1.3.5.1 Présentation des systèmes de cultures
(SC)
Les principaux systèmes de cultures intègrent
les céréales. La production céréalière est
destinée à la consommation familiale, mais il arrive que des
agriculteurs vendent leur excédent de céréale après
avoir stocké une quantité suffisante. Les systèmes de
cultures intégrants les cultures de rentes (coton, soja, sésame)
et les systèmes basés sur les cultures maraîchères
génèrent des revenus aux ménages.
On peut regrouper les systèmes de cultures en deux,
selon qu'ils contiennent ou non des friches (ou prairies). L'absence des
friches montre la continuité des cultures et donne une idée sur
l'utilisation des engrais et des herbicides.
Le symbole // utilisé entre deux cultures montre la
succession interannuelle de ces deux cultures sur une même surface. Le /
est mis pour désigner une succession intra-annuelle des cultures. Le
symbole * est mis pour désigner le nombre de fois que cette succession
intervient.
1.3.5.1.1 Systèmes de culture avec friche (ou
prairie)
Ce système est assez fréquent chez les
Kasséna (autochtones) et les Peulh. La friche (de courte durée)
permet de régénérer la fertilité pendant quelques
années. En général, après une défriche, le
mil ou le sorgho est cultivé pour lutter contre les adventices. En
effet, ce sont des plantes très rustiques qui ne craignent pas les
mauvaises herbes. L'herbicide est parfois utilisé pour résoudre
le problème d'adventices. L'atrazine est le produit fréquemment
rencontré sur les marchés locaux. Les autres techniques de
reproduction de la fertilité sont peu développées et cela
se ressent sur les rendements. Le ratio (i) nombre d'homme jour par surface
emblavée montre que ces systèmes sont peu intensifs en travail.
Les principaux systèmes de cultures rencontrés sont :
SC 1 : Sorgho//coton//maïs
rouge//coton//sorgho//friche * 4
On retrouve ce système de culture chez les exploitants
manuels mais aussi chez ceux qui utilisent la traction bovine. Cette
différenciation des outils influence la Valeur Ajoutée Brute
(VAB) produite. Ce système de culture est pratiqué
généralement sur les plateaux et les glacis et les superficies
occupées varient de 2,25 ha pour les manuels jusqu'à 15 ha
environ pour les exploitants munis de traction attelée bovine. Les
rotations culturales dépendent des spéculations cultivées.
Les céréales occupent des surfaces plus grandes que les autres
cultures.
37
SC 2 : Coton * 2//maïs blanc * 2//soja * 2
//friche * 3
Ce système de culture est pratiqué par les
exploitants manuels, les exploitants possédant la traction asine et par
ceux disposant de traction bovine. Les superficies mises en jeu vont de 2,25
à 6,75 ha environ sur des sols sablo-argileux et
gravillonnaire-argileux. Les cultures de rentes et les légumineuses
occupent sensiblement la même surface que les céréales. La
VAB produite dépend des cultures, de la superficie cultivée et du
type d'outils utilisés. L'herbicide, les engrais minéraux et
organiques sont fréquemment appliqués pour combattre les
mauvaises herbes mais aussi pour refertiliser les sols.
SC 3 : Mil//maïs blanc * 2//sorgho *
2//niébé//friche * 3
Les sols concernés par ce système de culture
sont ceux des glacis et des plateaux. Il est pratiqué par des
exploitants utilisant la traction bovine et asine, mais aussi par des manuels.
Les superficies que ce système de culture occupe peuvent être
réduites mais quelque fois très grandes (3-8 ha). Les
céréales occupent la majeure partie des surfaces et procurent la
plus grande VAB. Ce système emploie faiblement les engrais
minéraux et les herbicides. Les friches (ou prairies) restent le seul
mode de fertilisation des sols ce qui explique la faiblesse des rendements
enregistrés dans ce système.
SC 4 :
Maïs//maïs//parc//maïs//maïs//parc//maïs//sorgho//parc
/ /prairie //prairie //parc
C'est un système de culture pratiqué par les
peulh sur 3 ha environ et sur des sols gravillonnaires. Le principal outil de
travail du sol est la traction bovine et les moyens de reproduction de la
fertilité sont les parcs (fumier) et les prairies (friches). Les parcs
sont généralement intercalés entre les
céréales. Cependant, ils peuvent arriver que les parcs viennent
avant les prairies pour permettre au sol de bénéficier du fumier,
ce qui favorise la croissance rapide des herbacées fourragères
qui constituent la base de l'alimentation du bétail. L'herbicide et les
engrais minéraux sont faiblement utilisés.
1.3.5.1.2 Systèmes de culture sans
friche
On les rencontre généralement chez les
immigrés qui cultivent en continu depuis 2002. L'utilisation permanente
d'herbicides, l'épandage d'engrais chimiques et organiques (fumier et
compost) et la rigueur dans le respect de l'itinéraire technique font
que les rendements sont meilleurs. A cela s'ajoute aussi le fait que les
techniques culturales sont plus évoluées. En effet, les
immigrés viennent de régions où l'agriculture est
très avancée (plateau mossi, Côte d'Ivoire).
38
SC 5 : Riz
39
Il s'agit de la monoculture du riz en continu avec utilisation
d'herbicide et de l'engrais minéral dans certains cas. Il appartient aux
systèmes de production utilisant la traction bovine et asine et est
pratiqué dans les bas-fonds ou les voies d'écoulement des eaux.
Ce système de culture est pratiqué sur de petites superficies de
0,25 à 0,5 ha environ car le village ne dispose pas de grands bas-fonds.
Les sols concernés sont de types limono-argileux qui seraient favorables
à la culture du riz grâce à leur capacité de
rétention en eau.
SC 6 : Maïs rouge /pastèque
//Tomate//aubergine locale//tomate//aubergine locale//maïs
blanc
Ce système de culture est pratiqué sur de
petites surfaces de 0,25 à 0,75 ha environ et emploie de l'herbicide,
des engrais minéraux (NPK et l'urée) et parfois de l'engrais
organique. Ce système est pratiqué en continue dans les bas-fonds
ou les voies d'écoulement d'eau par des agriculteurs ayant la traction
asine ou la traction bovine. Ce système comprend une rotation
intra-annuelle pour laquelle la céréale occupe la même
surface que le maraîchage. Le maraîchage confère à
cette rotation une productivité de la terre importante. Le
système comprend aussi une rotation annuelle pour laquelle le
maraîchage occupe la majeure partie des surfaces avec une
productivité de la terre moins importante.
