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Université PAUL VALERY - Montpellier III
Master Territoires, Sociétés,
Aménagements Et Développement
Gestion Des Catastrophes Et Des Risques
Naturels
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L'optimisation des PCS et de la gestion du risque « inondation »
au moyen d'outils SIG dans le Grand Delta du Rhône
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Yann VISSEROT
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Soutenance le 14 juin 2011
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Sous la direction du Pr Freddy VINET,
GESTER/GRED
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MASTER 1 GCRN 2010/2011
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Sigles et abréviations
BDTR : Base de Données Topographiques
Rhône
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BP : Before Present
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CNR : Compagnie Nationale du Rhône
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COS : Commandant des Opérations de Secours
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DICRIM : Document d'Informations Communal sur les
RIsques Majeurs
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DOS : Directeur des Opérations de Secours
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DREAL : Direction Régionale de l'Environnement,
de l'Aménagement et du Logement
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EGR : Etude Globale Rhône
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FIMFRAME : Flood Incident Management, a FRAMEwork for
improvement
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FRP : Flood Risk to People
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IGN : Institut Géographique National
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INSEE : Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques
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LR : Languedoc-Roussillon
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MEDDTL : Ministère de l'Environnement, du
Développement Durable, du Transport et du Logement
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MNT : Modèle Numérique de Terrain
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NGF : Nivellement Général de la France
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ORSEC : Organisation de la Réponse de la
SEcurité Civile
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PCC : Poste de Commandement Communal
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PCS : Plan Communal de Sauvegarde
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PER : Plan d'Exposition aux Risques
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PGOPC : Plan de Gestion des Ouvrages en Période
de Crues
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PHE : Plus Hautes Eaux
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PK : Point Kilométrique, peu à peu
remplacé par les PR (Point de Repère)
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PPI : Plan Particulier d'Intervention
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PPRi : Plan de Prévention du Risque
inondation
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PSS : Plan de Surfaces Submersibles
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RCSV : Réserve Communale de
Sécurité Civile
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RFF : Réseau Ferré de France
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SDIS : Service Département d'Incendie et de
Secours
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SIDPC : Service Interministériel de
Défense et de Protection Civile
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SIDR : Syndicat Intercommunal des Digues du
Rhône
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SIHTB : Syndicat Intercommunal Hydraulique Tarascon -
Barbentane
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SIG : Système d'Information
Géographique
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SIP : Site Industriel et Portuaire
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SPC : Service de Prévision des Crues
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SYDRHEMER : SYndicat des Digues du RHône Et de la
MER
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SYMADREM : SYndicat Mixte interrégional
d'Aménagement des Digues du Delta du Rhône et de la Mer
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VNF : Voie Navigable de France
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ZEC : Zone Expansion des Crues
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Remerciements
En premier lieu, je tiens à remercier mon professeur
Monsieur Freddy VINET, pour ses conseils et son investissement durant la
durée de ce travail.
Je tiens à montrer ma reconnaissance à Monsieur
André MONTAGNIER, gestionnaire des risques de la commune de Tarascon,
pour la confiance qu'il m'a accordée pendant la durée de mon
stage, et l'apport conséquent de ses connaissances sur la gestion du
risque inondation dans le Delta du Rhône. Je remercie également
son adjoint Monsieur Yann FROSSARD, pour avoir répondu à mes
nombreuses questions, ainsi que l'ensemble du personnel du centre technique de
Tarascon pour leur accueil. Je remercie également le capitaine J-F
BISCAY du SDIS 13 pour le temps qu'il m'a accordé.
Je tiens à remercier Madame Séverine CHARDES et
Monsieur Thibault MALLET du SYMADREM pour leur réactivité dans la
mise à disposition des données hydrauliques. Monsieur David
RIALLANT de la société Pict'Earth, Monsieur J-R LECLERE
(GESTER/GRED) et Monsieur Laurent BOISSIER (GESTER/GRED) pour m'avoir fourni
des documents nécessaires à cette étude. Je remercie
également l'ensemble des personnes qui ont participé à ce
travail : responsables PCS des préfectures et gestionnaire des
risques des communes de la plaine de Beaucaire à Fourques.
Enfin je remercie ma famille et mes amis pour leur soutien
moral et financier pendant la durée de la rédaction de ce
mémoire, et j'ai également une pensée pour ma compagne,
pour sa patience.
Sommaire
Introduction
3
Méthodologie
8
1. Présentation du contexte
géographique
10
1.1. Délimitation de la zone
d'étude et particularités.
10
1.2. Géologie et
géomorphologie globale du Grand Delta du Rhône
12
1.3. Régime hydrologique et crues du
Rhône
15
1.4. La problématique des inondations
de plaines
25
1.5. Les enjeux dans le Grand Delta du
Rhône
27
2. La gestion du risque inondation dans le
Delta du Rhône
33
2.1. Les mesures structurelles
33
2.2. Bilan sur les PCS et les PPRi dans le
Delta du Rhône
37
2.3. Un outil d'aide à la
décision : la topographie à une échelle fine
46
3. Application du modèle Flood Risk
to People
54
3.1. Présentation du secteur
choisi : la plaine de Beaucaire à Fourques
54
3.2. Les objectifs du modèle Flood
Risk to People
55
3.3. Méthodologie et rassemblement
des données
57
3.4. Résultats
67
Conclusion
78
Introduction
Les plans communaux de sauvegarde ont été
instaurés par la loi n°2004-811 du 13 août 2004 sur la
modernisation de la sécurité civile, article 13 et le
décret d'application n° 2005-1156 du 13 septembre 2005 qui oblige
les communes à élaborer un PCS dans les deux ans qui suivent
l'approbation d'un PPRi ou d'un PPI. L'Etat a souhaité mettre en place
ce document suite à la récurrence des évènements
majeurs. Entre 2001 et 2010 on comptabilise 670
« catastrophes » naturelles en France
(métropolitaine et DOM-TOM), soit 15 539 morts (principalement dus
à la canicule de 2003) et dix milliards d'euros de dommages aux biens
assurés (source BDCATNAT, 2011). Cette récurrence et ce besoin de
sauvegarde est d'autant plus fort dans le Grand Delta du Rhône, où
le fleuve a connu cinq crues majeures en dix ans (1993, 1994, 2002 par deux
fois et 2003). Si les victimes sont très peu nombreuses, les
dégâts économiques sont très importants. Même
si la dynamique fluviale du Rhône aval ne provoque pas des crues
extrêmement dangereuses (comme celles que peuvent connaître les
cours d'eau au bassin versant de petite taille), la vigilance reste
indispensable. Les maires ont donc plus de responsabilités, à une
époque où les populations réclament de plus en plus de
sécurité et cherchent des responsables à chaque
évènement dommageable (il suffit de regarder un journal
télévisé pour vérifier cet état de fait).
Malgré cette responsabilisation du rôle des
maires, les PCS ont plutôt été bien accueilli par les
décideurs locaux (Vinet, 2009). Le document s'étend d'une simple
plaquette pour les communes ayant peu de moyens, à de réelles
démarches locales qui supposent des moyens conséquents.
L'apparition de ce nouveau document est depuis quelques années l'objet
de rapports (Gralepois, 2008) ou de publications visant à
l'amélioration du document. Le programme européen (collaboration
entre l'Angleterre, les Pays-Bas et la France) FIM-FRAME, financé par
ERA-Net CRUE, a plusieurs objectifs :
- mettre au point une méthodologie d'évaluation
des plans de secours « inondation » (les PCS en France)
- évaluer les outils existants et établir des
outils pour améliorer la gestion des inondations
- mettre en place un guide méthodologique à
destination des gestionnaires
C'est dans ce cadre qu'un travail d'optimisation au moyen
d'outil SIG a été entrepris, avec l'apport de la commune de
Tarascon (13) et du gestionnaire des digues du Delta du Rhône, le
SYMADREM.
L'étude en trois parties s'intéressera dans un
premier temps au contexte géographique. La connaissance du terrain est
primordiale dans la gestion du risque, cette partie permettra de se
familiariser avec les particularités de ce territoire et ainsi de
pouvoir spatialiser les différents enjeux. Ensuite, nous aborderons la
gestion du risque inondation dans le Delta du Rhône, des mesures
structurelles aux démarches locales, en passant par un bilan actuel sur
les PCS ET PPRi. C'est dans cette partie que sera élaborée une
méthodologie d'utilisation de la microtopographie comme outil d'aide
à la décision. Enfin, la troisième partie mettra en place
une application du Flood Risk to People sur la plaine de Beaucaire à
Fourques. Cet outil encore peu utilisé permet d'évaluer l'impact
d'une crue sur les enjeux humains.
Méthodologie
La méthodologie utilisée pour mener à
bien cette étude s'est faite suivant les trois parties de ce
mémoire.
Partie 1 : cette partie présente
le contexte géographique de la zone d'étude, les
différents types d'aléas d'inondations sur ce territoire (hormis
la submersion marine) et les enjeux possibles. Elle a donc
nécessité un travail bibliographique pour pouvoir connaître
le territoire et comprendre les risques présents. La lecture critique
des sources et le croisement des informations font partie intégrante de
ce type de recherche. L'apport des connaissances de Mr MONTAGNIER (directeur du
Pôle Risque de Tarascon) sur le Rhône et plus
particulièrement le territoire de Tarascon (plaine de Boulbon, plaine du
Trébon, Vigueirat central et le système d'endiguement) ont
été d'une grande utilité.
Partie 2 : pour cette partie, un travail
bibliographique a encore été nécessaire. La participation
à l'atelier FIMFRAME sur la commune de Tarascon nous a permis de cibler
les pistes d'amélioration du PCS de cette commune et d'assimiler la
démarche de ce programme. Un entretien avec le capitaine J-F BISCAY du
centre de secours SDIS 13 de Tarascon a permis de cibler les manques en termes
de cartographie de l'aléa et cibler des pistes pour les combler, faute
de modélisation hydraulique. L'exploitation de la BDT Rhône de
l'IGN, principalement du MNT (mise à disposition par la mairie de
Tarascon) a été la solution pour essayer de combler les lacunes
en termes de cartographie de l'aléa.
Partie 3 : le travail s'est en grande
partie appuyé sur la méthodologie de la modélisation
« Flood Risk to People », issu du mémoire de J-R
LECLERE. La collecte des données nécessaires pour entreprendre ce
travail s'est faite auprès des organismes intéressés,
notamment l'INSEE et les différentes mairies des communes
impactées par les inondations sur la plaine de Beaucaire à
Fourques (par entretien téléphonique). Les données
hydrauliques ont été mises à disposition par le SYMADREM.
Cette modélisation sur les crues du Rhône est la première
de ce type en France, l'analyse critique des résultats permettra de
valider, ou non, le modèle pour des crues lentes sur la base des sources
disponibles (qui ne nécessite pas de longues enquêtes de terrains,
hormis les modélisations hydrauliques).
Partie 1
-
Présentation du contexte géographique
1. Présentation du contexte
géographique
1.1. Délimitation de la zone
d'étude et particularités.
D'après le SANDRE1(*), le bassin versant du Rhône français a
une superficie de 90 370 km² (environ 16,5% du territoire
métropolitain), pour un fleuve d'une longueur de 544,9 km en France.
Notons que la superficie totale du bassin versant est de 95 590 km² pour
un fleuve d'une longueur totale de 812 km. Ce cours d'eau au régime
complexe prend sa source en Suisse au niveau du Lac Léman où son
régime torrentiel ne ressemble en rien au régime fluvial
d'apparence « paisible » qu'il connait après avoir
reçu la majeure partie de ses affluents. Ce fleuve majestueux (large de
450 mètres au niveau de Beaucaire) se divisera en deux bras à
l'amont d'Arles avant de se jeter dans la mer Méditerranée en
deux endroits : Port Saint-Louis du Rhône pour le Grand Rhône
(à 50km de la confluence) et les Sainte Marie de la Mer pour le Petit
Rhône (à 60km de la confluence). Il traversera 11
départements et 231 communes avant d'y parvenir.
Nous nous intéresserons au Grand Delta du
Rhône : cette zone géographique commence après que le
Rhône ai reçu son dernier affluent naturel (le Gard), à
l'amont des villes de Tarascon (13) et Beaucaire (30) et se termine aux
embouchures du fleuve. Le territoire concerné, à cheval sur les
départements du Gard (rive droite du Rhône) et les Bouches du
Rhône (rive gauche du Rhône), est grandement tributaire de son
fleuve. Il constitue des « frontières » naturelles
entre différents secteurs : la Camargue gardoise (ou petite
Camargue) à l'ouest du Petit Rhône, la Camargue insulaire entre
les deux bras du Rhône et le plan de Bourg à l'est du Grand
Rhône. L'étude se concentrera principalement dans les limites de
la BDT Rhône de l'IGN, cette base de données couvre un territoire
d'environ 700 km² (figure 1).
Figure 1 : Limite de la zone
d'étude.
1.2. Géologie et géomorphologie globale du Grand
Delta du Rhône
1.2.1. Le Grand Delta du Rhône
Le Grand Delta du Rhône est constitué d'une vaste
plaine sédimentaire aux pentes très faibles (0,27%o entre le
confluent de la Durance jusqu'à Arles, puis 0,04%o jusqu'à la
mer) avec une altitude dépassant que très rarement les 15
mètres NGF (dans sa partie Nord), hormis les reliefs de la Montagnette,
des Alpines et le rocher de Arles-Montmajour, qui sont les traces d'une
réactivation de la tectonique pyrénéenne par la tectonique
alpine. Le delta a commencé à se former au Quaternaire, avec la
succession des cycles glaciaires. Sa base est composée de vastes nappes
alluviales caillouteuses datées entre 19 000 et 12 000 BP (Provansal et
al, 2004). Par la suite ce sont les multiples transgressions et
régressions marines qui ont mis en place les différentes
unités sédimentaires, particulièrement dans le Sud du
delta. Le reste des apports terrigènes est principalement dû au
dépôt du fleuve, notamment lors de ses crues (80% de la charge
solide annuelle circulent en 20% du temps selon J.-C. Roditis et
D. Pont, 1993, in Maillet et al, 2006).
La structure géomorphologique et sédimentaire du
delta est également dépendante des changements de bras du
Rhône (voir figure 2), mais cette mobilité deltaïque a
tendance à diminuer depuis le Petit Age Glaciaire (PAG), tout comme
l'apport sédimentaire (Maillet et al, 2006).
Figure 2 : L'évolution des bras du
Rhône et du rivage de l'époque Antique au XVIII°
siècle (Source: PNRC 2011). A :
époque antique, B : Moyen Age, C : XVIII° siècle,
trait plein : ligne de rivage, trait discontinu : bras du
Rhône)
Les divagations du cours d'eau ont laissé de nombreux
bras morts, plus ou moins marqués dans le paysage. Ces bras morts ont
une importance notable dans les cinétiques de crues et peuvent
créer des fragilités dans les digues (SYMADREM, 2011).
D'après les différents auteurs, cette diminution
d'apports solides serait la cause du changement hydro-climatique depuis cette
période ainsi que l'anthropisation grandissante. Depuis le PAG la
diminution des évènements pluviométriques a diminué
la fréquence des crues et donc des apports sédimentaires. De plus
l'endiguement « fixe » le Rhône dans son lit actuel.
Pour renforcer ces propos, la figure 3 montre l'impact des forçages
sociétaux sur les variations relatives de l'apport sédimentaire
à l'embouchure. L'impact de l'anthropisation n'est donc pas sans
conséquence sur l'évolution naturelle du fleuve.
Figure 3 : Impact des forçages
sociétaux sur les variations relatives des apports sédimentaires
à l'embouchure (extrait de Maillet et al, 2006).
RTM : Restauration des Terrains de Montagne. MES : Matières En
Suspension. RCC : Rhône Court-Circuité.
Il faut relever parmi ces conséquences la diminution
des apports solides à l'embouchure ayant pour cause l'endiguement et les
casiers Girardons2(*). Cette
diminution de la sédimentation à l'embouchure entraîne une
augmentation de la sédimentation sur les marges alluviales et donc un
exhaussement. L'exemple le plus flagrant se situe entre Tarascon et Arles,
où le lit mineur du Rhône est en « toit »
(voir annexe 1), ce qui rend particulièrement difficile le ressuyage de
la plaine du Trébon (qui s'étend du Sud de Tarascon au Nord de
Arles) en cas de surverse sur le remblai RFF (nous discuterons plus en
détail des ouvrages de protections contre les crues dans la partie 2) ou
de brèches (comme pour les évènements de 2003). Nous
reviendrons plus tard sur l'importance des crues du Vigueirat central dans
cette zone.
1.2.2. Les différents lits du Rhône.
Dans le Grand Delta du Rhône, les premières
digues ont vu le jour au moyen-âge, et les constructions les plus
importantes ont eu lieu au XIXe siècle, en réponse aux terribles
inondations de cette période (suite aux inondations de 1840
principalement). Le lit mineur est donc connu et
« fixé » par les ouvrages de protections.
Cependant, comment connaître le lit moyen et le lit
majeur d'un fleuve qui ne s'écoule pas librement ?
La crue de 1856 étant l'évènement connu
le plus important, elle sert de référence aujourd'hui, notamment
dans le cadre des PPRi : on considère la limite de cette crue comme
le lit majeur. Cependant, cet évènement a été
fortement influencé par les ouvrages de l'époque et par les
ruptures de digues (la brèche de Barralier sur la digue de la
Montagnette à Tarascon par exemple). Un tel évènement a
peu de chance de se reproduire aujourd'hui, la crue de 2003 (même si le
débit du Rhône a été estimé moins important
que celui de l'époque, il s'agit d'un évènement majeur) en
est le parfait exemple. Les ouvrages ont été renforcé (ou
vont l'être dans le cadre du plan Rhône), donc des endroits
fragiles ne le seront plus, et d'autres zones de faiblesses feront leurs
apparitions. Il est peu probable que pour un évènement identique
à celui de 1856 la cinétique de crue soit semblable. Cependant
les règles en termes d'occupation des sols sont basées sur cette
limite, elle n'est donc pas encore considérée comme
obsolète.
Le lit moyen du Rhône n'est pas connu dans son
état naturel. Il est logique de considérer la partie de terre
située entre les digues et le cours d'eau (« les
Ségonnaux ») comme tel.
