Effet de la concentration d'alimentation sur le
flux de perméat Jp et sa qualité 28
4. Effet du débit d'alimentation sur le flux
de perméat Jp et sa qualité 30
5. Evolution de la consommation
énergétique 31
Conclusion 34
Bibliographie 36
Mastère SAE 2010/2011
5
Liste des Figures
Fig.1 : Répartition de l'eau sur la
planète 3
Fig.2 : Répartition de l'eau entre les
continents 3
Fig. 3: Répartition mondiale de la consommation
d'eau (Km3) 4
Fig. 4: Répartition mondiale des
différents usages de l'eau 4
Fig.5 : croissances projetées des rapports
demandes/ressources en eau des pays méditerranéens du
Sud
|
5
|
Fig. 6 : Evolution des ressources exploitables en Tunisie
6
Fig. 7 : Répartition de la capacité de
dessalement dans le monde 7
Fig. 8 : Répartition de la capacité
mondiale de dessalement par procédé 8
Fig. 9: Capacité de dessalement installée
en Méditerranée 8
Fig. 10 : Production d'eau douce en Tunisie par
procédé 9
Fig.11 : Production d'eau douce en Tunisie par secteur
9
10
Fig.12 : Classification des procédés
baro-membranaires en fonction de la taille des pores
Fig. 13 : Principe des phénomènes d'osmose
et d'osmose inverse 11
Fig. 14: Système d'osmose inverse 11
Fig.15: Structure de deux membranes : anisotrope (a) et
composite (b) 13
Fig. 16 : Module spiralé 14
Fig.17 : Phénomène de polarisation de
concentration 16
Fig. 18 : Effets du colmatage et de la polarisation sur
le flux de perméat 16
18
Fig. 19 : Installation pilote d'osmose
inverse
Fig. 20 : Evolution de Jp en fonction de la Ptm à
T=35°C 21
21
Fig. :21 : Evolution de la perméabilité au
solvant de la membrane en fonction de la température
Fig. 22 : Courbe d'étalonnage de la
conductivité pour faible concentration 24
Fig. 23: Courbe d'étalonnage de la
conductivité pour forte concentration 24
6
Mastère SAE 2010/2011
Fig. 24 : Courbe d'étalonnage de la
concentration à 25°C 25
Fig. 25 : Evolution de Jp en fonction du temps pour
les deux pressions appliquées 27
Fig. 26: Evolution de Jp en fonction du temps pour les
deux concentrations testées 29
30
Fig. 27 : Evolution de Jp en fonction du temps pour
les deux débits testées
Fig. 28 : Evolution de Ysp en fonction du temps pour les
différentes conditions opératoires fixées lors des
expériences
|
32
|
Mastère SAE 2010/2011
19
20
7
Liste des Tableaux
Tableau1 : Conditions opératoires pour la
détermination de la perméabilité A de la
membrane
Tableau 2: Conditions opératoires fixées
pour évaluer les performances du système d'OI
23
Tableau 3: Valeurs des densités de flux de
perméat Jp à 35°C.
Tableau 4 : Valeurs de Jp à différentes
températures 25
Tableau 5 : Valeurs du FS à différentes
températures 26
Tableau 6 : Valeurs de Jp pour les deux pressions
d'attaque testées 27
28
Tableau 7 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux pressions appliquées
28
Tableau 8 : Valeurs de Jp pour les deux concentrations
testées
30
Tableau 9 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux pressions appliquées
31
Tableau 10 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux débits testés
Tableau 11 : Valeurs de Ysp pour les
différentes conditions opératoires fixées lors des
expériences
|
32
|
Mastère SAE 2010/2011
8
Introduction
Essentielle pour la vie, l'eau douce se trouve en
quantité limitée sur terre et sa qualité est constamment
menacée. Aujourd'hui, selon l'OMS, une personne sur trois dans le monde
n'a pas assez d'eau pour répondre à ses besoins quotidiens.
À l'échelle mondiale, le problème s'aggrave à
mesure que les villes grandissent, que la population augmente et que
l'agriculture, l'industrie et les ménages ont besoin d'eau en
quantités toujours plus grandes. Cela risque de mettre gravement en
péril le ravitaillement en eau douce d'une grande partie de
l'humanité et par voie de conséquence d'aggraver les conflits
entre pays voisins ayant des ressources communes. Face à cette
situation, le dessalement des eaux de mer ou des eaux saumâtres constitue
ainsi une des réponses possibles pour s'adapter à la
pénurie croissante des ressources en eau.
Parmi les procédés de dessalement, l'osmose
inverse est une technologie prometteuse et dont les performances ont
été prouvées. En effet, elle constitue en plus de la
distillation les procédés les plus commercialisés sur le
marché mondial du dessalement. En Tunisie vu le manque des ressources
hydriques, le dessalement des eaux saumâtres par osmose inverse est une
technique en plein essor surtout dans la région du Sud. Le gouvernement
vise à entamer prochainement le dessalement des eaux marines.
Le présent travail vise à évaluer les
effets des principaux paramètres opératoires (à savoir la
pression d'attaque, la température, la concentration et le débit)
sur les performances du système de dessalement par osmose inverse, en
particulier la production de perméat, la qualité du
perméat produit et la consommation énergétique. Pour
satisfaire ces objectifs, ce document est réparti de la manière
suivante :
Une première partie sera consacrée
essentiellement à synthétiser l'état des connaissances sur
la technologie de dessalement par osmose inverse ;
Une deuxième partie présentera une description
de l'installation pilote d'osmose inverse et des différentes
méthodes développées pour réaliser cette
étude. Elle exposera aussi les principaux résultats obtenus et
leur interprétation
Mastère SAE 2010/2011
9
Partie I :
Synthèse bibliographique
Mastère SAE 2010/2011
I. Etat des ressources et évolution de la demande
en eau
1. Dans le monde
Selon les Nations Unies, 97,5% du stock d'eau de la
planète est salée et seule une fraction correspondant à
2,5 % se compose d'eau douce. Environ 70% de cette eau douce est fixée
dans les calottes glaciaires des pôles et une partie importante des 30%
restants est constituée par des nappes aquifères souterraines
(fig 1). Seule une fraction minuscule de l'eau douce (moins de 1% de l'eau
douce totale, soit 0,007 % du stock d'eau mondial) est alors disponible dans
les cours d'eau, les lacs et les réservoirs et est facilement accessible
à l'homme pour son utilisation directe (OMS, 2005). En outre, la
répartition spatiale et temporelle du stock d'eau douce est très
inégale (fig 2)
10
Fig.1 : Répartition de l'eau sur la
planète (UNESCO, 2010)
Fig.2 : Répartition spatiale de l'eau de surface
entre les continents (UNESCO, 2010)
Par suite de l'extension des régions arides et
l'accroissement de la population mondiale (qui a déjà franchi la
barre des 6 milliards d'habitants et devrait atteindre les 8,3 milliards en
2025), il est fréquent que l'eau douce ne soit pas disponible dans les
quantités souhaitées. Selon une
Mastère SAE 2010/2011
estimation de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), 1000 m3 par personne et par an sont le niveau repère
au-dessous duquel on considère que la pénurie chronique d'eau
entrave le développement et est préjudiciable à la
santé humaine (Plan Bleu, 2000). L'essor de la consommation en eau est
en effet dû non seulement à cette démographie galopante
(Linsky, 1999), mais aussi à l'augmentation de la demande moyenne en eau
par habitant, une conséquence de l'accès de plus en plus
facilité à l'eau potable, et de l'exceptionnel
développement industriel et surtout agricole qu'a connus le XXe
siècle. La surface des terres irriguées du globe terrestre a
ainsi été multipliée par cinq depuis le début du
siècle. Aujourd'hui, à l'échelle mondiale, les hommes
prélèvent environ 3 800 kilomètres cubes d'eau douce
chaque année pour leurs différents usages (CNRS, 2010). La
consommation mondiale ainsi que les différents usages de l'eau potable
sont donnés par les figures 3 et 4.
