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Règles de politique monétaire: essai de modélisation pour la BCEAO ( banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest )

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par Teega-wende Hervé ZEIDA
Université Ouaga II - Burkina Faso - Diplôme d'études approfondies (DEA)/ Master de recherche option: macroéconomie appliquée 2011
  

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    BURKINA FASO
    Unité-Progrès-Justice

    *************

    UNIVERSITE OUAGA II
    **************
    UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
    ECONOMIQUES ET DE GESTION (UFR/SEG)
    **************
    NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
    INTERUNIVERSITAIRE (NPTCI)

    Mémoire

    Pour l'obtention du

    Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA)/Master de recherche

    Option : Macroéconomie Appliquée

    THEME

    Règles de politique monétaire : essai de

    modélisation pour la BCEAO

    Présenté et soutenu par : Teega-Wendé Hervé ZEIDA

    Etudiant de la 3ème promotion NPTCI 2009-2011

    Sous la direction du :

    Pr. Kako Kossivi NUBUKPO

    Agrégé des Facultés des Sciences Economiques

    Juillet 2011

    Dédicace

    A mon Père et à ma Mère, dont prières et bénédictions m'ont toujours accompagné
    A Aimé ZAIDA et à sa femme Juliette, qui m'ont tout donné en cette vie

    II

    Remerciements

    Ce mémoire a été réalisé avec le concours de nombreuses personnes. Nous tenons à témoigner de leur bienveillance. A tous ceux qui ont manifesté de l'intérêt et de l'attention pour notre formation et particulièrement pour cette recherche, nous adressons un grand merci.

    Au Pr. KAKO K. NUBUKPO, Chef du Pole « Analyse Economique et Recherche » à l'Unité de Programmation Stratégique (UPS) de l'UEMOA, nous lui témoignons notre profonde gratitude pour avoir accepté diriger ce travail malgré son emploi du temps très chargé. Il n'a ménagé aucun effort pour nous rencontrer, nous encourager et nous orienter dans notre recherche. Sa maîtrise du thème traité à travers ses remarques et observations ont suscité en nous le besoin de mieux faire, et l'esprit de la recherche. Que cet essai le comble de satisfaction.

    A tous les animateurs du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI) nous leur disons merci pour la formation reçue depuis le tronc commun jusqu'au Campus Commun des Cours à Option (CCCO). Particulièrement, notre reconnaissance au Directeur du NPTCI, Pr. Kimseyinga SAWADOGO, au Coordonnateur des Programmes du NPTCI, Pr. Bernadette DIA KAMGNA ; au Directeur national du NPTCI, Pr. Idrissa OUEDRAOGO et à son délégué Dr. Pam ZAHONOGO, pour leur dynamisme qui a rendu possible notre formation.

    Nous remercions le Dr. Amédée DONDASSE, Enseignant- chercheur à l'UFR-SEG de Ouaga II pour ses encouragements et appréciations, notamment d'ordre économétrique.

    A M. Hamidou SAWADOGO, Doctorant PhD. du NPTCI, nous devons pour beaucoup dans la rédaction de ce mémoire depuis le début de nos recherches. Ses lectures, remarques, conseils, et encouragements nous ont permis de mener à bien ce travail. Qu'il trouve en ce document une marque de profonde gratitude.

    A M. Ardjouma SANOU, Cadre macroéconomiste et fondé de pouvoir à la BCEAO-Ouagadougou ainsi qu'à M. Adama OUATTARA, Ingénieur statisticien, Chef du département des études et de la statistique de la BCEAO- Ouagadougou, pour leurs orientations dans la recherche des données et dans les aspects méthodologiques.

    Nous disons merci à Mrs. Issiaka TINGRUI, Inoussa TRAORE, Doctorants à l'UFR-SEG de Ouaga II, pour avoir sacrifié de leur temps pour nous lire et nous faire des suggestions.

    A M. Timothée KAMBIRE, à qui nous sommes redevables pour son appui dans les impressions multiples de ce mémoire.

    A tous nos camarades auditeurs promotionnaires de la 3ème promotion du NPTCI, nous disons merci pour le climat de fraternité, d'échanges et de solidarité qui a prévalu durant notre formation. Puisse chacun d'entre nous trouver une opportunité répondant à ses attentes.

    At last but no least, nous sommes reconnaissant à tous les membres de notre famille, ainsi qu'à toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. De peur d'oublier certains, nous préférons en taire les noms.

    III

    Tables des matières

    Dédicace i

    Remerciements ii

    Tables des matières iii

    Liste des graphiques v

    Liste des tableaux vi

    Sigles et abréviations vii

    Résumé / Abstract ix

    Introduction Générale 1

    Chapitre I : Contexte et mise en oeuvre de la politique monétaire de la BCEAO 7

    Introduction 7

    I.1 Cadre institutionnel 7

    I.2 Evolution de la politique monétaire de l'Union 8

    I.2.1 La période 1962-1975 8

    I.2.2 La période 1975-1989 9

    I.2.3 La nouvelle politique depuis 1989 10

    I.3 Objectifs et instruments de politique monétaire 11

    I.3.1 Objectifs 11

    I.3.2 Les instruments 12

    I.3.2.1 Plafonds des concours globaux aux Etats et aux établissements financiers

    12

    I.3.2.2 Les réserves obligatoires 14

    I.3.2.3 La politique des taux d'intérêts 15

    I.4 Le taux d'intérêt comme canal de transmission 17

    Conclusion 21

    Chapitre II : Cadres de conduite de la politique monétaire, une revue de littérature 22

    Introduction 22

    II.1 Aspects théoriques 22

    II.1.1 Règle versus discrétion : contexte d'un renouveau monétaire 22

    II.1.2 Règles monétaires : une abondance théorique 24

    II.1.2.1 Les règles d'instrument 24

    II.1.2.1.1 La règle de McCallum 24

    II.1.2.1.2 La règle de Taylor et ses dérivées 26

    II.1.2.2 La règle de ciblage d'inflation 30

    II.1.2.3 Règles d'instrument versus règles de ciblage : Questions en débat 33

    II.2 Aspects empiriques 34

    Conclusion 39

    Chapitre III : Modélisation d'une règle monétaire pour la BCEAO 40

    Introduction 40

    III.1 Modélisations 40

    III.1.1 Fonction de réaction de la banque centrale : une analyse en termes

    d'impulsion 40

    III. 1.2 Modèle théorique : la règle forward-looking 42

    III.2 Méthodologie d'estimation 45

    III.3 Justifications 47

    III.3.1 Période d'étude 47

    III.3.2 Variables 47

    III.3.3 Jeu d'instruments 49

    III.4 Stationnarité 50

    III.5 Données et sources 50

    Conclusion 51

    Chapitre IV : Résultats d'estimation et interprétation 52

    Introduction 52

    IV.1 Résultats du test de racine unitaire 52

    IV.2 VAR : analyse impuslsionnelle et contribution d'innovations 52

    IV.3 Résultats de l'estimation par la MGM 55

    IV.4 Interprétation et diagnostic de la politique de taux d'intérêt de la BCEAO 58

    IV.4.1 La BCEAO, vers un ciblage d'inflation ? 60

    IV.4.2 Absence d'objectif de croissance ? 62

    IV.4.3 La politique monétaire de la BCEAO : une analyse rétrospective 64

    Conclusion 66

    Conclusion générale et recommandations 67

    Bibliographie 71

    Annexes x

    iv

    Liste des graphiques

    Graphique n01: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation en glissement annuel 14

    Graphique n02 : Evolution comparée des taux d'intérêt directeurs de la BCEAO 17

    Graphique n03 : Dynamiques comparées du taux de pension et de l'écart de production 18

    Graphique n04 : Dynamiques comparées du taux pension et de l'écart d'inflation anticipée 20

    Graphique n05: Réponse du TPE à infgap4 53

    Graphique n06: Réponse de infgap4 au TPE 53

    Graphique n07: Réponse du TPE à gaphpGraphique n0 8: Réponse de gaphp au TPE 54

    Graphique n08: Réponse de gaphp au TPE 54

    Graphique n09: Réponse du taux directeur aux chocs 55

    Graphique n010 : taux historiques et taux forward-looking (règle FL1) 64

    V

    Liste des tableaux

    Tableau n01 : Coefficients de réserves obligatoires des banques(en pourcentage) 15

    Tableau n02 : Comparaison de règles 33

    Tableau n03 : Bilan du ciblage d'inflation dans quelques pays industrialisés 39

    Tableau n04 : Résultats des estimations de la règle forward-looking 56

    Tableau n05: Phases de la politique des taux de la BCEAO 65

    vi

    vii

    Sigles et abréviations

    ADF : Augmented Dickey and Fuller

    AIC : Akaike Information Criterion

    AR : Auto Régressif

    BCE : Banque Centrale Européenne

    BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

    BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

    BRVM : Bourses Régionale des Valeurs Mobilières

    CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

    CPM : Comité de Politique Monétaire

    DW : Durbin - Waston

    F CFA : Franc de la Communauté Financière d'Afrique

    FED : Réserve Fédérale

    FL : Forward-Looking

    FMI : Fonds Monétaire International

    HAC : Heteroskedasticity and Autocorrelation Consistent

    HP : Hodrick and Prescott

    HQ : Hannan-Quinn information criterion

    IFS : International Financial Statistics

    IS : Investment and Saving

    MCO : Moindres Carrés Ordinaires

    MMG : Méthode des Moments Généralisée

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    PDB : Point De Base

    PIB : Produit Intérieur Brut

    PME : Petites et Moyennes et Entreprises

    PMI : Petites et Moyennes Industries

    SC : Schwarz information criterion

    SFD : Systèmes Financiers Décentralisés

    TEN : Taux d'Escompte Normal

    TEP : Taux d'Escompte Préférentiel

    TES : Taux d'Escompte unique

    TPE : Taux de prise en pension

    UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest Africaine

    UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

    VAR : Vecteur Auto Régressif

    WEO : World Economic Outlook

    VIII

    ix

    Résumé / Abstract

    Résumé - Cette recherche évalue le cadre de conduite de la politique monétaire de la BCEAO pour y déceler une éventuelle logique de décision et de crédibilité sur la période 1993 :T12010 :T4. Dans un contexte où le paradigme dominant privilégie la règle à la discrétion, nous avons spécifié une règle de Taylor avec anticipations tournées vers le futur. Cette règle endogénéise le taux directeur de la banque centrale relativement aux gaps de la production et de l'inflation anticipée par rapport à leurs niveaux cibles. La Méthode des Moments Généralisée (MMG) est utilisée pour l'estimation de la règle après qu'une spécification d'un Vecteur Auto Régressif (VAR) non structurel ait été analysée à travers des fonctions de réponse pour conforter les résultats. Les résultats des estimations montrent que la BCEAO fixe son taux de pension en incluant 87% de sa valeur passée, et en réagissant plus que proportionnellement à toute déviation de l'inflation anticipée par rapport à la cible d'inflation de 2%. La production n'intervient par conséquent pas dans la prise de décision de la banque centrale et la règle serait beaucoup proche du cadre de ciblage d'inflation. Au delà de l'évaluation du cadre de conduite monétaire, cet essai réanime la problématique de la transmission des impulsions de la banque centrale au secteur réel.

    Mots clés : BCEAO, politique monétaire, règle de Taylor, anticipation future, MMG

    Abstract - The aim of this research is to assess West African States Central Bank (WASCB) monetary policy framework in order to reveal a possible logic of decision and credibility during the period 1993:Q1 - 2010:Q4. In the context where the mainstream gives priority to rule than discretion, we specified a forward-looking Taylor type rule. This rule explains the central bank's interest rate relatively to output and expected inflation gaps towards their targets levels. After analyzing a non-structural Vector Auto Regressive (VAR) specification through impulse response function to reinforce the results, we used Generalized Method of Moments (GMM) for the rule's estimate. The estimates show that WASCB sets its repo rate while including 87% of its past value, and responding more proportionally to all deviation of expected inflation towards inflation target fixed to 2%. Therefore, the production does not influence the central bank's decision taking and the rule would be more close to the frame of inflation targeting. Beyond the evaluation of the frame of monetary conduct, this essay rekindles the topic of central bank's impulses transmission on the real sector.

    Keywords: WASCB, monetary policy, Taylor rule, forward-looking, GMM.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    1

    Introduction Générale

    ``Ayant maintenant regardé la politique monétaire des deux cotés, je peux témoigner que la gouvernance de la banque centrale est aussi beaucoup plus un art qu'une science. Néanmoins, en pratiquant cet art sombre, j'ai toujours trouvé la science tout à fait utile.» Blinder (1997)

    Depuis fin 2008, la Reserve Fédérale (Fed) mène une politique de taux zéro aux Etats-Unis : le taux cible des Fed funds, a baissé le 16 décembre 2008 dans la fourchette de 0 % à 0,25 % (contre une cible de 1 % auparavant). De même, en zone Euro, le taux directeur de la BCE est passé à 1,25 %, et celui de la Banque d'Angleterre à 0,5 %1. Des mesures de politiques théoriquement prescriptibles en vue d'enrayer le durcissement des conditions des crédits aux ménages et aux entreprises (et même aux banques secondaires dans l'interbancaire) qui s'est développé à la faveur de la crise des subprimes de l'été 2007.

    Malgré cette détente assez forte, les agents économiques notamment ceux du marché interbancaire et financier n'ont pas été assez réceptifs à ces signaux des banques centrales, à telle enseigne que la crise de confiance et de liquidité se renforçait, le crédit se raréfiait et se renchérissait et finalement la conjoncture tombait davantage dans la morosité.

    Afin de rompre avec cette tendance à la déflation qui menaçait déjà ces économies, les grandes banques centrales ont adopté des mesures de politique monétaire atypiques dites encore « politiques monétaires non conventionnelles ».

    Les politiques non conventionnelles sont des mesures que les banques centrales utilisent lorsque les canaux traditionnels2 de la transmission monétaire ne fonctionnent plus correctement, principalement le canal du taux d'intérêt et le canal du crédit. Elles visent à agir sur l'offre de crédit en assouplissant les conditions de financement de l'économie. Il s'agit donc de prêts directs (ou de garanties) de la banque centrale aux emprunteurs du secteur privé : la banque centrale injecte des liquidités dans les comptes de "non banques"(Artus, 2009). Ces politiques sont dénommées quantitative easing ou credit easing, d'autres préférant politiques tournées vers le passif et politiques tournées vers l'actif. Dans tous les cas, ces politiques se traduisent par un gonflement assez rapide du bilan des banques centrales. Dans

    1 Revue Trésor-Eco, n056, avril 2009, Politiques monétaires non conventionnelles : un bilan

    2 Généralement, on distingue quatre canaux : les taux d'intérêt, le crédit, les prix des actifs et les anticipations

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    2

    ces conditions, que devient le cadre de conduite de la politique monétaire d'avant la crise, i.e. les règles ?

    Selon Kydland et Prescott (1977) « Rules rather than discretion », la conduite de la politique monétaire devrait désormais se baser sur des règles afin d'atteindre des résultats optimaux in fine. Le débat était ainsi lancé sur l'efficacité ou l'optimalité entre politiques discrétionnaires et celles basées sur des règles. Prolongeant cette analyse en intégrant la crédibilité de l'engagement de la banque centrale, Barro et Gordon (1983) démontrent que si la banque centrale n'est pas contrainte ex-post, alors la politique non inflationniste n'est pas crédible.

    La période de grande inflation et de chômage à travers le concept de stagflation soulevé par Friedman au lendemain des cures des politiques keynésiennes, avait fait basculé le paradigme dominant de la politique monétaire vers la priorité accordée à la lutte contre l'inflation par toutes les banques centrales depuis ces trente dernières années dans les pays développés. Les pays en développement, n'étant pas aussi en reste. Dans ce contexte, est né un consensus assez généralisé sur les conditions et la qualité de la politique monétaire. En effet, une banque centrale est jugée crédible par les agents économiques nationaux et internationaux, si ceux-ci sont convaincus qu'elle a la volonté et dispose de la capacité de maîtrise du niveau général des prix ; une politique monétaire discrétionnaire s'accompagne d'un biais inflationniste et enfin une politique fondée sur des règles de conduite est plus crédible qu'une politique discrétionnaire.

    Nombre de règles, ont ainsi émergé de la littérature pour appréhender la régulation monétaire des banques centrales. Des auteurs tels McCallum(1987), Taylor(1993), Svensson(1997) ont modélisé des fonctions dites de réactions pour les grandes banques centrales des pays développés (Reserve Fédérale, BCE, banque centrale du Canada, etc.), toute chose matérialisant l'opérationnalisation du cadre de conduite de la politique monétaire.

    Au demeurant, l'abondance de la littérature sur les fonctions de réaction des Banques Centrales à la fin des années 1980 a permis d'endogéneiser le taux d'intérêt relativement à l'inflation, à l'output et à d'autres variables pertinentes. Du domaine positif au normatif, nombre de ces fonctions ont été proposées par des chercheurs d'obédiences théoriques diverses. De la règle simple à la complexe, de la robuste à l'optimale ; toutes ces règles sont

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    3

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    concurrentes pour la régulation monétaire. Taylor (1993, 1998) précise que ces fonctions ou règles monétaires ne doivent pas être des benchmark (références) rigides appelant à des politiques mécaniques ; mais plutôt des guidelines pour encadrer la conduite de la politique des autorités monétaires.

    La BCEAO, institut d'émission de l'UEMOA, régule la conduite de la politique monétaire dans la zone. Sa politique s'inscrit dans la politique économique globale visant l'atteinte des objectifs économiques au sens de Kaldor, avec toutefois une priorité accordée à la stabilité des prix. Laquelle stabilité est définie par Alan Greenspan (1989) comme une situation où « les variations attendues du niveau moyen des prix sont suffisamment faibles et graduelles pour ne pas influer sensiblement sur les décisions financières des entreprises et des ménages ». Cette stabilité des prix a été réaffirmée comme objectif prioritaire de la Banque Centrale à horizon de vingt quatre (24) mois par le Comité de Politique Monétaire (CPM).3Les moyens opérationnels pour réaliser cet objectif de politique sont divers. Une cible d'inflation peut être définie, ou les taux d'intérêt modulés ou encore certains agrégats monétaires sollicités pour réguler les conditions monétaires et assurer une macrostabilité.

    Toutefois, depuis les grandes reformes qualitatives consacrant la libéralisation financière en 1989, la BCEAO a abandonné la gestion directe ou administrative4 au profit de la gestion dite indirecte. Laquelle use des canaux beaucoup plus indirects tels les taux d'intérêt pour transmettre les impulsions monétaires aux marchés monétaires et financiers. Le taux d'intérêt devenait ainsi un outil primordial dans la régulation monétaire, et surtout, après l'abandon effectif de l'encadrement du crédit en janvier 1994.5 Le dispositif du taux d'intérêt éclairci les prises de décisions des agents économiques et comme souligné par Kydland et Prescott (1977), la politique monétaire de la banque centrale s'inscrit dans une logique de règle ; toute chose la soustrayant d'une incohérence temporelle liée à la discrétion jadis (encadrement du crédit par exemple).

    Taylor (1993) popularise, une règle simple de taux, descriptive de la conduite de la politique monétaire de la Reserve Fédérale (Fed) entre 1987 et 1992 sous la férule d'Alan Greenspan. La règle de Taylor montre toutefois que la Fed prend en compte dans la fixation de ses taux

    3 Voir Rapport sur la politique monétaire de l'UEMOA, 2010

    4 Elle était matérialisée par l'encadrement du crédit, le plafonnement des taux, bonification des taux, etc.

    5 NUBUKPO K.K. (2003), l'efficacité de la politique monétaire de la BCEAO depuis la libéralisation de 1989.

    4

    directeurs, les gaps d'inflation et du produit par rapport à leur niveau cible, révélant ainsi une certaine complexité dans la régulation par les taux. Un compromis reste donc à être trouvé entre stabilité des prix et croissance économique, réalité d'un mandat dual6. La problématique de la courbe de Phillips resurgit dès lors. Mais, Taylor renouvelle cette problématique sous l'angle d'un compromis entre variabilité de l'inflation et variabilité de l'output connu sous le nom de « courbe de Taylor ».

    Qu'en est il pour la BCEAO et sa zone, elle dont le mandat est hiérarchique ? Certes, la BCEAO priorise une cible d'inflation de 2% avec #177; 1% de marge de fluctuation de par sa connivence avec la Banque Centrale Européenne (BCE), mais certaines de ses injonctions monétaires assurent une régulation conjoncturelle de l'économie réelle, du moins de manière implicite. Tenou (2002) en a donné un premier essai en estimant une règle de Taylor pour la BCEAO. Aussi, Nubukpo (2002, 2003) montre que la politique monétaire impacte sur la croissance. En effet, il ressort de ses estimations, qu'un choc positif sur les taux directeurs de la BCEAO se traduit par un effet négatif sur la croissance, effet dont l'ampleur maximale, faible, se situe à la fin du premier trimestre et qui persiste pendant six ans et demi. Il souligne aussi que l'effet négatif sur l'inflation est rapide, avec une ampleur maximale observée dès la fin du premier trimestre et une persistance d'une durée de cinq ans avant retour à la tendance de long terme.

    L'étude de Tenou (2002) montre que la politique monétaire de la BCEAO est descriptible par une règle monétaire (règle de Taylor). Sur données annuelles (1970-1999) comme sur données trimestrielles (1991- 1999), la banque centrale dans la fixation du taux du marché monétaire tient compte des variables économiques fondamentales. La variabilité des prix et la production sont ainsi intégrées dans la prise de décision de la banque centrale. Un cadre logique peut donc être conçu pour ancrer les anticipations des agents économiques et fonder dès lors la crédibilité de la politique monétaire, spécifiquement de la politique des taux d'intérêt de la banque centrale.

    La crise financière a cependant introduit une incertitude dans l'économie, rendant les modèles de prévisions souvent inappropriés (la politique des taux par exemple). Dans le domaine

    6 Le mandat dual se distingue du mandat hiérarchique. Il recommande comme objectifs de la politique monétaire, et la stabilité des prix, et le plein emploi. Alors que le mandat hiérarchique met une priorité sur la stabilité des prix, laquelle pouvant être secondée par l'objectif d'emploi (exemple de la BCE).