1.2.3. Le lit majeur de la Durance
La Durance se jette dans le Rhône en amont de la zone
étudiée, au Sud d'Avignon. Outre l'importance que cette
rivière peut avoir dans les apports liquides lors des crues du
Rhône, on peut également souligner que son lit majeur exceptionnel
s'étend jusque dans la plaine Sud de Tarascon, au pied de la Montagnette
(voir figure 4). Une crue du Rhône importante associée à
une crue de la Durance de la même importance pourrait donc
s'avérer très dommageable pour la commune de Tarascon. Cependant,
un tel évènement à peu de chance de se produire car la
Durance est elle aussi endiguée dans sa partie basse, notamment entre
Cavaillon (84) et Avignon (84). La probabilité que tous les
paramètres nécessaires se réalise pour que le Durance
inonde les plaines de Tarascon est infime, mais non nulle.
Figure 4 : L'extension maximale du lit majeur de
la Durance (méthode hydro-géomorphologique).
1.3. Régime hydrologique et crues du Rhône
1.3.1. Le régime hydrologique du Rhône...
Après le confluent du Gardon, le Rhône devient le
fleuve français au débit le plus puissant (deuxième
derrière le Nil au niveau du bassin méditerranéen). Son
débit annuel de 1700 m3 en moyenne permet au concessionnaire
du fleuve (la CNR) de mettre en oeuvre de nombreux aménagements, tels
que des barrages hydroélectriques ou des zones portuaires. Cependant le
fleuve connaît un étiage relativement marqué (figure 5)
où le débit du mois d'août est inférieur au
débit annuel d'environ 37%. Pour élément de comparaison,
le Rhône à Viviers (07) connaît un étiage
inférieur de 29% au débit annuel (1490 m3/s).
Figure 5 : les écoulements mensuels du
Rhône à Beaucaire (1920-2005). D'après
BanqueHydro/CNR, 2011. (Y.Visserot, 2011)
Le bassin versant du Rhône étant soumis aux
influences des climats océaniques et méditerranéens, le
régime du fleuve s'en trouve marqué, notamment pendant les
périodes de hautes eaux. Les influences océaniques se font
principalement sentir pendant la saison froide et l'influence
méditerranéenne en automne (Pardé, 1919). La fonte des
neiges dans les massifs alpins et jurassiens ont également un rôle
dans la variabilité du régime hydrologique (de mars à juin
principalement) (Méjean, 2007).
1.3.2. ...et ses crues.
Les crues du Rhône aval découlent naturellement
de son régime hydrologique particulier. Les travaux
réalisés dans le cadre de l'EGR et les publications de
M.Pardé fournissent une quantité de détails sur le
régime du fleuve et de l'origine de ses crues. Quatre types de crues ont
été mis en avant :
- Les crues océaniques : elles
ont lieu généralement entre octobre et mars. Elles sont dues aux
flots du Rhône supérieur, de la Saône et de l'Isère
(bien qu'ayant une influence moindre). Des précipitations soutenues et
régulières sont à l'origine de la montée des eaux,
mais l'onde de crue arrive à Beaucaire affaiblie. La montée des
eaux est donc lente, et la décrue est assez rapide.
- Les crues cévenoles : elles ont
lieu dans une période comprise entre septembre et octobre. Les affluents
majoritairement responsables sont ceux qui prennent leurs origines aux abords
du Massif Central en rive droite. L'Ardèche, l'Eyrieux, la Cèze
et le Gard sont tous soumis aux épisodes cévenols, qui se
caractérisent par des évènements pluvieux intenses sur des
bassins versants compacts et imperméables. Les crues du bas-Rhône
sont donc plus rapides que les précédentes et plus violentes. La
Durance peut parfois avoir de l'influence dans ce type de crues.
- Les crues méditerranéennes :
l'occurrence de ces crues est plus tardive que les crues
cévenoles (octobre - novembre) et l'extension spatiale est
supérieure. Les pluies méditerranéennes peuvent concerner
les Alpes, le couloir rhodanien ou encore les Cévennes. Cependant, trois
affluents ont un rôle particulier dans ces crues : l'Ouvèze,
l'Aygues et la Durance. Cette dernière est celle qui a le plus
d'influence sur le maximum à Beaucaire. Ce type de crue est relativement
rapide, bien que plus lent que l'espèce de crue
précédemment citée.
- Les crues
généralisées : ces crues sont la
résultante de la succession d'évènements océaniques
et méditerranéens ou parfois par la simultanéité
des différents types crues. Pour qu'une crue générale du
Rhône se produise, le bassin doit déjà avoir reçu
une grande quantité d'eau. De telles crues affectent l'ensemble du
bassin du Rhône.
La plupart des crues du Rhône aval ont lieu entre
septembre et décembre (voir figure 6)
Figure 6 : La répartition (en %) sur
différentes périodes de l'année des arrêtés
CATNAT "inondations" dans le Gard et les Bouches du Rhône (de 1982
à 2011). Source: Base GASPAR/MEDDTL 2011. (Y.Visserot, 2011)
Les pluies cévenoles et méditerranéennes
sont donc prépondérantes dans la formation des crues du
Rhône inférieur. Ceci est confirmé par la
répartition des arrêtés CATNAT
« inondations » par communes sur l'ensemble des
départements au contact du fleuve Rhône (figure 7 en page
suivante). Cet ensemble cartographique nous montre que les périodes de
crues entre le Rhône aval et le Rhône supérieur ne sont pas
forcément concomitantes. En effet, le Rhône à l'amont de
Valence connaît la plupart ses crues entre janvier et août.
1.3.3. Période de retour des crues
Le Rhône à Beaucaire est considéré
en crue quand le débit dépasse 3850 m3/s (seuil
d'alerte jaune Météo France). Ces crues sont fréquentes et
ne causent pratiquement pas de dégâts. Mais des crues plus
conséquentes se produisent relativement souvent. Le tableau 1
présente ces périodes de retour ; il est basé sur les
données de l'EGR et le tableau de synthèse de la Banque Hydro.
Concernant les données de la Banque Hydro, elles ont été
calculées sur 85 ans (1920-2005) et fournissent un intervalle de
confiance où le paramètre estimé a 95% de chance de se
trouver.
Tableau 1 :
Période de retour des crues à Beaucaire. (Y.Visserot,
2011)
Fréquence
|
Débits
|
Intervalle de confiance
|
Source
|
biennale
|
5900
|
[5700 ; 6100]
|
Banque Hydro
|
quinquennale
|
7300
|
[7000 ; 7800]
|
Banque Hydro
|
décennale
|
8300
|
[7900 ; 8900]
|
Banque Hydro
|
vicennale
|
9300
|
[8700 ; 10 000]
|
Banque Hydro
|
cinquantennale
|
10 000
|
[9800 ; 11 000]
|
Banque Hydro
|
centennale
|
11 300
|
?
|
EGR
|
cinqcentennale
|
13 300
|
?
|
EGR
|
millénale
|
14 160
|
?
|
EGR
|
Les débits pendant les crues sont très
importants, même pour une crue décennale. Le débit du
Rhône à Beaucaire sera cinq fois supérieur au débit
annuel moyen. La fréquence et l'importance des volumes mis en jeux ont
parfois conduit à des évènements marquants. Les
populations du Rhône ont développé une culture du risque
forte pour pouvoir apprendre à vivre avec ce fleuve.
Figure
7 : Le nombre d'arrêtés CATNAT "inondations" par
commune des départements du bassin versant du Rhône.
1.3.4. Retours sur quelques crues historiques.
Comme nous l'avons dit précédemment, les crues
du Rhône sont fréquentes. Cependant, certaines de ces crues sont
considérées comme des évènements majeurs et ont
fortement influencé la gestion du risque inondation dans le Delta du
Rhône. Entre 1856 et 2011, le Rhône a connu six crues au
débit supérieur à 10000 m3 (proche de la
centennale) (figure 8).
Figure 8 : Les trente plus fortes crues du
Rhône à Beaucaire entre 1856 et 2003. Source CNR 2004.
(Y.Visserot, 2011)
Durant le XIXe siècle, de nombreuses crues se sont
produites. Celle de 1840 figure encore aujourd'hui parmi les
évènements les plus catastrophiques.
La crue d'octobre-novembre 1840 reste, en termes
d'aléas, l'évènement le plus impressionnant, décrit
par Maurice Pardé en 1925 comme « l'événement
météorologique le plus grandiose et le plus déconcertant
qui se soit jamais produit dans le bassin du Rhône ». Le
débit estimé à 13 000 m3 à Beaucaire
n'a pas été dépassé depuis. Elle est due à
la succession et la simultanéité de pluies océaniques et
d'averses méditerranéennes sur l'ensemble du bassin du
Rhône : c'est une crue généralisée.
« La levée de la Montagnette au nord de Tarascon a
été pulvérisée en plusieurs endroits et provoqua
à l'Est de Tarascon un flot qui submergea l'ensemble de la plaine
jusqu'à la mer » (Pardé, 1919). Les digues de la rive
droite ne résistèrent pas mieux car 44 000 hectares de plaines
furent inondés et la ville d'Aigues-Mortes fut cernée par les
eaux. Les zones inondées sont considérables (figure 9).
Figure 9 : Champ d'inondation du Rhône en
1840 et en 1856. M.Pardé, 1925.
Cette crue a marqué un tournant dans la gestion du
risque inondation. Un début d'unification entre les
intéressés et la volonté de maîtriser le fleuve au
moyen de digues « insubmersibles » aura lieu suite à
ces évènements (Méjean, 2007). Mais cette crue
catastrophique n'est pourtant pas l'évènement de
référence sur le Rhône inférieur.
Le 29 mai 1856, le Grand Delta du Rhône connaît
à nouveau une crue extraordinaire. Cette crue au débit
estimé à 12 500 m3 est encore présente dans les
esprits aujourd'hui. Elle sert maintenant de référence pour la
gestion du risque inondation dans cette partie du Rhône ; notamment
dans la délimitation des zones inondables dans les PPRi. Malgré
les efforts des syndicats de l'époque, l'évènement a
été encore plus dommageable que celui de 1840. Cette crue est
extraordinaire notamment par sa date, les crues ayant
généralement lieux en automne ou en hiver, mais aussi par
l'aléa. Cette crue faisait suite à des crues du Rhône et de
la Saône moins importantes, mais qui avait gorgé les sols d'eau et
fait gonfler les cours d'eau. De nouveau, des ruptures de digues ont eu lieu
sur différents ouvrages. Les brèches les plus dommageables se
sont de nouveaux produites sur la digue de la Montagnette. La cause de ces
brèches est l'effondrement de la digue sans surverse. ). Cette digue
sera par la suite confortée et rehaussée (à la fin du XIXe
siècle), et une digue de second rang sera construite en 1869 au Nord de
la ville, qui n'a plus de réelle utilité, du moins tant que
l'ouvrage de la Montagnette ne connait pas de rupture. La brèche de
Barallier a laissé une trace bien visible dans le paysage (figure 10).
Figure 10 : La digue de la
Montagnette
Les hauteurs d'eau en centre ville ont atteint les cinq
mètres, l'importance des dégâts ont attiré
l'attention de Napoléon III qui a visité la ville pendant les
inondations (photo 1).
Photo 1 : «
Napoléon III visitant les inondés de Tarascon en juin 1856
», de William Bouguereau. Toile exposée à
l'Hôtel de ville de Tarascon.
Cette toile témoigne de l'ampleur de la catastrophe. La
sculpture de la Vierge qui figure sur la toile est située face à
l'actuelle mairie, au niveau du premier étage (environ quatre
mètres). Suite à cette crue, l'intervention de l'Etat dans la
gestion du risque sur le Rhône aval s'est affirmé, notamment en
subventionnant les syndicats gestionnaires des digues à hauteur de 1/3
des dépenses (Méjean, 2007). Le cadre de réflexion des
ouvrages ne se fera plus à l'échelle locale mais à
l'échelle du bassin versant, ce qui va permettre un aménagement
du territoire plus raisonnée.
Après une période où les crues du
Rhône sont moins impressionnantes, notamment entre 1890 et 1990, les
évènements de 1993 et 1994 ont de nouveau rappelé à
tout le monde l'ampleur que pouvait prendre les inondations dans le Delta du
Rhône. Mais le dernier évènement marquant et
considéré comme historique s'est déroulé en
décembre 2003. Le débit a été fixé à
11 500 m3/sec suite à la conférence de consensus.
Cette crue fait suite à des évènements
méditerranéens extensifs longs et soutenus. Le mois de novembre a
été très pluvieux sur le bassin versant de la Cèze
et du Gard, puis les précipitations intenses sur l'ensemble du bassin
versant ont provoqué une crue du Rhône rapide et puissante (annexe
2). Nous conseillons au lecteur de se rapporter à la bibliographie sur
les évènements de 2003 (CNR, DREAL, METEOFRANCE,...) et plus
particulièrement le rapport3(*) de la DREAL Languedoc-Roussillon qui a établit
une cartographie sur l'ensemble de la zone submergée des
dégâts (malgré quelques imprécisions, ce rapport est
le plus complet à l'échelle du bassin). Cette crue du Rhône
associée à des inondations de plaines par ruissellement,
saturation du sol (impluvium) et débordements de canaux ont rendu cet
évènement très dommageable (figure 11). Les zones
submergées sont d'autant plus importantes que des ruptures de digues se
sont produites aussi bien en rive droite qu'en rive gauche, sur le Petit et le
Grand Rhône (figure 11). L'ensemble de ces paramètres ont rendu
particulièrement difficile la décrue, le ressuyage des plaines a
duré plus de trois semaines dans certains secteurs (plaine du
Trébon, plaine de Beaucaire à Fourques). Cet
évènement a marqué la population par son intensité,
les pertes humaines (trois victimes sur l'ensemble du bassin du Rhône -
les affluents ne sont pas pris en compte - dont un à Bellegarde dans le
Gard) et les nombreux dégâts économiques.
Figure 11 : Etendue et causes des inondations
dans le Grand Delta du Rhône en 2003 (le haut de la photo est au
sud d'Arles).
Ces derniers sont chiffrés à hauteur de 335
millions d'euros pour les Bouches du Rhône et 172 millions d'euros pour
les Gard (enquête de terrain auprès des administrations de la
DREAL LR, 2004). Les secteurs économiques touchés sont
principalement l'agriculture et les activités économiques
(arrêt des activités, dégradation,...). Cet
évènement a provoqué une prise de conscience politique,
notamment sur l'entretien et l'état des digues. Le Plan Rhône (sur
lequel nous reviendrons dans la partie 2) est une réponse aux crues de
2002 et 2003.
Les dernières décennies ont donc
été marquées par de puissantes crues du Rhône. Il
est intéressant de noter l'augmentation des débits maximum
annuels depuis 90 ans (figure 12).
Figure 12 : les débits annuels maximum
à Beaucaire entre 1920 et 2009. Source: Banque Hydro 2011
(Y.Visserot, 2011).
Cependant on ne peut pas prédire d'après ce
graphique si des crues dommageables seront plus fréquentes dans le
futur.
1.4. La problématique des inondations de plaines
1.4.1. Le ruissellement sur versant
Les crues du Rhône sont bien connues, et même bien
modélisées dans certains secteurs. S'il manque encore des
scénarios basés sur des tranches de débits, par exemple
tout les 500 m3/sec, les scénarios les plus dommageables
(crue centennale, millénale) sont présents. Mais le ruissellement
sur versant, qui a son importance dans l'inondation des plaines (à
l'arrière des digues) est difficilement modélisable. L'importance
des zones impactées lors des crues du Rhône est la
résultante de plusieurs facteurs. Les principales zones
concernées par le ruissellement sur versant sont : le massif de la
Montagnette (impact sur la plaine de Boulbon et de Tarascon), les Alpines
(plaine du Trébon) et les coteaux gardois, qui constitue la limite
naturelle de la basse plaine Gardoise. Pour chaque crue du Rhône, il est
difficile de savoir de connaître précisément l'impact de
ces apports liquides, ce qui pose un problème dans la gestion des
risques.
Il faut tout de même souligner la présence de
nombreux ouvrages hydrauliques (exemple du Gayet Bastard à Tarascon ou
du canal de Vidange) qui sont fermés en période normale, puis
ouverts en période de crue pour permettre d'évacuer l'eau des
massifs dans des cours d'eau plus conséquents. Cela permet de limiter
les dommages du ruissellement, mais il peut parfois arriver des
problèmes dans la gestion de ces ouvrages, notamment les plus petits. En
effet, la probabilité qu'un propriétaire terrien referme les
martelières4(*) pour
éviter d'avoir de l'eau dans son champ existe, ce qui va augmenter
considérablement la quantité d'eau en amont.
1.4.2. Les débordements des canaux : exemple du
Vigueirat central.
Les plaines du Grand Delta du Rhône étant
principalement agricoles, de nombreux canaux les traversent. Les deux
principaux canaux de la commune de Tarascon sont le canal des Alpines et le
Canal du Vigueirat (figure 13).
Les canaux et cours d'eau ont une vocation agricole et servent
à l'irrigation. Mais ils sont également conçus pour
pouvoir récupérer l'eau des massifs en cas d'épisodes
pluvieux importants et pour limiter le débit de cours d'eau plus
importants, comme la Durance (au Nord Ouest de Tarascon). Ces canaux
évitent donc des inondations dans les plaines pour des
évènements que l'on qualifiera de
« normaux ». Pour des évènements importants,
ils vont vite atteindre leur charge hydraulique maximale. Dans le cas du
Vigueirat, elle est de 35 m3/sec. Le débordement de ce canal
va donc concerner une grande partie de la plaine du Trébon. Ces eaux
seront quasi stagnantes et les hauteurs ne dépasseront pas le
mètre, et le ressuyage des plaines sera particulièrement
difficile. En effet, les débordements de canaux sont très souvent
associés à une crue du Rhône. Cette problématique
est importante dans la gestion du risque inondation car il existe peu de moyen
de prévision, donc d'anticipation de ces débordements. Le SPC ne
permet pas une grande anticipation, l'annonce pour ce genre de cours d'eau
étant hebdomadaire, et de quatre heures en période d'alerte. Les
hauteurs d'eau sont également difficiles à prévoir, les
modélisations hydrauliques étant
quasi-inexistantes.
Figure 13 : Les principaux canaux traversant le
territoire de Tarascon
Pour palier à ce problème, la commune de
Tarascon souhaite s'équiper de capteurs météo à une
échelle fine (maillage de trois km) à l'échelle de la
commune dans un premier temps, puis souhaite l'étendre à un
territoire plus conséquent. Ces outils, associés à la
connaissance du territoire des acteurs gestionnaires du risque, permettraient
d'améliorer l'anticipation de ces évènements.
