La médiation familiale face à la singularité des problématiques et des situations familiales( Télécharger le fichier original )par Chloé DONVAL Institut des sciences de la famille- Lyon - Diplôme d'état de médiateur familial 2011 |
C) L'absence de pouvoir décisionnelLe médiateur familial est sans pouvoir de décision, c'est-à-dire qu'il ne lui appartient pas de décider des solutions à adopter. Ceci est à mettre en lien avec « la compétence des familles », en effet, c'est à elles-mêmes qu'il appartient de prendre les décisions qu'elles jugent les plus adaptées à leur propre famille, seul les parents sont les décideurs. Le médiateur n'est ni juge ni arbitre ; en ce sens, il accompagne les personnes dans leur prise de décision, car ce n'est que de cette façon que les parents pourront reprendre confiance en eux, en leurs compétences. C'est parce que ce sont leurs solutions, celles qu'ils ont imaginées, choisies, que « l'équipe parentale » se trouvera renforcée et prêt à avancer, ensemble, pour leurs enfants. En leur restituant leur place de parent, de décideur, le médiateur les responsabilise, les valorise sur leur compétences de parents ; en leur rappelant les choix qu'ils ont pu faire dans le passé, ensemble, par exemple.. Le médiateur encourage les parents à communiquer dans le respect de l'autre, de ses idées. Il les amène à s'écouter, s'entendre afin qu'ils puissent ensemble développer leur créativité dans la recherche de solutions amiables les mieux adaptées à leur famille. D) Les recommandations éthiques et déontologiquesJe vais détailler quelques unes de ces recommandations, qui selon moi sont particulièrement importantes. Il n'existe actuellement pas de code de déontologie reconnu par l'ensemble des médiateurs familiaux. Cependant, plusieurs association en ont rédigés un. J'ai choisi celui de l'APMF11(*), qui est une association nationale, et voici quelques principes fondateurs : ñ « La médiation familiale est une démarche volontaire et choisie qui ne peut se mettre en place qu'en présence de tous les protagonistes » ; Ce premier point est l'une des spécificités de la médiation familiale. En effet, pour que le processus puisse se mettre en place, il faut que les personnes concernées par le conflit aspirent réellement à ce que la situation change. Cela commence par une volonté commune de communiquer autrement avec l'autre, et d'améliorer la relation qui les unit. Cet élément est très important, car il y a, chez les participants, une réelle envie de faire autrement, de sortir du conflit dans lequel ils sont enfermés. C'est parce qu'à un moment donné ceux-ci décident qu'il faut des changements, que ceux-ci sont alors possibles. Le médiateur devra donc s'assurer de l'engagement réel des protagonistes avant la mise en place du processus. Je détaillerai plus loin comment cet engagement peut se concrétiser. Dans ce principe déontologique, nous retrouvons aussi le fait que la médiation ne puisse se mettre en place qu'en présence des personnes concernées. Je décrirai plus largement cet élément dans une autre partie abordant la problématique de « Comment faire venir l'autre en médiation », car il est évident que, sans l'ensemble des participants la médiation ne peut se mettre en place. ñ « Le médiateur est impartial et neutre vis-à-vis des personnes qu'il rencontre » ; Je disais plus haut que le médiateur n'était ni un juge, ni un avocat ; en effet, c'est parce qu'il n'émet aucun jugement que les personnes peuvent librement s'expliquer, sans craindre le regard porté par le médiateur sur leur histoire. L'impartialité du médiateur permet la spontanéité, la franchise et l'honnêteté entre les participants. C'est grâce à cela que le médiateur pourra avoir une connaissance réelle du problème dans sa globalité et une meilleure compréhension de celui-ci. La médiation familiale doit permettre la restitution de l'équilibre du pouvoir entre les participants, car ce n'est que de cette manière que les négociations pourront être menées à bien. Hors, si le médiateur soutenait d'avantage les dires de l'une des personnes, cet équilibre serait en péril. Les parents vivant dans le conflit sont entourés de personnes ayant un avis sur leur situation ; leurs amis et leurs familles les soutiennent, et dans cette démarche de soutien, l'autre est souvent perçu comme « le mauvais », « celui qui ne fait pas bien ». Cette position peut renforcer le conflit, voire l'aggraver, mais surtout elle ne permet pas le changement. C'est parce que le médiateur est neutre et sans avis sur la situation, que les personnes peuvent enfin se reconnaître dans des visions plus positives. ñ Le médiateur familial doit respecter et préserver la confidentialité des entretiens et de tous les documents produits dans le cadre du processus de médiation familiale. Ce principe sera plus largement détaillé dans une autre partie concernant la rédaction d'écrits que les médiateurs familiaux rédigent parfois, et dans lesquels la confidentialité du contenu des entretiens doit être respectée. Après avoir défini le cadre et ses fonctions dans la médiation familiale ainsi que quelques principes fondateurs auxquels sont soumis les médiateurs familiaux, je vais maintenant vous présenter les participants à la médiation, à travers la singularité qui les caractérise. * 11 Association Pour la Médiation Familiale |
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