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    5

    monétaire, les banques centrales des pays touchés en première heure par la crise des subprimes et ses collatéraux ont eu recours à l'usage de mesures exceptionnelles qualifiées aussi de mesures non conventionnelles. Or jusque là, la conduite de la politique monétaire de ces banques centrales a été décrite par plusieurs auteurs comme suivant des règles monétaires (avec plusieurs formulations possibles), et ce surtout que le débat règles versus discrétion avait trouvé un consensus en faveur des règles à la fin des années 1980. La crédibilité des banques centrales s'en est trouvée quelque peu écorchée. Alors, toute cette apologie des règles monétaires reste-elle valable malgré cette situation de crise ? Autrement, comme s'interroge Taylor (2010), la crise financière de 2007-2008 suggère-t-elle un nouveau paradigme pour la politique monétaire ?

    Ainsi, dans un environnement international où des mesures ad hoc ont été appliquées, la conduite de la politique monétaire de la BCEAO a-t-elle suivi une règle ? La BCEAO n'est pas en reste ou ne doit pas être en marge de cette grande interrogation relative au cadre de conduite de la politique monétaire. Certes, le tissu monétaire surtout financier de la zone UEMOA est en développement progressif, notamment à travers les activités de la bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) pour être exposé aux conséquences de cette crise financière et en appeler à l'adoption de telles mesures (non conventionnelles) ; mais l'évaluation de la logique sous-tendant la modulation du taux directeur comme canal de transmission s'avère cependant nécessaire. L'existence d'une logique renforcerait la crédibilité de la politique de taux directeur menée par la BCEAO.

    La présente recherche vise dès lors à évaluer l'existence d'une logique de décision dans la conduite de la politique monétaire de la BCEAO après la libéralisation financière de 1989 intégrant aux mieux les objectifs de stabilité de l'inflation et de l'activité économique ,et pouvant de ce fait crédibiliser la politique monétaire.

    Spécifiquement cette étude vise à :

    - Déterminer les poids implicites accordés par la BCEAO à l'objectif de stabilité des prix ainsi qu'à celui de stabilisation de l'activité réelle dans ses décisions ;

    - Déterminer les phases (accommodante ou restrictive) de la politique monétaire de la banque centrale.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    6

    Afin de résumer la politique monétaire de la BCEAO par une règle monétaire simple, nous estimerons une fonction de réaction en nous basant sur la modification apportée par Clarida, Galí et Gertler (1998), à la règle initialement proposée par Taylor (1993). Pour la modélisation du comportement des autorités monétaires, nous estimerons une forme forward-looking de la fonction de réaction optimale adaptée au contexte de la BCEAO. En plus, une spécification VAR non structurel sera utilisé en prélude pour déjà capter le sens et l'ampleur de la réaction du taux directeur, de l'inflation et de l'output à leurs innovations réciproques.

    La méthode économétrique retenue dans l'ensemble de la littérature sur les "forward-looking rules" est la méthode généralisée des moments (MGM) qui est particulièrement adaptée dans le cas des modèles à anticipations rationnelles.

    La suite du travail est organisée autour de quatre chapitres ainsi qu'il suit.

    Le chapitre premier présente le contexte monétaire à la BCEAO, et la façon dont la politique monétaire y est conduite. Dans le deuxième chapitre, nous passons en revue les fondements théoriques de la politique monétaire optimale, en partant de la problématique règle contre discrétion, avec un retour sur la règle de Taylor et les modifications qu'elle a connues, ainsi que sur les nouvelles questions de ciblage d'inflation. Au niveau du chapitre trois, nous formulons une règle pour la BCEAO. Et enfin, le chapitre dernier sera consacré à l'analyse des résultats des estimations du VAR et de la règle forward-looking.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    7

    CHAPITRE I : CONTEXTE ET MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BCEAO

    Introduction

    La conduite de la politique monétaire par une banque centrale est assez complexe car la monnaie est le soubassement des échanges entre les agents économiques. Les différentes modulations apportées par la banque centrale se transmettent dès lors, aux fondamentaux de l'économie tels la production, la consommation et l'emploi. Ainsi, le présent chapitre tente d'appréhender la nature et la manière dont la BCEAO met en oeuvre sa politique monétaire pour réguler les prix et la croissance dans la zone UEMOA.

    I.1 Cadre institutionnel

    Le cadre institutionnel de la politique monétaire au sein de l'UMOA est régi par un certain nombre de textes fondamentaux notamment le traité de l'UMOA du 14 novembre 1973, la convention entre la France et les pays membres de l'UMOA du 4 décembre 1973, le traité de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) du 10 janvier 1994 et les statuts de la BCEAO.

    Le Franc de la Communauté Financière d'Afrique (CFA) est l'unité monétaire des huit (08) pays membres de l'UEMOA7, son émission est confiée à la BCEAO. Ainsi, cette institution est habilitée à définir et à conduire la politique monétaire de la zone8. Cette mission qui est intégralement assumée par la BCEAO actuellement, était conjointement partagée avec le Conseil des ministres de l'UEMOA jusqu'au 1er avril 2010, date d'entrée en vigueur de la reforme institutionnelle engagée par les chefs d'Etats en 2007. Cette reforme concoure ainsi à l'indépendance de la banque centrale, au moins au niveau organique.

    La convertibilité du franc CFA est garantie par l'accord de 1973 avec l'Etat Français. Ce dernier consent un droit de tirage illimité à la BCEAO sur un compte d'opérations courantes ouvert auprès du Trésor français. En contrepartie, la banque centrale doit déposer 65% de ses réserves de change, mais depuis 2005 ce taux a été revu à la baisse (soit 50%). Ces réserves assurent la stabilité de la valeur externe de la monnaie.

    7 L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine se compose de : Benin, Burkina Faso, Cote d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. La Guinée-Bissau a fait son entrée le 17 avril 1997.

    8 La BCEAO « définit et met en oeuvre la politique monétaire au sein de l'UMOA » (article 9 des statuts de la BCEAO).

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    8

    De manière plus pratique, la gestion de la banque centrale est confiée à un conseil d'administration tandis que l'orientation de la politique monétaire ainsi que la définition des instruments sont sous la responsabilité d'un Comité de Politique Monétaire (CPM) dirigé par le Gouverneur. Chaque Etat membre a en son sein une représentation de la banque centrale dans laquelle siège un conseil national du crédit, lequel étudie les conditions de fonctionnement du système bancaire de même que les modalités de financement de l'économie nationale.

    Pour mieux réguler le paysage bancaire de la zone, une Commission bancaire a été mise en place ; elle est aussi dirigée par le Gouverneur. La Commission Bancaire de l'UMOA est chargée de la surveillance des banques et établissements financiers sur le territoire des huit Etats membres de l'Union, en vue de préserver un fonctionnement harmonieux du système bancaire. Elle contribue également à la surveillance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Depuis l'entrée en vigueur le 1er avril 2010 des textes de la Réforme Institutionnelle de l'UMOA et de la BCEAO, les pouvoirs de la Commission lui sont désormais conférés par la Convention du 6 avril 2007 et par une nouvelle loi-cadre portant réglementation bancaire, adoptée dans chacun des Etats membres9.

    La mise en oeuvre de la politique monétaire dans la zone a connu tout comme le cadre institutionnel des évolutions qui se résument principalement en trois phases.

    I.2 Evolution de la politique monétaire de l'Union

    La gestion de la monnaie commune et du crédit ainsi que la conduite de la politique monétaire n'ont pas été que linéaires. En fonction des changements économiques et monétaires qui modulaient le contexte international, la BCEAO a adapté sa politique monétaire en vue d'être en phase avec les paradigmes dominants. C'est dans cette logique que la politique monétaire peut être découpée en trois périodes principalement : la période 1962-1975, la période 19751989 et la période de l'après 1989.

    I.2.1 La période 1962-1975

    Cette période est caractérisée par un environnement économique international stable. Ainsi, la politique monétaire de la BCEAO était menée dans un contexte d'évolution favorable des

    9Commission Bancaire, UMOA, Rapport annuel 2009

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    9

    cours des matières premières et aussi de stabilité relative des taux de change. Elle était axée principalement sur le régime des limites individuelles et des autorisations de réescompte pour les entreprises et des plafonds globaux de réescompte pour les banques, dans le cadre d'une politique de faibles taux d'intérêt. Après plus d'une décennie de fonctionnement, il est apparu que les instruments en vigueur depuis 1962 ne pouvaient pas assurer le contrôle optimal de la liquidité et une orientation sectorielle des crédits afin de répondre aux impératifs de développement des Etats membres de l'Union. En outre, le maintien des taux d'intérêt à des niveaux bas par rapport à ceux qui prévalent sur le marché extérieur avait eu des effets pervers sur la collecte et la mobilisation de l'épargne intérieure. Car les agents économiques de la zone préféraient placer leurs ressources sur des marchés extérieurs notamment les marchés financiers français beaucoup plus rémunérateurs. Ces insuffisances ont conduit à une profonde adaptation des instruments de politique monétaire et des règles d'intervention de la Banque Centrale pour tenir compte des bouleversements de l'environnement mondial.

    I.2.2 La période 1975-1989

    La BCEAO connait sa première reforme en 1975. Celle-ci a été marquée par l'adoption d'une gestion macroéconomique de la politique monétaire. L'action monétaire devait viser essentiellement à ajuster la liquidité globale de l'économie, en fonction aussi bien de l'évolution de la conjoncture dans chaque Etat et dans l'Union, que des besoins de développement. Ainsi, la politique monétaire devait favoriser l'intégration économique des Etats membres et assurer une meilleure utilisation des ressources dans l'Union. Pour assurer le contrôle de la liquidité de l'économie, l'institut d'émission a été doté de deux instruments : le concours global et les réserves obligatoires10. Dans ces conditions, le montant global des concours (qui définit la programmation monétaire) de la BCEAO devrait être déterminé non plus en fonction des seuls recours probables des banques au refinancement de la Banque Centrale mais en fonction de l'évolution prévisible de l'activité économique et des prix, de la balance des paiements et des avoirs extérieurs de la BCEAO, pour chaque Etat et pour l'Union. L'approche est fondée sur l'idée que la Banque Centrale peut influencer l'évolution des crédits bancaires en ajustant le niveau de ses propres concours à l'Etat et à l'économie. Autrefois instrument normatif d'appui à la politique d'encadrement de crédit, le programme monétaire constitue aujourd'hui un cadre privilégié de détermination des objectifs

    10 Cependant, le dispositif des réserves obligatoires n'a été activé qu'à partir du 1er octobre 1993. Les réserves obligatoires viennent en remplacement de l'encadrement du crédit, lequel a été supprimé en 1987

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    10

    intermédiaires indicatifs pour la plupart et de suivi de la mise en oeuvre de la politique monétaire. La principale nouveauté est que la politique monétaire a maintenant une dimension qualitative avec l'institution d'une orientation sélective du crédit. En effet, l'objectif visé est d'encourager les secteurs jugés prioritaires à travers un accès différencié au crédit.

    En juillet 1975, l'Union se voit doté d'un marché monétaire ayant pour but le maintient et le recyclage des ressources au sein de la zone. Cependant, cette politique commençait à perdre de son efficacité dans un environnement international de plus en plus libéralisé.

    I.2.3 La nouvelle politique depuis 1989

    Les années 1980 connaissent des bouleversements tant doctrinaux qu'empiriques. En effet, le paradigme keynésien est récusé par le courant de la nouvelle économie classique qui prône la toute puissance du marché autorégulateur. Dans la sphère des décisions économiques, la politique libérale est adoptée. Pour la zone UEMOA, les difficultés engendrées par les déséquilibres tant internes qu'externes justifiaient les politiques d'ajustement structurels. C'est dans ce nouveau contexte d'innovations financières que la politique monétaire de la BCEAO va connaitre encore une reforme en octobre 1989. Cette reforme consacre la mise en place du nouveau dispositif de gestion de la monnaie et du crédit s'articulant autour de trois exigences (UMOA, 1989) :

    - La réduction du rôle de la monnaie centrale au profit d'une mobilisation accrue de l'épargne intérieure ;

    - L'abandon graduel des mécanismes administratifs au profit de moyens d'action plus souples et plus incitatifs ;

    - Le renforcement de la surveillance bancaire avec notamment l'institution d'une
    structure supranationale de contrôle, la Commission Bancaire de l'UEMOA.

    Ainsi, la nouvelle politique monétaire s'appuie désormais sur des règles et des instruments permettant :

    - d'assurer un meilleur contrôle de la liquidité globale de l'économie ;

    - de promouvoir la mobilisation de l'épargne ;

    - de veiller à la qualité des crédits distribués en favorisant le financement des secteurs porteurs de croissance.

    Depuis cette reforme, l'Institut d'émission laisse aux banques l'entière responsabilité des crédits qu'elles octroient, mais en contrepartie seules les créances bancaires remplissant les critères du système bancaire (permettant de déterminer la qualité du risque) sont mobilisables

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    11

    auprès de la banque centrale. Ainsi, la politique de la monnaie et du crédit, mise en oeuvre depuis octobre 1989, s'est traduite par une responsabilisation accrue des banques dans leurs politiques de distribution du crédit, de mobilisation de l'épargne et de gestion de leurs actifs, en consolidant le rôle d'appoint de la monnaie centrale.

    Le marché monétaire de l'Union a été rénové conformément aux orientations de la nouvelle politique de la monnaie et du crédit. En effet, dès octobre 1993, la technique de l'appel d'offres à taux d'intérêt unique selon la procédure d'adjudication mixte a été introduite. Cette nouvelle approche dans le mécanisme d'allocation des ressources permettait l'intervention simultanée des offreurs et des demandeurs. En outre, les guichets à un jour, un mois et trois mois ont été fusionnés en un guichet à une semaine.

    Dans le souci de renforcer le rôle des mécanismes de marché dans la conduite de la politique monétaire, notamment par la mise en place d'une politique d'open-market, les autorités monétaires ont à apporter les nouveaux aménagements ci-après au fonctionnement du marché monétaire à compter du 1er juillet 1996 :

    - abandon des adjudications mixtes au profit d'adjudications adressées soit aux offreurs, soit aux demandeurs de ressources, en fonction de la situation globale de la liquidité bancaire dans l'Union ;

    - adoption de la technique d'adjudication à taux d'intérêt variables, permettant l'allocation des ressources aux taux différenciés proposés par les intervenants eux-mêmes ;

    - adoption de la technique des pensions comme principale procédure des avances sur le marché monétaire, en remplacement de la procédure des avances garanties.

    La mise en oeuvre de cette politique monétaire utilise des instruments en vue d'atteindre les objectifs fixés ex ante.

    I.3 Objectifs et instruments de politique monétaire

    I.3.1 Objectifs

    L'article 8 des statuts de la BCEAO précise que « l'objectif principal de la politique monétaire de la Banque centrale est d'assurer la stabilité des prix ». L'objectif d'inflation est défini par le CPM. Selon le Rapport sur la politique monétaire de l'UEMOA (2010), cette

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    12

    stabilité des prix a été réaffirmée comme objectif prioritaire de la Banque Centrale à horizon de vingt quatre (24) mois à travers une cible d'inflation flexible de 2% avec #177; 1% de marge de fluctuation. Aussi, l'article ajoute que « Sans préjudice de cet objectif, la Banque centrale apporte son soutien aux politiques économiques de l'UEMOA, en vue d'une croissance saine et durable ». L'intégration étant un défi pour la zone, l'article 62 du Traité de l'UEMOA stipule que la politique monétaire doit soutenir le processus d'intégration de l'Union « sans préjudice au objectifs qui lui sont assignés »

    Les statuts de la BCEAO indiquent, par ailleurs, un objectif intermédiaire de la politique monétaire (article 76) : sur trois mois consécutifs, le rapport entre le montant moyen des avoirs extérieurs de la Banque et le montant moyen de ses engagements à vue (billets en circulation et dépôts des banques, des États et autres organismes dans les livres de la Banque) doit être supérieur à 20 %. Dans le cas contraire, le CPM doit prendre toutes les dispositions appropriées pour le rétablir. Cette disposition sert de cadrage au maintient de la stabilité externe du franc CFA.

    I.3.2 Les instruments

    La BCEAO dispose de trois (03) types d'instrument pour conduire sa politique monétaire : les plafonds des concours globaux aux États, aux banques et aux établissements financiers, les réserves obligatoires et les taux d'intérêt.

    I.3.2.1 Plafonds des concours globaux aux Etats et aux établissements financiers

    Ils résultent de l'addition des plafonds des avances statutaires et, depuis 1994, d'encours des titres représentatifs des créances consolidées sur les Etats. L'article 16 des statuts de la BCEAO en vigueur avant le 1er avril 2010 fixait à 20% du montant des recettes fiscales de l'année précédente le plafond des avances statutaires aux Etats de l'Union (découverts en compte courant et refinancement de titres publics) . Ces concours monétaires directs ont été gelés par le conseil des ministres de l'UEMOA en fin 2001 ; et dès 2002 un programme de consolidation de ces concours a été mis en place. Ce dispositif qui a fait l'objet de conventions entre la BCEAO et les différents ministères des Finances concernés, a reposé sur la consolidation des avances statutaires, au niveau atteint au 31 décembre 2002, et leur remboursement sur une période de dix ans, à compter du 1er janvier 2003, à un taux d'intérêt

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    13

    de 3 %11. L'encours initial d'avances consolidées s'élevait à 389,8 milliards de francs CFA, y compris les avances accordées en dépassement des plafonds statutaires, pour lesquelles un taux d'intérêt de 6,5 % et un amortissement accéléré, sur douze mois, ont été fixés. La suppression progressive des concours monétaires directs décidée en 2002 s'est appuyée, en parallèle, sur une stratégie d'assainissement budgétaire des États et le développement d'émission de titres publics, avec l'appui technique de la BCEAO. En 2010, les nouveaux statuts de la BCEAO consacrent la suppression du système des avances directes aux États12.

    Les plafonds des concours aux banques quant à eux sont fixés, pour chacun des pays de l'Union, par le Conseil des ministres, sur proposition du Conseil d'administration de la BCEAO. Ils ont une valeur indicative et servent, notamment, de référence dans le cadre de la programmation monétaire.

    Aussi, la BCEAO surveille- t- elle de près les agrégats monétaires particulièrement l'agrégat M2 et son évolution pour sa programmation monétaire. Le graphique n01 confirme cette intuition relative de la synchronisation entre l'inflation et la masse monétaire sur la période 1993- 2009. En effet, à quelques décalages près, ce graphique montre que l'inflation augmente lorsqu'augmente aussi la masse monétaire et décroit quand celle-ci connait une tendance à la baisse. Sur le graphique, on note que le choc de la dévaluation de 1994 a engendré une forte croissance de la masse monétaire et de l'inflation. Cela pourrait s'expliquer par l'abondance de liquidité issue des échanges commerciaux de la zone qui se sont soldés par un excédent de 236,5 milliards de FCFA, marquant un revirement par rapport aux deux années précédentes. Ces résultats sont conformes aux effets attendus de la dévaluation, marqués par une croissance plus forte des exportations (92,2 %) que celle des importations (71,1 %) (Rapport de la zone Franc, 1994). Même si à partir de 2006, la dynamique commune entre inflation et masse monétaire s'attenue et reflète la nature souvent non monétaire de l'inflation dans la zone UEMOA ; l'agrégat M2 constitue un objectif intermédiaire pour l'atteinte de l'objectif ultime de stabilité des prix. Certes, l'application contingente de la règle k-percent de croissance monétaire de Friedman n'est pas la stratégie la mieux utilisée par toutes les banques centrales, mais la masse monétaire ou sa croissance peut

    11 Banque de France, la politique et les agrégats monétaires dans les zones d'émission africaines, la politique et les agrégats monétaires dans l'UEMOA Rapport annuel de la Zone franc, 2009

    12Banque de France, op.cit. p.3

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    14

    être un indicateur qui permet d'encadrer la volatilité de l'inflation (surtout si elle est de nature monétaire).

    Graphique n0 1: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation en glissement annuel

    en %

    -10

    -20

    40

    50

    30

    20

    10

    0

    M2 en glissement annuel inflation

    Source : construction de l'auteur sur base de données de la BCEAO et du FMI

    I.3.2.2 Les réserves obligatoires

    Les réserves obligatoires sont une fraction constante des dépôts de la clientèle que les banques secondaires et les établissements financiers sont tenus de déposer auprès de la Banque centrale. Entrant en complément au dispositif de contrôle de la liquidité et de l'expansion du crédit bancaires, le système de réserves obligatoires a été activé à partir du 1er octobre 1993 et approfondi en juillet 1996. Ainsi il comprend trois champs d'intervention, à savoir, le champ d'application des réserves, l'assiette de calcul et le coefficient des réserves obligatoires. Ce dispositif s'applique aux banques et établissements financiers. Pour les banques, l'assiette des réserves, initialement constituée par les dépôts à vue et les crédits à court terme, a été élargie, en 2000, aux crédits de campagne et aux créances brutes sur l'extérieur. Les établissements financiers sont astreints à des réserves assises sur l'encours des crédits octroyés à la clientèle, diminués des concours obtenus auprès du système bancaire. Toutefois, les réserves

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    15

    obligatoires ne sont pas rémunérées en principe, mais peuvent l'être à un taux fixé par le Comité politique monétaire.

    Le tableau n01 donne un aperçu sur la tendance des coefficients de réserves obligatoires dans les pays de l'Union. Il ressort que les banques béninoises ont été beaucoup plus actives dans la zone, ensuite viennent le Mali, le Sénégal et le Burkina. Ces différents aménagements effectués par la Banque centrale visent entre autre l'harmonisation progressive des coefficients au niveau sous-régional.

    Le taux de 5% applicable aux établissements financiers depuis 1993 reste inchangé.

