1.3.8 Analyse des systèmes de production
L'agriculture manuelle qui ne peut pas assurer sa
reproductibilité va se raréfier. La figure 16 montre que les
systèmes de production en dessous du seuil de survie sont
pratiqués par des agriculteurs utilisant des outils manuels. Ensuite,
face à une baisse continue de la fertilité des sols (diminution
de la durée des friches) et à une présence
quasi-permanente des adventices de culture, les outils agricoles manuels et la
faible utilisation d'engrais organiques ne permettront pas à ces
exploitations de se perpétuer. Les opérations culturales
deviendront de plus en plus difficiles et les rendements de plus en plus
faibles. Il est donc clair que ces systèmes de production ne sont pas
viables à moyen et long termes. Ces agriculteurs vont devoir abandonner
l'agriculture ou passer à un autre système de production en
utilisant les revenus d'activités extra-agricoles.
Les exploitations qui intègrent la défriche
brûlis vont aussi disparaître. En effet, les friches de courtes
durées (2 à 4 ans) ne sont plus suffisantes pour reproduire
correctement la fertilité des sols. Il va falloir donner aux friches une
autre vocation. La tendance à la hausse du coût de l'engrais
minéral, conduira ces exploitations dans une crise de fertilité
qui provoquera un abandon progressif de certaine culture (coton). Devant
l'accroissement rapide de la population (taille des familles grandissant et
arrivée de nouveaux immigrés), il va se poser le problème
de terre qui conduira nécessairement à un morcellement des
superficies familiales. Cela aura pour conséquence de favoriser la
naissance de petites exploitations avec des superficies plus réduites
où les friches n'auront plus leur place dans les rotations. La culture
continue va alors se généraliser au détriment de
l'abattis-brûlis.
Par ailleurs, les systèmes de production ayant la
traction asine ne vont pas demeurer. La traction asine ne résout pas le
problème des adventices et constitue une phase transitoire de passage
à la traction bovine plus lourde et qui peut lutter durablement contre
les adventices de cultures. Dans ces SP, le moyen de reproduction de la
fertilité reste l'engrais minéral dont le prix est de plus en
plus élevé et hors de portée pour les petits agriculteurs.
De plus, le fait de posséder un âne de traction n'apporte pas de
VAB à l'exploitation, contrairement aux boeufs de trait. En effet,
l'exploitation perd par tête et par an une somme de 3 000 f CFA.
Les types d'exploitations qui pourront exister sont ceux
disposant de matériels agricoles lourds (traction bovine ou
moto-mécanisation) qui permettent de cultiver en continu, et de moyens
durables pour reproduire la fertilité des sols tel que les bovins de
parcours (pour bénéficier du fumier). Une forte
corrélation entre agriculture et élevage va caractériser
les différentes exploitations dans cette zone. Face à une
augmentation du prix des intrants et face à une baisse continue du
coût du coton, les
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producteurs qui continueront à produire le coton sont
probablement ceux qui se seront tournés vers les OGM pour minimiser le
coût des intrants, mais aussi ceux qui auront accès à la
moto-mécanisation pour étendre les surfaces emblavées en
coton. De nouvelles cultures de rentes telles que le soja et le jatropha
pourront se développer et concurrencer fortement le coton. Les nouvelles
exploitations s'apparenteront aux systèmes de productions 9, 8 et 7.
Figure 17 : Contribution des systèmes de culture et
d'élevage à la VAB totale
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