ANALYSE DÉMOGRAPHIQUE : ÉTAT ET
ÉVOLUTION DE LA POPULATION
I.
Répartition spatiale de la population
Selon les projections officielles, la population de la
région de Ziguinchor est estimée en 2010 à 713440
habitants. Elle représente 6% de la population du
Sénégal avec une densité supérieure à la
moyenne nationale comparable à celle du bassin arachidier. Elle est de
97 habitants/km² contre 65 au niveau national selon les estimations 2010.
Toutefois, il est à noter que cette répartition n'est pas
uniforme : l'importance des forêts et zones marécageuses
explique l'existence de parties quasiment inhabitées. De ce fait, on
peut rencontrer des densités allant de 5 habitants/ km² à
300 habitants/km². Le conflit aussi aura favorisé le
dépeuplement de certaines zones qui, naguère étaient
très peuplées. Nous reviendrons plus en détaille sur cette
disparité un peu plus loin dans le document.
C'est une région dont l'accroissement naturel est
à l'image du reste du pays. En effet, le coefficient d'accroissement
était de 2,6% entre 1976 et 1988 et 3% entre 1989 et 2002, donc
légèrement au dessus de celui national qui était de 2,5%
entre 1976 et 2002. Cela montre que l'accroissement démographique de la
région est relativement fort. Ainsi, il n'aura fallu que 25 ans à
cette population pour doubler passant de 361002 en 1985
à 713440 habitants en 2010. Ce constat permet indirectement de ressortir
un aspect de cette population ayant trait à la pauvreté, dans la
mesure où 25 ans est la période moyenne de redoublement des
populations pauvres.
L'évolution de la population de Ziguinchor a une
tendance linéaire avec un coefficient de détermination de l'ordre
de 0,98.
Graphique 1: Evolution de la population de Ziguinchor
entre 1980 et 2013
Ce parfait ajustement laisse présager que le conflit
n'a pas eu tellement d'effets sur l'effectif global de la population et cela
malgré la mortalité et la migration qu'elle aura pu occasionner.
Pourtant, en 2006, Handicap International publie un rapport
rédigé par Nelly Robin (IRD), Babacar Ndione (Handicap
International), dans lequel il est inscrit que plus de 125 villages de la
région sont aujourd'hui abandonnés et que la moitié de ces
derniers appartiennent au département de Ziguinchor. Ainsi, partant de
ces observations, il serait pertinent pour nous de répondre à
certaines questions :
· Quelle est la carte démographique de
la région autrement dit la répartition de la population
suivant la zone de résidence et suivant le département de 1980
à 2010 ? A-t-elle vraiment connu des
modifications ?
· Quelle est la structure de la population en
termes d'âge et de sexe ?
· Quelle est sa composition ethnique et
religieuse ?
1. Répartition
selon la zone de résidence
Entre 1980 et 2010, la population urbaine est passée de
34% à 47%. Cependant l'observation des données nous montre que
cette urbanisation a été accélérée par le
conflit comme le montre le graphique suivant :
Graphique 2: Evolution de la population urbaine entre
1980 et 2010
Entre 1980 et 1983, on voit que le taux d'urbanisation n'a
pas progressé, il y a quasiment une absence d'exode rurale ou
d'immigration vers les villes de la région. Cela s'explique par le fait
que la population autochtone (Diola, Baïnouck) est très
encrée à sa terre car son activité est essentiellement
tournée vers l'agriculture.
Toujours reste-t-il que Ziguinchor, à cause de sa
richesse et de l'essor qu'elle connaissait à cette époque fut une
zone d'influence qui attirait beaucoup d'immigrés avant 1983.
1983 coïncide avec le début du conflit et
jusqu'en 1998, son intensité aura joué en faveur de
l'urbanisation passant de 34% à 46%. Cela est dû au
déplacement des populations des zones rurales, zones
d'insécurité vers les villes où l'armée nationale
est beaucoup plus présente. Ainsi, notera-t-on une poussée
démographique dans des communes comme Ziguinchor et Bignona. Situation
qui a favorisé la paupérisation de cette population et
l'occupation anarchique de l'espace de ses communes.
Depuis 2002, le taux tourne autour de 46 et 47%. 2002,
rappelons le, est la date de signature du traité de paix entre l'Etat du
Sénégal et le MFDC. Avec le programme de déminage et de
reconstruction entamé depuis 2008 on devrait s'attendre à une
décongestion progressive de ces villes.
Suivant les départements on note de grandes
disparités en ce qui concerne l'urbanisation, le département
d'Oussouye et de Bignona ont des populations urbaines très faibles
respectivement 11% et 17%, le taux régional est surtout
élévé par la forte urbanisation du département de
Ziguinchor 84%.
Bref, entre 1980 et 2010, ont aura surtout constaté une
hausse progressive de la population urbaine donc inversement une baisse du
poids démographique de la population rurale. Cependant, plus de la
majorité de la population est rurale 53% de l'effectif total de la
région selon les données de 2010.
Graphique 3: Population de la région selon le
milieu de résidence entre 1980 et 2010
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