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Déterminants des taux d'intérêt débiteurs au Burkina Faso

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par Hamidou ZANRE
Université Saint Thomas d'Aquin de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise en sciences économiques  2012
  

Disponible en mode multipage

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A

Mon père et ma mère pour la bonne éducation que j'ai reçu d'eux,

A

Mes frères et soeurs, en particulier mon grand frère ZANRE Boureima pour son soutien moral et financier pour mes études,

A

Mes amis,

Pour leur soutien et assistance inégalés

DÉDICACESREMERCIEMENTS

La réalisation de notre mémoire a été possible grâce à la contribution de plusieurs personnes que nous tenons à remercier du fond du coeur. Ce sont:

Notre directeur de mémoire le Docteur Kassoum ZERBO, enseignant chercheur à l'université Ouaga II pour son grand sens de l'humanisme. Avec son amour pour le travail bien fait, il a suivi avec abnégation, malgré ses multiples charges, notre travail. Ses précieux conseils et orientations ont été pour nous les ingrédients pour la rédaction de notre mémoire ;

Les agents de la BCEAO en particulier Mme CISSE pour ses orientations dans l'obtention des données pour la présente étude ;

M. Simon Pierre BOUSSIM, pour ses explications et conseils sur la partie économétrique de notre travail ;

Nos parents, amis, Co-étudiants et toutes les personnes qui ont contribué par leurs prières, leurs conseils et autres formes de soutien à la réussite de notre travail ;

L'administration de l'USTA et les professeurs. Que Dieu bénisse cette institution !

Que Dieu rende à chacun le centuple de ses bienfaits !

SOMMAIRE

Dédicaces i

Remerciements ii

LISTE DES ABREVIATIONS .iv

LISTE DES TABLEAUX v

LISTE DES GRAPHIQUES vi

Introduction générale 2

Chapitre I : Revue de la littérature 5

I.1. Revue des travaux théoriques 5

I.2. Revue des travaux empiriques..............................................................................13

Chapitre II : La politique monétaire et les taux d'intérêt débiteurs au Burkina Faso .......21

II.1. La politique monétaire de la BCEAO...........................................................21

II.2. les taux directeurs et les taux débiteurs........................................................28

II.2.1. Les taux directeurs de la BCEAO............................................................28

II.2.2.Taux débiteurs des établissements de crédit..................................................31

Chapitre III : Méthodologie de recherche.............................................................35

III.1. Cadre d'analyse....................................................................................35

III.2.  Instruments d'analyse..........................................................................36

III.3. Les tests applicables au modèle..................................................................41

III.4. Méthodologie d'enquête..........................................................................43

Chapitre IV: Résultats et Interprétations.............................................................44

IV.1. Résultats des différents tests.....................................................................44

IV.2. Modèle à correction d'erreur....................................................................50

IV.3.Interprétation des résultats.......................................................................54

IV.4. Calcul d'impacts des variables et prévision....................................................56

Conclusion générale et recommandations............................................................59

Références bibliographiques.............................................................................63

TABLE DES MATIERES.........................................................................................66

ANNEXES..................................................................................................l

LISTE DES ABREVIATIONS

BAD  : Banque Africaine de Développement

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BOA : Bank of Africa

CGAP : Consultative Group to Assist the Poor

DS : Differency Stationary

FUCECAM : Fédération des caisses d'épargne et de crédit agricole mutuel

FUCEC : Faitière des Unités Coopératives d'Epargne et de Crédit

IHPC : Indice Harmonisé des prix à la Consommation

IMF : Institution de Micro Finance

MCE : Modèle à Correction d'Erreur

NKJ : Nyèsigiso et Kafo Jiginew

OCDE  : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OFCE : Observatoire français des Conjonctures Economiques

PAMECAS : Partenariat des Mutuelles d'Epargne et de Crédit Au Sénégal

PPA : parité de pouvoir d'achat

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PMI : Petite et Moyenne Industrie

PVD  : Pays en Voie de Développement

RCPB : Réseaux des Caisses Populaires du Burkina

REM : Revue Economique et Monétaire

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Synthèse des variables retenues et leurs signes attendus 39

Tableau 2 : test ADF sur la variable dépendante id 44

Tableau 3 : test AGF en différence première de id 45

Tableau 4 : test ADF sur la variable es 45

Tableau 5: test ADF en différence première de es 46

Tableau 6 : test ADF sur la variable tp 46

Tableau 7: test ADF sur la différence première de tp 47

Tableau 8: test ADF sur la variable tmm 47

Tableau 9 : test ADF sur la différence première de tmm 48

Tableau10: test ADF sur la variable tms 48

Tableau 11: test ADF en différence première de tms 49

Tableau 12: test ADF sur la variable pi 49

Tableau 13: test de cointégration de Johansen 50

Tableau 14: estimation du MCE.....................................................................51

Tableau15: LM test ......................................................................................51

Tableau16: test de normalité..........................................................................52

Tableau17: test de spécification du MCE...........................................................54

Tableau18: test de White...............................................................................54

Tableau19: élasticités de court terme...............................................................56

Tableau20: élasticités de long terme................................................................57

Tableau21: prévision...................................................................................58

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique1: Détermination du taux d'intérêt dans le modèle IS-LM........................6

Graphique2: Evolution de la liquidité bancaire des pays de l'UEMOA......................23

Graphique3: Inflation - croissance dans la zone UEMOA ......................................27

Graphique 4 : Evolution du taux d'escompte de 2002 à 2009................................. ......28

Graphique5: Evolution du taux de pension de 2002 à 2009.....................................29

Graphiqu6: Evolution des autres taux directeurs de la BCEAO..............................30

Graphique7: Evolution des taux débiteurs des banques de l'UMOA de 1997 à 200......32

Graphique8: Taux débiteurs selon l'objet du crédit.............................................33

Graphique9 : Test CUSUM de stabilité du modèle..............................................53

Graphique10 : Test CUSUM carré..................................................................53

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'accès au financement des agents économiques, en particulier les entreprises privées (surtout les PME et PMI) est l'un des défis majeurs du développement économique en Afrique. En 2000, plus de 80% de la population dans les pays d'Afrique n'ont pas accès aux services financiers (Y. GASSE, 2009). Les pays de l'UEMOA par exemple accordent en moyenne 17,32% du PIB de l'union comme crédit intérieur au secteur privé pour son financement (Banque mondiale, 2009). Cependant, certains pays comme la France et les Etats Unis accordent respectivement 110,3% et 202,9% de leur PIB comme crédit intérieur au secteur privé (Banque mondiale, 2009). Ce pourcentage traduit bien la problématique de financement des entreprises privées dans les PVD. En 2005, l'état des lieux montre également que le développement du secteur privé est très hétérogène d'un pays d'Afrique à l'autre. En Afrique du Sud, à Maurice et en Afrique du Nord, le secteur des PME est prospère car soutenu par un système financier relativement développé et des politiques publiques de promotion du secteur privé volontaristes.

Ailleurs, le développement de ce secteur a été compromis par l'instabilité politique (la Côte d'Ivoire par exemple) ou une forte dépendance vis-à-vis de quelques produits de base. En République Démocratique du Congo par exemple, la plupart des PME ont fait faillite dans les années 1990, soit à la suite des pillages de 1993 et 1996, soit pendant la période de guerre. Au Congo, en Guinée Equatoriale, au Gabon et au Tchad, la prédominance du pétrole a freiné l'émergence d'un secteur privé non pétrolier. Au Nigeria si les PME sont essentielles pour l'activité économique, elles représentent approximativement 95% de l'activité manufacturière formelle (BAD et centre de développement de l'OCDE, 2004/2005). L'insécurité, la corruption et l'inadéquation des infrastructures les empêchent de jouer leur rôle de moteur de croissance.

Entre ces deux extrêmes, les pays de l'UEMOA ont également essayé de mettre en place les ingrédients du développement de leur secteur privé, mais restent contraints par un système financier sous- développé. En effet les pays de l'Afrique de l'Ouest ont en général traversé une phase de désengagement de l'Etat qui débouche aujourd'hui sur une libéralisation de leur économie et par conséquent sur l'émergence d'un secteur privé en quête de besoins financiers, de compétences et de débouchés d'affaires. Disons que le développement du secteur privé, et plus spécifiquement du côté des PME est peu avancé. Certes, on y retrouve un grand nombre de très petites entreprises, mais peu d'entre elles ont vraiment connu un essor significatif sur une période de dix ans.

Cependant, il faut noter que parmi le paysage entrepreneurial, la PME est considérée comme le moteur de l'économie de demain et comme l'instrument privilégié pour développer l'emploi et ainsi reculer les frontières de la pauvreté. Des efforts ont été menés pour saisir la problématique d'ensemble et pour mettre à contribution des intervenants du monde financier et celui du non financier pouvant fournir, notamment pour ce dernier secteur des appuis en formation et en comptabilité. Tous les acteurs reconnaissent à travers les études réalisées que le système financier n'arrive pas à desservir adéquatement les clientèles d'entreprises selon des modes de déploiements efficients et durables. Cette clientèle a donc difficilement accès aux ressources financières et dans les conditions appropriées qui leur permettraient de saisir les opportunités d'affaires offertes par la croissance globale.

Le paysage financier est composé de banques classiques et d'institutions de micro finance qui s'occupent de l'offre des services financiers aux entrepreneurs. Ces banques s'intéressent de plus en plus à la clientèle des entrepreneurs en plus des cinq grandes structures de micro finance en Afrique de l'Ouest (RCPB du Burkina, PAMECAS du Sénégal, NKJ du Mali, FUCEC du Togo et FUCECAM du Bénin). Malgré, le défi reste tout de même énorme pour ces établissements de crédit à relever surtout ceux du Burkina qui pratiquent des taux débiteurs élevés sur les crédits accordés à leurs clientèles.

Dans son cas précis, une étude réalisée par SANOU (2005) révèle les faits suivants : sur 90 dossiers de crédit soumis à examen, seulement 30 ont été acceptés (33%) et 60 ont été rejetés (67%). Parmi les 30 dossiers acceptés, seulement 16 ont obtenu le montant total du crédit demandé (53%). Les 14 autres, malgré que leurs dossiers soient acceptés, n'ont pas reçu de la banque la totalité du concours demandé. Ces statistiques traduisent encore bien toutes les difficultés des PME et PMI et de façon générale, tous les agents à besoin de financement à résoudre leurs difficultés financières. Les raisons de ce constat sont entre autre, la confrontation des banques commerciales à une pluralité de normes à la fois changeante et souvent inadaptée aux contextes et réalités des Etats membres, la faible spécialisation de ces dernières dans les opérations de soutien à l'investissement et la ségrégation faite aux entreprises par les banques. Ces dernières préfèrent prêter aux grandes entreprises qui sont connues et non aux PME et PMI existantes et en projet de création. Dans ce contexte, on voit bien que ces banques ont de ce fait un soutien limité à la politique de financement de l'économie à cause de leur manque de goût du risque et des barrières prudentielles fortement recommandées par la banque centrale. Le développement économique est donc tributaire du dynamisme de la capacité des entrepreneurs à générer un commerce affichant une profitabilité; à la fois pour la famille et l'entreprise elle-même. L'accès au financement est un enjeu de taille dans ces milieux à risque et, en même temps, une nécessité pour permettre aux entreprises de s'équiper, d'être plus productives et de gérer le phénomène incontournable de l'offre et de la demande.

C'est dans ce contexte que se situe la présente étude qui s'attache à expliquer les conséquences de l'action du système financier (celle de la banque centrale et des établissements de crédit1(*)) dans l'accès au financement des agents économiques et en particulier les PME. Elle s'inscrit plus précisément dans le cadre général des théories des mécanismes de transmission de la politique monétaire (F. MISHKIN, 1996 ; B. BERNANKE et A. BLINDER, 1998, 1992).

L'objectif général de l'étude est d'analyser les déterminants des taux d'intérêt débiteurs au niveau du Burkina Faso. Les taux d'intérêt débiteurs élevés, constituent un véritable frein à l'accès au financement des agents économiques, en particulier les PME. Comme mentionné plus haut, la PME occupe une place importante dans le développement économique.

Spécifiquement, l'étude se propose de :

- Montrer l'importance de l'impact des variations des taux directeurs de la banque centrale sur les taux débiteurs,

- Identifier les déterminants importants des taux débiteurs au Burkina Faso,

- Apprécier le rôle joué par l'inflation dans la formation des taux débiteurs.

Autrement dit, elle cherche à répondre aux questions suivantes :

La politique des taux directeurs de la BCEAO n'est-elle pas optimale au niveau du Burkina Faso?

Quel est l'ampleur de l'impact des variations des taux directeurs de la BCEAO sur les taux d'intérêt débiteurs des établissements de crédit burkinabés?

Quels autres facteurs expliquent-ils ces taux d'intérêt?

Dans cette optique, l'étude formule trois hypothèses qui sont:

ü H1 : Les taux d'intérêt débiteurs élevés au niveau du Burkina suggèrent que le taux d'escompte fixé par la BCEAO a un effet plus que proportionnel sur ces derniers.

ü H2 : Les déterminants importants des taux débiteurs sont au niveau du Burkina le taux d'escompte, le taux marginal des appels d'offre et le taux moyen mensuel du marché monétaire.

ü H3 : La politique d'inflation menée au sein de l'UEMOA n'a pas d'impact sur les taux débiteurs.

Diverses approches ont été utilisées pour tester ces hypothèses. Il s'agit d'une analyse économétrique sur série temporelle des déterminants des taux débiteurs des établissements de crédit du Burkina Faso et le calcul d'élasticités.

La démarche utilisée pour traiter notre thème a consisté à:

ü Dans un premier chapitre, faire une revue de littérature concernant les déterminants des taux d'intérêt,

ü Ensuite dans un deuxième chapitre, faire un aperçu sur la politique monétaire de la BCEAO et sur les procédures de détermination des taux d'intérêt débiteurs par les établissements de crédit burkinabés,

ü Traiter dans un troisième chapitre de la méthodologie de recherche,

ü Enfin, donner les résultats et les interpréter fait l'objet d'un quatrième et le dernier chapitre de notre étude.

En somme, notre étude, tout en mettant en évidence l'importance de l'accès au financement des agents économiques en particulier des PME dans le développement économique, tente d'apporter une « valeur ajoutée » quant aux facteurs explicatifs des taux débiteurs des établissements de crédit et surtout de faire des propositions judicieuses pour l'amélioration des coûts du crédit pour une accélération de la croissance au Burkina Faso.

CHAPITRE I : REVUE DE LITTÉRATURE

Dans ce chapitre, il s'agit pour nous d'effectuer une visite de la littérature théorique et empirique ayant mis en exergue les déterminants des taux d'intérêt.

I.1. REVUE DES TRAVAUX THÉORIQUES.

