SECTION II : LES NOUVEAUX AXES ET LEURS CONDITIONS DE
MISE EN
OEUVRE
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le
premier prend en compte les pistes de résolution selon le degré
et l'ordre des problèmes abordés. Le second expose les conditions
de mise en oeuvre estimées indispensables.
Paragraphe I : Quelques pistes de résolution des
problèmes
Les pistes de résolution se feront suivant les
problèmes identifiés et les différents diagnostics
établis.
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2008-2011
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La coopération décentralisée dans les
communes des départements du Mono et du Couffo : atouts, limites et
perspectives
A- Alternatives facilitant la recherche de partenaires
Une meilleure organisation du service de la coopération
décentralisée, la maîtrise des stratégies
d'opportunité, la vulgarisation du guide de la coopération
décentralisée et l'instauration d'une bonne politique de
collaboration entre les structures de l'État et les collectivités
locales sont des perspectives pour faciliter la recherche de partenaires aux
acteurs locaux. Mais comment ?
? Une meilleure organisation du service de la
coopération décentralisée
Le personnel disponible doit avoir une attribution claire et
un cahier de charges bien précis.
Le personnel communal, en l'occurrence le chargé du
service de la coopération décentralisée, doit être
techniquement au point. Le renforcement de la capacité intellectuelle de
ce personnel doit intervenir chaque fois que de besoin. Il ne s'agit pas pour
les élus de recruter des agents qui ne sont pas suffisamment
formés sur la question du développement local et de la
coopération décentralisée. Le personnel affecté au
service de la coopération décentralisée doit s'y
connaître et être sollicité pour son expertise. Les agents
politiquement recrutés sans spécialité technique
précise peuvent servir à d'autres missions. Ils ne sont pas faits
pour un service aussi techniquement sensible que la coopération
décentralisée qui nécessite une culture diplomatique de
grande envergure et un profil approprié.
L'animation du service ne doit pas être confiée
à une seule personne qui soit sollicitée de part et d'autre. Le
chargé doit être recruté spécialement pour
réfléchir sur les questions « comment trouver de partenaires
? », « comment intéresser l'extérieur ? ». Il doit
être motivé, se fixer des objectifs à atteindre et
voué à la tâche. Il ne doit pas être un opportuniste
mais plutôt quelqu'un qui se condamne à une obligation de
résultat ; c'est-à-dire un dévoué rompu à la
tache.
A cet effet, la mairie doit mettre à sa disposition
l'outil de recherche et de conception nécessaires. La compétence
technique se concrétise avec des moyens techniques. Un cadre doué
de savoir et de technicité ne peut aboutir à rien de concret sans
les contacts qui peuvent être physiques de prime abord. À
défaut d'être physique de prime abord, ce contact peut être
virtuel. À cet égard, la mairie doit doter le service de
réseau internet et être pourvue d'un site web pour divulguer les
actions et les potentialités de la commune afin de la rendre attractive
sur le plan international.
Le chargé de la coopération
décentralisée doit être assisté d'un technicien de
conception, d'un webmaster par exemple qui saura comment mettre en relief les
potentialités de la commune78. Les agents doivent pouvoir
maîtriser les techniques de négociation directes et en ligne,
avoir l'art, non de vaincre, mais de
78 Une simple monographie
suffit mais il importe de mentionner cela ici, car il y va de la dynamisation
de l'administration communale. Bien vrai tout ceci a un coût. Mais
lorsqu'on se rend dans les communes, on constate sans doute que les mairies
sans réseaux de navigation Internet sont en marge des informations et ce
sont surtout ces communes qui sont sans partenariat. Nous voulons parler en
l'occurrence des mairies d'Athiémé et de Djakotomey que nous
avons pris le soin de visiter. De plus, en se rendant compte de
l'évidence des choses, on constate que les administrations locales ne
manquent pas de ressources financières pour renforcer son personnel et
que l'argument qui le soutient est peu fondé. Seulement, ils n'en font
pas une priorité.
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La coopération décentralisée dans les
communes des départements du Mono et du Couffo : atouts, limites et
perspectives
convaincre. Convaincre parce qu'il s'agit ici d'une question
de diplomatie et de courtoisie. Ils doivent avoir aussi la maîtrise de
plusieurs langues. À défaut, un bilinguiste ou multilinguiste les
assistera dans leurs obligations.
