Conclusion
J'ai voulu à travers ce travail, répondre
à un questionnement qui s'est imposé à moi au cours de mes
études et plus particulièrement sur mes lieux de stage.
Comment prendre en compte tant de diversités
familiales tout en s'appliquant à développer un processus
précis et cadré ?
Avant de conclure, je voudrais reprendre le cheminement de ma
réflexion.
J'ai considéré que chaque famille et que chacun
de ses membres étaient uniques, que chaque problématique et
conflit qu'ils rencontraient étaient eux aussi particuliers.
Après l'avoir décrit et étudié,
j'ai postulé que le cadre de la médiation familiale permettait de
mettre en place des règles structurantes, limitatives et symboliques,
permettant aux familles d'amorcer des changements dans leur mode de
communication et dans leurs représentations communes du conflit.
De cette constatation, une problématique s'est
imposée à moi : Comment la médiation familiale
peut-elle accueillir, accompagner et s'adapter à la singularité
de chaque famille ?
J'ai développé l'idée que c'est en
s'appuyant sur la fonction contenante du cadre que le médiateur va
développer ses qualités empathiques, qualités lui
permettant de prendre en compte chaque individu, d'être, en tant que
garant du cadre, le réceptacle des émotions. Une fois celles-ci
ainsi déposées, reconnues et restituées par le
médiateur de manière plus structurée et constructive, il
est alors plus aisé pour les parents d'amorcer certains changements dans
leur vision de l'autre et du conflit. Le cadre de la médiation
fonctionne alors comme une enveloppe à l'intérieur de laquelle se
reconstruit le lien parental et s'organisent les conséquences de la
séparation.
J'ai montré que le processus, malgré une trame
commune à toutes les situations, permet une certaine
adaptabilité. Il peut s'agir pour les médiateurs eux-même
d'appliquer un certain modèle théorique auquel ils ont
été formés, des choix de techniques, d'organisation, de
mise en pratique, toujours au service des personnes. Cela se traduit par
différents éléments qui peuvent se trouver
modifiés, ajoutés, adaptés, au regard de la famille qu'il
accompagne. C'est donc aussi grâce à cette adaptabilité des
médiateurs qu'un certain nombre de médiations familiales sont
possibles. L'adaptabilité du processus grâce au médiateur,
ainsi que sa créativité et à celle des parents, la
médiation familiale se veut structurante et rassurante par son cadre
fixe et ses règles, tout en étant ouverte à chaque
situation, à chaque personne, chaque conflit, par un processus qui se
veut adaptable et en phase avec la recherche de solutions mutuellement
acceptables.
Au terme de ma réflexion, au regard des
différentes situations présentées, de la
singularité de chaque famille et donc de chaque processus et de
l'analyse que j'en ai faite, je peux donc affirmer l'hypothèse selon
laquelle : c'est grâce à la garantie, par le
médiateur, d'un cadre fixe structurant les demandes et les
échanges, à l'animation d'un processus s'adaptant aux besoins
spécifiques de chacun, couplées à la volonté des
participants de trouver ensemble des solutions mutuellement acceptables que la
médiation familiale peut accueillir les demandes de chaque famille dans
sa singularité.
Avant de mettre un terme à l'écriture, je
voudrais ouvrir ma réflexion vers un champ que je n'ai pas
développé : celui des lieux dans lesquels la
médiation pourrait être exercée, les cadres physiques
particuliers dans lesquels la médiation familiale pourrait se mettre en
place et les limites de celle-ci.
Je pense plus particulièrement aux maisons
d'arrêt, dans lesquelles certains parents, privés de leur droit du
fait d'un délit et d'une mesure judiciaire, sont contraints à
être séparés de leurs familles. Comment réussir
à maintenir un lien satisfaisant pour permettre à ces familles de
perdurer et de s'organiser face à ce placement judiciaire ?
Comment permettre l'accès à la médiation
familiale dans ce cadre particulier, et comment répondre à ces
problématiques très singulières ? Cette ouverture
est-elle possible ou est-ce une limite à la médiation
familiale ?
J'aime à croire que la médiation familiale
pourrait, un jour, avoir sa place dans de telles situations.
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