1.5. Les enjeux dans le Grand Delta du Rhône
1.5.1. L'occupation des sols
L'occupation des sols dans le secteur d'étude figure en
annexe 3. On considère l'extension maximale de la crue de
référence de 1856 dans les départements concernés
comme la limite des calculs d'aires. La surface de la zone d'étude dans
le Gard est de 543 km² et de 1216 km² dans les Bouches du
Rhône. La nature de l'occupation des sols est divisée en cinq
catégories (figure 14 et 15).
Figure 14 : L'occupation des sols sur la rive
gauche du Rhône (13). Source: CLC 2006/MEDDTL (Y.Visserot,
2011).
En rive gauche (Bouches du Rhône), une grande partie des
sols anthropisés est dédiée à l'agriculture et au
maraîchage.
Figure 15 : L'occupation des sols en rive droite
du Rhône (30) ; Source: CL006/MEDDTL (Y.Visserot, 2011).
Pour la rive droite (Gard), l'occupation des sols est
semblable à la rive gauche. D'un côté comme de l'autre, les
centres urbains, même de petites tailles, sont peu nombreux mais denses
(les territoires communaux sont importants, mais la majeure partie de la
population est regroupée dans le centre ville). Les plaines sont
habitées, mais les habitats sont diffus et peu nombreux. Ce sont
généralement de grandes propriétés agricoles (les
mas provençaux). On peut également regarder l'évolution de
l'occupation des sols depuis 1990 (tableau 2).
Tableau 2 : Evolution
de l'occupation des sols dans le lit majeur du Rhône entre 1990 et 2006.
Source CLC/IFEN. RG: Rive Gauche; RD: Rive Droite; valeur en km²
(Y.Visserot, 2011)
DENOMINATION CLC
|
RG
(1990)
|
RG (2006)
|
Variation RG (en %)
|
RD (1990)
|
RD (2006)
|
Variation RD (en %)
|
Territoires artificialisés
|
29,9
|
31,90
|
6,7
|
18,7
|
22,70
|
21,4
|
Territoires agricoles
|
511
|
507,80
|
-0,6
|
316,2
|
311,20
|
-1,6
|
Forêts et milieux semi-naturel
|
57,2
|
64,80
|
13,3
|
22,1
|
21,50
|
-2,7
|
Zones humides
|
312
|
315,40
|
1,1
|
116,3
|
117,90
|
1,4
|
Surfaces en eau
|
305,9
|
296,10
|
-3,2
|
70,1
|
70,10
|
0,0
|
Total
|
1216
|
1216
|
0,0
|
543,4
|
543,4
|
0,0
|
Les territoires artificialisés, donc urbains et
industriels, ont connu une augmentation sur les deux rives. Il faut souligner
la valeur en rive droite (21,4% en 16 ans), donc l'augmentation des enjeux
relatifs à ce type de territoire : humains et surtout
économiques. En rive gauche, l'augmentation des forêts et des
zones urbaines s'est faite au détriment des zones agricoles et des
surfaces en eaux, on suppose que le sol n'est pas plus
imperméabilisé en 2006 qu'en 1990 (sur l'ensemble de la rive
gauche). Par contre, en rive droite, l'augmentation des zones urbaines s'est
faite au détriment des territoires agricoles et des forêts :
les surfaces imperméables ont augmenté sur l'ensemble du secteur
concerné. La rive droite se montre plus fragile que la rive gauche.
Cette hypothèse se vérifie sur les évènements de
2003 : en appliquant un ratio [coûts des dégâts5(*)] / [surface en km²], on
trouve un coût au kilomètre carré de 220 K€ pour la
rive gauche et de 317 K€ pour la rive droite.
1.5.2. Les enjeux humains.
Le Grand Delta du Rhône est occupé par environ
110 000 personnes (SYMADREM, 2011), mais elles ne sont pas toutes
concernées de la même manière. Les enjeux humains dans le
Grand Delta du Rhône sont limités pour plusieurs raisons. En
premier lieu, les travaux d'endiguements et les aménagements
hydrauliques réalisés depuis plusieurs siècles et sans
cesse améliorés permettent de fortement limiter les personnes
exposées. Des zones peu habitées ont été
désignées comme ZEC pour permettre de protéger des centres
urbains plus importants (figure 16).
Figure 16 : Schématisation des
aménagements et des enjeux dans le lit majeur du Rhône
Ensuite, la cinétique des crues du Rhône (une
montée des eaux lente) associée aux outils de prévisions
météorologiques actuels (SPC ou serveur Rhône SIHTB pour la
commune de Tarascon) permettent de bien anticiper les évènements
et préparer la gestion de crise (évacuation, mise en
sécurité). Enfin la culture du risque des populations qui
résident dans les plaines s'est développée au fil des
siècles. Il est intéressant de remarquer que les bâtiments
situés en zones inondables sont le plus souvent construits sur des
« points hauts », pas forcément visibles sur une
carte classique. L'utilisation de cette micro-topographie et le fait de ne pas
habiter au rez-de-chaussée (ce sont souvent des hangars, garages,
ateliers,...) permettent aux habitants d'être moins exposés aux
inondations, voire de rester hors d'eau pour des évènements
mineurs.
Cependant, faire reposer toute la sécurité des
populations sur le système d'endiguement comporte des risques, car
« le destin d'une digue est de rompre » (Vinet, 2009). Le
plus souvent une brèche provoque une crue rapide, où la vitesse
des eaux est plus importante qu'une inondation provoquée par le fleuve.
De plus, les populations à l'arrière des digues ne sont pas
forcément préparées à subir un tel
évènement, car il existe un sentiment de sécurité
qui peut être trompeur (Vinet, 2009).
1.5.3. Les enjeux économiques
Contrairement aux enjeux humains qui sont relativement
limités, les enjeux économiques sont bien plus importants sur les
deux rives. En effet, les dégâts des crues sur les terres
agricoles, les pertes de récoltes, l'arrêt des activités
pendant le ressuyage des plaines et parfois même la mort des animaux
d'élevage peuvent conduire à de grosses pertes de revenus. Outre
les déficits économiques dans le domaine agricole, de nombreuses
zones d'activités, usines, centres industriels ou commerciaux sont
situés en zone submersible (à l'arrière des digues
résistantes à la surverse, l'aléa est faible mais
présent) ou dans des secteurs inondables par le débordement des
canaux. La décrue pouvant parfois être longue, surtout à
l'arrière des digues où la plaine peut être plus basse que
les ségonnaux. Cette différence d'altitude est due au
rehaussement des bords du fleuve entre la digue et le lit mineur à cause
des dépôts d'alluvions (Vinet, 2009). L'optimisation du ressuyage
des plaines fait actuellement partie du projet Plan Rhône.
La présentation du contexte géographique et des
spécificités de la zone d'étude permet de mieux comprendre
la nature du risque inondation dans le Grand Delta du Rhône. Avant tout
travail sur la gestion du risque, ce type d'analyse permet de se rapprocher du
contexte local et ainsi être réaliste dans l'optimisation du PCS
et des outils cartographiques : le fonctionnement du Bas-Rhône est
bien différent du Rhône supérieur ou même d'un autre
fleuve méditerranéen (comme le Vidourle).
Partie 2
-
La gestion du risque inondation dans le Delta du Rhône
2. La gestion du risque inondation dans le Delta du
Rhône
2.1. Les mesures structurelles
2.1.1. Des digues en réaction à des crues
majeures.
Aujourd'hui, le Rhône est endigué sur sa
totalité entre Vallabrègues (30) et la mer, soit 220
kilomètres d'ouvrage. La nature marécageuse du Delta a longtemps
été un obstacle pour les hommes, mais la fertilité des
terres, suite au dépôt du limon par les crues du Rhône, ont
poussé la civilisation romaine à s'implanter dans les basses
plaines (Méjean, 2007). L'anthropisation de plus en plus importante de
la plaine et les besoins de rendements croissants vont pousser les
civilisations du Rhône à assainir les marais - au moyen de canaux
de drainage - et un réseau d'irrigation sera mis en place. La culture du
risque s'est donc faite au fil des siècles, longtemps les hommes ont du
s'adapter au fleuve : habitations sur des bourrelets alluviaux, terres
cultivées sur les anciens bras du Rhône surélevés...
Mais il a aussi cherché à maîtriser le fleuve, dès
l'époque romaine, en construisant des chaussées
(l'équivalent des digues). Au Moyen Age, un réseau discontinu de
digues a fait son apparition. Les remblais étaient construits par des
privés, notamment pour protéger leurs terres des crues, sans se
soucier de l'impact sur l'amont ou l'aval. L'endiguement tel qu'on le
connaît aujourd'hui s'est mis en place principalement au XIXe
siècle, suite aux nombreuses grandes crues en 1800 et 1856. Les
évènements marquants de 1840 et 1856, où les ruptures de
digues étaient nombreuses et parfois catastrophiques ont poussé
les acteurs de l'époque à travailler ensemble en intégrant
la notion de bassin versant dans les aménagements. Ce sont donc ces
évènements désastreux qui ont poussé l'Etat
à vouloir perfectionner les systèmes de défenses. A
présent le constat reste le même : c'est en réaction
aux crues de 2002 et 2003 que l'Etat a mis en place le Plan Rhône. En
effet le développement économique au fil des aménagements
du fleuve s'est produit pendant une période dépourvue de crues
majeures, conduisant à oublier que les terrains les mieux
protégés aujourd'hui contre les crues
« fréquentes » (jusqu'à la cinquantennale)
restaient inondables en cas d'évènements importants (Plan
Rhône, 2005). Ce projet à l'échelle du bassin versant
s'articule sur six thématiques, dont la prévention des
inondations. Dans ce volet, il est question de maintenir la conscience du
risque, voire la renforcer, de ne pas aggraver le risque
(particulièrement dans les zones de ruissellement), d'améliorer
la gestion de crise et de sécuriser les digues, notamment dans les zones
où les enjeux sont forts. On peut se demander si un tel projet est
compatible avec les pressions démographiques et les besoins
(imposés ?) de croissance des municipalités, dont certaines
ont un territoire presque intégralement inondable. La diminution des
enjeux dans les zones dites à risque pourrait permettre de limiter
l'impact des crues, mais cette solution semble difficilement envisageable au vu
des problèmes cités précédemment.
2.1.2. Les gestionnaires actuels
RFF
SYMADREM (2005 - ?)
Pendant longtemps, les digues et ouvrages de protection
étaient la propriété des communes, d'acteurs privés
ou d'associations. Malgré la volonté d'unité suite aux
évènements de 1856, la gestion des ouvrages est restée un
sujet sensible. Les travaux de Méjean en 2007 ont retracé
l'historique des gestionnaires d'ouvrages (figure 17).
SYMADREM (1999)
SIDR (1986)
SYDRHEMER (1996)
Tentative d'unification de Tarascon à la mer en 1883,
comprenant l'ancienne association du Trébon.
Compagnie PLM (1844)
Digue à la mer (1859)
Syndicat de Beaucaire à la mer (1845)
Syndicat de Tarascon (1856)
Syndicat de Grande Camargue (1849)
Syndicat du Plan de Bourg (1849)
Mises en place d'un régime uniforme pour toutes
associations existantes. Toutes les opérations sont désormais
contrôlées par un comité central (Préfet).
Décret de la loi de l'an XIII et la loi du 15 mai 1813.
Association de tous les intéressés à la
défense (1548)
Nombreuses associations, petites ou grandes, régies par
les usages locaux.
Rive Gauche
Rive Droite
Associations regroupant Fourques, St-Gilles, Beaucaire
(ordonnance de 1707)
Figure 17: Evolution du système administratif
pour la lutte contre les inondations (d'après Méjean,
2007).
Pour être plus précis sur les gestionnaires
actuels du Rhône, il convient de rajouter la CNR, qui est le
concessionnaire du Rhône. S'il possède principalement des
plateformes à vocations portuaires (paliers d'Arles, SIP de
Beaucaire...) et des barrages hydroélectriques, il a encore à sa
charge une portion de digue qui s'étend de l'amont du SIP de Beaucaire
au lieu-dit « le Fer à Cheval ». Un remblai routier
au niveau du Faubourg du Cirque Romain à Arles fait également la
jonction entre deux portions de digues.
Avoir un gestionnaire unique à l'échelle du
Delta du Rhône est une grande avancée. La gouvernance se fait
ainsi de façon uniforme et permet une plus grande cohérence dans
l'aménagement du fleuve. Le remblai RFF entre Tarascon et Arles qui fait
office de digue à montrer ses limites en 2003. Les travaux de
sécurisation prévus dans le cadre du Plan Rhône et
réalisés par le SYMADREM prévoient de construire une digue
à l'ouest de ce remblai. Ce dernier devra donc devoir subir des travaux
pour qu'il puisse assurer la transparence hydraulique. Suite à ces
travaux (prévus entre 2014 et 2016), le SYMADREM sera le gestionnaire
unique des ouvrages de protection (figure 18 en page suivante).
La sécurisation des ouvrages a été
estimée à 400 millions d'euros par le SYMADREM, le financement
dans le cadre du Plan Rhône (2007/2013) est égal à 182
millions d'euros. Le reste des financements est partagé entre la commune
concernée, son département et la région. La
sécurisation des digues passe d'abord par une phase d'étude
où sont faites des modélisations hydrauliques et de qualification
des ouvrages déjà existants. Ensuite les renforcements des
ouvrages se font, soit par rehaussement (les digues seront dites
« millénales »6(*)), soit rendus résistants à la surverse
pour un évènement type 2003 (annexe 4). La réparation des
ouvrages anciens et l'entretien des existants fait aussi parti des missions du
SYMADREM. Parmi ces travaux, on trouve également la construction d'une
digue de protection rapprochée au nord de la ville d'Arles. En 2003
cette partie de la ville a été inondée, les PHE
relevées par la DREAL LR indiquent des hauteurs allant jusqu'à
1,5 mètres en zones urbaines. Cette digue fait donc partie des
priorités du Plan Rhône. Elle permettra aussi de protéger
Arles de la digue déversante envisagée. La contrepartie de ce
projet est l'augmentation des hauteurs d'eau dans la plaine du Trébon.
Cependant il est garanti par le maître d'oeuvre que la quantité
d'eau de la surverse ne dépassera pas celle connue en 2003.
Figure 18: l'ensemble des digues SYMADREM sur le Delta
du Rhône (fin des travaux en 2016)
Le déversoir de Vallabrègues appartient à
la CNR. Cet ouvrage a une grande importance dans la gestion du risque
inondation sur le Grand Delta du Rhône. S'il protège
principalement Tarascon, il permet aussi de diminuer le débit du
Rhône en période de crue sur l'ensemble du Delta. En 2003, la
plaine de Boulbon (ZEC) a stocké 24 millions de mètres cube
d'eau. Le plan d'eau avait une hauteur comprise entre 12 et 12,3 mètres
NGF. Cependant les trois villages de la plaine (Boulbon, Vallabrègues et
St Pierre de Mézoargues) sont fortement touchés par des hauteurs
d'eau supérieures à un mètre (figure 19).
Figure 19: Modélisation de la ZEC de Boulbon
pour un scénario type 2003
2.2. Bilan sur les PCS et les PPRi dans le Delta du
Rhône
2.2.1. Rappel sur les PCS et les PPRi et situation
actuelle
Ce chapitre a pour but de rappeler quelques notions sur ces
documents administratifs et faire un bilan de l'état actuel. Ce
territoire étant soumis au risque inondation depuis toujours, il n'est
pas forcément représentatif de l'ensemble du territoire
métropolitain.
Ø Les PPRi
Mis en place par la loi de renforcement de la protection de
l'environnement du 2 février 1995, ce document abroge les trois
réglementations précédentes (PSS, R 111-3 et PER) sans
pour autant les annuler : les documents mis en place avant 1995 valent PPR
(Veyret, 2004). Ce document de gestion des risques réglemente
l'occupation des sols en se basant sur la cartographie de l'aléa de
référence et la cartographie des enjeux. Même si l'ensemble
des communes au contact du Rhône possède un document
équivalent, les PPRi sont encore peu nombreux (figure 20).
Figure 20: L'état d'avancement des PPRi sur les
départements du Delta du Rhône
Si l'avancement des PPR a connu une bonne croissance entre
2000 et 2008 (Leone et al, 2010), les communes des rives du
Rhône sont plutôt réticentes au document dans sa forme
actuelle. Les contraintes qu'imposent la cartographie et les pressions
démographiques actuelles rallongent les discussions entre les acteurs
locaux et l'Etat. Des incohérences peuvent même avoir lieu :
la commune de Tarascon doit atteindre un objectif de 18 000 habitants (environ
15 000 habitants actuellement) dans la décennie, mais la cartographie
proposée par le PPRi ne permet pas une telle croissance urbaine. De
nombreux gestionnaires du risque souhaiteraient une plus grande prise en compte
des ouvrages de protection qui ont été sécurisés
dans le cadre du Plan Rhône, ainsi qu'une jonction entre PCS et PPRi.
Sous réserve d'une réflexion poussée, ces idées
peuvent être un moyen d'augmenter la surface habitable sans mettre en
danger les personnes. Mais cela nécessite une gestion quasi parfaite des
ouvrages et un investissement conséquent dans la gestion du risque des
acteurs locaux. Une connaissance du territoire très poussée est
également nécessaire. Il faut donc être prudent dans ce
genre de démarche. Pour les inondations de plaines (hauteurs d'eau
inférieure à un mètre), la réduction de la
vulnérabilité sur le bâti7(*) peut suffire, mais cela nécessite des
coûts importants à la construction.
Ø Les PCS
Les PCS sont mis progressivement en place depuis 2005 et le
décret d'application de la loi de modernisation de la
sécurité civile du 13 août 20048(*). Il impose aux
collectivités locales munies d'un PPRi ou documents équivalents
de mettre en place un outil organisant la gestion de crise sur la base des
moyens existants. Il s'agit d'un moyen curatif et non préventif comme
les PPR. A minima un PCS9(*) est constitué de cette façon :
- Le DICRIM (volet information à la population du PCS)
et des consignes à respecter
- Identification des risques et des
vulnérabilités locales
- Organisation assurant la protection et le soutien de la
population (notamment en désignant le maire comme étant le
DOS).