Enfin, le service doit être détaché de
celui du développement local. Il peut en être une division ou lui
en être parallèle mais il ne doit pas en être confondu. Le
cumul de postes où la même personne est à la fois directeur
de cabinet ou SG de mairie et chargé de la coopération
décentralisée est à éviter. Cela ne permet pas une
performance au travail.
? La mise en place d'une veuille stratégique et
de saisie des opportunités La technique à utiliser n'est
pas d'effectuer d'abord des voyages onéreux aux frais de la
collectivité locale dont les ressources sont déjà
insuffisantes.
Le monde est devenu aujourd'hui un village planétaire
grâce à l'Internet. Les techniciens se serviront de cet outil pour
négocier avec l'extérieur au nom de la collectivité
locale.
Les élus, quant à eux, seront en permanence en
contact avec les institutions nationales chargées de les accompagner
à cet effet. Les techniciens peuvent aussi le faire pour eux. Tout
compte fait, ils garderont également contact avec les
représentations diplomatiques du Bénin à l'étranger
sur les opportunités pareilles. Ils seront de même en contact avec
les représentations diplomatiques étrangères
présentes au Bénin. De ce fait, ils seront vite informés
des appels à concurrence en partenariat souvent lancés par les
villes du Nord. Ainsi, sauront-ils à temps ce qu'il faut faire pour
remplir les critères exigés.
Les ateliers, les colloques, les conférences mixtes
où autorités locales béninoises et autorités
locales étrangères sont invitées représentent de
véritables opportunités où les élus locaux doivent
chercher à `'vendre» leur territoire en échangeant avec les
autres. De par leur dialogue, ils feront part des grands projets
déjà réalisés, ceux qui sont en cours, ceux qui
n'ont pas encore débuté, ceux qui ne sont pas encore pris en
compte ainsi que les raisons qui sous-tendent l'un ou l'autre des projets.
C'est une opportunité pour discuter des grands axes de
développement, des domaines prioritaires. Tout ceci permettra de mettre
en exergue la commune. Mais, il ne faudrait pas oublier de mentionner ce que la
collectivité peut apporter à tout partenaire qui
s'intéresse à elle. C'est là même ce qui peut
attirer l'interlocuteur.
Mais il ne s'agit pas de s'arrêter là. La
relation qui vient d'être créée doit être maintenue.
Les échanges doivent continuer. Mais, pour éviter que ces
échanges ne deviennent politiques, les techniciens y seront
impliqués pour donner, à la relation, un aspect collectif et non
personnel79.
79 Lorsque les relations sont purement
politiques, en cas de changement de l'exécutif communal, la
coopération peut connaître un relâchement. Par contre, si
elles sont d'ordre purement technique, le relâchement politique
n'interviendrait pas. Les partenaires sauront qu'ils font avec la population et
non avec les élus. Dans ce cas, même si l'exécutif local
change de tête, les relations peuvent continuer. Pour preuve, la commune
de Comé était en relation de coopération
décentralisée avec la ville de Ouésso au Gabon. Mais,
quand l'exécutif communal de Comé changea de tête, les
relations ont connu un relâchement. D'après nos entretiens avec
l'un des membres de ce conseil communal, c'est l'ancien maire qui avait
noué ces relations et cela n'engageait que lui seul. A son
départ, plus personne ne s'intéressait aux correspondants de
Ouésso.
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La coopération décentralisée dans les
communes des départements du Mono et du Couffo : atouts, limites et
perspectives
? La mobilisation de la diaspora et le dynamisme des
acteurs locaux dans les différents réseaux de
relations
La diaspora doit être vivement sollicitée. La
collectivité locale doit créer et maintenir les relations avec
les filles et fils du territoire vivant à l'étranger. Un
ressortissant du territoire à l'étranger contacté et
sollicité à oeuvrer pour le développement de sa commune se
sentira considéré et n'aura aucune gêne à faire de
son mieux pour participer et oeuvrer pour le bien être de ses
compatriotes. Il n'hésitera pas, s'il est patriote, à mettre ses
relations au bénéfice de ses frères et soeurs ou à
en créer pour honorer sa personne et se faire une image.
Les relations à explorer ne sont pas seulement celles
dont dispose l'exécutif local. Tous les élus locaux doivent
chercher à mobiliser tous les réseaux de relations auxquels ils
appartiennent. Il y va de l'essor de leur localité, de la propulsion du
développement de leur localité.
En dehors des élus, tout natif du milieu doit savoir
que le développement de sa commune le concerne et qu'il doit faire de
son mieux pour apporter sa pierre à l'édifice, pour marquer sa
présence, son esprit de solidarité avec les autres. Tout effort
de contribution individuelle en coopération décentralisée
doit être le bienvenu, applaudi et encouragé par tous. De ce fait,
les préoccupations politiques ou partistes doivent être
laissées de côté et, après les élections,
tout le monde doit avoir un objectif commun : comment faire, qu'est-ce qu'il
faut apporter aux populations, bien que n'étant pas élu, pour
leur montrer son intérêt et maximiser ses chances aux prochaines
échéances locales ? Ainsi, une course de concurrence à la
participation au développement local sera lancée et à la
fin pourra être identifié qui a travaillé plus que qui ;
qui s'est montré dévoué plus que l'autre ; qui, surtout en
coopération décentralisée, a mobilisé le plus grand
nombre de partenaires. Car, si n'étant pas élus, l'on brûle
d'énergie à cette chaleur, qu'en sera-t-il quand on sera
élu ? Si le bois vert brûle de cette manière, qu'en
sera-t-il quand il sera sec ?80
? La vulgarisation du guide de la coopération
décentralisée
Il ne sert à rien de produire un document et de le
ranger. Ce serait tout comme si le document n'a jamais existé. L'effet
attendu ne sera jamais atteint.
Le guide de la coopération décentralisée
doit faire l'objet d'une vulgarisation. Il ne suffit pas de le valider pour
qu'il produise d'effet. C'est un précieux outil qui doit être
rendu disponible au public par tous les moyens.
Sa vulgarisation peut passer par une reproduction et une
distribution gratuite aux élus locaux, directement concernés par
le problème, à la société civile et à tout
citoyen car le développement, c'est l'affaire de tous.
La vulgarisation peut aussi prendre par des séances de
formation et d'information, la médiatisation par internet, les
conférences de presse télévisées et
radiodiffusées, etc.
? Le renforcement de la collaboration entre les
structures de l'État et les collectivités locales
80 Allusion à l'adage biblique `'si le bois
vert brûle ainsi, qu'en sera-t-il du bois sec ?''
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La coopération décentralisée dans les
communes des départements du Mono et du Couffo : atouts, limites et
perspectives
Les élus locaux doivent obligatoirement collaborer avec
les instances ou structures étatiques compétentes en
matière de coopération décentralisée. Il est
difficile de concevoir une coopération décentralisée qui
se passe par exemple de la Direction de la Coopération
Décentralisée et de l'Action Humanitaire (DICODAH) du
Ministère des Affaires étrangères ou de la CNCD. Il est
aussi inconcevable d'envisager une coopération
décentralisée qui se passe du service de la coopération
décentralisée du MDGLAAT. C'est fort du rôle que chaque
institution peut jouer que l'État les a chargées d'accompagner
les communes.
Cependant, il faut souligner que le premier pas ne doit pas
toujours appartenir aux institutions nationales. C'est aux communes de faire le
premier pas. Elles ne doivent pas considérer les relations tout comme
s'il appartient aux structures de l'État de faire des recherches de
partenariat et de les appeler pour les `'brancher». Ces
structures ont chacune un rôle spécifique déterminé
par les textes à jouer. Leur intervention ne se situe normalement qu'au
niveau de la procédure.
Mais la communication, dans ce cas, peut être ascendante
comme elle peut être descendante. C'est pourquoi ces instances doivent
disposer d'une banque de données sur la coopération
décentralisée. Il ne s'agit pas de faire un tour par an pour
demander aux élus ou à la tutelle départementale
l'état des lieux de la coopération décentralisée.
Mais, d'être proche et attentif aux acteurs territoriaux. Seulement, ces
institutions sont dirigées par des hommes et personne n'ignore la
procédure administrative, la lourdeur administrative et leurs effets sur
l'action administrative.
Tout compte fait, cette collaboration permettra d'informer les
élus locaux sur les opportunités en coopération
décentralisée.
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