Figure 11 : la conception pour la collecte
IV.1.2. LES ACTEURS
1. La population
Kinshasa est une ville qui déborde d'activités
de différentes sortes et de diverses origines : activités
quotidiennes des ménages et celles liées à l'urbanisation
ainsi qu'à l'industrialisation. A titre d'exemple : Kinshasa, en
2004, comptait 538 300 unités de production informelles dans les
secteurs marchands telles que le commerce (63,2 %), l'industrie
(14,8 %), les services (12,3 %), les activités agricoles
(7,5 %) et la construction (2,2 %) (Ministère du Plan, 2005).
Le secteur informel était donc dominant avec 70,9% des emplois. Ces
538 300 unités de production informelles ont créée
692 000 emplois. Et c'est le commerce, activité produisant beaucoup
de déchets, qui occupait la première place, soit 56,7% des
emplois créés par les entreprises privées informelles
(Ministère du Plan, op.cit). Kinshasa s'est spécialisée
dans deux types de commerce : le formel et l'informel ; tout comme
dans l'industrie. Ce secteur informel se caractérise par une grande
précarité des conditions d'activité. Plus de 50 %
d'unités de production informelles ne disposent pas des locaux
spécifiques et 36,2 % exercent leurs activités à
domicile. Le secteur informel est massivement constitué de
micro-unités (Ministère du Plan, op.cit).
Toutes ces activités informelles génèrent
beaucoup de décharges urbaines de différents types qui polluent
l'environnement. Ils sont de différentes sortes : déblais,
gravats, décombres et débris issus des travaux publics et
privés, déchets des établissements artisanaux, industriels
et commerciaux, cadavres d'animaux domestiques, épaves de
véhicules, carcasses d'appareils électroménagers,
déchets d'abattoirs, produits d'élagage, etc. La ville en produit
quotidiennement des tonnes, parfois jetés pêle-mêle à
même les trottoirs. Et, l'autorité urbaine éprouve
d'énormes difficultés pour les évacuer. De tous ces
déchets solides, les ordures ménagères sont les plus
visibles et encombrantes.
La population kinoise gère les décharges
ménagères comme elle l'entend et selon les possibilités
qui lui sont offertes.
Il ya une bonne partie qui évacue les déchets
dans une poubelle parcellaire ; une autre catégorie évacue
les déchets dans un trou creusé dans la parcelle, d'autres
incinèrent carrément les déchets, d'autres les jettent les
déchets sur les places et lieux publics, une autre catégorie
jettent les déchets dans un ravin et enfin une dernière
catégorie s'est abonnée à des ONG chargée de
gérer les déchets et d'assainir le milieu.
Ce la pousse à croire que la population de la ville de
Kinshasa n'a pas une éducation en matière de la gestion des
décharges, surtout qu'elle n'est pas semble -t-il, informé des
conséquences néfastes que peuvent engendrer la mauvaise gestion
des déchets.
2. Les ONG
Les ménages de la ville, pour les uns, se sont
abonnés à certains services privés d'évacuation des
déchets comme KIN BOPETO, qui viennent récupérer les
déchets à domicile pour aller les déposer soit dans un
ravin ou encore dans un cours d'eau, sans pour autant se rendre compte des
conséquences environnementales qui peuvent subvenir.
· PAUK, qui est un projet de l'Union Européenne,
qui a pour objectif général la lutte contre la pauvreté
des populations les plus vulnérables de la ville-province de Kinshasa en
améliorant le cadre de vie des habitants des quartiers
particulièrement défavorisés de la capital.
Au travers de sont son objectif spécifique, il vise
à améliorer l'assainissement dans deux bassins versants
(Bitshakutshaku et fleuve Congo) en se concentrant sur le contrôle de
l'évacuation des eaux pluviales et usées, la gestion des
déchets ménagers (collecte primaire, reprise et transfert,
traitement final). Pour ce faire, le PAUK utilise la méthodologie
d'action suivante :
- Eradication des points noirs d'immondices
existants ;
- Nettoyage du domaine public pour mettre en état de
salubrité meilleure les espaces publics collectifs ;
- Mise à disposition des collecteurs primaires
institutionnels ou informels de stations de pré-stockage des
déchets collectés ;
Photo 5 : Les travaux dans les sites de
transfert du PAUK
Source : photo Holy (2010)
- Transfert des déchets, à partir des stations
de pré-stockage, vers une décharge provisoire dans un premier
temps et définitive par la suite, mises à la disposition du
projet par l'Hôtel de ville de Kinshasa.
Photo 6 : Les sites d'enfouissement du
PAUK
Source : photo Holy (2010)
On a remarqué que la gestion du site de la
décharge de PAUK est anarchique par la fait les déchets sont
déversés dans des endroits différentes de la
décharge et ne sont ni compactés, ni recouverts par une couche de
terre ou de gravats. Ce qui fait que les déchets contiennent de grosses
cavités (manque de compactage), par lesquelles l'oxygène
pénètre. Cela favorise la prolifération des rongeurs et
des insectes dans la décharge, et augmente les risques d'incendie, ainsi
que la congère des matières légères. La mise en
place des ordures est effectuée par le personnel sans protection, dans
un nuage de poussière et au milieu des odeurs des déchets.
Il faut signaler que la méthodologie de la gestion des
déchets solides appliquée par le PAUK ne suit pas la
procédure normale celle consistant à trier première les
déchets avant de les évacuer. Toutes les catégories de
déchets sont déversées dans la décharge sans aucun
tri en amont, on y trouve mélangé, les ordures
ménagères, déchets industriels, médicaux..., ce qui
se traduit par une multitude de nuisances de divers ordres. Donc PAUK doit
avant l'entreposage des immondices, organisés un service de tri, pour
séparer les déchets qui peuvent être valorisable et ceux
qui ne les sont pas.
· LA R.A.T.P.K. (Régie
d'Assainissement et des Travaux Publics de Kinshasa. Est un service technique
de l'hôtel de ville chargé de l'assainissement et de la gestion
des décharges dans la ville de Kinshasa. Malheureusement, ce service a
limité ses action juste au niveau des quelques communes seulement et ces
actions ne sont pas vraiment perceptible. Il faudra pour cela, financer
à un niveau que ce soit, ce service pour le permettre d'assumer ses
responsabilités en rendant la ville plus saine et propre.
3. LES SERVICES PUBLICS
Avant l'ordonnance n°77/022 du 22 février 1977
portant transfert des directions et services du département de l'ECNT,
les activités d'assainissement du milieu étaient encore
dispersées dans plusieurs Ministères du Gouvernement.
Aujourd'hui, la gestion des décharges urbaines est
partiellement organisées et de façon formelle par le Programme
National d'Assainissement (PNA).
En République Démocratique du Congo en
général, et dans la ville province de Kinshasa en particulier,
l'assainissement du milieu est une tache dévolue au Programme National
d'Assainissement (PNA), placé sous la tutelle du Ministère de
l'Environnement, Conservation de la Nature et tourisme. Le PNA fut crée
par arrêté Ministériel n° 014/DENT/CEE/81 de
février 1981 portant organisation du service National d'Assainissement.
Enfin, l'article 191 alinéa 1er, l'ordonnance loi n°
82-006 de la 25/02/1982 portante organisation territoriale, politique et
administrative de la république confirme la responsabilité du
Programme de planifier et de coordonner les activités relatives
à la salubrité publique par le biais du Programme National
d'Assainissement.
Le PNA a pour mission d'améliorer les conditions
physiques du milieu ambiant de l'homme par une gestion rationnelle des
activités d'assainissement en vue de réduire
généralement les taux de mortalité et de morbidité
dus aux maladies liées à l'état d'insalubrité du
milieu.
A ce titre, le service intervient sur le terrain pour
maintenir les meilleures conditions de vie. Le service planifie et coordonne
les interventions relatives à la salubrité publique et celles de
lutte contre toutes les formes de nuisances.
Il faut signaler que la mission du PNA s'inscrit dans la
définition que l'OMS donne sur l'assainissement du milieu : c'est
l'ensemble des techniques visant à améliorer toutes les
conditions qui , dans le milieu physique de la vie de l'homme, sont
susceptibles d'influer directement ou indirectement, de manière
défavorable, sur la santé de ce dernier, c'est-à-dire le
bien être physique, mental et social.
D'une manière spécifique, les actions du PNA ont
pour objectifs :
Ø la lutte anti-vectorielle ;
Ø le contrôle et l'évacuation des
déchets solides et liquides ;
Ø le contrôle des conditions de potabilité
de l'eau ;
Ø le traitement et l'évacuation des
excrétas ;
Ø la prévention et la lutte contre la
pollution
Ø l'hygiène de l'habitat ;
Ø l'éducation et la sensibilisation de la
population aux problèmes de la salubrité.
La PNA bénéficie du Gouvernement congolais de
deux catégories de ressources : le budget annexe qui assure son
fonctionnement et la rémunération des agents sous contrats ;
en marge de ces ressources officielles, ce service réalise des recettes
informelles provenant de vidanges de fosses septiques, de la location des bacs,
bennes et pelles mécaniques, ainsi que l'enlèvement des
immondices à domicile.
Les matériels utilisés par le PNA sont de deux
catégories à savoir :
· les matériels statiques, matériels de
laboratoires et petits matériels d'assainissement (pelles, brosses dures
etc.) ;
· les pesticides (insecticides).
Ces matériels sont gérés par le bureau de
l'intendant et le transport coordonné par un chef de bureau.
En 1989, le PNA avait bénéficié d'un don
important du Japon en charroi automobile en vue de lui permettre d'atteindre
ses objectifs. Ce charroi automobile, d'une valeur d'environ
7 500 000$ US, était constitué de trois pelles
chargeuses, 15 camions porte-bacs, 30 véhicule à compression, 10
basculantes, 6 Land-cruiser, 20 brouettes motorisées (dumpers), 300
chariots de 160 bacs à ordures de 5 m².
Mais, en ce jour, le service étatique officiel
chargé de la gestion des décharges a failli à sa mission
faute des moyens adéquats pour s'y prendre.
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