II. Modèles théoriques :
définitions, points communs.
Le développement théorique du processus
m'amène à mettre en avant la singularité de chaque
médiateur. Ceux-ci sont issus de formations très variées
et le diplôme d'état est une manière
d'homogénéiser les pratiques. Cependant, malgré un
processus de médiation familiale commun, il existe bon nombre de
modèles théoriques et donc de pratiques différentes. Les
modèles sont nombreux, voici certains d'entre eux :
ñ La Médiation Transformative par Joseph FOLGER
et Robert A. BARUCH BUSH (1994)
ñ Le Modèle du Cycle de la Médiation de
Thomas FUITAK
ñ La Négociation Raisonnée de FISHER et
URY
ñ Le Modèle Groupal Narratif de Liliana
PERRONE
Chaque médiateur, avec ses apports théoriques,
va s'identifier à un modèle qui l'aidera dans sa pratique comme
référence de son cheminement et du développement du
processus. Chaque modèle possède des spécificités,
des approches particulières du conflit et de la manière de
l'apaiser. Ce sont aussi des manières différentes
d'appréhender la question de la singularité de chacun. Voici
quelques éclairages sur ces différents modèles
théoriques :
1. La médiation transformative
La médiation transformative a été
développée par Mariane SOUQUET à partir des
théories de l'EMPOWERMENT de R.A. BARUCH BUSH et J.P. FOLGER, San
Francisco,1994. Elle repose sur deux concepts-clés : la
responsabilisation et la reconnaissance. Le médiateur encourage ici les
participants à la médiation à assumer leurs
responsabilités et à reconnaître leurs besoins et leurs
sentiments réciproques. Selon FOLGER et BUSH, les médiateurs
familiaux qui se concentrent sur les possibilités de transformation
qu'offre le processus de médiation aident leurs clients non seulement
à conclure des ententes équitables, mais aussi à mieux se
respecter personnellement et mutuellement. L'objectif étant de faire
apparaître les racines du conflit, le souci du médiateur n'est pas
tant d'aboutir à un accord que de transformer le plus
profondément possible la façon dont les personnes
perçoivent le conflit et dont elles se comporteront à l'avenir.
Un regard plus positif du conflit, transforme la vision des participants.
2. La négociation raisonnée
Pour le développement de ce concept, voici une
synthèse de ce qu'ont écrit Annie PABU et Pierrette
BONNOURE-AUFIERE dans « le guide de la médiation
familiale ».
La négociation raisonnée est
« l'épine dorsale » de la médiation
familiale. Ce concept trouve son encrage dans les idées de Mary PARKER
FOLLET, conseillère en management et pionnière de la
théorie des organisations du point de vue des relations humaines en
1924, puis est développé en 1982 par Roger FISHER et William
URY.
Le premier grand principe est de traiter différemment
les questions des personnes et leur différent. Il s'agit ici de
distinguer la problématique présentée en début de
médiation et qui fait conflit, des forces invisibles opérant
entre les participants : la perception, l'affectivité et la
communication. C'est pourquoi il est essentiel que le médiateur
distingue, dans ce que lui présentent les personnes, où se situe
l'enjeu réel.
Le second grand principe est de se concentrer sur les
intérêts en jeu et non sur les positions de chacun. Ici, l'une des
tâches la plus importante du médiateur est de parvenir à
comprendre les besoins qui animent le négociateur. Il peut ainsi
déceler les motivations profondes des personnes à travers
l'expression de leurs craintes et de leurs désirs. Il s'agit ici pour le
médiateur de mettre en lumière les intérêts communs
des personnes et pour cela il est nécessaire que celles-ci aient une
définition commune du problème avant d'entrer dans la phase des
négociations. Le médiateur doit fonder son action sur des bases
positives et non sur les positions exprimées au départ.
Le troisième principe est d'élaborer une gamme
d'options. La négociation raisonnée invite les participants
à élaborer une gamme d'options et d'accepter de cesser de
s'accrocher à une solution privilégiée. Il s'agit donc
pour les personnes de se détacher de leur position initiale.
Le quatrième principe consiste à, quand les
désaccords subsistent, exiger l'utilisation de critères
objectifs, comme les besoins de l'enfant par exemple. En effet, dans la
situation où les personnes restent sur leur position et n'aboutissent
pas à une entente, la négociation raisonnée suggère
de trouver une manière de faire ou un critère objectif sur
lesquels les participants pourraient s'entendre. Par exemple amener les
personnes à réaliser que si elles ne trouvent pas d'accord mutuel
en médiation, leur conflit sera jugé au tribunal et il faudra
alors qu'elles acceptent la décision du magistrat.
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