L'étude de la littérature théorique sur les déterminants des taux d'intérêt peut être remontée jusqu'à l'époque de « la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » de J.M. KEYNES (1936).

Au niveau macroéconomique, on admet généralement que le taux d'intérêt constaté sur un marché ou taux d'intérêt nominal dépend du taux d'intérêt réel ; véritable reflet des caractéristiques et de l'inflation anticipée qui mesure la perte probable de pouvoir d'achat.

Cependant, la présentation de l'offre et la demande de monnaie a souligné les oppositions entre théories d'inspiration classique qui insistent sur l'interprétation réelle de la détermination du taux d'intérêt et théories d'inspiration keynésienne pour lesquelles le taux d'intérêt a une nature monétaire.

ü Le modèle H-H.

Dans l'analyse keynésienne, le taux d'intérêt ne détermine pas la répartition du revenu entre consommation et épargne ; celles-ci étant fonctions de la propension marginale à consommer. Il détermine en revanche la répartition de l'épargne entre encaisses monétaires et titres. Le taux d'intérêt est ici le prix de la renonciation à la liquidité. Il est déterminé sur le marché monétaire par la confrontation de la demande de monnaie (motif de transaction, précaution, spéculation) et l'offre de monnaie (contrôlée par les autorités monétaires).

En effet, l'explication schématique de la pensée de Keynes par Hicks et Hansen dans le modèle IS-LM montre que le taux d'intérêt se détermine par l'équilibre réalisé sur le marché des biens et service et de la monnaie. Ainsi, les facteurs susceptibles de provoquer les déplacements de la courbe IS et LM influencent-ils les taux d'intérêt. L'épargne (S), l'investissement (I), les dépenses publiques (G), les impôts (T), la demande d'encaisse de transaction (Md) et l'offre de monnaie (Mo) apparaissent donc comme des facteurs déterminants des taux d'intérêt.

Graphique1 : Détermination du taux d'intérêt dans le modèle IS-LM.

Le taux d'intérêt r est déterminé ici par le point de rencontre entre la courbe IS et la courbe LM ; celles-ci représentant respectivement l'équilibre sur le marché des biens et services et de la monnaie.

ü Analyse des taux d'intérêt chez WICKSELL.

Dans l'analyse classique, le taux d'intérêt est déterminé par la confrontation de la demande d'emprunt et de l'offre d'épargne des agents non financiers. Pour les ménages épargnants, le taux d'intérêt représente le prix de la renonciation à la consommation présente et détermine l'affectation du revenu entre consommation et épargne. Le besoin d'emprunt est déterminé par le besoin d'investissement. Les entreprises comparent la productivité marginale de leur investissement au coût de leur emprunt. K. WICKSELL (1898) est le précurseur de cette analyse. Les entreprises comparent selon cet auteur, le taux d'intérêt naturel qui est le taux de rendement marginal du capital et le taux d'intérêt monétaire. Ce dernier résulte de la confrontation de l'offre de fonds (des ménages et des banques) et de la demande de fonds par les entreprises. Le taux d'intérêt monétaire détermine le coût de l'emprunt pour les entreprises. La condition d'équilibre d'un tel système est l'égalité entre les deux taux (monétaire et naturel).

Chez K. WICKSELL, il existe en effet trois taux d'intérêt :

- le « taux naturel » qui est égal comme dans la version néo-classique traditionnelle à la productivité marginale du capital, qui égalise l'épargne et l'investissement désirés sur le marché des biens,

- le taux du marché ; taux réel qui à l'équilibre égalise l'offre et la demande de fonds prêtables,

- le taux nominal qui est le taux du marché, majoré du taux d'inflation anticipé. 

Le taux de marché et le taux naturel ne sont pas forcement égaux. Le marché des fonds prêtables confronte l'offre nouvelle d'encaisse et le « prêtage brute nouveau » à la demande nouvelle d'encaisse et l'endettement brut nouveau. L'abondance relative de crédit joue donc un rôle déterminant sur la formation des taux d'intérêt.

L'offre de monnaie étant contrôlée par la banque centrale, cette dernière fixe en dernier ressort le taux d'intérêt du marché. En situation de sous-emploi, si le taux naturel est inférieur au taux du marché, certains investissements devront être abandonnés. Si les prix baissent alors plus lentement que les quantités produites, l'économie s'engage dans la voie d'une dépression cumulative qui se perpétue par la diminution de la rentabilité du capital, et donc du taux naturel, plus que le taux de marché.

Autrement dit, si l'on considère qu'une baisse de l'efficacité marginale du capital équivaut à celle du taux naturel, une politique monétaire qui ignore cette évolution maintient un taux de marché supérieur à celui qui équilibrerait l'économie. L'économie en se maintenant en moyenne en sous-emploi, crée de la désinflation. Le taux nominal, fondé sur une inflation anticipée supérieure à l'inflation effective future accentue le déséquilibre entre taux de marché et taux naturel: d'où une montée du taux réel.

L'inflation, le déséquilibre entre le taux naturel et celui du marché et la désinflation constituent donc des déterminants des taux d'intérêt réels aux yeux de K. WICKSELL.

ü La théorie des fonds prêtables et les taux d'intérêt.

La théorie des fonds prêtables tente d'effectuer une synthèse de ces deux théories (théorie keynésienne et théorie classique) en apparence opposées. Le taux d'intérêt est ici déterminé par la confrontation de l'offre et la demande de fonds prêtables. L'offre de fonds est composée à la fois d'actifs monétaires (crédits monétaires) et non monétaires (actifs financiers). De même, la demande de fonds prêtables intègre les liquidités désirées par les agents ainsi que la demande d'investissement.

ü Rôle des déficits publics dans la formation des taux d'intérêt.

La montée et la persistance des taux d'intérêt réels dans les pays de l'OCDE est selon une large littérature financière attribuable aux déséquilibres qui ont vu le jour sur le marché de l'épargne au début des années 80. Légitimé par le corpus dominant de l'équilibre général concurrentiel, ce type d'approche fait du marché des capitaux ; le lieu où s'arbitre le désir d'épargner et le besoin d'investir et où se forment et s'égalisent les rendements des capitaux financiers et productifs. L'explication fait découler la hausse des taux d'intérêt réels des effets conjugués ou différenciés d'une insuffisance de l'épargne et de l'augmentation des opportunités de profit. L'exemple le plus cité est le cas des Etats Unis où le gonflement des déficits publics à l'aube des années 80 et la baisse simultanée de l'épargne des ménages auraient raréfié l'épargne mondiale, la hausse de la rentabilité des entreprises en faisant perdurer les effets par la suite, soit elle se réfère aux déséquilibres agrégés apparus sur le marché mondial à partir du premier choc pétrolier. La visualisation graphique des taux d'épargne mondiaux ou américains soutient cette explication (voir graphique en annexe2)

Les mouvements observés montrent une certaine simultanéité entre la baisse de l'épargne mondiale, la hausse des déficits publics américains et européens et la montée des taux en terme réel à l'aube des années 80.

Dans l'optique structuraliste des marchés d'actifs (E. PHELPS, 1994), la montée du stock de dette publique provoque un accroissement de la richesse réelle des détenteurs de titres, une surconsommation des ménages (ou de manière équivalente une baisse de leur propension à épargner) et induit donc un déséquilibre sur le marché des capitaux ; ce qui pousse à la hausse les taux d'intérêt réels.

ü Les chocs pétroliers et les taux d'intérêt.

Au début, la montée brusque des prix du pétrole à partir de 1973 a pu être interprétée en particulier pour les pays dépendants comme une ponction d'épargne (R. BARRO, 1992 ; E. PHELPS, 1994), parce qu'elle augmente les coûts intermédiaires de production et réduit le pouvoir d'achat des ménages et le profit des entreprises. Mais paradoxalement le niveau réel des taux d'intérêt baisse pour retrouver un niveau plus proche de la moyenne des années 1960 à la veille du second choc pétrolier, en partie parce que la montée de l'inflation a été considérée comme transitoire et n'a pas été intégrée totalement dans les taux nominaux. Dans ces conditions, même si l'on accepte une explication en termes de déséquilibre sur le marché des capitaux, la hausse du prix du pétrole a aussi pour effet immédiat de diminuer la rentabilité du capital et d'augmenter l'épargne des pays producteurs de pétrole. Les chocs pétroliers apparaissent donc comme une distorsion des prix relatifs qui nécessite une réallocation des ressources, révèle certaines rigidités de l'offre et engendre une obsolescence accélérée du capital, poussant ainsi les taux d'intérêt à la hausse.

ü Les politiques monétaires des années 1980 et les taux d'intérêt.

La réorientation des politiques monétaires dans les années 80 a joué un rôle dans la formation des taux d'intérêt à cette époque. La politique monétaire d'inflexion anti-inflationniste sous l'impulsion du président de la Reserve Fédérale Paul VOLCKER, a joué un Rôle de détonateur au moment du second choc pétrolier. Elle a eu une influence momentanée dans la mesure où le ralentissement de la demande de monnaie qui s'en est suivi aurait dû ramener les taux à un niveau moindre (O. BLANCHARD ; L. SUMMERS, 1984).

La désinflation consécutive au resserrement monétaire peut, de manière mécanique et transitoire, par inertie des taux nominaux et illusion monétaire, provoquer une hausse des taux réels ou leur maintien à un niveau anormalement élevé (L. GIPE, 1993).

Elle peut également, si se valorisent les éléments de richesse qui ne sont pas indexés mécaniquement sur les prix de production (immobilier d'habitation et commercial, action) et dont l'offre est relativement rigide, entrainer une baisse du taux d'épargne des ménages, parce que le ratio de richesse désiré sur le revenu monte au dessus de sa valeur désirée (M. AGLIETTA, 1993).

ü Modifications institutionnelles des marchés financiers et taux d'intérêt.

La dérèglementation des taux d'intérêt et les innovations financières renchérissent le coût de la liquidité bancaire. De même, la libéralisation des flux de capitaux accroit la concurrence entre pays et renforce l'impératif de crédibilité, obligeant chacun à s'aligner sur le taux réel le plus élevé offert. Cette interdépendance des niveaux de rémunération est renforcée par les stratégies de change semi-flexibles concrétisées par l'édification de zones cibles. A l'opposé, la hausse des taux d'intérêt peut être interprétée comme le prix de la « vertu obligée », mais comme le fruit d'une plus grande permissivité en matière d'endettement qu'entrainent la libéralisation des marchés et la diversification des produits. Certains auteurs associent à la montée des taux, une montée des risques à l'internationalisation des marchés : montée des risques d'instabilité, d'insolvabilité ou systémiques2(*).

Cette liste non exhaustive de la littérature théorique des causes du niveau élevé des taux d'intérêt réels au début des années 80 se réfère donc aussi implicitement et fréquemment à la notion du déficit public et évoque la politique monétaire comme un simple facteur déclencheur dans la formation des taux d'intérêt. Ce qui sous-estime donc les conséquences de long terme des politiques discrétionnaires des banques centrales. Cependant, à demande nette identique de réserves par les banques commerciales, la banque centrale est libre de modifier le coût, la volatilité et la quantité marginale du refinancement sur le marché interbancaire. Céleris pari bus, à demande de liquidité identique par les banques, le taux revient à un niveau identique, pourtant, la courbe d'offre de liquidité peut être modifiée : le banquier central ne fait surement pas office de simple commissaire priseur3(*) sur le marché monétaire. D'autre part la mise en place d'un monétarisme dur au début des années 80, en accroissant la volatilité du cours des actifs financiers a introduit une forte variance sur les taux (la marge de fluctuation des Fed Funds est ainsi élargie de 100 points de base à 700 points de base en mars 1980) et peut avoir accru les primes moyennes de risque exigées par les créanciers (O. PASSET, 1997). Si l'on prend pour exemple le cas américain de l'époque, l'affirmation de l'effet transitoire d'un resserrement monétaire sous-estime la portée des modifications institutionnelles qui se produisent au même moment sur le marché interbancaire : l'apparition de nouveaux produits (tels les comptes NOW et SUPER NOW, les certificats de dépôts) et la mise en concurrence des intermédiaires en renchérissant le coût de l'acquisition des liquidités pour les banques, imposent que ces dernières les cèdent à un taux rémunérateur sur le marché interbancaire.

Par ailleurs, les choix des banques centrales ne sont pas toujours indépendants des performances de rentabilité des agents privés, soit qu'elles s'y adaptent, soit qu'elles cherchent à les influencer. On peut donc interpréter le tournant des années 80 comme une volonté des banques centrales d'inciter les entreprises à redresser la rentabilité de leurs capitaux (jugée trop faible à la fin des années 1970) par une politique de crédit plus discriminante. Décourager le crédit des agents plus rentables (les entreprises principalement), ou dont la valeur de l'actif s'est accrue (les ménages en particulier), peut durablement imposer de pratiquer des taux plus élevés que par le passé. Le rôle de la politique monétaire dans la formation des taux d'intérêt mérite donc d'être considéré.

ü Les mécanismes de transmission de la politique monétaire.

La théorie économique distingue le canal monétaire du canal de crédit (au sens strict ou au sens large). Cependant, c'est la thèse du canal de crédit qui intéresse cette étude car elle perçoit les taux d'intérêt directeurs comme déterminants des taux d'intérêt bancaires. (F. MISHKIN ; 1996, B. BERNANKE et A. BLINDER, 1988 ; 1992).

Il ressort des travaux de ces auteurs que les taux d'intérêt directeurs de la banque centrale ont une influence sur les taux bancaires. Selon eux, une modification des taux d'intérêt directeurs entraine une variation des taux bancaires qui influe sur la demande des biens. Elle entraine un changement des taux d'intérêt et de rendement des nouveaux emprunts et des placements. Elle pèse aussi sur les taux d'une partie des contrats existants et, en conséquence sur les flux de revenu et les possibilités de dépense des agents économiques. Les taux d'intérêt directeurs constituent donc un facteur explicatif des taux d'intérêt au niveau des banques commerciales.

ü Taux d'escompte, primes de risque et commissions comme facteurs explicatifs des taux débiteurs.

L'influence du taux d'escompte se fait principalement sentir sur les taux d'intérêt débiteurs. Il sert de base à la détermination des taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les banques commerciales. En effet ces dernières calculent leurs taux en s'appuyant sur le taux d'escompte auquel elles ajoutent diverses commissions et primes de risque (J-L BAILLY, 2006). Dans une période où les entreprises ont besoin de crédits importants, alors qu'elles ne peuvent accéder à d'autres sources de financement, une hausse du taux d'escompte entraine une hausse des taux d'intérêt débiteurs. Les entreprises se tourneront tout de même vers les banques pour obtenir les crédits qu'elles souhaitent, quitte à répercuter cette hausse de coût sur leurs prix. De fait, tout dépend de l'élasticité de la demande de crédits par rapport au taux d'intérêt, or cette élasticité dépend de la part relative des intérêts dans les coûts de production. Dès lors, le taux d'escompte, les commissions et les primes de risque sont des facteurs importants dans la détermination des taux débiteurs.