SC 7 : Coton//maïs blanc//coton//maïs
blanc//coton//maïs blanc //coton//
sorgho//coton//niébé
C'est un système de culture continue pratiqué
sur les plateaux ou les glacis et qui occupe de grandes superficies (7 à
16 ha environ). Il est présent chez les exploitants possédant la
traction asine, la traction bovine et la moto-mécanisation. Ce
système utilise aussi de l'herbicide et des engrais chimiques et dans
quelque cas, de l'engrais organique sous forme de compost. En traction asine et
bovine, ce sont les cultures céréalières qui occupent la
majeure partie des surfaces, par contre en moto-mécanisation les
cultures de rente (coton principalement) occupe la plus grande surface
emblavée.
SC 8 : Coton bio//sorgho
Ce système de culture biologique est pratiqué
sur les plateaux ou les glacis par les exploitants possédant la traction
bovine. Le compost est le seul élément de reproduction de la
fertilité car les superficies sont petites (2 ha environ) et les
insecticides sont une décoction à base de racine, d'écorce
et feuille de plantes. La culture de rente et la céréale se
repartissent équitablement les surfaces emblavées. La VAB
produite est importante de 379 000 f CFA car les CI sont très
faibles.
40
1.3.5.2 Analyse des performances
technico-économiques des systèmes de cultures SC
Les systèmes de cultures pratiqués
diffèrent par leurs performances technico-économiques. Ces
performances peuvent être la valeur ajoutée brute, la
productivité à l'hectare ou la productivité du travail.
1.3.5.2.1 Analyse des VAB
Les SC 1 et le SC 7 sont respectivement ceux qui fournissent
une VAB de plus de 1 000 000 f CFA. Ils intègrent tous la culture
commerciale et se pratiquent sur le même type de sol avec des
équipements différents. Le SC 7 qui utilise la
moto-mécanisation engendre un coût supplémentaire
élevé (lié aux frais de location du tracteur) mais procure
la plus grande VAB. La succession coton // maïs blanc occupe les plus
grandes superficies des SC 1 et SC 7. Cela s'explique par le fait que le
maïs blanc profite de l'arrière effet de l'engrais du coton des
années précédentes mais aussi qu'une partie de l'engrais
du coton est détourné sur le maïs.
1.3.5.2.2 Analyse de la productivité de la
terre
Les SC 5 et SC 6 produisent plus de VAB à l'hectare.
Cela s'explique par le fait qu'il y a deux productions au cours de la
même campagne agricole (rotations intra-annuelles : maïs rouge /
pastèque) mais aussi au fait que le riz et le maraîchage, sont
très productifs et sont cultivés sur de petites superficies.
Rapportées à l'hectare, leurs VAB se multiplient pour atteindre
des valeurs élevées. Les systèmes de cultures en continue
présentent les meilleures productivités à l'hectare. Pour
une même rotation, la productivité à l'hectare est plus
importante en traction bovine qu'en traction asine. En témoignent les SC
5 (monoculture du riz) puis SC 6. Cela se justifie, parce que la force de
travail et la profondeur du labour influent sur le rendement et par
conséquent sur la valeur ajoutée brute.
1.3.5.2.3 Analyse de la productivité du
travail
D'une manière générale, les SC
possédant des friches (ou prairie) sont les moins productifs en travail.
Les SC céréales // maraîchage sont les plus productifs en
travail avec plus de 3 000 f CFA/hj. Les rotations intra-annuelles cumulent la
productivité en travail du maïs rouge et de la pastèque.
C'est cela qui leur confère une productivité en travail assez
élevée. Le SC céréales // parcs // friches en est
une exception. La valeur élevée de cet indice est due à la
faiblesse du temps de travail qui lui est accordé et à la
présence de parc qui améliore le rendement. Parmi les SC les
moins productifs en travail, se retrouve le SC 5 avec moins de 1 000 f CFA/hj.
En effet, la culture du riz se pratique sur un
41
sol limoneux-argileux, très lourd et difficile à
travailler en traction asine. Les agriculteurs mettent logiquement plus de
temps à cultiver ces sols.
Le SC 7 intégrant le coton rentabilise moins le travail
avec une valeur proche de 2 000 f CFA/hj, ce qui reste relativement faible.
Cela s'explique par l'exigence en travail de la culture cotonnière (deux
sarclo-buttages, deux désherbages manuels après les
sarclo-buttages et les travaux de récolte manuelle).
1.3.5.3 Présentation des systèmes
d'élevage (SE)
On distingue neuf systèmes d'élevage
différents qui se développent dans un environnement marqué
par une insuffisance d'eau et un déficit fourrager en saison
sèche. En effet, le fourrage herbacé qui est la principale source
d'alimentation du bétail, se raréfie (à cause de la
pression foncière), et le problème d'eau pour l'abreuvement du
troupeau est loin d'être résolu (malgré l'installation de
quelques forages). À ce jour, si une couverture sanitaire accrue (qui a
entrainé le recul des maladies) favorise l'activité de
l'élevage dans l'ensemble, il est bon de reconnaître que la
situation géographique de la zone (entre le PNKT au nord et le RGN au
sud) rend difficile le pâturage des bovins à certaines
périodes de l'année. Les tableaux 11 et 12 (Page 50)
résument les performances technico-économiques des
différents systèmes d'élevage.
1.3.5.3.1 Les Systèmes d'élevage des
animaux de trait
Boeufs de trait (SE 1)
Mode de conduite : Pendant la saison
hivernale (de mai à fin septembre), les animaux de trait travaillent
dans les champs le jour et ils sont parqués la nuit. Le pâturage
se fait autour des champs et est constitué de fourrage herbacé.
L'eau d'abreuvement est apportée par les propriétaires. D'octobre
à février, ils sont en divagation autour des cases et se
nourrissent du peu de fourrage restant (avant les récoltes) et des
résidus de récolte (après les récoltes). De mars
à avril, ils sont au piquet autour des cases et
bénéficient d'une alimentation particulière pour
préparer la période des travaux champêtres. Ils se
nourrissent de résidus de récolte, de tourteaux de coton et
parfois de branches élaguées. Le sel est fourni sur toute
l'année de façon régulière.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués d'un vaccin (trypanocides) dans le mois de juin pour
prévenir la trypanosomiase et la pasteurellose bovine puis d'un autre en
août (perivax) contre la péripneumonie contagieuse bovine. On note
aussi l'utilisation de vermifuge (en comprimé) pour lutter à
titre curatif contre les infections parasitaires.
42
Les boeufs de trait sont choisis dès l'âge de
deux ans dans le troupeau pour les exploitations qui possèdent des
bovins de parcours. Ils peuvent être utilisés durant quatre ans
avant d'être vendus. Ce sont des mâles en général,
taurins ou métis, peu sensibles à la trypanosomiase. Les animaux
ayant travaillé se revendent plus cher qu'à l'achat, car leur
masse musculaire a augmenté (achat : 150 000 f CFA ; vente : 250 000 f
CFA). Le taux de mortalité adulte des boeufs est de 0,125 % avec une
VAB/tête/an s'élevant à 12 000 f CFA. Le temps de travail
consacré aux bovins de trait vaut 52,5 hj par an.
Ânes (SE 4)
Mode de conduite : En saison sèche,
les ânes sont utilisés uniquement pour le transport (traction des
charrettes). Hormis cela, ils sont généralement en divagation
autour des cases et se nourrissent de résidus de récolte. Leur
consommation en eau est assurée par le propriétaire. En saison
hivernale, en plus de la traction des charrettes, les ânes tractent aussi
les outils agricoles (multiculteur, charrue, butteur, sarcleur...). En dehors
de ces travaux, ils sont au piquet autour des champs le jour et autour des
cases la nuit. Le fourrage herbacé constitue leur seule alimentation et
ils s'abreuvent dans les boulis. Le sel est fourni sous forme de
complément alimentaire.
Prophylaxie : Ils reçoivent moins de
soins parce qu'ils sont assez résistants aux maladies. Les traitements
se limitent à une seule injection par an et ils reçoivent trois
vermifuges dans l'année à titre curatif.
Les ânes peuvent être utilisés
jusqu'à dix ans. Ils commencent d'abord par le transport, ce qui les
prépare à la traction des outils de travail du sol, plus lourds.
Une femelle est reproductrice à quatre ans et met bas tous les seize
mois environ. L'utilisation d'une femelle permet donc de produire des petits en
plus du travail. Les animaux ayant travaillé se vendent moins cher
qu'à l'achat (achat : 40 000 f CFA ; vente : 27 500 f CFA). Le temps de
travail lié au SE 4 est 37,5 hj.
1.3.5.3.2 Bovins de parcours
Boeufs de parcours des mossi (SE
2)
Mode de conduite : Les animaux parcourent
dans la journée les friches attribuées et les parcelles non
cultivables en saison pluvieuse (de juin à novembre) parce que les
autres parcelles sont cultivées. Ils se nourrissent de fourrage
herbacé et boivent l'eau des marigots, des bas-fonds et des boulis. Les
nuits, ils sont parqués dans les enclos. En saison sèche (de
décembre à février), ils sont en divagation sur les
parcelles, se nourrissent de résidus de récolte, et s'abreuvent
au forage (coût
43
d'abreuvement : 7 500 f CFA/troupeau/saison). Ils vont parfois
pâturer loin à l'ouest et au sud du village, quand la
période devient cruciale.
Dans les mois de mars et d'avril, s'ajoutent à leur
alimentation des branches élaguées, des graines de coton, et de
tourteaux de coton. En cette période, le temps de pâture dure de 9
h à 17 h. Le sel est fourni de façon complémentaire aux
animaux pendant toute l'année.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués de deux vaccins : la trypanocide (en juin) et le perivax (en
août). À cela, il s'ajoute les vermifuges (en comprimés)
pour guérir les maladies parasitaires. Ce système valorise mieux
le fumier.
Les bovins de parcours des agriculteurs ont principalement une
fonction d'épargne. Les génisses sont mises à la
reproduction à quatre ans, et peuvent mettre bas jusqu'à douze
ans. Elles sont alors vendues (achat : 85 000 f CFA ; vente : 75 000 f CFA). Un
veau nait tous les deux ans en moyenne, surtout pendant l'hivernage (60% des
mises bas). Le mâle reproducteur est également utilisé pour
la traction (SE 1). Un actif est employé pour s'occuper des boeufs toute
l'année.
Boeufs de parcours des peulh (zébu
principalement) (SE 3)
Mode de conduite : En saison sèche, le
troupeau est emmené au pâturage deux fois par jour. Dans la
matinée, de 5 h à 10 h et dans la soirée, il part à
15 h puis revient dans l'enclos vers 20 h. Les lieux de parcours sont
principalement le sud du village et la zone à vocation pastorale
à la quelle le chef du village de Koumbili a cédé une
partie de ses terres. Ce sont des lieux où l'on trouve encore du
fourrage herbacé en cette période de l'année. Ils se
nourrissent aussi de résidus de récolte, de branches
élaguées et les plus affaiblis reçoivent du tourteau ou
des graines de coton en complément. Ils s'abreuvent deux fois par jour
au forage : entre 10 h et 11 h le matin et 17 h et 18 h le soir.
En saison pluvieuse, l'abondance et la disponibilité du
fourrage font que le temps de pâture est réduit à 6h (de
11h à 17h). L'alimentation est constituée essentiellement de
fourrage herbacé et le troupeau s'abreuve dans les boulis, les marigots
ou encore dans les bas-fonds. Aucun complément alimentaire n'est fourni,
sauf en cas de maladie.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués d'une part, de deux vaccins les mois de juin et août :
la trypanocide et le perivax. D'autre part, de vermifuge pour lutter à
titre curatif contre les maladies parasitaires. Il s'ajoute, des traitements
traditionnels efficaces contre certaines maladies.
Les indices de performances sont plus améliorés
: 0,7 mise bas /an, taux de mortalité des jeunes 0,17 % et 0,06 % chez
les adultes. Dans ce système d'élevage, les produits laitiers
sont très bien valorisés. La production journalière de
lait en hivernage est de 2 l, et en saison sèche 0,25 l. Le lait est
consommé par la famille, et vendu en frais, en caillé ou en savon
après transformation. Une vache produit en moyenne 145 l de lait par an.
En hivernage, le lait frais est vendu à 270 f CFA/l, et en saison
sèche à 330 f CFA/l en moyenne. La traite est assurée par
les femmes. Le fumier n'est pas suffisamment valorisé et en plus d'un
employé, un actif familial doit effectuer 174,375 hj pour suivre le
troupeau.
44
Figure 14: Comparaison de SE des bovins de parcours et des boeufs
et ânes de trait
1.3.5.3.3 Les petits ruminants
Les moutons (race mossi) (SE 5)
Mode de conduite : Pendant l'hivernage, les
moutons sont conduits avec les boeufs pour les exploitations qui en disposent,
sinon ils sont au piquet autour des champs et des cases pour éviter
qu'ils ne s'en prennent aux cultures. Ils se nourrissent alors de fourrage
herbacé. En saison sèche, ils sont en divagation sur les
parcelles et se nourrissent de résidus de récolte, de son de mil
ou de maïs et rarement de tourteaux de coton. Ils reçoivent
constamment du sel au cours de l'année.