    Tableau n01 : Coefficients de réserves obligatoires des banques(en pourcentage)

     

    Du 16 avril

    2002

    au 15 mars

    2004

    Du 16 mars
    2004
    au 15 juin
    2005

    Du 16 juin

    2005

    au 15 juin

    2009

    Du 16 juin

    2009

    au 15 mai

    2010

    Depuis
    le 16 mai

    2010

    Benin

    9

    13

    15

    9

    7

    Burkina Faso

    3

    3

    7

    7

    7

    Côte d'Ivoire

    5

    5

    5

    5

    5

    Guinée-

     
     
     
     
     

    Bissau

    3

    3

    3

    3

    5

    Mali

    9

    9

    9

    7

    7

    Niger

    5

    5

    9

    7

    7

    Sénégal

    9

    9

    9

    7

    7

    Togo

    3

    3

    3

    3

    5

    Source : BCEAO

    I.3.2.3 La politique des taux d'intérêts

    Depuis les reformes de libéralisation financière commencées en 1989 via celles entreprises en 1993 et 1996 (reforme de la procédure d'adjudication), la politique monétaire se fonde sur un recours accru aux mécanismes de marché, consacrant l'option d'une régulation indirecte de la liquidité bancaire. Le taux d'intérêt devenait ainsi un outil primordial dans la régulation monétaire, et ce surtout après l'abandon effectif de l'encadrement du crédit en janvier 1994. La politique des taux est venue renforcer le marché monétaire rénové de l'UMOA en lui dotant d'un deuxième guichet (celui des adjudications hebdomadaires). Ainsi, la politique des taux s'appuie sur l'open-market, la promotion du marché interbancaire et la libéralisation des conditions de banque ; et elle s'articule autour des taux directeurs de la banque centrale applicables aux principaux guichets de refinancement.

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    16

    Les taux directeurs de la BCEAO sont au nombre de trois13 :

    · le taux des appels d'offres,

    · le taux des prises en pension,

    · le taux d'escompte.

    Le taux des appels d'offre encore appelé taux marginal14, est déterminé par une procédure d'adjudication hebdomadaire régionale à taux multiples. Pour mieux encadrer cette procédure, la BCEAO a institué le 16 juillet 2008 un taux minimum des appels d'offre, fixé à 100 point de base (pdb) en dessous du taux de pension. Son niveau initial était de 3,75%, mais les effets anticipés de la crise sur la conjoncture ont amené la banque centrale à le réduire de 50 pdb, soit un niveau de 3,25% au 16 juin 2009. La procédure des appels d'offre avait cependant été suspendue en mai 1998 pour ensuite reprendre en février 2007.

    Pour permettre aux intervenants du marché monétaire de satisfaire leur besoin de liquidité, la banque centrale a ouvert deux guichets permanents de refinancement. Lorsque la maturité du support de refinancement est comprise entre un et trente jours, il est servi le taux de prises en pension. Au delà (i.e. une maturité maximum de 180 jours, pouvant aller à 360 jours pour les effets représentatifs de crédit de moyen et long terme), c'est le taux d'escompte qui est appliqué.

    Le graphique n02 montre l'évolution comparée de ces différents taux depuis 1956 avec une suppression des Taux d'Escompte Préférentiel (TEP) et Taux d'Escompte Normal (TEN) en 1989. Durant la période pré- dévaluation, les taux étaient élevés avec un pic de 14.5% en janvier 1994 pour le taux d'escompte (TES), une réponse à une sortie éventuelle des capitaux de la zone. Alors que la phase post dévaluation enregistre une tendance baissière avec une convergence des taux vers approximativement 4,5% jusqu'en aout 2006. Cette détente est certainement due aux externalités de la libéralisation financière. La décrue du taux d'escompte est beaucoup plus saccadée alors que celle du taux de prise en pension (TPE) est

    13 Le Taux d'Escompte Préférentiel (TEP), institué en 1956 aux côtés du Taux d'Escompte Normal (TEN), s'appliquait aux effets documentaires relatifs aux exportations. Ces deux taux ont été supprimés le 2 octobre 1989 et remplacés par le Taux d'Escompte unique (TES). Mais depuis le 1er octobre 1993, le Taux de pension (TPE) a été institué. Auparavant, les avances consenties selon la procédure de pension étaient facturées au taux d'escompte

    14 Ce taux est le taux d'injection de liquidités du marché monétaire à une semaine, soit le taux marginal dans le cas d'une adjudication à taux multiples ou, le cas échéant, le taux fixe annoncé à l'avance par la BCEAO. En l'absence d'une adjudication d'injection de liquidités durant la période, le dernier taux disponible est reconduit. Pour le calcul du taux moyen mensuel, les taux de la période sont pondérés par le nombre de jours courus.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    17

    relativement linéaire avec toujours un TES supérieur au TEP. Ceci traduit une relative inertie dans la manipulation du taux d'escompte par la BCEAO, la maturité des titres sujets à l'escompte étant longue que celle des titres ouverts aux pensions.

    Graphique n0 2 : Evolution comparée des taux d'intérêt directeurs de la BCEAO

    en %

    16

    14

    12

    10

    4

    8

    0

    6

    2

    TES TPE TEN TEP

    Source : construction de l'auteur sur base de données de la BCEAO

    I.4 Le taux d'intérêt comme canal de transmission

    Depuis la libéralisation, l'importance du marché monétaire a augmenté dans le dispositif de conduite de la politique monétaire de la BCEAO. Les impulsions données aux taux directeurs devraient donc se transmettre au marché monétaire en modulant le système des taux d'intérêt dans le sens souhaité par la banque centrale, i.e. un relèvement du taux directeur devrait s'accompagner d'un mouvement à la hausse des taux interbancaires et aussi des taux débiteurs des banques secondaires. Le graphique n03 tente de capter la dynamique du taux de pension et celle de l'écart de production calculé à l'aide du filtre Hodrick-Prescott (GapHP). L'écart de production est censé traduire des perspectives inflationnistes ou déflationnistes. En effet, si la production tend à dépasser son niveau potentiel, l'économie tombe dans un cycle de surchauffe, investissement et consommation s'emballent entrainant ceteris paribus une tendance haussière des prix ; l'effet inverse est obtenu lorsque la production s'écarte négativement et significativement de son niveau potentiel.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    18

    Graphique n0 3 : Dynamiques comparées du taux de pension et de l'écart de production

    en %

    14

    12

    10

    -2

    -4

    4

    8

    0

    6

    2

    T1-93 T4-93 T3-94 T2-95 T1-96 T4-96 T3-97 T2-98 T1-99 T4-99 T3-00 T2-01 T1-02 T4-02 T3-03 T2-04 T1-05 T4-05 T3-06 T2-07 T1-08 T4-08 T3-09 T2-10

    TPE GapHp

    Source : construction de l'auteur sur base de données de la BCEAO et du FMI

    Depuis le premier trimestre 1994, le taux de pension a commencé une décrue pour permettre la relance de la production, après que celle-ci soit tombée en déprime dès la fin du troisième trimestre 1993. Cette détente du taux s'est poursuivi jusqu'au quatrième trimestre 1998, même si l'écart de production en ce moment s'affichait à la hausse. En effet, la modération de l'inflation succédant aux hausses de prix initiales et l'apparition d'un substantiel excédent de liquidité des banques, ont conduit les autorités monétaires à procéder à une détente progressive des taux plus en accord avec l'évolution souhaitée de l'investissement. Aussi, les mesures de libéralisation financière ont permis la persistance de cette détente du taux directeur de la banque centrale. A partir du quatrième trimestre 2009, la synchronisation entre TPE et gap de production est quelque difficile à décrire. En effet, après s'être maintenu à 6% durant la période 2000 T2 - 2003 T2, le TPE a connu une baisse pour finalement se stabiliser pratiquement à 4%. Dans le même temps, l'écart de production a fluctué faiblement autour de 0%. Ce constat peut traduire une faible ou quasi-inexistence de transmission entre taux de prise en pension et écarts de production, lesquels écarts sont censés contenir des tendances inflationnistes ou déflationnistes.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    19

    Néanmoins, l'examen des décisions de la banque centrale ces dernières années laisse présager que la fixation des taux tient compte des conditions de l'économie notamment des tensions inflationnistes, résultants aussi bien de l'abondance des liquidités que de l'expansion de la production. En effet, les résultats de la politique monétaire tels que rapportés dans la Note d'Information du quatrième trimestre 2010 précisent qu'en mars 2004, les évolutions favorables constatées au niveau de l'orientation de l'activité économique, de la maîtrise de l'inflation et de la consolidation des réserves de change ont conduit la banque centrale à poursuivre l'assouplissement de ses conditions monétaires en réduisant ses taux directeurs. Ainsi, le TES est passé de 5% à 4,5% et le TPE de 4,5% à 4%. Cette nouvelle détente de la politique monétaire, après les baisses de 150 pdb des taux directeurs en 2003, traduisait la confiance de l'institut d'émission dans la capacité du système financier à soutenir la reprise économique constatée dans les Etats membres de l'union, par un financement à moindre coût.

    La BCEAO a relevé ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage à partir d'août 2006. Le TPE est donc passé de 4% à 4,25% et le TES de 4,5% à 4,75%. Cette décision qui vise à conforter la contribution de la politique monétaire à la stabilisation macroéconomique, s'inscrit dans un contexte marqué par les inquiétudes suscitées notamment par l'évolution prévisibles des prix au sein de l'Union, de nature à entraver la réalisation de l'objectif de stabilité des prix et par conséquent, d'une croissance économique saine et durable.

    Au cours du troisième trimestre 2008, la banque centrale tenant compte des risques pesant sur la stabilité des prix, a haussé d'un demi ( 12/) point de pourcentage le TPE pour le porter de 4,25% à 4,75%, le TES a été fixé à 6,75%.

    La conjoncture économique et financière de l'Union durant le deuxième trimestre 2009 a été marquée par la détérioration des perspectives de croissance et l'apparition de tensions sur les finances publiques, dans un contexte d'atténuation des pressions inflationnistes et de ralentissement de la progression de l'encours des crédits à l'économie. La BCEAO a donc procédé à une baisse de 50 pdb ses taux directeurs. Ainsi, le TPE a été ramené de 4,75% à 4,25% et le TES, de 6,75% à 6,25%. Cette baisse des taux devrait donner aux banques une marge de réduction de leurs taux débiteurs. Par ailleurs, dans le souci de renforcer le signal envoyé au marché à travers la baisse des taux directeurs et d'accroître la capacité des banques à financer l'économie, la BCEAO a revu à la baisse les coefficients de réserves obligatoires dans quatre Etats de l'Union : Bénin, Mali, Niger et Sénégal (cf. Tableau 1).

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    20

    Le graphique n04 vient aussi en appui à la présomption d'une synchronisation du TPE et des prévisions inflationnistes décrites par infgap4 (l'anticipation d'inflation sur quatre trimestres). Comme indiqué déjà plus haut, le taux directeur connait une tendance baissière lorsque les prévisions d'inflations sont faibles et un relèvement si la banque centrale estime que l'inflation s'écarte positivement de son niveau cible.

    Graphique n0 4 : Dynamiques comparées du taux pension et de l'écart d'inflation anticipée

    en % pour le taux directeur

    14

    12

    10

    4

    8

    0

    6

    2

    11-93 14-93 13-94 12-95 11-96 14-96 13-97 12-98 11-99 14-99 13-00 12-01 11-02 14-02 13-03 12-04 11-05 14-05 13-06 12-07 11-08 14-08 13-09

    TPE infgap4

    40

    0

    35

    30

    25

    20

    5

    -5

    -10

    15

    10

    en % pour l'inflation

    Source : construction de l'auteur sur base de données de la BCEAO et du FMI

    Le graphique corrobore la vigilance de la BCEAO pour ce qui est du maintien de la stabilité des prix. L'inflation et le taux directeur ont pratiquement des mouvements en phase de 1993 jusqu'approximativement en 2007. A partir de cette date, les dynamiques de ces deux variables ne sont plus communes, la banque centrale ayant jugé nécessaire de calibrer le taux directeur entre 4% et 4,75%, dans le souci de juguler les effets de la crise alimentaire et financière de ces dernières années. Le déphasage qui se lit souvent dans les évolutions de ces deux variables peut s'expliquer par le fait que la banque centrale en plus du taux directeur, utilise aussi les réserves obligatoires et la programmation monétaire pour stabiliser l'inflation dans la zone.

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    Conclusion

    La politique monétaire de la BCEAO conduite auparavant de manière administrative, a connu une profonde mutation à travers les reformes de 1989. Lesquelles reformes ont consacré la libéralisation du secteur bancaire et l'importance accrue accordée aux mécanismes du marché. Le renforcement du marché monétaire a ainsi privilégié les taux d'intérêt comme principal canal de transmission des impulsions de la banque centrale. Cette nouvelle stratégie tente de rompre avec les interventions discrétionnaires pour laisser jouer des logiques de conduite beaucoup plus crédibles.

    21

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    CHAPITRE II : CADRES DE CONDUITE DE LA POLITIQUE
    MONETAIRE, UNE REVUE DE LITTERATURE

    Introduction

    Les thèses monétaristes, popularisées notamment par Friedman (1968) ont ramené aux devants de la scène théorique la thématique de l'efficacité de la politique monétaire pour la régulation conjoncturelle et voire structurelle de l'économie. Même si Lucas (1976) insiste sur le fait que la politique monétaire est inefficace du faite de la rationalité des anticipations des agents économiques, nombres d'autres tels Taylor (1993, 1995), Bernanke et Gertler (1995), Mishkin (1996) croient à la transmission des impulsions monétaires de la banque centrale à travers plusieurs canaux possibles. Dès la fin des années 1980, les études s'intéressèrent à la manière de conduire la politique monétaire pour optimiser ses effets escomptés.

    Le présent chapitre tente de passer en revue les grands débats suscités autour de la conduite de la politique monétaire en mettant en évidence leurs implications empiriques. Règle ou discrétion ? Un consensus se dégage en faveur des règles, mais au faite, laquelle cadre le mieux à la politique de la banque centrale ?

    II.1 Aspects théoriques

    II.1.1 Règle versus discrétion : contexte d'un renouveau monétaire

    La politique monétaire doit-elle être conduite de manière discrétionnaire ou suivre des règles préétablies ? Cette grande interrogation a suscité nombres de contributions durant les années 1980. Si la politique discrétionnaire est un réglage au cas par cas des déséquilibres qui affectent l'économie (une politique conjoncturelle), la régulation elle, est basée sur une politique systématique dont les arguments sont connus par les agents économiques qui les intègrent dans leurs anticipations. Dans une logique discrétionnaire, la banque centrale cherche à optimiser son comportement période après période en fonction du type de chocs15 imprévisibles affectant l'économie. Ainsi, l'attitude des autorités monétaires de la période courante peut varier de celle de la période suivante selon que le niveau de l'activité est jugé insuffisant (la logique de l'arbitrage par la courbe de Phillips tient ici).

    Dès la fondation du débat, Kydland et Prescott (1977) critiquent cette manière de piloter le système en la taxant d'incohérence temporelle16 (ou dynamique). Pour eux, la conduite de la

    15Il s'agit des perturbations affectant la demande. Cette vision a été soutenue par les keynésiens

    16On retrouve plus ou moins la critique monétariste de Friedman : à long terme la courbe de Phillips est verticale

    23

    politique monétaire (et économique dans son ensemble) n'est pas un jeu contre la nature, mais plutôt contre des agents rationnels. De ce fait, dans un environnement où les anticipations des agents privés sur la valeur des grandeurs futures servent à déterminer les grandeurs contemporaines, les Autorités monétaires sont dans l'impossibilité d'atteindre la cible d'inflation socialement optimale. A la suite de cette remise en cause de la discrétion, Barro et Gordon (1983) démontrent que cette dernière introduit un «biais inflationniste». En effet, il existe ex post une différence positive entre l'inflation observée et l'inflation cible du fait que le gouvernement est tenté de renoncer à sa cible (pourtant fixée ex ante) pour accroître le niveau d'activité. Toutefois selon ces auteurs, la crédibilité de la règle par rapport à la discrétion doit être subordonnée par un système de contraintes afin d'éviter toute déviation ultérieure.

    D'autres auteurs comme Rogoff et Walsh cités par Mourougane (1997) ont précisé les conditions pour assurer la supériorité de la règle sur la discrétion. Rogoff (1985a) montre que la nomination d'un banquier central « conservateur » qui accorde un poids plus important à la lutte contre l'inflation que la société, ferait baisser les anticipations des agents économiques. Ce résultat est à relativiser en économie ouverte (Rogoff, 1985b). Aussi, Walsh (1995) montre que le gouvernement peut par le biais d'un contrat inciter le banquier central à choisir l'inflation socialement optimal. Ce contrat est tel que le banquier central est sensé maximiser la différence entre les montants des transferts qui lui sont accordés et les coûts sociaux en terme d'inflation et d'emplois. Toutefois, il convient d'insister sur les limites d'un tel résultat. D'une part, il repose sur des hypothèses17 très fortes, notamment sur la nature des arguments de la fonction de coût. D'autre part, le gouvernement n'a pas forcément la capacité (physique et volonté) de s'engager et dans ce cas, aucune règle ne sera soutenable et même si elle n'est pas optimale, seule une politique discrétionnaire pourra être mise en oeuvre.

    Les années 1980 se terminent avec un consensus sur la supériorité de la règle vis-à-vis de la discrétion. Alors, le débat a été orienté sur l'analyse de la nature et de la forme des règles dans la conduite de la politique monétaire.

    17 Les anticipations des agents sont rationnelles et les erreurs de prévisions sont dues à des surprises, et la courbe d'offre est une courbe de Phillips avec anticipations rationnelles à la Lucas (cf. A. Mourougane, 1997)

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    24

    II.1.2 Règles monétaires : une abondance théorique

    ``Aucune règle n'est si générale qui n'admet pas d'exception.» Robert Burton18

    Selon Bordes(1997), une règle monétaire consiste pour la banque centrale à trouver une fonction de réaction indicatrice du mécanisme par lequel elle peut stabiliser le système économique. La gestion du système est rendue possible par la référence à un objectif de production que l'on souhaite rendre compatible avec un objectif nominal, en général la maîtrise des prix19. Plusieurs contributions ont enrichi le panier des règles à telle enseigne qu'il en existe globalement trois20 (03) catégories. Ainsi, les règles passives s'opposent aux règles actives dites aussi règles « d'instrument » et aux règles de « ciblage d'inflation anticipée21 ».

    Les règles passives dont la littérature est peu fournie sont basées sur la croissance monétaire. La principale règle de ce type est celle de Friedman ou règle du k-pourcent. Elle stipule dans une vision monétariste que la masse monétaire devrait croitre au même taux que la production de telle sorte à annihiler toute tendance inflationniste. Autrement, la base monétaire devrait croitre à un taux constant, représentant le taux de croissance de long terme de l'économie.

    II.1.2.1 Les règles d'instrument

    L'activisme monétaire conduit les banques centrales à rechercher en permanence la stabilité des prix et du niveau d'activité. Deux grandes règles22 peuvent êtres notées : la règle de McCallum(1987) et celle de Taylor(1993) et ses dérivées.

    II.1.2.1.1 La règle de McCallum

    Cette règle est aussi appelée règle de revenu nominal. Elle introduit un amendement23 à la règle de Friedman et utilise le taux de croissance trimestriel de la base monétaire. Ainsi, McCallum (1987) définit la règle suivante :

    18 Cité par Kuttner (2004)

    19 Cité par Alain Siri, thèse : Elargissement monétaire en Afrique de l'ouest : la règle monétaire optimale pour la future banque centrale de la CEDEAO, CEDRES, soutenue à l'Université de Ouagadougou, juillet 2007

    20 Catégorisation tirée de Bernard Landais, leçons de politique monétaire, ed. De Boeck Universités, Paris aout 2008, pages 268-269

    21 Terminologie developpée par Lars O. Svensson (1997) «Monetary Policy with Judgment : Forecast Targeting», Working Papers, n0 5072

    22 L'objectif de ce document n'étant pas une énumération exhaustive des possibilités de règles monétaires, se référer pour plus de détails à Bernard Landais, op.cit., voir aussi Svensson (1998) pour la règle de Henderson-McKibbin, et les modèles de prévisions des Banques Centrales du Canada et de la Nouvelle Zélande.

    23 Une certaine flexibilité à été intégrée à travers la prise en compte de la vitesse de circulation et le gap d'output retardé.

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    25

    Avec : x* = le logarithme de la valeur tendancielle du PIB nominal, x = le logarithme du PIB nominal, b = le logarithme de la base monétaire, ? = le coefficient de réactivité à l'activité.

    PIB

    En posant la vitesse de circulation de la monnaie Vt =e , la règle peut encore Base monetairs'écrire :

    De cette règle, il vient que la Banque Centrale observera une progression constante (c'est-à - dire c) de la base monétaire (règle de Friedman) lorsque la vitesse de circulation monétaire est constante au cours des 16 derniers trimestres (4 ans) et l'économie sur un sentier d'équilibre24. Mais dès qu'il subsiste un écart au niveau de la circulation monétaire et/ou de la production à la suite d'un choc perturbateur, les autorités monétaires réagissent en modulant la croissance monétaire. Si la vitesse de circulation augmente, la banque réduit la croissance de la base monétaire (et inversement). Par contre si la production se rapproche de son niveau potentiel, le rythme de croissance s'accélère. Il est à remarquer que plus le coefficient A est élevé plus la réaction de la banque centrale est forte face à un écart de PIB.

    L'un des avantages principaux de cette règle est sa flexibilité. Bordes (1997) précise que cette flexibilité assure à l'autorité des gains d'efficience dans la stabilisation de l'output, et aussi permet d'échapper au risque d'incohérence temporelle.

    Toutefois, la règle de McCallum comporte des inconvénients. En effet, l'instrumentalisation de la base monétaire nécessite un contrôle direct (gestion administrative) de la masse monétaire alors que nombre de banques centrales sont passées à la gestion indirecte ; ceci ne favorise pas la transmission des impulsions d'une telle règle. La vitesse de circulation ainsi que la demande de la monnaie sont devenues beaucoup instables25 depuis les années 1980 et selon Bordes (1997), Estrella et Mishkin (1996), les innovations financières de ces années ont rendu difficile la définition même des agrégats monétaires et fragilisent les liaisons entre ceux-ci et l'inflation26.

    24 Sentier ou trajectoire d'équilibre est compris ici dans le sens d'un gap nul entre la production nominale et sa cible ou valeur potentielle.

    25 Ce constat tend à vérifier la loi de Goodhart : « toute régularité statistique tend à disparaitre dès qu'on lui impose une pression pour des motifs de régulation »

    26 Cité par Alain Siri, op.cit.

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    26

    Même si les changements financiers des années 1980 semblaient diluer l'efficacité de la gestion de la politique monétaire par les instruments (notamment les taux d'intérêt), certaines recherches tentaient encore d'en montrer la pertinence pour l'atteinte des objectifs finaux (stabilité des prix et de l'activité). La réflexion de Taylor en est une.