ü Taux d'inflation et taux d'intérêt.

Selon J.F. LOUE (1996), une banque centrale mondiale peut contrôler durablement le taux d'intérêt réel (sans perdre le contrôle de l'inflation), dès que le taux d'épargne des ménages est, à taux d'intérêt réel donné, une fonction croissante du taux d'inflation, c'est-à-dire, si l'inflation s'accélère, le motif de précaution l'emporte sur la fuite devant la monnaie. Bien qu'il n'est pas de valeur universelle et ne s'observe pas en cas d'hyperinflation, ce comportement théoriquement justifié pour des taux d'inflation faibles, a été observé dans les pays occidentaux sur les vingt dernières années.

En période d'inflation, une hausse du taux d'escompte de la banque centrale a peu d'influence, les emprunteurs peuvent répercuter cette hausse sur les prix de leurs produits. En période de ralentissement d'inflation, la charge de l'intérêt peut apparaitre si lourde qu'elle aura un effet de ralentissement économique.

ü Déterminants des taux d'intérêt dans les pays de l'UEMOA.

D'une manière générale, malgré la vérification empirique difficile au sein de l'union, il est admis par certains auteurs (S. K. KONAN, juin 2008) par exemple, que la composante tendancielle des taux d'intérêt est déterminée par des données fondamentales de l'économie telles que le taux de rendement du capital des entreprises, les risques associés aux portefeuilles, les incertitudes liées à l'inflation et les indicateurs de l'équilibre entre l'épargne et l'investissement dans le futur à long terme. Pour le court terme, ce sont les décisions de politique monétaire et les chocs associés à l'inflation qui sont essentiellement les facteurs qui pourraient influencer les taux d'intérêt.

ü Anticipations rationnelles, risque et taux d'intérêt.

Les anticipations rationnelles sont l'un des principaux déterminants des taux d'intérêt (B. PATTERSON et K. LYGNERUD, janvier 2001). De manière générale, les épargnants exigent un retour réel sur leurs investissements. Par conséquent, les évolutions dans les prévisions de l'inflation future se répercutent sur le prix actuel des actifs. L'impact sur les obligations à diverses échéances, par exemple, se traduit par des mouvements de la « courbe des rendements ».

Les taux d'intérêt reflètent également divers degrés de risque. Un établissement dont la solvabilité ne fait aucun doute, comme la banque européenne d'investissement par exemple, sera en mesure d'attirer l'épargne à des taux d'intérêt beaucoup plus faibles que les sociétés émettrices d'obligations spéculatives. Les pays à fort endentement auront à payer des taux d'intérêt plus élevés sur les emprunts publics que ceux qui présentent un moindre risque de défaut de payement. La garantie que la « dette souveraine4(*) » serait remboursée à l'échéance a d'ailleurs souvent permis aux administrations publiques d'emprunter à des taux d'intérêt réels négatifs.

I.2. REVUE DES TRAVAUX EMPIRIQUES.

D'une manière générale, il existe très peu d'études empiriques réalisées sur les déterminants des taux d'intérêt surtout dans le cadre de l'UEMOA (REM, juin 2008).

ü Interprétation de la montée des taux d'intérêt réels de l'OCDE.

L'étude de l'OCDE réalisée par A. ORR, E. MALCOM et M. KENNEDY (1995) apparait représentative à l'époque car reflétant la croyance académique, à la fois par ses postulats et ses conclusions. Elle teste une relation de long terme pour 17 pays de l'OCDE qui est en totale conformité avec le paradigme d'équilibre néo-classique sur le marché des capitaux. Ces auteurs ont retenu dans leur modèle comme variables, Rt ; le taux d'intérèt réel tendanciel à long terme (variable expliquée) , ?t ; la mesure du taux de rendement du capital, gdt ; un idicateur de la position d'épargne des administrations publiques par le déficit public ou l'endettement net par rapport au PIB, ât ; une mesure du risque lié à la détention d'un portefeuille d'obligations nationales, c?t ; le solde de la balance des opérations courantes lissé par une moyenne mobile sur cinq ans , ð ; une moyenne à long terme de l'inflation passée et ðe qui correspond à l'anticipation de l'inflation future mesurée à l'aide d'un filtre Hodrick-Prescott.

Au terme de l'étude, les auteurs aboutissent à la conclusion suivante: « Les balances courantes et les déficits publics sont d'importants déterminants des variations des taux d'intérèt réels ».

Cependant, il faut noter qu'à l'issu de l'étude, aucun lien de court terme ne s'est avéré économétriquement pertinent, alors que la théorie économique affirme l'existence d'une relation entre les taux longs et les taux courts. C'est d'ailleurs le résultat auquel est parvenu S. AKHTAR (1994) dans son étude empirique consacrée à l'influence de la politique monétaire sur les taux d'intérèt longs réels aux Etats Unis. L'aboutissement de son travail lui a permis de mettre en évidence une influence positive et significative comprise à long terme entre 1/3 et 2/3 (voire de causalité) entre les taux nominaux courts et longs. Il en est de même pour l'étude de J. B. TAYLOR (1993) qui sera élucidée dans la suite de la présente revue de littérature. Aussi l'utilisation des soldes structurels dans l'estimation du modèle pose-t-elle problème car à long terme, ce sont les soldes budgétaires effectifs qui sont significatifs puisse qu'il s'agit de démontrer l'influence exogène des besoins de financement publics.

ü Dette publique et taux d'intérèt dans le cadre d'un modèle structuraliste.

E. PHELPS (1994) tente d'appuyer empiriquement la thèse selon laquelle la montée de l'endettement public accroit le taux d'intérêt réel mondial, appliquant au monde une logique d'économie fermée. Selon lui, le taux d'intérêt mondial est déterminé par le stock de dette publique, le stock de capital, les dépenses gouvernementales et les variations transitoires du prix du pétrole. L'étude est basée sur 17 pays de l'OCDE et les variables retenues sont les suivant : r; le taux court nominal mondial moins la variation de l'indice des prix à la consommation, rdebtt ; le ratio de dette publique rapporté au PIB mondial, rkt ; le stock mondial de capital rapporté au PIB mondial, rmilt ; la part des dépenses publiques militaires dans le PIB mondial, rgnt ; la part des dépenses publiques civiles dans le PIB mondial, poilt ; l'écart à sa tendance, calculé par une moyenne mobile sur cinq ans du prix réel du pétrole et inflt, la variation de l'inflation mondiale.

Le premier terme est un indicateur de richesse mondiale (rdept + rk). Lorsqu'il s'accroit, la hausse de la consommation induite provoque un déséquilibre sur le marché des capitaux et une hausse des taux d'intérêt réels.

Le second (rk) associe à la hausse de l'accumulation du capital productif, un excès d'offre sur le marché des biens, une baisse relative des prix de consommation, une hausse relative du prix du capital et donc une baisse du rendement du capital.

Les quatrième et cinquième, relatifs aux dépenses publiques testent un lien dont le sens reste largement indéterminé par le modèle théorique. Leur effet sera à priori différent selon qu'il s'agisse de dépenses militaires ou civiles ; les premières étant supposées plus discrétionnaires et d'avantage tournées vers la demande de biens en capital.

Enfin, l'écart entre le prix relatif du pétrole et sa moyenne mobile au cours des cinq années précédentes implique qu'une augmentation transitoire du prix réel du pétrole entraine une baisse de revenu, et compte tenu de l'inertie de la consommation des ménages, une baisse de leur taux d'épargne qui renchérit le coût de l'argent.

A la suite de E. PHELPS (1994), une autre étude réalisée par T. HELBLING et R. WESCOTT (1995) sur le rôle de l'endettement public dans la formation des taux d'intérêt a permis d'aboutir aux résultats suivants:

Selon les relations de cointégration qu'ils obtiennent, une hausse de dette publique mondiale de 1 point de PIB est associée à une hausse du taux d'intérêt court de 0,2 points et une hausse du taux long de 0,13 points, une hausse du rendement du capital de 1 point est associée à une hausse du taux court de 0,66 points et à une hausse du taux long de 0,53 points. T. HELBLING et R. WESCOTT (1995) concluent alors que: « la hausse du niveau de l'endettement public mondial par rapport au PIB depuis le début des années 1980 est le facteur le plus important de la hausse globale des taux d'intérêt ».

Une fois de plus la thèse selon laquelle, la dette publique constitue un facteur explicatif important des taux d'intérêt a été admise.

Pourtant, cette thèse peut être controversée suite à une analyse plus poussée des phénomènes. En tenant compte de la valeur des coefficients, l'explication de l'évolution des taux d'intérêt est dominée avant tout par le niveau de stock de dette publique (l'impact du stock de capital est presque nul lorsque l'on regroupe les termes de l'équation), le niveau des dépenses militaires et l'écart à sa tendance des prix du pétrole. Ces constats permettent de montrer la faiblesse de la preuve empirique de E. PHELPS en observant le graphique utilisé par ce dernier (voir graphique en annexe4).

Le calcul de la variable endogène peut être contesté (voir graphique en annexe4). Les principales inflexions du taux court réel mondial sont avancées d'un an par rapport aux séries communément mesurées.

La baisse des taux réels dans la première moitié des années 1970 relève alors intégralement de la variable ad hoc et surpondérée que constitue le poids des dépenses militaires (voir graphique en annexe4).

S'appuyant sur le prix du pétrole, le modèle parvient à expliquer la hausse des taux en 1979, période où les dettes publiques ne dérivent que pourtant modérément.

Ce n'est qu'à partir de 1982 que la dette publique (voir graphique en annexe4), joue son influence haussière.

Finalement, l'étude laisse penser que la preuve empirique avancée par E. PHELPS apparait comme un assemblage de variables qui se contredisent en ce qui concerne l'influence de la dette publique sur les taux d'intérêt (comparaison des résultats graphiques et de la régression économétrique).

En outre, l'exemple du cas américain de 1979-1992 montre qu'environ deux ans séparent le moment où le taux d'intérêt s'élève brusquement au tournant des années 1979-1980 et celui où le déficit budgétaire s'éloigne fortement et durablement de sa tendance passée (voir graphique en annexe4). Les détentes de la politique monétaire entre 1984 et 1986 et 1986 et 1992 semblent en retour avoir été favorables à des résorptions ultérieures du déficit. Il est donc moins aisé de dégager une liaison (simultanée ou décalée) partant du déficit public et allant vers les taux.

ü Evolution des taux courts américains entre 1987 et 1992.

C'est l'étude réalisée par J.B. TAYLOR (1993). En synthétisant les élasticités caractéristiques issues des estimations économétriques, il aboutit à la formule suivante:

i = 2+ð+0,5Y/Y*+0,5(ð-2), où i est le taux au jour le jour sur les fonds du système fédéral, la constante (2) représente le taux réel d'équilibre de longue période, ð est le taux de croissance en glissement annuel du déflateur du PIB, Y/Y* est l'écart du PIB à sa tendance et (ð-2) représente l'écart de l'inflation courante à une cible définie par la banque centrale estimée à 2%. Les taux courts sont donc des déterminants importants des taux d'intérêt longs.

Les banques de second rang intègrent donc cette équation dans la détermination des taux d'intérêt du marché. Le lien entre les taux courts et les taux longs n'est donc pas à négliger.

ü Liaison entre taux d'intérêt, croissance et dette publique.

O. PASSET (1997) est parvenu à établir une liaison entre le taux d'intérêt, la croissance et la dette publique.

Si le taux d'intérêt réel est supérieur au taux de croissance de l'économie, la persistance d'un déficit primaire n'est pas compatible avec la stabilité du taux d'endettement public.

L'écart de croissance constitue un indicateur synthétique croisant plusieurs fondamentaux qui, en théorie gouvernent la formation des taux d'intérêt. En tant qu'indicateur d'accélération ou de décélération de la croissance, l'écart de croissance peut influencer la formation des taux d'intérêt courts, en particulier si l'on considère que la position dans le cycle, intervient dans la fonction de réaction des banques centrales et que les taux longs sont en partie endogènes aux taux courts. Il peut également être interprété comme un indicateur d'inflation par la demande. Quantifier donc le degré des tensions sur l'offre, permet alors d'isoler une composante de l'inflation anticipée et de ce fait, un facteur influençant la formation des taux nominaux. Enfin, indicateur de rigidité relative de l'offre globale par rapport à la demande, l'écart de croissance peut être considéré comme un détecteur de déséquilibre ex-ante entre l'épargne et l'investissement. En phase haute du cycle économique, il est légitime de suspecter un risque de rareté de l'épargne lorsque l'insuffisance des capacités de production ne permet plus de dégager un revenu en ligne avec la consommation et l'investissement national. Il en résulte alors une hausse des taux d'intérêt.

Il ressort de ce résultat que l'influence de l'écart de croissance sur la formation des taux d'intérêt n'est pas directe. Son influence se ressent directement sur l'épargne et l'investissement ; ce qui permet de déterminer les taux d'intérêt. Une étude économétrique sur des données bien déterminées pourrait rendre plus pertinente de telle étude.

ü Les principales raisons du niveau élevé des taux d'intérêt dans l'UEMOA.

Une récente étude réalisée par D. AW (2010) révèle qu'il existe principalement quatre raisons qui expliquent le niveau élevé des taux d'intérêt dans l'UEMOA:

- Le risque important de défaut de paiement des emprunteurs,

- Le manque de projets bancables,

- L'absence de normes comptables,

- La faiblesse du système judiciaire.

Ce travail qui se veut empirique, comporte des faiblesses car elle fournit très peu d'informations concernant les facteurs déterminants des taux d'intérêt au sein de l'union. L'étude parait plutôt théorique qu'empirique.

ü Les crédits et les taux d'intérêt.

Au niveau financier, il ressort de l'étude réalisée par S. K. KONAN (2008) que les pays de l'UEMOA qui ont enregistré une évolution plus importante des crédits à l'économie, ont tendance à avoir des taux d'intérêt plus faibles. En outre, le risque de défaut de paiement des PME et des particuliers étant présumé plus élevé, fait que ces derniers sont confrontés à des taux d'intérêt plus élevés. Par conséquent, dans les pays où la part relative des crédits alloués aux PME et aux particuliers croit vite, les taux d'intérêt ont tendance à être plus élevés. A l'inverse, lorsque les crédits alloués aux clients présumés plus solvables (Etats, grandes entreprises) augmentent plus vite, les taux sont plus faibles.

Le volume des crédits accordés à l'économie, le risque de défaut de paiement des emprunteurs et la nature de ces derniers (solvables ou non) constituent au sein de l'UEMOA des déterminants clés des taux d'intérêt.

ü Déterminants des taux débiteurs dans l'UEMOA.