Fig. 3: Répartition mondiale de la consommation
d'eau (Km3) (UNESCO, 2010)
11
Fig. 4: Répartition mondiale des
différents usages de l'eau (CNRS, 2010)
Mastère SAE 2010/2011
2. En Méditerranée
Les ressources en eau de la région
méditerranéenne sont limitées, fragiles et
menacées. Elles font déjà l'objet d'une exploitation
intensive, notamment dans le sud et à l'Est où la saison
sèche se caractérise par sa longueur et pluviométrie
annuelle faible et où la population est en augmentation continue. De
plus, le tourisme est en essor constant, le bassin méditerranéen
étant la première destination touristique du monde. Ceci se
traduit ainsi par une demande accrue en eau potable, notamment en
été et spécialement dans les îles (PNUE, 2001)
La figure 5 présente les croissances projetées
des rapports demandes/ressources en eau dans les pays du sud et de l'est de la
Méditerranée. À partir de 2010 neufs pays utiliseraient
plus de 50% de leurs ressources renouvelables. En 2025, cet indice
dépassera 100% dans 7 pays, et plus de 50% de ces ressources dans 4
autres (Plan Bleu, 2000).
|
(Jo : Jordanie, Eg : Egypte, Cy : Chypre, Tn : Tunisie, Sy :
Syrie, Dz : Algérie, Ma : Maroc, Lb : Liban, Tr : Turquie )
|
12
Fig.5 : croissances projetées des rapports
demandes/ressources en eau des pays méditerranéens du Sud
(Plan Bleu, 2000)
3. En Tunisie
Les ressources en eau de la Tunisie sont limitées. En
effet, le potentiel hydrique de la Tunisie est évalué à
4840 millions de m3 réparti entre eaux de surface (2700
Mm3) et eaux souterraines (2140 Mm3). Les ressources
mobilisables du pays sont évaluées à 4640 Mm3.
En 2005, le volume disponible par habitant et par an est de 460 m3
(contre un seuil minimum considéré de 1000 m3 des
nations unies). Les ressources exploitées en 2004 sont de 4060
Mastère SAE 2010/2011
13
Mm3. En 2007, environ 90 % des ressources
mobilisables sont exploitées. L'évolution des ressources
exploitables en Tunisie est donnée par la figure suivante :
Fig. 6 : Evolution des ressources exploitables en
Tunisie (Fathi, 2010)
Les ressources en eau sont inéquitablement
réparties entre les différentes régions du pays. Alors que
les eaux de surface sont concentrées principalement dans la
région du Nord, les eaux souterraines, par contre, se trouvent notamment
dans la région du Sud. Les eaux de surface sont
généralement (74%) douces de salinité faible (< 1.5
g/l). Les eaux souterraines sont principalement (47%) saumâtres de
salinité entre 1.5 et 3 g/l (Fethi, 2010). En ce qui concerne la demande
en eau de la Tunisie, l'agriculture consomme la plus grande part (2141
Mm3 en 2010 contre 381 Mm3 pour la consommation humaine,
136 Mm3 pour l'industrie et 31 Mm3 pour le tourisme).
II. Problèmes de l'eau et
nécessité du dessalement
1. Problèmes de l'eau
Suite à l'accroissement de la population mondiale, une
quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an devrait
chuter de 6 600 à 4 800 mètres cubes, une réduction de
presque un tiers. Parallèlement à cette tendance, les
prélèvements en eau, de plus en plus importants, se poursuivent.
Entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient
être en situation dite de stress hydrique en 2025, seuil d'alerte retenu
par l'ONU et correspondant à moins de 1700 mètres cubes d'eau
douce disponible par habitant et par an. Le risque d'une pénurie d'eau
douce existe donc bel et bien. De plus, de nombreuses autres menaces
pèsent sur la disponibilité et la qualité de cette
ressource dont on peut citer particulièrement la pollution, la
surexploitation des aquifères et les changements climatiques. Face
à cette situation, les besoins en eau présents et futurs ne
peuvent être couverts et satisfaits que si des
Mastère SAE 2010/2011
14
ressources non conventionnelles (recyclage et dessalement de
l'eau) sont utilisées (Plan Bleue, 2010).
2. Situation du dessalement
2.1. Dans le monde
Le dessalement de l'eau est en très forte croissance
dans le monde. La capacité installée augmente chaque année
en moyenne de plus de 10 %. Cela s'explique en partie par l'abaissement
significatif des couts de dessalement et par la proximité des villes de
la côte. Ces deux facteurs font du dessalement une vraie ressource
alternative (Plan Bleue, 2008).
Aujourd'hui, plus de 15 000 unités de dessalement dans
120 pays produisent environ 40 millions de m3/j, dont les trois
quarts issus de l'eau de mer et un quart des eaux saumâtres. Sur ces 40
millions, 75 % sont destinés à la consommation humaine, 25 %
à un usage industriel ou agricole. Au rythme actuel d'un doublement de
la production tous les 10 ans, les spécialistes estiment que la
production grimpera à 50 ou 60 millions de m3/j avant 2015,
et pourrait à nouveau doubler d'ici à 2025. 60% des besoins en
eau douce des pays du Golfe Persique sont satisfaits par le dessalement d'eau
de mer. En effet, Plus de la moitié de la capacité de dessalement
mondiale (fig.7) se trouve dans les pays du Moyen Orient (Bissonnette,
2008).
Fig. 7 : Répartition de la capacité de
dessalement dans le monde (Daussy et al., 2009)
Parmi les procédés de dessalement, l'osmose
inverse et la distillation multi-flash (MSF) sont les techniques les plus
commercialisés sur le marché du dessalement (fig. 8)
Mastère SAE 2010/2011
15
Fig. 8 : Répartition de la capacité
mondiale de dessalement par procédé (Ghaffour, 2006)
2.2. En Méditerranée
En Méditerranée, la production artificielle
d'eau douce par dessalement d'eau de mer ou d'eau saumâtre a
débuté d'abord dans des situations d'isolement insulaire (Malte,
Baléares, Dalmatie, Chypre, Cyclades...), littorales (Libye) et
désertiques (Algérie), et essaime aujourd'hui très
rapidement tout autour de la Méditerranée (fig. 9).
L'Algérie et l'Espagne ont clairement opté pour cette option. En
effet, l'Espagne est au 4ème rang mondial.
Fig. 9: Capacité de dessalement installée
en Méditerranée (Lattemann, 2008)
A ce jour, la Méditerranée
représente environ un quart du dessalement mondial. Vers 2030,
la région pourrait approcher le chiffre du dessalement mondial actuel
(soit environ de 30 à 40 millions de m3/j) (Plan Bleue,
2010).
16
Mastère SAE 2010/2011
2.3. En Tunisie
Selon le rapport des Nations Unies (Plan Bleue, 2008), le
gouvernement tunisien a envisagé, à partir des années
1980, l'option du dessalement des eaux saumâtres. Quatre principales
stations ont été installées dans les régions de
Kerkennah, de Gabès, de Djerba et de Zarzis et assurent le dessalement
de 60 000 m3/j, sur une capacité totale, de l'ordre de 100
000 m3/j. Pour des besoins futurs en eau potable, dix stations de
dessalement d'eaux saumâtres seront installées avec une
capacité cumulée de 40 000 m3/j. En parallèle,
un programme de cinq usines dessalement de l'eau de mer dans les régions
côtières est envisagé. La production, en 2009, d'eau douce
dessalée en Tunisie, par procédé et par secteur, est
donnée par les graphiques suivants (Fethi, 2010)
|
|
|
Fig. 10 : Production d'eau douce en Tunisie par
procédé (Fethi, 2010)
|
Fig.11 : Production d'eau douce en Tunisie par secteur
(Fethi, 2010)
|
D'après ces figures, on constate que le
procédé majeur utilisé pour le dessalement des eaux est
l'osmose inverse (84%) et que l'essentiel des eaux produites est destiné
à la consommation humaine (55 %).