    II.1.2.1.2 La règle de Taylor et ses dérivées

    ? La règle de Taylor originelle

    Cette règle approxime la conduite de la politique menée par la Reserve Fédérale (Fed) des Etats-Unis durant la période 1987-1992 sous la houlette d'Allan Greenspan. Selon Taylor, la Fed module son taux d'intérêt directeur nominal en fonction du gap du taux d'inflation et de la production par rapport à leurs niveaux cibles (inflation cible et production potentielle). Sa formulation générale est :

    est le taux nominal à court terme fixé par la Fed, le taux d'inflation effectif, la cible

    d'inflation, correspond à l'output gap ou l'écart de production entre le produit

    effectif et le produit potentiel ou tendanciel. traduit le taux d'intérêt d'équilibre ou

    « neutre » de long terme. et sont des paramètres positifs. La formulation originelle de Taylor (1993) est :

    ,

    ce qui donne finalement

    (*) pour une cible d'inflation de 2%.

    La nature de la politique conduite par la Fed est alors déterminée par l'écart existant entre le taux effectivement fixé et le taux déduit de la règle. Cette politique sera dite accommodante lorsque le taux effectif est inferieur au taux théorique et restrictive a contrario. La règle de Taylor stipule que la banque centrale doit baisser ses taux directeurs lorsque l'inflation et le niveau d'activité sont bas et les relever dans le cas contraire pour permettre le retour à l'équilibre. Ainsi dans cette logique, cette règle est basée sur le mécanisme traditionnel du canal du taux d'intérêt : Une augmentation du taux directeur renchérit les coûts de refinancement des banques secondaires auprès de la banque centrale ainsi que dans l'interbancaire. Cette situation engendre un relèvement des taux débiteurs offerts aux entreprises et aux ménages, lesquels sont désincités à emprunter sur le marché monétaire. La conséquence finale est que la demande de monnaie se déprime et les tensions inflationnistes

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    27

    s'atténuent sur le marché des biens et services, car les comportements d'investissement et de consommation se réduisent du fait de la hausse du taux d'intérêt réel. Le coût du capital et le coût du crédit à la consommation étant renchéris. Le résultat inverse est obtenu lorsque les taux baissent.

    La règle originelle (*) laisse entrevoir un fait assez remarquable. En effet, le taux d'intérêt réagit plus que proportionnellement à la modification des prix (c'est-a-dire un rapport de 1.5

    pour 1). Le coefficient de dans l'équation (*) doit dépasser l'unité pour permettre le
    maintient de l'équilibre dynamique de long terme : c'est le « principe de Taylor ». Ce principe vient en appui à la recherche d'un compromis entre variabilité de l'inflation et variabilité de l'activité qui est résumée dans la « courbe de Taylor » (Taylor, 1999)

    L'un des avantages de la règle de Taylor est sa clarté et sa simplicité. En effet, sa simplicité d'écriture mathématique lui confère une certaine appropriation par les agents économiques qui peuvent toutefois en juger le respect. Au demeurant, la crédibilité et la transparence de la politique monétaire se renforcent. Aussi selon McCallum(1999), Clarida, Gali & Gertler (1999), McCallum et Nelson (2004), les règles de Taylor ne retenant qu'un nombre limité de variables sont simples d'application et fournissent de performances solides en matière de stabilisation dans des cas de figure variés. Cependant, quelques critiques émanent de la littérature vis-à-vis de la règle Taylor et appellent au développement des « Taylor-type rules».

    ? Quelques amendements à la règle de Taylor

    Quatre aspects sont soulevés dans la modélisation de la conduite de la politique monétaire par la banque centrale qui, dispose en principe d'un panier de variables sur lesquelles elle peut agir pour moduler la stabilisation des prix et de l'activité. Les critiques ont porté sur entre autres les coefficients de réaction, le choix des variables, la viscosité des taux d'intérêt et le délai de transmission de l'impulsion monétaire.

    La non justification de la valeur assez particulière (a=b=0.5) des coefficients de la règle fait douter au delà de sa capacité à stabiliser l'économie, son caractère optimal. Les coefficients sont donc ad hoc car ne reposant pas clairement sur un fondement théorique ; aussi ils ne sont applicables qu'a l'économie américaine sur une période précise. Leur généralisation peut alors être contestée.

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    28

    La spécification de la règle initiale peut connaître l'introduction de nouvelles variables qui sont corrélés avec l'instrument taux d'intérêt. En effet, certains auteurs tels Artus et al. (1999), Ball (1997), Sun (2005) ont introduit d'autres variables explicatives qui aboutissent souvent à des résultats mitigés d'une économie à une autre ou d'une période à une autre. Ces variables sont entre autres le déficit budgétaire, le taux de change et l'indice des termes de l'échange. Par exemple, un déficit prononcé peut engendrer des tensions inflationnistes sur le marché de biens et services à travers un gonflement de la demande globale. Aussi, une surévaluation du taux de change réel peut créer une distorsion des prix et génère éventuellement un biais d'inflation. Taylor (2001) lui-même montre que le taux de change peut être pertinent dans les économies ouvertes et émergentes.

    Dans l'optique de rendre la règle de Taylor beaucoup plus prédictive et opérationnelle, Clarida et al. (1999), Woodford (1999) proposent d'intégrer la viscosité des taux d'intérêt qui permet de corriger l'écart couramment observé entre les taux issus de la règle de Taylor et ceux fixés par la banque centrale. Ceci a le mérite de stabiliser et de rassurer les anticipations des marchés financiers, même si Penot et Pollin (1999) estiment que ce lissage engendre une grande volatilité du taux d'intérêt et qu'il faudrait à la banque centrale d'introduire le taux d'intérêt dans la fonction de perte (fonction objectif). Ainsi, Clarida et al. (1999) écrivent le modèle suivant :

    Avec désignant le degré d'inertie du taux de l'intérêt, å est l'erreur possible dans la fixation

    du taux et , l'anticipation rationnelle formulée aujourd'hui sur le niveau de l'inflation
    de demain.

    Svensson (1999, 2002) critique la règle initiale de Taylor en supposant que la banque centrale ne disposant des données sur l'inflation qu'avec un certain retard, devrait donc prendre en compte le délai au cours duquel la variation du taux d'intérêt peut être transmise à l'inflation. Il propose un délai de deux (02) ans qui est censé éclairer les décisions des autorités monétaires. De cette critique, Svensson propose une règle d'objectif ou règle de ciblage d'inflation qui, du reste confère un contenu théorique à la règle de Taylor.

    ? Taylor-type rules

    Des travaux ont permis de généraliser la règle de Taylor, cette dernière pourrait être dérivée d'un programme de contrôle optimal à travers la minimisation d'une fonction de perte (qui

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    29

    sera précisée dans la règle de ciblage d'inflation). Les conditions d'optimalité conduisent aux règles générales suivantes :

    Avec traduisant les sensibilités respectives de taux d'intérêt à l'inflation et à

    l'activité.

    La gestion des anticipations et leur prise en compte influencent la nature de la règle. Ainsi, selon que les anticipations sont rétrospectives ou prospectives, la règle sera backward-looking ou forward-looking.

    y' Règle type backward-looking

    La règle backward-looking ou à anticipations tournées vers le passé i.e. une règle où le taux d'intérêt réagit aux variations passées des variables explicatives. Selon Orphanides (1997, 2001), la disponibilité des données courantes sur les variables étant techniquement mise à défaut, la Fed devrait donc utiliser les données passées, il parle de real time data. Une variante de la règle BL peut s'écrire comme suit :

    La modulation du taux d'intérêt est fonction des gaps retardés de l'inflation et de l'output.

    La logique de cette règle est ainsi basée sur un processus d'anticipations adaptatives.

    Quelques critiques ont cependant été adressées à l'encontre de cette règle. Une des premières critiques est celle de Lucas. Ce dernier préconise que les agents formulent leurs anticipations de manière rationnelles dans la formulation de prévisions, les décideurs politiques devraient se baser sur les valeurs futures pour la mise en oeuvre de leurs décisions. Une autre critique indexe le fait que la banque centrale ne régissant qu'aux chocs retardés, n'intègre pas les chocs dus à d'autres variables. Aussi, ce type de règle ne permet pas à une politique de ciblage d'inflation d'atteindre ses objectifs de long terme de stabilité de l'inflation.

    Ainsi, à la suite de ces critiques, certains auteurs proposent la version forward-looking.

    y' règle type forward-looking

    Cette forme de règle fait l'hypothèse que la banque centrale ne dispose pas des données courantes sur les variables lors de ses prévisions. Alors, celle-ci formule son impulsion monétaire en intégrant les valeurs anticipées en vue d'influer les objectifs dans le moyen

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    30

    terme. Dans ce cas, la règle forward-looking ou à anticipations tournées vers le futur peut se résumer ainsi qu'il suit :

    E (. ICL est l'espérance conditionnelle à l'information disponible et ô l'horizon temporel d'anticipation. CL est l'ensemble d'information sur lequel la banque centrale peut s'appuyer pour formuler ses prévisions.

    Mais pour améliorer l'action stabilisatrice de la politique monétaire sur l'inflation et la production, un processus de lissage du taux d'intérêt a été introduit dans la règle ci-dessus.

    Ce type de règle a connu beaucoup d'évaluations empiriques dans les études des chercheurs notamment Clarida et al. (1998, 1999, 2000), Orphanides (2001), Florens et al. (2001), Jondeau et al. (2004), Mesonnier & Renne (2004) et bien d'autres.

    II.1.2.2 La règle de ciblage d'inflation

    Le ciblage d'inflation27 est une « règle d'objectif » par laquelle la banque centrale lie des variables objectifs (notamment l'inflation) à leur valeur cible. En effet, comme le souligne Landais (2008), le ciblage d'inflation est un « dispositif » de politique monétaire dans lequel l'inflation future prévue, comparée à une cible annoncée, est utilisée pour guider les décisions à prendre. Ainsi, l'inflation prévue joue le rôle d'objectif intermédiaire et les autorités monétaires modulent les anticipations des agents économiques en vue d'atteindre la cible à l'horizon temporel fixé (généralement deux ans).

    Kenneth Kuttner (2004) caractérise le ciblage d'inflation par :

    ? La priorité accordée à la stabilité des prix ;

    ? Le choix d'une cible d'inflation (2% généralement) et d'un délai de réalisation (au plus 2 ans) ;

    ? La transparence des banques centrales à travers la communication avec le public ;

    27 Le ciblage d'inflation a deux connotations : le ciblage strict et le ciblage flexible. Le ciblage strict recommande une cible d'inflation bien précise (exemple 2%) et dans le ciblage flexible, la Banque donne une marge de fluctuation à la cible de #177;1% par exemple. En réalité, c'est cette stratégie qui est beaucoup utilisée car donne une plus grande manoeuvre au Autorités monétaires d'ancrer les anticipations du public à moyen terme.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    31

    ? Et la responsabilité des autorités monétaires devant toute déviation par rapport à la cible annoncée.

    Il revient surtout à Svensson (1997,1999) d'approfondir le cadre théorique de cette règle en montrant qu'elle dérive de la résolution d'un problème de contrôle optimal, c'est-a-dire de la minimisation d'une fonction de perte sous contraintes. Il se place dans un modèle néokeynésien prospectif avec courbes de demande et d'offre. La fonction de demande est appréhendée par la courbe IS et celle de l'offre par la courbe de Phillips(CP).

    Courbe IS:

    y représente l'output gap, ð le niveau d'inflation et , l'inflation anticipée en t pour la

    période t+1. et sont des paramètres positifs, un choc stochastique normalement

    distribué. est le taux d'intérêt nominal de court terme.

    Courbe CP: , avec et , â>0

    Fonction de perte intertemporelle des autorités : ; 0 1 avec

    , la fonction de perte des autorités monétaires à la période t.

    X est le poids accordé à stabilisation de l'activité dans les préférences de la banque centrale relativement à l'inflation et la cible d'inflation. ä est le taux d'actualisation ou préférence accordée à la période t.

    Ainsi pour la période t, le problème de la banque centrale consiste à résoudre le programme suivant :

    Min )]

    Les Conditions de Premier Ordre (CPO)28, donnent la règle de ciblage optimale suivante :

    28 Le modèle spécifié est de type forward-looking (anticipations tournées vers le futur), il peut aussi être appréhendé en mode backward-looking. Pour plus de détails pour la résolution voir Svensson (1997, 1999,2002, 2003) ou Polin(2004)

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    32

    Cette règle optimale traduit l'idée que l'écart de l'inflation anticipée (prévue) pour la période t+1 et la cible d'inflation est une fraction du niveau de l'output gap de la période suivante formulé en t. Svensson(2005) précise que comme déjà discuté dans Svensson (2003b), la

    condition d'optimalité est que les taux marginaux de substitution(

    ) et de

    transformation( ) entre les variables cibles s'égalisent. En effet, une augmentation

    d'une unité de l'output entraine une hausse de l'inflation de unité (effet-transformation). Et lorsque le taux d'inflation diminue d'une unité, il y a un gain d'activité de 1/X unité (effet-substitution).

    La règle de ciblage d'inflation présente certains avantages. L'avantage majeur des règles spécifiques de ciblage d'inflation est qu'elles conduisent à accroître l'indépendance des banques centrales les ayant adoptées et ce notamment en ce qui concerne leur autonomie d'action. Cela garantit une flexibilité dans la régulation monétaire car le moyen terme dans lequel est formulée la politique monétaire favorise la prise en compte d'éventuelles innovations (chocs d'offre ou de demande) et évite par là même, une incohérence temporelle ou dynamique. Le ciblage d'inflation assure un ancrage des anticipations des agents économiques car le besoin de transparence, de responsabilité et la communication qui le définit favorisent une modulation à la baisse des anticipations de natures inflationnistes. Selon Mishkin et Schmidt-Hebbel (2001) ; et Neumann & Von Hagen (2002)29, cette stratégie permet aux pays à historiques d'inflation élevée de retrouver un sentier de stabilité des prix à niveau d'inflation faible. Il permet en outre de mener avec beaucoup plus de maniabilité une politique monétaire définie par un mandat dual tel celui de la Fed.

    La stratégie de ciblage d'inflation a toutefois connu quelques griefs. En effet, la communication tant prônée par cette stratégie en vue d'une éventuelle transparence est remise en cause par Friedman (2002). Il reproche aux banques centrales adoptant le ciblage de n'informer le public que sur l'inflation alors que dans leurs fonctions de réaction l'objectif de l'emploi y figure. Les agents ignorent aussi le poids X accordé par la banque centrale à l'activité économique.

    Aussi, le caractère « règle » du ciblage est souvent mis en défaut. Il est taxé de discrétionnaire ou plus précisément de « discrétion contrainte » qui peut lui valoir un problème

    29 Cités par Landais, op.cit.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    33

    d'incohérence temporelle. Bernanke et Mishkin (1997), Bernanke (2003) indiquent que l'aspect « contrainte » est lié à l'engagement en faveur d'une inflation basse, engagement qui

    permet d'ancrer les anticipations du public tandis que l'aspect « discrétion » recouvre la
    liberté opérationnelle dont jouit la banque centrale et la possibilité qu'elle a de mener à bien ses taches de stabilisation réelle30.

    Le choix d'une cible d'inflation comme cible intermédiaire est souvent difficile à justifier car le lien entre celle-ci et les taux d'intérêt n'est pas forcement fort ni même évident.

    Ces différentes règles ont eu des degrés d'adhésion divers à telle enseigne qu'il s'est développé dans la littérature un grand débat sur les stratégies monétaires notamment entre règles d'instrument et règles de ciblage.

    II.1.2.3 Règles d'instrument versus règles de ciblage : Questions en débat

    Ce récent débat à été animé par Svensson (2002, 2005), McCallum et Nelson (2005). Le premier adhérant aux règles de ciblage d'inflation et prônant leur optimalité et flexibilité, les deux derniers défendant bien sûr les règles d'instrument en insistant sur leur simplicité et robustesse. Svensson attaque les règles d'instrument sur quatre plans et ceci amène McCallum et Nelson à réagir défensivement. Le tableau suivant récapitule ces points de divergence.

    Tableau n02 : comparaison de règles

    Règles d'objectifs : Svensson

    Règles d'instrument : McCallum et Nelson

    -Les règles d'instrument ne prennent en compte qu'un nombre limité de variables et laissant certaines sur lesquelles pourrait agir la Banque Centrale d'une économie ouverte (termes de l'échange, taux de change réel etc.)

    -les règles de revenu nominal offrent un contre exemple. De plus, les trois variables

    principales (inflation, output, et taux)

    suffisent à refléter les conditions
    monétaires et réelles de l'économie.

    -un engagement à une règle d'instrument ne

    laisse pas de place aux jugements et à
    l'information disponible

    -les taux effectifs peuvent être au dessus ou en dessous des valeurs indiquées par la règle chaque fois que la Banque Centrale juge les conditions justifiées : il y a donc place au jugement.

    30 Cité par Landais, op.cit

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    34

    Règles d'objectifs : Svensson

    Règles d'instrument : McCallum et Nelson

    -elles ne peuvent être améliorées lorsque de nouvelles informations sur les mécanismes de transmission, la variabilité et la nature des chocs sont disponibles.

    - au contraire, elles peuvent être modifiées mais tout en restant dans la logique de la «

    perspective atemporelle » au sens de
    Woodford31.

    -les règles d'instrument sont loin d'une

    description précise de la politique monétaire, et dans la pratique aucune Banque Centrale ne les utilise.

    -par leur simplicité, les règles d'instrument sont robustes. Quant aux règles d'objectif, aucune Banque Centrale ne communique par exemple le poids X accordé à l'output dans la fonction de perte.

    Source : synthèse de l'auteur

    Plusieurs travaux ayant montré la possibilité de dériver des règles d'instrument à partir des règles de ciblage et vice versa, l'opposition apparente entre ces deux types de règles semble quelque peu artificielle ; du moins au niveau théorique. Dans cette logique et comme pour couvrir le débat, Bernanke (2004) propose la catégorisation suivante :

    - « politiques de réaction simple » pour les règles d'instrument auxquelles il reconnait simplicité et robustesse ;

    - « politiques fondées sur des prévisions » pour les règles d'objectifs qu'il qualifie de flexibles et d'adaptables à l'information disponible.

    L'ouverture de la « boite noire » des règles monétaires révèle une pléthore de stratégies utilisables dans la conduite de la politique monétaire, mais qu'enseignent les faits empiriques ?

    II.2 Aspects empiriques

    L'estimation empirique des règles de politique monétaire ou fonctions de réaction a trouvé une large attention dans la sphère des économistes que des praticiens de la politique monétaire. Les conclusions quant à leur robustesse et leur pouvoir descriptif, dépendent pour beaucoup du modèle de l'économie et des méthodes économétriques d'estimation considérés.

    ? Dans les pays développés

    La littérature abonde fortement dans les pays développés tellement les auteurs dans leurs diversités théoriques ont testé ces réactions des banques centrales dans toutes les facettes

    31 Cette perspective est la restriction que la banque centrale s'impose de ne considérer que des règles qui ne dépendent pas de la date où l'engagement est pris.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    35

    possibles. McCallum (1987) sur base d'estimation sur données américaines prétend que sa règle de revenu nominal aurait permis de réduire la variabilité du revenu nominal sur la période 1954-1985 et maintenir l'inflation à zéro. Cette vision est soutenue par Durand et Payelle (1998). Ces derniers ont en effet simulé les données françaises avec une modélisation Vecteur Auto Régressif (VAR) entre 1978 et 1996 et concluent que cette règle aurait donné des résultats plus probants que ceux de la politique monétaire effectivement menée.

    Taylor (1993) montre que sa règle initiale décrit assez bien la politique monétaire de la Fed pendant la période 1987-1992, avec des coefficients de réaction à l'écart d'inflation et à l'output gap de 0,5. Utilisant des simulations dynamiques stochastiques sur plusieurs pays de l'euro système, les Etats-Unis et le Japon, Taylor(1999) montre que les règles simples (à la Taylor) sont robustes et efficaces que les règles optimales. Même s'il reconnait que les règles de prévisions d'inflation à la Rudebusch and Svensson (1999) présentent l'avantage d'incorporer d'autres variables pertinentes pour la prévision dans un horizon temporel bien donné.

    Pour la zone Euro, Verdelhand (1999) estime une règle simple de Taylor avec la méthode des généralisée des moments. Il trouve un coefficient de 1.3 pour l'inflation et 0,6 pour la production. Ces coefficients sont assez proches de ceux de Taylor (1993). Dans le même ordre d'idées, Sibi (2001) estime cette règle avec la même méthode en faisant varier la technique d'évaluation de la production potentielle. Il utilise pour se faire le gap par ajustement linéaire, le gap à tendance quadratique et le gap par filtre d'Hodrick-Prescott. Il ressort de ses estimations que les deux dernières méthodes retracent assez bien la politique de la BCE au sens de Taylor.

    Toujours pour la zone euro, Mesonnier et Renne (2004) à la recherche d'une règle monétaire robuste estiment premièrement une règle forward-looking sur la période 1979-2003 par la MGM en supposant la stationnarité des séries utilisées, ensuite cette hypothèse est levée pour conduire l'estimation sur la période 1985-2003. L'utilisation du filtre de Kalman a été l'innovation dans cette étude empirique. Toutefois, ces auteurs concluent que la non stationnarité apparente n'a pas modifié conséquemment la robustesse de la règle trouvée en première estimation.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    36

    Clarida et al. (1998,1999, 2000) en utilisant une règle de Taylor version forward-looking trouvent une adéquation avec les politiques monétaires menées par la Fed et les banques centrales européennes pour stabiliser l'inflation. Aussi, Clarida (2001) recourt à un modèle structurel VAR pour identifier d'autres éléments pertinents que les banques centrales pourraient intégrer dans leur règle forward-looking. Il identifie le taux de change comme un élément clé. Cette approche pourrait d'après lui permettre de décomposer les effets des chocs pour chacun des pays formant une union monétaire.

    Jondeau et al. (2004), dans leurs exercices de détermination de la fonction de réaction de la Fed par la Méthode des Moments Généralisée (MMG) et celle du Maximum de Vraisemblance (MV), ont montré que sur la période 1987-2000 les évaluations des paramètres sont stables et que la réaction à l'inflation prévue est assez proche de la valeur 1,5 de Taylor (1993) car comprise entre 1,58 et 1,90.

