Place des troubles du sommeil dans les
Syndromes post-commotionnels
(Approche réflexive relative à la notion de
traumatisme informationnel)
Mémoire présenté par Didier
Cugy né le 17 Avril 1957 à Saint-Cloud (92)
Attaché des Hôpitaux
Chargé de cours à la Faculté de
Médecine
Hyacinthe Vincent
Docteur en Médecine D.E.A. Neurosciences et
Neuropharmacologie D.I.U. Veille Sommeil (Montpellier) D.U. Indemnisation
du dommage corporel (Bordeaux)
année 1999-2000
Remerciements :
Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur
le Professeur Jacques Paty, Neuropsychiatre, biologiste des hôpitaux,
chef du service d'explorations fonctionnelles du système nerveux et de
la «clinique du sommeil» de l'Hôpital Pellegrin, pour
l'ensemble de ses enseignements ainsi que pour l'aide qu'il a bien voulu
m'apporter dans la réalisation de ce travail.
Je tiens de même à remercier les Professeurs
Doignon, Léoneti, Ehrenfeld, les Docteurs Gromb, Hugues-Bejui, Papelard,
Puech, Riche, Berger, Nadau, Reynaud, Viguier, Handy, Daverat, N'guyen, Mme
Gambadchisé ainsi que messieurs Boule, Bouvet, Nollet, Hingray,
Maleville, Brunet, Maisonneuve, Tomadini, pour la qualité de leurs
enseignements.
Sans oublier madame Esteve pour sa gentillesse et sa grande
disponibilité.
«Où le soleil n'entre pas, le médecin entre
souvent»
Hygiène Pratique - Mémento Larousse 1909
Sommaire
Introduction
A A propos du sommeil
Fonction et phylogénèse du sommeil Le sommeil
normal chez l'homme Approche neuro-anatomique
Sommeil et mémoire
Réseaux de neurones et sommeil Physiopathologie des
privations de sommeil Approche clinique des troubles du sommeil Classification
des troubles du sommeil Synthèse fonctionnelle
B Le syndrome post-commotionnel
Définitions selons les différents barèmes
:
Accidents du travail Concours médical Pensions
Militaires
Evaluation des déficiences entrant dans le syndrome
post-commotionnel selon le barème de la COTOREP
Synthèse syndromique et conséquences cliniques
C Discussion médico-légale
Réalité du dommage
Réalité des lésions
Concordance de siège
Lien anatomoclinique
Délai d'apparition des symptômes
Etat antérieur
Elements extérieurs pouvant expliquer le dommage
D Réflexion de synthèse
E Bibliographie
Introduction :
LE PREMIER LIVRE DE L'INDTRODVCTION A LA CHIRURGIE
1 Du dormir & veiller. CHAP. XIX.
«Pour auffi briefument traicter du dormir & veille,
nous faut declarer leurs utilitez & incommoditez, le teps & heure,
& la manière de fe coucher, les fonges que l'on fait en dormant,
& come on fe trouue apres le dormir.
Le dormir n'eft autre chofe que repos de tout le corps, &
principlement de la faculté animale. Iceluy prouient d'vne
humidité vtile, imbuë en la fubftace du cerueau, qui l'appefantift
& aggraue: ou bien d'vne defectuofité d'efprits, qui diffipez par le
trauail, font que le corps ne peut demeurer debout, & cotraignent le
cerueauà fe reposer pour en reparer d'autres, des viandes prifes en
l'eftomach. Iceluy deuemet pris aide à la cococtio, à caufe qu'en
dormat, le fang, efprits, & chaleur naturelle fe retirent aux parties
interieures : lefquelles etant echauffees, cuifent & digerent, ou alterent
mieux, non feulement en l'eftomach, mais auffi en toute l'habitude du corps.