L'équation retenue par l'auteur dans le cadre de l'étude sur les déterminants des taux débiteurs au sein de l'UEMOA est la suivante :

lnIDi,t = ?i + á1 lnCEi,t + á2 lnICi,t + á3 lnIPCi,t + á4 lnPIBRHi,t + á5 lnTBDPi,t

+ á6 D1i,t*lnTBDPi,t + á7 D2i,t *lnTBDPi,t8D3i,t *lnTBDPi,t

IDi, t est le taux d'intérêt débiteur nominal du pays i à la période t.

CEi, t le niveau de crédits du système bancaire à l'économie en termes réels, dont la pertinence dans l'explication du taux débiteur est prouvée par le fait que ce dernier est défini par la confrontation entre l'offre et la demande de fonds prêtables.

ICi, t est le taux d'intérêt créditeur.

IPCi, t est l'indice des prix à la consommation.

PIBRHi, t est le PIB réel par habitant.

TBDPi, t est le taux brut de dégradation du portefeuille qui est le ratio du niveau des créances en souffrances et du niveau des crédits octroyés.

D1i, t , D2i,t , D3i,t sont respectivement des variables indicatrices : (i) d'un risque élevé de défaut (appelé aussi risque d'insolvabilité), caractérisant principalement les PME/PMI et les Particuliers,

(ii) d'un faible risque de défaut caractérisant les grandes Entreprises et (iii) d'une absence de risque de défaut, caractéristique de l'Etat, sa signature étant réputée solvable.

Dans cette étude réalisée par la REM (2008), les conclusions suivantes ont été dégagées en ce qui concerne les déterminants des taux d'intérêt débiteurs au sein de l'UEMOA :

Comme attendu, l'inflation accroît significativement le taux d'intérêt. En revanche, l'impact du revenu par habitant n'est pas significatif, ce qui dénote de l'ambiguïté de l'influence du revenu sur le taux d'intérêt.

L'effet du crédit bancaire à l'économie n'est pas significatif mais son signe négatif est conforme aux attentes, c'est-à-dire qu'un accroissement du crédit a tendance à réduire le taux d'intérêt. En outre, le taux créditeur a un effet positif et significatif sur le taux débiteur.

L'influence du taux brut de dégradation du portefeuille (TBDP), qui caractérise ici le risque de crédit, est significative et son signe négatif est révélateur d'un phénomène spécifique aux pays en développement et en particulier à l'UEMOA. Il s'agit du fait que l'effet indirect (négatif) qui consiste à un rationnement du crédit (au profit des demandeurs ayant un risque moins élevé), domine l'effet direct (positif) qui entraîne plutôt une hausse de la prime de risque et donc du taux d'intérêt. Par ailleurs, l'effet indirect s'appréhende mieux en différenciant le risque de crédit suivant les trois types de débiteurs retenus dans l'étude, à savoir: le groupe des PME/PMI et Particuliers, le groupe des Grandes Entreprises et enfin celui représentant l'Etat. Le risque associé à ces deux derniers types de débiteurs, quoique non significatif, est positif, ce qui signifie que l'effet direct est plus lié au risque des Grandes Entreprises et de l'Etat. En revanche, avec un coefficient significatif et négatif, le risque lié aux PME/PMI et aux Particuliers est caractéristique de l'effet indirect. Deux enseignements peuvent est tirés de ces évolutions :

Premièrement, l'effet du risque de crédit global est le reflet du risque dû au groupe PME/PMI et Particuliers qui sont les demandeurs présumés les moins solvables ;

Deuxièmement, la sélection des demandeurs de crédit se fait au profit des agents présumés les plus solvables (Grandes entreprises, Etat) qui bénéficient en général de taux d'intérêt plus bas. Ainsi, face à une dégradation de leur portefeuille, les banques procèdent-elles plus à une sélection des clients selon des critères de solvabilité.

******

Au cours de ce chapitre, nous avons passé en revue la littérature concernant les déterminants des taux d'intérêt. Il en ressort que la politique monétaire, les déficits publics, les chocs pétroliers, l'inflation, l'écart de croissance, les déséquilibres entre l'épargne et l'investissement, le rendement des capitaux des entreprises, les risques, les taux créditeurs, le niveau des crédits, l'objet du crédit et la nature du bénéficiaire du crédit constituent des facteurs explicatifs des taux d'intérêt. Le chapitre suivant de notre étude tentera d'apporter des informations sur la politique monétaire mise en place dans l'UEMOA et de cerner les procédures de détermination des taux débiteurs des établissements de crédit du Burkina Faso.

CHAPITRE II : LA POLITIQUE MONÉTAIRE ET LES TAUX D'INTÉRÈT AU BURKINA FASO.

Dans ce chapitre, il sera question de mettre en exergue la politique monétaire mise en place au sein de l'UEMOA et la façon dont les établissements de crédit burkinabés définissent les taux d'intérêt débiteurs.

II.1. LA POLITIQUE MONÉTAIRE DE LA BCEAO.

Suite à des mutations profondes intervenues en 1973 (l'environnement mondial est devenu incertain du fait de la conjonction de perturbation dans le système monétaire international et la montée des innovations financières), la BCEAO a entrepris des modifications importantes dans sa méthode de gestion de la monnaie. C'est ainsi qu'une nouvelle politique monétaire fut mise en place et entrée en vigueur le 1er juillet 1975. Cette politique monétaire a été le fruit des réflexions menées par la communauté bancaire, les opérateurs économiques, le monde universitaire et certains partenaires de l'extérieur. Trois exigences majeures ont été retenues à l'issu des réflexions menées:

- la réduction du rôle de la monnaie centrale au profit d'une mobilisation accrue de l'épargne intérieure,

- la mise en harmonie des règles de gestion monétaire avec l'organisation de l'activité économique et le cadre de l'environnement international,

- la recherche de mécanismes flexibles de régulation monétaire associant le relâchement des contraintes administratives à un renforcement de la surveillance bancaire dans le cadre d'une libéralisation graduelle du marché du crédit et tenant compte des contraintes spécifiques aux pays de l'UMOA, notamment l'appartenance à une zone ouverte ainsi que la fragilité des structures économiques et financières.

Pour tenir compte des considérations de ce dernier point, les autorités monétaires de l'union ont apporté des aménagements à la politique monétaire lors de leurs sessions extraordinaires du 31 juillet et 1er août 1989 à Lomé. De nouvelles directives de politique générale de la monnaie et du crédit, ainsi que des règles d'intervention de la banque centrale ont donc été adoptées. C'est de là qu'un nouveau dispositif de gestion de la politique monétaire de la BCEAO apparait le 18 Septembre 1989.

ü Nouveau dispositif de gestion de la politique monétaire de la BCEAO.

Il s'agit principalement de changements apportés aux rôles joués par la banque centrale dans la conduite de sa politique monétaire au sein de l'UEMOA. Ce sont :

- Contrôle de la liquidité globale de l'économie.

Il est essentiel pour la BCEAO d'avoir une sauvegarde de la valeur de la monnaie commune pour assurer un financement sain de l'économie. Il importe donc de veiller à la position des réserves de change et à l'équilibre des comptes extérieurs de l'UMOA. A cet égard, la fixation d'avoirs extérieurs minimums nécessaires à une couverture satisfaisante de la monnaie demeure une exigence fondamentale dans la conduite de la politique monétaire et en particulier dans le contrôle de la liquidité globale de l'économie. Les concours de l'Institut d'émission au système bancaire seront soumis, quelle que soit la nature des risques portés par ce dernier, à un plafonnement normatif, tout comme les concours à l'Etat. Le niveau des interventions monétaires de la banque centrale devant être constamment compatible avec les objectifs d'avoirs extérieurs fixés. Mais cette limitation des concours de l'Institut d'émission ne peut, à elle seule permettre une maîtrise satisfaisante du débit monétaire. Il faut donc tenir compte des effets de transmission de l'ensemble des financements bancaires sur la situation des paiements extérieurs et sur l'évolution des prix intérieurs. Ainsi un contrôle rigoureux du crédit intérieur et de ses composantes apparait-il indispensable. Pour ce faire, la BCEAO continuera de recourir durant une période transitoire, à l'encadrement du crédit qui sera remplacé par le système des réserves obligatoires. Malgré ce contrôle de la liquidité des banques, force est de reconnaître qu'elles restent jusqu'à nos jours surliquides. La figure suivante nous donne l'évolution de la liquidité bancaire au sein de l'union :

Graphique2: évolution de la liquidité bancaire des pays de l'UEMOA (en milliards de FCFA)

Source : BCEAO.

Ce graphique montre l'évolution de la liquidité bancaire au sein de l'UEMOA. On remarque une croissance de la courbe de 2007 à juin 2010 reflétant la position de surliquidité des banques des Etats membres de l'union de manière générale. D'ailleurs, des sources révèlent que leurs trésoreries ont demeuré excédentaires sur le quatrième trimestre 2010 et leurs capacités à constituer les réserves sont restées également satisfaisantes (rapport sur la politique monétaire dans l'UEMOA, mars 2011).

- Le contrôle qualitatif du crédit.

La qualité de la distribution du crédit par les banques et les établissements financiers fera l'objet d'une attention particulière. A cet effet, les banques auront à exercer pleinement leurs responsabilités en ce qui concerne la surveillance de la qualité de leurs emplois dans le respect des règles d'orthodoxie financière5(*).

- La politique des taux d'intérêt et la promotion de l'épargne.

Le nouveau dispositif des taux d'intérêt repose sur une politique dynamique et flexible. Les taux de la banque centrale, fixés en fonction des objectifs poursuivis dans l'union et des contraintes de l'environnement extérieur s'articulent comme suit depuis le 02 octobre 1989: le taux du marché monétaire, le taux d'escompte qui est supérieur au taux du marché monétaire pour les concours monétaires de l'Institut d'émission, le taux spécial indexé sur le taux des avances du marché monétaire au jour le jour pour les concours aux Etats prévus par les statuts de l'Institut d'émission.

Les nouvelles conditions de banques reposent désormais sur une grille simplifiée: pour les conditions débitrices ; seul a été fixé un taux plafond qui concerne toutes les catégories de crédit, pour les conditions créditrices ; elles seront fonction notamment de la durée des dépôts ; l'objectif étant de favoriser les placements les plus longs et de consolider l'épargne.

Pour renforcer le dispositif des taux d'intérêt, accroitre les flux financiers vers la zone d'émission de la BCEAO et accélérer le rapatriement des recettes d'exportation, les conditions des transferts émis par les banques ont fait l'objet d'un aménagement substantiel: en particulier ont été supprimés les commissions de transfert à l'entrée et à la sortie payées par les banques à la banque centrale. Par ailleurs, le marché monétaire qui devrait par le passé contribuer à l'utilisation des ressources des Etats membres à l'intérieur de l'UMOA, sera redynamisé. Ainsi sera-t-il organisé le recyclage intégral des ressources avant toute intervention de la monnaie centrale. De plus, les établissements financiers actuellement admis au réescompte seront emprunteurs sur le marché monétaire. Il faut noter également que dans la perspective d'une évolution vers un véritable marché monétaire, les prêts interbancaires seront librement mis en place sous réserve d'en informer la banque centrale à postériori.

La promotion et la mobilisation de l'épargne nécessitent une politique des revenus appropriée, une adaptation des institutions bancaires afin de favoriser l'émergence d'un véritable marché financier.

- La surveillance bancaire.

Des orientations particulières ont été définies par les organes compétents de l'UMOA qui mettent un accent particulier sur la nécessité d'une surveillance rigoureuse des banques et établissements financiers. Le renforcement de l'organisation et du contrôle de l'activité bancaire dans l'UMOA, conduira donc à une modification fondamentale des dispositions actuelles avec notamment la création d'une commission bancaire à l'échelle de l'UMOA.

ü Les règles d'intervention de la banque centrale.

Les interventions de la BCEAO en faveur des Trésors nationaux, comme des banques et des établissements financiers serviront de ressources d'appoint destinées à la couverture des besoins conjoncturels et temporaires de trésorerie. Des règles ont donc été édictées en vue de préserver la flexivité des concours de l'Institut d'émission et d'assurer à ces derniers des contreparties saines par l'exigence d'une solvabilité notoire, aussi bien des institutions de crédit recourant aux concours de la banque centrale que des bénéficiaires des crédits bancaires. Ces règles sont:

- La procédure de refinancement.

Ici, il s'agit de considérer les concours de la banque centrale comme des ressources d'appoint pour la couverture des seuls besoins sains de trésorerie des établissements de crédit. Ainsi dans la limite du maximum d'intervention de la banque centrale en faveur des établissements de crédit fixé par son conseil d'administration, les financements adossés sur des effets déposés en garantie sont-ils effectués à un guichet unique. Sur le marché monétaire, les besoins de trésorerie des banques et établissements financiers sont d'abord couverts par l'utilisation des ressources disponibles sous forme d'avances assorties du taux du marché monétaire. Le recours aux concours monétaires de la banque centrale à son taux d'escompte permet de faire l'appoint.

- Les règles d'admissibilité des crédits au refinancement de la banque centrale.

Les supports aux opérations de refinancement doivent être constitués d'effets ou valeurs garantis par deux signatures notoirement solvables, celle de l'établissement sollicitant le concours de l'Institut d'émission et celle du bénéficiaire du crédit. Aussi tout établissement de crédit, pour être admissible au refinancement, doit-il respecter les ratios prudentiels règlementaires relatifs à la solvabilité, notamment ceux concernant le capital minimum6(*), les fonds propres par rapport aux risques7(*), la division des risques et le coefficient de trésorerie. Si la signature de l'établissement cédant constitue la première garantie du refinancement, il n'en demeure pas moins que la solvabilité de l'entreprise bénéficiaire de crédit ainsi que le bon dénouement des financements constituent les compléments importants à la sécurité des engagements.

Pour ce qui est de la durée des crédits mobilisables, il convient de noter que par le passé, les crédits à court terme d'une durée de deux ans au plus et ceux à moyen terme de deux à dix ans, demeurent mobilisables. Pour encourager le financement des investissements, les nouvelles dispositions prévoient que les crédits à long terme n'ayant plus que 15ans à courir, pourront être mobilisés auprès de l'Institut d'émission. La part mobilisable de tous les crédits, quel que soit leur terme est porté à 90% du montant de l'encours réel. Egalement, la quotité maximale de refinancement en faveur de chaque établissement de crédit reste fixée à 35% des emplois.

- Les conditions de financement de la campagne de commercialisation des produits agricoles locaux.

Les crédits destinés à la commercialisation des produits agricoles locaux sont désormais soumis aux mêmes conditions de financement que les crédits ordinaires: conditions de taux, quotité mobilisable, quotité maximale de refinancement, plafonnement, etc.

- Le financement monétaire des trésors nationaux.

Le financement monétaire des trésors nationaux exerce des pressions sur la monnaie et le crédit, pouvant ainsi conduire à des effets indésirables sur la situation des paiements extérieurs et à une réduction des possibilités d'accès des banques aux refinancements de l'Institut d'émission. Il est donc important d'assurer une maîtrise des concours monétaires aux trésors nationaux. Pour ce faire, trois principales dispositions ont été retenues par la BCEAO : l'indexation des taux applicables à ces financements sur les conditions du marché monétaire ; l'objectif étant d'inciter les Etats à recourir de plus en plus à la mobilisation de ressources financières ; de préférence aux facilités monétaires, la limitation de l'utilisation des concours monétaires aux trésors en fonction des autres sources disponibles de financement des opérations de l'Etat ; tout en contenant cette utilisation dans le plafond statutaire déterminé sur la base des dernières recettes fiscales nationales constatées et le renforcement de la coordination des politiques budgétaires et monétaires. Cela grâce à l'instauration d'une concertation permanente et étroite entre les gestionnaires de ces politiques et d'une façon plus générale à la coordination graduelle de l'ensemble des politiques économiques des Etats membres de l'union.

Voici donc un exposé simplifié de la politique monétaire mise en place par la BCEAO dans sa tache de gestion de la monnaie dans l'UEMOA.

La présente étude s'intéressant aux déterminants des taux d'intérêt, va examiner la politique des taux d'intérêt directeurs et tenter de cerner son impact sur les taux débiteurs appliqués par les établissements de crédit dans le cas particulier du Burkina Faso. En effet, lorsque la BCEAO fait varier ses taux directeurs, c'est dans l'objectif de maîtriser l'inflation et de consolider les réserves de change. Elle vise également à travers cette politique à encourager les initiatives d'investissement nécessaires à la consolidation de l'activité économique. C'est donc à travers cette politique que résultent les changements de la structure des taux d'intérêt débiteurs et partant, des conditions de financement de l'économie dans son ensemble.

Cependant, certaines études réalisées sur l'effet de l'inflation sur la croissance ont conclu que la politique anti-inflationniste de la BCEAO serait à l'origine de la faible croissance dans la zone UEMOA (A. COMBEY et K. NUBUKPO, juin 2010). La figure suivante a été conçue par ces auteurs pour soutenir leur affirmation.

Graphique3 : Inflation - croissance dans la zone UEMOA.

Source: Auteurs sur la base des données de la commission UEMOA.

La figure met en évidence l'évolution du taux de croissance et de l'inflation de la zone UEMOA. Le taux de croissance était au dessus du taux d'inflation jusqu'à l'année 2000 ; ce qui est recherché par la plupart des pays. Mais depuis lors, ces deux grandeurs (inflation et croissance) évoluent en dents de scie.

II.2. LES TAUX DIRECTEURS ET LES TAUX DÉBITEURS.

II.2.1. LES TAUX DIRECTEURS DE LA BCEAO.

ü Le taux d'escompte.

Depuis 1973, la BCEAO utilisait deux taux d'escompte : le taux d'escompte préférentiel et le taux d'escompte normal. Mais à partir de 1980, compte tenu de l'évolution de l'environnement défavorable, (deuxième choc pétrolier, la détérioration des termes de l'échange de l'union etc.), la gestion du marché monétaire avec les taux d'escompte préférentiel et normal n'était plus adaptée. Ainsi en 1989, les deux taux d'escompte ont-ils été remplacés par un taux d'escompte unique qui prévaut jusqu'à nos jours.

Graphique4: évolution du taux d'escompte de 2002 à 2009.

%

Source : Auteur sur la base des données de la BCEAO.

De 2002 à 2006, on note une décroissance de la courbe. Le pic observé en 2008 peut s'expliquer par l'évolution de la conjoncture économique (crise financière de 2008) qui a conduit la BCEAO à relever ce taux pour une éventuelle atténuation des effets pervers.

ü Le taux de pension.

C'est en 1993 que ce taux directeur a vu le jour à la BCEAO. Il s'agit d'un taux intermédiaire entre le taux du marché monétaire et le taux d'escompte.

Graphique5: évolution du taux de pension de 2002 à 2009.

%

Source : Auteur sur la base des données de la BCEAO.

On remarque une décroissance de la courbe de 2002 jusqu'à 2008 mettant en évidence les politiques d'assouplissement des conditions de financement de l'économie mises en place par la BCEAO. Mais avec les problèmes économiques de 2008, un relèvement de ce taux a été observé dans le but de maintenir l'inflation dans « une fourchette raisonnable ».

Ces deux taux directeurs représentés graphiquement sont des taux nominaux. Il en est également de même pour les autres taux directeurs ainsi que les taux débiteurs de base étudiés dans le cadre de la présente étude.

ü Les autres taux directeurs de la BCEAO.

Il existe encore deux taux directeurs utilisés par la BCEAO. Il s'agit du taux moyen mensuel du marché monétaire et le taux marginal des appels d'offres.

Graphique6: Evolution des autres taux directeurs de la BCEAO.

Source : BCEAO.

Le graphique montre l'évolution du taux interbancaire, du taux du guichet de prêt marginal, du taux minimum de soumission et du taux marginal des appels d'offres. Le taux interbancaire et celui marginal des appels d'offres connaissent de fortes variations par rapport aux deux autres (taux du guichet de prêt marginal et taux minimum de soumission).

II.2.2. LES TAUX DÉBITEURS DES ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT.

ü Taux débiteurs des banques commerciales.

D'une manière générale, les pays de l'Afrique Subsaharienne sont caractérisés par une asymétrie d'information8(*) plus grande que dans les pays développés. Dans cette situation, les banques manquent d'éléments pour identifier les risques des projets. Cependant, les risques constituent un élément fondamental dans l'évaluation d'un dossier de crédit. Les banques burkinabés financent difficilement ou avec un taux d'intérêt élevé un projet à haut risque.

Selon elles, les risques sont liés à plusieurs éléments difficiles à maîtriser:

- Au projet lui-même (technique utilisée non fiable) ou aux caractéristiques financières de l'entreprise (surendettement par exemple),

- A une mauvaise anticipation de la demande dans le secteur du projet,

- A la réalisation d'un risque aléatoire,

- Au fait que l'emprunteur ne fournira pas forcément tous les efforts suffisants; ce qui pourrait faire échouer son projet (aléa moral ex ante),

- A la malhonnêteté de l'emprunteur s'il refuse de rembourser la banque alors qu'il a les moyens de le faire (aléa moral ex post).

En plus du facteur risque, les banques tiennent compte également des règles monétaires édictées par la BCEAO, de la durée, de l'objet du crédit et de la nature du client bénéficiaire en générale pour la détermination du taux d'intérêt à appliquer.

Graphique7: Evolution des taux débiteurs des banques de l'UMOA de 1997 à 2007.

Source : AW, calculs effectués à partir des données de PROMES.

On constate à travers ce graphique une légère tendance haussière des taux débiteurs des banques de l'UMOA et une différence entre ces derniers et selon les pays. Le cas particulier du Burkina montre qu'il est le pays qui connait les taux débiteurs les plus élevés durant toute la période.

En effet, deux types de facteurs peuvent être évoqués dans l'explication de ces différentiels de taux. Il s'agit d'une part, de facteurs microéconomiques basés sur le comportement de certaines banques leaders au sein de l'UEMOA, de la forte concentration de l'activité bancaire et de l'imperfection du marché. D'autre part, les différentiels de taux d'intérêt peuvent dépendre de critères macro-économiques et/ou liés à certains éléments globaux du fonctionnement du marché du crédit. En effet, les modèles macroéconomiques traditionnels supposent généralement la parfaite homogénéité des pays membres d'une union monétaire. Cependant, peu d'études analysent avec précision les conséquences de l'hétérogénéité structurelle et conjoncturelle entre les pays membres sur les taux d'intérêt, tant les unions monétaires restent un phénomène rare.

Graphique8: Taux d'intérêt débiteurs selon l'objet du crédit (%).

Source: commission bancaire de l'UEMOA.

Les taux appliqués à la consommation sont les plus élevés en 2006 et 2007. Dans un contexte de pays pauvres, cette situation est défavorable à la croissance puisse que les agents économiques ayant de faibles revenus et ne pouvant pas non plus emprunter (parce le coût de la liquidité est élevé), ne pourront pas augmenter leur consommation et donc la demande reste faible.

ü Taux débiteurs des établissements financiers (IMF).

Des études réalisées sur le comportement des établissements financiers en matière de taux d'intérêt révèlent qu'ils utilisent la formule suivante:

Où I est le taux d'intérêt, FG les frais de gestion, CI les créances irrécouvrables, CR le coût des ressources, K le taux de capitalisation et PP le produit de placement (étude spéciale CGAP, 1997).

On voit bien qu'à travers cette formule, l'intérêt ne peut qu'être lourd pour les emprunteurs. Les IMF la justifient par le fait que leurs ressources sont difficilement mobilisables. En effet, leurs épargnes étant en général insuffisantes, elles finissent par avoir recours à des ressources commerciales au taux du marché généralement auprès des banques commerciales. Ces dernières leur appliquent des taux effectifs de plus de 10% (B. Amadou, 2010), ce qui fait que les IMF sont obligées de pratiquer des taux plus élevés que ceux des banques.

Au niveau du Burkina et de l'UEMOA en général, la problématique est encore plus critique. Les banques acceptent très difficilement de financer les IMF pour plusieurs raisons et l'une de ces raisons est celle de la non éligibilité des dossiers des IMF aux accords de classement de la BCEAO. Ce qui empêcherait une banque commerciale de prêter à une IMF car non seulement son ratio de structure de portefeuille se trouverait dégradé, mais aussi elle serait privée du refinancement de ce crédit de la part de la BCEAO en cas de besoin. Ainsi pour qu'une IMF soit financée par une banque, il lui faut une grande confiance de la part de cette dernière.

Il est clair donc que le taux d'intérêt pratiqué par les établissements financiers du Burkina, soit influencé par le coût des ressources qui est lui même influencé par l'accès au financement de ces derniers. A ces facteurs, s'ajoutent les règles monétaires édictées par la BCEAO à l'égard des IMF.

******

La politique monétaire de la BCEAO a été présentée dans ce chapitre ainsi qu'une description des différents taux d'intérêt. Cependant, le simple inventaire des taux directeurs de la banque centrale et la mise en exergue des procédures de détermination des taux débiteurs ne saurait fournir des informations pertinentes quant à leurs interactions entre eux. C'est-à-dire la nature de la relation qui peut exister entre ces grandeurs (taux directeurs et taux débiteurs). Il apparait alors judicieux de tenter une analyse approfondie des liaisons entre ces grandeurs (taux directeurs de la banque centrale et taux d'intérêt débiteurs des établissements de crédit) par une méthode économétrique, mais avant décrivons notre méthodologie de recherche dans le chapitre qui suivra.

CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Dans le présent chapitre, il est question pour nous de présenter le cadre d'analyse, les instruments d'analyse et la méthodologie d'enquête de notre étude.

III.1. CADRE D'ANALYSE.

Dans le souci de compléter les enseignements des études consultées dans la revue de la littérature de la présente recherche et d'effectuer une évaluation globale des déterminants des taux d'intérêt au Burkina Faso, le modèle théorique des déterminants des taux d'intérêt de J.M. KEYNES a été adopté. Selon ce modèle, les taux d'intérêt sont généralement fixés par le marché de crédit. D'autres facteurs jouent néanmoins un rôle important, notamment la « préférence pour la liquidité » des épargnants. Le taux d'intérêt est déterminé par le niveau de rémunération qu'ils exigent pour bloquer leur agent sur des obligations ou d'autres actifs au lieu de le garder sous forme liquide. Si les épargnants estiment que les prix vont chuter (y compris ceux des actifs financiers), ils conserveront leurs économies bien à l'abri sous leurs matelas. Selon la théorie de la préférence pour la liquidité, les taux d'intérêt fluctuent pour équilibrer la demande et l'offre monétaires. Si la demande augmente, (c'est-à-dire si la préférence est donnée à l'argent liquide par rapport aux titres portant intérêts, ces derniers sont vendus et les obligations chutent) : les taux d'intérêt montent. Inversement, si l'offre de monnaie augmente, les épargnants se tourneront vers les obligations dont les cours progresseront, les taux d'intérêt baissent. La politique monétaire règlementant la demande et l'offre de monnaie constituent donc l'un des déterminants des taux d'intérêt. Selon certains auteurs, en 1980, la réorientation des politiques monétaires a joué un rôle dans la formation des taux d'intérêt de cette époque. Elle a eu une influence momentanée dans la mesure où le ralentissement de la demande de monnaie qui s'en est suivi aurait dû ramener les taux à un niveau moindre (O. BLANCHARD et L. SUMMERS, 1984).

Par contre, cette recherche a une nature explicative des taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les établissements de crédit. Elle va donc se référer aux théories explicatives des taux d'intérêt. Plus précisément, elle se réfère aux théories des mécanismes de transmission de la politique monétaire. Une distinction est faite au sein de ces théories entre les mécanismes de transmission de la politique monétaire par le « canal monétaire » et par le « canal du crédit » (au sens large ou au sens strict).

Le « canal monétaire » qui décrit les effets des modifications des taux d'intérêt sur l'économie réelle ne sera pas le cadre privilégié ici. Il s'en suit donc que c'est le « canal du crédit » qui sera retenu dans le cadre de cette recherche. Il décrit les influences de la politique monétaire sur les taux d'intérêt. Cependant, il faut noter que cette théorie n'est qu'une extension du modèle keynésien à prix fixe et en économie fermée connu sous le nom du modèle IS-LM. Autrement dit, c'est une conséquence de la politique monétaire évoquée par J. M. KEYNES dans ce modèle. La politique monétaire dans le modèle IS-LM constitue donc une base théorique pour la présente étude. Cette politique a graphiquement pour conséquence de provoquer des déplacements de la courbe LM qui représente l'équilibre sur le marché de la monnaie. Ces déplacements entrainent une baisse des taux d'intérêt dans le cas d'une politique monétaire expansive et une hausse dans le cas d'une politique restrictive.

Selon la théorie du « canal du crédit » (au sens large comme au sens strict), la politique monétaire agit sur la demande agrégée non seulement par ses effets directs sur le taux d'intérêt, mais aussi parce qu'elle affecte l'offre de crédit bancaire (B. BERNANKE et A. BLINDER, 1988 ; 1992).

Dans sa version stricte, l'augmentation de l'offre de monnaie accroit les dépôts collectés par les institutions financières (c'est-à-dire leur passif): les établissements de crédit ont alors l'opportunité de développer leur offre de crédit (c'est-à-dire leur actif).

Dans sa version large, une baisse des taux d'intérêt accroit l'offre de crédit aux agents non financiers via l'augmentation de la richesse nette des emprunteurs potentiels (qui constitue autant de garantie pour le prêteur en cas de défaillance de l'emprunteur) et leur solvabilité (A. KASHYAP et J. STEIN, 1993).