Le PCS peut être complété par de la
cartographie, la définition du PCC, des fiches actions-réflexes,
inventaires de moyens de la commune, une Réserve Communale de
Sécurité Civile...
Notons que dans le cas du Delta du Rhône le PGOPC (Plan
de Gestion des Ouvrages en Période de Crues) du SYMADREM est
rattaché au PCS.
Le PCS est donc une organisation des moyens existants au
niveau communal pour remplir des missions de sauvegarde et de secours (figure
21). Mais dans bien des cas, les moyens sont insuffisants et nécessitent
une réelle démarche locale (en interne ou par
l'intermédiaire d'un prestataire de service).
Figure 21: Les missions principales d'un PCS.
Source Ministère de l'Intérieur, 2008
Ce document permet donc la gestion de crise à
l'échelon local, un transfert de compétences peut se faire au
niveau du Préfet en cas de crise majeure (Plan ORSEC). Cela
nécessite donc de la transversalité entre l'échelon local
et l'échelon national. La transversalité peut aussi être
présente entre les maires des différentes communes d'un
même bassin de risque pour améliorer l'anticipation, qui est la
clé de la gestion de crise (Heiderich, 2010). Par exemple, il existe sur
le bassin versant du Vidourle une solidarité amont-aval qui passe outre
les clivages politiques, d'après Monsieur Marc JONGET, maire de Quissac
(30).
En novembre 2010, le bilan fait par le Ministère de
l'Intérieur rapporte que :
- 2988 PCS ont été arrêtés
- 2349 sont en cours d'évaluation
Cela représente 50% des PCS obligatoires, mais il faut
également noter que 523 communes sans obligation ont un PCS
arrêté (et 346 ont un PCS en cours d'élaboration). Cela
représente 16% des communes françaises. Ce chiffre reste
relativement faible, car toute les agglomérations peuvent
connaître la réalité d'une crise (risques technologiques,
transport de matières dangereuses,...). Suite à ce bilan, l'Etat
a mis en place un accompagnement des communes qui restent encore à
convaincre. Les résultats de l'état d'avancement montrent donc un
succès en demi-teinte pour la démarche PCS (figure 22).
Figure 22: L'état d'avancement des PCS
arrêtés entre janvier 2008 et janvier 2011. Source
Ministère de l'Intérieur, 2011. (Y.Visserot, 2011)
Sur les départements au contact du Rhône,
l'état d'avancement est plutôt bon (tableau 3).
Tableau 3: Etat
d'avancement des PCS sur les départements au contact du Rhône.
Enquête auprès des préfectures, mai 2011.
(Y.Visserot, 2011)
Département
|
PCS en cours
|
PCS arrêtés
|
Communes soumises à obligation (PPR ou
équivalent)
|
Pourcentage de PCS arrêtés
|
01
|
3
|
39
|
107
|
36%
|
07
|
50
|
6
|
142
|
4%
|
13
|
NR
|
66
|
92
|
72%
|
26
|
8
|
50
|
91
|
55%
|
30
|
73
|
71
|
218
|
33%
|
38
|
NR
|
95
|
100
|
95%
|
42
|
NR
|
44
|
128
|
34%
|
69
|
NR
|
83
|
167
|
50%
|
73
|
448
|
100
|
162
|
62%
|
74
|
54
|
37
|
107
|
34%
|
84
|
NR
|
NR
|
117
|
NR
|
Ces chiffres à l'échelle départementale
ne nous renseignent pas précisément sur les villes en bordure du
Rhône. Mais les besoins d'informations pour cette étude ont
nécessité d'entrer en contact avec l'ensemble des communes
bordières du fleuve du Grand Delta du Rhône (hormis les
Saintes-Maries-de-la-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône) et elles disposent
toutes d'un PCS aujourd'hui.
2.2.2. La commune de Tarascon : une démarche
active dans la gestion des risques.
La commune de Tarascon est située au début du
Grand Delta du Rhône, cette commune de 13 340 habitants (INSEE,
2008) est fortement concernée par les crues du Rhône et les
inondations de plaines. C'est ici (et à Beaucaire, sa ville
« jumelle ») que le débit du Rhône est le plus
puissant : on se situe entre l'apport du dernier affluent (le Gardon) et
avant la séparation du Rhône en deux bras. La problématique
des plaines est loin d'être négligeable car la plaine agricole est
traversée par le canal du Vigueirat. De plus, la commune est
bordée par le massif de la Montagnette et le massif des Alpilles. Les
problématiques de ruissellement sur versant sont donc présentes.
Malgré quelques habitats dans les plaines, la majeure partie de la
population est concentrée dans le centre ville. Il existe
également deux zones d'enjeux économiques importants : une
usine de cellulose (SEVESO seuil bas) et la zone d'activités du Roubian,
qui est une zone commerciale et industrielle en expansion vulnérable aux
inondations de plaine. Les enjeux en temps de crue sont principalement les
bâtiments qui sont situés entre le Rhône et les digues, dont
un camping et l'usine citée précédemment. Le centre ville
est protégé par la digue de la Montagnette au Nord, qui n'a plus
jamais connu de brèches depuis le XIXe siècle. Le remblai RFF
fait office de digue pour la plaine du Trébon.
Les enjeux sont principalement économiques pour cette
commune. Les crues du Rhône sont « lentes », et la
population a développé une bonne culture du risque. Cependant,
les puissantes crues répétitives entre 1993 et 2003 ont
soulevé beaucoup de questions, notamment en termes d'anticipation des
évènements et de communications entre les acteurs locaux et
nationaux. De plus, les travaux du SYMADREM (remplacement du remblai RFF par
une digue résistante à la surverse) vont faire de la partie Sud
une ZEC.
C'est dans ce contexte, où l'expérience
importante des acteurs et élus vis-à-vis de la gestion du risque
inondation sont au centre que le PCS s'est mis en place. La démarche de
la commune est intéressante. Elle n'a pas voulu faire une simple
compilation de documents existants, mais s'est impliquée davantage dans
la mise en place du PCS. En effet, afin de pouvoir optimiser la gestion du
risque, plus précisément la gestion des crises, la commune se
sert de ce cadre législatif comme d'un « tremplin »
pour se procurer des financements relatifs à la gestion du risque. La
collectivité souhaite pallier à l'ensemble des problèmes
rencontrés lors des crises précédentes, ce qui demande un
investissement conséquent. Actuellement, différentes solutions
ont été mises en place. Concernant le manque d'anticipation (SPC
estimé insuffisant par les gestionnaires de la commune), la commune
s'est équipée du serveur Rhône SIHTB qui prédit les
débits et hauteurs du Rhône - mais aussi des affluents qui
influent sur le débit du Rhône à Tarascon (la Durance, le
Gardon,...) - entre quatre et huit heures à l'avance. Le temps pour
organiser la crise est donc considérable, sous réserve que chaque
acteur du PCS connaisse son rôle. Ce serveur permet également de
faire un historique de la crue (figure 23).
Figure 23: Historique de la crue de 2003 sur
l'interface du serveur SIHTB - en rouge : le Rhône
à Beaucaire ; en bleu : le Rhône à Viviers ;
en blanc : le Rhône à Valence ; en vert : la
Durance à Bompas ; en jaune : le Gardon à
Remoulins ; en gris : le Petit Rhône à Fourques
Les seuils d'alerte donnés par la vigilance
Météo France a été adapté aux
problématiques de la commune, qui peut mieux gérer les alertes en
fonction des débits du Rhône estimé par le serveur (annexe
5)
La commune a également sécurisé les
réseaux électriques et de communications de la cellule de crise,
afin de pouvoir se servir des outils (principalement informatiques) en cas de
coupures, comme cela s'est produit par le passé. Les autres moyens
sont : un SIG communal, un serveur d'appel automatisé, un
système de Radio Numérique de Géolocalisation et une
plateforme d'hypervision en temps réel (nous y reviendrons plus
tard).
Sa participation au projet FIMFRAME10(*) (à paraître,
2011) a montré l'implication de la commune et l'envie de continuer
à améliorer la gestion de crise. Ce projet de recherche s'inscrit
dans le programme européen ERA-NET "Flood resilient communities -
managing the consequences of flooding"11(*). Trois pays participent à ce projet :
France, Pays-Bas et Angleterre, l'objectif principal est d'établir un
guide d'évaluation et d'amélioration des plans de secours
inondations à destination des gestionnaires du risque.
L'évaluation du PCS s'est faite au travers des documents que la mairie
met à disposition sur le site de la commune, à savoir le PCS, le
plan d'hébergement et l'annuaire de crise. Suite aux ateliers
organisés avec la commune, deux metrics (indicateurs) ont
été définis comme des points faibles : la
cartographie de l'aléa inondation, et le système d'alerte
(principalement le recensement des personnes vulnérables en zones
inondables) (annexe 6). L'aspect cartographique destiné à la
population et les moyens cartographiques d'organisation qui ont
été définis comme insuffisant par l'évaluation
selon la méthodologie FIMFRAME sont en fait présents dans la
plateforme d'hypervision en temps réel. Actuellement, seuls les membres
de la cellule de crises ont un accès, mais il est envisageable qu'une
version « grand public » soit disponible un jour.
Cette plateforme, qui est encore un projet
expérimental, s'inscrit dans le programme européen de
l'ENoLL12(*) et s'intitule
« Live With Risk ». Ce programme permet à la commune
de mutualiser ses connaissances, de continuer à développer cet
outil et d'obtenir des financements. Le caractère expérimental de
cet outil ne nous permet pas de développer l'ensemble de la mise en
oeuvre. Nous nous attarderons principalement sur la démarche, qui se
veut innovante, et qui est un moyen d'optimiser la gestion de crise. Cet outil
a pour missions principales de rassembler l'ensemble des données qui
concerne les risques naturels disponibles (SIG, images satellites, cadastre,
centres d'hébergements,...) et d'intégrer des données en
temps réel (main courante, photos, actions engagées, secteurs
bloqués par les eaux,...). L'objectif est de pouvoir visionner
l'ensemble des informations le plus simplement possible, sans dénaturer
les renseignements. Cet outil d'aide à la décision se base
principalement sur les Nouvelles Technologies Informations et de Communications
(NTIC), mais il cherche aussi à faciliter l'interaction homme/outil. Le
besoin d'énergie électrique et de réseaux de
communications est donc indispensable (l'interface de la plateforme est une
page Web). La commune a donc dû investir dans du matériel
permettant de sécuriser la cellule de crise : groupe
électrogène, communications téléphoniques et ADSL
par satellite,... Outre l'aspect technologique qui rend l'outil attractif, son
but est avant tout d'améliorer la communication en temps de crise :
entre les acteurs locaux, mais aussi lors de la passation de
responsabilité entre le DOS Maire et le DOS Préfet (figure
24).
Figure 24: Optimiser la transversalité en temps
de crise. (D'après Montagnier, 2011)
Pour augmenter cette transversalité, dans un premier
temps entre les acteurs locaux, l'outil s'est construit autour des services
communaux et des services pompiers du SDIS, qui sont responsables des
opérations de secours. Pour renforcer ces liens, qui sont
nécessaires, la cellule de crise a été installée
dans le centre de secours. Cet effort de transversalité s'étend
également aux personnes concernées par le risque :
gestionnaires d'ouvrages hydrauliques, industries en bordure du Rhône,
ERP,... L'outil a également été conçu pour que les
acteurs, locaux ou de l'échelon supérieur en cas de
déclenchement du plan ORSEC, puissent suivre et partager les
évènements en temps réel, et dans le cas des DOS, prendre
des décisions à distance. Le souhait de la commune est de pouvoir
étendre l'influence de ce projet à une échelle plus
conséquente, comme la communauté de communes, mais aussi de
renforcer les liens avec la préfecture en temps de crise pour optimiser
la prise de décision. Cette démarche bottom-up fait preuve d'une
implication forte des acteurs actuels. Cependant, il faut réussir
à pérenniser ces efforts, notamment en cas de changements
d'élus et de gestionnaires du risque. C'est pour cela que la
démarche s'inscrit dans le programme des Living Lab. De plus, la
transversalité et la gestion des risques à une échelle
intercommunale doit passer outre les clivages politiques et nécessite de
mettre la sauvegarde des populations au premier plan.
2.3. Un outil d'aide à la décision : la
topographie à une échelle fine
2.3.1. Pallier le manque d'étude hydraulique
Ce travail a été effectué sur le
territoire de Tarascon. Cette commune dispose d'un faible nombre de
modélisations hydrauliques, notamment au format SIG, pour
différents scénarios de crues. Ce manque d'informations,
souligné par les acteurs lors du programme FIMFRAME, s'avère
d'autant plus important que les seules études qui ont été
menées concernent uniquement le Rhône. Pour les inondations de
plaines, les données sont encore plus rares. Les scénarios des
crues exceptionnelles du Rhône sont connues (10 500 m3/sec, 11
500 m3/sec, 12 500 m3/sec, 14 160 m3/sec),
mais ces ils ne prennent pas en compte d'éventuelles ruptures de digues
ou les inondations de plaine par débordement de canaux (ici le canal du
Vigueirat et le canal des Alpines). La différence entre la
réalité et ces modélisations peut s'avérer
stupéfiante (figure 25).
Figure 25: Comparaison entre une modélisation
et la réalité d'un même évènement -
à gauche la modélisation et à droite la
réalité (les hauteurs d'eau ne sont pas disponibles).
De plus, les modélisations hydrauliques disponibles sur
cette commune existent pour un scénario minimum de 10 500
m3/sec, alors que les premiers secteurs inondés (les
« Ségonnaux » et le camping Tartarin en bordure du
Rhône) sont vulnérables dès que le débit du
Rhône dépasse les 8300 m3/sec (annexe 5). Comment
anticiper et gérer une crue, même « modeste »,
dans ces secteurs vulnérables ?
L'utilisation de la topographie peut s'avérer utile
pour compenser ces manques, d'autant plus que nous savons que les anciennes
habitations des secteurs inondables, comme les Ségonnaux ou la plaine de
Boulbon, se trouve sur des « points hauts ». Les hauteurs
d'eau à l'endroit de ces habitations sont plus faibles que sur le reste
de la zone, mais les cartes IGN classiques (SCAN 25) ne rendent pas
forcément compte de ces micro-variations du sol (figure 26).
Figure 26: Les habitations agricoles dans les
« Ségonnaux » de Tarascon - hauteurs d'eau
pour un débit de 10 500 m3/sec.
Partant de cette observation, l'intérêt de
cartographier certaines zones, voire le territoire entier, à une
échelle fine peut ainsi révéler des variations du sol qui
peuvent s'avérer utile en temps de crise. Ce travail s'est tout d'abord
appuyé sur un entretien avec le capitaine J-F Biscay, du SDIS 13, pour
valider l'intérêt d'une telle cartographie. Si des données
hydrauliques précises en fonction de plusieurs scénarios (tout
les 500 m3/sec par exemple) apparaissent comme idéales pour
gérer le risque inondation, la cartographie du sol, sous réserve
de connaître la cinétique de crue, peut s'avérer comme un
bon outil d'aide à la décision. L'apport de ce travail se fera
sur trois points :
- Repérer les points hauts qui permettraient de stocker
du matériel ou faire stationner une équipe de secours.
Eventuellement les habitations qui resteraient au sec en cas
d'évènements mineurs. En cas d'évènements majeurs,
ces points pourraient poser un problème aux équipes de secours
qui circulent en bateaux.
- Mettre en valeur les points bas et les cuvettes, pour
éviter d'être surpris pendant les interventions sur le terrain.
- Dans le cas des inondations de plaine où les
données hydrauliques n'existent pas sous forme cartographique, ce type
de carte permet de compenser dans une moindre mesure le manque d'information
(même si on sait que les hauteurs d'eau dépassent rarement le
mètre, il existe des points bas qui peuvent surprendre, notamment les
équipes à pied).
2.2.1.
Méthodologie
Les données utilisées pour ce travail
proviennent de la BDT Rhône de l'IGN. Le MNT réalisé par
l'IGN en 2008 (LIDAR) est caractérisé par un maillage
régulier au pas de 2 m et d'une précision planimétrique et
altimétrique de l'ordre de 20 cm, ce qui est beaucoup plus précis
que les courbes de niveaux classiques des cartes au 1/25 000.
Les logiciels utilisés pour cette cartographie sont
MAPINFO® 10.0 et le module 3D VERTICAL MAPPER®.
La zone choisie est celle des Ségonnaux (portion de
terre entre la digue et le Rhône), entre Tarascon et Arles (figure
27).
Figure 27: Zone choisie pour établir une
cartographie fine (dalles IGN de 4 km²)
Il a fallu ensuite déterminer quel type de cartographie
permet la plus grande compréhension tout en gardant le maximum de
précision sur l'information. Les différents choix sont les
suivants : cartographie 2D en fausse couleur, modélisation 3D
fausse couleur ou encore modélisation 3D d'un fond IGN (1/25000) ou
d'une orthophotographie. Les modélisations 3D ont l'inconvénient
majeur de ne pas rendre compte des distances à cause de la perspective.
De plus, dans le cas de la fausse couleur, l'occupation du sol n'est pas
renseignée. Les outils 3D ont principalement une vocation
pédagogique, cela peut s'avérer utile dans le cadre de la
formation d'équipe de secours.
Il faut également ajouter la perte d'informations sur
une modélisation 3D d'un fond cartographique ou photographique :
même avec la fausse couleur en transparence, la perte d'information est
indéniable (figure 28).
Figure 28: Modélisation 3D d'une dalle IGN.
A: orthophoto + fausse couleur; B: orthophoto; C: fausse couleur.
La cartographie 2D présente donc plusieurs
avantages : le géoréférencement et la
possibilité de servir de fond cartographique à des couches
vecteurs, telles que le bâti ou la voirie. Mais là aussi des choix
s'imposent, notamment sur la taille du secteur concerné. L'assemblage
des dalles ne permet pas de garder la précision des couleurs en fonction
de leurs altitudes. Il est donc plus intéressant de travailler sur un
territoire de quatre kilomètres carrés (taille d'une dalle IGN)
ou d'assembler un nombre limité de dalles qui puisse permettre une
harmonisation au niveau des couleurs (ici deux dalles pour pouvoir couvrir la
totalité de l'espace entre le fleuve et le remblai RFF). Afin de
permettre des requêtes spatiales, notamment pour en déduire l'aire
des points hauts ou des cuvettes, la cartographie 2D sera vectorisée. La
perte de précision est minime et permet de sélectionner des zones
en fonctions de leurs altitudes (figure 29)
Figure 29: Interpolation du MNT de l'IGN -
à gauche: cartographie 2D (raster) d'une dalle IGN; à droite:
vectorisation de l'image de gauche.