    ? Dans les pays émergents

    Parsley et Popper (2009) proposent une application à une petite économie ouverte telle que la Corée du Sud. En effet, ils définissent un modèle basé sur la nouvelle courbe de Phillips keynésienne et une courbe IS avec anticipation. Leur objectif est de déterminer si l'autorité monétaire cible le taux de change ou simplement si elle répond au taux de change dans le but d'atteindre ses autres objectifs. Les résultats (par la MMG) de leur modèle forward-looking sur la période janvier 1999 - Avril 2008, avec la prise en compte du taux de change révèlent que la banque de Corée suit une politique de ciblage d'inflation et le taux de change apparait comme un objectif indirect. Le taux de change est apparu comme une variable ayant une influence sur l'output et l'inflation

    Une application pour le cas de la Turquie a été faite par Ertugrul et al. (2005). Ces auteurs sur la base de données hebdomadaires couvrant la période 1997-2002 mettent au point une fonction de réaction type Taylor en tenant compte des contraintes du programme stabilisation par le change imposé par le FMI à la suite de la crise de change qu'a connue ce pays. Ils prennent en compte le taux de change nominal, l'agrégat monétaire M2, les réserves de change, le prix des actifs financiers, les dépôts en devises et le stock de la dette publique. Il ressort de leurs estimations (doubles moindres carrés et moments généralisés) que l'attention des autorités monétaires a été beaucoup plus focalisée sur les variables relatives à l'équilibre

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    37

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    externe (taux de change, dépôts en devises) au détriment de celles relatives à l'équilibre interne. Une telle fonction de réaction est justifiable dans un contexte d'une Turquie en cure de sortie de crise financière (1999-2000).

    ? Dans les pays africains

    Une faiblesse de la littérature empirique marque la sphère des recherches économiques appliquées. Une première évaluation d'une règle monétaire à la Taylor a été faite pour l'Ouganda. Abdalla et al.32 (2000) trouvent une divergence entre les taux pratiqués par la banque centrale d'Ouganda et ceux issus de la règle de Taylor. En effet, en considérant comme variables explicatives les gaps mensuels de production et d'inflation sur la période 1990 à 1998, en plus de la constante, ils obtiennent un coefficient de 0,11 pour le gap d'inflation, soit une valeur relativement faible. S'agissant du gap de production, son coefficient est négatif (-1,16), ce qui est contraire à la théorie. En réestimant l'équation avec la prise en compte de variables du secteur extérieur (la variation des réserves internationales, le taux de change réel), les résultats obtenus apparaissent relativement meilleurs, mais ils ne permettent pas une bonne description de l'historique des taux d'intérêt.

    Aussi, Okot (2008) avec un modèle forward-looking aboutit à la même conclusion d'inadéquation avec faits de la période 1988-200633.

    Rageh (2010) étudie le cas de la Banque Centrale d'Egypte sur la période 1997-2007, ses estimations par la méthode MMG révèlent que cette banque a usé beaucoup plus d'une politique discrétionnaire que d'une règle de taux d'intérêt (backward ou forward). Elle analyse aussi à travers un model VAR non structurel, les effets des chocs monétaires sur la production et sur l'inflation. Ses conclusions ne sont guerre satisfaisantes et elle attribue cela en partie au fait que durant la période d'étude, la banque centrale égyptienne a du géré des objectifs conflictuels notamment la stabilisation des prix, la stabilisation du taux de change et la promotion de la croissance.

    En Afrique du Sud, Ruthira et Paya (2010) ne rejettent pas l'hypothèse de la pertinence des prix des actifs financiers dans la modulation du taux d'intérêt et aussi la non linéarité de cette règle de Taylor-augmentée sur la période 1986-2008.

    32 Cités par Tenou (2002)

    33 Cités par N'Guenang et al, op.cit.

    38

    N'Guenang et al. (2009) estiment par la MMG une règle active qui pourrait crédibiliser la politique monétaire de la BEAC au sein de la zone CEMAC. Après une première estimation d'une règle forward de base (avec uniquement les gaps d'inflation et d'output), ils intègrent ensuite la croissance de la masse monétaire M2 et enfin, ils ajoutent en plus de M2 le différentiel d'inflation avec le principal partenaire économique qu'est la France. De ces trois modèles, il ressort que le dernier est beaucoup plus concluant en considération de l'erreur absolue moyenne et du coefficient de Theil34.

    Pour la zone UEMOA, une des rares applications de la règle simple de Taylor a été faite par Tenou (2002). Il adapte la règle initiale de Taylor en y ajoutant des variables comme le taux d'intérêt retardé d'une période , le différentiel d'inflation et le différentiel de taux d'intérêt entre la zone et la France ; et procède ensuite à des estimations sur données annuelles (19701999) et sur données trimestrielles (1991-1999) par la méthode des moindres carrés ordinaires. Ses résultats d'estimations lui permettent de conclurent que la règle estimée sur données annuelles retrace assez bien l'historique du taux du marché monétaire (surtout sur la période 1987-1999). L'estimation sur données trimestrielles donne aussi des résultats satisfaisants. Le coefficient de lissage du taux d'intérêt montre que la BCEAO fixe ses taux en fonction de ses taux passés : le coefficient du taux d'intérêt retardé est de 0,82. Ce coefficient vaut 0,76 sur la base des données trimestrielles. Il trouve aussi que le taux d'intérêt du marché monétaire est relativement plus sensible à l'écart de production qu'au différentiel du taux d'intérêt. De façon générale, la BCEAO semble tenir compte des variables économiques fondamentales que sont l'inflation et l'écart de production dans la fixation de ses taux d'intérêt. La prise en compte des différentiels d'inflation et de taux d'intérêt a certes un sens économique car traduisant la réalité des relations économiques avec la France et/ou la zone euro, mais cela pourrait conduire a une non robustesse des estimateurs des MCO. En effet, la règle prend déjà en compte l'inflation et le taux d'intérêt retardé comme variables explicatives, or les différentiels résultent de différences entre niveaux d'inflation (et entre niveaux de taux d'intérêt). Un problème de multicolinéarité se poserait ainsi.

    Le dispositif du ciblage d'inflation semble conduire à une maitrise de plus en plus accrue de l'inflation par les pays l'ayant adopté. Ainsi, la Nouvelle-Zélande, un des premiers pays a

    avoir adopté ce dispositif en 1990, est passée de 3,3% d'inflation à l'adoption à 0,8% en 2009

    34Le coefficient d'inégalité de Theil ou le critère U de Theil est utilisé pour juger de la qualité de la méthode de prévision et est tel que 0= U= 1. Plus U est proche de 0, plus les prévisions sont assez bonnes.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    39

    avec une cible de [1 ; 3]. Le tableau n03 indique la tendance pour certains pays comme le Canada, le Royaume-Uni, l'Australie.

    Tableau n03 : Bilan du ciblage d'inflation dans quelques pays industrialisés

    Pays

    Date d'adoption du
    ciblage

    Taux d'inflation

    cible

    A l'adoption

    En 2009

    Nouvelle-Zélande

    1990

    [1 ; 3]

    3.3

    0.8

    Canada

    1991

    [1 ; 3]

    6.9

    0.3

    Royaume-Unis

    1992

    [1 ; 3]

    4.0

    2.2

    Suède

    1993

    [1 ; 3]

    1.8

    -0.3

    Australie

    1993

    [2 ; 3]

    2.0

    1.9

    Source : finance et développement, mars 2010

    Ce relatif succès de ces pays a incité certains pays émergents et en développement à s'inscrire dans le dispositif de ciblage d'inflation. Ainsi, La Corée du Sud (1998), le Brésil (1999), la Colombie (2000) et la Thaïlande (2000) entre autres pratiquent une politique de ciblage de l'inflation avec plus ou moins de succès. En Afrique subsaharienne, la politique de ciblage d'inflation a été adoptée par l'Afrique du Sud (en 2000) et le Ghana (2007).

    Conclusion

    Des grands débats théoriques menés à la fin des années 1980 sur la conduite de la politique monétaire, la supériorité des règles vis-à-vis de la discrétion trouve un large consensus, incohérence temporelle et biais inflationniste étant fortement évités. Mais, la grande difficulté réside dans la définition même du type de règles que la banque centrale devrait suivre pour stabiliser l'inflation et l'activité économique. Ce chapitre a montré ce foisonnement dans l'élaboration ou la proposition de cadres logiques qui pourraient traduire le mécanisme de transmission des mesures de politique de la banque centrale. La règle de Taylor (1993) a retenu beaucoup plus l'attention des chercheurs, même si des améliorations en ont été faites pour tenir compte des spécificités des économies et des paradigmes dominants. Loin d'être exhaustive, cette revue balise à titre indicatif le domaine de la recherche empirique.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    40

    CHAPITRE III : MODELISATION D'UNE REGLE MONETAIRE POUR

    LA BCEAO

    Introduction

    Ce chapitre décrit le cadre analytique sur lequel se basera cet essai pour modéliser une fonction de réaction de la BCEAO décrivant assez bien la conduite de la politique par les taux d'intérêt. L'hypothèse principale de cette étude est que la banque centrale a usé d'une règle monétaire avec anticipations futures. Une adaptation du cadre d'analyse développé par

    Clarida et al. (1998, 1999, 2000) sera nécessaire pour tenir compte des spécificités de la zone. Comme cités en revue de littérature, ces auteurs se basent sur un modèle keynésien prospectif avec courbes IS et courbe de Phillips (CP) et dérivent une règle de Taylor optimale35 type forward-looking. Cette règle prend en compte l'inflation anticipée qui est devenue une stratégie monétaire de plus en plus usitée par les Banques centrales.

    Dans une première section de notre cadre théorique, nous spécifierons un modèle Vecteur Auto Régressif (VAR) non structurel pour capter la réactivité des séries étudiées aux différents chocs, surtout celle du taux directeur suite aux innovations des gaps d'inflation et d'output. Ensuite, une spécification de la règle adaptable à la zone UEMOA sera faite en deuxième section. Enfin, la justification de l'utilisation de la Méthode des Moments Généralisée (MMG) comme méthodologie d'estimation ainsi que la précision des données et leurs sources feront l'objet la dernière section.

    III.1 Modélisations

    Pour la mise en oeuvre effective de cette étude, deux étapes sont envisagées. La modélisation définit en première analyse une spécification d'un VAR, en vue de déterminer la réaction des autorités monétaires à différents chocs dans la fixation de leur taux directeur. L'écriture d'une règle monétaire sera nécessaire en seconde analyse pour discuter de la robustesse des résultats.

    III.1.1 Fonction de réaction de la banque centrale : une analyse en termes d'impulsion

    L'idée de l'existence de causalité entre les taux d'intérêt, l'inflation, la production, la masse monétaire et d'autres variables est basée sur les travaux théoriques et empiriques de bon nombre d'auteurs qui se sont intéressés à la question des canaux de transmission de la

    35 Le caractère optimal lui est conféré par le fait qu'elle est dérivée d'un processus de minimisation d'une fonction de perte sous contrainte des courbes IS et CP précisées plus haut.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    41

    politique monétaire. Ainsi, pour le cas de la BCEAO, nous spécifions un VAR non structurel pour montrer la relation de court terme entre ces différentes variables. Cette relation peut être montrée par la fonction de réponse ou de réaction dérivée du VAR, pour analyser l'effet des chocs de l'inflation gap et de l'output gap sur le taux de prise en pension. En outre, la décomposition de la variance des erreurs est déduite pour montrer la contribution des différents chocs à la variation du taux d'intérêt nominal, instrument de politique monétaire. Lorsqu'une innovation explique une part importante de la variance de l'erreur de prévision, il vient que l'économie étudiée est très sensible aux chocs affectant la série.

    La spécification du VAR retenu est un système à trois équations composé du TPE, de l'output gap ou gaphp et de l'inflation gap ou infgap4 (i.e. l'inflation anticipée sur quatre trimestres). Nous pouvons écrire le modèle ad hoc suivant :

    (3.0)

    Avec (L) l'operateur de retard tel que , étant une variable quelconque.
    +

    et h le retard à déterminer

    +

    + +...+

    , des constantes ; , et sont des erreurs supposées i.i.d.

    L'objectif recherché dans cette section n'est pas tant la détermination et l'interprétation des coefficients issus de cette régression, mais plutôt la possibilité de dégager a priori la fonction de réponse de la banque centrale et de mener ainsi une analyse en termes d'impulsion. En effet, les chocs de l'inflation gap et de l'output gap sur le taux directeur permettront de voir le sens et l'ampleur de la réaction de la banque centrale dans la fixation de son taux. Cet aperçu pourra dès lors nous permettre de mieux interpréter les résultats qui seront issus de l'estimation de la règle monétaire.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    42

    III. 1.2 Modèle théorique : la règle forward-looking

    Le cadre de base part d'une forme réduite développée par Clarida et al. (1998) pour définir une règle monétaire pour la Fed. Cette règle a été testée sur données américaines, allemandes et japonaises. Ces auteurs concluent à une adéquation entre la forme forward-looking et les taux effectivement observés aux niveaux de ces grandes banques centrales. Clarida et al. (1998) précisent que comme déjà développé par Further et Goodfriend(1991), la Reserve Fédérale a implicitement un taux nominal cible ( ) pour les fonds fédéraux (fed funds). Ainsi, sur la base de cette hypothèse, ils postulent l'équation linéaire suivante :

    (3.1)

    Où définit le taux d'inflation en glissement annuel entre la période t et t+ô. est la cible

    d'inflation de la Fed. est le niveau de l'output gap définit comme la déviation en
    pourcentage entre le PIB réel et son niveau potentiel. E(.) est l'operateur d'anticipation, et est l'ensemble de l'information disponible au moment de fixer le taux d'intérêt est, par construction le taux nominal désiré lorsque à la fois l'inflation et l'output atteignent leurs niveaux cibles.

    Clarida et al. (1998) justifient la règle (3.1) en indiquant qu'elle fait appel à la fois au champ théorique et empirique. En effet, des formes approximatives (et souvent exactes) de cette règle sont optimales pour une banque centrale qui a une fonction de perte quadratique en déviation de l'inflation et de l'output par rapport à leurs niveaux cibles dans un macro modèle générique36 . Sur le plan empirique, nombre d'auteurs trouvent un consensus que la règle de politique définie par (3.1) fournit raisonnablement de bonnes descriptions des politiques de la majeure partie des banques centrales à travers le monde. En outre, la spécification forward-looking permet à la banque centrale de considérer une large gamme d'information pour former les croyances sur les conditions futures de l'économie, une caractéristique hautement réaliste37.

    La règle (3.1) permet de dériver la règle du taux d'intérêt réel. En supposant que le taux

    d'intérêt réel ( est identiquement égal au taux d'intérêt nominal ( ) diminué de

    l'anticipation d'inflation ( i.e. .

    36 Voir par exemple, Svensson (1996), Bernanke et Woodford (1997), Clarida et al. (1997)

    37 Cette vision cadre bien avec la logique du ciblage d'inflation développée par Svensson

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    43

    Et aussi que (le taux d'intérêt nominal de long terme , est la somme du taux

    d'inflation cible et du taux d'intérêt réel de long terme )

    Remplaçons ces deux égalités dans (3.1), il vient que :

    (3.2)

    La règle (3.2) montre que le taux d'intérêt réel s'ajuste aussi en fonction de la grandeur de

    par rapport à 1 et du signe de . Si , la règle de taux est stabilisante38, elle est au

    contraire instable si .

    Les règles (3.1) et (3.2) sont cependant restrictives pour servir de modèle dans le changement des taux d'intérêt. Selon Clarida et al. (1998), trois raisons au moins peuvent être avancées : D'abord, ces règles supposent un ajustement immédiat du taux de la Fed à son niveau cible en réponse au changement d'inflation et d'output ; et ignorent de ce fait la tendance de la Fed à lisser le taux d'intérêt39. Ensuite, les changements supplémentaires du taux d'intérêt au delà d'une période sont supposés être purement endogènes, i.e. pour refléter la réponse systématique de la Fed à la prévision de l'inflation et de l'output. Enfin, ces règles stipulent que la banque centrale a un control parfait des taux par exemple qu'elle les maintient à leur niveau désiré en utilisant les opérations d'open market.

    L'estimation de la règle simple de Taylor pour la BCEAO par Tenou (2002) a fait ressortir que le taux retardé est pertinent. Ainsi, nous reconduisons cette hypothèse et formulons avec Clarida et al. (1998) le lissage suivant :

    (3.3)

    Où ? [0, 1] est un indicateur du degré de lissage du taux d'intérêt, est un choc exogène de taux d'intérêt de moyenne nulle et , le taux d'intérêt nominal cible tel que donné par l'équation (3.1).

    Il est à préciser que ces auteurs retiennent une forme AR (1) pour la Bundesbank et préconisent une forme AR (2) pour la réserve fédérale.

    38 Dans cette condition, on retrouve le principe de Taylor qui stipule une réaction du taux d'intérêt au gap d'inflation plus que proportionnelle à 1.

    39 Rudebush (1995) met en évidence une corrélation sérielle dans les modifications du taux d'intérêt. Goodfriend (1991) précise que la banque centrale lisse ses taux de peur de perturber les marchés financiers et Sack (1997) ajoute l'incertitude liée aux changements des taux d'intérêt.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    44

    Deux interprétations possibles peuvent être données aux chocs . En premier lieu, ils peuvent refléter l'échec de la banque centrale à maintenir le taux au niveau prescrit par la règle ; tel serait le cas en présence de chocs de demande de monnaie si une variable autre que le taux directeur était utilisée comme instrument de politique monétaire (réserves obligatoires par exemple). Et en second lieu, ils pourraient capturer les décisions délibérées des autorités monétaires de dévier transitoirement de leur règle systématique.

    En combinant l'équation d'ajustement partiel (3.3) avec l'équation initiale (3.1), nous pouvons écrire :

    (3.4)

    Afin de donner une forme estimable au modèle de base, une méthode consiste à remplacer les

    valeurs anticipées non observables par leurs valeurs observées. Ainsi, soient les erreurs
    de prévision commises par les agents économiques sur l'inflation et l'activité. Ces erreurs

    sont supposées indépendantes et de variances respectives . Les relations suivantes
    peuvent s'écrire :

    En remplaçant ces dernières équations dans l'équation (3.4), il vient que :

    )

    Enfin, nous trouvons la règle de base (3.5)

    avec , ,

    , =

    ô est l'horizon temporel d'anticipation, nous faisons l'hypothèse que cet horizon est de quatre trimestres i.e. ô = 4 (une année). Il faut cependant, préciser que le CPM de la BCEAO a fixé cet horizon à vingt quatre mois, soit huit trimestres dans son rapport annuel de 2010. Malgré ce fait, notre hypothèse se veut être en phase avec nombres d'études qui retiennent une échéance de 4 trimestres dans les évaluations empiriques. La règle (3.5) devient donc :

    (3.6)

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    45

    La forme opérationnelle de cette règle prenant en compte les variables économiques à proprement parler est obtenue en écrivant l'équation suivante :

    (3.7)

    Avec :

    TPE, le taux de prise en pension, utilisé ici comme taux directeur de la BCEAO (une justification en sera donnée plus bas) ;

    infgap4, l'écart entre l'inflation anticipée sur 4 trimestres et la cible d'inflation ;

    gaphp, la variable économique identifiée à l'écart entre la production effective et son niveau potentiel.

    Comme indiqué dans le système (3.7), les trois variables sont censées être corrélées positivement au TPE.

    , le taux de la banque centrale connait une certaine viscosité dans sa fixation. C'est cela qui fonde entre autre l'hypothèse d'un processus AR(1) dans la modélisation de la règle.

    , théoriquement, toute augmentation du taux d'inflation (ou du taux d'inflation par rapport à son niveau cible) doit s'accompagner par une mesure restrictive de la banque centrale qui peut se traduire par un relèvement des taux directeurs.

    , le même mécanisme que précédemment s'applique ici. Tout écart positif de l'output gap s'interprète comme un écart inflationniste qui en appel aussi à une hausse des taux. L'équation (3.7) sera estimée par la Méthode Généralisée des Moments qui sera précisée dans la section suivante.

    III.2 Méthodologie d'estimation

    Les méthodes d'estimations économétriques des règles monétaires abondent. Les MCO on été utilisés dans les premières évaluations empiriques de la règle simple de Taylor. Cependant, pour tenir compte des nouveaux développements de la théorie économique relativement aux prévisions des agents économiques, nombre de recherches ont intégré la critique de Lucas (1976). Laquelle critique stipule que les agents économiques formulent leurs prévisions sur base d'anticipations rationnelles (rendant inefficaces les politiques conjoncturelles

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    46

    keynésiennes). C'est dans cette logique que la Nouvelle Economie Keynésienne prend en compte dans ses modèles structurels les anticipations rationnelles, notamment à travers la courbe de Phillips. Ce faisant, les MCO traditionnellement admis pour l'estimation de la règle simple de Taylor se voient être récusés dans l'estimation des règles monétaires type forward-looking i.e. avec anticipations tournées vers le futur. En effet, certaines hypothèses fondamentales des MCO sont violées dans ce genre de formulation (i.e. avec anticipations rationnelles). En considérant le système (3.7), on montre40 que :

    - ; . Ce résultat signifie que les

    variables explicatives ne sont pas indépendantes des résidus : c'est la violation de l'hypothèse d'orthogonalité. On dit qu'il y a alors endogéneité entre variables explicatives et résidus.

    - Quelques aménagements algébriques permettent de montrer que :

    Nous sommes donc en présence d'autocorrelation des résidus.

    Ainsi, les MCO conduiraient à des estimateurs biaisés et non convergents. L'utilisation de la Méthode Généralisée des Moments (MGM) développée par Hansen (1982) devient alors une alternative. Dans la littérature empirique, un intérêt croissant a donc été accordé à cette méthode, en témoigne l'utilisation faite par Clarida et al. (1998, 1999,2000), Florens et al. (2001), Jondeau et Le Bihan (2002), Jondeau et al. (2004), Mesonnier & Renne (2004). La MMG est recommandée pour lever les problèmes économétriques ci-dessus cités car elle est une méthode beaucoup plus générale. Elle a l'avantage en effet d'englober plusieurs autres méthodes parmi lesquelles les moindres carrés ordinaires, les doubles moindres carrés, les moindres carrés non linéaires, le maximum de vraisemblance, qui en constituent des cas particuliers sous certaines conditions (Hurlin, 2005). Certes, cette méthode résout bien les problèmes évoqués, mais sa robustesse est beaucoup plus renforcée asymptotiquement, i.e. que les estimateurs issus de cette méthode sont convergents pour des échantillons de grande taille. L'estimation du système (3.7) par la MMG de par sa robustesse, ne requiert pas une distribution normale des résidus ; mais sa mise en pratique nécessite cependant, de préciser

    l'ensemble de variables pouvant influencer la prise de décision des autorités monétaires à
    la période t. Ces variables sont appelées variables instrumentales. Lesquelles variables doivent être corrélées aux variables explicatives du modèle et orthogonales aux résidus.

    40 Cf. annexe n01

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    47

    III.3 Justifications

    L'évaluation empirique de la règle nécessite certaines précisions qui peuvent influer sur la robustesse des résultats. Ainsi, quelques commentaires sur certaines variables, la période d'étude et le jeu d'instrument s'avèrent utiles.

    III.3.1 Période d'étude

    Cette étude prend pour période d'investigation celle allant du premier trimestre 1993 au quatrième trimestre 2010 (1993 :T1 - 2010 :T4) mais avec toutefois une règle qui ne sera estimée que sur la période 1993 T1 à 2009 T4, car l'inflation anticipée est approximée par l'inflation ex post. Par exemple, si l'on considérait le premier trimestre T1 de 2010, alors il faudrait utiliser la valeur de l'inflation réalisée au premier trimestre T1 de 2011 pour l'estimation. Or, cette valeur est soit indisponible soit provisoire.

    Deux raisons au moins ont guidé le choix de cette période d'investigation. Premièrement, l'étude de Tenou (2002) couvre la période 1975-1999, il nous est donc paru judicieux de considérer une période beaucoup plus récente qui intègre les nouveaux dynamismes de la politique monétaire de la BCEAO. Ceci peut être considéré comme une mise à jour de la règle de Taylor initiale avec quelques hypothèses en sus. Et deuxièmement, la période retenue a été marquée par une rupture fondamentale. En effet, le vent de la libéralisation financière des années 80 a conduit la BCEAO à mettre une nouvelle politique de la monnaie et du crédit en octobre 1989. Laquelle politique consacrait une importance accru aux mécanismes du marché et un rôle majeur au taux d'intérêt comme instrument privilégié de la politique monétaire. L'idée était d'inclure l'année 1989 dans la période, mais l'application des mesures institutionnelles étant souvent lente ; nous avons jugé opportun de commencer en 1993 (début même de la rénovation du marché monétaire).

    III.3.2 Variables

    Le choix de certaines variables comme proxy peut trouver quelques justifications. L'estimation de la règle utilise le taux directeur de la banque centrale comme variable endogène, mais en pratique la banque centrale a le plus souvent plus d'un taux directeur comme instrument. Pour la BCEAO, trois taux sont notifiés comme taux directeurs. Il s'agit hiérarchiquement du taux d'escompte, du taux de pension et du taux des appels d'offre. Le taux d'escompte fonde assez bien le rôle de préteur en dernier ressort de la banque centrale, il

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    48

    est aussi appelé taux de pénalité du fait qu'il est supérieur aux deux autres taux. Il est appliqué lors des opérations d'achats définitifs par la BCEAO de titres à maturité d'au plus 12 mois. Son évolution est alors beaucoup plus lente. Le taux de prise en pension est le taux offert par la banque centrale lors d'achats temporaires de titres à maturité d'au plus un mois. Il permet ainsi de suivre le besoin de liquidités des banques secondaires à court terme. La BCEAO le compare au taux de la facilité de prêt marginal de la zone euro. Le taux des appels d'offre quant à lui résulte des opérations d'open-market d'injections ou de reprise de liquidités sur le compartiment hebdomadaire, beaucoup plus actif. Ce taux aurait été un assez bon proxy pour le taux directeur de par sa fréquence dans la régulation de la liquidité du marché monétaire. Mais la période d'étude considérée révèle une suspension des appels d'offre en mai 1998, la reprise n'intervenant qu'en février 2007. Nous pensons donc que le taux de prise en pension peut dans ces circonstances être un assez bon proxy du taux des fonds fédéraux utilisé par Taylor (1993).

    Une autre variable sujette à quelques remarques est le PIB potentiel. En effet, cette variable est inobservable et son estimation peut se faire par plusieurs méthodes. Le sens économique de cette valeur est qu'elle représente la production qu'aurait enregistrée une économie si les prix étaient flexibles i.e. que si les facteurs de production étaient utilisés de façon optimale. Les traitements statistiques proposent l'approche par le filtre de Hodrick-Prescott, le filtre de Kalman, le filtre de la moyenne mobile, la tendance simple, la tendance quadratique et la fonction de production. Selon Diop (2000), l'estimation de la production potentielle par l'approche de la fonction de production ressort beaucoup plus pertinente, du fait que le gap de production issu de cette estimation explique assez bien l'inflation. Il rappelle que cette méthode présente l'avantage d'être fondée sur une approche économique car relie la production à ses déterminants principaux. Toutefois, les inconvénients d'une telle méthode proviennent principalement de la difficulté à mesurer et à mettre à jour le stock de capital, et d'appréhender correctement le marché du travail de l'Union. Ceci pourrait donc altérer la qualité des données relatives au stock du capital et de l'emploi. Mais Tenou (2002), dans l'évaluation empirique de la règle de Taylor pour la BCEAO a précisé qu'après plusieurs estimations économétriques, les meilleurs résultats sont obtenus lorsque l'output gap est calculé à partir de la production tendancielle lissée à l'aide du filtre HP. La production potentielle utilisée dans la présente étude sera aussi calculée dès lors par le filtre HP.

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    49

    En outre, le calcul du taux d'intérêt réel est assez complexe comme celui du PIB potentiel. Il est souvent identifié à la productivité marginale du capital et à la croissance tendancielle de la production réelle. Taylor dans son étude de 1993, a utilisé un taux réel de 2% pour l'économie américaine. Dans notre cas, nous calculerons ce taux en deux étapes comme indiquées par Kozicki (1999). D'abord, nous calculerons la moyenne de la série du TPE ainsi que celle de l'inflation ; ensuite sera appliquée une simple différence entre ces deux moyennes pour dériver le taux d'intérêt réel. Lequel taux sera comparé au taux déduit de l'estimation de la règle (3.7). Kozicki (1999) précise cependant que, les résultats ainsi que les recommandations peuvent beaucoup varier selon le mode de calcul du taux d'intérêt réel d'équilibre.

    III.3.3 Jeu d'instruments

    L'exécution de l'estimation de l'équation (3.7) par la MGM exige l'identification d'un jeu d'instruments. Lequel jeu doit comporter assez d'instrument pour que l'estimateur de la MGM soit asymptotiquement convergent, mais le biais en échantillon fini s'accroit. Aussi, lorsque le nombre d'instruments tend vers le nombre des observations des séries utilisées, l'estimateur MGM tend vers l'estimateur biaisé des MCO. Pour notre exercice, nous utilisons comme Clarida et al. (1999), Florens et al. (2001), Jondeau et Le Bihan (2002), Jondeau et al. (2004), Mesonnier et Renne (2004), les retards des variables exogènes présentes dans l'équation (3.7). Les retards du taux d'intérêt, de l'inflation gap et de l'output gap sont d'abord retenus. Ensuite, nous intégrons en plus les retards du taux de croissance de la masse monétaire en différence première. Enfin, les retards de l'inflation sont retirés pour ensuite être remplacés par les retards du taux de croissance de la masse monétaire. Cela peut se justifier dans la mesure où le graphique n01 (Cf. Chap. I) montre des mouvements relativement synchrones entre inflation et masse monétaire, la nature monétaire de l'inflation est ainsi prise en compte.

    La validation économétrique des instruments passe par la réalisation du test du J-statistique introduit par Hansen (1982). De manière générale, les instruments utilisés sont toujours en nombre, plus élevés que les paramètres à estimer. Ainsi, ce test permet de voir si les conditions sur-identifiantes sont respectées. Sous l'hypothèse nulle, la statistique J suit asymptotiquement une distribution de khi-deux (12) à q-k degré de liberté, q le nombre de d'instruments et k le nombre de paramètres à estimer. Une faible valeur de cette statistique est favorable au non rejet de l'hypothèse nulle i.e. que les instruments retenus sont adéquats.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    50

    Autrement, si la p-value associée à la statistique empirique est supérieure au seuil critique fixé, alors les conditions sur-identifiantes sont valides.

    III.4 Stationnarité

    Une des conditions d'utilisation de la MGM comme méthode d'estimation économétrique, et même de l'inférence sur données temporelles, est la stationnarité des séries étudiées. Pour être en phase avec cette exigence méthodologique, nous avons procédé au test de stationnarité Augmented Dickey and Fuller (ADF). Ce test pose comme hypothèse nulle la présence de racine unitaire ou autrement la non stationnarité de la série, l'alternative étant la stationnarité. Si la valeur empirique est inferieure à la critical-value, on conclut à la stationnarité de la série ; autrement elle ne l'est pas.

    Pour conforter le test ADF, nous procédons aussi au test de Phillips-Perron (PP) qui prend en compte une éventuelle hétéroscédasticité des erreurs. L'hypothèse nulle est identique à celle de l'ADF ainsi que la procédure de décision. Les résultats de ce test ont retenu notre attention.

    III.5 Données et sources

    Le taux de prise en pension ou TPE est le taux d'intérêt directeur considéré dans les estimations. Mais, il faut noter que dans nos recherches, nous n'avons pas eu accès aux valeurs mensuelles, ni même trimestrielles de ce taux. Il nous a donc fallu procéder à des calculs sur la base de données de la BCEAO, laquelle fournit les dates de changement des différents taux directeurs de la banque centrale. Ainsi, dans un premier temps nous avons procéder à un comptage de jours avant chaque date de changement de telle sorte à déterminer pour un même mois le taux d'intérêt qui a couru avant chaque changement. Ensuite, le calcul du taux mensuel est une moyenne pondérée des taux par le nombre de jours courus, divisée par le nombre total de jours du mois considéré. Enfin, le taux trimestriel n'est qu'une simple moyenne arithmétique des taux mensuels.

    Les données sur l'inflation ont été tirées de la base de données trimestrielles International Financial Statistics (IFS) du Fonds Monétaire International (FMI) . Nous avons exclu la Guinée-Bissau pour des raisons d'indisponibilité de données pour certaines années de la période d'étude. Précisons que l'inflation utilisée est celle de l'UEMOA, donc pour cela nous avons pondéré le taux d'inflation de chaque pays par son poids relatif dans l'Union i.e. le rapport de son PIB réel au PIB réel régional. Le gap d'inflation est une différence entre le

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    taux d'inflation et la cible d'inflation. Cette cible d'inflation a été fixée à 2% depuis 1997, mais pour simplifier nous la considérons pour toute la période d'étude (1993-2010).

    La production réelle est tirée de la base de données World Economic Outlook (WEO), avril 2011 du FMI. Ses valeurs trimestrielles on été générées par le logiciel Ecotrim développé par Eurostat version 1.01. Nous avons comparé ces valeurs avec celles obtenues par la méthodologie de Goldstein et Khan (1976), mais les écarts sont relativement moindres. Après, application du filtre HP comme précisé plus haut pour dériver le PIB potentiel, nous obtenons l'output gap par une différence avec les valeurs trimestrielles du PIB effectif.

    Les données sur la masse monétaire quant à elles ont été téléchargées sur le site de la Banque de France dans la rubrique «Statistiques de la zone Franc- UEMOA» avec une précision que ces données proviennent de la BCEAO. Ses valeurs trimestrielles ont aussi été obtenues par le logiciel Ecotrim.

    Les estimations on été faites avec Eviews 5.0.

    Conclusion

    La politique des taux des banques centrales a été approximée par des cadres logiques par nombre d'auteurs, et cela, depuis les travaux pionniers de Taylor (1993). Ce chapitre retient dans son développement un cadre théorique basé sur une règle monétaire de type forward-looking dont les applications empiriques ont été d'un intéressement croissant dans la littérature. Ce constat justifie entre autre son évaluation au cas de la BCEAO. Couplée à une spécification VAR non structurel, cette modélisation permet de capter les transmissions des chocs d'inflation et d'output au taux directeur de la banque centrale.

    Ainsi, les résultats d'estimation et leurs interprétations feront l'objet du prochain chapitre.

    51

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    52

    CHAPITRE IV : RESULTATS D'ESTIMATION ET INTERPRETATION Introduction

    L'évaluation empirique des thèses ou des hypothèses économiques en vue de leur validation ou non, à travers les méthodes économétriques est devenue un passage presqu'obligé de l'économie appliquée. Ainsi, l'évaluation du cadre logique de prise de décision de la banque centrale n'est pas en reste. Pour le cas de la BCEAO, la règle monétaire de Taylor dans sa version forward- looking ainsi qu'une spécification VAR non structurel ont retenu notre attention.

    Le présent chapitre récapitule les différents résultats obtenus des estimations. Dans une première section, seront présentés les résultats des tests de stationnarité ; ensuite suivront ceux de la modélisation VAR et des fonctions de réponses. Enfin, après une présentation des résultats de la MGM, une interprétation en sera donnée en vue de diagnostiquer la politique du taux de pension de la BCEAO.

    IV.1 Résultats du test de racine unitaire

    Les résultats du test de racine unitaire ADF (cf. annexe n02) montrent que les séries sont toutes intégrées à niveau à l'exception du taux de croissance de la masse monétaire (agrégat M2). Elle est cependant stationnaire en différence première.

    Le test de Phillips-Perron conforte les résultats du test ADF, mais il identifie le taux de M2 comme stationnaire à niveau. Ainsi, nous retiendrons dans la suite que toutes nos séries sont stationnaires à niveau.

    La stationnarité des séries retenues permet de procéder aux différentes inférences soulignées dans le chapitre précédent. En effet, l'estimation du VAR ainsi que celle de la règle monétaire par la MMG requièrent une stationnarité des séries.

    IV.2 VAR : analyse impuslsionnelle et contribution d'innovations

    Pour l'estimation du modèle VAR non structurel, un retard de 4 trimestres a été retenu même si l'annexe n02 retient un retard de 3 (avec les critères AIC, SC et HQ)41. Les résultats de l'estimation du VAR (4) sont consignés en annexe n03, mais comme précisé dans le chapitre précédent, l'objectif visé à travers la spécification de ce VAR est de mener une analyse

    41 Le retard 4 a été retenu car après plusieurs estimations, les résultats de l'estimation de la règle monétaire sont beaucoup plus meilleurs que ce du retard 3 ou 8.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    impulsionnelle afin de mieux comprendre la (non)significativité éventuelle des coefficients associés aux gaps d»inflation et d'output dans l'estimation de la règle monétaire.

    On note rapidement que le modèle présente une assez bonne adéquation car les R2 ajusté des trois équations du système sont supérieures ou égale à 80%. Aussi, le pouvoir explicatif global du modèle est acceptable. En effet, la F-statistique associée à chacune des équations du VAR est supérieure à la valeur critique ( F(12;51) =1,95)au seuil de 5%.

    Cette analyse permet à travers le tracé de fonctions de réponse42 des variables du groupe VAR, de voir l'effet (positif ou négatif) sur une variable suite aux chocs des autres variables. Dans notre groupe de VAR, nous avons considéré le TPE, l'infgap4 et le gaphp.

    ? Réponse TPE? Infgap4

    Graphique n05: Réponse du TPE à infgap4 Graphique n0 6: Réponse de infgap4 au TPE

    53

    Source : estimation de l'auteur sur Eviews

    Le graphique n0 5 montre qu'à la suite d'un choc positif sur l'écart d'inflation, le taux directeur réagit positivement. Cette réponse débute véritablement au deuxième trimestre pour culminer au troisièmement, mais dès le quatrième trimestre, l'effet s'amenuise progressivement pour s'estomper au 8ème trimestre. Cette corrélation positive entre ces deux variables conforte l'attente théorique. La décomposition de la variance des erreurs (annexe n04) permet de voir précisément que les innovations de l'écart d'inflation anticipée contribuent à 15,1% à la variabilité du taux de pension.

    42 Les fonctions de réponses sont dérivées de l'option cholesky #177; 2 S.E. dans Eviews. Les lignes rouges indiquent les écarts-type.

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    A la suite d'un choc positif sur le taux de pension, l'écart entre l'inflation anticipée et sa cible diminue progressivement (graphique n06) ; et à partir du troisième trimestre cet effet commence à disparaître pour retrouver une situation d'équilibre. Ce délai de réponse est plus court que celui du TPE à l'inflation. Aussi, le TPE contribue-t-il à 10,16% dans les innovations de l'inflation.

    ? Réponse TPE? Gaphp

    Graphique n07: Réponse du TPE à gaphp Graphique n0 8: Réponse de gaphp au TPE

    54

    Source : estimation de l'auteur sur Eviews

    La réaction du taux directeur de la banque centrale suite aux innovations (chocs positifs par exemple) dérivées du l'output gap est positive, ceci est théoriquement conforme. Mais l'ampleur de cette réactivité du taux de pension est assez faible même si le graphique n0 7 indique une réponse allant grandissante à partir du 6ème trimestre. La décomposition de la variance montre à cet effet que le gaphp contribue à 1,26% aux innovations du taux directeur.

    Quant à la réponse de l'écart de production à un choc positif du taux directeur, elle est négative mais pratiquement insignifiante avant le 6ème trimestre. La contribution du taux de pension à la variabilité du gaphp est de l'ordre de 0,18%. Cette faiblesse laisse présager une certaine viscosité dans la transmission des impulsions réciproques entre taux directeur et gap de production.

    Cette analyse impulsionnelle permet de retenir au moins deux choses :

    - Les réactions aux innovations réciproques entre taux de pension et l'ecart d'inflation anticipée ainsi qu'entre taux de pension et output gap répondent aux attentes théoriques ;

    - L'écart d'inflation anticipée contribue beaucoup plus que l'output gap aux innovations du taux directeur (15,1% contre 1,26%). Le graphique ci-dessus en montre l'ampleur.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    55

    La causalité réciproque entre le taux de pension et l'écart d'inflation anticipée est aussi confortée par le test de causalité de Granger (cf. annexe n03). La causalité entre le taux directeur et l'écart de production n'est cependant pas concluant.

    Graphique n0 9: Reponse du taux directeur aux chocs

    .24 .20 .16 .12 .08 .04 .00 -.04

     

    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

    INFGAP4 GAPHP

    Source : Estimation de l'auteur sur Eviews

    IV.3 Résultats de l'estimation par la MMG

    Les estimations sont faites dans le logiciel Eviews 5.0 avec l'option " HAC43 " (Heteroskedascity and Autocorrelation Consistent), robuste à l'hétéroscédasticité et à l'autocorrélation. En effet, cela permet de corriger les problèmes soulevés dans l'estimation des règles forward avec les MCO (cf. annexe n01). Les retards allant jusqu'à l'ordre 4 ont été retenus pour tous les instruments.

    Les résultats des différentes estimations sont résumés dans le tableau ci-dessous. Dans la suite, nous utiliserons la notation FL1 pour le modèle forward-looking intégrant les retards du taux de pension (TPE), de l'inflation et du gaphp ; FL2 pour le modèle retenant les retards du TPE, de l'infgap4, de gaphp et du M2 ; et enfin la notation FL3 pour celui prenant en compte les retards du TPE, de l'infgap4 et du M2. On remarque que toutes les trois régressions présentent d'emblée un 2 ajusté assez élevé (respectivement 0,79 ; 0,81 et 0,83), témoignant ainsi d'une bonne adéquation de la régression.

    43 L'option HAC avec la matrice de variance- covariance de White est utilisée pour les données en cross section et l'option HAC avec la matrice de variance - covariance de Newey -West est utilisée pour les données temporelles.

    56

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    La statistique de Durbin-Waston (DW) atteste d'une absence d'autocorrélation sérielle des erreurs pour les modèles FL2 et FL3. Celle du modèle FL1 n'est pas favorable à l'hypothèse nulle d'absence d'autocorrélation. Toutefois, l'utilisation de la matrice de variance-covariance de l'estimateur HAC à travers la méthode généralisée des moments permet d'obtenir le meilleur estimateur en présence de modèles avec erreurs d'anticipation. La présomption de l'autocorrélation ne remet donc pas fondamentalement en cause la robustesse des estimateurs. Greene (2005, page 257) précise à cet effet que même l'utilisation de la matrice de variance -covariance de correction de l'autocorrélation de Newey-West n'élimine souvent pas totalement la corrélation sérielle de type AR.

    Tableau n04 : Résultats des estimations de la règle forward-looking

     

    Règles

    FL1

    FL2

    FL3

    Variables

    Paramètres

    infgap4

    gaphp

    0,87*

    (16,75) 1,17* (7,01) 0,23

    (0,88)

    2,6***

    (1,97)

    0,95*

    (40,44) -0,82** (-2,27) -1,71*

    (-5,19)

    4,06**

    (2,57)

    0,94*

    (38,49)

    0,86**

    (2,47)

    -0,172

    (-0,42)

    3,3***

    (1,91)

    Instruments

    retards de TPE, infgap4 et de gaphp

    retards de TPE, infgap4 de gaphp et M2

    retards de TPE, gaphp et de M2

    P -value de la statistique J

    0,57

    0,84

    0,62

    q ou nombre d'instruments

    12

    16

    12

     

    0,79

    0,81

    0,83

    DW

    1,05

    1,38

    1,41

    Source : Estimation de l'auteur sur Eviews/ *, ** et *** significativité respective à 1%, 5% et 10% / (.)= student

    Cependant, la seule valeur du ajusté ne s'aurait être un élément discriminant des

    différents modèles, nos critères de sélections pour le choix de la « bonne » régression, comme ceux retenus par Mesonnier et Renne (2004) sont :

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    57

    ? La vraisemblance économique et la significativité des coefficients estimés. En effet, le signe positif des coefficients du taux d'intérêt retardé ainsi que des gaps d'inflation et d'output est théoriquement attendu. Aussi, le taux d'intérêt réel de long terme ne doit pas être élevé (de l'ordre de 3%, pour être compatible avec l'objectif d'inflation de 2% de la BCEAO). Il est souhaitable que le paramètre de lissage ne soit pas trop proche de l'unité, inferieur à 0,9 par exemple. Même si cela ne constitue pas un critère sélectif, le test de Wald joint peut être exécuté pour voir la conformité aux coefficients ad hoc de Taylor (1993) ;

    ? Le respect du principe de Taylor, qui suggère que le coefficient associé à l'inflation soit supérieur à l'unité : classiquement, si ce principe est respecté, alors, sous réserves de certaines conditions minimales sur le fonctionnement de l'économie, la règle de Taylor correspondant à l'équation (3.7) stabilise l'inflation et l'écart de production [Taylor (1993), Clarida et al. (1999), Pollin(2004) ; Davig et Leeper (2005)] ;

    ? L'acceptation de toutes les restrictions sur-identifantes liées aux instruments, soit, en d'autres termes la validation statistique des instruments choisis pour l'estimation par la MGM. Le test de la J-statistique est alors nécessaire.