Prophylaxie : L'injection (pastovins) qu'ils
reçoivent une fois dans l'année lutterait contre la pneumonie. On
leur administre aussi deux vermifuges.
45
Les ovins ont une fonction d'épargne. Les brebis sont
mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre bas
jusqu'à sept ans. Elles sont alors vendues (achat : 10 000 f CFA ; vente
: 7 500 f CFA). Il y a une mise bas par an et 1,6 naissance pour chaque mise
bas.
Pour une exploitation qui ne possède pas de bovins de
parcours, le temps de travail consacré au SE 5 vaut 22,5 hj/an. Pour les
exploitations possédant des bovins de parcours, le temps de gardiennage
lié au SE 5 est compris dans celui des bovins de parcours car les
parcours sont faits ensemble.
Chèvres (race naine) (SE 6)
Mode de conduite : Les chèvres sont en
divagation sur les parcelles pendant toute la période sèche et
leur alimentation est essentiellement constituée de résidus de
récolte. Le son est apporté lorsque la question de l'alimentation
devient difficile. L'élagage des branches fait partie de leur
alimentation pendant cette période. Elles sont parquées les nuits
dans les enclos. En période humide, les chèvres sont retenues au
piquet autour des champs ou des cases là où existe du fourrage
herbacé. Ce fourrage constitue leur alimentation durant cette
période. Cela évite qu'elles ne s'en prennent aux cultures, ce
qui serait source de conflit. Elles sont rentrées dans les enclos les
nuits.
Prophylaxie : Elles reçoivent dans
l'année, une injection de pasteurellade qui les protègerait
contre la peste et deux vermifuges (Administrés par voie orale) à
titre curatif contre les parasites.
L'élevage caprin présente des
caractéristiques différentes de celui des ovins. Les
chèvres sont réformées à six ans (achat : 7 500 f
CFA ; vente : 3 500 f CFA). Elles donnent naissance à deux petits, deux
fois par an et le taux de mortalité chez les adultes est de 0,5%. Il
faut à cet élevage 22,5 hj/an pour couvrir le calendrier
fourrager.
1.3.5.3.4 Les volailles
Poules (SE 7)
Mode de conduite : Les poules sont en
divagation le jour durant toute l'année, les nuits elles s'abritent dans
un coin de la cours aménagé à cet effet. On leur verse de
façon quotidienne des poignées de céréales et
parfois des termites. En dehors de cela, elles se nourrissent d'insectes et de
quelques grains qu'elles trouvent sur les champs.
Prophylaxie : Elle consiste en une injection
d'Ita-new contre la maladie de Newcastle.
Les poules sont mises à la reproduction à six
mois, et sont vendues à trois ans (achat : 1 000 f CFA ; Vente : 1 250 f
CFA). En moyenne, elles pondent trois fois par an et dix poussins naissent
par
46
portée. Tous les oeufs sont gardés pour la
couvaison. La production d'oeufs non fécondés n'est pas connue
des agriculteurs. On leur consacre 11,25 hj de travail par an.
Pintades SE 8
Mode de conduite : Les pintades ont
pratiquement le même mode de conduite que les poules, seulement, elles
ont un rayon de divagation plus vaste lié au fait qu'elles peuvent
voler. Elles pondent leurs oeufs dans la brousse et se nourrissent d'insectes
et grains de céréales perdus lors des récoltes. Ce sont
les poules qui couvent les oeufs qui donneront les pintadeaux. Les pintades ne
reçoivent aucun traitement, ce qui les rend très
vulnérables à la peste aviaire et à bien d'autres maladies
qui sévissent dans la zone.
L'élevage des pintades présente des
caractéristiques différentes que celui des poules (achat : 750 f
CFA ; Vente : 1 250 f CFA). Une pintade pond en moyenne 150 oeufs par an, dont
130 sont consommes ou vendus (25 f CFA l'unité). Les autres sont
couvés par les poules. Le temps de travail annuel qui leur est
consacré est deux fois moins important que pour les poules, soit environ
6 hj.
1.3.5.3.5 Porcs, SE 9
L'élevage de porcs est une activité complexe
tant le porc est un animal destructeur des cultures. Il est assez rentable et
c'est une activité confiée généralement aux femmes.
Il permet d'avoir des rentrées d'argents régulières. Les
truies sont mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre
bas jusqu'à trois ans. Elles sont alors vendues, à un prix
très supérieur a leur prix d'achat. Il y a deux mises-bas par an
et huit naissances pour chaque mise bas. Les pertes sont importantes chez les
porcelets. En plus des jeunes gardés pour le renouvellement du troupeau,
une partie des mâles est engraissée jusqu'à deux ans.
Cependant il parait plus intéressant de vendre les mâles de un an
(achat : 2 500 f CFA ; vente : 20 000 f CFA), car l'animal prend moins de poids
l'année suivante, il valorise moins l'alimentation (achat : 2 500 f CFA
; vente : 38 700 f CFA). Il en est de même pour les femelles, vendues
à trois ans (achat : 3 500 f CFA ; vente : 32 500 f CFA).
Mode de conduite : Les porcs sont en
divagation toute l'année et ne possèdent parfois pas d'enclos.
Cela provoque, en saison humide, des conflits avec certains agriculteurs qui
subissent de gros dégâts. Leur alimentation est constituée
de son de mil ou de maïs, de farine de néré (farine issue de
la transformation des fruits de Parkia biglobosa) et de drêches
de dolo.
Les traitements se résument à des
«vitamines» achetées au marché sous forme de
comprimés destinées à engraisser l'animal, six mois avant
de le vendre. Le temps de travail qui est consacré annuellement à
cet élevage vaut 38,5 hj.
47
Figure 15: Comparaison des SE porcins, volailles et petits
ruminants et porcin.
Tableau III : Performance technico-économique de
l'élevage des volailles
Système
|
Nombre d'oeuf
|
TM des jeunes
|
TM des adultes
|
VAB/mère/an
|
d'élevage
|
pondus/an
|
|
|
(f CFA)
|
SE 7
|
225
|
0,5
|
0,4
|
6 000
|
SE 8
|
1 200
|
0,8
|
0,4
|
3 000
|
TM : Taux de Mortalité, VAB : Valeur Ajoutée
Brute.
48
Tableau IV : Paramètre de productivité des
systèmes d'élevage des animaux.