Outre efface par oubliance les paffios & fafcheries de l'efprit, &
gaurit les laffitudes du corps faitres par grad labeur. Le temps le plus comode
de dormir est la nuit, pour ce qu'elle mefme incite à dormir, tant pour
fon humidité, tranquillité, que pour fon obscurité, pour
laquelle aduiet que la chaleur & les esprits font contenus au dedans du
corps : comme au contraire il font reuoquez & retirez en l'habitude du
corps par la lumière, qui leur eft aucunement femblable, dont f'enfuit
le veiller:ioinct qu'elle a le temps affez fuffifant pour faire la parfaite
concotion. Au contraire, dormir de jour eft mauuais, à caufe qu'il
interrompt la digeftion:parce que le temps auquel on dort de jour, n'eft
fuffifant pour deuëment faire la concoction, & par ce moyen sont
faictes cruditez en l'eftomach, & rocts aigres, & font efleuees groffes
vapeurs & humiditez fuperflues au cerueau, dont f'enfuit douleur &
pefanteur de tefte & maladies froides. Et dauantage, combien que le dormir
de nuict foit fain, fi faut-il qu'il foit mediocre:car celuy qui eft
immodéré & fuperflu, fait que les excremens, tant par haut
que par bas, ne sont iettez hors en temps deu : & eftant retenus dedans, la
chaleur naturelle & vertu attractiue attirent d'iceux quelque fuc mauvais,
dont f'enfuieuent plufieurs maladies. Le temps d'avoir affez dormi, fe cognoift
à la parfaicte concoction des viandes, & non par certaines heures
determinees : car aucun cuifent pluftoft, les autres plus tard, combien que le
plus fouuent la concotion fe fait en fept ou huit heures, laquelle fe
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cognoift, parceque l'eftomach eft lafche & non tendu,
& auffi que l'urine eft doree & iaune: & au contraire, l'indice de
la concoction imparfaite font roct aigres, tenfion du ventricule, douleur de
tefte, & pefanteur de tout le corps. Outreplus en l'obferuation du dormir,
faut prendre garde à la forme de coucher: car premierement fe faut
coucher fur le cofté droit, à fin que la viande defcede au fond
de l'eftomach, d'autant qu'il eft charneux & moins membraneux que le
deffus, par confequent plus chaud & propre à la cocoction : puis
quelque efpace de temps fus le gauche , à fin que le foye fe couche
mieux fus l'eftomach:ce faifant la digeftion fera mieux faite, de tant que le
foye qui eft plus chaud que le ventricule, l'embraffant du tout, luy feruira
comme d'vn brafier. Il ne fera impertinet ce fecond sommeil acheué, le
matin fe retourner fus le cofté droit, à fin que par telle
fituation l'orifice de l'eftomach demeurat ouuert, les vapeurs fuligineufes
excitees de l'ebulition du chylus, puiffent mieux f'exhaler. Ceux qui fe
pourront garder de dormir fus le dos, feront bien,craignans de trop efchauffer
les reins & engendrer grauelle, pierres, & autres grandes maladies,
comme paralyfies, conuulfios & touts efpeces de catharres & fluxios qui
fe font par les nerfs le long de l'efpine. Quant au dormir fur le ventre, il
n'eft mauuais pour ceux qui f'y peuuent accouftumer, finon qu'ils foyent
fubiets au mal des yeux:cat par telle fituation, la fluxion s'encline
d'auantage fur iceux : mais au refte la concotio en eft bien aidée, de
tant que la chaleur n'eft pas feulement retenue enuiron le ventricule, mais
ourre eft augmentee par la tiedeur de la delicate plume du lict.
On doit auffi confiderer les fonges qu'on a eu en dormant,
pour cognoiftre les affections & la nature des humeurs fuperflus &
mauuais. Auffi confiderer fi vn malade fe trouuue mieux ou plus mal apres le
dormir, pour ce qu'Hippocrates dit, qu'alors qu'en maladie le dormir fe tourne
en peine, c'eft figne de mort:au contraire non. Le veiller pareillement doit
eftre moderé : car l'immodéré corrompt la bonne
temperature du cerueau, debilite les fens, altere les efprits, excite
crudité, pefanteur de tefte, confomption de chait, & amaigraiffement
de tout le corps, red les vlceres arides & feiches, & plus malignes. Il
y a autres confiderations lefquelles appartiennent plus au Medecin qu'au
Chirurgien: parquoy te fuffife fçauoir que le dormir & veiller
immoderez, font mauuais pour les raifons predites.»
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LE PREMIER LIVRE DE L'INDTRODVCTION A LA CHIRURGIE
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Pourqoy la fièvre quarte, & autres maladies peuvent
être guéries par une grande peur, ou par une grande joye.
CHAP. XXVII
«Personne ne doute que les perturbations de l'âme
n'aient grande efficacité, & ne produisent de merveilleux effets en
nos corps, par la réfraction et la condensation, rétraction et
effusion des humeurs & des esprits, qui sont comme voicturiers de ceux-ci.
Hiipo. dit, que celon la disposition des esprits & des humeurs, le corps
humain est disposé à maladie ou à santé:d'autant
qu'en la médecine, les choses sont trouvées pour principales
& éléments, duquel nos corps sont composés. Paquoi ce
n'est de merveille, si les perturbations de l'esprit, & entre autres, la
crainte & la joie apportent subitement & inopinément
guérison à des maladies, qui autrement par art semblent
incurables. De ce nombre & forte de maladie est la fièvre quarte,
delaquelle plusieurs longuement affligés, & aynt en vain
expérimenté tous remèdes de l'art, ont enfin
été guéris par une peur. Or quand nous parlons ici de
peur, nous n'entendons pas une petite peur pour épouvanter un enfant :
mais une peur subite, non prévenue & forte, c'est à dire
conjointe avec l'appréhension d'un grand & présent danger de
la mort, suffisante pour ébranler un homme, quelque fort, constant &
courageux qu'il soit. Telle peur peut donner fin & guérison à
la fièvre quarte par deux moyens, par lesquels tous les médecins
reconnaissent et avouent toutes fièvres recevoir guérison:
à savoir par concoction, & évacuation de la matière
qui fait la fièvre. «
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