CONCLUSION / RECOMMANDATION
L'étude diagnostique en zone cotonnière de
Koumbili a permis de connaître à travers des entretiens
historiques les profonds changements agricoles qui y sont intervenus, et de
comprendre les agissements des paysans qui sont fortement conditionnés
par l'écosystème dans lequel ils vivent. L'agriculture a
évolué d'abord avec l'introduction de la traction attelée
et de la culture du coton (semis en ligne, utilisation d'engrais chimiques et
de pesticides) puis avec l'arrivée des migrants (changement des
techniques culturales et des modes de mise en valeur des terres). Le patrimoine
foncier cultivable s'est considérablement réduit avec la
création de certains zone à statut particulier (RGN, ZOVIC...),
créant une forte pression foncière sur les ressources
restantes.
La typologie des systèmes de production qui en est
ressortit dépend de la possession de friches, du type de matériel
agricole utilisé et de la capacité à cultiver les cultures
de rente. L'étude a montré que les systèmes de production
qui font de la culture continue, avec des outils de traction lourds (moto
mécanisation et traction bovine) et ayant des boeufs de parcours
présentent des indices technico-économiques élevés.
Les systèmes de production qui pratiquent la
défriche-brûlis sont en difficultés et sont menacés
de disparition. Cette situation est encore pire pour les systèmes de
production qui utilisent des outils agricoles manuels dont les RA/actif se
situent en dessous du seuil de survie.
Le coton qui occupe largement les superficies cultivées
se trouve de plus en plus menacé par de nouvelles cultures (soja,
sésame) qui lui ravissent des surfaces. Le riz et les cultures
maraîchères sont très rentables mais ne peuvent pas
concurrencer durablement le coton, car ces cultures se pratiquent sur de
petites surfaces et sur des sols qui ne sont pas accessibles à tous. Le
concurrent sérieux risque d'être le soja qui est aussi bien
organisé que le coton et dont la culture qui n'est pas intensive en
intrants agricoles (engrais, pesticides), dégrade moins le sol et
produit une plus grande VAB comparativement au coton. Certains systèmes
de production sont liés à la culture du coton par l'engrais dont
l'arrière effet profite aux céréales. Une partie de
l'engrais coton peut être détournée sur le maïs. Le
retrait du coton bio va entrainer la disparition du système de culture
SC 8. Cependant, l'introduction du coton Bt (OGM) favorisera la naissance de
nouveaux systèmes de culture et la typologie actuelle s'en trouvera
fortement modifiée.
Devant les menaces de contamination des gènes et de
résistance des ravageurs du coton, que pourraient constituer les OGM
pour les autres cultures, il y a lieu d'accompagner les producteurs à
travers des sessions de formations et un encadrement technique adéquat,
dans la production du coton OGM, souvent confondu par certains producteurs avec
le coton biologique (car moins de traitements).
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En effet, toute mauvaise manipulation des OGM peut avoir de
graves conséquences non seulement pour les producteurs, mais aussi et
surtout pour la société cotonnière. Il est aussi à
suggérer de trouver un mécanisme souple de payement qui
éviterait les payements tardifs, qui se trouvent être l'une des
causes de l'abandon de la culture du coton. Il serait alors intéressant
d'envisager une sorte de microcrédit où le producteur pourra
emprunter au besoin et en fonction de son revenu attendu une somme d'argent qui
lui permettra de faire face à certaines difficultés
financières.
Le gène Bt est fourni aux sociétés
cotonnières par le groupe Mosanto, une structure étrangère
(Etats-Unis). Cela crée une dépendance des sociétés
cotonnières vis-à-vis de cette structure. Il est donc
nécessaire de développer un partenariat avec des structures
locales de recherche, capables de trouver, dans le court ou le moyen terme, un
gène équivalent. Cela contribuera à réduire la
dépendance vis-à-vis de Mosanto.
Dans un contexte de changement climatique, il importe
également de former conséquemment les agriculteurs de la zone,
sur les bonnes pratiques agricoles, afin de leurs permettre de gérer de
façon professionnelle leurs exploitations. Ainsi la vulgarisation des
paquets technologiques visant à accroître la productivité
agricole (la promotion des variétés à haut rendement, les
semences à cycle court, les techniques de reproduction de la
fertilité...) et à donner plus de valeur ajoutée aux
différents produits (la gestion des comptes d'exploitation, la
transformation, la conservation et la commercialisation des produits
agricoles...), doit être l'objectif principal des différents
services de développement de la zone. Pour cela une coordination des
actions de ces services en direction des producteurs s'impose. Les
systèmes de production en culture continue avec de la traction lourde et
un gros élevage sont à vulgariser.
Pour résoudre le problème d'alimentation du
troupeau, il y a lieu de développer la fauche et la conservation du
fourrage herbacé. La fauche et conservation de fourrage fournira du
fourrage aux animaux en période de soudure et constituera une source de
revenu pour les producteurs qui en feront la commercialisation. Elle
stabilisera les animaux ce qui permettra de récupérer le fumier
en grande quantité pour reproduire la fertilité des champs. Cela
réduira du coup les conflits entre éleveurs et agriculteurs
fréquents dans la zone. Les espèces concernées par la
fauche et la conservation sont les graminées tels que : Pennisetum
pedicellatum, Andropogon gayanus qui abondent dans la zone
après les premières pluies.
Le statut de la ZOVIC et de la zone pastorale encore flou
mérite d'être clarifié au plus tôt, car l'essor de
l'agriculture dans cette zone en dépend. En effet une clarification du
statut de ces zones
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occasionnera une redistribution des terres cultivables dans le
village. Cela aura pour conséquence d'intensifier la production et de
permettre aux producteurs d'investir dans la construction d'infrastructures
agricoles.
Enfin, la question de l'eau potable est préoccupante
dans la zone et particulièrement dans les hameaux de cultures et
mérite d'être solutionné au plus tôt. En effet,
certaines exploitations doivent mobiliser un actif familial pendant une
journée (8 hj) pour l'approvisionnement en eau de la famille. Cela a
pour conséquence de ralentir les travaux champêtres, créant
ainsi des difficultés dans le respect du calendrier de travail. Dans
d'autres exploitations par contre, on se résout à boire l'eau non
potable des marres et marigots. Ce qui affecte la santé de ces
populations (développement des maladies hydriques), donc l'agriculture
dans la zone.
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