Indices technico- SE 2 SE 3 SE 4 SE 5 SE 6 SE
9
économiques
Nombre de MB/an
|
0,5
|
0,7
|
0,75
|
1
|
2
|
2
|
Nombre de petit/MB
|
1
|
1
|
1
|
1,6
|
2
|
8
|
TM des jeunes
|
0,2
|
0,17
|
0 ,33
|
0,25
|
0,25
|
0,5
|
TM des adultes
|
0,1
|
0,06
|
0 ,04
|
0,2
|
0,5
|
0,2
|
VAB/mère/an (f CFA)
|
31 000
|
96 000
|
-3 000
|
12 000
|
20 000
|
26 000
|
Tableau V : Rendement de quelques cultures au niveau
provincial
Cultures Mil Sorgho Maïs Riz Arachide Sésame
Soja Niébé
Rendement (t/ha)
|
1,563 1,201 1,081 3,388 0,929 0,909 1,018 1,500
|
*le rendement du coton au niveau national pour la
campagne 2008-2009 était 1 t/ha.
Source : Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRA).
49
1.3.6 Système de production (SF)
On distingue neuf systèmes de production en fonction
des associations spécifiques de systèmes de culture et
d'élevage.
1.3.6.1 SF 1 : Manuel, friches courtes avec culture
commerciale.
Il se compose des SC 1 et le SC 2 puis des SE 6, SE 7 et SE 8.
Le seul mode de reproduction de la fertilité est la friche. La culture
du coton est stratégique. En effet, avec une VAB/hj de 681 f CFA/hj, le
coton représente la culture la moins rentable en travail dans ce SP. Le
coton est cultivé seulement pour engrais qui profitent aux autres
cultures. Le niébé est la culture la plus rentable en travail
(VAB/hj = 1 807 f CFA/hj) parce qu'il exige moins de travail. Le soja apporte
la plus grande valeur ajoutée brute (102 250 f CFA/ha). Les rendements
sont en dessous de la moyenne provinciale. Cette faiblesse s'explique entre
autre par l'insuffisance de la durée des friches (deux à quatre
ans) pour restituer au sol les éléments fertilisants qu'il a
perdu pendant les quatre à cinq ans de culture. De plus, la faible
utilisation de l'engrais minéral lié à la culture du
coton, ne permet de compenser les éléments fertilisant
exportés. Les opérations culturales ne sont pas efficaces du fait
du matériel agricole utilisé. La survie de l'exploitation n'est
pas assurée (figure 16, page 58).
Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et
octobre (annexe 1: calendrier de travail du SP 1). En juin, le travail est
dominé par le sarclage dans ce SP et c'est l'une des tâches les
plus pénibles après le labour, surtout lorsqu'il est manuel.
Cependant les paysans arrivent à s'en sortir grâce à
l'entraide ou à de grosses journées de travail. Dans le mois
d'octobre, la récolte des cultures commerciales domine le calendrier de
travail.
La famille comporte deux actifs, deux dépendants et une
SAU de 4,5 ha, d'où 2,25 ha/actif. Le ratio inactifs/actifs est
égal à l'unité (r = 1). La main d'oeuvre n'est donc pas
abondante et une surface de 2,25 ha/actif est grande pour un agriculteur en
manuel. La contribution de l'élevage au VAB totale est faible (figure
17, page 60).
Le matériel agricole utilisé est composé
uniquement d'outils manuels (dabas, machettes, calebasses, rayonneur...) et les
surfaces exploitées sont généralement les plateaux et les
glacis. Les sols de bas-fonds (hydromorphes) ne sont pas exploités de
façon adéquate. En effet, il arrive que ces familles disposent de
bas-fonds mais ne pratiquent pas de maraîchage faute de main d'oeuvre
suffisante.
50
1.3.6.2 SF 2 : Manuel, friches courtes sans culture
commerciale
Il s'agit d'une agriculture de subsistance. La grande taille
de la famille (dix personnes dont quatre actifs) est l'une des raisons
principales qui excluent la culture commerciale dans ce SP. Le ratio
inactifs/actifs r = 1,5 montre que cette exploitation produit uniquement pour
la consommation familiale. Elle ne peut donc pas capitaliser en vendant les
excédents de sa production pour passer à la traction
attelée. Ce SP se compose du SC 3 à base de cultures
vivrières et des SE 6 et SE 7. La faiblesse des rendements fait que le
maïs rouge est produit pour pallier les difficultés d'alimentation
qui persistent en début ou en milieu de campagne agricole. En effet, le
maïs rouge est une culture à cycle court (60 jours), de ce fait, il
arrive à terme en août et permet aux agriculteurs de vivre en
attendant les récoltes prévues dans les mois d'octobre et de
novembre.
Hormis les friches, aucun autre mode de reproduction de la
fertilité du sol n'est pratiqué. Cela se ressent sur les
rendements. La pointe de travail se situe dans le mois de juin pendant lequel
le sarclo-buttage est l'activité quotidienne. En juin, les heures de
travail dépassent largement les huit heures, sinon, un recours à
l'entraide est obligatoire. La SAU est de 8 ha, soit deux hectares pour un
actif, ce qui est assez vaste pour une exploitation où l'on travaille
sans traction attelée. L'élevage contribue pour très peu
à la VAB totale. Le niébé reste la culture la plus
rentable en travail avec 1 807 f CFA/hj et le maïs rouge à la plus
grande VAB à l'hectare (103 200 f CFA/ha). Le sorgho a la plus grande
valeur ajoutée brute (VAB = 117 640 f CFA) ce qui confirme que cette
exploitation est tournée vers l'autoconsommation et par
conséquent ne peut pas se développer. C'est une exploitation en
difficulté qui ne peut pas se renouveler car elle est en dessous du
seuil de survie.
Le matériel agricole est essentiellement manuel dans ce
type d'exploitation. Il s'agit de dabas, calebasses, machettes, haches,
couteaux, faucilles...
1.3.6.3 SF 3 : Traction asine, friches courtes avec
culture commerciale.
Ce SP comprend quatre actifs et quatre dépendants et se
compose des SC 2, SC 3 et du SC 5 puis des SE 4, SE 6, SE 7, SE 8, et SE 9. La
SAU est de 11,75 ha avec une surface par actif de 2,67 et le ratio
inactifs/actifs est égal à l'unité. Cela explique
pourquoi, en fin de campagne agricole l'entraide est nécessaire pour ce
type d'exploitation.
La traction asine est une phase transitoire qui permet de
passer de la culture manuelle à la traction bovine lourde. De ce fait
elle permet d'étendre les surfaces cultivables. Cependant, si les
opérations culturales liées à la traction sont couvertes,
ce n'est pas le cas pour les travaux manuels de
51
récolte. Ainsi, dans le dernier trimestre de
l'année, il faudra quasiment un actif en plus. La conséquence est
que dans un tel SP, les familles combinent grosses journées de travail
et entraide.
