I.2. REVUE E LA
LITTERATURE
La prise en charge des cas urgents commence par le moyen de
transport utilisé pour rejoindre l'institution des soins de santé
en cas d'urgence. Peu d'hôpitaux disposent d'ambulance en bon état
en vue d'assurer un transfert sécurisé des patients. Le service
d'ambulance qu'il soit privé ou publique n'existe pas dans notre pays et
cela semble ne préoccuper personne alors qu'il est connu de tous que les
ambulances jouent un rôle très important dans la réduction
du taux de mortalité dans le système de référence
(7).
La fréquentation des services des urgences est
différente entre les institutions sanitaires privées et
publiques, et selon le mode de paiement de soins de santé est
assuré par le patient lui-même ou par un tiers payant. C'est ainsi
qu'au Kenya, une étude transversale a été faite. Elle
portait sur 53 structures sanitaires publiques, confessionnelles et
privées. Elle avait pour objectif de déterminer
l'accessibilité et la qualité des soins en cas d'ATR (Accident de
Trafic Routier) dans ces structures. L'analyse des données avait
utilisé l'analyse univariée et bivariée. Le test T de
Student, le Chi-carré le test de Fisher ont été
utilisés. Résultats sont qu'ils ont noté un taux de
fréquentation des urgences nettement supérieur dans les
hôpitaux publics où aucune caution préalable n'était
pas nécessaire pour accéder aux soins de santé. Ce taux
était supérieur à celui des hôpitaux privés
de la même région (11).
Le délai d'attente dans cette même étude a
varié de 30 à 60 minutes. Ce délai été plus
long dans les institutions publiques, un peu moins dans les institutions
religieuses et beaucoup moins de temps dans les institutions privées.
Par ailleurs, les patients avaient estimé la qualité des soins
des institutions religieuses meilleure comparativement à celle des
autres types d'institutions (11).
Par rapport au délai d'attente aux urgences, une
étude qui portait sur 50 institutions d'urgence a été
faite en Californie. L'objectif de cette étude était de
déterminer le délai d'attente (intervalle de temps entre
l'arrivée d'un malade et son contact avec le médecin ou un
personnel intermédiaire). Les auteurs ont estimé le délai
d'attente pour chaque structure sanitaire, le nombre de patients, des lits et
du personnel. Ils ont ensuite fait une analyse bivariée en
considérant le délai d'attente par rapport aux différentes
caractéristiques des ces institutions des soins d'urgences. Ces
caractéristiques sont : le caractère d'institution
d'enseignement, le nombre de visites annuelles des patients, la localisation
urbaine ou rurale, la fréquence des malades âgés, etc.
De manière globale, les résultats indiquent que
les patients passent en moyenne 57 minutes avant de rencontrer le
médecin pour la consultation. Toutefois la même étude
révèle aussi que 42% des personnes venant aux urgences avaient
passé plus d'une heure avant de rencontrer le médecin (12). Cette
étude montre également que le temps d'attente dans les
institutions publiques est plus long que dans les celles universitaires.
Jarr et ses collaborateurs ont mené une étude
prospective avec comme objectif général d'analyser
l'activité du service d'accueil d'urgence et les délais
d'attente, qui composent le «parcours» du patient. Leurs objectifs
spécifiques étaient d'évaluer quantitativement les
différents délais de soin et d'identifier les facteurs qui
pouvaient les influencer et de proposer des actions d'amélioration de la
qualité de soins. Ceci afin de réduire les délais de
prise en charge du patient, d'améliorer le rendement de l'équipe
soignante et ainsi améliorer le service rendu au patient et sa
satisfaction. Dans la méthodologie, ils ont fait un
échantillonnage systématique qui a pu inclure 508 patients. Les
résultats obtenus ont établi que le délai d'attente
étaient de 14#177;18 minutes. L'attente a été
inférieure à 30 minutes chez 90 % des cas et supérieure
à une heure chez seulement 3 % des cas seulement (10).
En ce qui concerne les prescriptions médicales,
l'étude camerounaise de Blatt et collaborateurs menée à
l'Hôpital Central de Yaoundé, a permis d'analyser 285 ordonnances
en provenance du service des urgences et du service des consultations externes.
Il en était sorti qu'aux urgences, les patients achetaient les
médicaments prescrits dans 73 % des cas sur place à
l'hôpital. La prescription moyenne variait de 2 à 5 articles selon
le service. Aux consultations, les praticiens faisaient peu appel à des
spécialités commercialisées par le point de vente public
de la pharmacie de l'hôpital qui ne représentait que 16 % des
prescriptions, alors que dans 68 % des cas un substitut hospitalier
était disponible (14).
