2. Analyse
technico-économique
2.1. Analyse
technico-économique de la plateforme gazeifieur
2.1.1. Etat de la
plateforme gazeifieur
Une analyse de la plateforme relevée sur 6 mois a permis
d'établir un graphe des plages de fonctionnement couvertes (figure 12)
et les pannes qui ont empêché l'exploitation efficiente
relevé dans le tableau 24.
Figure 12 : Plage de
couverture sur les mois de Mars à Aout 2013
Causes des problèmes
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
juin
|
Juillet
|
Août
|
Pourcentage de jours avec des
problèmes
|
Gazeifieur (réacteur et auxiliaires)
|
3
|
5
|
7
|
7
|
9
|
2
|
30%
|
Générateur
(Maintenance et réparation)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
10
|
11,82%
|
Ressources (biomasse et personnel)
|
7
|
4
|
5
|
1
|
2
|
5
|
21,82%
|
Autres (charges,organisationetc..)
|
5
|
6
|
4
|
16
|
5
|
4
|
36,36%
|
Total/184 jours
|
15
|
15
|
16
|
24
|
19
|
21
|
59,78%
|
Tableau 24 : Tableau
représentant les jours de non-fonctionnement et leurs causes
Ces résultats montrent que la plupart du temps c'est
les charges (BRF, usine de recyclage)qui sont en défaut ou le
gazogène qui présente des problèmes à savoir les
problème de goudron qui bouchent les systèmes de refroidissement
et le moteur, suivit de près par la biomasse à savoir sa
disponibilité et son conditionnement. Outre ces cas, la plateforme
étant plus utile pour la démonstration, ceci amène
à un problème d'organisation qui ne permet pas d'assurer la
continuité de fonctionnement. Ceci fait ressortir les facteurs pouvant
influencer sur la gestion de la plateforme de gazéification.
2.1.2.
Scénarios technico-économiques
Les éléments ci-après ont
été pris en compte dans l'estimation économique :
v cout OM : 3 % de cout d'investissement (inclus les
couts du charbon de bois, du fuel pour l'amorçage, de l'eau de lavage)
et ceci pour chaque scénario ;
v Cout personnel : deux opérateurs
qualifiés plus un opérateur non qualifié :
290 000 FCFA/mois, dans un souci de simplification des calculs on
considère quel que soit le taux de couverture le personnel sera
mobilisé en permanence, ce qui est spécifique au cas de
Songhaï et peut être revue en fonction des besoins et condition de
fonctionnement ;
v valeur d'actualisation en vigueur dans l'espace UEMOA de
8%.
v Matière première produit à
songhaï, car Songhaï est un centre agro-industriel et est a
même de se fournir par ses propre plantations ;
v Coût de la facture d'électricité
calculé sur la base de la facturation de la SBEE de 111 FCFA/KWh, qui
correspond au tarif appliqué aux abonnements professionnels.
L'estimation de la facturation a été faite en prenant un temps
de consommation d'heure/jour 30 minutes pour le démarrage et 30 minutes
pour l'arrêt ;
v Le productible en énergie est estimé sur 5
jours de fonctionnement par semaine sur toute l'année multiplié
par le taux de charge ;
Les hypothèses suivantes caractérisent le
système et sont communes à tous les scénarii :
Paramètres techniques du système :
§ Puissance installé 32 kW,
§ demande interne auxiliaires 10kW,
§ Taux de charge : 75 %
§ rendement de conversion : 20 %
§ source demande auxiliaire réseau nationale
§ temps de dépréciation : 10 ans
§ Moyenne de consommation ressource bois :1,37
kg/kWh
§ Moyenne consommation ressource coque de bois de
coco : 1,24 kg/kWh
§ Taux d'humidité de la biomasse : Entre 15
et 20 %
§ Température des fumées par
cogénération au niveau du séchoir à biomasse :
120°C
Paramètres financiers du système :
§ Coût capital investissement :
60 156 000 FCFA
§ Coût par kW installé
:1 671 000 FCFA/kW
§ Coût d'opération et de maintenance :1
804 680 FCFA
§ Cout personnel/an :
3 480 000 FCFA
§ Coût électricité facturé par
la SBEE : 328 512 FCFA
§ Coût matière première bois:51,2
FCFA/kWh
§ Coût matière première Coques:
24,8 FCFA/kWh
§ Coût traitement déchets : Non
