Paragraphe 2 : caractéristique du
système de santé et service de santé.
A. Caractéristique du système de
santé.
L'analyse du dispositif sanitaire a permis de mettre en
exergue les éléments qui influencent le système de
santé au Bénin. La tendance de ce système se résume
à garantir des soins dont le contenu minimal (les soins de santé
primaires) est en tout temps assuré, y compris en matière de
santé publique et de prévention ; des unités de livraison
des services en nombre suffisant ; une accessibilité économique,
géographique et culturelle des soins ; des services livrés sans
discrimination induite par l'action de l'État ou des acteurs non
étatiques ; des services livrés par des personnes
qualifiées selon des standards connus et contrôlés ; un
accès à des médicaments utiles et de qualité et
enfin un accès à l'information en matière de
santé.
Notons cependant, qu'il ne s'agit que d'une tendance, les
points ci-dessus énumérés n'étant pas encore
pleinement satisfaisant dans la réalité. L'aspect juridique du
droit à la santé est un exemple très indicatif. Si l'on
suppose que la consécration de tout droit passe par la reconnaissance du
droit à la santé dans le droit national ; la disponibilité
de recours utiles et effectifs dans les cas de violation du droit à la
santé ; l'existence de sanctions significatives dans le cas de violation
; la participation de la population, y compris des groupes les plus
démunis, au processus décisionnel concernant la mise en oeuvre du
droit à la santé.
Au Bénin, les caractéristiques juridiques du
système de santé sont loin d'être conformes à cette
norme.
Si la reconnaissance nationale est un fait, la
disponibilité du recours, l'existence de sanctions ou encore la
participation des populations au processus décisionnel n'existe
simplement pas. On ne saurait parler de sanctions ou de recours si au
préalable, les cas de violations de ce droit n'ont été
déterminés. La conception sociologique de la santé
s'impose, ce qui constitue un cas de violation au Togo ou au Niger par exemple
peut ne pas l'être au Bénin, même s'il existe des normes
internationales des cas de violations du droit à la santé.
B. Service de santé.
1. Le service de santé public.
La protection de la santé des populations
béninoises est assurée prioritairement par l'État, en ce
sens que la Constitution béninoise fait du droit à la
santé une prérogative de l'État. Il n'existe pas une
assurance maladie systématique, mais on peut noter deux formes de
protection sanitaire.
D'une part, suivant le modèle de la
responsabilité objective des employeurs, les fonctionnaires et
travailleurs salariés vivant dans les villes et surtout les capitales,
bénéficiaient de prestations et du remboursement des soins
à travers des services médicaux d'entreprise ou des centres
médicaux interentreprises.
D'autre part, et pour la vaste majorité des citoyens,
les soins de santé étaient en principe gratuits, les puissances
publiques s'attelant à développer et à élargir les
infrastructures médicales: hôpitaux, dispensaires et centres de
santé.
Les programmes d'ajustement initiés dans les
années 80 ont réduit à néant le principe de la
gratuite des soins avec la réduction sensible des faibles
dépenses budgétaires consacrées à la santé.
Une nouvelle impulsion a toutefois été donnée avec les
perspectives rassurantes de l'Initiative de Bamako.
Celle-ci a impulsé un mouvement vers le local en
matière de soins de santé. Elle a également
déplacé le coeur de l'analyse d'une logique préventive,
tel qu'il en existait dans les années qui suivirent Alma-Ata,
vers une logique curative, dans la mesure où l'accent était mis
sur les solutions médicamenteuses et la participation des populations au
financement des dépenses de santé.
L'État, en se retirant de secteurs clefs des services
sociaux a laissé d'énormes vides qui ont été
parfois comblés par des initiatives locales pour la survie.
2. Le service privé de
santé.
Le secteur privé de la santé est venu au secours
d'un secteur public en difficulté. On peut le diviser en deux
catégories.
D'une part, certaines cliniques privées pratiquent des
soins de qualité plus grande par rapport aux institutions publiques
à des tarifs très élevés. Elles restent
inaccessibles à la grande catégorie de la population.
On relève d'autre part, un secteur intermédiaire
constitué de micro unités de santé et définissant
l'informel sanitaire. Cette dernière catégorie d'unité de
soins est en expansion flagrante, répondant à une forte demande
de soins de base à des prix raisonnables. Dans les contextes de lacunes
imputables autant aux services publics qu'aux thérapies qui sont
traditionnelles, ce secteur intéresse les populations disposant de
faibles revenus et qui sont à la recherche de prestations de
qualité
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