III. Les procédés de dessalement
1. Généralités
On distingue deux grandes catégories (Ghaffour, 2006):
la première catégorie renferme les procédés
thermiques ou de distillation faisant intervenir un changement de phase
(liquide/vapeur) dont essentiellement des procédés majeurs (MSF :
Multi Stage Flash et MED : Multi Effect Distillation) et des
procédés mineurs (congélation, distillation solaire et
distillation membranaire). La deuxième catégorie comporte les
procédés membranaires.
2. Les procédés membranaires
Les techniques séparatives à membranes sont des
procédés physiques de séparation qui utilisent les
propriétés de sélectivité moléculaire d'une
membrane poreuse semi-perméable
Mastère SAE 2010/2011
17
(Maurel, 1993 ; Berland et Jurey, 2002). Ce transfert
s'effectue sous l'action d'une force motrice, qui peut être un gradient
de potentiel électrique, de concentration ou de pression. Dans ce
dernier cas, les procédés concernés sont regroupés
sous le terme « procédés baromembranaires » et la force
agissante qui consiste en une différence de pression appliquée de
part et d'autre de la membrane est appelée pression transmembranaire :
PTM (Lebleu, 2007). En fonction de la taille des pores de la membrane mise en
oeuvre, on distingue quatre procédés baromembranaires (fig 12).:
la microfiltration (MF), l'ultrafiltration (UF), la nanofiltration (NF) et
l'osmose inverse (OI)
Fig.12 : Classification des procédés
baro-membranaires en fonction de la taille des pores
(Lebleu, 2007)
2.1. L'osmose inverse
2.1.1. Principe
L'osmose inverse est un procédé de filtration
tangentielle qui permet l'extraction d'un solvant, le plus souvent l'eau, par
perméation sélective à travers une membrane sous l'action
d'un gradient de pression (STIEE, 2005 ; Sagne, 2008). Elle s'oppose au
phénomène naturel d'osmose qui tend à transférer le
solvant d'une solution diluée vers une solution concentrée mises
en contact par une membrane sélective sous l'action du gradient de
concentration (Fig 13). Lorsqu'une pression est appliquée sur le
compartiment le plus concentré, le flux de solvant diminue
jusqu'à s'annuler pour une pression égale à la pression
osmotique de la solution. Lorsque la pression appliquée est
supérieure à cette pression osmotique, le flux s'inverse : c'est
le phénomène d'osmose inverse. La pression efficace correspond
donc à la pression transmembranaire diminuée de la
différence de pression osmotique (All) de part et d'autre de la
membrane.
Mastère SAE 2010/2011
18
Fig. 13 : Principe des phénomènes
d'osmose et d'osmose inverse (Allard, 1984)
Pour les solutions diluées, considérées
comme thermodynamiquement idéales, la pression osmotique est
calculée à partir de l'équation de Van't Hoff :
Ð = i C R T avec :
II: pression osmotique de la solution, Pa
C : concentration molaire de la solution
R : constante des gaz parfait, 8,314
J.mol-1.K-1 (0.082 l.bar.
mol-1.K-1)
T : température, K
i : nombre d'ions dissociés dans le cas d'un
électrolyte
2.1.2. Schéma général
Les principaux constituants d'une installation d'osmose inverse
sont :
Fig. 14: Système d'osmose inverse (Williams,
2004)
Au cours du procédé, sous l'action de la
pression transmembranaire, la solution à traiter de concentration CA et
de volume VA, se sépare en deux flux au niveau de la membrane de surface
S: l'un, de concentration CP, de débit QP, de volume VP et de pression
relative PP, passe à travers celle-ci et constitue le perméat.
L'autre, de concentration CR (Cc), de débit QR
(Qc), de volume VR (Vc) et de pression relative PR
(Pc) est retenu et devient le retentât (concentrât).
Mastère SAE 2010/2011
19
2.1.3. Performances du procédé d'OI :
caractéristiques principales
Les performances du procédé sont
évaluées par plusieurs paramètres (Aimar et al.,
2010)
Densité de flux volumique
La densité de flux de perméat ou densité de
flux volumique : Jp (ms-1 ou plus communément L
h-1 m-2) permet de connaitre la productivité de
perméat par rapport à la surface membranaire installée
:
Jp = . La densité de flux en cours d'opération est
la plupart du temps bien inférieure à celle que l'on peut
mesurer avec du solvant pur, ou calculée par le biais de la
perméabilité.
Taux de rétention ou de rejet :
Le taux de rejet, taux de rétention ou facteur de
séparation de la membrane est défini comme
le pourcentage de soluté qui ne traverse pas la membrane
TR= 1- . Ce paramètre permet de caractériser la
sélectivité de la membrane. En osmose inverse, le soluté
de référence est souvent le chlorure de sodium (NaCl)
Cp
Ca
Passage de sel :
.
Ca
C'est pourcentage de soluté qui passe à travers la
membrane : PS=
Cp
Taux de conversion Y :
La taux ou facteur de conversion est le rapport du
débit de perméat au débit d'alimentation Y= .Le taux de
conversion est très variable en fonction de la qualité
désirée, de la qualité de la ressource disponible, et
en particulier du risque lié à la précipitation des
sels
minéraux en surface de membrane.
Qp
Qa
Le débit de perméat, Qp, est fonction de :
I la pression osmotique
I type de membrane utilisé et
son épaisseur de la pression de fonctionnement I
nombre de modules utilisés dans l'osmoseur
I la température de la
solution
I l'état de la membrane :
elle est sensible aux colloïdes, aux précipitations de sels
minéraux, à la prolifération bactérienne
20
Mastère SAE 2010/2011
Va
Vr
On définit aussi le facteur de réduction volumique
FRV par le rapport
2.1.4. Caractéristiques des membranes d'OI
Les membranes d'osmose inverse sont des membranes
artificielles poreuses, généralement organiques, de type
anisotrope/asymétrique (plusieurs couches de même nature et
d'épaisseurs différentes) ou composite (plusieurs
matériaux différents). Généralement, ces membranes
sont constituées d'une couche mince, ou couche active, ou encore peau,
de faible épaisseur, comprise entre 0,1 et 1,5 ìm comportant des
micropores : c'est la partie sélective de la membrane (fig 15). Cette
couche active est supportée par une ou plusieurs couches, à la
fois plus poreuses et mécaniquement plus résistantes (Audinos,
2000 ; Descalaux et Rémigy, 2007).
(a) (b)
Fig.15: Structure de deux membranes : anisotrope (a) et
composite (b) (Descalaux et Rémigy,
2007).
Du fait de leur nature organique, les membranes doivent
être utilisées dans des conditions assez restreintes (pH entre 2
et 11, température maximale de 50 0C). Le chlore provoque une
augmentation du flux et une diminution de la rétention en sels.
Pratiquement, les membranes sont assemblées sous forme
de modules regroupant généralement plusieurs membranes. En osmose
inverse, les modules spiralés sont majoritairement employés ainsi
que les fibres creuses.
Les modules spiralés (fig 16) sont constitués de
plusieurs assemblages élémentaires enroulés en spirale.
Les assemblages élémentaires comprennent un espaceur
d'alimentation, une membrane, un espaceur de perméat et une
deuxième membrane. L'étanchéité entre les
différents compartiments est assurée par collage. Le
perméat s'écoule selon un chemin spiralé
Mastère SAE 2010/2011
21
vers le tube central tandis que le retentât circule le
long de l'axe dans les canaux formés par les feuillets de membranes. Ces
modules sont de différents diamètres et longueurs, valeurs
exprimées en pouces. Le diamètre est de 2.5, 4 ou 8 pouces et la
longueur de 14 ou 40 pouces en général. La taille du module est
alors exprimée de la manière suivante : le diamètre est
multiplié par 10 et les 4 chiffres obtenus sont mis côte à
côte en commençant par le diamètre. Par exemple, un module
de diamètre 8» et de longueur 40» s'écrira 8040.