évalué
Paramètres d'étude
technico-économique
|
Scénario
|
1(6h/jr)
|
2(12h/jr)
|
3(18h/jr)
|
Moyenne temps journalier d'utilisation
|
25 %
|
50 %
|
75%
|
Energie productible (kWh)
|
49 920
|
99 940
|
149 760
|
Consommation ressource bois (t/an)
|
68
|
139
|
205
|
Coût matière première (Bois)
FCFA/an*3
|
2 556 377
|
5 117 875
|
7 669 299
|
Coût matière première (coques de
noix de coco) FCFA/an
|
1 238 016
|
2 478 512
|
3 714 048
|
Investissement Total
(Bois)
|
68 325 569
|
70 887 067,29
|
73 438 492
|
Investissement Total
(coques de noix de coco)
|
67 007 208
|
68 247 704
|
69 483 240
|
TRI avec le bois (an)
|
14,1
|
6,8
|
4,5
|
TRI avec coques (an)
|
13,8
|
6,5
|
4,3
|
Prix élec FCFA/kWh
(Bois)
|
217
|
112
|
78
|
Prix élec FCFA/kWh
(coques de noix de coco)
|
213
|
108
|
74
|
Tableau 25 : Etudes
technico-économiques de la plateforme
2.2. Analyseset
recommandations
L'étude technico-économique de la plateforme
gazeifieur nous permet de dégager les trois scénarios de base qui
font ressortir l'influence nette du taux de couverture journalier et du taux de
charge sur le cout de l'électricité, outre celle des coûts
d'investissement et coût d'opération et de maintenance.
Les différents scénarios nous permettent de
dégager un coût et le dégagement de
bénéfices à partir de 50% de couverture
journalière. Le cout de la matière et son conditionnement comme
décris dans l'étude de la ressource influence clairement.
On observe que le coût de l'électricité
avec le bois comme combustible, peut alors chuter de 217 FCFA/kWh
à 78 FCFA/kWh,quand on monte de 25% à 75% de couverture
journalière à 75% taux de charge, ce qui devient attractif et
largement inférieur au prix du réseau qui est de 111
FCFA/kWh.
Le prix de l'électricité ne varie pas trop avec
l'utilisation des coques de noix de coco et est entre 213 et
74FCFA/kWhpour une variation de 25%à 75 % de couverture
journalière. Par contre elles présentent l'avantage de ne pas
nécessiter ni trop le temps et de moyenspour le conditionnement.
Les résultats nous amènent à conclure
qu'à partir de 50 % de couverture la plateforme pourrait commencer
à dégager des bénéfices et rendre la technologie
attractive et dégager des bénéfices à 75% de taux
de couverture.
Au-delà des pannes des équipements de la
plateforme sur le gazeifieur et les auxiliaires qui paralysent le
fonctionnement, le système fourni de l'électricité
à des charges qui ne sont pas très fiables et qui subissent trop
de pannes ou dépendent de la programmation des activités
inhérents à ces sections, ce qui amène à des
périodes creuses pouvant s'étaler sur des semaines ou le
gazeifieur ne fonctionne pas. Il faudrait dans ce cas multiplier les charges
autour de la plateforme ou penser à l'injecter sur le réseau
interne du centre.
La non-disponibilité de la biomasse bien conditionner
fait partie des facteurs qui réduisent l'efficacité de la
plateforme.Ce facteur est vraiment déterminant car il influe sur le prix
de l'électricité.
Les problèmes et leurs causes relevés sur les six
mois d'étudesont signalés dans le tableau 24,et cela montre que
la technologie n'est pas bien maitrisée. Les équipements dont
certains critiques pour la valorisation électrique étant
régulièrement en pannes rendent le systèmedifficilement
rentable sauf dans des conditions de fonctionnement optimales.
Une étude comparée des retours d'expérience
et de notre système font ressortir les points suivants :
Figure 13 :Coût
comparé de l'électricité du réseau et du
gazeifieur
La figure 13 montre qu'on est généralement toujours
généralement en deca du coût de l'électricité
du réseau, sauf dans les cas où on n'a pas un bon taux de
couverture journalière comme dans le scénario N°1 de
Songhaï. La figure 14 suivante montre la variation du coûtce qui
montre la fluctuation du coût dépendamment du taux de couverture
de 4 à 75%.
