3. Maladies transmises par contact interhumain
Le Bénin se trouve dans la zone de la "ceinture de la
méningite" ; des cas de méningite sont
régulièrement répertoriés, notamment au cours de la
saison sèche (entre décembre et mars). La méningite
à méningocoques est une maladie caractérisée par
une fièvre soudaine et intense, des nausées, des vomissements et
une raideur dans la nuque. Les méningocoques sont contenus dans la
salive et la transmission se fait généralement par voie
aérienne (toux, éternuements), l'utilisation d'objets
contaminés (vaisselle, couverts...) ou les contacts humains
rapprochés (baisers).
La prévalence du virus VIH est importante : selon
l'UNAIDS (l'agence des Nations Unies de lutte contre le sida), 1,2% de la
population adulte (entre 15 et 49 ans) est séropositive. Le VIH est
régulièrement associé avec une hausse des cas de
tuberculose.
Paragraphe 2 : Utilisation des services de
santé et l'accès aux soins.
A. Utilisation des services formels et informels de
santé.
L'influence prépondérante des valeurs
culturelles sur la conception de la maladie induit également des
répercussions sur l'utilisation des services de santé par les
populations béninoises.
En dehors de l'influence des valeurs sociales, on peut noter
que la faible fréquentation des formations sanitaires est due à
des causes autres que culturelles. Cette fréquentation était de
19,1 % pour l'ensemble du Bénin en 1991. Les raisons
évoquées pour expliquer cette désaffection avaient trait
à l'accessibilité financière, géographique, au
mauvais accueil et à la qualité des soins. Actuellement, avec une
couverture en infrastructures de 80%, l'accessibilité
géographique peut être considérée comme acceptable.
L'accessibilité financière et le mauvais accueil demeurent pour
leur part les deux principales causes de la faible fréquentation des
formations sanitaires.
En 2000, le taux de fréquentation reste encore au
même niveau que celui de 1997 soit 34%, d'où la
nécessité de la prise en charge des populations pauvres et
indigentes et sur la formation du personnel sanitaire sur les règles
élémentaires de déontologie et sur l'importance de
l'accueil des malades.
Pour les populations, la médecine traditionnelle est
généralement plus accessible que la médecine moderne, car
elle semble moins chère et traiterait des maladies encore
ignorées de la médecine moderne. Alors que la médecine
moderne a une conception cartésienne et rationnelle de la maladie, la
médecine traditionnelle concilie les aspects corporels et psychologiques
de la maladie. En d'autres termes, la maladie peut être provoquée
par un pouvoir ou une force maléfique. Lorsqu'un patient se
présente chez un tradipraticien, il lui accorde un temps d'écoute
assez long pour exposer ses problèmes de santé, sa relation avec
les membres de sa famille et d'autres personnes de la société.
À l'opposé, le médecin du secteur moderne écoute
très peu son patient. Dans le secteur moderne, chaque médecin
ayant sa spécialité, il ne traite le malade que sur l'aspect qui
le concerne, laissant le patient gérer seul ses angoisses et ses
inquiétudes relatives à la société ou à la
famille.
L'accueil réservé par les tradipraticiens est
donc l'une des raisons qui continuent de drainer certains malades vers eux. Le
tradipraticien joue le rôle de psychologue, même s'il n'a toujours
pas les compétences requises pour soigner les personnes qui viennent le
consulter. La prise en charge psychologique est importante dans le traitement
de toute maladie. Cette prise en charge globale du malade ne coûte que le
prix d'une consultation chez le tradipraticien. A l'inverse, dans la
médecine moderne, le patient est amené à consulter
plusieurs spécialistes, ce qui alourdit les frais de consultation et par
conséquent de traitement.
La médecine moderne n'est donc pas un système de
soins accessible à toute la population et plus particulièrement
à la population des zones rurales. La médecine traditionnelle
apparaît ainsi comme une alternative devant la hausse des prix des
produits pharmaceutiques. Mais cette médecine comporte de nombreuses
insuffisances au niveau du diagnostic, de la posologie et du suivi.
Dans ce climat, il convient alors de redéfinir les
bases d'une collaboration entre les deux médecines, une base qui prend
en compte les objectifs de santé des populations béninoises.
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