Les rendements sont supérieurs à ceux des SP
précédents mais restent cependant faibles par rapport à la
moyenne de la province, à l'exception du maïs et du soja. Le coton
est cultivé pour son engrais qui permet de fertiliser les sols et
d'améliorer le rendement du maïs. Les surfaces cultivées
peuvent être les plateaux ou les glacis, mais aussi les sols
hydromorphes.
Le riz est la culture qui rapporte le plus à l'hectare
(VAB/ha = 205 210 f CFA/ha) mais faute de grands espaces le riz est toujours
cultivé sur de superficies atteignant rarement 0,75 ha. Le coton est la
culture qui rapporte le moins en travail (VAB/hj = 606 f CFA/hj) et le
maïs blanc apporte le plus de valeur ajoutée brute (289 125 f CFA).
L'élevage de petits ruminants qui y est associé permet de
capitaliser pour passer à une traction animale plus lourde (bovine). Le
plus rentable des SE est l'élevage des porcs qui fait gagner 26 000 f
CFA/mère/an alors qu'une ânesse fait perdre 3 000 f
CFA/mère/an. La perte annuelle engendrée par l'élevage
d'ânes est compensée par le travail que ce dernier effectue dans
l'exploitation.
Le matériel agricole comprend les outils artisanaux
adaptés à la traction asine (légère). Les
pièces qui composent ces outils ont un poids relativement faible pour
permettre à l'animal de les tracter. Les outils manuels sont
principalement ceux utilisés pour le semis (dabas, calebasses), la
défriche (machettes, haches) et la récolte (couteaux,
faucilles).
1.3.6.4 SF 4 : Traction asine, sans friches, avec
culture commerciale.
Ce SP combine les SC 5, SC 6. L'élevage pratiqué
concerne les SE 4, SE 6 et SE 7. Dans ce SP, les cultures
maraîchères contribuent pour beaucoup à l'augmentation de
la VAB. L'utilisation des engrais minéraux pour refertiliser les sols et
des pesticides pour lutter contre les adventices de culture permettent d'avoir
des rendements acceptables, parfois supérieurs à la moyenne de la
province. L'utilisation de compost associée à la maîtrise
des techniques culturales joue un rôle non négligeable dans
l'augmentation des rendements. Dans cette catégorie d'exploitations, on
rencontre des migrants venus de régions où l'agriculture est
développée. Leur connaissance dans le domaine est assez
remarquable. En témoigne la rotation intra-annuelle qui répond
à un souci d'intensification. En effet, le maïs rouge ayant un
cycle court (60 jours), il arrive à terme en août pendant qu'il
pleut encore et que le sol est humide. Le maïs est récolté
rapidement et la pastèque est mise en terre. Tout est coordonné
de telle sorte que la pastèque commence à murir lorsque tombent
les dernières pluies. La pastèque est une plante qui n'a pas
besoin de beaucoup d'eau pour murir.
52
La famille est d'une grande taille (10 personnes dont 5
actifs) ce qui permet de couvrir le calendrier de travail sans forcément
avoir recours à l'entraide. De grosses journées de travail
suffisent. La SAU est de 8,5 ha. Cela donne une surface par actif de 1,7, qui
est assez réduite (par rapport au précédent) à
cause du nombre d'actifs élevé. Dans ce système où
il n'y a pas de coton, les agriculteurs sont obligés de diversifier les
cultures pour accroitre la valeur ajoutée. Les pointes de travail se
situent en juin et en juillet pour le sarclage et le buttage puis en octobre
pour les récoltes. Le SP ne permet pas de capitaliser, donc de pratiquer
l'élevage de parcours. La vente des excédents
céréaliers et les revenus liés à la culture
maraîchère sont les deux principaux moyens qui permettent de
capitaliser et de passer très vite à la traction bovine. Dans ce
type d'exploitation, le maïs et la pastèque ont une VAB/ha plus
élevée avec respectivement 320 700 f CFA/ha et 301 920 f CFA/ha.
Cependant les sols hydromorphes sont rares et les surfaces de maraîchage
restent toujours réduites à moins d'un hectare.
Le matériel agricole se compose d'outils artisanaux
adaptés à la traction asine (légère). Ce sont par
exemple : les multiculteurs, les charrues... Les pièces constitutives
ont un poids relativement faible pour permettre aux ânes de les
supporter. Les outils manuels sont principalement ceux utilisés pour le
semis et la récolte (daba, machettes, etc.) comme les SP
précédents.
1.3.6.5 SF 5 : Traction bovine, friches courtes avec
culture commerciale
Il se compose d'une part des SC 1 et SC 2 en défriche
brûlis et d'autre part du SC 5 en culture continue (monoculture du riz).
L'élevage contribue peu à la VAB totale et concerne les SE 1, SE
4, SE 5, SE 6, SE 7, SE 8 et SE 9. La pointe de travail se situe dans le mois
de juin et les 9 actifs familiaux doivent consentir des efforts
supplémentaires pour couvrir le calendrier. Le travail pendant cette
période est dominé par le sarclage et quelques semis. Le semis
étant une tâche moins pénible, il est l'oeuvre des femmes
ou des adolescents. Le ratio inactifs/actifs est de 0,66 et le problème
de calendrier ne se pose pas, malgré une surface par actif assez vaste
(2,39 ha/actif), car la traction bovine permet de réduire le temps de
travail.
Les friches étant de courtes durées, les engrais
organiques (compost) et minéraux (urée, NPK) sont souvent
combinées pour fertiliser de nouveau le sol. Mais malgré cela les
rendements de céréales restent inférieurs à la
moyenne provinciale. Cela s'explique par le fait que les opérations
culturales ne sont pas exécutées à temps et avec
efficacité. Les cultures vivrières occupent une partie importante
des surfaces emblavées et les friches représentent presque la
moitié de la SAU (21,5 ha). Le rendement en coton est de 1,2 t/ha contre
1 t/ha au niveau national. Le SE 9 peut être mieux valorisé en
utilisant les déjections et les urines pour fertiliser les sols. Mais
cela suppose un mode de conduite qui stabilisera
53
les animaux en vue de récupérer leurs
déchets. Ce type d'exploitations pratique l'activité de
transformation des produits agricoles. Par exemple, la transformation du sorgho
en bière (dolo) génère des revenus et fournit les
drêches qui servent d'aliment aux porcs.
Le maïs blanc rapporte le plus à l'hectare (232
650 f CFA/ha) et en travail (3 405 f CFA/hj). Ce type de SP peut facilement
capitaliser en achetant du bétail, grâce aux revenus liés
à la culture du coton. En effet, les inactifs sont peu nombreux par
rapport aux actifs (r = 0,66), de ce fait, les charges sont réduites.
Les outils de fabrication traditionnels utilisés
(charrue, butteur...) sont peu performants car ils n'ont pas une bonne
profondeur de travail du sol. Ainsi le labour est superficiel et les adventices
des cultures repoussent vite. Les outils manuels restent fortement
associés aux outils attelés pour accomplir certaines
opérations manuelles comme les semis.
1.3.6.6 SF 6 : Traction bovine, sans friches avec
culture commerciale
Les familles sont constituées
généralement de 13 personnes dont 7 actifs pour une SAU de 11 ha,
soit une surface par actif de 1,57 et le ratio inactifs/actifs est
inférieur à l'unité(r = 0,99). Ce type d'exploitation
pratique les SC 5, SC 6 et SC 7 auxquels s'associent les SE 1, SE 4, SE 5, SE
6, SE 7 et SE 8. Ce SP emploie de grandes quantités d'engrais
minéral et organique, mais aussi des pesticides pour lutter contre les
adventices qui colonisent très vite les champs et contre les ravageurs
des cultures. Les cultures sont très diversifiées pour ce
système de production.
Les rendements des céréales sont au dessus de la
moyenne de la province. Le riz, le sorgho et le maïs ont respectivement
3,469 t/ha, 2,5 t/ha et 1,265 t/ha. Avec un rendement de 1,5 t/ha, le coton
occupe le troisième rang en termes de productivité de la terre
après les céréales (riz, maïs) et le
maraîchage. La productivité du travail confère les premiers
rangs au maïs rouge (6 930 f CFA/hj), à la pastèque (3 805 f
CFA/hj) et au maïs blanc (3 300 f CFA/hj). Cela est lié au fait que
les deux premiers sont pratiqués sur de petites superficies atteignant
rarement les 0,75 ha. Le SC 5 apporte la plus grande valeur ajoutée
brute à ce type d'exploitation (2 289 328 f CFA).
La pointe de travail se situe en octobre, mois de
récolte des cultures commerciales et vivrières. Le nombre
d'actifs familiaux est suffisant pour couvrir les travaux, en dépassant
les huit heures de travail journalier. Les systèmes à base de
cultures maraîchères contribuent fortement à élever
la VAB dans ce SP. Le maraîchage est certes pénible mais c'est
l'une des activités agricoles qui procure le plus de revenu aux
agriculteurs dans la zone de Koumbili. La pratique de cette activité
nécessite des terres
54
de bas-fonds ou des voies d'écoulement d'eau. Les
superficies cultivées sont généralement très
petites et les revenus engendrés sont élevés.
Le matériel agricole utilisé est lourd et de
type moderne. Il s'agit de multiculteurs et de charrues adaptées
à la traction bovine lourde. Selon l'opération à
effectuer, on monte sur la charrue à bâtis polyvalent les socs de
labour (pour le labour) ou les butteurs (pour le buttage). Certains outils
manuels tels que les dabas, les machettes...sont fréquemment
utilisés pour exécuter les tâches légères
(semis ou repassage manuel...). Cette exploitation dispose de deux boeufs de
trait et d'un âne pour le transport.
1.3.6.7 SF 7 : Traction bovine, sans friches, avec
culture commerciale et gros élevage
Ce SP regroupe des familles de 15 personnes dont 8 actifs pour
une SAU de 12 ha, soit 1,5 ha par actif. Les céréales et les
légumineuses occupent la grande partie des superficies emblavées
contre près d'un quart des surfaces réservées aux cultures
de rente. Le ratio inactifs/actifs est inférieur à un (r =
0,875), il y a donc moins de bouches à nourrir. Ce SP peut facilement
faire des économies pour passer au SP 8.
Ce SP se compose des SC 5, SC 7 et SC 8 puis des SE 1, SE 2,
SE 4, SE 5, SE 6 et SE 7. On note un échange important de
matières entre systèmes d'élevage et systèmes de
culture. En effet, les résidus de récolte servent à
alimenter les animaux en saison sèche et les déchets animaux sont
utilisés comme fumier pour fertiliser les sols. Cela est possible
grâce au gros élevage que possèdent ces agriculteurs. Le
coton étant inclus dans les successions culturales, les autres cultures
bénéficient de l'arrière effet de l'engrais minéral
apporté par le coton. La fabrication de compost et d'utilisation de
d'herbicide participent respectivement à l'amélioration de la
fertilité des sols et à la lutte contre les adventices de
cultures.
Les animaux sont parqués la nuit dans des enclos
(autour des cases) qui peuvent changer de place selon l'objectif de rendement
de l'exploitant. D'une manière générale, ils sont
parqués sur des parcelles qui seront mises en culture au cours de la
campagne à venir. Cela permet de refertiliser les sols autour des cases
(pour les champs de case), mais une partie de la fumure organique est aussi
emmenée pour être épandue dans les champs de brousses. Les
herbicides sont appliqués quelques jours avant le labour. C'est un
labour qui permet d'enfouir les herbes mortes qui serviront de matière
organique pour un meilleur développement des cultures. Cette technique
culturale permet d'obtenir des rendements semblables à ceux du SP 6 pour
l'ensemble des cultures. Le SC 8 donne un rendement faible pour le coton bio
(0,7 t/ha contre 1 t/ha pour le coton conventionnel au niveau national). Pour
le sorgho bio c'est le contraire (1,5 t/ha contre 1,201 t/ha pour le
conventionnel). Le coton conventionnel
55
arrive au troisième rang en termes de
rentabilité à l'hectare après le riz et le maïs
blanc. En travail, les plus rentables sont le maïs blanc (3 300 f CFA/hj),
le sorgho (3 210 f CFA/hj) et le riz (1 970 f CFA/hj). Cela est dû au
fait que le premier est pratiqué sur de petites superficies atteignant
rarement 0,5 ha.
Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et
octobre. Les opérations culturales sont dominées par le sarclage
et les semis en juin puis par la récolte en octobre. En octobre, les
paysans sont obligés de faire de grosses journées de travail pour
couvrir le calendrier cultural. Concernant l'élevage, les travaux
atteignent leurs pics dans le mois d'avril où les effets de la
sécheresse affectent fortement les animaux. En cette période il
devient difficile d'alimenter le bétail. Le nombre d'heures
passées au pâturage est plus long parce qu'ils y restent plus
longtemps pour permettre aux animaux de brouter suffisamment. Le
problème d'alimentation en saison sèche contraint les populations
à limiter le nombre de têtes.
Le matériel agricole est constitué de
multiculteurs et de charrues modernes (simples ou à bâtis
polyvalent) pour le labour, le sarclage et buttage. On note aussi l'utilisation
de la charrette pour le transport du fumier et des récoltes. Un
arrosoir, un râteau... interviennent dans la fabrication du compost. Le
petit matériel (machettes, dabas, faucilles...) est fréquemment
utilisé. Cette exploitation possède quatre boeufs de trait pour
la traction qui sont tous issus de son troupeau. L'âne assure le
transport de la matière organique (fumier, compost) et des
récoltes.
1.3.6.8 SF 8 : Moto-mécanisation, traction
bovine, sans friches, culture commerciale et gros
élevage.
Les familles comprennent 20 personnes dont 12 actifs et la SAU
est de 19 hectares, soit environ 1,58 ha par actif familial. Les cultures
commerciales (coton principalement) occupent une place importante dans ce SP.
L'utilisation de la moto-mécanisation (tracteur) répond au double
objectif de lutter efficacement contre les adventices et d'étendre les
superficies cultivables qui concourent à augmenter la production. Le
labour est la seule opération exécutée à l'aide de
tracteur et les parcelles concernées sont emblavées en coton,
mais de plus en plus même les parcelles emblavées en cultures
vivrières font l'objet de labours moto-mécanisé. Cette
exploitation se compose des SC 5, SC 6, SC 7, et SC 8 puis des SE 1, SE 2, SE
4, 5, SE 6, SE 7 et SE 8.
Les engrais organiques et minéraux permettent de
fertiliser au mieux les sols. Cette exploitation possède un
élevage important de bovins, de ce fait, elle dispose de fumier qui
peut-être épendu sur les surfaces destinées aux cultures
autres que le coton et le maïs. En outre, les agriculteurs dans ce
56
système font tourner les parcs (à boeufs) sur
les parcelles des champs de cases pour y épandre le fumier sur toute la
superficie. Le compost est destiné aux champs de brousses.
La profondeur du labour, la rigueur dans le respect de
l'itinéraire technique et l'efficacité des opérations
culturales (deux sarclages et un buttage) permettent d'avoir des rendements
supérieurs à la moyenne provinciale (tableau 13, page 48) ; 2
t/ha pour le coton, 3 t/ha pour le maïs blanc et 1,422 t/ha pour le
sorgho. Ainsi la productivité de la terre de 457 180 f CFA/ha pour le
riz, 415 800 f CFA/ha pour le maïs rouge en traction bovine et 414 450 f
CFA/ha au maïs blanc (moto-mécanisaton). La productivité en
travail met le maïs rouge au premier rang des cultures plus rentable avec
6 930 f CFA/hj, suivi du maïs blanc (moto-mécanisation) avec 4 544
f CFA/hj.
Le pic de travail se situe dans le mois d'octobre et les
travaux sont principalement les récoltes des cultures commerciales et
vivrières. Le nombre d'actifs familiaux ne suffit pas pour couvrir le
calendrier, la récolte étant une opération purement
manuelle. Une entraide dans ce mois est donc nécessaire. Devant les
difficultés du calendrier de travail et le problème
réccurrent d'alimentation du bétail, un actif est employé
pour s'occuper des bovins et ovins toute l'année. Avec un ratio
inactifs/actifs inférieur à l'unité, l'épargne pour
acquérir la moto-mécanisation est possible.
Le matériel agricole est lourd et de type moderne. Il
s'agit des multiculteurs, des charrues, des sarcleurs et des butteurs pour
lesquels les animaux de trait nécessitent un mode de conduite
approprié. Le petit matériel agricole est utilisé pour
exécuter les tâches légères. Le matériel de
transport est constitué de charrette ou de brouette et d'un âne
pour la traction. Le service du tracteur est obtenu grâce aux
prestataires de service qui exercent dans la région. En 2009, ces
exploitants obtiennent à crédit, avec le soutien de l'Union
Provinciale des Semenciers du Nahouri (UPSN), leur propre tracteur
(crédit remboursable sur 5 ans). Le crédit pourra être
remboursé grâce aux revenus liés à la culture de
coton et à la prestation de service.
1.3.6.9 SF 9 : éleveurs
(peulh)
La famille est composée de 20 individus parmi lesquels
9 actifs familiaux, et la SAU vaut 6 ha, soit environ 0,67 hectare par actif.
Le ratio inactifs/actifs est de 1,22. C'est dire que la famille a beaucoup de
bouches à nourrir. En effet, les femmes peulh ne cultivent pas, leur
activité principale est la traite des vaches et la transformation du
lait. Dans ce type d'exploitation, les activités agricoles sont
dominées par l'élevage. Cependant la pointe du calendrier de
travail est le mois d'octobre. Un employé (actif) est mobilisé
toute l'année pour la surveillance du troupeau. Le salaire annuel est
payé en
57
donnant un animal selon les closes du contrat. En effet, lors
de la signature du contrat, l'employeur et l'employé conviennent de
l'animal qui doit revenir à ce dernier en fin de contrat.
Ce SP se compose du SC 3 et du SC 4 puis des SE 1, SE 3, SE 4,
SE 5, SE 6 et SE 7. Il n'y a pas de cultures commerciales, ni de
maraîchage dans cette exploitation. Cela prouve que ces familles
accordent plus d'importance à l'élevage. Le mode de fertilisation
des sols est particulier. Si la rotation du parc permet de répandre les
déjections (fumier) sur toutes les parcelles, les prairies (friches) ont
le double rôle de préserver du fourrage à proximité
pour le bétail et reproduire la fertilité. Les sols sont fertiles
mais les rendements sont faibles dans l'ensemble : 1 t/ha pour le mil, sauf
pour le maïs qui est le principal aliment et dont le rendement avoisine la
moyenne provinciale mais aussi et surtout, parce que la fumure organique
épandue sied bien à la culture du maïs. La raison des
faibles rendements est que dans cette exploitation, l'agriculture est une
seconde activité et ne fait pas l'objet d'attentions
particulières. De ce fait, certaines opérations culturales sont
négligées ou totalement ignorées.
La productivité de la terre pour le maïs blanc est
la plus élevée (216 600 f CFA/ha), suivie de celle du sorgho (119
640 f CFA/ha). Le maïs et le sorgho ont la meilleure productivité
en travail avec respectivement 3 209 f CFA/hj et 2 991 f CFA/hj. Malgré
la faiblesse de ces indices, ce type d'exploitation reste l'un des plus riches
de la région grâce aux revenus de l'élevage (Figure 17).
Le matériel agricole est composé d'instruments
traditionnels fabriqués artisanalement par des forgerons locaux. Ce sont
des imitations de matériels modernes qui s'adaptent facilement aux
conditions agro-climatiques et dont l'efficacité laisse à
désirer. On peut citer la charrue à bâtis polyvalent sur
laquelle peuvent être monté le soc de labour ou le sarclo-butteur
selon l'opération que l'on souhaite exécuter. Le matériel
manuel reste fortement associé aux outils attelés.
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