Fig. 16 : Module spiralé (Danis,
2003)
2.1.5. Modèles de transfert de
matière
Les mécanismes de transfert de matière en osmose
inverse sont décrits par certains modèles tels que les
modèles de thermodynamique irréversible, les modèles des
pores, les modèles de solubilisation-diffusion ou le modèle
d'équilibre de Donnan. D'une manière générale, ces
modèles prennent en compte uniquement le transport dans la couche active
de la membrane puisque c'est elle qui détermine les densités de
flux et la rétention. La plupart de ces modèles
considèrent que l'équilibre thermodynamique est instantané
(ou presque) et que l'opération s'effectue à l'état
stationnaire. Par ailleurs, la polarisation de concentration est rarement prise
en compte pour des solutions diluées (Sagne, 2008).
2.1.6. Modèle de solubilisation diffusion
Le modèle de solubilisation-diffusion (SD) a
été proposé en 1965 par Lonsdale. Du fait de sa
simplicité alliée à son efficacité, il est
majoritairement utilisé. Il suppose que la membrane est homogène
et non poreuse. Le soluté et le solvant sont partiellement dissous dans
la membrane et diffusent en son sein. Leurs diffusions sont
indépendantes l'une de l'autre et fonction seulement des gradients
respectifs de potentiel chimique. Ces gradients sont dus aux différences
de pression et de concentration de part et d'autre de la membrane (Williams,
2003)
Mastère SAE 2010/2011
22
On peut exprimer la densité de flux pour le solvant comme
suit (Sagne, 2008) :
De : coefficient de diffusion de l'eau dans la
membrane, m2.s-1
Ke : coefficient de partage de l'eau entre la solution
et la membrane Ce,R : concentration en eau du retentât,
mol.m-3
Vm,e: volume molaire de l'eau, m3.mol-1
On peut simplifier cette équation en considérant,
à une température donnée, comme une constante le premier
terme, que l'on nomme la perméabilité de la membrane à
l'eau : A (m s-1
Pa-1, d'ou : Avec :
Pour chaque soluté i, on peut écrire aussi :
Le premier terme considéré constant, est
appelé perméabilité de la membrane au
soluté : B (mol m-2 s-1) d'ou :
2.1.7. Polarisation de la concentration et
colmatage
La polarisation de concentration résulte de
l'accumulation de la matière à la surface de la membrane
créant une couche de polarisation (Maurel, 1998). La matière
à l'interface est dans le même état que dans la solution
mais à des concentrations bien plus importantes. Ces concentrations
importantes peuvent réduire la perméabilité notamment en
générant une contre-pression osmotique (terme All). La pression
efficace du système s'en trouve diminuée, ainsi que la
densité de flux de perméat. De plus, si l'on atteint la limite de
solubilité des sels, ces derniers peuvent précipiter sur la
membrane et en modifier les performances comme la sélectivité
(Sridhar et al., 2002). Ce phénomène est réversible, se
met en place de quelques secondes à quelques minutes et disparait si
l'on baisse la pression. La matière solubilisée ou
dispersée dans la couche revient en solution par retrodiffusion (fig
17)
Mastère SAE 2010/2011
23
Fig.17 : Phénomène de polarisation de
concentration (Sagne, 2008)
Lorsque la concentration en solutés dépasse,
localement à la surface de la membrane, une valeur de concentration
critique (fig 18), de nombreux phénomènes de colmatage sont alors
induits par les macromolécules et les colloïdes (gel,
dépôt, précipitation). Ces dépôts opposent une
résistance au transfert du perméat, résistance qui vient
s'ajouter à celle de la membrane : il s'ensuit une diminution de la
densité de flux de perméation progressive, au fur et à
mesure de la formation du dépôt sur la membrane (Aimar et al.,
2010)
Fig. 18 : Effets du colmatage et de la polarisation sur
le flux de perméat (Aimar et al., 2010)
Pour limiter le colmatage, il est nécessaire
d'optimiser les conditions hydrodynamiques et de prévoir des nettoyages
physiques et chimiques des membranes et qui interviendront
séquentiellement lors de l'opération (Aimar et al.,
2010).
Mastère SAE 2010/2011
24
Partie II :
Etude Expérimentale
25
Mastère SAE 2010/2011
I. Présentation de l'installation pilote
d'osmose inverse et caractérisation de la
membrane d'OI
Le stage de ce mastère s'intègre dans le cadre d'un
projet de coopération sur le dessalement
par osmose inverse entre l'ENIT et la faculté de physique
de l'université Complutense de Madrid. Au cours de ce stage, des essais
ont été menés sur une installation pilote d'osmose inverse
(fig19)
4 5
V3
C
3
6
P
V2
1
V1
2
Fig. 19 : Installation pilote d'osmose inverse
(modifiée d'après Khayet et al., 2010)
L'installation se compose essentiellement de :
Un récipient d'alimentation de volume 4 L
(1)
Une pompe de circulation (LPP, SHURFLO 8000-151-196, P
<3×105 Pa) : dont le but est d'alimenter le système en eau
salée (2) ;
Un système de prétraitement : constitué
d'un filtre cartouche (3) dont le but est d'enlever les MES
non solubles et de protéger donc la membrane
Mastère SAE 2010/2011
26
Une pompe haute pression (HPP,GEMOTOR& Industrial System,
5KH36MNA785X, P <25×105 Pa) dont le but est de fournir la pression
transmembranaire ou d'attaque demandée (4).
Le module d'osmose inverse (S2521, Osmonics) : module
spiralé composé d'une membrane Thin Film Composite (TFC) en
polyamide et d'une surface effective de 1.2 m2
(5)
Divers types de vannes (V), pressostat
(P), sondes de températures (T) et
conductimètres (C).
1. Principe de fonctionnement
L'eau d'alimentation contenue dans le récipient est
refoulée, grâce à une pompe de gavage, vers un filtre
cartouche (3) puis vers la pompe haute pression (HP) dont le
but est de fournir la pression transmembranaire nécessaire. Une vanne
(V2) située en amont de la pompe HP sert à réguler le
débit d'alimentation mesuré par un débitmètre
(6). Une autre vanne (V3) sert à contrôler la
pression d'attaque fournie par la pompe HP. L'eau d'alimentation, en traversant
la membrane, est divisée en deux flux : perméat et
retentât. Deux débitmètres sont situés à la
sortie de chaque flux. Les deux flux retournent au récipient
d'alimentation pour maintenir constante la concentration de la solution
d'alimentation tout le long de l'expérience.
2. Détermination de la perméabilité au
solvant de la membrane.
La membrane d'osmose inverse a été
caractérisée en déterminant sa perméabilité
au solvant. Pour ce faire, une série de quatre expériences a
été conduite de la manière présentée par le
tableau ci-dessous (tableau 1)
Tableau1 : conditions opératoires pour la
détermination de la perméabilité A de la
membrane
Expérience
|
Concentration (g/L)
|
Débit d'alimentation Qa
(l/h)
|
Pression d`attaque P (bar)
|
1
|
0
|
150
|
8
|
2
|
0
|
150
|
10
|
3
|
0
|
150
|
12
|
4
|
0
|
150
|
14
|
Mastère SAE 2010/2011
27
Dans toutes les expériences, on a travaillé donc
avec de l'eau distillée pour éliminer le terme de pression
osmotique Air dans l'expression de la densité de flux de perméat
Jp. En négligeant la pression du perméat, cette
densité de flux de perméat peut s'écrire alors :
Jp= A Ptm avec :
A : la perméabilité de la membrane
au solvant (m/s.Pa) déterminée à une température T
= 35°C
Ptm : Pression transmembranaire (105
Pa)
Jp : densité de flux de perméat
calculée (m/s) de la manière suivante : Jp
=
Avec :
Vp : volume de l'échantillon
de perméat
t : durée de la prise de
l'échantillon (10 ou 5 s) S : surface effective de la
membrane.