Nous préférerons donc utiliser la cartographie
2D, en fond de plan ou en couche vecteur. Les apports de la microtopographie
dans de la cartographie d'aide à la décision sont
multiples : noter des points remarquables, souligner les routes et
secteurs inaccessibles par voies terrestres (entourés par l'eau). Mais
elle permet également de faire des interpolations linéaires d'une
crue. Loin d'avoir la précision et de représenter la
réalité comme le ferait un modèle hydraulique, cette
méthode permet d'avoir une approximation du terrain. Mais les hauteurs
théoriques d'un modèle linéaire ne doivent pas être
considérées comme une vérité.
2.3.2. Résultats
En utilisant le MNT de l'IGN comme vu
précédemment (cartographie 2D), on peut faire une interpolation
linéaire d'un niveau d'eau. Il faudra alors raisonner en hauteurs NGF et
non en débit. Le rapprochement pourra être fait avec la courbe de
tarage (relation hauteur-débit) du Rhône à Beaucaire ou par
l'interface du SPC sur la station désirée (annexe 7).Ces
modèles linéaires ne sont pas des modèles hydrauliques (il
n'y a pas de calcul de la vitesse de l'eau, l'influence des remblais n'est pas
prise en compte,...) mais permet d'avoir une estimation des hauteurs d'eau. Par
exemple, si le Rhône est à neuf mètres NGF, on dessine un
polygone sur la zone choisie qui représentera le niveau d'eau à
cette altitude, du fleuve jusqu'aux digues (ou versants dans le cas des
plaines). L'exploitation du MNT permettra d'en déduire les hauteurs
d'eau dans ce périmètre (sans rupture de digues,
généralement peu probable quand la crue est inférieure
à la centennale). L'utilisation d'un modèle linéaire est
relativement simple dans le cas du fleuve, car l'endiguement est précis.
Mais pour appliquer ce modèle dans les plaines (inondations dues au
Vigueirat, par exemple), définir la limite du champ d'expansion est
beaucoup plus difficile (les limites géomorphologiques peuvent
être considérées comme une solution). Les
modélisations existantes - à partir de 10 500
m3/sec - permettent de vérifier la marge d'erreur des
modélisations linéaires (figure 30).
Figure 30: Comparaison entre la modélisation
linéaire avec une modélisation hydraulique (scénario type
2003: hauteur NGF de la crue: 10,5 m). A gauche: modélisation
hydraulique ; à droite: modélisation linéaire.
La comparaison entre les deux modélisations montre
qu'une modélisation linéaire pour un scénario simple (sans
rupture de digue ni surverse) est plutôt satisfaisante. Des
scénarios sur la base de ce travail peuvent être établis
pour l'ensemble des zones inondables par le Rhône, ici les
Ségonnaux de Tarascon, et les différents canaux. Pour
« compenser » le manque de scénarios hydrauliques
pour des débits inférieurs à 10 500
m3/sec, ces cartes peuvent être établies sur un pas de
50 centimètres ou un mètre NGF afin de couvrir un maximum de
débits possibles. Il est donc envisageable, sur la base des relations
hauteurs/débits, d'établir des cartes par tranches de
débits, tous les 500 ou 1000 m3/sec par exemple. Pour la zone
choisie, l'alerte est renforcée à partir de 7630
m3/sec (approximativement la crue quinquennale), les cartes
établies par cette technique ont donc un intérêt à
partir de ce débit, jusqu'à 10 500 m3/sec
(modélisations déjà existantes). Ce type de carte peut
aussi permettre d'anticiper le déroulement d'une crue jusqu'à son
maximum et ainsi jauger les hauteurs d'eau éventuelles pour des
états intermédiaires (figure 31).
Figure 31: Modélisation linéaire du
Rhône pour différents débits
Cet ensemble de modélisation linéaire, avec les
approximations qu'elles comportent, est un bon outil d'aide à la
décision et permet d'imaginer, donc d'anticiper, l'impact d'une crue.
Cependant, il est nécessaire de souligner qu'elles s'appliquent
relativement bien ici, mais dans le cas d'une topographie plus complexe,
notamment avec d'importantes cuvettes ou remblais au bord du cours d'eau, ces
modélisations seraient bien plus imprécises.
Partie 3
-
Application du modèle Flood Risk to People
3. Application du modèle Flood Risk to People
3.1. Présentation du secteur choisi : la plaine de
Beaucaire à Fourques
La plaine entre Beaucaire et Fourques est un territoire de 125
km², il s'agit d'une zone principalement agricole à l'habitat
diffus avec quatre zones aux enjeux humains et économiques
importants : les communes de Bellegarde, Beaucaire, Fourques et
Saint-Gilles. Ici comme sur le reste du Delta du Rhône, le fleuve est
endigué dans sa totalité (figure 19). Le secteur, en plus
d'être concerné par les crues du Rhône et du Petit
Rhône, est soumis aux débordements des deux canaux majeurs de la
plaine : le canal du Rhône à Sète et le canal
d'irrigation Bas-Rhône Languedoc (figure 32).
Figure 32 : La zone d'étude et les
principales zones d'enjeux.
Pour des évènements
« mineurs » (inférieurs à la crue
centennale), ces ouvrages hydrauliques ne posent pas réellement de
problèmes, ils peuvent même permettre d'écrêter le
débit du Rhône. En cas de crues importantes, la fermeture des
différentes écluses permet de gérer les niveaux d'eau des
canaux. Mais pour d'évènements majeurs, ils peuvent tout de
même déborder et rendre encore plus complexe la gestion du risque
inondation. Il est intéressant de noter qu'en cas de crues majeures et
de ruptures de digues, l'eau s'arrête au niveau des coteaux gardois,
comme en 2003. Le volume d'eau est donc très important sur la plaine et
va poser de nombreux problèmes pour la décrue. Dans ce secteur,
l'entretien et le bon fonctionnement des digues est primordial. Les communes de
Fourques et Beaucaire sont en bordure du fleuve, et la sauvegarde des centres
urbains reposent uniquement sur la qualité des ouvrages. Une rupture de
digues au niveau de ces collectivités serait une catastrophe. Les
communes de Bellegarde et Saint-Gilles sont elles aussi directement
concernées par les crues du Rhône, mais leur distance par rapport
au fleuve rend l'anticipation plus simple, y compris en cas de ruptures des
ouvrages. Même si les hauteurs d'eau sont importantes, la vitesse de
l'eau diminue fortement avant d'atteindre ces deux communes, l'impact sur les
enjeux (humains et bâtis) sera donc moins important. Les enjeux sont,
comme en rive gauche, principalement économiques. Il faut tout de
même considérer le nombre d'habitants de la plaine :
d'après l'INSEE, la plaine compte environ 14 800 habitants. Ce sont
autant de personnes possiblement impactées par une crue majeure.
3.2. Les objectifs du modèle Flood Risk to People
Le modèle Flood Risk to People a été
conçu pendant le programme européen FIM-FRAME. Cet outil
cartographique se propose d'évaluer l'impact d'une crue sur les enjeux
humains. En suivant la méthodologie qui s'appuie sur différents
paramètres (intrinsèques à l'aléa ou aux
différentes sources de vulnérabilité), on peut estimer le
nombre potentiel de victimes (les décès et les blessés).
Cette modélisation permet aux gestionnaires du risque
« inondation » de cibler les éventuelles zones de
faiblesses et de pouvoir remédier aux manques soulignés par le
modèle (plans de secours, vulnérabilité du
bâti,...). En effet il a été mis en avant lors de la
première phase du projet FIM-FRAME (sondage auprès du SDIS et du
SIDPC en France) que l'intérêt pour l'information
définissant la vulnérabilité humaine est moindre (tableau
4). Pourtant, la définition des zones fragiles permettrait
d'améliorer la gestion du risque et des crises. En connaissant les
secteurs sensibles, un recensement des personnes fragiles (personnes
âgées, maladies graves, handicap,...) pourrait être fait et
ainsi améliorer la gestion de crise dans ces zones : moyens
d'alertes plus conséquents, hiérarchisation des
évacuations, mesures d'abaissement de la vulnérabilité du
bâti si possible, augmentation de la prévention auprès des
populations.
Tableau 4 :
Résultats du degré de détails souhaités dans les
plans de gestions de crises en France (note de 1 à 5).
(D'après FIM-FRAME, 2010)
Type d'information
|
France
|
Cartographie montrant l'extension de l'inondation
|
4,52
|
Cartographie des hauteurs d'eau, des vitesses et des zones
d'écoulement majeur
|
4,27
|
L'impact des inondations sur les infrastructures sensibles
|
4,16
|
Disponibilité des ressources appropriées
(matérielles et humaines) pour les secours
|
4,03
|
Les abris, zones de repos et refuges sécurisés
|
4,02
|
Le temps de réponse au niveau de l'alerte face aux
inondations
|
3,96
|
Le temps et les trajets d'évacuation
|
3,78
|
La potentialité qu'un autre risque se produise suite
à une inondation (effet domino)
|
3,63
|
Vulnérabilité des bâtiments
|
3,36
|
Vulnérabilité des personnes en termes de blessures
et décès potentiels
|
3,32
|
Mise en place de mesures de sauvegarde temporaires (sacs de
sable, défenses temporaires)
|
3,27
|
En généralisant des outils comme le FRP, il est
possible que les gestionnaires prennent plus en compte la
vulnérabilité humaine. L'objectif global du modèle FRP est
de démontrer qu'il est possible d'anticiper l'impact d'une catastrophe
sur les enjeux humains et ainsi d'agir en conséquence. Ce modèle
a déjà été testé en Angleterre sur la ville
de Stocksbridge (ville fortement assujettie au risque rupture de barrage), et
l'application du modèle a donné des résultats
satisfaisants.
Un des atouts majeurs du FRP est qu'il peut s'appliquer
à tout type d'inondation : crue lente d'un fleuve (cas du
Rhône aval par exemple), crue torrentielle, submersion marine,
inondations faisant suite à une rupture de digue ou de barrage,...A
priori, il s'appliquera donc sans problème sur le secteur de la
basse plaine Gardoise. Dans ce cas, la modélisation a deux
objectifs :
· montrer que les résultats sont autant corrects
pour des crues fluviales plutôt lentes (hormis les zones de ruptures de
digues) que pour les crues rapides (cas de Stocksbridge, où une rupture
de barrage à l'amont du centre-ville a été
modélisée).
· montrer quel pourrait être l'impact d'une rupture
de digue sur ce territoire. Des études ont été faites dans
le cadre du Plan Rhône, pour déterminer les portions de digues
considérées comme fragiles. Un scénario s'appuyant sur un
endroit des plus fragiles du linéaire (défini par le SYMADREM)
pourrait montrer l'intérêt de l'entretien des digues dans cette
zone et la vulnérabilité du territoire face à un tel
scénario. Les PCS prenant rarement en compte les scénarios
extraordinaires, nous opterons pour une crue millénale.
3.3. Méthodologie et rassemblement des
données
3.3.1. Méthodologie
La méthode d'utilisation du FRP est traduite de
l'anglais d'après le mémoire de J-R Leclère (2010). La
méthodologie de cet outil a été développée
par HR Wallingford et le Flood Hazard Research Centre de 2003 à 2005,
à la demande de DEFRA13(*) dans le cadre du programme de recherche
DEFRA/EA14(*) sur la
Gestion du Risque Inondation. Le FRP est basé sur trois
concepts :
- L'aléa inondation : il est décrit selon
la combinaison entre la hauteur de l'eau, la vitesse du courant et la
présence de débris.
- La vulnérabilité de la zone : il s'agit
des caractéristiques de la zone affectée, comme la qualité
du bâti ou la présence d'un plan de secours (ici les PCS).
- La vulnérabilité des personnes : elle
correspond aux caractéristiques des personnes concernées par les
inondations et leur capacité à faire face.
La combinaison de ces trois concepts multipliée par le
nombre de personnes concernées par le risque donne le nombre de morts et
de blessés.
Ces trois concepts sont décrits comme suit :
· La valeur de l'aléa inondation
Cette valeur est basée sur la hauteur d'eau, la vitesse
du courant et la présence de débris. La relation entre hauteur et
vitesse de l'eau s'appuie sur les travaux expérimentaux de Abt et
al (1989) et de Rescdam (2000) (tableau 5). Pour établir ce
paramètre, une modélisation hydraulique est nécessaire.
Tableau 5 : le danger
pour les personnes en fonction de la hauteur d'eau et de la vitesse
(d'après DEFRA/EA in Leclère, 2010)
d x (v + 0,5)
|
Degré de l'aléa
|
Description
|
< 0,75
|
|
Attention « Zone inondée avec une eau peu
profonde ou un courant réduit »
|
0,75 - 1,25
|
Modéré
|
Dangereux pour les personnes les plus vulnérables
« Danger : zone inondée profonde ou vitesse de l'eau
rapide »
|
1,25 - 2,5
|
Considérable
|
Dangereux pour de nombreuses personnes
« Danger : zone inondée aux eaux profondes et aux
courants forts »
|
> 2,5
|
Extrême
|
Dangereux pour tous « Danger extrême :
zone inondée avec des eaux très profondes et des courants
puissants »
|
Il faut noter que cette méthodologie ne prend pas en
compte les personnes atteintes par les inondations dans leurs véhicules
ou affectées par l'effondrement du bâti. La présence de
débris est calculée en fonction de l'usage dominant du sol, et de
la hauteur (ou vitesse) de l'eau (tableau 6).
Tableau 6 :
Orientation pour décrire la présence de débris en fonction
de la vitesse, la hauteur d'eau et l'occupation du sol (d'après
DEFRA/EA in Leclère, 2010).
Profondeur
|
Maraîchage/terre agricole
|
Forêt
|
Zone urbaine
|
0 à 0,25 m
|
0
|
0
|
0
|
0,25 à 0,75 m
|
0
|
0,5
|
1
|
d > 0,75 m et/ou v > 2 m/sec
|
0,5
|
1
|
1
|
Sur la base de ces deux classifications, on peut
établir la formule du degré de l'aléa :
HR = d x (v + 0,5) + DF
Où : HR : Hazard rating (degré de
l'aléa) d : profondeur (en mètre)
v : vitesse du courant (m/sec) DF : debris factor
(présence de débris)
· La vulnérabilité de la zone :
Elle est basée sur trois paramètres : la
vitesse de montée des eaux (dans notre cas cette valeur sera confondue
avec le temps d'arrivée de l'onde de crue, qui est la seule
donnée disponible s'en rapprochant le plus), la nature du secteur et la
qualité du plan de secours (ici le PCS). La vitesse de montée des
eaux/temps d'arrivée de l'onde est une valeur importante car c'est elle
qui va établir la capacité de la population à
réagir face à l'inondation et à se mettre à l'abri
(étage refuge ou évacuation). La nature du secteur va directement
influencer sur la vulnérabilité des personnes (qualité du
bâti, absence ou présence d'étages,...). La
présence/qualité du plan de secours va influencer sur la culture
du risque de la population (connaissance du comportement à adopter en
cas de crue) et la capacité de la commune à protéger les
personnes. La classification de chacune des variables se fait selon un score de
un à trois (tableau 7).
Tableau 7 :
classification de la vulnérabilité du secteur
(d'après DEFRA/EA in Leclère, 2010)
Paramètre
|
Score 1 - Risque faible
|
Score 2 - Risque moyen
|
Score 3 - Risque important
|
Temps d'arrivée de l'onde
|
Plusieurs heures
|
Environ une heure
|
Moins d'une heure
|
Nature du secteur
|
Bâtiments de plusieurs étages
|
Habitations classiques (un étage) ou zones
industrielles/commerciales
|
Habitats précaires (mobil-homes, camping,...) ;
maisons de plain-pied ; écoles
|
Plan de secours
|
PCS testé et approuvé lors d'exercices ou de
situations réelles
|
PCS présent mais limité
|
PCS absent
|
L'addition de ces trois scores permet de déterminer la
vulnérabilité de la zone.
AV = Score du plan de secours + score du temps
d'arrivée de l'onde + score de la nature du secteur
Où : AV : Area Vulnerability
(vulnérabilité de la zone).
· La vulnérabilité des personnes :
Elle prend en compte seulement deux paramètres :
le pourcentage de personnes atteintes de maladies graves ou handicapées
et le pourcentage de personnes de plus de 75 ans. Le FRP ne prend pas en compte
les enfants, les sans-abris et les gens du voyage. La
vulnérabilité des personnes (Y) est décrite comme
suit :
Y = % de personnes souffrant d'un handicap ou d'une
maladie grave + % de personnes âgées de plus de 75 ans
Suite au calcul de ces différents paramètres, il
faut appliquer 11 étapes pour appliquer l'outil FRP sur une zone
donnée, pour un scénario donné :
- Diviser la zone en plusieurs petits secteurs
présentant des paramètres constants :
CA = 1, 2,...,n
- Déterminer le degré de l'aléa (HR) par
secteur :
HRCA = [d x (v + 0,5) +
DF]CA
- Évaluer la vulnérabilité de chaque secteur
(AV) selon les trois variables explicitées
précédemment :
AVCA = (score PCS + score temps
d'arrivée de l'onde + score nature du secteur)
- Calculer la vulnérabilité des personnes
(Y) :
YCA = (% handicap + %
âgées)CA
- Déterminer le pourcentage de personnes exposées
au risque (X) :
XCA = (HR x AV)CA
- En fonction du nombre de personnes de la zone
(N(Z)CA), on peut en déduire le nombre de personnes
exposées par secteur (N(ZE)CA) :
N(ZE)CA = [N(Z) x
(X/100)]CA
- Le nombre de blesses (Ninj) est proportionnel au nombre de
personnes vulnérables :
NinjCA = [N(ZE) x
(2Y/100)]CA
- Le taux de mortalité (FR) soit le nombre de personnes
blessées qui meurent, est considéré comme proportionnel au
degré de l'aléa :
FRCA = (2 x HR)CA
- Le nombre de décès (Nfat) est calculé
à partir de la multiplication entre le nombre de blessés et le
taux de mortalité :
NfatCA = [Ninj x
(FR/100)]CA
- Le nombre total de blessés/décès est
calculé en faisant la somme de chaque petit secteur :
Ninj = ?(Ninj)CA Nfat =
?(Nfat)CA
- Enfin, le nombre final de blessés NinjF est obtenu par
la soustraction du nombre de décès au nombre de
blessés :
NinjF = (Ninj - Nfat)
3.3.2. Constitution de la base de données pour le
territoire choisi
Afin de pouvoir appliquer l'outil FRP, il faut commencer par
constituer la base de données pour chaque variable. Les données
hydrauliques nécessaires (hauteurs d'eau, vitesse du courant et temps
d'arrivée de l'onde) ont été fournies par le SYMADREM. Ce
sont les données qui servent aux programmes de sécurisation des
digues et d'amélioration du ressuyage des plaines.