III.2. INSTRUMENTS D'ANALYSE.

ü Modèle théorique.

Le principal instrument utilisé par la BCEAO dans la conduite de sa politique monétaire est l'ensemble de ses taux directeurs. En général, elle les utilise pour la régulation de la liquidité bancaire. Or l'abondance ou le manque de liquidité bancaire a des effets indéniables sur la formation des taux d'intérêt débiteurs.

En outre des taux directeurs de la banque centrale, la théorie économique dénonce également l'existence d'une multitude d'autres facteurs explicatifs des taux d'intérêt qui peuvent être entre autre le taux d'inflation, le déficit public, les anticipations rationnelles, les risques etc.

La présente étude essaie de cerner les effets des taux directeurs de la banque centrale et du taux d'inflation sur les taux débiteurs au Burkina. Ainsi la description théorique et la justification du choix de ces variables peuvent-elles se faire de la façon suivante :

- Le taux d'escompte.

Selon la théorie, l'influence du taux de l'escompte se fait principalement sentir sur les taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les banques commerciales. Il sert en fait de base pour la détermination des dits taux par ces banques. Celles-ci calculent leurs taux en s'appuyant sur le taux d'escompte auquel elles ajoutent diverses commissions et primes de risque (J.L. BAILLY, 2006). Le taux d'escompte a donc un effet positif sur les taux d'intérêt débiteurs.

- Le taux de prise en pension.

La différence entre le taux de pension et celui de l'escompte est la durée et le caractère définitif ou temporaire de l'opération. C'est le second principal taux directeur de la BCEAO. Théoriquement, son effet s'avère positif sur les taux d'intérêt des établissements de crédit qui se refinancent à ce taux au près de la banque centrale.

- Le taux moyen mensuel du marché monétaire (injection de liquidité à une semaine).

C'est le taux en vigueur sur le marché monétaire de l'UEMOA qui a vu le jour depuis le 02 octobre 1989. Pour un établissement de crédit qui se refinance sur ce marché, il tiendra compte de ce taux pour la définition de son taux d'intérêt débiteur applicable à sa clientèle. Il devrait donc influencer positivement les taux débiteurs des établissements de crédit.

- Le taux marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une semaine).

Les établissements de crédit peuvent se refinancer également à ce taux, ils le considèrent également comme base pour la détermination de leurs taux débiteurs. Son influence attendue est aussi positive comme dans le cas précédent.

D'une manière générale, les théories (J.L. BAILLY, 2006) et certaines études empiriques (S. AKHTAR, 1994) stipulent que les taux directeurs des banques centrales ont des impacts positifs sur les taux d'intérêt débiteurs appliqués par les banques commerciales. Le choix des taux directeurs comme variables dans notre étude s'avère donc intéressant dans la mesure où elle pourra attirer l'attention des autorités monétaires sur l'utilisation de ces taux.

- Le taux d'inflation.

L'atteinte d'un niveau d'inflation bas est l'un des principaux objectifs de la politique monétaire de la BCEAO. Lorsque des pressions inflationnistes se font sentir au sein de l'UEMOA, elle se sert de ses taux directeurs pour un retour vers un taux bas. C'est d'ailleurs dans cette optique que le niveau du taux d'inflation fait l'objet d'un critère de convergence de premier rang de l'union (chaque pays de l'union doit avoir un taux d'inflation annuel = 3%). Il est donc nécessaire d'évaluer l'impact de cette variable sur la formation des taux d'intérêt débiteurs dans le contexte burkinabé. Elle a une influence négative sur les taux d'intérêt réel. Ce comportement théoriquement justifié pour des taux d'inflation faibles a été observé dans les pays occidentaux durant ces vingt dernières années (J.F. LOUE, 1996).

Le choix de cette variable dans le cadre de la présente étude s'est opéré sur la base des explications que donnent les théories économiques quant à la formation des taux d'intérêt et à cause de l'importance que lui accorde la BCEAO dans la conduite dans sa politique monétaire. En effet selon certaines théories, cette variable contribue positivement à la formation des taux d'intérêt débiteurs nominaux pratiqués par les banques commerciales sur les crédits accordés à leurs clientèles.

Tableau1: synthèse des variables retenues pour le modèle et leur signe attendu.

Variable expliquée

Variables

Explicatives

id

Nature de la variable

Signe attendu

es

Quantitative

+

tp

Quantitative

+

tmm

Quantitative

+

tms

Quantitative

+

pi

Quantitative

+

Source: construction de l'auteur.

id est le taux d'intérêt débiteur de base des établissements de crédit burkinabés ; es, le taux d'escompte ; tp, le taux de prise en pension ; tmm, le taux moyen mensuel du marché monétaire (injection de liquidité à une semaine) ; tms, le taux marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une semaine) et pi est le taux d'inflation.

ü Modèle empirique

Dans le cas du Burkina Faso, l'évaluation des déterminants des taux d'intérêt débiteurs peut être donc faite grâce à l'équation suivante:

idt = â0 + â1est + â2tpt + â3tmmt + â4tmst + â5pit + åt

id est le taux d'intérêt débiteur nominal de base pratiqué par les établissements de crédit du pays ; es, tp, tmm, tms, sont respectivement le taux d'escompte, le taux de prise en pension, le taux moyen mensuel du marché monétaire (injection de liquidité à une semaine) et le taux marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une semaine) de la BCEAO, pi le taux d'inflation et å, le terme d'erreur. â1, â2, â3, â4 et â5 sont les paramètres associés aux variables. â0 est la constante. Ces variables ont été retenues pour la présente étude à cause d'une part, de leur importance dans la formation des taux d'intérêt et d'autre part de la disponibilité des données.

Ce modèle d'étude des déterminants des taux débiteurs s'est inspiré de celui utilisé par la REM (juin, 2008). En effet, l'une des variables explicatives dans ce dernier modèle est le taux d'inflation qui fait aussi l'objet d'une variable explicative dans le notre. Cependant, notre modèle diffère tout de même de cellui de la REM, car il intègre les effets des taux directeurs de la BCEAO sur les taux d'intérêt débiteurs en plus de ceux de l'inflation dont ce dernier avait tenu compte, et c'est dans le cas particulier du Burkina Faso.

La période de l'étude est comprise entre 2007 et mi 2011 avec 54 observations.

Les données utilisées proviennent principalement de deux sources: la BCEAO et l'UEMOA. Celles relatives aux taux directeurs et aux taux débiteurs de base proviennent précisément des bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières (bmsf) de la BCEAO. Les données sur les taux d'inflation (IHPC) ont été obtenues à partir du site de l'UEMOA.

III.3. LES TESTS APPLICABLES AU MODÈLE.

ü Test de stationnarité des variables: test ADF.

Le test de stationnarité de Dickey et Fuller Augmenté (1981) sera appliqué à notre équation. Les résultats obtenus permettront de juger de la stationnarité de chaque variable retenue pour l'étude. Les hypothèses de ce test sont:

H0 : présence de racine unitaire (non stationnaire),

H1 : absence de racine unitaire (stationnaire).

Lorsque la statistique calculée est supérieure ou égale à la valeur critique, on rejette l'hypothèse H1 au profit de H0.

ü Test d'hétérocédasticité de White.

C'est un test général qui s'applique aussi bien aux modèles en coupe instantanée qu'aux modèles en série temporelle. Il nous permet de détecter une éventuelle hétéroscédasticité des termes d'erreurs. Autrement dit, il permet de vérifier la constance de la variance des erreurs sur les différentes observations.

Les hypothèses du test sont :

H0: modèle homocédastique,

H1: modèle hétéroscédastique.

Si les deux probabilités sont supérieures au seuil á, les erreurs sont homocédastiques ; c'est-à-dire qu'on accepte H0. Par contre, si elles sont inférieures ou égales à á, c'est l'hypothèse H1 qui est acceptée.

ü Test d'auto corrélation des termes d'erreurs.

Il s'agit du test de Breusch- Godfrey qui est utilisé ici et qui permet de détecter l'auto corrélation d'ordre (p) des termes d'erreurs. Les hypothèses de ce test sont:

H0: erreurs non corrélées,

H1: erreurs corrélées.

Si les probabilités associées sont supérieures au seuil de décision á, on accepte l'hypothèse de non corrélation des termes d'erreurs, c'est-à-dire H0. Dans le cas contraire on accepte H1.

ü Test de spécification du modèle.

C'est le test de Ramsey RESET qui permet de savoir si le modèle est bien spécifié ou non. Les hypothèses sont :

H0 : modèle bien spécifié

H1 : modèle mal spécifié

Lorsque les valeurs des deux probabilités sont toutes supérieures au seuil á, on accepte l'hypothèse nulle selon laquelle le modèle est bien spécifié. Dans le cas contraire, c'est l'hypothèse de la mauvaise spécification du modèle qui est acceptée. En cas de mauvaise spécification du modèle, il faut procéder par une élimination ou un ajout de variables explicatives pour résoudre le problème.

ü Test de significativité du modèle.

Ce test peut être réalisé avec les statistiques de Student ou de Fisher. Dans le cadre de notre étude, c'est la probabilité de Fisher qui est utilisée et qui va nous permettre d'apprécier la significativité globale du modèle.

ü Test de stabilité du modèle.

C'est à l'issu de ce test que se font les prévisions économiques, une fois le modèle stable. Le test CUSUM et CUSUM carré feront l'objet d'usage dans la présente étude pour évaluer la stabilité de notre modèle.

ü Test de normalité des erreurs.

Jarque et Bera sont les auteurs qui ont inventé ce test pour vérifier la normalité des erreurs d'un modèle. Les critères de décision sont de telle sorte que lorsque toutes les probabilités sont supérieures au seuil que l'on se fixe, on conclut que les erreurs suivent une loi normale.

ü Test de cointégration des variables.

Ce test n'est valable que lorsque les variables sont intégrées du même ordre selon Engel et Granger qui s'effectue sur les résidus du modèle en vue d'apprécier leur stationnarité. Si les résidus sont stationnaires alors il ya cointégration des variables et il faut la corriger par l'estimation d'un modèle à correction d'erreur. Il peut également être réalisé grâce au test de Johansen qui porte sur le rang d'intégration des séries et c'est ce dernier qui sera utilisé dans notre étude.

III.4. MÉTHODOLOGIE D'ENQUÊTE.

Cette étude porte sur les taux d'intérêt débiteurs nominaux de base pratiqués par les établissements de crédit du Burkina Faso. L'échantillon est donc l'ensemble de ces établissements qui est constitué de 12 banques et de 4 établissements financiers.

Notre enquête s'est déroulée de la façon suivante :

- Des entretiens réalisés avec des cadres des établissements de crédit de la place durant un mois. Ces entretiens nous ont permis de cerner les procédures de détermination des taux d'intérêt débiteurs au sein des établissements de crédit,

- Trois mois de recherche et d'entretiens avec certains cadres au niveau de la BCEAO ont prévalu pour la récolte des données retenues dans le cadre de notre étude.

******

Une description théorique des variables retenues a été faite dans ce chapitre. Il en est de même pour les tests économétriques appropriés à notre modèle. Les résultats et leurs interprétations feront l'objet du chapitre qui suit.

CHAPITRE IV : RESULTATS ET INTERPRETATIONS

Les résultats auxquels nous sommes parvenus sont exposés et interprétés dans le présent chapitre.

IV.1. RÉSULTATS DES DIFFÉRENTS TESTS.

Le seuil fixé dans le cadre de la présente étude pour la prise des décisions est á = 5%.

ü Tests de racine unitaire.

Tableau2: test ADF sur la variable dépendante id.

ADF Test Statistic

-2.812181

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(ID)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

ID (-1)

-0.283355

0.100760

-2.812181

0.0071

D (ID (-1))

0.111030

0.143025

0.776298

0.4414

C

3.318030

1.180205

2.811401

0.0071

@TREND(1)

-0.006231

0.004342

-1.435225

0.1577

Source: test ADF réalisé par l'auteur avec le logiciel EVIEWS.

Ce résultat montre que la variable id n'est pas stationnaire car la statistique du test ADF est supérieure au seuil critique á = 5%. Le trend n'étant pas significatif, il s'agit donc d'un processus stochastique à tendance stochastique ou processus DS. Sa stationnarisation nous dira s'il est avec ou sans dérive.

Pour stationnariser un processus DS, on utilise une technique dite de filtre aux différences, c'est-à-dire la différenciation, d'où le nom de processus DS (Differency Stationnary).

Cette technique sera utilisée pour stationnariser toutes les variables qui apparaitront comme des processus DS dans la suite de l'étude de la stationnarité des variables retenues.

Tableau3: test ADF en différence première de id.

ADF Test Statistic

-5.184194

1% Critical Value*

-2.6081

 
 

5% Critical Value

-1.9471

 
 

10% Critical Value

-1.6191

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable : D (ID, 2)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

D (ID (-1))

-1.033534

0.199362

-5.184194

0.0000

D (ID (-1), 2)

0.004755

0.139763

0.034023

0.9730

Source : test ADF en différence première réalisé par l'auteur.

Le test ADF en différence première rend la variable id stationnaire car la statistique du test est inférieure au seuil á de 5%. Elle est donc intégrée d'ordre 1. Id ~I(1) et est un processus DS sans dérive car la constante n'étant plus significative.

Tableau4: test ADF sur la variable explicative es.

ADF Test Statistic

-2.170353

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(ES)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

ES (-1)

-0.096973

0.044681

-2.170353

0.0350

D(ES (-1))

0.539648

0.123145

4.382204

0.0001

C

0.494274

0.216599

2.281977

0.0270

@TREND(1)

0.003006

0.002381

1.262352

0.2129

Source : test ADF réalisé par l'auteur sur EVIEWS.

Elle est non stationnaire et son trend non significatif, il s'agit donc d'un processus DS. Il faut donc la stationnariser.

Tableau5 : test ADF en différence première de es.

ADF Test Statistic

-4.949747

1% Critical Value*

-2.6081

 
 

5% Critical Value

-1.9471

 
 

10% Critical Value

-1.6191

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(ES, 2)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

D(ES (-1))

-0.666667

0.134687

-4.949747

0.0000

D(ES (-1), 2)

0.333333

0.134687

2.474874

0.0168

Source : test ADF en différence première réalisé par l'auteur.

La variable es devient stationnaire après sa différenciation première ; elle est donc intégrée d'ordre 1. es~I(1) et sans dérive.

Tableau6: test ADF sur la variable tp.

ADF Test Statistic

-2.379640

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(TP)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

TP (-1)

-0.104026

0.043715

-2.379640

0.0214

D (TP (-1))

0.545916

0.120422

4.533354

0.0000

C

0.460499

0.191796

2.400982

0.0203

@TREND(1)

-0.000305

0.000549

-0.555265

0.5813

Source: test ADF réalisé par l'auteur.