Au Niger, une étude d'impact, avec
répétition de deux enquêtes transversales, de types
rétrospective et prospective a été menée. Ces
enquêtes ont porté sur les pratiques de prescription des
infirmiers formés des les centre de soins intégrés, sur
les soins effectivement reçus par les malades, ainsi que sur certains
aspects des moyens de prise en charge de la consultation curative. Les
indicateurs calculés dans les enquêtes rétrospectives
étaient entre autres : nombre moyen de médicaments prescrits
par consultation, pourcentage de médicaments prescrits par nom
générique, coût moyen des médicaments et
consommables prescrits par consultation.
Le second volet de l'étude utilisait des enquêtes
prospectives, réalisées par observation des activités de
consultations curatives le jour de l'enquête dans les centres de soins
intégrés. Les données étaient recueillies par
l'observation et le chronométrage des consultations et de la
délivrance, et par interview des malades utilisateurs des services.
L'échantillon était constitué de l'ensemble des
consultations curatives successives survenues dans un temps d'observation
défini comme la matinée. Parmi les indicateurs calculés il
y avait la durée moyenne de la consultation, le pourcentage de
médicaments prescrits effectivement délivrés, pourcentage
de médicaments disponibles parmi une liste de 11 médicaments
clés, etc. Comme résultat, les indicateurs de prescriptions en
génériques et médicaments essentiels étaient
proches de 100 %. De même, les coûts des produits prescrits
n'étaient pas très éloignés du
référentiel qui était proposé. Les
médicaments clés d'une liste de 11 au moment de l'enquête
étaient disponibles à 98 % (3).
Selon une étude sur la prescription des
médicaments dans les centres médicaux publics du Gabon, Nkogho et
ses collaborateurs, ont trouvé 2,6 #177;1,2 médicaments par
consultation avec 13,5% prescrits sous leur dénomination commune
internationale (DCI) (15). Alors que dans ce même pays, pour une
étude faite moins d'une année avant, il y a une disparité
importante entre les médicaments prescrits. Ils sont majoritairement en
DCI - une seule spécialité parmi les 20 premiers et trois parmi
les 40 premiers - et les produits réellement achetés (4/20 et
15/40). Vingt-cinq pour cent des médicaments sont acquis sans
prescription et 30 % des médicaments prescrits ne sont pas
achetés. Enfin, cette même étude montre également
que 24 % des clients achètent tout ou une partie de leurs
médicaments au personnel soignant. Soixante-quinze pour cent des clients
ont pu acheter la totalité des médicaments prescrits. Les autres
ont déclaré n'avoir pu acheter l'ensemble des produits en raison
de leur coût élevé et/ou de leur indisponibilité
(16).
Au Nigéria, Afemikhe a trouvé que les
médicaments sont accessibles à 100% lorsqu'on en a besoin aux
urgences dans les institutions hospitalières privées alors
qu'elle n'est que de 28% dans les institutions publiques (4).
Dans une étude portant sur la satisfaction des patients
aux urgences dans un hôpital d'enseignement au Nigeria, les patients
enquêtés par Oluwadiya et al, avaient souhaités dans
26,8% un approvisionnement adéquat en médicament, 19,2%
avaient demandé des services plus rapides, alors que 18,0% souhaitaient
un service carrément gratuit, etc. (13).
Valérie CARRASCO et Dominique BAUBEAU ont
présenté les résultats d'une enquête nationale sur
les urgences, réalisée en janvier 2002 auprès d'un
échantillon de patients de 150 services des urgences en France. Ces
résultats établissent que, si le quart des usagers a moins de 15
ans et 43 % moins de 25 ans, les nourrissons sont, proportionnellement à
leur nombre dans la population, presque deux fois et demie plus nombreux
à les fréquenter. Les personnes de plus de 70 ans ne
représentent, quant à elles, que 14 % de l'ensemble des usagers.
Près des trois quarts des patients arrivent sans avoir consulté
de médecin et par leurs propres moyens. Les traumatismes et
problèmes somatiques représentent les principales causes de
recours, avec de fortes disparités selon l'âge des patients : 85 %
des nourrissons arrivent aux urgences pour des problèmes somatiques
alors que les traumatismes concernent près des deux tiers des jeunes de
6 à 25 ans. Les trois quarts des patients ont reçu au moins un
examen diagnostique ou des soins. 19 % sont ensuite hospitalisés, les
personnes de plus de 70 ans l'étant dans plus de la moitié des
cas (17).
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