    L'application du premier critère conduit à écarter a priori les équations FL2 et FL3. En effet, la conformité théorique n'est pas validée car les coefficients associés aux gaps d'inflation et de la production sont négatifs sur les deux régressions : un choc positif sur ces deux variables en appellerait à une baisse du taux directeur. Ceci est certainement contre intuitif. La spécification du VAR non structurel montrait plus haut, à travers les fonctions de réponse le sens positif de la réaction du taux directeur suite aux innovations de l'inflation et de l'output. Entre les règles FL2 et FL3, la première prend l'avantage sur la seconde, ne serait ce que par la significativité de ses coefficients. Elle laisse ainsi entrevoir que la banque centrale utilise l'évolution de la masse monétaire comme un indicateur dans sa politique de taux d'intérêt. En effet, la différence fondamentale entre ces deux régressions est que la FL3 retire de ses instruments les retards de l'infgap4 alors qu'ils sont intégrés dans la règle FL2 en plus des retards M2.

    La règle FL1 devient ainsi une règle-candidate potentielle. Elle présente un taux réel d'équilibre acceptable de 2,6% (i.e. inferieur à 3%). Le paramètre vaut 0,87, fondant de ce fait l'existence d'un processus AR(1) dans la fixation du taux d'intérêt directeur. Tous les coefficients des exogènes sont positifs, donc conformes à la théorie économique, même si le

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    58

    coefficient de l'output gap n'est pas significatif. Aussi, le test de Wald joint (annexe n03) est favorable à la conformité des coefficients de et à ceux de la règle originelle de Taylor (1,5 et 0,5).

    En poursuivant l'application des critères de sélection, nous remarquons que la FL1 est robuste au principe de Taylor car vaut 1,17 et est supérieur à 1. Le processus de stabilisation peut alors s'effectuer car une déviation de l'inflation anticipée de son niveau cible conduit à une réaction plus que proportionnelle du taux directeur.

    Enfin, nous testons la validité des instruments utilisés en procédant au J-statistique test. L'hypothèse nulle de ce test pose que les q-k combinaisons linéairement indépendantes des conditions d'orthogonalité sont nulles (q instruments et k paramètres). Or, la p-value associée à la valeur empirique de la statistique J, valant 57% est supérieure à 1% ; 5%, voire 10%. Ainsi, les données de notre échantillon sont favorables à cette hypothèse nulle, les retards des variables exogènes utilisés comme instruments sont acceptables. La BCEAO utiliserait donc

    dans son ensemble d'information disponible ( ), les informations sur le taux d'intérêt,
    l'inflation et l'output pour formuler sa politique de taux futur.

    La règle FL1 sort beaucoup plus robuste au jeu de critères définis plus haut. Elle fera l'objet d'interprétation en vue de diagnostiquer la politique de taux directeur de la banque centrale.

    IV.4 Interprétation et diagnostic de la politique de taux d'intérêt de la BCEAO La règle FL1 comme règle monétaire pour la BCEAO

    (4.1)

    Avec = 0,87 et

    Ainsi, la règle implicite de Taylor type forward-looking se présente comme suit :

    ) (4.2)

    Le processus de fixation du taux directeur par la banque centrale se révèle être un processus AR(1) conformément à nombre d'études ayant fait cette hypothèse. En effet, une de nos hypothèses a été de supposer que la BCEAO procède à un lissage de son taux directeur. L'effet- mémoire est ainsi confirmé par les données. D'une valeur de 0,87, elle est assez proche de celles de Tenou (2002), son coefficient de lissage en données annuelles était de 0,82 alors que celui sur données trimestrielles affichait 0,76. Une certaine homogénéité dans la réaction des deux banques centrales (BCEAO et BEAC) pour la modulation de leur taux

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    59

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    directeur peut se lire à travers un coefficient de lissage de 0,89 trouvé par N'Guenang et al. (2009) pour la zone CEMAC. La décomposition de la variance des erreurs de la spécification VAR, montre que le taux directeur contribue à environ 80% à ses propres innovations. Ce résultat montre que la BCEAO fixe son taux directeur en se basant sur ses valeurs passées. Cela peut se traduire comme un besoin pour la BCEAO de rassurer les marchés monétaire et financier et permettre aux banques secondaires de réduire la volatilité de la structure des taux du système bancaire, et par là même favoriser la stabilité des opérations financières. Cette présomption pouvait se lire déjà sur le graphique n0 2 du chapitre I, les dates de changement étant relativement espacées. Nous pouvons aussi remarquer que Taylor (1993) n'avait pas intégrer une telle possibilité dans sa règle.

    Une autre explication à l'existence de cet effet-mémoire dans la fixation du taux directeur par la BCEAO peut être due à la logique inavouée d'un ciblage de changes. En effet, le taux de couverture des engagements à vue (billets émis et dépôts des banques auprès de la banque centrale) par les avoirs officiels de la BCEAO était tombé, en 1993, à 17 %, soit un niveau inférieur au plancher de 20 % prévu par les statuts de la BCEAO. Alors que les effets de la dévaluation du franc CFA l'avaient porté à 81,4 % fin 1994, il se maintient nettement au-dessus de 100 % depuis 1999, atteignant 112,3 % fin 2009. Dans cette situation, le maintient de la parité Euro / CFA est largement assuré et renforce par là même l'encours des réserves de changes à la zone UEMOA auprès du Trésor français. Ainsi, la viscosité de 87% constatée dans la fixation du taux directeur impose des taux d'intérêt relativement élevés par rapport à ceux prévalant dans la zone Euro, en vue de réduire la sortie d'éventuels capitaux de l'Union.

    Le taux d'intérêt d'équilibre ou taux de croissance non inflationniste déduit de la règle est 2,6%, celui calculé est de 1,13% sur la période 1993 - 2010 et de 1,81% sur la période 19952010 (en excluant l'effet de la dévaluation). Les résultats de Tenou (2002) indiquent 2,66% en données annuelles et 3,92% en données trimestrielles. Kozicki (1999) trouve un taux d'équilibre fluctuant entre 2% et 3% sur données américaines de 1960 à 1997, selon que l'inflation et/ou l'output gap sont calculés par plusieurs méthodes. Mesonnier et Renne(2004) notent une valeur de 2,58 et 2,76 pour respectivement la règle avec filtre de Kalman et celle avec tendance quadratique. Nos valeurs en sont quelques proches. La notion du taux d'équilibre peut être comprise dans la logique du modèle de Solow(1957), comme celui de l'équilibre stationnaire où toutes les variables clés de l'économie évoluent au même taux. Ce

    60

    taux (2,6%) semble être en phase avec celui de longue période des économies développées dans lesquelles le taux de croissance ne dépasse pratiquement guerre 3%. Cela confirmerait-il une des hypothèses de Solow qui stipule que les pays devraient converger vers le même état stationnaire ? L'affirmative peut être acceptée dans une certaine mesure, mais des analyses sur une très longue période de la zone UEMOA en permettraient une meilleure prise de position tout en y incluant les changements structurels et endogènes affectant les pays de la zone.

    L'analyse de la règle (4.1) se poursuit par une focalisation sur les coefficients associés aux deux gaps, gap d'inflation et gap d'output. Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?

    IV.4.1 La BCEAO, vers un ciblage d'inflation ?

    La principale hypothèse de notre travail est la considération que la BCEAO aurait usé d'une règle monétaire (de Taylor) type forward-looking après la libéralisation financière de 1989. Cette hypothèse se confirme, nous le pensons partiellement. En effet, les coefficients ou les poids implicites accordés par la banque centrale à l'inflation et à l'activité économique dans sa modulation du taux directeur à travers la règle FL1 sont respectivement de 1,17 et 0,23. Le poids relatif à l'activité économique n'est pas statistiquement significatif, ce qui laisse entrevoir que la production n'entre pas dans la logique de fixation du taux de pension de la BCEAO. Serait-on dans une logique de ciblage d'inflation à la Svensson dans la zone UEMOA ?

    La confirmation partielle nous amène à dire que la règle monétaire qui prévaut dans la zone UEMOA est une règle d'objectif ou de ciblage d'inflation. En effet, la banque centrale réagit à tout écart anticipé de l'inflation par rapport à son niveau cible. Précisément, une augmentation de l'inflation anticipée par rapport à son niveau cible (2%) de 100 point de base (pdb) entraine ceteris paribus une hausse plus que proportionnelle du taux de pension de 117 pdb. Une telle règle peut être crédible si la banque centrale répond aux exigences d'un tel cadre logique à savoir notamment la transparence et la communication avec le public. Notre résultat est quelque peu éloigné en termes d'intensité de celui de Clarida et al. (1999), ces derniers trouvant une valeur de 2,62 comme réponse du taux des fonds fédéraux aux déviations de l'inflation pendant la période Volker - Greenspan (1979-1996). Ils caractérisent alors la politique de la Fed de cette période comme une politique de pure ciblage d'inflation et

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    61

    cela était en phase avec la cure de désinflation compétitive en vogue dans les années 80. A ce niveau nos conclusions convergent. Mesonnier et Renne (2004) trouvent 1,74 et 1,46 comme coefficients de réponse de la BCE à la déviation de l'inflation anticipée pour les deux règles monétaires retenues. N'Guenang et al. (2009) retiennent une valeur 1,43 pour la BEAC. Une chose importante à retenir entre autre de ces résultats est que la majorité des banques centrales réagissent plus que proportionnellement aux déviations de l'inflation par rapport à son niveau cible. Le principe de Taylor est largement confirmé empiriquement : tout écart de l'inflation anticipée par rapport à sa cible en appelle à une réponse vigoureuse du taux directeur de la banque centrale.

    Nos premières conclusions sur la spécification du VAR non structurel (plus haut) sont confortées dans l'estimation de la règle monétaire. La relation TPE? infgap4 a évolué dans le sens théorique attendu i.e. une corrélation positive de infgap4 ?TPE et un sens négatif de TPE ?infgap4. Chose assez remarquable constatée des fonctions de réponse dérivées du VAR, est qu'au troisième trimestre la réaction du taux de prise en pension culmine à la suite d'un choc positif sur l'inflation et réciproquement c'est aussi au troisième trimestre que l'inflation retrouve son niveau d'équilibre après une innovation sur le taux directeur. On retient également une contribution moyenne de 15% de l'inflation anticipée contre en moyenne 1% pour l'output gap aux innovations du taux directeur. Aussi, les résultats de la causalité viennent confirmer cette priorité accordée à la lutte contre l'inflation dans la zone UEMOA par la banque centrale.

    L'importance de l'inflation et de ses écarts dans la fixation du taux directeur de la banque centrale à travers la règle d'instrument est en phase avec les résultats de l'étude menée par Diane (2010). En effet, ce dernier dans son essai d'estimation d'une règle d'objectif à la Svensson pour la BCEAO, trouve qu'il est possible d'établir la marge appropriée44 d'inflation dans l'Union durant les périodes de chocs positifs ou négatifs, autour de sa cible. Le succès de plus en plus croissant pour les banques centrales adoptant le ciblage d'inflation explicitement comme celles citées dans le tableau n03 du chapitre II peut aussi être un facteur explicatif de l'importance accordée par la BCEAO à sa cible d'inflation. Et aussi, parce qu'en Afrique

    44 Il trouve que le taux d'inflation optimal est globalement compris entre 1% et 3%.Et que cela confirme la pertinence de l'intervalle retenu par le Comité de Politique Monétaire pour les fluctuations de l'inflation dans la Zone UEMOA.

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    62

    subsaharienne, la politique de ciblage d'inflation a été adoptée par l'Afrique du Sud (en 2000) et le Ghana (en 2007).

    IV.4.2 Absence d'objectif de croissance ?

    En revenant sur l'output gap, nous pouvons nous interroger sur sa non significativité dans le cas de la zone UEMOA. Pouvions-nous prévoir un tel résultat ? Dans une certaine mesure cela était prévisible. En effet, notre analyse par la spécification VAR ainsi que la dérivation des fonctions de réponses réciproques entre TPE et output gap, et aussi la décomposition de la variance des erreurs montraient la faiblesse de la relation TPE ? output gap. Pour mémoire, l'output gap contribue à environ 1,26% aux innovations du taux de pension et inversement le taux directeur à 0,18% à la variabilité de l'output gap. Le test de causalité de Granger appuie aussi l'absence de relation entre ces deux variables. Les enseignements théoriques (keynésien et monétariste) stipulent pourtant que les taux d'intérêts (directeur) sont réceptifs aux variations de la production qui contiennent des informations inflationnistes ou déflationnistes suivant les phases du cycle de l'activité économique. Pour la zone UEMOA, quelques éléments de réponse peuvent être retenus pour éclaircir cette situation atypique.

    La zone étant fortement dépendante de facteurs exogènes (aléas climatiques, fluctuations des prix des matières premières), son cycle de production en est aussi affecté. En effet, Moser(1995) indique que dans les pays subsahariens la croissance de la production, notamment agricole à un effet dépressif sur les prix. Ce constat peut trouver son explication dans le fait que les tensions sur les marchés agricoles par exemple, proviennent de l'insuffisance de l'offre (la crise alimentaire de 2008 en est un exemple palpable). Cela laisse sous entendre que les impulsions de la banque centrale à travers son taux directeur n'arrivent pas à déclencher une réaction signifiante de la production (l'aspect climatique dominant sur l'aspect monétaire), de telle sorte que la production à son tour ne peut envoyer des signaux assez crédibles en matière de tensions des prix sur les marchés des biens et services et qui en appellerait à une modulation du taux directeur par la BCEAO.

    Pour sonder davantage l'efficacité de la politique monétaire menée par la BCEAO, l'étude de Combey et Nubukpo (2010) renouvelle la courbe de Phillips en faisant l'hypothèse de l'existence d'un seuil optimal de cible d'inflation à travers une relation non linéaire entre l'inflation et la croissance. Leurs estimations montrent une inflation optimale de 8,08%, à

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    63

    partir de laquelle le dilemme inflation-croissance commence à trouver une pertinence. Ainsi donc, l'objectif d'inflation de 2% fixée par la BCEAO engendre un manque à gagner en terme de création d'activités dans la zone UEMOA, la politique se révélant être beaucoup plus restrictive que les conditions structurelles ne le préconisent. En effet, « une telle cible d'inflation peut en effet sembler exagérément restrictive pour des économies qui auraient besoin de 7% de croissance du PIB pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), notamment celui de réduction de moitié, la pauvreté à l'horizon 2015 » Combey et Nubukpo (2010, op. cit. p.8). Ce constat permet de voir pourquoi par exemple l'output n'influence pas la modulation du taux de prise en pension.

    Cependant, notre analyse doit être quelque peu relativisée surtout que certains aspects de la transmission monétaire non pas été explicitement l'objet dans cette étude. En effet, l'absence apparente de relation entre le taux de pension et l'output gap peut résulter des délais longs de transmission des impulsions du taux pension aux taux débiteurs des banques secondaires via le taux du marché monétaire. Diop (1998, p.11) précise que dans la zone UEMOA « les taux débiteurs des banques varient en moyenne de 0,42% à court terme et de 0,97% à long terme, lorsqu'on fait varier le taux de prise en pension de 1% », encore faut-il que le réseau bancaire soit dense. Ce qui n'est pas tout à fait le cas, car avec 99 banques et 19 établissements de crédit, l'Union affiche un Indice d'Herfindahl-Hirschmann (IHH)45 inferieur à 1000, preuve d'une faible concentration du système bancaire. (Commission Bancaire, 2009, p. 25-26). Ce relatif oligopole bancaire ne transmettrait pas de facto les impulsions de la banque centrale aux PME/PMI et aux ménages qui, pourtant sont conditionnés par le canal du crédit pour financer leurs activités.

    La rétention d'une quelconque règle monétaire suscite l'idée de vouloir la confronter à la politique effectivement menée par la banque centrale. La section suivante en fait un essai.

    45 Les études de concentration au sein d'un secteur économique font souvent référence à l'Indice d'Herfindahl-Hirschmann, en abrégé IHH. Ce dernier est utilisé comme un indicateur du pouvoir de marché ou de la concurrence qui s'exerce entre entreprises. Il se calcule en additionnant les carrés des parts de marché (généralement multipliées par 100) de toutes les entreprises du secteur concerné selon la formule suivante:

    , Si désigne la part de marché de l'entreprise, n le nombre total des entreprises du secteur.

    Lorsque :

    - IHH < 1000, faible concentration

    - 1000< IHH < 2000, zone intermédiaire

    - IHH > 2000, zone de risques importants.

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    64

    IV.4.3 La politique monétaire de la BCEAO : une analyse rétrospective

    Un objectif spécifique de cette recherche est de déterminer les phases de la politique de taux directeur menée par la BCEAO depuis 1993 i.e. les périodes de restriction et les périodes d'expansion par une confrontation des décisions réellement prises et celles contenues dans la règle. Une plus grande synchronisation serait la preuve d'une plus grande crédibilité pour les agents économiques. L'analyse rétrospective permet une description de la politique de taux utilisée par la banque centrale. Le rapprochement entre les taux historiques ou effectifs et les taux forward ou dérivés de la règle définit a posteriori la nature de la politique de la BCEAO. Ainsi, lorsque les taux forward sont supérieurs aux taux historiques, la politique est dite accommodante ; a contrario s'ils sont inferieurs aux taux effectifs, la politique est qualifiée de restrictive. Le graphique ci-dessous montre l'évolution comparée des taux de pensions historiques et ceux dérivés de la règle FL1.

    Graphique n010 : taux historiques et taux forward-looking (règle FL1)

    en %

    14

    12

    10

    4

    8

    0

    6

    2

    TPE TPE_FL

    Source : construction de l'auteur

    Ce graphique présente des écarts moindres entre les taux réellement fixés par la BCEAO et ceux dévirés de la règle monétaire. La synchronisation est acceptable, même si du premier trimestre 2007 au deuxième trimestre 2008, la dynamique commune n'est plus établie. Ce constat permet de dire que la politique de taux est relativement crédible et les agents

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    économiques peuvent, dans certaine mesure se baser sur les prévisions de la règle monétaire pour ancrer leurs anticipations. Ces écarts peuvent s'expliquer par notamment la non pertinence de la production dans la règle FL1. Aussi, la banque centrale peut utiliser néanmoins les coefficients de réserves obligatoires et/ou les concours aux Etats et aux établissements financiers pour moduler la liquidité dans la zone.

    Sur la base du graphique précédent, nous pouvons résumer les phases de la politique de taux de pension de la banque centrale dans le tableau suivant :

    Tableau n0 5: Phases de la politique des taux de la BCEAO

     

    Périodes

    Politique accommodante

    T1-94/T195

    T1-97/T4-97

    T2-03/ T2-05

    T4-06/T1-08

    Politique restrictive

    T1-98/T3-98

    T1-02/T1-03

    T3-08/T1-09

    .

    Source : construction de l'auteur sur base du graphique n010

    Cette comparaison montre par exemple sur la période 1994-1995 que la règle exigerait une réponse plus vigoureuse que ce que la BCEAO a exprimé en temps réel. Dans une situation de dévaluation couplée de la mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurels, les perspectives inflationnistes pour la zone étaient fortes (l'inflation moyenne est sortie à 31,3% en 1994 et à 12% en 1995), et alors contenir les tensions des prix et la demande intérieure globale était une des missions prioritaires de la banque centrale. Si la règle stipule que la BCEAO a sous-estimé sa réaction, cela est peut être dû à la nature de ciblage d'inflation de la politique monétaire de la banque centrale reflétée par la règle, l'anticipation de l'inflation incorporée par la règle sur la période étant forte.

    La BCEAO a relevé ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage à partir d'août 2006. Le TPE est donc passé de 4% à 4,25% et le TES de 4,5% à 4,75%. Ainsi, le taux de pension est resté à 4,25% durant la période T4-06 au T1-08. Mais en comparaison avec les taux que préconiserait la règle, la BCEAO aurait encore sous-estimé sa réaction. Le graphique montre en plus qu'il fallait procéder à une hausse jusqu'au 4ème trimestre 2007 avant d'amorcer une baisse jusqu'au 2ème trimestre 2008. Toutefois, avec une inflation moyenne dans la zone en 2007 et en 2008 respectivement de 2,4% et 7,4%, la BCEAO a considéré que ce niveau du taux de pension pouvait contenir la stabilité de prix qui était quelque peu menacée par le choc

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    (positif) pétrolier. Et ce surtout qu'en fin 2007, la comparaison avec le taux de la facilité de prêt marginal de la zone Euro affichait un écart positif de 0,25% pour la BCEAO, la BCE ayant fixé son taux à 4%.

    Enfin, un regard sur la période T3-08 au T1-09 détecte que la politique de taux a été beaucoup plus restrictive, indiquant par là une surestimation de la réaction de la banque centrale. Avec un taux de pension de 4,75%, la banque centrale veut atténuer l'inflation de 2008, alors que les grandes banques occidentales s'acharnaient à résorber les effets de la crise par une baisse conséquente de leurs taux directeurs. En effet, depuis fin 2008, la Reserve Fédérale (Fed) mène une politique de taux zéro aux Etats-Unis : le taux cible des Fed funds a flotté dans la fourchette de 0 % à 0,25 % (contre une cible de 1 % auparavant). Aussi, en zone Euro, le taux directeur de la BCE est passé à 1,25 %, et celui de la Banque d'Angleterre à 0,5 %. Ce constat pourrait s'expliquer par le fait que le marché financier de la zone UEMOA est peu étendu46 et ainsi, est peu réceptif aux chocs exogènes d'origine financière. Dès lors, la BCEAO se concentrerait plus sur les chocs de prix afin d'être en phase avec l'une de ses missions les plus orthodoxes, la stabilité des prix.