La variable tp est non stationnaire avec un trend non significatif. C'est un processus DS. La constante est significative, mais nous verrons si elle le restera après sa stationnarisation.

Tableau7 : test ADF en différence première de tp.

ADF Test Statistic

-4.949747

1% Critical Value*

-2.6081

 
 

5% Critical Value

-1.9471

 
 

10% Critical Value

-1.6191

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D (TP, 2)

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

D (TP (-1))

-0.666667

0.134687

-4.949747

0.0000

D (TP (-1), 2)

0.333333

0.134687

2.474874

0.0168

Source : test ADF en différence première réalisé par l'auteur.

tp est stationnaire après sa différenciation première. Elle est intégrée d'ordre 1 et est sans dérive. tp ~I(1).

Tableau8: test ADF sur tmm.

ADF Test Statistic

-3.143423

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(TMM)

Included observations: 52 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

TMM (-1)

-0.337374

0.107327

-3.143423

0.0029

D (TMM (-1))

0.104537

0.133596

0.782490

0.4378

C

1.335212

0.445799

2.995097

0.0043

@TREND(1)

-0.004736

0.002884

-1.642248

0.1071

Source : test ADF réalisé par l'auteur.

Il ya non stationnarité de la variable tmm car la statistique du test ADF est supérieure au seuil á = 5%. Son trend est non significatif ; il s'agit d'un processus DS. Procédons à sa stationnarisation.

Tableau9: test en différence première de tmm.

ADF Test Statistic

-7.098535

1% Critical Value*

-2.6081

 
 

5% Critical Value

-1.9471

 
 

10% Critical Value

-1.6191

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D (TMM, 2)

Method: Least Squares

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

D (TMM (-1))

-1.336102

0.188222

-7.098535

0.0000

D (TMM (-1), 2)

0.269492

0.129174

2.086270

0.0422

Source : test ADF en différence première réalisé par l'auteur.

Le processus est stationnaire dès sa première différenciation. Il est intégré d'ordre 1 et est sans dérive. tmm ~I(1).

Tableau10: test ADF sur tms.

ADF Test Statistic

-2.994842

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(TMS)

Method: Least Squares

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

TMS (-1)

-0.368504

0.123046

-2.994842

0.0043

D (TMS (-1))

0.013492

0.144307

0.093494

0.9259

C

1.484637

0.507879

2.923210

0.0053

@TREND(1)

-0.005584

0.003314

-1.685336

0.0984

Source: test ADF réalisé par l'auteur.

tms n'est pas stationnaire et son trend non significatif. Elle est donc un DS. Effectuons le test ADF sur sa différence première pour voir si elle deviendra stationnaire ou non.

Tableau11: résultat du test en différence première de tms.

ADF Test Statistic

-7.880078

1% Critical Value*

-2.6081

 
 

5% Critical Value

-1.9471

 
 

10% Critical Value

-1.6191

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D (TMS, 2)

Method: Least Squares

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

D (TMS (-1))

-1.600150

0.203063

-7.880078

0.0000

D (TMS (-1), 2)

0.369374

0.132860

2.780167

0.0077

Source: test ADF en différence première réalisé par l'auteur.

Processus stationnaire après la différenciation première. Il s'agit alors d'un processus DS sans dérive. tms ~I(1).

Tableau12 : Test ADF sur pi.

ADF Test Statistic

-4.963127

1% Critical Value*

-4.1420

 
 

5% Critical Value

-3.4969

 
 

10% Critical Value

-3.1772

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(PI)

Method: Least Squares

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

PI (-1)

-0.993990

0.200275

-4.963127

0.0000

D (PI (-1))

0.015282

0.141344

0.108123

0.9143

C

0.676048

0.377443

1.791125

0.0796

@TREND(1)

-0.012718

0.011640

-1.092631

0.2800

Source : test ADF réalisé par l'auteur.

La variable pi est stationnaire avec une constante et un trend non significatifs. Il s'agit donc d'un DS sans dérive.

Toutes les variables sont non stationnaires et intégrées d'ordre 1 car leur différenciation première est stationnaire, à l'exception de la variable taux d'inflation (pi) qui est stationnaire. Pour s'assurer de la non cointégration des variables, l'on doit faire un test de cointégration. Nous choisissons dans le cas de notre étude, le test de cointégration de Johansen qui est adapté.

ü test de cointégration de Johansen.

Tableau13: résultat du test.

Series: DID DES DTP DTMM TMS PI

Lags interval: 1 to 1

 

Likelihood

5 Percent

1 Percent

Hypothesized

Eigenvalue

Ratio

Critical Value

Critical Value

No. of CE(s)

0.724572

176.0335

82.49

90.45

None **

0.493512

110.2726

59.46

66.52

At most 1 **

0.459025

75.57967

39.89

45.58

At most 2 **

0.409144

44.24615

24.31

29.75

At most 3 **

0.286131

17.41081

12.53

16.31

At most 4 **

0.004323

0.220926

3.84

6.51

At most 5

*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%) significance level

L.R. test indicates 5 cointegrating equation(s) at 5% significance level

Source : test de Johansen réalisé par l'auteur.

Le rang de cointégration est 5, on accepte donc l'hypothèse de cointégration des variables. On se doit dès lors d'estimer un modèle à correction d'erreur.

IV.2. MODÈLE À CORRECTION D'ERREUR(MCE).

Il existe deux méthodes d'estimation du MCE. Dans le cadre de notre étude, la méthode à la Hendry sera utilisée. Le modèle à correction d'erreur qui sera estimé dans le logiciel EVIEWS est donc le suivant :

Didt = â0 + â1 (D (es)) t + â2 (D (tp)) t + â3 (D (tmm)) t + â4 (D (tms)) t

+ â5 (id (-1)) t + â6 (es (-1)) t + â7 (tp (-1)) t + â8 (tmm (-1)) t

+ â9 (tms (-1)) t + â10 pit + ut

Avec â1, â2, â3 et â4 les paramètres de court terme à estimer. â5 est appelé coefficient de correction d'erreur ou force de rappel vers l'équilibre et il doit être différent de l'unité et négatif. â6 , â7, â8, â9 et â10 les paramètres de long terme.

ü Résultat de l'estimation du MCE.

Tableau14 : estimation du MCE.

Dependent Variable: D(ID)

Method: Least Squares

Sample (adjusted): 2 54

Included observations: 53 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

7.255856

2.325702

3.119856

0.0033

D(ES)

-1.986410

0.424387

-4.680652

0.0000

D(TP)

1.204847

1.281936

0.939865

0.3527

D(TMM)

-1.055396

0.353837

-2.982715

0.0047

D(TMS)

0.871538

0.308639

2.823810

0.0072

ID (-1)

-0.541179

0.130097

-4.159820

0.0002

ES (-1)

-0.418551

0.140266

-2.983992

0.0047

TP (-1)

0.480972

0.468254

1.027159

0.3102

TMM (-1)

-1.099669

0.361990

-3.037840

0.0041

TMS (-1)

0.860367

0.348602

2.468052

0.0177

PI

-0.010373

0.036239

-0.286224

0.7761

R-squared

0.656630

Mean dependent var

-0.006226

Adjusted R-squared

0.574876

S.D. dependent var

0.437617

S.E. of regression

0.285333

Akaike info criterion

0.512153

Sum squared resid

3.419428

Schwarz criterion

0.921081

Log likelihood

-2.572051

F-statistic

8.031715

Durbin-Watson stat

2.218580

Prob (F-statistic)

0.000000

Source : estimation par le logiciel EVIEWS.

Le taux d'escompte (es) ; le taux moyen mensuel du marché monétaire et le taux marginal des appels d'offres sont les variables significatives car leurs probabilités sont toutes supérieures au seuil á de 5% fixé dans le cadre de la présente. Par contre le taux de prise en pension et le taux d'inflation ne sont pas significatives car leurs probabilités étant inférieures à á.

ü Résultats des tests applicables au MCE après régression.

- Test d'auto corrélation des termes d'erreurs de Breusch- Godfrey.

Tableau15: LM test.

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic

0.555183

Probability

0.578326

Obs*R-squared

1.431499

Probability

0.488826

Source : test LM réalisé par l'auteur.

L'hypothèse de non corrélation des termes d'erreurs est acceptée car les deux probabilités sont toutes supérieures au seuil á de 5%. Les estimations obtenues par les moindres carrés ordinaires (MCO) sont donc optimales (BLUE).

- Test de Fisher:

Le modèle MCE est globalement significatif car la probabilité du Fisher est inférieure au seuil de 5%.

- Test de normalité de Jarque et Bera.

Tableau16: résultat du test.

Jarque-Bera

847.7633

958.0818

232.0130

2.692760

42.59754

51.92208

Probability

0.831000

0.722500

0.876400

0.0620180

0.125123

0.974210

Source : auteur grâce au logiciel EVIEWS.

Les probabilités étant toutes supérieures au seuil de 5%, les erreurs du modèle MCE suivent une loi normale.

- Test CUSUM de stabilité (Brown, Durbin, Ewans)

Graphique9: résultat du test.

Source : Auteur grâce au logiciel EVIEWS.

La courbe ne coupe pas le corridor : le modèle à correction d'erreur est structurellement stable.

- Test CUSUM carré de stabilité (Brown, Durbin, Ewans).

Graphique10: résultat du test CUSUM carré

Source : Auteur grâce au logiciel EVIEWS.

Le modèle MCE est conjoncturellement stable car la courbe ne coupe en aucun point le corridor.

- Test de spécification du modèle.

Tableau17: résultat du test de spécification.

Ramsey RESET Test:

F-statistic

34.59323

Probability

0.842400

Log likelihood ratio

53.22141

Probability

0.751380

Source : auteur grâce au logiciel EVIEWS.

Le modèle MCE est bien spécifié.

- Test de White.

Tableau18: résultat du test de White.

White Heteroskedasticity Test:

F-statistic

22.36437

Probability

0.224681

Obs*R-squared

48.87226

Probability

0.800112

Source : auteur par le logiciel EVIEWS.

Les erreurs du modèle MCE sont homocédastiques.

IV.3. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS.

Parmi les variables retenues pour l'étude, seulement les variables taux de prise en pension (tp) et taux d'inflation (pi) ne sont pas significatives. Quant à la constante, elle est significative. Ce qui peut s'expliquer par la non prise en compte d'autres variables explicatives dans la présente étude que nous essaierons de cerner dans la mesure du possible au cours de la poursuite de notre thème au troisième cycle.

Le coefficient â5 (force de rappel vers l'équilibre) est le coefficient de correction d'erreur. Il est négatif (-0,541179) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de Student est supérieur à 1,96 en valeur absolue). Il existe donc bien un mécanisme à correction d'erreur: à long terme, les déséquilibres entre les taux débiteurs de base des établissements de crédit du Burkina Faso, les taux directeurs de la BCEAO et le taux d'inflation se compensent de sorte que les deux séries ont des évolutions similaires.

â5 représente la vitesse à laquelle tout déséquilibre entre les niveaux désirés et effectifs des taux débiteurs de base est résorbé dans le mois qui suit tout choc.

â5 = -0,541179 signifie qu'on arrive à ajuster 54,1% du déséquilibre entre le niveau désiré et celui effectif des taux d'intérêt débiteurs de base. 54,1% des effets d'un choc intervenu un mois donné sont résorbés dans le mois qui suit.

Ainsi, les chocs sur les taux débiteurs de base au Burkina Faso se corrigent-ils à 54,1% par l'effet de « feed back9(*) ». Autrement dit, un choc constaté au cours d'un mois est entièrement résorbé au bout de 1 mois et 8 jours (1/0,541 mois = 1,848 mois).

L'estimation d'un MCE nous amène à conclure donc que le taux d'escompte, le taux moyen mensuel du marché monétaire, le taux marginal des appels d'offres, le taux de prise en pension et le taux d'inflation ont des impacts positifs sur les taux d'intérêt débiteurs du Burkina Faso. Les signes attendus des différentes variables explicatives selon la théorie économique ont été donc vérifiés dans le cadre de notre étude.

R2 = 0,656630 ce qui signifie que 65,66% des fluctuations des taux débiteurs courants au niveau du Burkina Faso (de la période t) sont expliquées par les taux débiteurs de la période précédente (t-1) et les taux directeurs courants de la BCEAO.

Au Burkina Faso, les déterminants des taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les établissements de crédit sont donc principalement les taux directeurs de la BCEAO (le taux d'escompte, le taux moyen mensuel du marché monétaire et le taux marginal des appels d'offres).

Autrement dit, c'est la politique monétaire de la banque centrale qui gouverne la formation des taux débiteurs de base au niveau de notre pays.

Les résultats de notre étude peuvent être considérés comme la confirmation de certaines théories monétaristes selon lesquelles les taux directeurs influencent fortement les taux d'intérêt bancaires. C'est le cas par exemple de la théorie des mécanismes de transmission de la politique monétaire avec les auteurs comme B. BERNANKE et A. BLINDER, 1988 ;

1992. Ils sont également une confirmation des travaux empiriques (S. AKHTAR, 1994 et J.B. TAYLOR, 1993) selon lesquels il existerait une relation entre les taux courts et longs dans le cas précis du Burkina Faso.

Cependant, l'étude contredit les interprétations des niveaux des taux d'intérêt de l'année 1980 dans les pays de l'OCDE réalisées par les auteurs comme A.ORR, E. MALCOME et M. KENNEDY en 1995. En effet selon ces interprétations, la politique monétaire n'avait pas joué un grand rôle dans la formation de ces dits taux. Elle contredit également les résultats de l'étude de la REM (2008) où le taux d'inflation avait un impact significatif et positif sur les taux débiteurs des pays de l'UEMOA. Ce qui peut s'expliqué par les différences du niveau de développement financier des pays membres de l'union.

IV.4. CALCUL D'IMPACTS DES VARIABLES ET PRÉVISION.

ü Elasticités de court terme.

Tableau19: élasticités de court terme.

Variables

es

tmm

tms

Elasticités

-1,03976694

-0,3434199

0,28553017

Source : Auteur sur la base des données de la BCEAO.

A court terme, une augmentation du taux d'escompte et du taux moyen mensuel du marché monétaire de la BCEAO de 1% entraine respectivement une baisse des taux débiteurs de base de 1,03% et de 0,34%. Quant au taux marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une semaine), son augmentation de 1% entraine une augmentation des taux débiteurs de base de 0,28%.

ü Elasticités de long terme.

Tableau20: élasticités de long terme.

Variables

es1

tmm1

tms1

Elasticités

0,40286335

0,66705851

-0,52286809

Source : Auteur sur la base de données de la BCEAO.

A long terme, une augmentation du taux d'escompte et du taux moyen mensuel du marché monétaire de la BCEAO de 1% entraine respectivement une augmentation des taux débiteurs de base de 0,40% et de 0,66%. Tandis qu'une augmentation du taux marginal des appels d'offres (injection de liquidité à une semaine) de 1% engendre une baisse des taux débiteurs de base de 0,52%.