Les données sur l'occupation du sol sont issues de la
base Corine Land Cover 2006. Ce sont les données de
référence européenne, mises à disposition en France
par le MEDDTL15(*).
L'unité cartographique minimale est de 25 hectares. Pour la zone
concernée, l'occupation du sol est quasi agricole, à part les
quatre centres urbains (figure 33).
La nature du secteur (qualité du bâti) est
défini selon la couche « bâtiment » de la BDTR
de l'IGN. Cependant, la définition de la qualité des bâtis
n'est pas complète. Par exemple, les écoles ou les campings ne
sont pas mis en valeur. Cependant cette base de données peut
s'avérer suffisante : elle distingue les catégories de
bâtis « Industriels »,
« Commerciaux », « Agricoles » (serres
et silos) de la catégorie « Autres » qui concerne,
notamment, l'ensemble des habitations. La hauteur est également
renseignée. Le nombre d'étages sera déduit de la
hauteur : d'après les renseignements de l'IGN et les observations
de terrain, on considérera les bâtis de trois mètres de
haut comme des maisons de plain-pied, puis on ajoutera trois mètres par
étage. Cette estimation sera considéré comme
satisfaisante.
L'estimation des PCS s'est faite par enquête
téléphonique auprès des quatre communes concernées.
En effet aucune de ces quatre municipalités ne met son PCS en
consultation sur le site Internet communal (seul le DICRIM est disponible, car
considéré comme document de prévention à
destination de la population).
Figure 33 : L'occupation du sol sur la plaine de
Beaucaire à Fourques
Le PCS est plutôt considéré comme un
document interne aux services. Le score de 2 sera attribué à
l'ensemble des communes pour le calage sur les évènements de
2003 : ce territoire est depuis toujours soumis aux crues du Rhône,
elles se sont donc toujours plus ou moins organisées pour y faire face.
Mais la loi de modernisation de la sécurité civile datant que de
2004, il est fort possible que les documents de l'époque
n'étaient pas aussi organisés que ceux d'aujourd'hui. Depuis la
mise en place des PCS, ce score peut être ramené à 1.
Toutes ces communes disposent d'un PCS. Il faut tout de même souligner
plusieurs points :
- La commune de Bellegarde a fusionné son PCS avec le
DICRIM. Mais elle participe aux exercices annuels de mise en situation et de
test du PCS. D'après le responsable, il faut encore l'améliorer,
mais pas nécessairement sur l'aspect inondation.
- La commune de Fourques dispose d'une RCSV de 600
bénévoles, pour une population de 2880 habitants (INSEE, 2007).
L'implication de la population dans la gestion du risque est donc très
forte.
- Les PCS ne sont pas tous réalisés en
interne : la commune de Saint-Gilles a fait appel à Predict Service
(filiale de Météo France) et la commune de Beaucaire fait
actuellement une offre de marché pour mettre jour le PCS et le
DICRIM.
- Toutes ces communes ont associé leur PCS au PGOPC du
SYMADREM.
- Les exercices sont quasi-annuels, et les
municipalités ont également pu tester leur système
d'organisation en situation réelle (notamment lors de la crue du
Rhône de 2010). Ce document est donc en constante amélioration
dans ces communes.
Ensuite, les données concernant la population ont
été principalement fournies par l'INSEE. Cet organisme
d'état fournit sur son site une estimation, plutôt convaincante,
du nombre d'habitants par kilomètres carrés16(*). Même s'il peut y avoir
quelques imprécisions, c'est la seule source de données à
une échelle supra-communale qui peut être considérée
comme fiable. C'est le carroyage INSEE qui sera la base de l'ensemble des
secteurs nécessaires pour réaliser le FRP (figure 34).
Figure 34 : Nombre d'habitants par secteur de la
zone d'étude
Pour garder plus de précisions dans l'application de
l'outil, le nombre d'habitants des parties du carroyage qui ont
été rognées par la limite de la zone d'étude a
été ramené proportionnellement à l'aire du secteur.
Les données concernant l'âge des résidents sont
également fournies par l'INSEE. Ces données sont à
l'échelle communale et non géoréférencées.
Il en est de même pour les données concernant le handicap, qui
proviennent de différentes sources (CAF, MSA, INSEE). L'ensemble de ces
données a été synthétisé puis attaché
à chaque point représentant un bâtiment (en fonction de sa
commune) (tableau 8).
Tableau 8 :
Caractéristiques de la population sur la basse plaine Gardoise.
Source concernant le handicap : MSA, CAF, INSEE 2008 ;
source concernant la population : INSEE 2007. (Y.Visserot, 2011)
Commune
|
Nombre d'allocataires AAH (20-59ans)
|
Personnes âges plus de 75 ans
|
Pop. totale
|
% handicap
|
% personnes âgées
|
Beaucaire
|
257
|
404
|
15274
|
1,68
|
2,65
|
Bellegarde
|
62
|
150
|
6202
|
1,00
|
2,42
|
Fourques
|
9
|
70
|
2880
|
0,31
|
2,43
|
Saint-Gilles
|
180
|
310
|
13211
|
1,36
|
2,35
|
Le nombre d'handicapés est assimilé au nombre
d'allocataires de l'Allocation Adultes Handicapés (AAH). Les
données sur les maladies lourdes (qui nécessitent des dialyses ou
qui affaiblissent considérablement les personnes) ne sont pas
renseignées facilement, notamment à l'échelle communale ou
infra-communale (dans le cas d'un diagnostic de risques dans un quartier par
exemple).
Enfin, l'ensemble de ces données (des données
hydrauliques à celles concernant la population) a été
rattaché à un semis de points géolocalisés
représentant chaque bâtiment (issu de la BDTR de l'IGN) afin de
pouvoir effectuer les calculs par secteur. Une carte du nombre moyen de
personnes par bâtiment peut donc être établie pour
l'ensemble de la zone d'étude (figure 35 en page suivante). La division
du nombre de résidents par le nombre de bâti a été
arrondie à une décimale afin de maintenir de la précision
dans les calculs. Cependant, si cet outil est appliqué sur un territoire
plus fin - où un recensement plus précis peut être
réalisé - il serait même possible d'effectuer un comptage
des personnes présentes dans les bâtiments industriels (ou une
estimation de la fréquentation d'un bâtiment commercial) afin de
limiter les erreurs. Il faut tout de même souligner le fait que le FRP
n'est pas une solution individuelle mais bien une estimation spatiale sur un
territoire donné.
Figure 35 : Le nombre moyen d'habitants par
bâtiment (à 0,1 près)
3.1.1.
Difficultés rencontrées et pistes d'améliorations
Pour constituer cette base de données, les principales
difficultés ont été rencontrées dans l'obtention
d'information sur les PCS. Aucune de ces municipalités ne met à
disposition ce document sur son site Internet, et se le procurer en mairie
n'est pas plus facile. Le DICRIM faisant office de moyen de prévention,
les responsables considèrent le PCS comme un document d'organisation
interne. Cependant, les personnes en charge de la gestion des risques qui ont
été contactées pour fournir des informations dans le cadre
de cette étude sont apparues concernées par les
problématiques liées aux risques majeurs. Le manque de moyen au
niveau communal, voire de préoccupation par les responsables locaux
(maires et élus) est une piste envisageable pour expliquer ces
difficultés. Ces villes qui vivent principalement grâce au
tourisme (villages médiévaux, ports de plaisance,...) ne
disposent peut être pas d'un budget suffisant pour mettre en avant la
gestion des risques. Dans le cas de la ville de Beaucaire, cela devient une
affirmation. Obtenir des renseignements auprès de la mairie n'a pas
été une chose aisée. Bien que la commune soit directement
concernée par les crues du Rhône, et par les ruptures de digues
(centre ville endigué au bord du fleuve), il aura fallu contacter pas
moins de quatre services avant de trouver une personne ayant connaissance du
document. Le gestionnaire des risques de la commune est d'ailleurs pleinement
conscient de ces dysfonctionnements, lui-même étant
rattaché au service des festivités... De plus, même si le
DICRIM n'est pas forcément mis en avant sur les sites officiels des
communes, il est présent. Dans le cas de Beaucaire il est tout
simplement absent du site web. Il y a donc bien un manque d'implication au
niveau communal. Cet état de fait ne remet pas en cause le responsable
des risques, qui ne dispose pas réellement des moyens nécessaires
pour améliorer la gestion de crises et les moyens de préventions.
Cependant, la culture ancestrale du fleuve, les crues fréquentes et
exercices annuels, les évènements majeurs récents (1993,
1994, 2002 par deux fois et 2003) et la transversalité importante avec
le SYMADREM en période de crues (même mineures) font que ces
communes ne se retrouvent pas démunies en cas de crises.
Ensuite, dans un cas plus général, une des
difficultés pour appliquer l'outil FRP réside dans le besoin de
données hydrauliques. Les communes n'ont pas forcément
connaissance et/ou conscience de l'ensemble des données disponibles sur
leur territoire ou des bureaux d'études qui les ont faites. Ici, le fait
que le SYMADREM soit le gestionnaire unique facilite la tâche. De telles
études seront, a priori, menées sur l'ensemble du
territoire de compétence de l'organisme dans le cadre de la
requalification et de la réparation/création des digues du Grand
Delta du Rhône. De plus, quand ces données sont disponibles dans
les communes, elles sont rarement stockées sous formes de couches SIG
(l'application de l'outil reste donc possible, mais nécessite un travail
de vectorisation souvent long et fastidieux). Les vitesses de l'eau sont
souvent indisponibles, tout comme la modélisation de scénarios
exceptionnels ou de ruptures d'ouvrages.
Concernant les pistes d'améliorations de l'outil FRP,
elles peuvent se faire sur plusieurs points :
- Un recensement et un géoréférencement -
par quartier ou zone d'application de l'outil - des personnes
âgées et gravement malades permettraient de limiter ces
imprécisions. De plus, dans le cas de la modélisation sur la
basse plaine Gardoise aucune donnée n'était disponible concernant
les personnes gravement malades (une étude plus longue aurait être
permis d'entrer en contact avec les Caisses Primaires d'Assurance Maladie, qui
à ce jour n'ont toujours pas répondu aux sollicitations de
l'étude).
- La même remarque peut être faite pour le
recensement à l'intérieur des bâtiments. Concernant les
bâtiments industriels et commerciaux, on pourrait se baser sur une
méthodologie qui permet d'estimer le nombre de personnes
présentes dans une zone commerciale en fonction de l'heure ou sur
l'emploi du temps des usines et industries.
- Pour une étude plus longue ou une zone plus petite,
mieux définir le bâti au moyen d'une enquête de terrain
(mettre en avant les écoles, les hôpitaux,...)
- Choisir les sous-secteurs de l'étude de façon
stratégique, comme le carroyage pompier.
- Appliquer la méthodologie FIMFRAME pour noter les
PCS, afin d'affiner les scores.
L'ensemble de ces points d'amélioration peut être
appliqué assez facilement, sous réserve de plus de temps pour
mener l'étude. Si les municipalités appliquent elles-mêmes
l'outil, ces informations seraient disponibles rapidement et leurs
permettraient d'affiner les résultats à l'échelle
communale.
3.4. Résultats
3.4.1. Calage sur les évènements de 2003
Afin de vérifier la justesse de l'outil, nous avons
effectué dans un premier temps un calage sur les
évènements de 2003. Pendant cet évènement majeur,
les dégâts ont été très importants dans cette
zone, notamment au lieu-dit « Mas d'Argence » sur le
territoire communal de Fourques. La brèche de plus 200 mètres de
long qui s'est ouverte en ce lieu, à cause de la surverse et de facteurs
aggravants (CETMEF, 2004), a provoqué la coupure de l'autoroute A54
pendant deux semaines et la destruction d'une ancienne maison de garde-digue au
pied aval de la digue (photo 2). Cette illustration témoigne de la
puissance que peuvent atteindre les flots suite à une rupture dans les
ouvrages de protection. On peut imaginer quelles conséquences cela peut
avoir sur les enjeux humains d'une maison occupée.
Photo 2 : Maison
détruite au lieu-dit Mas d'Argence suite à une rupture de digue
en 2003. Source CETMEF, 2004.
Pour appliquer le FRP sur ce territoire, il a fallu dans un
premier temps interpréter les données hydrauliques mises à
disposition par le SYMADREM sous forme d'un semis de points. Pour garder de la
précision dans l'application de l'outil, nous avons décidé
de ne pas appliquer la moyenne des valeurs hydrauliques (hauteurs et vitesses)
par aire de recensement, mais de modéliser la cinétique de crue
par le calcul de régions selon le plus proche voisin (Natural
Neighbour Interpolation) afin de pouvoir appliquer ces données
directement sur chaque point représentant le bâti (figure 36).
Figure 36 : Les hauteurs d'eau de la crue de 2003
calculées par le SYMADREM (en mètres)
Les hauteurs ainsi estimées (et calées sur les
évènements de 2003 pour vérifier leur justesse par le
SYMADREM) peuvent s'avérer très dangereuses, puisque la plaine
est recouverte par plus de deux mètres d'eau. Les habitations sans
étage seront complètement inondées. Cependant, on retrouve
ces fortes profondeurs dans des zones peu habitées, ce qui permet de
relativiser le risque : l'aléa est fort mais les enjeux (humains et
matériels) sont limités.
La même méthode d'interpolation a
été appliquée pour calculer les vitesses du courant
(figure 37).
Figure 37 : Les vitesses du courant en 2003
calculées par le SYMADREM
La vitesse de l'eau est élevée au niveau de la
brèche (vague de submersion) puis décroît rapidement. Ce ne
sera pas le facteur qui mettra le plus en péril les personnes selon les
possibilités de déplacements de celles-ci en fonction de la
vitesse et des hauteurs de l'eau (annexe 8)
Concernant le temps d'arrivée de l'onde de crue (on
rappelle qu'elle est assimilée au temps de montée de l'eau) nous
avons utilisé les données brutes du SYMADREM, sous forme de
données cartographiques (figure 38).
Figure 38 : Le temps d'arrivée de l'onde
de crue en 2003 calculé par le SYMADREM
A part au droit de la brèche (zone peu peuplée),
le temps d'arrivée de l'onde de crue est relativement
élevé (plusieurs heures à plus d'un jour par endroit). Sur
la base de ces données et celles dont nous avons parlé dans le
chapitre 3.2, nous avons appliqué la méthodologie FRP
(figure 39 et 40 en page suivante). Afficher les résultats par
bâtiment ne représente pas d'intérêt dans le cas
présent. En effet la cinétique de crue associée à
la nature des bâtis donne des résultats très bas.
Cependant, à l'échelle du carroyage INSEE ou même à
l'échelle communale, les résultats sont plutôt
satisfaisants (tableau 9).
Tableau 9 :
Résultats du FRP par commune du secteur étudié
Commune
|
Population
|
NinjF
|
NFat
|
Beaucaire
|
15 274
|
1,32
|
0,04
|
Bellegarde
|
6202
|
12,61
|
0,48
|
Fourques
|
2880
|
0,95
|
0,03
|
Saint-Gilles
|
13 211
|
16,05
|
0,68
|
On voit bien que les communes de Bellegarde et de
Saint-Gilles, qui couplent de forts enjeux humains avec un aléa fort en
zone urbaine, sont les plus impactées. Les résultats à
l'échelle de la plaine sont plus que satisfaisants, puisque la
modélisation prévoit 1,23 mort. En 2003, un homme de 38 ans a
trouvé la mort à Bellegarde, par noyade suite à un malaise
dans son garage inondé (d'après Boissier, 2011). Il s'agit du
seul décès sur le secteur concerné. Cependant, il est
difficile de vérifier le nombre de blessés. L'outil correspond
plus à un moyen de mettre en avant des secteurs fragiles qu'à une
éventuelle réalité sur la zone d'application de l'outil
(dans le cas de la zone choisie).
Figure 39 : Nombre de blessés
estimé par le FRP sur la crue de 2003
Figure 40 : Nombre de morts estimé par le
FRP sur la crue de 2003
Ces résultats pour le calage sur l'évènement
de 2003 sont considérés comme corrects. La difficulté pour
vérifier le nombre de blessés ne permet pas d'affirmer ou
d'infirmer ce nombre, mais concernant le nombre de morts les résultats
sont convaincants. Ils peuvent servir de base pour appliquer le FRP sur un
évènement exceptionnel, afin d'anticiper d'éventuelles
zones de faiblesses.
3.4.2. Modélisation d'un scénario
exceptionnel
Dans le cadre de ses études sur la basse plaine
gardoise, le SYMADREM a modélisé de nombreux scénarios en
variant les paramètres de la cinétique de crue (type 2003, type
1856, ou Q1000) et l'emplacement des brèches. Cette méthode leur
a permis de cibler les points faibles et ainsi de pouvoir hiérarchiser
les portions du linéaire de digue à renforcer. Sur la base de ces
données, nous avons choisi d'appliquer le FRP en fonction d'une
brèche qui serait catastrophique pour une commune. Nous avons donc
choisi une rupture de digue au droit du PK 266,80 à Beaucaire. Les
paramètres retenus par le SYMADREM pour la modélisation
hydraulique sont les suivants : l'extension maximale de la brèche
serait de 50 mètres en 0,1 heures (soit six minutes) et une fosse de
cinq mètres se creuserait en une heure. La rupture de l'ouvrage
impacterait directement le centre ville de la commune (photo 3 et figure
41).