Souvent la perméabilité de la membrane est
donnée à 20°C (A20). Il existe, en effet, une relation entre
AT et A20 (Maurel, 2005)
La perméabilité de la membrane d'osmose inverse
au solvant a été déterminée à la
température de 35 °C. Les valeurs des densités des flux de
perméat Jp qui ont servi pour la détermination de cette
perméabilité sont données par le tableau suivant (tableau
2) :
Tableau 2: Valeurs des densités de flux de
perméat Jp à 35°C.
Pression (105 Pa)
|
Vp (ml)
|
t (s)
|
T (°C)
|
Jp (L/h.m2)
|
J (m/s)
|
8
|
67
|
10
|
35
|
20,1
|
5,58E-06
|
10
|
87
|
10
|
35
|
26,1
|
7,25E-06
|
12
|
56
|
5
|
35
|
33,6
|
9,33E-06
|
14
|
65
|
5
|
35
|
39
|
1,08E-05
|
A partir de ces valeurs nous avons pu représenter une
régression linéaire simple liant Jp à la pression
transmembranaire Ptm. Le coefficient directeur de cette droite de
régression est la
Mastère SAE 2010/2011
28
valeur de la perméabilité au solvant « A
» de la membrane à T= 35°C. Elle prend la valeur de
8*10-12 m/(s.Pa).
0,00E-i-00 5,00E-i-05 1,00E-i-06 1,50E-i-06
Ptm (Pa)
J (m/s)
0,00E-i-00
4,00E-06
8,00E-06
6,00E-06
2,00E-06
1,20E-05
1,00E-05
Fig. 20 : Evolution de Jp en fonction de la Ptm
à T=35°C
2.1. Evolution de la perméabilité de la
membrane A en fonction de la température
Le flux de perméat a été
mesuré à différentes température pour les
différentes pressions d'attaque appliquées, ce qui a permis de
suivre l'évolution de la perméabilité au solvant de la
membrane en fonction de la température. La figure 21 montre bien cette
évolution
25 30 35 40 45 50
T (°C)
perméabilité (m/s.Pa)
0,00E-i-00
4,00E-12
8,00E-12
6,00E-12
2,00E-12
1,20E-11
1,00E-11
y = 3E-13x - 2E-12 R2 = 0,991
T (°C)
35
|
40
|
42
|
47
|
|
A (m/s.Pa)
|
8,00E-12
|
9,10E-12
|
9,86E-12
|
1,13E-11
|
Fig. :21 : Evolution de la perméabilité au
solvant de la membrane en fonction de la température
Mastère SAE 2010/2011
29
Nous constatons ainsi que la perméabilité de la
membrane augmente avec la température d'une façon
linéaire. Ceci est principalement lié à la
viscosité de l'eau. En effet, l'évolution de la viscosité
ì d'un liquide, en fonction de la température T, obéit le
plus souvent à une loi de type Arrhenius (Aimar et al., 2010)
:
u = u0
ì0 : viscosité à
l'état de référence (25°C),
E0 : énergie d'activation du liquide
à la température de référence (15 675 J
mol-1) R : constante molaire des gaz.
Merdaw et al.(2011) proposent une autre relation : h : constante
empirique
L'augmentation de la température entraine ainsi une
diminution de la viscosité de l'eau et par la suite une augmentation de
la perméabilité de la membrane. En effet selon la loi de Darcy,
pour un modèle de transfert de matière de type poreux, la
perméabilité au solvant de la membrane est inversement
proportionnelle à la viscosité du solvant : A= 1/(u.Rm)
avec u : viscosité de l'eau , Rm : résistance
hydraulique de la membrane (m-1). Par contre, cette augmentation de
température entraine une augmentation de la diffusivité de l'eau
à travers la membrane. En effet, selon Merdaw et al. (2011),
l'évolution de la diffusivité de l'eau en
fonction de la température obéit à une
loi de type Arrhenius : Dw=Dw0 avec Dw0
diffusivité de l'eau à 25°C. Par ailleurs,
l'augmentation de la température engendre une dilatation des
diamètres des pores de la membrane améliorant ainsi sa
perméabilité à l'eau.
II. Influence des paramètres opératoires
sur les performances du système
d'osmose inverse
Une série de quatre expériences (voir tableau 3)
a été menée dans le but de mettre en évidence
l'influence des paramètres opératoires (à savoir la
pression d'attaque, la concentration, la température et le débit
de la solution d'alimentation) sur les performances du système de
dessalement par osmose inverse. Pendant chaque expérience de deux
heures, quatre prises ont été faites avec une fréquence de
30 minutes. Pour chaque prise, cinq échantillons ont été
prélevés (2 pour mesurer le volume du perméat
Vp, 1 pour la conductivité du retentât, 1 pour la
conductivité du perméat et 1 pour la conductivité de
l'alimentation). Sachant que la température de la solution
d'alimentation augmente avec le temps sous l'effet de la perte de
l'énergie des pompes sous forme de chaleur communiquée au fluide,
par effet joule, les
Mastère SAE 2010/2011
températures des prises ont été
sensiblement reproduites entre chaque expérience en contrôlant la
température de l'alimentation par un circuit de refroidissement à
l'eau de robinet.
Tableau 3: Conditions opératoires fixées
pour évaluer les performances du système d'OI
Expérience
|
Concentration NaCl (g/l)
|
Débit d'alimentation Qa
(L/h)
|
Pression d'attaque P (bar)
|
1
|
6
|
150
|
10
|
2
|
6
|
150
|
14
|
3
|
6
|
200
|
14
|
4
|
12
|
200
|
14
|
Les performances du système d'osmose inverse sont
déterminées grâce aux indices suivants:
Le taux (facteur) de conversion : FC= (Qp/Qa)*100
avec Qp : débit du perméat, Qa : débit
d'alimentation. Qp et Jp (L/h.m2) sont calculés de
la même façon que précédemment (Qp=Vp/t et J=
Qp/S).
Cp
Ca Cr
Le facteur de séparation (ou taux de rétention)
: FS=
*100 avec :
30
2
1
? Cp : concentration du perméat
? Ca : concentration de l'alimentation,
? Cr : concentration du retentât
La densité de flux spécifique (L/KWh) :
Jpsp= Jp/(E. FC) avec E (KWh):
l'énergie
consommée par heure.
L'indice de performance : Y = J*FS en
L/(h.m2)
L'indice de performance spécifique: Ysp =
Jpsp*FS en (L/KWh)
Pour déterminer les concentrations des échantillons
prélevés, nous avons procédé à :
Etalonnage de la conductivité
Le but de cet étalonnage est de ramener la
conductivité électrique, mesurée avec un
conductimètre, de tout échantillon de perméat ou de
rétentat prélevé à une température T,
à sa
Mastère SAE 2010/2011
valeur correspondant à la température standard
de 25°C. Les conductivités des solutions (en us/cm) ont
été ainsi étalonnées en fonction de la
température en se référant à deux solutions
commerciales de KCl (Delta OHM) 0.1 M (forte concentration) et 0.01 M (faible
concentration) où figurent sur les bouteilles les valeurs des
conductivités à différentes températures. Deux
courbes (fig 22 et 23), liant la conductivité à la
température, ont été tracées donnant chacune,
grâce à un polynôme de 4ème degré,
deux équations permettant de calculer la conductivité des
solutions à faible ou forte concentration à n'importe quelle
température. La conductivité de chaque échantillon
mesurée à une température T est ainsi ramenée
à la température standard (25 0 C) de la
manière suivante :
X25 = XT + f avec
: ÷25 conductivité (us/cm) à 25 °C, ÷T
conductivité mesurée à la
température T de prélèvement de
l'échantillon (en us/cm) et f facteur de
correction calculé de la manière suivante :
f = ÷cal - C avec ÷cal
conductivité théorique (us/cm) calculée par le
polynôme à la
température T de prélèvement de
l'échantillon et C : valeur de la conductivité
à 25 °C (1413 us/cm pour KCl 0.01 M ou 12880 us/cm pour KCl
0.1M).
0 5 10 15 20 25 30 35
Temperatures (SC)
y = -9E-05x4 + 0,004x3 - 0,000x2
+ 24,00x + 775,8
R2 = 1
1500
1000
500
0
conductivité (us/cm)
2000
Fig. 22: Courbe d'étalonnage de la
conductivité pour faible concentration
Conductivités (ìS/cm)
|
16000
|
y = 7E-06x4 - 0,007x3 + 1,000x2
+ 208,7x + 7150,
R2 = 1
|
14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000
0
|
|
0 5 10 15 20 25 30 35
Températures (0C) 31
|
32
Mastère SAE 2010/2011
Fig. 23: Courbe d'étalonnage de la
conductivité pour forte concentration
Calcul des concentrations
La concentration de chaque échantillon est
calculée en fonction de la conductivité grâce à une
courbe d'étalonnage (fig 24) donnant un polynôme de
4ème degré liant la concentration à la
conductivité ramenée à 25 0 C. Pour cela, une
gamme étalon de concentrations de NaCl (sel utilisé lors des
expériences) allant de 0 (eau distillée) à 14 g/l ont
été préparées et leurs conductivités ont
été mesurées à la température ambiante du
laboratoire ( 250 C).
y = 6E-05x4 - 0,002x3 +
0,031x2 + 0,483x - 0,031
R2 = 0,999
12
10
8
6
4
2
0
16
14
0 5 10 15 20 25
conductivité (us/cm)
concentration (g/L)
Fig. 24 : Courbe d'étalonnage de la
concentration à 25 0C
1. Effet de la température sur le flux de
perméat Jp et sa qualité
Les densités du flux de perméat Jp
ont pu être calculées à différentes
températures conformément aux conditions opératoires
fixées dans le tableau 2. Les résultats sont donnés par le
tableau ci-dessous (tableau 4) :
Tableau 4 : Valeurs de Jp à différentes
températures
Temps (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
T (°C)
|
32
|
36
|
39
|
41
|
Jp1 (L/h.m2)
|
16,35
|
18,9
|
20,4
|
20,7
|
Jp2 (L/h.m2)
|
25,2
|
28,2
|
29,25
|
30,9
|
Jp3 (L/h.m2)
|
23,85
|
27,15
|
28,65
|
29,55
|
Jp4 (L/h.m2)
|
15,15
|
16,8
|
18
|
18,6
|
Mastère SAE 2010/2011
Ces valeurs montrent bien que le flux de perméat
augmente avec la température. Par exemple, pour la première
expérience, le flux passe de 16.35 L/(h.m2) à T =
32°C à 20.7 L/(h.m2) à T = 41°C soit une
augmentation de 0.48 L/h.m2 par °C ou bien une augmentation de
2.93% par °C. Cette valeur demeure proche de celle donnée par
Maurel (2005) qui a constaté une augmentation de la densité de
flux de perméat d'environ 3% par degré Celsius. Cette
augmentation du flux de perméat est liée à l'augmentation
de la perméabilité au solvant de la membrane avec la
température, comme déjà expliqué dans le premier
paragraphe de ce chapitre.
Quant à l'effet de la température sur la
qualité du perméat, nous avons suivi l'évolution de la
sélectivité de la membrane en fonction de la température.
Les valeurs du facteur de séparation (taux de rétention), aux
différentes températures enregistrées, sont données
par le tableau 5 :
Tableau 5 : Valeurs du FS à différentes
températures
Temps (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
T (°C)
|
32
|
36
|
39
|
41
|
FS1 (%)
|
96,16
|
95,62
|
95,44
|
95,14
|
FS2(%)
|
96,83
|
96,19
|
95,82
|
95,52
|
FS3(%)
|
96,76
|
96,20
|
95,90
|
95,79
|
FS4(%)
|
94,98
|
94,72
|
94,60
|
94,38
|
Ces résultats montrent que le facteur de
séparation évolue d'une manière inversement
proportionnelle à la température, pour toutes les
expériences réalisées sur l'unité pilote d'OI. En
effet, la sélectivité de la membrane semble diminuer lorsque la
température augmente. Toutefois, cette diminution reste infime. Par
exemple, pour la dernière expérience, le facteur de
séparation a diminué de 0.6 % lorsque la température a
passé de 32 à 41°C, soit une diminution de 0.07% par
°C. La diminution de la sélectivité de la membrane traduit
une augmentation de la conductivité du perméat donc un passage de
solutés à travers la membrane. En effet, la diffusivité
aussi bien de l'eau que des solutés augmente avec la
température.
33
2. Effet de la pression d'attaque sur le flux de
perméat Jp et sa qualité
Mastère SAE 2010/2011
34
Pour étudier l'effet de la pression d'attaque sur la
densité de flux de perméat Jp, deux expériences ont
été réalisées durant lesquelles nous avons maintenu
constants le débit et la concentration de la solution d'alimentation
tout en variant la pression de la pompe HP. Les valeurs des densités de
flux Jp sont représentées dans le tableau ci-dessous
(Tableau 6) :
Tableau 6 : Valeurs de Jp pour les deux pressions
d'attaque testées
t (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
Jp1 (P=10 bars ; C= 6g/L ;
Qa=150L/h)
|
16,35
|
18,9
|
20,4
|
20,7
|
Jp2 (P=14 bars ; C= 6g/L ;
Qa=150L/h)
|
25,2
|
28,2
|
29,25
|
30,9
|
La courbe suivante (fig 25) montre l'évolution la
densité de flux de perméat avec la pression à
température constante. En effet, Jp augmente avec la pression
transmembranaire. Par exemple, à t= 0.5h (T= 32°C), Jp
passe de 16.35 à 25.2 L/(h.m2) lorsque la pression passe de
10 à 14 bars, soit une augmentation de 2.2 L/(h.m2)/bar ou de
13.4 % par bar. A t= 2h (T= 41°C), cette augmentation est de 2.5
L/(h.m2)/bar.
En effet, d'après l'expression de la densité de
flux de perméat pour un mécanisme de transfert de type
diffusionnel : Jp = A (Ptm-All), le flux de solvant est directement
proportionnel à la pression efficace (AP - All). Cette pression
correspond à la pression qui conduit réellement à la
production de perméat. Plus elle est élevée, plus alors le
flux de perméat est important.
35
30
25
J1 (L/hm2)
J2 (L/hm2)
Flux (L/hm2)
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
temps (h)
Fig. 25 : Evolution de Jp en fonction du temps pour les
deux pressions appliquées
Mastère SAE 2010/2011
35
En ce qui concerne l'effet de la pression d'attaque sur la
qualité du perméat, nous avons constaté une
amélioration de la sélectivité de la membrane comme
réponse à l'augmentation de la pression. En effet, le facteur de
séparation de la membrane a légèrement augmenté
entre les deux pressions appliquées. Le tableau suivant (tableau 7)
reflète bien ce constat :
Tableau 7 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux pressions appliquées
t (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
FS1(P=10 bars ; C= 6g/L ;
Qa=150L/h)
|
96,16
|
95,62
|
95,43
|
95,14
|
FS2 (P=14 bars ; C= 6g/L ;
Qa=150L/h)
|
96,82
|
96,19
|
95,92
|
95,72
|
Certains auteurs (Sridhar et al., 2002) ont
expliqué l'augmentation de la sélectivité de la membrane
du faite que lorsque la pression transmembranaire augmente, le flux de solvant
augmente proportionnellement tandis que le flux de solutés augmente
moins rapidement puisqu'il est indépendant de la pression efficace. La
concentration en soluté dans le perméat s'en trouve
diminuée (perméat dilué) et par conséquent le taux
de rétention augmenté.