Nous pouvons donc retenir qu'à court, les établissements de crédit du Burkina Faso utilisent le taux marginal des appels d'offres pour la détermination des taux d'intérêt débiteurs de base, tandis qu'à long terme, ce sont, le taux d'escompte et le taux moyen mensuel du marché monétaire qui sont utilisés. C'est d'ailleurs à ces taux (taux marginal des appels d'offre pour le court terme, le taux d'escompte et le taux moyen du marché monétaire pour le long terme) que les établissements de crédits burkinabés se refinancent en général auprès de la BCEAO.

La stabilité de notre modèle étant confirmée (cf tests CUSUM et CUSUM carré), nous pouvons donc faire une prévision sur l'évolution des taux débiteurs de base au niveau du Burkina Faso.

ü Prévision sur un horizon de six mois.

Tableau21: prévision

Sample: 1 54

Included observations: 54

Method: Single Exponential

Original Series: ID

Forecast Series: IDSM

Parameters:

Alpha

0.9700

Sum of Squared Residuals

9.981373

Root Mean Squared Error

0.429931

End of Period Levels:

Mean

10.77754

Source: prévision réalisée sur EVIEWS par l'auteur.

Ainsi, six mois après la période retenue pour l'étude (soit la fin de 2011), le taux d'intérêt débiteur de base des établissements de crédit s'affichera-t-il à 10,77754% au Burkina Faso.

******

A travers ce chapitre, nous avons pu avoir des connaissances sur les déterminants des taux débiteurs pratiqués par les établissements de crédit du Burkina Faso. Il ressort de l'étude que c'est la politique monétaire qui influe sur les taux débiteurs du pays. Le calcul des élasticités nous a permis de distinguer les déterminants de court terme (tms) de ceux de long terme (es, tmm).

CONCLUSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATIONS.

Cette étude qui avait pour objectifs d'analyser les déterminants des taux d'intérêt débiteurs au Burkina Faso a permis dans un premier chapitre de faire le tour de la revue de la littérature. Divers travaux empiriques et théories qui ont tenté de trouver des explications à la formation des taux d'intérêt débiteurs ont été énumérés. Dans le deuxième chapitre consacré à la politique monétaire mise en place par la BCEAO et à la description des différents taux d'intérêt a permis de mettre en évidence les processus de détermination des taux débiteurs par les établissements de crédit. En effet, les banques et les établissements financiers n'ont pas les mêmes méthodes de détermination des taux d'intérêt applicables à leur clientèle. A travers le troisième chapitre, nous sommes parvenus à dégager les variables qui pourraient expliquer la formation des taux débiteurs au niveau du Burkina Faso. Le quatrième et le dernier chapitre nous a permis de retenir de façon précise les véritables déterminantes des taux débiteurs au sein du pays.

Trois hypothèses de recherche ont été formulées au regard des objectifs de l'étude ; ce sont :

ü Les taux d'intérêt débiteurs élevés au niveau du Burkina suggèrent que le taux d'escompte fixé par la BCEAO a un effet plus que proportionnel sur ces derniers.

ü Les déterminants importants des taux débiteurs sont au niveau du Burkina le taux d'escompte, le taux marginal des appels d'offres et le taux moyen mensuel du marché monétaire.

ü La politique d'inflation menée au sein de l'UEMOA n'a pas d'impact sur les taux débiteurs.

La vérification de ces hypothèses a nécessité l'utilisation d'un modèle économétrique à savoir un modèle à correction d'erreur (MCE) sur données temporelles et le calcul d'élasticités.

Au terme de l'analyse, les trois hypothèses ont été confirmées. En effet, la variable taux d'escompte s'est révélée très significative (même à 1%) confirmant son effet plus que proportionnel sur les taux débiteurs du Burkina.

Les variables taux d'escompte, taux moyen mensuel du marché monétaire et taux marginal des appels d'offres sont les seules variables significatives. Autrement dit, ce sont les variables pertinentes parmi celles retenues pour l'étude confirmant leurs qualificatifs de déterminants importants des taux débiteurs au niveau du Burkina Faso.

Quant à la variable taux d'inflation, elle apparait non significative. Elle n'a donc pas d'impact sur les taux d'intérêt débiteurs pratiqués par les établissements de crédit burkinabés.

Au regard de ces résultats, les déterminants des taux d'intérêt débiteurs de base pratiqués par les établissements de crédit du Burkina sont les suivants: le taux d'escompte, le taux marginal des appels d'offres et le taux moyen mensuel du marché monétaire. Autrement, nous pouvons dire qu'en général, c'est la politique monétaire de la BCEAO qui gouverne la formation des taux débiteurs au niveau du Burkina Faso.

A la suite de ces analyses, les recommandations de politiques économiques suivantes peuvent être formulées:

ü La BCEAO devrait continuer sa politique d'assouplissement des conditions débitrices en abaissant ces taux directeurs. Comme déjà mentionné plus haut, la banque centrale utilise ses taux directeurs pour contenir le taux d'inflation dans la limite du critère de convergence qui lui est relatif au sein de l'UEMOA (= 3%) et de favoriser la croissance. Comme notre étude l'a révélé, le taux d'inflation n'a pas d'impact sur les taux débiteurs. Par ailleurs, une étude récente a révélé que le taux d'inflation optimal au sein de l'union est de 8,08% (A. COMBEY et K. NUBUKPO, 28 juin 2010). Ce qui pose la question de la pertinence de la norme de 3% retenue dans le cadre des critères de convergence de la zone UEMOA.

En effet, cette mesure aura un effet baissier sur les taux débiteurs des établissements de crédit de l'union et du même coup ceux du Burkina Faso. Ce qui va permettre un accès plus favorable des agents économiques du pays (en particulier les entreprises) aux ressources financières qui pourront par la suite investir et créer de la valeur ajoutée.

ü Elle devrait également revoir à la baisse les marges laissées aux établissements de crédit dans la fixation des taux débiteurs applicables à leurs clientèles. C'est-à-dire les taux de l'usure qu'elle leur a fixé à ne pas dépasser (18% pour les banques et 27% pour les établissements financiers). Ceci amènera ces derniers à utiliser des taux débiteurs moindres dans l'exercice de leur fonction qui est le financement de l'économie.

ü Les banques commerciales devront quant à elles faciliter l'accès au crédit à leur niveau en exigeant moins de conditions à leurs clientèles car celles-ci constituent un véritable frein à la croissance de l'activité économique dans son ensemble. Cette même politique de crédit a des conséquences négatives pour les banques elles-mêmes à savoir:

- Le faible taux de transformation monétaire qui pourrait à la longue constituer un frein à leurs compétitivités dans l'union,

- Le risque de taux,

- La croissance lente de leurs fonds propres,

Du coté des agents économiques (les PME et PMI surtout), cette politique a aussi des conséquences néfastes:

- Le manque de compétitivité,

- L'incapacité de satisfaction de la clientèle nationale sans parler de celle de l'union.

En effet, dans le cas où les établissements de crédit du pays pratiqueraient des taux débiteurs moins élevés, les avantages suivants peuvent être tirés:

- La réduction du phénomène de la sélection adverse et, donc la facilité aux établissements de crédit de recouvrer les créances,

- La réalisation de marges supérieures par les banques résultant du différentiel entre les taux appliqués à la clientèle et les facilités de dépôt marginal qui rémunèrent les réserves excédentaires,

- La réduction de la part du financement informel auquel ont recours souvent certains emprunteurs qui sont exclus du circuit formel de financement,

- La récolte par l'Etat ; par le biais des impôts d'une part des recettes qui sinon, lui échappe,

- Situation favorable à l'ensemble de l'activité économique, c'est-à-dire à la consommation, à l'emploi et au développement. 

Certains résultats de cette étude peuvent être nuancés au regard de certaines remarques qui peuvent être pertinentes pour un approfondissement des recherches ultérieures:

ü La période de l'étude n'est pas suffisamment grande pour capter plus les effets de la politique monétaire sur les taux débiteurs.

ü L'utilisation des taux débiteurs de base bancaire reflète moins la réalité car les établissements de crédit appliquent des taux plus élevés à leur clientèle dans les faits.

ü La quasi indisponibilité des informations sur les taux d'intérêt réellement appliqués à la clientèle par les établissements de crédit constitue également une limite pour l'analyse. En effet, ils affirment qu'il s'agit d'informations confidentielles surtout lorsqu'on cherche à connaitre les variables qu'ils utilisent pour la détermination des taux d'intérêt.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.

ü Ouvrages et Mémoires

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BAILLY Jean L. (2006), « Economie monétaire et financière », édition Bréal.

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BCEAO (2009), « Rapport annuel ».

BCEAO. « Bulletins mensuels de statistique monétaire et financière » 2007, 2008, 2009, 2010, 2011.

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ü Sites internet:

www.bceao.int,

www.uemoa.org,

www.banquemondiale.org,

www.googleschollar.com,

TABLE DES MATIERES

Dédicaces i

Remerciements ii

LISTE DES ABREVIATIONS ......................................................................................................iv

LISTE DES TABLEAUX v

LISTE DES GRAPHIQUES vi

Introduction générale . 2

Chapitre I : Revue de la littérature 5

I.1. Revue des travaux théoriques 5

I.2. Revue des travaux empiriques..............................................................................13

Chapitre II : La politique monétaire et les taux d'intérêt débiteurs au Burkina Faso .......21

II.1. La politique monétaire de la BCEAO...........................................................21

II.2. les taux directeurs et les taux débiteurs........................................................28

II.2.1. Les taux directeurs de la BCEAO.............................................................28

II.2.2.Taux débiteurs des établissements de crédit..................................................31

Chapitre III : Méthodologie de recherche.............................................................35

III.1. Cadre d'analyse....................................................................................35

III.2.  Instruments d'analyse...........................................................................36

III.3. Les tests applicables au modèle.................................................................41

III.4. Méthodologie d'enquête.........................................................................43

Chapitre IV: Résultats et Interprétations..............................................................44

IV.1. Résultats des différents tests.....................................................................44

IV.2. Modèle à correction d'erreur...................................................................50

IV.3.Interprétation des résultats......................................................................54

IV.4. Calcul d'impacts des variables et prévision...................................................56

Conclusion générale et recommandations..........................................................59

Références bibliographiques............................................................................63

TABLE DES MATIERES.........................................................................................66

ANNEXES.................................................................................................l

LISTE DES ANNEXES.

ANNEXE 1 : note de définition de quelques concepts.

Financement informel : financement issu des sources comme les tontines, les fonds des groupements villageois, des coopératives etc.

Sélection adverse : Phénomène lié à l'asymétrie d'information dans le rapport offre-demande conduisant à des effets pervers. Ainsi lorsqu'une compagnie d'assurance augmente ses primes pour sélectionner ses clients, elle risque de n'avoir que ceux qui ont les plus fortes probabilités d'avoir un sinistre. Il ya anti sélection (sélection adverse) sur un marché lorsque l'asymétrie d'information conduit à éliminer les produits et /ou les agents économiques de meilleure qualité.

Taux d'escompte : taux d'intérêt appliqué lors d'une opération par laquelle une banque ou un établissement financier transfère en pleine propriété et de façon définitive des titres à la banque centrale moyennant de la liquidité. Les banques utilisent l'escompte pour couvrir leur besoin de trésorerie sur un an.

Taux d'intérêt débiteurs : taux d'intérêt appliqué aux crédits accordés aux agents économiques par les établissements de crédit. Autrement dit c'est le loyer de l'argent que ces derniers exigent aux agents économiques pour l'utilisation des capitaux qui leur sont octroyés.

Taux de prise en pension : taux d'intérêt appliqué lors d'une opération par laquelle une banque ou un établissement financier transfère en pleine propriété et de façon temporaire des titres à la banque centrale moyennant de la liquidité. Les banques l'utilisent pour couvrir leur besoin de trésorerie sur 30 jours.

ANNEXE 2 : mise en exergue de la relation entre épargne brute et taux longs.

Note: les taux réels sont ici calculés comme la différence entre le taux nominal et le déflateur du PIB en glissement. Les PIB exprimés en PPA servent de pondération.

Source: OCDE.

ANNEXE 3 : résultat de la régression du modèle MCE.

Dependent Variable: D(ID)

Method: Least Squares

Sample (adjusted): 2 54

Included observations: 53 after adjusting endpoints

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C

7.255856

2.325702

3.119856

0.0033

D(ES)

-1.986410

0.424387

-4.680652

0.0000

D(TP)

1.204847

1.281936

0.939865

0.3527

D(TMM)

-1.055396

0.353837

-2.982715

0.0047

D(TMS)

0.871538

0.308639

2.823810

0.0072

ID (-1)

-0.541179

0.130097

-4.159820

0.0002

ES (-1)

-0.418551

0.140266

-2.983992

0.0047

TP (-1)

0.480972

0.468254

1.027159

0.3102

TMM (-1)

-1.099669

0.361990

-3.037840

0.0041

TMS (-1)

0.860367

0.348602

2.468052

0.0177

PI

-0.010373

0.036239

-0.286224

0.7761

R-squared

0.656630

Mean dependent var

-0.006226

Adjusted R-squared

0.574876

S.D. dependent var

0.437617

S.E. of regression

0.285333

Akaike info criterion

0.512153

Sum squared resid

3.419428

Schwarz criterion

0.921081

Log likelihood

-2.572051

F-statistic

8.031715

Durbin-Watson stat

2.218580

Prob (F-statistic)

0.000000

ANNEXE 4 : Profil des variables endogènes et exogènes incorporées dans l'équation de PHELPS

*Déflaté par les prix de production américain

Source : FMI, OCDE, E.S. Phelps.

* 1 Terme utilisé pour désigner l'ensemble des banques commerciales et des établissements financiers.

* 2 On appelle risque systémique, le risque qu'un évènement particulier entraine par réaction en chaine des effets négatifs considérables sur l'ensemble du système pouvant occasionner une crise générale de son fonctionnement.

* 3 Officier ministériel chargé de la vente aux enchères publiques des objets.

* 4 Une dette souveraine est une dette émise ou garantie par un émetteur souverain (en général l'Etat ou la banque centrale).

* 5 Règles classiques d'octroi des crédits par les banques. C'est-à-dire le contrôle de certains critères comme le risque, la rentabilité, la solvabilité etc.

* 6 Capital de 1 milliard de FCFA depuis 1982.

* 7 Norme de 25% des fonds propres.

* 8 On parle d'asymétrie d'information lors d'un échange quand certains des participants disposent d'informations pertinentes que d'autres n'ont pas.

* 9 Un effet « feed back » est, au sens large, l'action en retour d'un effet sur le dispositif qui lui a donné naissance, et donc, ainsi sur elle- même. C'est-à-dire que la valeur de sortie (à une date antérieure) fait partie des éléments de la commande du dispositif.






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