Figure 41 : Localisation de la portion de digue
concernée par la modélisation
Photo 3 : La digue
maçonnée de Beaucaire (en aval du PK 267)
Les PCS mettant rarement en scène des scénarios
exceptionnels, nous choisirons un scénario hydraulique de type Q1000
(14 160 m3/sec). La méthodologie sera la même que
précédemment, la principale différence résidant
dans le fait que nous appliquerons le score de 1 sur l'aspect PCS. Aujourd'hui,
ces communes sont toutes équipées du document, et malgré
les améliorations nécessaires, elles participent
régulièrement à des exercices et sont fréquemment
soumises à des crues mineures et moyennes.
Afin de visualiser l'ampleur de la crue nous établirons
les mêmes cartes que précédemment (hauteurs d'eau, vitesse
et temps d'arrivée de l'onde) (figure 42, 43 et 44).
Figure 42 : Hauteurs d'eau
modélisées pour la Q1000 (brèche au PK 266,80)
Figure 43 : Vitesse du courant pour une
brèche au PK 266,80 (scénario Q1000)
Ces cartes montrent clairement l'impact des vitesses du
courant dans la zone urbaine de Beaucaire et les hauteurs d'eau sont
relativement importantes en ce même lieu. Nous pouvons tout de même
remarquer que les hauteurs d'eau les plus fortes se situent au centre de la
plaine (zone peu habitée), de manière semblable à la crue
de décembre 2003.
Figure 44 : Temps d'arrivée de l'onde pour
une brèche au PK 266,80 (Q1000)
Comme pour le calage sur la crue de 2003, le temps
d'arrivée de l'onde est important uniquement au niveau de la
brèche. Saint-Gilles et Fourques seront inondées 24 à 56
heures après Beaucaire pour un tel scénario. Ce type
d'évènement, pour ces deux collectivités, n'aurait pas
d'autre impact qu'économique, puisqu'elles disposeraient de plus d'un
jour pour anticiper l'ampleur de la crue et adopter les mesures à mettre
en oeuvre pour sauvegarder la population. Les résultats de la
modélisation confirment l'importance des enjeux humains dans les centres
urbains, notamment Beaucaire - pour ce scénario - (figure 44 et 45). Il
est intéressant de souligner que les communes de Bellegarde et de
Saint-Gilles sont fortement impactées par ce scénario. La forte
densité de ces deux villes fait croître considérablement le
risque, car l'aléa est relativement faible (sauf les hauteurs d'eau).
L'application de cet outil sur d'autres scénarios (37
scénarios proposés par le SYMADREM, pour huit brèches
différentes), notamment en faisant varier la localisation des
brèches, permettrait de souligner les zones fragiles. Par exemple, quel
serait l'impact d'une brèche au droit du centre urbain de
Fourques ?
Figure 45 : Nombre de blessés
estimé pour le scénario choisi
Figure 46 : Nombre de morts estimé pour le
scénario choisi
3.4.3. Critique des résultats et perspectives
Malgré le manque de précision de certaines
données, notamment le recensement des personnes fragiles, les
résultats sont corrects et peuvent servir de base pour une cartographie
d'aide à la décision. Concernant le nombre de blessés
estimé, il est possible que ce nombre soit supérieur à la
réalité, même si cela n'a pas été
vérifié. Mais les résultats qui restent faible, même
dans le cas de la Q1000 s'expliquent de plusieurs façons :
- Les crues du Rhône, bien qu'impressionnantes par leurs
hauteurs d'eau, sont des crues lentes, voire très lentes. Même en
cas de ruptures de digues (elles sont souvent anticipées en
période de crise grâce à la surveillance accrue des
ouvrages), la population a généralement le temps de se mettre
à l'abri.
- De nombreux bâtiments, y compris en zone urbaine et
péri-urbaine, sont des bâtiments anciens, très haut (plus
de neuf mètres dans les centres-villes et souvent à plusieurs
étages en plaine) et construits en grosses pierres. Ils sont donc
très solides et permettent aux résidents d'être à
l'abri. Cependant, de nombreux lotissements se construisent actuellement et il
n'est pas certain qu'ils présentent la même qualité de
résistance aux crues.
- Le manque de précision concernant le nombre
d'habitants par bâtiment influe très certainement sur le
résultat.
Malgré ces critiques, le modèle donne une bonne
estimation sur chaque scénario. Les zones les plus impactées sont
les centres urbains, ce qui est logique puisque l'outil s'appuie sur le nombre
d'habitants par secteur. Les modèles confirment donc la
vulnérabilité des zones peuplées vis-à-vis des
risques naturels. Cependant, il est possible de raisonner en pourcentage de
personnes touchées par secteur, ce qui peut mettre en évidence la
fragilité de certaines zones peu habitées (figure 47).
Figure 47 : Pourcentage de blessés
estimé pour une brèche au PK 266,80 (scénario
Q1000)
Pour conclure, le FRP est un bon outil d'aide dans à la
décision, car même s'il peut s'avérer imprécis en
fonction des données des départs, ou proposer des cartes plus
difficilement exploitables dans le cas des crues lentes, il spatialise et
hiérarchise les enjeux humains. De plus, cet outil pourrait servir, y
compris dans le cas du Rhône, à réaliser une analyse de
risque par anticipation. Par exemple, lors d'un projet d'urbanisme à
l'arrière d'une digue - en zone submersible du Rhône -
l'application de cet outil sur le projet immobilier (où les
données peuvent être extrêmement précises à
l'échelle du quartier) permettrait d'anticiper et donc de réduire
une éventuelle vulnérabilité du bâti (notamment en
termes d'étages refuges).
Conclusion
Dans le Grand Delta du Rhône, la gestion du risque
inondation nécessite de la rigueur de la part des différents
acteurs, des collectivités locales aux gestionnaires d'ouvrages. Le
fleuve est endigué depuis plusieurs siècles, mais les crues
majeures continuent d'impacter considérablement les différents
enjeux. La gestion des digues est primordiale dans ce territoire, où les
enjeux humains à l'arrière des digues sont très importants
(Beaucaire, Tarascon, Arles). Si la dynamique du fleuve est parfaitement connue
aujourd'hui, le risque « rupture de digue » est bien
présent (cf. décembre 2003) et nécessite des PCS solides
pour pouvoir gérer les éventuelles crises.
Les outils cartographiques et technologiques actuels font
partis des moyens qui peuvent tendre à améliorer la prise de
décision. L'exploitation de la BDT Rhône, qui a été
conçue pour optimiser la gestion des inondations, peut permettre aux
communes de mettre en place de la cartographie d'aide à la
décision.
Ces outils cartographiques associés au système
de prévision de crues (SPC ou serveur SIHTB) peuvent permettre
d'anticiper les évènements et d'améliorer la gestion de
crise. C'est dans cette optique que s'inscrit le Flood Risk to People. Cet
outil permet de calculer le nombre de blessés et de décès
en fonction de multiples paramètres. Les résultats ainsi obtenus
sont corrects et mettent en avant des zones de faiblesses. L'application de ce
modèle prend toute sa valeur quand elle est faite par anticipation. Il
serait intéressant de l'appliquer sur des catastrophes récentes
comme la catastrophe Xynthia en 2010 (où les victimes ont
été nombreuses), afin de mettre en avant la qualité de cet
outil et l'apport d'une telle modélisation. Cependant, se procurer des
données hydrauliques (quand elles sont disponibles) n'est pas toujours
facile. De plus des scénarios exceptionnels doivent être
modélisés pour que l'outil ait une réelle utilité,
et actuellement les scénarios autres que la crue centennale sont
très peu pris en compte par les gestionnaires des collectivités
locales.
Si les PCS ont été une avancée dans la
responsabilisation des élus, la qualité ce document est encore
trop dépendant du bon vouloir des communes. L'implication des acteurs
locaux et la capacité à passer outre les clivages politiques dans
la gestion du risque restent les pièces maîtresses de
l'amélioration du PCS. C'est l'importance de l'implication (et des
moyens d'organisation mis en oeuvre) qui font passer une gestion de crise
correcte à une gestion de crise optimale. La gestion de crise
dépend également de la cohérence à l'échelle
locale en termes d'occupation des sols.
Bibliographie et
webographie
Ouvrages et rapports :
CETMEF (2004) - Description des ruptures de digues
consécutives aux crues de décembres 2003, dans les
départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l'Hérault
- 43p.
CNR (2004) - Décembre 2003, une crue historique -
dossier d'information, 42p.
CNR (2004) - La crue du Rhône de décembre 2003.
Synthèse hydrologique - 36p.
Cova, T.J. (1999) - GIS in emergency management -
In : Geographical Information Systems: Principles, Techniques,
Applications, and Management, P.A. Longley, M.F. Goodchild, D.J. Maguire, D.W.
Rhind (eds.), John Wiley & Sons, New York, pp. 845-858 :
http://www.geog.utah.edu/faculty/index.html?id=1
DIREN de Bassin/ DIREN Languedoc Roussillon (2004) -
Inondations du Rhône et de ses principaux affluents de décembre
2003 en aval de Viviers dans les départements de la Drôme, de
l'Ardèche, du Gard, du Vaucluse et des bouches-du- Rhône - 62p.
Dugrand R. (1953) - L'aménagement du bas Rhône -
In: Annales de Géographie. 1953, t. 62, n°333. pp.
368-373.
EPTB Rhône, CNR (1999-2003) - Etude Globale
Rhône.
Gralepois M. (2008) - Le Plan Communal de Sauvegarde. Une
approche territoriale de la sécurité civile à travers
l'enquête des conditions de mises en place dans les communes
françaises - Conseil National de la Protection Civile. 68p.
Heiderich D. (2010) - Plan de gestion de crise - Dunod, Paris.
240p
Leclère J-R (2010) - The improvement of flood emergency
plans in Europe as part of the FIM FRAME project: stakeholders of analysis and
loss of life modeling - 129p.
Leveau P. (1999) - L'hydrologie du Rhône, les
aménagements du chenal et la gestion territoriale de ses plaines en aval
d'Orange - In: Gallia. Tome 56. pp. 99-108.
Pardé M. (1919) - Le régime du Rhône
à Beaucaire - In: Recueil des travaux de l'institut de
géographie alpine. Tome 7 N°2. pp. 309-368.
Mairie de Tarascon (2010) - DICRIM
Mairie de Tarascon (2011) - Plan communal de sauvegarde
Leveau P. (1999) - L'hydrologie du Rhône, les
aménagements du chenal et la gestion territoriale de ses plaines en aval
d'Orange - In: Gallia. Tome 56. pp. 99-108.
Ministère de l'Intérieur, de l'Outre Mer, des
Collectivités Territoriales et de l'Immigration (2010) - PCS :
Bilan 2010 et bonnes pratiques à l'usage des préfectures de
département. 28p.
Maillet M., Vella C., Provansal M., Sabatier F. (2006) -
Connexion entre le Rhône et son Delta (partie 2) : évolution
de l'embouchure du Rhône depuis le XVIIIe siècle -
Géomorphologie : relief, processus, environnement,
n°2, pp. 125-140.
MEEDAT (2004 ?) - La crue du Rhône de
décembre 2003 - 5p.
MEEDAT (2008) - Expertise du schéma de protection dans
le secteur de Tarascon-Arles - 79p.
Méjean A. (2007) - Etudes historiques des
aménagements réalisés contre le risque inondation dans le
« Grand Delta » du Rhône - Université Paul
Valéry. 111p.
Météo France (2004) - Fortes
précipitations de décembre 2003 et conséquences sur les
bassins du Rhône - Etude pour la CNR, 20p.
Provansal M., Arnaud-Fasseta G., Vella C. (2004) -
Géomorphologie du Delta du Rhône - In : Bulletin
archéologique de Provence, Editions de l'APA, pp 59-63.
SYMADREM (2010) - Version définitive du rapport final
complet des études de modélisation des crues avec et sans
brèches - 110p.
Versini P.A, Gaume E., Andrieu H. (2010) - Assessment of the
susceptibility of roads to flooding based on geographical information - test in
a flash flood prone area (the Gard region, France) -
In :
http://www.nat-hazards-earth-syst-sci.net/10/793/2010/nhess-10-793-2010.html
Vinet F. (2010) - Le risque inondation. Diagnostic et gestion
- Lavoisier, Paris.314p
Vinet F (2007) - Approches nationales de la prévention
des risques et besoins locaux : le cas de la prévision et de l'alerte
aux crues dans le Midi méditerranéen - Géocarrefour
[En ligne], vol. 82/1-2 | 2007, mis en ligne le 01 juin 2010.
http://geocarrefour.revues.org/index1438.html
Sites Web
www.catnat.net (2011) - site de veille d'actualités et
de ressources concernant les risques majeurs. Certains articles sont en libre
accès.
www.eptb-rhone.fr (2011) - site officiel de l'Etablissement
Public Territorial de Bassin du Rhône.
www.crige-paca.org (2011) - Portail internet sur l'information
géographique de la région PACA. Mise à disposition de
données SIG sous conditions. Certaines données sont en libre
accès.
www.fleuverhone.com (2011) - site concernant le fleuve sous
ses différents aspects (tourisme, risques,...).
www.hydro.eaufrance.fr (2011) - site permettant de consulter
les données hydrologiques de l'ensemble des stations de mesures du
territoire.
www.irma-grenoble.com (2011) - Institut des risques majeurs en
Rhône Alpes. De nombreux documents et articles concernant la gestion des
risques sont disponibles sur ce site.
www.fimframe.net (2009). Site officiel du projet FIM FRAME (Flood
incident Management a FRAMEwork for improvement). Des publications concernant
les différentes étapes du projet sont disponibles.
www.prim.net (2011). Portail de la prévention des
risques majeurs en France, dépend du MEDDTL. De nombreux documents
officiels sur la gestion des risques sont disponibles.
www.rhone-alpes.ecologie.gouv.fr (2011) - site officiel de la
DREAL Rhône Alpes.
www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr (2011) - site sur la
gestion de l'eau dans le bassin Rhône-Méditerranée.
www.vigicrues.gouv.fr (2011) - site du SPC.
Liste des figures
Figure 1 : Limite de la zone
d'étude.
11
Figure
2 : L'évolution des bras du Rhône et du rivage de
l'époque Antique au XVIII° siècle (Source: PNRC 2011).
A : époque antique, B : Moyen Age, C : XVIII°
siècle, trait plein : ligne de rivage, trait discontinu : bras
du Rhône)
12
Figure 3 : Impact des forçages
sociétaux sur les variations relatives des apports sédimentaires
à l'embouchure (extrait de Maillet et al, 2006). RTM : Restauration des
Terrains de Montagne. MES : Matières En Suspension. RCC : Rhône
Court-Circuité.
13
Figure 4 : L'extension maximale du lit majeur
de la Durance (méthode hydro-géomorphologique).
15
Figure 5 : les écoulements mensuels du
Rhône à Beaucaire (1920-2005). D'après BanqueHydro/CNR,
2011. (Y.Visserot, 2011)
16
Figure 6 : La répartition (en %) sur
différentes périodes de l'année des arrêtés
CATNAT "inondations" dans le Gard et les Bouches du Rhône (de 1982
à 2011). Source: Base GASPAR/MEDDTL 2011. (Y.Visserot, 2011)
17
Figure
7 : Le nombre d'arrêtés CATNAT "inondations" par commune des
départements du bassin versant du Rhône.
19
Figure 8 : Les trente plus fortes crues du
Rhône à Beaucaire entre 1856 et 2003. Source CNR 2004.
(Y.Visserot, 2011)
20
Figure 9 : Champ d'inondation du Rhône
en 1840 et en 1856. M.Pardé, 1925.
21
Figure 10 : La digue de la Montagnette
22
Figure
11 : Etendue et causes des inondations dans le Grand Delta du Rhône
en 2003 (le haut de la photo est au sud d'Arles).
24
Figure 12 : les débits annuels maximum
à Beaucaire entre 1920 et 2009. Source: Banque Hydro 2011 (Y.Visserot,
2011).
25
Figure 13 : Les principaux canaux traversant
le territoire de Tarascon
27
Figure 14 : L'occupation des sols sur la rive
gauche du Rhône (13). Source: CLC 2006/MEDDTL (Y.Visserot, 2011).
28
Figure 15 : L'occupation des sols en rive
droite du Rhône (30) ; Source: CL006/MEDDTL (Y.Visserot, 2011).
28
Figure 16 : Schématisation des
aménagements et des enjeux dans le lit majeur du Rhône
30
Figure 17: Evolution du système
administratif pour la lutte contre les inondations (d'après
Méjean, 2007).
34
Figure 18: l'ensemble des digues SYMADREM sur le
Delta du Rhône (fin des travaux en 2016)
36
Figure 19: Modélisation de la ZEC de Boulbon
pour un scénario type 2003
37
Figure 20: L'état d'avancement des PPRi sur
les départements du Delta du Rhône
38
Figure 21: Les missions principales d'un PCS.
Source Ministère de l'Intérieur, 2008
40
Figure 22: L'état d'avancement des PCS
arrêtés entre janvier 2008 et janvier 2011. Source
Ministère de l'Intérieur, 2011. (Y.Visserot, 2011)
41
Figure 23: Historique de la crue de 2003 sur
l'interface du serveur SIHTB - en rouge : le Rhône à
Beaucaire ; en bleu : le Rhône à Viviers ; en
blanc : le Rhône à Valence ; en vert : la Durance
à Bompas ; en jaune : le Gardon à Remoulins ; en
gris : le Petit Rhône à Fourques
43
Figure 24: Optimiser la transversalité en
temps de crise. (D'après Montagnier, 2011)
45
Figure 25: Comparaison entre une
modélisation et la réalité d'un même
évènement - à gauche la modélisation et à
droite la réalité (les hauteurs d'eau ne sont pas
disponibles).
46
Figure 26: Les habitations agricoles dans les
« Ségonnaux » de Tarascon - hauteurs d'eau pour un
débit de 10 500 m3/sec.
47
Figure 27: Zone choisie pour établir une
cartographie fine (dalles IGN de 4 km²)
48
Figure 28: Modélisation 3D d'une dalle IGN.
A: orthophoto + fausse couleur; B: orthophoto; C: fausse couleur.
49
Figure 29: Interpolation du MNT de l'IGN - à
gauche: cartographie 2D (raster) d'une dalle IGN; à droite:
vectorisation de l'image de gauche.
50
Figure 30: Comparaison entre la modélisation
linéaire avec une modélisation hydraulique (scénario type
2003: hauteur NGF de la crue: 10,5 m). A gauche: modélisation
hydraulique ; à droite: modélisation linéaire.