3. Effet de la concentration d'alimentation sur le flux de
perméat Jp et sa qualité
Dans le but de mettre en évidence
l'effet de la concentration sur la densité de flux de perméat Jp,
deux concentrations de la solution NaCl (6 g/l et 14 g/l) ont été
choisies pour alimenter le module d'osmose inverse. Les valeurs de
Jp sont données par le tableau 8 et
représentées, en fonction du temps, par la figure 26 :
Tableau 8 : Valeurs de Jp pour les deux concentrations
testées
t (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
Jp1 (C= 6 g/L ; P=14 bars Qa=
200 L/h)
|
23,85
|
27,15
|
28,65
|
29,55
|
Jp2 (C= 12 g/L ; P=14 bars
Qa=200 L/h)
|
15,15
|
16,8
|
18
|
18,6
|
Mastère SAE 2010/2011
35
30
25
J1 (L/hm2)
J2 (L/hm2)
Flux (L/hm2)
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
temps (h)
36
Fig. 26: Evolution de Jp en fonction du temps pour les
deux concentrations testées
Il est évident, d'après ces résultats,
que la densité de flux de perméat diminue de façon
remarquable lorsque la concentration de la solution d'alimentation augmente. En
effet, à t= 0.5h (T= 32°C), Jp a diminué de 8.7
L/(h.m2) et à t = 2 h (T =41°C), Jp a
diminué de 10.95 L/(h.m2), lorsqu'on a multiplié la
concentration d'alimentation. Cette diminution peut être expliquée
toujours en liaison avec l'expression de la densité de flux :
Jp = A (Ptm-AÐ). L'augmentation de la concentration
d'alimentation engendre, en effet, une augmentation de la pression osmotique
(selon la formule de Van't Hoff : Ð = i C R T) ce qui correspond à
une contre pression osmotique provoquant une diminution de la pression
efficace. A pression transmembranaire constante, le flux diminue alors. D'autre
part, l'augmentation de la concentration peut engendrer une augmentation de la
polarisation de concentration à l'interface membrane-solution comme elle
peut accentuer, d'une façon non systématique, le colmatage par
gélification ou précipitation des solutés (Sagne,
2008).
Concernant l'effet de la concentration d'alimentation sur la
qualité du perméat produit, les taux de rétentions
calculées dans tableau 9 montrent une augmentation de la salinité
du perméat. En effet, à t= 0.5 h, par exemple, le FS a
diminué de 1.8% lorsque la concentration de l'alimentation a
doublé. Cette diminution de la sélectivité de la membrane
peut être expliquée du faite que l'augmentation de concentration
engendre une diminution de la pression efficace donc de la densité de
flux de perméat. Ainsi, ce dernier se trouve moins dilué, ce qui
peut conduire à une augmentation de sa concentration.
Mastère SAE 2010/2011
Tableau 9 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux pressions appliquées
t (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
FS1 (C= 6 g/L ; P=14 bars Qa=
200 L/h)
|
96,76
|
96,19
|
95,90
|
95,79
|
FS2 (C= 12 g/L ; P=14 bars
Qa=200 L/h)
|
94,98
|
94,723
|
94,60
|
94,38
|
4. Effet du débit d'alimentation sur le flux de
perméat Jp et sa qualité
Deux débits (150 L/h et 200 L/h) ont été
testé pour mettre en évidence une influence éventuelle de
ce paramètre opératoire sur la performance de l'installation
pilote à savoir la densité de flux de perméat et sa
qualité. Les autres paramètres sont maintenus constants (P= 14
bars et Ca = 6g/L).
Les valeurs de Jp, pour les deux expériences conduites,
sont représentées dans la figure ci-dessous (fig 27). Le
débit ne sembla pas avoir une influence notable sur le flux Jp. En
effet, les flux sont presque identiques avec une légère
diminution (J2) lorsque le débit d'alimentation a augmenté.
35
30
25
J1 (L/hm2)
J2 (L/hm2)
Flux (L/hm2)
20
15
10
5
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
temps (h)
37
Fig. 27 : Evolution de Jp en fonction du temps pour les
deux débits testées
Mastère SAE 2010/2011
38
De même, le débit ne semble pas impacter la
sélectivité de la membrane. En effet, nous n'avons pas
remarqué de différences notables dans les valeurs des taux de
rétention calculés (tableau 10) pour les deux débits
d'alimentation.
Tableau 10 : Valeurs du facteur de séparation pour
les deux débits testés
t (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
FS1 (C= 6 g/L ; P=14 bars Qa=
150 L/h)
|
96,83
|
96,19
|
95,81
|
95,52
|
FS2 (C= 6 g/L ; P=14 bars
Qa=200 L/h)
|
96,76
|
96,19
|
95,89
|
95,79
|
5. Evolution de la consommation
énergétique
Le procédé d'osmose inverse ne faisant pas
intervenir de changement de phase, doit présenter une consommation
d'énergie plus faible que d'autres procédés de
séparation telle que la distillation par exemple. En absence de
récupération, l'énergie dépensée en osmose
inverse correspond essentiellement à celle consommée par les
pompes de l'installation. Dans notre expérience, l'énergie totale
consommée par le système, déterminée par un
wattmètre de marque Velleman, est notée à la fin de chaque
expérience.
Selon Maurel (2006), cette énergie est proportionnelle
à la pression d'attaque. En effet, pour les trois expériences
réalisées avec une pression de 14 bars et pendant deux heures de
fonctionnement, nous avons noté une consommation de 1 KWh alors que pour
la première réalisée avec une pression de 10 bars, nous
avons enregistré seulement une consommation énergétique de
0.8 KWh pour la même durée.
L'indice de performance spécifique Ysp, exprimé
en L/KWh (Ysp = Jpsp*FS) est un indice utilisé en osmose
inverse et qui traduit la performance générale de ce
procédé de dessalement. Il tient compte en effet aussi bien de la
densité de flux de perméat spécifique (qui tient compte de
l'énergie consommée) que de la sélectivité de la
membrane (les deux paramètres les plus souvent exigés dans tout
système de dessalement membranaire). Les valeurs de cet indice,
relativement aux expériences décrites dans le tableau 3, sont
exprimées dans le tableau 11 et représentées dans la
figure 28.
39
Mastère SAE 2010/2011
Tableau 11 : Valeurs de Ysp pour les différentes
conditions opératoires fixées lors des
expériences
Temps (h)
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
|
Ysp1 (L/KWh)
|
3
|
2,99
|
2,98
|
2,97
|
Ysp1moy
2,99
|
Ysp2 (L/KWh)
|
2,42
|
2,40
|
2,39
|
2,39
|
Ysp2moy
2,40
|
Ysp3 (L/KWh)
|
3,22
|
3,21
|
3,20
|
3,19
|
Ysp3moy
3,20
|
Ysp4 (L/KWh)
|
3,17
|
3,16
|
3,15
|
3,14
|
Ysp4moy
3,15
|
Ces résultats nous permettent de comparer les quartes
expériences conduites sur l'installation d'OI pour déterminer la
plus adéquate entre elles, en termes de production et de consommation
énergétique. L'idéal est d'avoir un Ysp le plus
élevé que possible. En effet, le but cherché est de
produire la plus grande quantité de permét possible par KWh. Les
conditions opératoire de la troisième expérience (C= 6g/l,
P= 14 bars et Qa= 200 L/h) semblent donc les plus favorables puisque elles ont
permis d'obtenir la valeur la plus élevée de l'indice de
performance (Ysp= 3.2 L/KWh).
3,5
3
2,5
Ysp1 (L/KWh)
Ysp2 (L/KWh)
Ysp3 (L/KWh)
Ysp4 (L/KWh)
Ysp (L/KWh)
1,5
2
1
0,5
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
temps (h)
Fig. 28 : Evolution de Ysp en fonction du temps pour
les différentes conditions opératoires fixées lors des
expériences
Mastère SAE 2010/2011
40
Or pour la quatrième expérience nous avons
multiplié la concentration de l'alimentation (C= 12 g/l pour P= 14 bars
et Qa= 200 L/h) tout en obtenant un indice de performance très proche
que celui de la deuxième expérience. On peut ainsi augmenter la
concentration d'alimentation sans trop infléchir la production de
perméat et augmenter la consommation énergétique.
Mastère SAE 2010/2011
41
Mastère SAE 2010/2011
Conclusion
Cette étude, bien que limitée dans le temps,
nous a permis de réaliser certains objectifs concernant
l'évaluation de l'influence des paramètres opératoires
(pression, température, concentration et débit) sur les
performances du procédé de dessalement par osmose inverse, en
particulier la densité de flux de perméat, sa qualité et
la sélectivité de la membrane.
La perméabilité au solvant de la membrane a
été déterminée, son évolution en fonction de
la température a été tracée. La température
semble avoir une influence positive sur la perméabilité au
solvant de la membrane. Cette dernière augmente, en effet, avec la
température, vue essentiellement que la viscosité de l'eau, une
fois chauffée, diminue.
La pression d'attaque et la température semblent avoir
aussi une influence notable sur la densité du flux de perméat.
Cette dernière augmente à peu prés de 3% par °C et de
13% par bar. Alors que la sélectivité de la membrane semble
s'améliorer si on travaille avec des pressions d'attaques de plus en
plus élevées car le perméat se trouve de plus en plus
dilué, la température semble diminuer le taux de rétention
de la membrane. En effet, l'augmentation de la température entraine une
augmentation du coefficient de diffusion de NaCl à travers la membrane
comme elle entraine une augmentation des volumes des pores de la membrane
laissant aussi diffuser les molécules de NaCl.
La concentration de la solution d'alimentation semble avoir
une influence négative aussi bien sur la densité du flux de
perméat que sur sa qualité. En effet, travailler avec des
concentrations élevées engendre une contre pression osmotique
provoquant une diminution de la pression efficace. Sans augmentation de
pression transmembranaire pour la contrer, le flux diminue. De plus, la
diminution de la densité de flux de perméat engendre une
augmentation de la concentration dans le perméat, donc une diminution du
taux de rétention de la membrane.
Le débit, d'après nos résultats, ne
semble pas avoir une influence significative sur les performances du
système bien que, d'après la bibliographie, l'augmentation du
débit d'alimentation entraine une augmentation de la vitesse de
circulation le long de la membrane favorisant les phénomènes de
turbulence et limitant la polarisation de concentration. Peut être que
l'écart entre les deux débits testés (50 L/h) n'est pas
suffisant pour mettre en jeu ces phénomènes.
42
La détermination des conditions optimales de
fonctionnement du pilote d'osmose inverse doit se baser aussi, en plus de la
quantité et qualité du perméat produit et de la
sélectivité de la membrane, sur la consommation
énergétique du procédé. C'est pour cette raison que
nous avons introduit dans cette étude la densité de flux
spécifique et l'indice de performance spécifique Ysp. Le but est
de déterminer les conditions de fonctionnement optimales permettant
d'avoir la plus grande production de perméat par KWh (L/KWh).
Finalement cette étude reste préliminaire. En
effet, la densité de flux de perméat, sa qualité ainsi que
la sélectivité de la membrane ne dépendent pas seulement
des principaux paramètres opératoires déjà
cités, d'autres mécanismes et interactions plus compliqués
y interviennent. Par exemple, les propriétés physiques de la
membrane comme le nombre de pores, leur forme ainsi que la rugosité de
la surface, jouent un grand rôle dans la rétention des
solutés et la production de perméat. Les interactions
électrostatiques entre solutés et entre membrane et
solutés ainsi que le pH participent de manière importante au
mécanisme de rétention.
Mastère SAE 2010/2011
43
Bibliographie
Aimar P., Bacchin P., Maurel A. (2010).
Filtration membranaire (OI, NF, UF, MFT)-Aspects théoriques:
perméabilité et sélectivité. Techniques de
l'ingénieur (J2790).
Allard G.B. (1984). L'osmose inverse :
description et principe de fonctionnement. Centre de recherche, de
développement et de transfert technologique en acériculture,
18p
Audinos R. (2000). Membranes
semi-perméables Membranes d'osmose inverse. Techniques de
l'ingénieur K362.14p
Berland J.M., Jurey C. (2002). Les
procédés membranaires pour le traitement de l'eau. Documents
techniques FNDAE, 71p
Bissonnette A. (2008). Utilisation de
nanomembranes pour le dessalement de l'eau et comparaison avec l'osmose inverse
et la distillation, 50p.
Danis P. (2003). Dessalement de l'eau de mer.
Techniques de l'Ingénieur, J 2700, 15 p.
Descaleux S., Remigy J.C. (2007). Filtration
membranaire (OI, NF, UF)-Présentation des membranes et modules.
Techniques de l'ingénieur (J2791)
Ghaffour N. (2006). Dessalement :
développement des technologies et marché, contraintes à sa
croissance - Contribution de MEDREC. Les cahiers de l'école STM «
Sciences et Technologies a Membranes », 8p.
Kamel F. (2010). Le dessalement des eaux :
traitements, techniques et dimensionnement, cours de mastère. ENIT,
76p.
Khayet M., Essalhi M., Armenta-Déu C., Cojocaru
C., Hillal N. (2010). Optimization of solar-powered reverse osmosis
desalination pilot plant using response surface methodology. Desalination 261
(2010) 284-292, 8p
Lattemann S., Höpner T. (2008) .
Environmental impact and impact assessment of seawater desalination.
Desalination, 220 (1-3), 15 p.
Mastère SAE 2010/2011
44
Mastère SAE 2010/2011
Lebleu N. (2007). Désinfection des
eaux par procédés membranaires : étude des
mécanismes de transfert des bactéries. Thèse
Présentée en vue de l'obtention du Doctorat de
l'Université de Toulouse, 263p.
Linsky R.B. (1999). National Water Research
Institue. Annual Report, 40p.
Maurel A. (1998). Osmose inverse in:
Les séparations par membrane dans les procédés de
l'industrie alimentaire. Daufin G., René F., Aimar P. Paris, Lavoisier -
Tec & Doc: p :68-85.
Maurel A., (2005). Dessalement de l'eau de
mer et des eaux saumâtres et autres procédés non
conventionnels d'approvisionnement en eau douce. Paris, Lavoisier Tec&Doc,
286p.
Maurel A., (2006). Dessalement de l'eau de
mer par osmose inverse : points forts et points faibles. Les cahiers de
l'école STM « Sciences et Technologies a Membranes », 13p.
OMS (2005). Célébration de la
décennie internationale d'action : l'eau source de vie. Journée
mondiale de l'eau 2005. Guide de sensibilisation, 34p
Plan bleau. (2008) . Eau, énergie,
dessalement et changement climatique en Méditerranée, Centre
d'Activités Régionales du PNUE/PAM, 39p.
Plan Bleu. (2010). Le dessalement de l'eau de
mer : une réponse aux besoins d'eau douce en Méditerranée
? Centre d'Activités Régionales du PNUE/PAM, 4p.
PNUE. (2001). Dessalement de l'eau de mer
dans les pays méditerranéens : évaluation des impacts sur
l'environnement et lignes directrices proposées pour la gestion de la
saumûre, 92p.
Sagle A., Freeman B. (2006). Fundamentals of
Membranes for Water Treatment, University of Texas at Austin, 17p.
Sagne C. (2008). Etude des mécanismes
de transfert de molécules organiques en osmose inverse : application au
recyclage des condensats issus de la concentration des vinasses de
distilleries. Thèse pour obtenir le grade de Docteur de l'Institut des
Sciences et Industries du vivant et de l'Environnement, (AgroParisTech),
264p.
45
Sridhar S., Kale A., Khan A. A. (2002). Reverse
osmosis of edible vegetable oil industry effluent. Journal of Membrane Science
205. 7p
UNESCO (2010). The United Nations world water
development report 3 and related publications produced by the World Water
Assessment Programme, 60p.
Williams M. E. (2003). A review of reverse
osmosis theory. Williams Engineering Services Company, Inc., Albany, 40p.
Williams M. E. (2004). A Brief Review of Reverse
Osmosis Membrane Technology. Corporation and Williams Engineering Services
Company, Inc, 29 p.
|