Figure 14 : Variation
du LEC Gazeifieur en fonction du Taux de couverture
journalière
Cette variation est observé sur la plupart des
systèmes basé sur la gazéification, nous pouvons prendre
par exemple le cas de la plateforme dans le village de Anlong Ta Mei Battambang
disposant d'un gazéifieur de 9 kW on arrive à diviser le prix
par trois (3) quand il fonctionne avec un taux de charge et de couverture
élevé. A 25% de taux de couverture à Songhaï on reste
perdant et le TRI passe au double qu'à 50% de charge alors que quand on
estime un temps de dépréciation sur dix (10 ans), on a tout
intérêt à augmenter ce taux de couverture.
Le coût d'investissement aura une grande influence car
le montant dépensé regroupe tous les frais liés au
transport et à l'ingénierie du point de fabrication (Inde)
à l'installation (Porto Novo),on pourrait réduire fortement cet
impact en se fournissant dans un rayon restreint mais on est limité par
le manque de fournisseur. On remarque par exemple que dans la
littérature sur de telle puissance on trouve des coûts de 1000
à 1500 Dollar/kW installé alors que sur la plateforme
Songhaï on est à 2000 dollar/kW installé (investissement
pour le gazeifieur de 80 milles dollar et 40milles dollars pour le
bâtiment pris en compte).
Dans le cas de Songhaï Porto-Novo il faudrait envisager,
afin de réduire les couts d'exploitation et réduire les
périodes liés à des pannes autres que le gazogène,
une valorisation thermique du syngaz vers l'usine de production de jus ou vers
d'autres des postes de consommation relocaliser vers Songhaï-Est.
Concernant des projets éventuelsd'installation de
gazéifieur sur d'autres sites Songhaï qui disposent soit de grande
de surface pour les plantations comme Parakou,Savalou ( au moins 400 ha) ou de
matière première ( balles de riz) comme kewindji par exempleil
faudrait s'assurer de la flexibilité de la technologie surtout en termes
de ressources en se fournissant avec d'autres types de biomasse comme les
coques de noix de coco ou les coques de noix de palmes qui sont à notre
avis pas assez exploités compte tenu de l'abondance noté dans
l'environnement béninois.Dans ces cas on devrait s'orienter vers
d'autres fournisseurs avec des technologies (gazéifieurou
bi-étagés par exemple) de traitement du syngas
(intérêt du traitement catalytique de la biomasse) plus efficace
et n'étant pas assujettie à des pannes fréquentes venant
des auxiliaires ou du gazogène lui-même ; ou
privilégier les générateurs `'Dual Fuel'' pour
suppléer au carence de la gazéification comme dans le cas du
retour d'expérience au Cambodge ou on arrive à avoir une
installation performante pour un taux de remplacement du diésel de
77%.
Dans de futur cadre d'étude technico-économique
il faudrait en plus prendre en compte le calcul de la Limite de Distance
Economique (EDL :Economic Distance Limit) qui est déterminé
en faisant une analyse comparée du coût de cycle de vie du
système et celui de l'extension du réseau.On pourrait en outre
s'appuyer dans le cadre de futurs projets de gazéification sur les
étapes suivit sur les expériences validées
d'électrification rurale des villages Hosahalli et Hanumanthanagara afin
de mieux cerner les tenants et les aboutissants surtoutdans un contexte aussi
délicat que l'Afrique de l'Ouest.
Le coût affecté au traitement des déchets
est nulle car nous avons pu remarquer que bien que disposant d'un
système de traitement de l'eau de lavage, il n'a pas été
procédé à son utilisation, le centre
préférant la valoriser pour la fertilisation des champs.
La cendre, le goudron et les particules fines recueillies ont
étéutilisées pour le compostage. La sciure issue du
conditionnement du bois est utilisée comme matière
première pour la production des champignons. Il faudrait
néanmoins procéder à une étude pour montrer
l'impact de l'application de ces types de valorisation en particulier l'aspect
environnemental pour l'eau de lavage et surtout économique sur le reste
des déchets car cela pourrait devenir non négligeable
dépendamment de la puissance installée sur de futur
plateforme.
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