51
Figure 31: Modélisation linéaire du
Rhône pour différents débits
52
Figure 32 : La zone d'étude et les
principales zones d'enjeux.
54
Figure 33 : L'occupation du sol sur la plaine
de Beaucaire à Fourques
62
Figure 34 : Nombre d'habitants par secteur de
la zone d'étude
63
Figure 35 : Le nombre moyen d'habitants par
bâtiment (à 0,1 près)
65
Figure 36 : Les hauteurs d'eau de la crue de
2003 calculées par le SYMADREM (en mètres)
68
Figure 37 : Les vitesses du courant en 2003
calculées par le SYMADREM
69
Figure 38 : Le temps d'arrivée de
l'onde de crue en 2003 calculé par le SYMADREM
70
Figure 39 : Nombre de blessés
estimé par le FRP sur la crue de 2003
71
Figure 40 : Nombre de morts estimé par
le FRP sur la crue de 2003
71
Figure
41 : Localisation de la portion de digue concernée par la
modélisation
72
Figure 42 : Hauteurs d'eau
modélisées pour la Q1000 (brèche au PK 266,80)
73
Figure 43 : Vitesse du courant pour une
brèche au PK 266,80 (scénario Q1000)
73
Figure 44 : Temps d'arrivée de l'onde
pour une brèche au PK 266,80 (Q1000)
74
Figure 45 : Nombre de blessés
estimé pour le scénario choisi
75
Figure 46 : Nombre de morts estimé pour
le scénario choisi
75
Figure 47 : Pourcentage de blessés
estimé pour une brèche au PK 266,80 (scénario Q1000)
77
Liste des tableaux
Tableau 1 : Période de retour des crues
à Beaucaire. (Y.Visserot, 2011)
18
Tableau 2 : Evolution de l'occupation des sols
dans le lit majeur du Rhône entre 1990 et 2006. Source CLC/IFEN. RG: Rive
Gauche; RD: Rive Droite; valeur en km² (Y.Visserot, 2011)
29
Tableau 3: Etat d'avancement des PCS sur les
départements au contact du Rhône. Enquête auprès des
préfectures, mai 2011. (Y.Visserot, 2011)
41
Tableau 4 : Résultats du degré
de détails souhaités dans les plans de gestions de crises en
France (note de 1 à 5). (D'après FIM-FRAME, 2010)
56
Tableau 5 : le danger pour les personnes en
fonction de la hauteur d'eau et de la vitesse (d'après DEFRA/EA in
Leclère, 2010)
58
Tableau 6 : Orientation pour décrire la
présence de débris en fonction de la vitesse, la hauteur d'eau et
l'occupation du sol (d'après DEFRA/EA in Leclère, 2010).
58
Tableau 7 : classification de la
vulnérabilité du secteur (d'après DEFRA/EA in
Leclère, 2010)
59
Tableau 8 : Caractéristiques de la
population sur la basse plaine Gardoise. Source concernant le handicap :
MSA, CAF, INSEE 2008 ; source concernant la population : INSEE 2007.
(Y.Visserot, 2011)
64
Tableau 9 : Résultats du FRP par
commune du secteur étudié
70
Liste des photos
Photo 1 : « Napoléon III visitant
les inondés de Tarascon en juin 1856 », de William Bouguereau.
Toile exposée à l'Hôtel de ville de Tarascon.
22
Photo 2 : Maison détruite au lieu-dit
Mas d'Argence suite à une rupture de digue en 2003. Source CETMEF,
2004.
68
Photo
3 : La digue maçonnée de Beaucaire (en aval du PK 267)
72
Liste des annexes
Annexe 1 : La topographie entre la Plaine de
Boulbon et défluence du Rhône
90
Annexe 2 : Les hauteurs de pluies cumulées
du 1er novembre au 3 décembre 2003
91
Annexe 3 : L'occupation du sol dans le Grand Delta
du Rhône
92
Annexe 4 : Comportement des digues pendant une
crue. Source SYMADREM, 2011
93
Annexe 5 : Evaluation du PCS selon les metrics
FIMFRAME (Daprès F.Vinet / FIMFRAME, 2011).
94
Annexe 6: Les différents niveaux d'alertes
de la commune de Tarascon
96
Annexe 7 : Relations hauteurs-débits
à Tarascon (Source SDIS 13, 2011)
97
Annexe 8 : Capacité de déplacement
d'un homme pendant une inondation (Source MEDD)
98
Table des matières
Introduction
6
Méthodologie
8
1. Présentation du contexte
géographique
10
1.1. Délimitation de la zone
d'étude et particularités.
10
1.2. Géologie et
géomorphologie globale du Grand Delta du Rhône
12
1.2.1. Le Grand Delta du Rhône
12
1.2.2. Les différents lits du
Rhône.
14
1.2.3. Le lit majeur de la Durance
15
1.3. Régime hydrologique et crues du
Rhône
15
1.3.1. Le régime hydrologique du
Rhône...
15
1.3.2. ...et ses crues.
16
1.3.3. Période de retour des
crues
18
1.3.4. Retours sur quelques crues
historiques.
20
1.4. La problématique des inondations
de plaines
25
1.4.1. Le ruissellement sur versant
25
1.4.2. Les débordements des
canaux : exemple du Vigueirat central.
26
1.5. Les enjeux dans le Grand Delta du
Rhône
27
1.5.1. L'occupation des sols
27
1.5.2. Les enjeux humains.
29
1.5.3. Les enjeux économiques
31
2. La gestion du risque inondation dans le
Delta du Rhône
33
2.1. Les mesures structurelles
33
2.1.1. Des digues en réaction
à des crues majeures.
33
2.1.2. Les gestionnaires actuels
34
2.2. Bilan sur les PCS et les PPRi dans le
Delta du Rhône
37
2.2.1. Rappel sur les PCS et les PPRi et
situation actuelle
37
2.2.2. La commune de Tarascon : une
démarche active dans la gestion des risques.
42
2.3. Un outil d'aide à la
décision : la topographie à une échelle fine
46
2.3.1. Pallier le manque d'étude
hydraulique
46
2.3.2. Méthodologie
48
2.3.3. Résultats
50
3. Application du modèle Flood Risk
to People
54
3.1. Présentation du secteur
choisi : la plaine de Beaucaire à Fourques
54
3.2. Les objectifs du modèle Flood
Risk to People
55
3.3. Méthodologie et rassemblement
des données
57
3.3.1. Méthodologie
57
3.3.2. Constitution de la base de
données pour le territoire choisi
61
3.3.3. Difficultés rencontrées
et pistes d'améliorations
65
3.4. Résultats
67
3.4.1. Calage sur les
évènements de 2003
67
3.4.2. Modélisation d'un
scénario exceptionnel
72
3.4.3. Critique des résultats et
perspectives
76
Conclusion
78
Bibliographie et webographie
79
Liste des figures
82
Liste des tableaux
85
Liste des photos
86
Liste des annexes
87
Annexe 1 : La topographie
entre la Plaine de Boulbon et défluence du Rhône
Annexe 2 : Les hauteurs de
pluies cumulées du 1er novembre au 3 décembre 2003
Annexe 3 : L'occupation du sol dans
le Grand Delta du Rhône
Annexe 4 : Comportement des digues pendant
une crue. Source SYMADREM, 2011
Annexe 5 : Evaluation du
PCS selon les metrics FIMFRAME (Daprès F.Vinet / FIMFRAME,
2011).
Indicateur (metric)
|
Score initial
|
Action potentielle
|
Faible
|
Moyen
|
Bon
|
Buts et objectifs du plan
|
|
|
X
|
Non évoqué
|
Public visé et mise à jour du plan
|
|
|
X
|
Non évoqué
|
Détail des inondations précédentes
|
X
|
|
|
Partager la connaissance et le vécu des inondations
précédentes entre acteurs de la gestion de crise.
|
Cartographie de l'aléa inondation
|
X
|
|
|
Décliner les Q en cartographie des zones inondables par
tranche de 500 m3.s-1
|
Système d'alerte
|
|
X
|
|
Relier hauteurs avec prévision de tendance (hausse ou
baisse) et carte zones touchées
|
Vulnérabilité humaine
|
X
|
|
|
Mise à jour automate d`appel
|
Personnes très vulnérables
|
X
|
|
|
Améliorer le recensement des pers. vuln.
|
Vulnérabilité des biens privés
|
|
X
|
|
Non évoqué
|
Vulnérabilité des entreprises et commerces
|
X
|
|
|
Plus forte relation prévention et gestion de crise :
à moyen terme plan de mise en sécurité des entreprises
|
Infrastructures sensibles
|
X
|
|
|
Non évoqué
|
Potentiel de risque technologique
|
X
|
|
|
Non évoqué
|
Trajet d'évacuation
|
|
X
|
|
Cartographie pour gestion de crise ?
|
Abris et zones refuges
|
|
|
X
|
cartographie
|
Relation avec les autres plans de secours
|
|
X
|
|
Améliorer la transversalité des données et
procédure
|
Communication avec les autres organismes
|
|
X
|
|
Favoriser la connaissance interacteur des besoins et des
procédures
|
Communication avec le public
|
|
X
|
|
Mise a jour de la liste d'appel automatique
|
Gestion des médias
|
|
|
X
|
Non évoqué
|
Prévention et hypothèses faites par le plan
|
X
|
|
|
Non évoqué
|
Activation du plan
|
|
|
X
|
Niveaux d'alerte à confirmer par des cartes de zones
touchées en fonction des hauteurs
|
Actions, rôles et responsabilités
|
|
|
X
|
Améliorer la polyvalence dans les responsabilités
de gestion de crise
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Résilience post crise
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X
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Aider les agriculteurs a reprendre au plus vite leur
activité (pompage, recensement des moyens, gestion du
bétail..)
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Entraînements et exercices
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X
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Non évoqué
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Annexe 6: Les
différents niveaux d'alertes de la commune de Tarascon
Niveau d'alerte
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Débit du fleuve (en m/s)
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Action
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1
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3850
|
Surveillance de l'évolution de la situation par un
stationnaire.
|
2
|
4750
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Mise en place de la cellule de crise restreinte.
Armement de la surveillance pour les lieux sensibles.
Préparation du message d'alerte à la
population.
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3
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7600
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Mise en place de la cellule de crise élargie.
Déploiement de la surveillance des lieux sensibles.
Armement des procédures d'évacuations.
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Secteur 1 - les Ségonnaux et camping
Tartarin
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Secteur 2- Centre-ville et plaine
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Secteur 3- le secteur Nord
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Niveau d'alerte
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Débit (en m/s)
|
Action
|
Débit (en m/s)
|
Action
|
Débit (en m/s)
|
Action
|
1
|
3850
|
Un agent stationnaire surveille la situation et
suit son évolution.
|
3850
|
Un agent stationnaire surveille la situation et
suit son évolution.
|
3850
|
Un agent stationnaire surveille la situation et
suit son évolution.
|
2
|
4750
|
Fermeture des martelières et des passages
sous voie.
Message d'alerte à la population.
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6000
|
Message d'alerte à la population.
Prépare la surveillance des ouvrages.
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8000
|
Message d'alerte à la population.
Prépare la surveillance des ouvrages.
|
6100
|
Evacuation préventive du secteur.
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7500
|
Mise en place de la surveillance diurne des
ouvrages.
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9800
|
Mise en place de la surveillance diurne des
ouvrages.
|
3
|
7600
|
Surveillance accrue 24h/24 des ouvrages.
|
9000
|
Surveillance accrue 24h/24 des ouvrages.
|
10500
|
Surveillance accrue 24h/24 des ouvrages.
Début déversement sur la plaine
nord.
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8300
|
Inondation du secteur.
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Annexe 7 : Relations
hauteurs-débits à Tarascon (Source SDIS 13, 2011)
HAUTEUR
|
DEBIT
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5 m
|
3550 m3/sec
|
|
7,90 m
|
6550 m3/sec
|
|
|
5,10 m
|
3650 m3/sec
|
|
8 m
|
6700 m3/sec
|
|
|
5,20 m
|
3720 m3/sec
|
|
8,10 m
|
6850 m3/sec
|
|
|
5,30 m
|
3820 m3/sec
|
PRE ALERTE
|
8,20 m
|
7000 m3/sec
|
|
|
5,40 m
|
3900 m3/sec
|
|
8,30 m
|
7150 m3/sec
|
|
|
5,50 m
|
4000 m3/sec
|
|
8,40 m
|
7300 m3/sec
|
|
|
5,60 m
|
4100 m3/sec
|
|
8,50 m
|
7450 m3/sec
|
|
|
5,70 m
|
4200 m3/sec
|
|
8,60 m
|
7630 m3/sec
|
ALERTE RENFORCEE
|
5,80 m
|
4300 m3/sec
|
|
8,70 m
|
7800 m3/sec
|
|
|
5;90 m
|
4400 m3/sec
|
|
8,80 m
|
8000 m3/sec
|
|
|
6 m
|
4500 m3/sec
|
|
8,90 m
|
8100 m3/sec
|
|
|
6,10 m
|
4600 m3/sec
|
|
9 m
|
8300 m3/sec
|
|
|
6,20 m
|
4670 m3/sec
|
ALERTE
|
9,10 m
|
8500 m3/sec
|
|
|
6,30 m
|
4750 m3/sec
|
|
9,20 m
|
8700 m3/sec
|
|
|
6,40 m
|
4850 m3/sec
|
|
9,30 m
|
8800 m3/sec
|
|
|
6,50 m
|
4900 m3/sec
|
|
9,40 m
|
9000 m3/sec
|
|
|
6,60 m
|
5050 m3/sec
|
|
9,50 m
|
9200 m3/sec
|
|
|
6,70 m
|
5100 m3/sec
|
|
9,60 m
|
9400 m3/sec
|
|
|
6,80 m
|
5250 m3/sec
|
|
9,70, m
|
9625 m3/sec
|
|
|
7 m
|
5400 m3/sec
|
|
9,80 m
|
9800 m3/sec
|
|
|
7,10 m
|
5500 m3/sec
|
|
9,90 m
|
10050 m3/sec
|
|
|
7,20 m
|
5650 m3/sec
|
|
10m
|
NR
|
|
|
7,30 m
|
5800 m3/sec
|
|
10,45 m
|
11300 m3/sec
|
|
|
7,40 m
|
5900 m3/sec
|
|
|
|
|
|
7,50 m
|
6000 m3/sec
|
|
|
|
|
|
7,60 m
|
6150 m3/sec
|
|
|
|
|
|
7,70 m
|
6250 m3/sec
|
|
|
|
|
|
7,80 m
|
6400 m3/sec
|
|
|
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Annexe 8 : Capacité
de déplacement d'un homme pendant une inondation (Source
MEDD)
Résumé
Le Grand Delta du Rhône vit au rythme des crues de son
fleuve depuis toujours. L'important linéaire de digues permet à
ce territoire d'être protégé des évènements
calamiteux. Cependant, le risque subsiste, et des évènements
catastrophiques ont toujours lieu, notamment en cas de ruptures sur les
ouvrages de protections. Depuis 2005, la mise en place des PCS permet de mieux
gérer les crises, mais ce document peut encore être
amélioré. L'objectif du programme européen FIMFRAME est
d'évaluer les plans de secours inondation et mettre en valeur des outils
d'améliorations. Cela peut se faire au moyen d'outils SIG, comme le
Flood Risk to People mis au point par DEFRA/EA. L'estimation de la
vulnérabilité des enjeux humains face aux inondations peut
permettre d'optimiser la gestion du risque inondation sur un territoire
donnée.
Mots-clés : Grand Delta du
Rhône, inondations, digues, SIG, Flood Risk to People,
vulnérabilité.
Abstract
The Rhone's Big Delta always lived at pace of floods. The
important system of embankment allows this territory to be protected against
calamitous events. However, the risk remains, and catastrophic events still
occur, more particularly in the case of embankment's breakings. Since 2005, the
setting up of Plan Communal de Sauvegarde allows the city to manage crisis
better, but this document can be improved. The aim of European program FIMFRAME
is to evaluate flood emergency plans and promote improvement tools. GIS's tools
permit that, as the Flood Risk to People created by DEFRA/EA. The assessment
humans' vulnerability front of floods can allow flood risk management on a
specific territory.
Key-words: Rhone's Big Delta, floods,
embankment, GIS, Flood Risk to People, vulnerability.
* 1. Service d'Administration
National des Données et Référentiels sur l'Eau. Cet
organisme a pour mission principale de tenir à jour et d'administrer les
jeux de données de référence du Système
d'Information sur l'Eau (SIE).
* 2. Nom d'un
ingénieur qui a aménagé le Rhône pour la navigation
au 19ème siècle. Ses anciens aménagements composés
de digues basses parallèles à l'axe du fleuve et des épis
(ou tenons) dirigés des berges vers le milieu du fleuve, étaient
destinés à concentrer le débit au centre du lit en
période de basses eaux et à provoquer ainsi le creusement central
du lit par érosion (source CNR).
* 3. Disponible à cette
adresse :
http://www.languedoc-roussillon.ecologie.gouv.fr/etudes_degats_rhone/accueil.html.
Ce lien met également à disposition de nombreuses données
SIG téléchargeables.
* 4. Vanne qui permet la
distribution de l'eau depuis un chenal.
* 5. Valeurs utilisés en
1.3.4 : 335M€ dans les Bouches du Rhône et 175M€
dans le Gard.
* 6. Les digues
millénales sont calées 50 cm au dessus du niveau d'eau atteint en
1856. Ce type de digue représentera 195 km de linéaire à
la fin du programme de sécurisation.
* 7.
http://catalogue.prim.net/118_la-mitigation-en-zone-inondable-reduire-la-vulnerabilite-des-biens-existants---document-d-etape.html
* 8.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006052410&dateTexte=20110607
* 9. Le document officiel du
ministère de l'Intérieur : - PCS « s'organiser
pour être prêt » La démarche - Cette lecture
nécessite d'être complétée par les nombreuses
publications de l'IRMA Grenoble (
http://www.irma-grenoble.com/)
* 10.
www.fimframe.net
* 11.
www.crue-eranet.net
* 12.
http://www.openlivinglabs.eu/sites/enoll.org/files/LiveWithRisk.pdf
* 13. Departement for
Environment, Food and Rural Affairs
* 14. Environment Agency
* 15.
http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/index.php?id=88
* 16.
http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/donnees-detaillees/duicq/accueil.asp?page=donnees_carroyees.htm