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Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.

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par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU
Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011
  

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DEUXIEME PARTIE : POLITIQUE DE L' « EQUILIBRE REGIONAL » ET PREVENTION DES CONFLITS AU CAMEROUN.

L'action préventive des conflits renvoie à un certain nombre de mesures instituées en vue d'éviter l'éclatement des conflits. Elle sous-entend la nécessité d'avoir une bonne connaissance du terrain, des faits et des tendances sociaux à ce sujet pour pouvoir anticiper sur les évènements susceptibles de provoquer des affrontements. Ceci exige d'agir précocement, afin d'éviter l'éruption des différends entre les partis ou la transformation d'un désaccord en un conflit ouvert, ou encore, si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il s'étende le moins possible. Comprendre cette action pour ce qui est du cas de la société multiethnique du Cameroun revient à s'intéresser (Chapitre III.) aux réponses sociales de la PER issues des revendications ethniques susmentionnées et (Chapitre IV.) à l'équité des critères mis en exergue par la PER.

CHAPITRE I- LES REVENDICATIONS DES GROUPES ETHNIQUES ET L'ENJEU SOCIAL DE LA PER

La recherche d'institutions correspondantes à la réalité multiethnique de la société camerounaise amène les acteurs politiques de ce pays à prendre de nouvelles dispositions en matière d'administration et de représentation politique. Analyser ces nouvelles mesures et comprendre leurs modes d'expression au sein de cette société revient à évoquer d'une part (Section I.) les mécanismes institutionnels conçus pour la participation effective de toutes les communautés ethniques à l'administration publique, et d'autre part (Section II) la représentation de toutes ces tendances ethniques dans les sphères décisionnelles du Cameroun.

SECTION I- La pluriethnicité et la Représentation politique

En plus du multipartisme, des libertés publiques et de l'alternance entre autres, la démocratisation de la société camerounaise intègre la question locale étayée par l'hétérogénéité de la nationalité camerounaise. Mieux appréhender cette réalité exige que l'on s'appesantisse l'une après l'autre, (1) sur le phénomène ethno-démocratique au Cameroun, et (2) sur la répartition ethnico-régionale du pouvoir politique.

I. 1- La démocratisation et la pluriethnicité du Cameroun

Le débat autour de la démocratisation de la société camerounaise à l'aube du multipartisme intègre principalement la question de la multiethnicité de cet État. Les entreprises de représentation des ethnies, c'est-à-dire les initiatives de prise de parole pour le compte de celles-ci, trouvent une terre fertile ici. Ce débat se révèle comme l'occasion offerte aux différentes sensibilités ethniques de l'Etat du Cameroun de s'exprimer. Celles-ci dans leur quasi-totalité, font entendre leur voix dans ce cadre. L'ethnie et la région apparaissent dès lors, comme des lieux de prise de parole au sujet de la réforme constitutionnelle envisagée au cours du débat national organisé à cet effet en 1993. Car c'est la « marque ethno-régionale » qui, ici, donne droit à l'accès dans le champ politique61(*). À PREUVE, les groupes ethnico-politique que sont entre autres les Kirdi, le conseil supérieur des Bamiléké, le front national de libération du peuple Béti : issus des représentations nées de l'intensité des revendications ethniques font tous une ascension fulgurante suite à l'ouverture de ce débat.

Ce débat révèle également la remise en cause au Cameroun, du modèle de l'État jacobin, et la promotion d'un Cameroun multinational. Car tous les groupes ethniques s'accordent en fait sur la pluri nationalité du Cameroun à travers la création des régions constituées de territoires regroupant les populations ayant une même souche ethnographique et linguistique62(*). Le travail de construction sociale d'une nationalité hétéroclite rompt par ce fait avec la tradition monolithique officielle inaugurée en 1960 sous l'ancien régime.

La promulgation de la loi N° 96/06 du 18 Janvier 1996 portant révision de la constitution du 2 Juin 1972, s'inscrit elle aussi dans cette logique. Celle-ci renvoie à l'organisation de l'hétérogénéité de la nationalité Camerounaise63(*). Ainsi, la constitution du 2 juin 1972 révisée par la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 qui arrive à sa suite, reprend non seulement la disposition du préambule introduite en juin 1972 relative à la « diversité linguistique et culturelle » du peuple camerounais, mais innove également à travers les catégories de « minorités », d'« autochtones » et de « citoyens camerounais d'origine »64(*). La genèse de ces évènements ethno-démocratiques illustre en somme, la nouvelle vision politico-administrative du territoire camerounais qui, désormais, intègre les règles de représentation et de participation politique. D'où certainement la politique de la décentralisation.

* 61 (Cf.) Sindjoun, « IDENTITE NATIONALE ET « REVISION CONSTITUTIONNELLE » DU 18 JANVIER 1996: COMMENT CONSTITUTIONNALISE-T-ON LE « NOUS » AU CAMEROUN DANS L'ETAT POST- UNITAIRE ? », ww.polis.sciencespobordeaux.fr/vol1ns/sindjoun.rtf, (consulté le 14-03-11), p. 4.

* 62 (Cf.) SINDJOUN, Idem, p. 5.

* 63 (Cf.) SINDJOUN, Ibid, p. 10.

* 64 (Cf.) SINDJOUN, Ibid.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault