CONCLUSION GENERALE
L'objectif général de la présente
étude est d'analyser les déterminants de la
vulnérabilité des ménages suite aux dépenses de
soins hospitaliers. Pour atteindre cet objectif nous avons été au
chevet des malades qui ont été hospitalisé à CNHU
pour leur administrer le questionnaire, et pour obtenir une certaine
homogénéité de la population nous avons inclure en
particulier les habitants de la ville de Cotonou qui ont été
hospitalisés dans l'une des hôpitaux de zone de la ville. Ce
questionnaire nous a permis d'obtenir des informations sur les
caractéristiques socio-économiques du malade et de sa famille,
sur le niveau et les modalités de financement de soins et sur les types
de problème de santé. Et nous avons pu interroger 150 malades
hospitalisés à CNHU et 174 hospitalisés dans les
hôpitaux de zone de la ville de Cotonou, soit un total de 324
ménages.
Pour vérifier nos hypothèses de travail, nous
avons utilisé deux principaux outils à savoir l'analyse
descriptive et l'analyse économétrique.
L'analyse descriptive nous a permis de calculer des
paramètres de position et de dispersion tels que les moyennes,
l'écart type, la médiane et les quartiles et de tracer des
graphes et de réaliser des tableaux. Ce qui nous a permis d'analyser les
caractéristiques de certaines variables d'intérêt,
notamment celles relatives à la vulnérabilité, au type de
soins, au niveau d'étude, au mode de financement, etc.
L'analyse économétrique est menée en
spécifiant et en estimant un modèle probit dont la variable
endogène est dichotomique prenant la valeur « 1 » si
l'individu est vulnérable et « 0 » s'il ne l'est
pas. Avant de procéder à l'analyse des résultats, nous
avons effectué des tests de validation pour s'assurer de la
qualité de l'ajustement du modèle.
Il ressort de ses différentes analyses les principaux
résultats suivants :
- 54% des ménages dont l'un des leurs a
été hospitalisé sont vulnérables contre 46% des
ménages non vulnérables.
- 98% des chefs de ménages qui n'ont aucun niveau dont
l'un des leurs a été hospitalisé sont devenu
vulnérable contre 61.70% des chefs de ménages qui ont un niveau
supérieur.
- Les ménages dont le chef de ménage n'a aucun
niveau ont 89% de chance d'être vulnérable plus que celui qui a un
niveau supérieur.
- Les ménages dont le chef de ménage a un niveau
primaire ou secondaire ont respectivement 11% et 7.5% de chance d'être
vulnérable plus que les universitaires.
- 39.81% des personnes hospitalisé se sont
retrouvés dans une situation catastrophique suite aux dépenses
des soins.
En résumé le niveau d'étude du chef de
ménage, la durée d'hospitalisation, le mode de financement, la
catégorie professionnelle du chef de ménage et l'hôpital
d'hospitalisation du malade sont les déterminants de la
vulnérabilité suite aux analyses descriptives et des
résultats de l'estimation économétrique.
Il parait donc opportun suite aux résultats de faire
quelques suggestions à l'endroit des décideurs et des partenaires
en matière de développement et de politique de santé, sans
oublier les consommateurs des services de soins :
- A l'endroit de l'Etat, il doit renforcer les systèmes
de financement permettant l'accès équitable des pauvres aux
services de santé notamment à l'hôpital et la
capacité des services sociaux afin de permettre la prise en charge des
personnes indigentes.
- Les partenaires d'aide au développement doivent
oeuvrer à l'amélioration des capacités d'analyse des
effets socio-économiques, afin de connaître les processus
d'exclusion produits par le recours aux soins.
- Les responsables des hôpitaux de
référence doivent réviser les prix des K
opératoires au niveau du bloc opératoire afin que les factures ne
soient pas trop élevées et difficiles à supporter pour les
ménages et mettre en place un système de prix basé sur
l'équité contributive verticale selon le niveau
socioéconomique des malades.
- Les ménages doit envisager la mise en place d'une
mutuelle de santé pour les soins d'hospitalisation afin d'amoindrir les
conséquences d'une dépense catastrophique.
Cependant, la présente étude a connu, au cours
de sa réalisation quelques difficultés qui peuvent constituer une
limite à la portée des résultats obtenus. Une
première difficulté est liée au fait qu'il est très
difficile de mesurer les dépenses de soins des ménages en Afrique
notamment au Bénin ou la majeure partie de la population n'à
aucune notion comptable de ses dépenses courantes en particulier les
dépenses de santé. Une deuxième difficulté est la
non prise en compte d'une plus grande proportion de la population, faute de
moyen. Néanmoins, la taille de notre échantillon, même si
elle n'est pas trop élevée, permet d'approcher de manière
substantielle les déterminants les plus fréquentes de la
vulnérabilité socio-économique des ménages suite
aux dépenses de soins d'hospitalisation. Une étude plus
poussée sur la question serait souhaitable.
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