Tableau 26 :
Comparaison de l'épargne mobilisée entre membres et non membres
des
CVECA
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êtes-vous membre ?
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N
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Moyenne
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Ecart-type
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Combien avez vous épargné cette année?
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Oui
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250
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80408,08
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193254,436
|
Non
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250
|
15468,00
|
55910,257
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Où Tcal=5, 104 au ddl= 448 et le niveau de
confiance est à 90%
Il y'a une différence significative à 10% entre la
moyenne de l'épargne mobilisée chez les membres et chez les non
membres des CVECA.
La question de confidentialité de l'épargne peut
être la raison principale de cette différence. Mais aussi la
quête d'une garantie à contracter le crédit.
En somme la raison de la non adhésion des femmes
à des services financiers de « proximité »
(Gentil, 2002) peut s'expliquer par le fait que toutes les femmes n'ont pas
encore adopté cette innovation (Rogers,1983) de sécurité
des fonds et de recherche des sources de financement auprès des CVECA
pour une augmentation de revenus. Or, les tests ci-dessous montrent bien que
les membres demandent plus, reçoivent plus et épargnent plus
d'argent pour se faire ce que Parrot(1998) appelle une
« épargne de précaution » dans le but de
sortir de la précarité dans laquelle elles sont
plongées.
En définitive l'étude a été
schématisée de la manière suivante :
Figure 8: Schémas de l'étude sur
l'accessibilité des femmes aux services financiers dans la
Région du Centre-Cameroun
Haut de la figure : Les femmes rurales
ont des besoins qui sont la résultante :
- des besoins de leurs enfants (santé, frais de
scolarité, alimentation, habillement...etc) ;
- de leurs conjoints qui expriment des demandes de fonds pour
les activités d'exploitation agricole en général (achat
d'intrants, main-d'oeuvre et commercialisation des produits) et des
recouvrements de dettes de ces derniers puisque les femmes ayant parfois honte
à la place de leurs maris, préfèrent rembourser les
créances de ces derniers;
- de leurs propres besoins d'investissement dans les
Activités Génératrices de Revenus tels que :
l'agriculture, le petit commerce, la transformation des produits (bâton
de manioc, couscous de manioc, tapioca...), on peut aussi citer les besoin
d'investissement de leurs enfants.
Centre : Nanties de toutes ces charges,
les femmes rurales sont obligées d'aller auprès des EMF pour
celles qui en sont membres ou auprès des sources de financements
informelles afin de prendre de l'argent, pour le bien être de leur
ménage
Coté droit de la figure : Aux
besoins ci-dessus viennent s'ajouter les contraintes d'accès au
financement des femmes à savoir :
· Le manque de formation : Cette contrainte est plus
ou moins la cause de la non mobilisation des femmes autour des offres
financières de leurs EMF. Le poste de trésorier étant la
seule fonction généralement occupée par les femmes dans
les COGES sur les 6 ou 8 à pouvoir. Or, ce sont ces membres du COGES qui
reçoivent le plus de formation des bailleurs de fonds. Elles sont par
là exclues en majorité des enseignements sur les avantages des
services financiers qui sont pourtant une grande motivation pour l'accès
à ces services ;
· Les garanties parmi lesquelles : les garanties
matérielles (motos, ustensiles de cuisine, exploitation agricole...etc)
et morales (avaliste) limitent l'accès des femmes aux services
financiers ;
· Les frais d'adhésion élevés :
Les CVECA aujourd'hui ont des frais d'adhésion compris entre 7 000
et 9 000 Fcfa contre la gratuité dans les associations, ce qui
poussent ainsi les femmes à aller s'inscrire dans les tontines où
leur épargne n'est pas sécurisée et les crédits
octroyés sont relativement plus bas.
· Le faible accès et contrôle des ressources
productives : la terre constitue la principale ressource productive que
les femmes ne possèdent et ne contrôlent pas dans les
ménages, ce qui ne garantie pas une pratique de l'agriculture et des
ressources financières permanentes et continues ;
· L'auto-exclusion des femmes : les femmes se
considèrent parfois marginalisées par les hommes au point
où bien qu'ayant un compte d'épargne fourni, condition
essentielle d'accès aux services financiers, elles ne demandent pas de
crédits à la caisse, par peur de s'endetter
déclarent-elles ;
· La rigueur dans les conditions d'octroi des
services : les conditions regroupent les frais d'adhésion, les
garanties plus les cautions de demande des services ;
Le manque de solidarité de la caisse : les
cérémonies heureuses ou malheureuses sont les endroits
indiqués pour la manifestation en grande pompe d'une solidarité
à un membre. Or, les textes des caisses ne prévoient pas
l'assistance physique à un membre, ce qui attire beaucoup de femmes dans
d'autres associations où règnent ruses et manque de
sécurité des fonds.
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