    Conclusion

    La synthèse des différents résultats montre que la BCEAO réagit d'une manière beaucoup plus marquée aux chocs d'inflation anticipée avec un délai court qu'à ceux de l'output gap. Ainsi, l'hypothèse de l'existence d'un cadre logique dans la fixation du taux directeur est partiellement confirmée, une certaine crédibilité peut être lue notamment en ce qui concerne la mission de stabilité des prix de la BCEAO. La production n'étant pas sortie significative, la règle d'instrument peut être approximée par une règle d'objectif ou de ciblage d'inflation. La banque centrale se concentrerait sur la stabilité des prix de telle sorte que toute déviation de l'inflation anticipée de son niveau cible (2%) entraine une réaction plus que proportionnelle dans la fixation de son taux directeur. Une analyse rétrospective a révélé le caractère restrictif ou accommodant de la politique de taux de la BCEAO, selon que les taux effectifs étaient supérieurs ou inferieurs aux taux forwards i.e. dérivés de la règle.

    46En effet, dans la zone UEMOA, à l'instar des balbutiements de la BRVM, il n'existe aucune autre place financière ou boursière pour de véritables transactions. Quand bien même existe la BRVM, il ya très peu d'entreprises nationales ou régionales cotées, la majorité des cotations sont dédiées aux succursales des entreprises étrangères.

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    CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

    La politique monétaire depuis ces trente dernières années est au coeur de la théorie économique. Aussi, sa conduite est-elle soumise à une dynamique de débats sans cesse renouvelés : efficacité, règle de conduite et crédibilité entre autres.

    Dans la zone UEMOA, la conduite de la politique monétaire est la mission de l'institut d'émission qu'est la BCEAO. A travers un dispositif d'instruments, notamment les taux directeurs, les réserves obligatoires et les concours aux Etats et aux banques, elle influe sur les conditions de financement de l'économie régionale afin de maintenir une stabilité macroéconomique.

    La présente recherche a alors cherché à évaluer empiriquement le cadre de conduite de la politique monétaire de la banque centrale pour y déceler une éventuelle logique de décision crédible. En effet, une littérature a été développée pour d'abord soutenir que, la politique doit être conduite sous une règle plutôt que de manière discrétionnaire ; et pour ensuite s'appesantir sur la nature et les formes de règles possibles. Une des règles qui a eu un succès indiscutable est la règle de Taylor(1993) avec cependant plusieurs améliorations possibles. Notre essai a spécifiquement considéré la règle de Taylor type forward-looking, développée par Clarida et al. (1998). Les déviations de l'inflation anticipée à un an de la cible d'inflation (2%) et de la production par rapport à son niveau potentiel, sont les principaux arguments de cette règle avec le taux de pension (taux directeur) comme variable endogène. Ainsi, avons-nous formulé les hypothèses d'un effet-mémoire (processus AR(1)) et d'une règle d'instrument avec anticipation d'inflation. La MGM est la méthode d'estimation utilisée ; en faisant varier les instruments, nous définissons des critères simples à l'aune desquels une règle est retenue pour la BCEAO. Une analyse VAR préliminaire a été faite pour conforter les résultats de l'estimation de la règle.

    L'analyse impulsionnelle dérivée des fonctions de réponse du modèle VAR montre que :

    - Les réactions aux innovations réciproques entre taux de pension et gap d'inflation anticipée ainsi qu'entre taux de pension et output gap répondent aux attentes théoriques ;

    68

    - L'écart d'inflation anticipée contribue beaucoup plus que l'output gap aux innovations du taux directeur (en moyenne 15% contre 1%).

    La causalité réciproque entre le taux de pension et l'écart d'inflation anticipée est aussi confortée par le test de causalité de Granger. La causalité entre le taux de pension et le l'output gap n'est cependant pas concluant.

    Les résultats à proprement parler de la règle forward-looking montrent que l'hypothèse d'un effet-mémoire dans la fixation du taux pension par la BCEAO est largement vérifiée et est en phase avec la plupart des études empiriques ayant fait cette hypothèse. La BCEAO fixerait son taux de pension en se basant sur ses valeurs passées dans une proportion de 87%.

    L'hypothèse que la BCEAO aurait suivi une règle de Taylor type forward-looking sur la période d'après la libéralisation financière est partiellement vérifiée. En effet, le poids implicite accordé à l'inflation gap anticipée sur 4 trimestres est sorti à 1,17 alors que celui accordé au gap de production est de 0,23, mais ce dernier n'est pas statistiquement significatif. La production ne rentrerait donc pas dans la logique de fixation du taux de pension. Dans ces conditions, le cadre logique de décision de la banque centrale répond plus à un dispositif de ciblage d'inflation qu'à celui de règle d'instrument au sens de Taylor. Le principe de Taylor conforte davantage ce résultat dans la mesure où une déviation de l'inflation anticipée sur 4 trimestres entraine une réaction plus que proportionnelle du taux directeur.

    Nos résultats confirment le constat général, qui est que la réputation et la crédibilité de la BCEAO en matière de stabilité des prix sont plus perceptibles sur une période récente. Ils s'en détachent cependant pour soutenir que la stabilité macroéconomique au sens de la BCEAO est congrue à la seule notion de stabilité des prix.

    Toutefois, ces conclusions peuvent être assujetties aux critiques de mesures. En effet, l'estimation de la règle a été faite sur données trimestrielles. Or la trimestrialisation du P11B pour un besoin économétrique peut introduire des biais d'information. Ainsi, des données issues de systèmes d'enregistrement trimestriels du P11B par la comptabilité nationale aideraient à atténuer ce biais. Aussi, l'inflation ex post a été utilisée comme proxy de l'inflation anticipée, toute chose pouvant perturber la robustesse des résultats. Il est très probable que, des données issues d'enquêtes auprès des ménages et des entreprises pour recueillir leurs anticipations sur le niveau d'inflation améliorent nos résultats. La politique

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    monétaire de la zone est certainement commune, mais des essais intégrant les spécificités de chaque pays de la zone permettraient de rendre compte de la réactivité de la BCEAO vis-à-vis des conditions financières, monétaires et réelles individuelles.

    Notre étude n'a certes pas été basée sur une modélisation spécifiant explicitement des fonctions de comportement des ménages, des entreprises, des banques et même de l'Etat, mais il n'en demeure pas moins que quelques suggestions de politiques pourraient atténuer les insuffisances révélées par nos résultats. Et surtout que l'évaluation empirique de la règle est une manière de voir la transmission de la politique monétaire de la banque centrale.

    Le cadre de conduite de la politique des taux directeurs de la banque se révèle être beaucoup plus proche de celui d'un ciblage d'inflation. Ce dernier a cependant des exigences pour sa bonne mise en oeuvre qui sont entre autres la transparence des banques centrales à travers la communication avec le public ; et la responsabilité des autorités monétaires devant toute déviation par rapport à la cible annoncée. Ainsi, la crédibilité de la BCEAO se renforcerait davantage si elle annonçait aux agents économiques sa logique de fixation de ses taux directeurs et d'autres conditions de financement. La communication étant un canal très important pour ancrer les anticipations des acteurs économiques, la BCEAO ne doit plus être une superstructure de bureaucrates détachés de son public. Des spots publicitaires, des conférences, des colloques ouverts à un large public sur les missions et les instruments de politique de la banque centrale, une accélération de l'informatisation des bases de données de la banque centrale aideraient à une appropriation des mesures de la BCEAO par les agents économiques dans leurs plans d'optimisation, toute chose qui accroît crédibilité et transparence dans la gestion de la monnaie commune.

    Les résultats non satisfaisants sur la relation entre taux directeur et production, remettent à jour la problématique de la transmission de la politique monétaire sur l'économie réelle. Or l'article 8 des statuts de la BCEAO lui autorise d'accompagner la croissance des économies de la zone. Un des goulots d'étranglement de la transmission est l'oligopole du réseau bancaire. L'Indice d'Herfindahl-Hirschmann (IHH) montre en effet, une faible concentration de ce réseau, et aussi il y a le constat de surliquidité des banques qui n'est plus qu'un secret de polichinelle. Ainsi, les impulsions monétaires de la banque centrale ne sont pas répercutées sur les taux débiteurs offerts à la clientèle. Dans ces conditions, la BCEAO devrait inciter à une plus grande libéralisation du paysage bancaire en accordant de nouveaux agréments et

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    70

    désinciter la constitution de réserves excédentaires (excessives) à travers une politique restrictive de réserves obligatoires.

    Le rapport annuel 2009 de la Commission bancaire indiquait que l'évolution du secteur de la finance décentralisée de l'Union révèle le dynamisme de la finance de proximité, avec plus de 800 institutions de microfinance. Le nombre de bénéficiaires des prestations de service des systèmes financiers décentralisés (SFD) est passé de 9,3 millions à fin décembre 2008 à 10,7 millions à fin décembre 2009, soit une hausse de 14,1%. Ce constat traduit la faible bancarisation des agents économiques, et nous fait dire que la BCEAO devrait continuer et approfondir sa politique de bancarisation à grande échelle dans la zone qu'elle a initiée en début d'année 2010. Et encourager les SFD pour une plus grande accessibilité des plus pauvres aux financements.

    La crise financière de 2008 a secoué le cadre de conduite de la politique monétaire, les banques centrales occidentales ayant adopté une batterie de mesures non conventionnelles pour rétablir la confiance sur les marchés financiers, favoriser le crédit et relancer la croissance qui était tombée en berne. Tanimoune (2011) montre que la BCEAO n'a pas mené de telles politiques du fait que le système financier de l'Union a été très peu affecté. Cependant, ces mesures doivent interpeller la BCEAO à ne pas s'enfermer dans une certaine orthodoxie (mandat hiérarchique), mais plutôt elle doit s'acharner à déterminer les instruments endogènes de régulation des conditions financières qui seront les relais véritables de sa politique monétaire. Autrement, un débat sans ambages doit être mené par la BCEAO et la Commission de l'UEMOA afin d'en tirer des enseignements pour la gestion monétaire et économique de la zone, un véritable Policy - mix étant plus que jamais nécessaire pour une Union en quête de croissance durable et de sortie de l'ornière de la pauvreté.

    Avec les nouveaux statuts de 2010, le discours officiel de la BCEAO est la stabilité des prix alors que depuis la dévaluation de 1994, une certaine orthodoxie s'efforce à défendre la parité du franc CFA à travers les réserves de changes. Le régime de change actuel contraint ainsi, le pilotage de la politique monétaire de la banque centrale. Dans cette perspective, l'édiction d'une règle monétaire intégrant le ciblage des réserves pour appréhender la vraie logique du comportement de la BCEAO avec un débat autour de la thématique du triangle d'incompatibilité de Mundell, serait un axe de recherches complémentaires.

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

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    75

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    X

    Annexes

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    Annexe n01 : violation d'hypothèses

    L'objet ici est de montrer à travers le calcul de covariances la violation de deux hypothèses des MCO dans l'estimation du système (3.7). Reconsidérons le système (3.7) :

    ; ; ;

    ? Calcul de cov ( , )

    cov ( , ) = (1) or d'après le système précédent

    , il vient que

    car par hypothèse

    (1) s'écrit donc : cov ( , ) = (2)

    =

    =

    (3) car est indépendant des autres résidus ( )

    Pour aboutir au système (3.7), nous avions posé . En remplaçant

    cette relation dans (3), il vient que :

    or ce qui implique

    que : et , d'où nous trouvons finalement

    (4)

    En procédant de la même manière que précédemment, il est aisé d'établir que :

    cov ( , ) = (5)

    Ce résultat définit ainsi une non orthogonalité entre régresseurs et résidus

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    ? Problème d'autocorrélation : calcul de cov ( , )

    cov ( , ) = (6) (car )
    - Préliminaires

    Soit une variable dont la prévision utilise les anticipations rationnelles. Ecrivons alors pour une période d'anticipation :

    (7)

    Avec (8)

    (9)

    , (10)

    L'erreur de prévision pour la période suivante est donc un bruit blanc.

    Considérons maintenant des anticipations rationnelles pour j périodes. Les erreurs de prévisions sont alors autocorrélées47 et peuvent être représentées par un processus MA (j-1). Pour cela, supposons que soit un AR (1) :

    (11)

    Avec un bruit blanc verifiant et par conséquent

    En généralisant la relation (11), on obtient (12) ; dont l'itération vers
    le passé permet d'écrire :

    En se basant sur la relation (7), on peut écrire le cas général suivant :

    Pour une adaptation au modèle initial, posons , j=3 et j=4

    Pour j=3,

    (15)

    47En effet, l'ensemble d'information sur lequel se base la formulation des anticipations sur les j périodes est

    i.e. qu'on aura , ,..., et ainsi les erreurs de prévisions seront corrélées car dépendant du
    même stock d'information disponible en t. Cela n'est pourtant pas le cas d'une anticipation sur une seule période car l'égalité (10) intègre des erreurs de prévisions qui ne sont pas encore réalisées (puisque l'horizon d'anticipation est fixé à une période.)

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    Pour j=4,

    (16)

    - Calcul de

    D'après le système (3.8)

    , il vient que :é é é 48 , ce qui implique que

    (17)

    é é é

    du fait que toutes les erreurs (sauf ) sont supposées i.i.d. : é é é
    La multiplication de (15) par (16) donne :

    é é é 49

    On obtient ainsi

    é é é

    (18)

    (on suppose et é )

    Finalement (18) dans (17) permet d'écrire que :

    (19)

    Ce résultat témoigne de l'autocorrélation sérielle des résidus.

    48 Par éléments croisés, il faut voir tous les produits des variables non covariés issus de la multiplication de (

    ( et différents de .

    49 Ici aussi, les éléments croisés représentent les produits des variables non covariés issus de la multiplication de

    de

    et différents

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    Annexe n02

    Test de stationnarité - ADF/ Phillip-Perron

     

    Niveau

    1ère différence

    Variables

     

    valeur Trend

    Cste

    Retard

    valeur

    Trend

    Cste

    Retard

    Conclusion

     

    ADFc

    -3,54

    Non

    Oui

    1

     
     
     
     

    I(0)

    TPE

    ADFth

    -2,90

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    PPc

    -3,44

    Non

    Oui

    2

     
     
     
     

    I(0)

     

    PPth

    -3,53

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    ADFc

    -3,94

    Non

    Non

    5

     
     
     
     

    I(0)

    INFGAP4

    ADFth

    -1,94

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    PPc

    -2,36

    Non

    Non

    6

     
     
     
     

    I(0)

     

    PPth

    -1,94

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    ADFc

    -2,67

    Non

    Non

    10

     
     
     
     

    I(0)

    GAPHP

    ADFth

    -1,94

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    PPc

    -3,28

    Non

    Non

    4

     
     
     
     

    I(0)

     

    PPth

    -1,94

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    ADFc

    -2,32

    Non

    Oui

    10

    -3,79

    Non

    Non

    9

    I(1)

     

    ADFth

    -2,91

     
     
     

    -1,94

     
     
     
     
     
     

    -

     
     
     
     
     
     
     
     

    M2

    PPc

    3,395474

    Non

    Oui

    3

     
     
     
     

    I(0)

     

    PPth

    -2,9055

     
     
     
     
     
     
     
     

    Source : Estimations de l'auteur sur Eviews

    ADFc = valeur calculée ou empirique de la statistique du test ADF- ADFth = valeur théorique ou critique au seuil de 5%

    PPc = valeur calculée ou empirique de la statistique du test PP - PPth = valeur théorique ou critique au seuil de 5%

    Critères de sélection de retard du VAR

    Endogenous variables: TPE INFGAP4 GAPHP

    Lag

    LogL

    LR

    FPE

    AIC

    SC

    HQ

    0

    -370.7852

    NA

    23.74008

    11.68079

    11.78199

    11.72066

    1

    -197.7829

    324.3794

    0.141221

    6.555715

    6.960505

    6.715182

    2

    -151.2375

    82.90894

    0.043780

    5.382422

    6.090805

    5.661490

    3

    -109.1903

    70.95468*

    0.015667*

    4.349697*

    5.361673*

    4.748365*

    4

    -103.5448

    8.997542

    0.017564

    4.454524

    5.770093

    4.972793

    * indicates lag order selected by the criterion

    LR: sequential modified LR test statistic (each test at 5% level)

    FPE: Final prediction error,

    AIC: Akaike information criterion,

    SC: Schwarz information criterion

    HQ: Hannan-Quinn information criterion

    Source : Estimations de l'auteur sur Eviews

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    Annexe n03

    Résultats d'estimations du VAR

    Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

    TPE INFGAP4 GAPHP

    TPE(-1) 0.886672 0.938030 0.076035

    (0.14890) (0.54991) (0.06231)

    [ 5.95496] [ 1.70580] [ 1.22020]

    TPE(-2) -0.177658 -0.606643 -0.047143

    (0.16746) (0.61848) (0.07008)

    [-1.06088] [-0.98087] [-0.67267]

    TPE(-3) 0.257518 -0.332908 -0.073528

    (0.13616) (0.50287) (0.05698)

    [ 1.89129] [-0.66202] [-1.29035]

    TPE(-4) -0.052320 0.052221 0.035593

    (0.09324) (0.34435) (0.03902)

    [-0.56115] [ 0.15165] [ 0.91218]

    INFGAP4(-1) 0.017005 0.805374 0.012999

    (0.03759) (0.13882) (0.01573)

    [ 0.45241] [ 5.80160] [ 0.82635]

    INFGAP4(-2) 0.124416 -0.077474 0.005957

    (0.04064) (0.15011) (0.01701)

    [ 3.06107] [-0.51612] [ 0.35020]

    INFGAP4(-3) -0.121202 -0.265430 -0.038670

    (0.04300) (0.15879) (0.01799)

    [-2.81895] [-1.67156] [-2.14907]

    INFGAP4(-4) -0.002218 0.178630 0.021452

    (0.03193) (0.11793) (0.01336)

    [-0.06945] [ 1.51473] [ 1.60533]

    GAPHP(-1) 0.173948 0.029126 2.133867

    (0.32910) (1.21543) (0.13773)

    [ 0.52856] [ 0.02396] [ 15.4933]

    GAPHP(-2) -0.231019 -1.735648 -1.608508

    (0.75495) (2.78820) (0.31595)

    [-0.30600] [-0.62250] [-5.09102]

    GAPHP(-3) 0.065900 2.696866 0.283160

    (0.74693) (2.75859) (0.31259)

    [ 0.08823] [ 0.97763] [ 0.90584]

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    GAPHP(-4)

    0.068745

    -1.253965

    0.132299

     

    (0.31201)

    (1.15231)

    (0.13058)

     

    [ 0.22033]

    [-1.08822]

    [ 1.01320]

    C

    0.388529

    0.041120

    0.059266

     

    (0.28829)

    (1.06470)

    (0.12065)

    [ 1.34772]

    [ 0.03862]

    [ 0.49123]

    R-squared 0.942839

    0.835765

    0.980653

    Adj. R-squared 0.929390

    0.797121

    0.976100

    F-statistic 70.10177

    21.62753

    215.4186

    Determinant resid covariance (dof adj.)

    0.010085

     

    Determinant resid covariance

    0.005103

     

    Log likelihood

    -103.5448

     

    Akaike information criterion

    4.454524

     

    Schwarz criterion

    5.770093

     

    Source : Estimation de l'auteur sur Eviews

    Tests de causalité de Granger Lags: 3

    Null Hypothesis:

    Obs

    F-Statistic

    Probability

    INFGAP4 does not Granger Cause TPE

    65

    6.07528

    0.00114

    TPE does not Granger Cause INFGAP4

     

    4.16879

    0.00966

    GAPHP does not Granger Cause TPE

    65

    1.04288

    0.38048

    TPE does not Granger Cause GAPHP

     

    2.01519

    0.12178

    GAPHP does not Granger Cause INFGAP4

    65

    0.49155

    0.68952

    INFGAP4 does not Granger Cause GAPHP

     

    2.14279

    0.10462

    Source : Estimations de l'auteur sur Eviews

    Test de conformité de Wald

    Wald Test :

     

    ;

     

    Equation :

     

    FL1

     
     
     
     
     

    Test Statistic

    Value

    df

    Probability

     
     
     
     

    F-statistic

    2.247954

    (2, 60)

    0.1144

    Chi-square

    4.495908

    2

    0.1056

    Source : Estimations de l'auteur sur Eviews

    Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

    Annexe n04 : Décomposition de la variance des erreurs Décomposition de TPE

    Période

    S.E.

    TPE

    INFGAP4

    GAPHP

    1

    0.421461

    100.0000

    0.000000

    0.000000

    2

    0.554176

    99.62139

    0.092530

    0.286079

    3

    0.613387

    87.78043

    11.31493

    0.904638

    4

    0.684889

    83.62479

    15.10553

    1.269683

    5

    0.749035

    84.71125

    14.16575

    1.123005

    6

    0.783571

    85.56535

    13.36760

    1.067047

    7

    0.808710

    86.15228

    12.67687

    1.170844

    8

    0.835212

    86.48794

    11.88630

    1.625761

    9

    0.859102

    86.14524

    11.23560

    2.619161

    10

    0.880572

    85.20705

    10.69556

    4.097393

    Décomposition de infgap4

    Période

    S.E.

    TPE

    INFGAP4

    GAPHP

    1

    1.556547

    19.29487

    80.70513

    0.000000

    2

    1.926882

    13.24599

    86.75335

    0.000663

    3

    2.134175

    10.84317

    87.74690

    1.409932

    4

    2.204339

    10.16388

    86.24399

    3.592131

    5

    2.241854

    9.885344

    84.41500

    5.699654

    6

    2.253146

    9.787638

    83.60483

    6.607527

    7

    2.254722

    9.774376

    83.48810

    6.737524

    8

    2.255327

    9.780078

    83.45836

    6.761558

    9

    2.257595

    9.760749

    83.34343

    6.895821

    10

    2.259143

    9.751475

    83.28712

    6.961406

    Décomposition de gaphp

    Période

    S.E.

    TPE

    INFGAP4

    GAPHP

    1

    0.176383

    1.578436

    5.089164

    93.33240

    2

    0.410318

    0.637465

    3.585326

    95.77721

    3

    0.652420

    0.302041

    2.107147

    97.59081

    4

    0.846827

    0.189310

    1.480287

    98.33040

    5

    0.962423

    0.163532

    1.209854

    98.62661

    6

    1.008401

    0.170446

    1.193505

    98.63605

    7

    1.017350

    0.224518

    1.380818

    98.39466

    8

    1.020048

    0.367170

    1.747656

    97.88517

    9

    1.026189

    0.612861

    2.169123

    97.21802

    10

    1.031513

    0.923374

    2.501983

    96.57464

    Source : Estimations de l'auteur sur Eviews






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard