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Les transformations actuelles de l'agriculture: cas du village de Koumbili au Burkina Faso

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par Issiaka BICTOGO
Université polytechnique de Bobodioulasso ( Burkina Faso ) - Ingénieur de conception en vulgarisation agricole 0000
  

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CONCLUSION / RECOMMANDATION

L'étude diagnostique en zone cotonnière de Koumbili a permis de connaître à travers des entretiens historiques les profonds changements agricoles qui y sont intervenus, et de comprendre les agissements des paysans qui sont fortement conditionnés par l'écosystème dans lequel ils vivent. L'agriculture a évolué d'abord avec l'introduction de la traction attelée et de la culture du coton (semis en ligne, utilisation d'engrais chimiques et de pesticides) puis avec l'arrivée des migrants (changement des techniques culturales et des modes de mise en valeur des terres). Le patrimoine foncier cultivable s'est considérablement réduit avec la création de certains zone à statut particulier (RGN, ZOVIC...), créant une forte pression foncière sur les ressources restantes.

La typologie des systèmes de production qui en est ressortit dépend de la possession de friches, du type de matériel agricole utilisé et de la capacité à cultiver les cultures de rente. L'étude a montré que les systèmes de production qui font de la culture continue, avec des outils de traction lourds (moto mécanisation et traction bovine) et ayant des boeufs de parcours présentent des indices technico-économiques élevés. Les systèmes de production qui pratiquent la défriche-brûlis sont en difficultés et sont menacés de disparition. Cette situation est encore pire pour les systèmes de production qui utilisent des outils agricoles manuels dont les RA/actif se situent en dessous du seuil de survie.

Le coton qui occupe largement les superficies cultivées se trouve de plus en plus menacé par de nouvelles cultures (soja, sésame) qui lui ravissent des surfaces. Le riz et les cultures maraîchères sont très rentables mais ne peuvent pas concurrencer durablement le coton, car ces cultures se pratiquent sur de petites surfaces et sur des sols qui ne sont pas accessibles à tous. Le concurrent sérieux risque d'être le soja qui est aussi bien organisé que le coton et dont la culture qui n'est pas intensive en intrants agricoles (engrais, pesticides), dégrade moins le sol et produit une plus grande VAB comparativement au coton. Certains systèmes de production sont liés à la culture du coton par l'engrais dont l'arrière effet profite aux céréales. Une partie de l'engrais coton peut être détournée sur le maïs. Le retrait du coton bio va entrainer la disparition du système de culture SC 8. Cependant, l'introduction du coton Bt (OGM) favorisera la naissance de nouveaux systèmes de culture et la typologie actuelle s'en trouvera fortement modifiée.

Devant les menaces de contamination des gènes et de résistance des ravageurs du coton, que pourraient constituer les OGM pour les autres cultures, il y a lieu d'accompagner les producteurs à travers des sessions de formations et un encadrement technique adéquat, dans la production du coton OGM, souvent confondu par certains producteurs avec le coton biologique (car moins de traitements).

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En effet, toute mauvaise manipulation des OGM peut avoir de graves conséquences non seulement pour les producteurs, mais aussi et surtout pour la société cotonnière. Il est aussi à suggérer de trouver un mécanisme souple de payement qui éviterait les payements tardifs, qui se trouvent être l'une des causes de l'abandon de la culture du coton. Il serait alors intéressant d'envisager une sorte de microcrédit où le producteur pourra emprunter au besoin et en fonction de son revenu attendu une somme d'argent qui lui permettra de faire face à certaines difficultés financières.

Le gène Bt est fourni aux sociétés cotonnières par le groupe Mosanto, une structure étrangère (Etats-Unis). Cela crée une dépendance des sociétés cotonnières vis-à-vis de cette structure. Il est donc nécessaire de développer un partenariat avec des structures locales de recherche, capables de trouver, dans le court ou le moyen terme, un gène équivalent. Cela contribuera à réduire la dépendance vis-à-vis de Mosanto.

Dans un contexte de changement climatique, il importe également de former conséquemment les agriculteurs de la zone, sur les bonnes pratiques agricoles, afin de leurs permettre de gérer de façon professionnelle leurs exploitations. Ainsi la vulgarisation des paquets technologiques visant à accroître la productivité agricole (la promotion des variétés à haut rendement, les semences à cycle court, les techniques de reproduction de la fertilité...) et à donner plus de valeur ajoutée aux différents produits (la gestion des comptes d'exploitation, la transformation, la conservation et la commercialisation des produits agricoles...), doit être l'objectif principal des différents services de développement de la zone. Pour cela une coordination des actions de ces services en direction des producteurs s'impose. Les systèmes de production en culture continue avec de la traction lourde et un gros élevage sont à vulgariser.

Pour résoudre le problème d'alimentation du troupeau, il y a lieu de développer la fauche et la conservation du fourrage herbacé. La fauche et conservation de fourrage fournira du fourrage aux animaux en période de soudure et constituera une source de revenu pour les producteurs qui en feront la commercialisation. Elle stabilisera les animaux ce qui permettra de récupérer le fumier en grande quantité pour reproduire la fertilité des champs. Cela réduira du coup les conflits entre éleveurs et agriculteurs fréquents dans la zone. Les espèces concernées par la fauche et la conservation sont les graminées tels que : Pennisetum pedicellatum, Andropogon gayanus qui abondent dans la zone après les premières pluies.

Le statut de la ZOVIC et de la zone pastorale encore flou mérite d'être clarifié au plus tôt, car l'essor de l'agriculture dans cette zone en dépend. En effet une clarification du statut de ces zones

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occasionnera une redistribution des terres cultivables dans le village. Cela aura pour conséquence d'intensifier la production et de permettre aux producteurs d'investir dans la construction d'infrastructures agricoles.

Enfin, la question de l'eau potable est préoccupante dans la zone et particulièrement dans les hameaux de cultures et mérite d'être solutionné au plus tôt. En effet, certaines exploitations doivent mobiliser un actif familial pendant une journée (8 hj) pour l'approvisionnement en eau de la famille. Cela a pour conséquence de ralentir les travaux champêtres, créant ainsi des difficultés dans le respect du calendrier de travail. Dans d'autres exploitations par contre, on se résout à boire l'eau non potable des marres et marigots. Ce qui affecte la santé de ces populations (développement des maladies hydriques), donc l'agriculture dans la zone.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon