BURKINA FASO
UNITE - PROGRES - JUSTICE
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BOBO-DIOULASSO
INSTITUT DU DEVELOPPEMENT RURAL
Mémoire de fin de cycle
En vue de l'obtention du
DIPLÔME D'INGENIEUR DE CONCEPTION EN VULGARISATION
AGRICOLE
LES TRANSFORMATIONS ACTUELLES DE L'AGRICULTURE: CAS DU
VILLAGE DE KOUMBILI
DIAGNOSTIC AGRAIRE EN ZONE COTONNIERE DE KOUMBILI
(REGION DU CENTRE SUD)
Présenté par : BICTOGO Issiaka
Maître de stage : M. Idrissa SINOU
Directeur de mémoire : Dr. Salimata
POUSGA
JUIN 2010
ii
Tables des Matières Pages
dédicace vi
Remerciements vii
Résumé viii
Abstract ix
Sigles et abréviations x
liste des figures xi
liste des tableaux xii
Introduction 1
CHAPITRE 1 : synthèse bibliographique 2
1 Présentation du Burkina Faso 2
2 definition des termes courant 2
2.1 Système agraire 2
2.2 Système de culture 3
2.3 Système d'élevage 3
2.4 Système de production 3
3 synthèse des systèmes de production au burkina
faso : cas particulier de la province du nahouri 3
4 création et rôles de l'unpcb 4
4.1 Création 4
4.2 Rôles 4
5 Coton au Burkina FASO, un secteur en crise 5
5.1 Évolution du prix du coton 5
5.2 Crise cotonnière 5
CHAPITRE 2 : diagnostic agraire dans le village de koumbili 8
1 matériels et méthodologie de l'étude 8
1.1 matériels 8
1.1.1 Le milieu physique 8
1.1.1.1 Localisation géographique 8
1.1.1.2 Le climat 8
1.1.1.3 Sols et végétation 10
1.1.1.4 Hydrographie 10
1.1.2 Le milieu humain 11
1.1.2.1 Démographie 11
1.1.2.2 Organisation socio-politique 11
iii
1.1.3 Organisation agraire 12
1.1.3.1 Organisation des travaux agricoles 12
1.1.3.2 Mode de gestion du foncier 13
1.1.4 RGN et population de Koumbili : une coexistence difficile
13
1.1.5 Matériel humain et logistique 14
1.2 Méthodologie de l'étude 14
1.2.1 L'approche systémique 14
1.2.1.1 La lecture de paysage 15
1.2.1.2 L'étude de l'histoire agraire 15
1.2.1.3 La recherche bibliographique 15
1.2.1.4 L'étude des systèmes de culture et
d'élevage 15
1.2.1.5 L'étude des systèmes de production 16
1.2.1.6 Calcul du seuil de survie 16
1.2.2 Présentation des formules utilisées dans les
différents calculs 17
1.2.3 Présentation du questionnaire 18
1.2.4 La restitution 21
1.3 Les résultats obtenus 21
1.3.1 La lecture de paysage 21 1.3.1.1 Le village de Koumbili
: un mode de construction qui tient compte de la production agricole21
1.3.1.2 La végétation 22
1.3.1.3 Les formations pédologiques à l'origine du
mode de mise en valeur 23
1.3.2 Histoire agraire du village de Koumbili 24
1.3.2.1 Une agriculture de subsistance 24
1.3.2.2 La création du village 24
1.3.2.3 Développement de l'agriculture 26
1.3.2.4 De 1960 à 1980 : l'arrivée des
éleveurs transhumants 27
1.3.2.5 De 1980 à 1997 : Introduction de la traction
animale 28
1.3.2.5.1 L'interaction agriculture-élevage 28
1.3.2.5.2 Création de la zovic et le début d'un
conflit foncier 29
1.3.2.6 De 1997 à 2003 : le développement de
l'agriculture et la réduction des surfaces cultivables 30
1.3.2.6.1 Vers une agriculture moderne 30
1.3.2.6.2 Une surface agricole utilisable en nette diminution
31
1.3.2.7 De 2003 à 2009 : le dévéloppement
d'une agriculture en continue 31
1.3.2.7.1 L'utilisation des herbicides : la voie royale pour une
agriculture en continue? 31
iv
1.3.2.7.2 La forte pression foncière et le
déclenchement de la culture continue 33
1.3.3 Un processus nouveau d'accès à la terre
34
1.3.3.1 Mode traditionnel 34
1.3.3.2 Mode individuel 34
1.3.4 Evolution de la typologie des systèmes de
production 34
1.3.5 Présentation des systèmes de culture et
d'élevage 37
1.3.5.1 Présentation des systèmes de cultures (SC)
37
1.3.5.1.1 Systèmes de culture avec friche (ou prairie)
37
1.3.5.1.2 Systèmes de culture sans friche 38
1.3.5.2 Analyse des performances technico-économiques des
systèmes de cultures SC 40
1.3.5.2.1 Analyse des VAB 40
1.3.5.2.2 Analyse de la productivité de la terre 40
1.3.5.2.3 Analyse de la productivité du travail 40
1.3.5.3 Présentation des systèmes d'élevage
(SE) 41
1.3.5.3.1 Les Systèmes d'élevage des animaux de
trait 41
Boeufs de trait (SE 1) 41
Ânes (SE 4) 42
1.3.5.3.2 Bovins de parcours 42
Boeufs de parcours des mossi (SE 2) 42
Boeufs de parcours des peulh (zébu principalement) (SE 3)
43
1.3.5.3.3 Les petits ruminants 44
Les moutons (race mossi) (SE 5) 44
Chèvres (race naine) (SE 6) 45
1.3.5.3.4 Les volailles 45
Poules (SE 7) 45
Pintades SE 8 46
1.3.5.3.5 Porcs, SE 9 46
1.3.6 Système de production (SP) 49
1.3.6.1 SP 1 : Manuel, friches courtes avec culture commerciale.
49
1.3.6.2 SP 2 : Manuel, friches courtes sans culture commerciale
50
1.3.6.3 SP 3 : Traction asine, friches courtes avec culture
commerciale. 50
1.3.6.4 SP 4 : Traction asine, sans friches, avec culture
commerciale. 51
1.3.6.5 SP 5 : Traction bovine, friches courtes avec culture
commerciale 52
1.3.6.6 SP 6 : Traction bovine, sans friches avec culture
commerciale 53
v
1.3.6.7 SP 7 : Traction bovine, sans friches, avec culture
commerciale et gros élevage 54
1.3.6.8 SP 8 : Moto-mécanisation, traction bovine, sans
friches, culture commerciale et gros élevage.
55
1.3.6.9 SP 9 : éleveurs (peulh) 56
1.3.7 Étude économique des systèmes de
production SP 57
1.3.8 Analyse des systèmes de production 59
1.3.9 D'autres activités lucratives 60
Conclusion / recommandation 62
Bibliographie 65
webo graphie : 66
ANNEXES 67
Annexe 1 : calendriers de travail des différents
systèmes de production (SP) I
Annexe 2 : courbe de variation de la pluviométrie de 1960
à 2008 et des températures de 1982 à 2008 IV
Annexe 3 : schéma de fonctionnement des systèmes
d'élevage IV
DEDICACE
A ma mère,
vi
je dédie ce mémoire.
vii
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tout d'abord mon binôme,
Marine Esnouf, Montpellier Sup-Agro, avec qui j'ai travaillé pendant
presque cinq mois, pour la qualité de ce travail collaboratif.
Je tiens à présenter mes sincères
remerciements à l'Institut du Développement Rural (IDR) pour
m'avoir associé à ce programme de stage avec l'UNPCB.
Je remercie Dr. Salimata Pousga, mon directeur de
mémoire, pour les conseils qu'elle nous a donné lors de son
passage sur le terrain, mais aussi pendant la rédaction du
présent mémoire.
Merci également à M. Idrissa Sinou, mon
maître de stage, pour les conseils qu'il nous a donné lors de ses
passages sur le terrain et pour sa disponibilité pendant les cinq mois
de stage.
Je remercie ensuite l'équipe de l'IDR et l'UNPCB pour
l'organisation de ce stage et les conditions de travail sur le terrain,
Sébastien Bainville pour les conseils qu'il nous a donnés lors de
son passage sur le terrain.
Merci beaucoup aux habitants de Koumbili, qui m'ont
très bien accueilli, se sont montrés patients et
intéressés par notre travail, et nous ont fait partager leur
savoir. Je salue aussi Sibiri Yogo, notre interprète, qui s'est
montré très compétent pour nous accompagner dans le
travail de terrain, ainsi que l'équipe enseignante de l'école
primaire de Koumbili, qui nous a hébergés.
Je souhaite également remercier les agents terrain de
Faso coton, de l'UNPCB, ainsi que les agents techniques de l'agriculture et de
l'élevage de la zone, pour toutes les informations qu'ils nous ont
données.
J'ai ensuite une pensée pour tous les étudiants
du projet, français et burkinabé, avec qui j'ai partagé de
bons moments à Ouagadougou.
Mercie beaucoup à toutes les personnes qui de
près ou de loin ont oeuvré pour la réussite de cette
étude.
Enfin, un grand merci à ma famille, qui m'a soutenu
dans ce travail, et m'a apporté conseil et réconfort lorsque j'en
avais besoin.
VIII
RESUME
La présente étude a été
réalisée à la demande de l'Union Nationale des Producteurs
de Coton Burkinabé (UNPCB) avec le soutien de l'Agence Française
de Développement (AFD) et a concerné les zones cotonnières
du Burkina Faso. Au terme de cette étude, l'UNPCB espère adapter
son programme d'accompagnement des producteurs aux réalités
agricoles de terrains. Ce diagnostic agraire réalisé à
Koumbili, village situé à 186 km d'Ouagadougou dans la
région du Centre-sud devra appréhender la diversité des
exploitations agricoles, ainsi que les contraintes auxquelles elles doivent
faire face.
Le climat est de type soudano-guinéenne (1000 mm de
pluie par an) et permet le développement d'une végétation
de type savane arborée ou arbustive ainsi que la pratique de la culture
pluviale pendant l'hivernage. Le milieu est composé de plateaux
où affleurent la cuirasse latéritique, et des glacis. Les sols
sont du type sableux à gravillonnaire. Ces sols sont propices à
la culture de céréales et du coton. Le maraîchage et la
riziculture se développent sur des sols argileux que l'on retrouve
très rarement dans la zone.
L'agriculture de la zone d'étude a commencé
lentement son évolution dans les années 90 avec l'introduction de
la traction animale en 1994 et du coton en 1997. La forte croissance
démographique et la réduction du finage villageois sont en train
d'occasionner des changements profonds des pratiques agricoles. Ainsi le
passage de l'agriculture sur friche à la culture continue et le passage
des systèmes de culture manuels aux systèmes de culture
attelés sont en train de se généraliser. Aussi
l'utilisation de la moto-mécanisation et l'intégration
agriculture-élevage sont de plus en plus fréquentes. On distingue
huit systèmes de culture et neuf systèmes d'élevage qui
combinés entre eux donnent neuf systèmes de production. La
durabilité de certains systèmes de production est compromise,
faute d'outils agricoles adéquats et/ou de moyens efficaces de
reproduction de la fertilité.
Mot clés : diagnostic agraire,
système de culture, coton, évolution, agriculture familiale, zone
cotonnière, Burkina Faso.
ix
ABSTRACT
This work has been requested by the national Burkinabe union
of cotton producers, under the financement of French agency of developpement.
The study will allow the union to adapt his future program activity to the
field requirement of the producers. The agrarian diagnosis which was done in a
village located at about 186 km from Ouagadougou in the southern region will
tacle the constraints faced by the producers in this area.
The climate of this location is soudano-guinean (1000 mm
rainfall per year), which is suitable for the development of a spontaneous
vegetation with savanna, as well as pluvial cropping during the rainy season.
The soils are composed by interfluves where appears the ferrallitic shell, and
is sandy and gravely with small slopes, convenient to cereals and cotton
cropping. Market gardening and rice cropping are developed in the slums.
The study zone, where cotton is produced since 1997, recently
went through a strong demographic growth, with a reduction of the village land.
The practices for fertility regenerarion and fighting against weeds are
changing radically, adapting themself to the passage of an agriculture on
fallow lands in the continuous cropping. However, the manual systems are
practised while the use of agricutural motors is starting. This situation
compromises the sustainibility of some of the production systems developed, in
a context where cotton cropping is in reduction giving the decrease of cotton
price in the global market.
Keywords : agrarian diagnosis, production
systems, family farming, cotton, Burkina Faso.
X
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFD : Agence Française de Développement
ATN : Aménagement du Terroir de Nahouri
BCEAO : Banque Communautaire des États d'Afrique de
l'Ouest
FASO COTON : Société cotonnière couvrant
la région du centre sud
IDR : Institut du Développement Rural
INA-PG : Institut National d'agronomie-Paris Grignon
INSD : Institut National des Statistiques et du
Développement
IRC : Institut des Régions Chaudes
MADT : Ministère de l'Administration Territoriale
OGM : Organisme Génétiquement Modifié
PNGT2 : Programme National de Gestion des Terroirs phase 2
PNKT : Parc National Kaboré Tambi
RCS : Région du Centre Sud
RGN : Ranch de Gibiers de Nazinga
RGPH : Recensement Général de la Population et
des Habitats
SAU : Surface Agricole Utilisable
SOFITEX : Société des Fibres Textiles
SPAI : Sous Produit Agro-industriel
UEMOA : Union Économique Monétaire Ouest
Africaine
UNPCB : Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina
UPSN : Union des Producteurs de Semences de Nahouri
VAB : Valeur Ajoutée Brute
VAN : Valeur Ajoutée Nette
ZOVIC : Zone Villageoise d'Intérêt
Cynégétique
ZVC : Zone Villageoise de Chasse
xi
LISTE DES FIGURES PAGES
Figure 1 : Localisation de Koumbili. 6
Figure 2 : Variation du prix des intrants de coton. 6
Données : Faso coton - Pô. 6
Figure 3: Variation du revenu lié à la culture
du coton (1ha) 7
Figure 4: Aperçu des différentes zones
climatique du Burkina Faso. 9
Figure 5: Diagramme ombrothermique de 2001 à 2008. 9
Figure 6: Transect montrant les différents types de
sols 22
Figure 7 : Profil de sol réalisé dans une ravine
lors de la lecture de paysage. 24
Figure 8 : Transect des zones d'activités agricoles en
1960. 27
Figure 9 : Transect des zones d'activité agricole en
1980. 28
Figure 10 : Transect montrant la typologie des exploitations
en 2003. 31
Figure 11 : Les zones d'activité agricole en 2009.
33
Figure 12 : Évolution de la typologie des
systèmes de production chez les autochtones. 36
Figure 13 : Évolution des systèmes de production
chez les migrants 36
Figure 14: Comparaison de SE des bovins de parcours et des
boeufs et ânes de trait 44
Figure 15: Comparaison des SE porcins, volailles et petits
ruminants et porcin. 47
Figure 16 : Comparaison des systèmes de production
58
Figure 17 : Contribution des systèmes de culture et
d'élevage à la VAB totale 60
XII
LISTE DES TABLEAUX PAGES
Tableau I : Appellation des sols en langues locales. 10
Tableau II : Taille de la population de Koumbili suivant les
années. 11
Tableau III : Performance technico-économique de
l'élevage des volailles 47
Tableau IV : Paramètre de productivité des
systèmes d'élevage des animaux. 48
Tableau V : Rendement de quelques cultures au niveau
provincial 48
1
INTRODUCTION
L'Union nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB)
qui a été créée dans le but d'améliorer les
conditions de vie de l'ensemble des producteurs burkinabés de coton,
évolue depuis plus de 3 ans dans un environnement marqué par une
crise généralisée de la filière cotonnière.
Cette situation affecte malheureusement l'économie du Burkina Faso qui
dépend fortement des exportations du coton. La filière coton fait
vivre environ trois millions de Burkinabè (Jeune Afrique, 2005). Cela
exige que l'UNPCB en tant qu'organisation faitière nationale des
producteurs de coton et en tant qu'acteur occupant une place de choix dans la
gestion de la filière, se dote de moyens lui permettant d'évoluer
vers une gestion professionnelle, notamment à travers une meilleure
structuration et un renforcement des capacités de son organisation.
C'est dans cette optique qu'une étude sur la dynamique
des systèmes agraires est réalisée en zone
cotonnière de Koumbili. Cette étude doit montrer comment, dans un
processus historique, les cultivateurs ont pu valoriser les
écosystèmes de cette zone et quels sont les différents
facteurs qui leurs permettent aujourd'hui de passer de la culture
itinérante sur abattis-brûlis à la culture continue et
à la moto-mécanisation. En d'autres termes, cette étude
doit nous permettre de comprendre les transformations actuelles de
l'agriculture dans le village de Koumbili. On attend également de cette
étude qu'elle fournisse une description des exploitations et des
systèmes de productions, une analyse du fonctionnement des
systèmes de production et des facteurs qui orientent les choix
stratégiques des chefs d'exploitation.
Après une présentation de la démarche
mise en oeuvre pour comprendre cette dynamique, nous allons analyser
l'écosystème de la zone où s'inscrivent les
activités familiales. Ensuite, une approche historique permettra de
comprendre les facteurs qui, au cours de l'histoire, ont engendré des
transformations dans l'agriculture pour ainsi permettre de comprendre la
diversité actuelle des systèmes de production et la dynamique en
cours. Enfin, nous allons présenter les systèmes de culture, les
systèmes d'élevage et les activités
complémentaires, ainsi que les façons de les combiner au sein des
systèmes de production. Cela permettra d'illustrer la dynamique et de
comprendre les changements.
Le présent mémoire s'articule autour de deux
chapitres. Le premier chapitre aborde la synthèse bibliographie et le
second, le diagnostic agraire proprement dit.
2
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1 PRESENTATION DU BURKINA FASO
Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, entre le
9ième et le 15ième degré de latitude Nord, le
Burkina Faso est un pays intertropical à caractère
soudano-sahélien nettement marqué et sans littoral (Jeune
Afrique, 2005). Il est limité au Nord par le Mali et le Niger, au Sud
par la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin (Figure 1,
page 6).
Localisé dans la boucle du Niger, mais
étroitement relié au golfe de Guinée par
l'intermédiaire du grand fleuve Volta dont le bassin supérieur
occupe une moitié de son espace géographique, le Burkina Faso est
un pays sahélien enclavé de 274 000 Km2. De 10 312 609
habitants selon le recensement de 1996, sa population est passée,
d'après les estimations à 13 900 000 habitants en 2005 (Jeune
Afrique, 2005). En 2008, on estimait la population à 14 761 339
(ENCARTA, 2009). Le climat appartient au type soudanien à deux saisons
contrastées, une saison humide et une saison sèche de plus en
plus longue au fur et à mesure que l'on va vers le Nord. Ce cycle des
saisons rythme les activités des hommes (Jeune Afrique, 2005).
La majorité de la population vit de l'agriculture avec
de très petites exploitations familiales dont la priorité est la
production de céréales. Cette activité, pratiquée
dans des conditions agro-climatiques et pédologiques difficiles, avec un
système traditionnel d'exploitation extensif, se modernise aujourd'hui
avec l'extension des cultures de rente (le coton est la principale culture de
rente). Le secteur de l'agriculture associé à celui de
l'élevage et de la pêche contribue à environ 40% du produit
intérieur brut (PIB), plus de la moitié des recettes
d'exportation et assure emploi et revenu à 86% de la population (Jeune
Afrique, 2005).
2 DEFINITION DES TERMES COURANT
2.1 SYSTEME AGRAIRE
Le concept de système agraire est l'outil intellectuel
qui permet d'appréhender la complexité de toute forme
d'agriculture réelle par l'analyse méthodique de son organisation
et de son fonctionnement. Le système agraire peut être
constitué de deux sous-systèmes principaux :
l'écosystème cultivé et le système social
productif, dont il convient d'étudier les organisations, les
fonctionnements, et les interrelations (Mazoyert et Roudart, 1997).
3
2.2 SYSTEME DE CULTURE
Un système de culture est une représentation
théorique d'une façon de cultiver sur un certain type de champ.
Il se caractérise par une homogénéité dans la
conduite d'une culture sur un ensemble de parcelles : mêmes
espèces, association de cultures, mêmes successions culturales,
mêmes itinéraires techniques (Tousard et Belarbi, 2008).
2.3 SYSTEME D'ELEVAGE
Un système d'élevage est un ensemble
d'éléments en interaction dynamique organisé par l'homme
en vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux
domestiques pour en obtenir des productions variées ou pour
répondre à d'autres objectifs (Landais, 1992 cité par
Moulin 2007).
2.4 SYSTEME DE PRODUCTION
Un système de production agricole est un mode de
combinaison entre terres, forces et moyens de travail à des fins de
productions végétales et/ou animales, commun à un ensemble
d'exploitations (Reboul, 1976 cité par Touzard et Belarbi, 2008).
3 SYNTHESE DES SYSTEMES DE PRODUCTION AU BURKINA
FASO : CAS PARTICULIER DE LA PROVINCE DU NAHOURI
Le système de production gourounsi Kasséna est
tourné vers l'agriculture, la cueillette, la chasse et la pêche.
Les systèmes de productions agricoles du Nahouri se caractérisent
par une dominance de la culture céréalière. Cependant, on
remarque ces dernières années un développement des
cultures de rentes. L'élevage est peu développé dans la
plupart des villages et reste faiblement intégré à
l'agriculture. Le calendrier des productions agricoles est fortement
marqué par la saisonnalité ; la période des grandes
activités agricoles se situe de juin à décembre, et
débute avec les premières pluies, tandis que les mois de janvier
à mars (saison sèche intense), sont caractérisés
par une activité agricole quasi nulle. Toutes cultures confondues, la
récolte s'étend de juillet à décembre. Mais la
vraie période d'abondance se situe en novembre-décembre, tandis
que la période de carence/soudure se situe en juin (Vermeulen, 2007).
Selon le type d'équipements agricoles rencontrés, on distingue
deux systèmes de production agricole.
Le système traditionnel de production. C'est un
système extensif qui utilise des outils manuels de production (daba,
machette, ...). La taille des superficies est réduite (2 à 3 ha
par ménage), les rendements sont faibles et l'élevage est
quasi-inexistant dans ce système. Ce système de production est
tourné vers la satisfaction des besoins alimentaires de la famille. Les
grandes superficies sont consacrées à la culture
céréalière (sorgho, maïs, mil, etc) puis les
légumineuses (arachide, niébé). Les
4
friches de longue durée demeurent le seul mode de
reproduction de la fertilité. Elles sont de plus en plus rares dans la
région.
Le système de production amélioré est le
système le plus répandu dans le Nahouri. Ce système est
caractérisé par l'utilisation des outils de traction animale ou
motorisée, l'engrais minéral et organique puis des pesticides. La
taille des superficies est plus importante et les rendements sont
améliorés. L'intégration agriculture et élevage est
plus forte. C'est une agriculture tournée en grande partie vers la
commercialisation car les cultures de rente (coton particulièrement)
occupent une part importante des surfaces emblavées.
4 CREATION ET ROLES DE L'UNPCB
4.1 CREATION
L'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB)
a été créée le 15 avril 1998. Elle est
l'organisation faîtière des groupements de producteurs de coton
(GPC). Ces groupements se sont constitués en 1996 dans le but de
faciliter l'approvisionnement en intrants et matériels agricoles, la
bonne gestion des crédits, l'augmentation de la production. Ces GPC,
pour avoir un interlocuteur auprès des partenaires, se sont
regroupés dans les départements pour créer les unions
départementales et provinciales. Les représentants élus
des différentes provinces cotonnières se sont réunis en
assemblée générale et ont élus le bureau
exécutif national.
A ce jour, l'UNPCB compte près de 10 000 GPC repartis
dans plusieurs villages, 194 départements et 26 provinces soit un total
de près de 325 000 producteurs.
4.2 ROLES
Depuis sa création, l'UNPCB s'est assigné plusieurs
rôles. Ce sont, entre autres :
- Représenter les producteurs de coton auprès des
autres acteurs de la filière ;
- Normaliser les relations techniques, économiques et
financières avec les partenaires de la filière ;
- Participer à la cogestion de la filière ;
- Promouvoir la culture du coton et les cultures vivrières
qui y sont associées ;
- S'impliquer dans les décisions d'octroi de crédit
à la base et dans la gestion de l'endettement ;
- Informer, former, promouvoir la recherche et diffuser les
innovations techniques, économiques et
sociales au service des producteurs de coton.
5
5 COTON AU BURKINA FASO, UN SECTEUR EN CRISE
5.1 ÉVOLUTION DU PRIX DU COTON
Depuis les années 1980, les variations des cours
dépendent fortement du niveau de consommation et de production de la
Chine. En effet, la Chine est à la fois premier ou second producteur
mondial selon les saisons, et premier consommateur mondial. Ainsi, selon le
niveau de production, le pays peut se retrouver alternativement en position
d'importateur net ou d'exportateur net. Lorsque la Chine importe, comme cela a
été le cas au cours de la première moitié des
années 90, les prix sont plus élevés. Par contre, lorsque
la Chine exporte, comme dans la première moitié des années
80, la fin des années 90 et le début des années 2000, les
cours baissent, voire s'effondrent. (Vermeulen, 2005). Les pays africains
producteurs de coton dont la production est minoritaire par rapport à
celle de la Chine, subissent malheureusement les conséquences
négatives de ces variations.
5.2 CRISE COTONNIERE
Depuis 2005, le Burkina Faso est le premier producteur de
coton d'Afrique. La crise que connaît ce secteur depuis quelques
années affecte considérablement l'économie nationale. En
effet, le coton, la principale culture de rente, est le premier produit
d'exportation et procure 65% des devises du pays. Le coton est la principale
source de revenus pour le monde rural. Il fait vivre plus de deux millions de
personnes et contribue à la formation du PIB pour plus d'un tiers (Jeune
Afrique, 2005.)
Dans un environnement international défavorable
à la filière cotonnière, les coton-culteurs
réagissent spontanément. En effet, la chute du prix de coton,
l'augmentation du prix des intrants (figure 2) et la concurrence
déloyale liée aux subventions que les pays
développés accordent à leurs producteurs de coton (chaque
livre de coton produit aux États Unis est subventionné à
hauteur de 52 cents), ont provoqué une baisse des revenus liés
à la culture du coton (figure 3) (Vermeulen, 2005). Ainsi, les
producteurs Burkinabès se détournent progressivement de la
culture du coton, au profit de cultures plus rentables comme le soja ou le
maraîchage, pour ce qui est de la zone de Koumbili.
Outre la crise du marché et la question des
subventions, s'ajoutent des problèmes d'ordre structurel tels que le
retard des paiements, la caution solidaire et la perte de confiance entre les
producteurs et les sociétés cotonnières. Cette perte de
confiance est liée à l'écart entre les prix très
faibles des sociétés burkinabèes comparativement aux
autres sociétés cotonnières de la sous-région. Tout
cela contribue davantage à démotiver les producteurs. Une autre
difficulté comme le non respect de certains engagements tels que le
délai de paiements des producteurs, risquent de fragiliser durablement
la croissance économique et sociale des producteurs Burkinabès
(AFD, 2008).
F CFA
Figure 1 : Localisation de Koumbili.
Source :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/gif/burkina.gif.
Koumbil
Campagne agricole
6
Figure 2 : Variation du prix des intrants de coton.
Données : Faso coton - Pô.
7
Campagne agricole
Figure 3: Variation du revenu lié à la culture
du coton (1ha) Données : Faso coton - Pô.
8
CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC AGRAIRE DANS LE VILLAGE DE
KOUMBILI
1 MATERIELS ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE
1.1 MATERIELS
1.1.1 Le milieu physique
1.1.1.1 Localisation
géographique
Situé à environ 186 km au sud de Ouagadougou en
passant par Pô et à 36 km à l'ouest de la ville de
Pô, sur la route nationale 25 qui relie Pô à Léo, le
village de Koumbili appartient au département de Guiaro qui
relève administrativement de Pô. La zone d'étude fait
partie de la province du Nahouri, elle-même incluse dans la région
du Centre-sud dont le chef lieu est Pô. Vaste de 119, 62 km2,
la zone d'étude est limitée au nord par les villages de Bouala,
Bouya et de Guiaro, à l'est par celui de Boassan et au sud par le Ranch
de gibier de Nazinga (RGN) (Lompo et Wetta, 1994). Elle comprend six hameaux de
culture qui se différencient par leur mode de mise en valeur.
1.1.1.2 Le climat
Les activités de la zone d'étude sont
influencées par un climat de type soudanien. La zone soudanienne ou zone
Sud-soudanienne, délimitée au nord par l'isohyète 900 mm,
occupe tout le sud. C'est la plus humide du pays avec une saison des pluies qui
dure six mois et des maximas pouvant aller jusqu'à 1 300 mm par an et
même plus (Jeune Afrique, 2005) (Figure 4). C'est une des zones les plus
arrosées du pays avec une saison des pluies s'étendant de mai
à septembre et une saison sèche longue d'octobre à avril.
Les périodes de fortes températures se situent en mars-avril
(31,9° C) et celles de fortes précipitations sont juillet et
août (respectivement 211,1mm et 283,9 mm) (Figure 5).
Ces dernières années, on enrégistre de
grandes variations de précipitations d'une année à
l'autre. Ces variations ont des conséquences sur les activités
agricoles des populations. En effet, la saison des pluies se raccourcie et les
agriculteurs doivent adopter de nouvelles variétés plus
adaptées. La violence des pluies fait qu'il est de plus en plus
difficile de cultiver dans les bas-fonds et les voies d'eau au risque de tout
perdre après une pluie.
9
Figure 4: Aperçu des différentes zones climatique
du Burkina Faso. Source : Jeune Afrique, 2005
Mois
Figure 5: Diagramme ombrothermique de 2001 à 2008. Source
: Donnée de la station météorologique de Pô 2009.
10
1.1.1.3 Sols et
végétation
Les sols généralement rencontrés sont de
types ferrugineux tropicaux lessivés sur matériaux sableux,
sablo-argileux ou argilo-sableux. Ils se développent sur des
matériaux riches en argile kaolinique, et se caractérisent par
une richesse en oxydes de fer et hydroxydes de fer et de magnésium, qui
leurs donnent une couleur rouge ou ocre (Jeune Afrique, 2005). On distingue
trois (3) grands types de sols :
- Le sol argilo-sableux occupe la majeure partie du terroir de
Koumbili ; - Le sol gravillonnaire qui est composé majoritairement de
gravillons ; - Le sol argileux qui présente une texture argileuse dans
son ensemble et difficile à travailler.
L'appellation des différents types de sols varie en
fonction des ethnies que l'on rencontre dans la zone (Tableau I).
Tableau I : Appellation des sols en langues locales.
Types de sols Appellation kasséna Appellation mossi
sol argilo-sableux boultiga Biinsir-tenga
Sol argilo-gravillonnaire kaworo Koug-tenga
Sol limono-argileux boloh bolé
Les forêts sont claires et contiennent une forte
proportion d'arbres de taille petite ou moyenne, dont les cimes sont plus ou
moins jointives. Les savanes sont issues de la dégradation de la
végétation primaire. Selon la densité et la taille des
végétaux ligneux en rapport avec le degré de
dégradation, elles peuvent être boisées, arborées ou
arbustives. Le tapis herbacé est constitué d'espèces
annuelles dont les plus répandues sont Andropogon gayanus et
Pennisetum pedicellatum.
1.1.1.4 Hydrographie
Le réseau hydrographique est constitué de cours
d'eau temporaires qui sont des affluents des fleuves de la Sissili, et du
Nazinon. Le Kodaré, le Boulou et le Dawévélé sont
les cours d'eau les plus importants de la zone, mais malheureusement, depuis
quelques années ils s'assèchent progressivement. Ces cours d'eau
coulent du nord au sud où ils traversent les frontières de
Nazinga.
11
1.1.2 Le milieu humain 1.1.2.1 Démographie
La zone d'étude abrite principalement trois ethnies :
les Gourounsi Kasséna qui sont la population autochtone puis les Mossi
et les Peulh qui constituent les populations allochtones. Ces trois ethnies
occupent des aires géographiques différentes. La population
était estimée à 6 000 habitants en 2006, selon les
résultats provisoires du récensement général de la
population et des habitats (RGPH). Elle a connu de fortes vagues migratoires
ces dernières années, liées aux effets du changement
climatique et à la crise ivoirienne. En effet, la baisse de la
pluviométrie dans les régions plus au nord (plateau Mossi et
Sahel), a provoqué le déplacement des populations vers le sud du
pays , à la recherche de terres plus fertiles ou de fourrage pour les
animaux. La crise ivoirieenne a entrainé le retour progressif de
nombreux Burkinabès. Selon les données recueillies à
l'Institut National des Statistiques et du Dévéloppement (INSD),
en 1985, le village comptait 210 habitants, onze ans plus tard, soit en 1996,
on dénombrait à Koumbili 265 habitants. Un récensement
réalisé en 2004 dans la province du Nahouri a
dénombré 1 990 habitants pour ce village (Tableau II). Cette
augmentation rapide de la population entraine une forte pression
foncière qui oblige les immigrés à cultiver en continue
depuis 2002. À ce jour, les immigrés sont les plus nombreux en
termes d'effectif et occupent parfois des zones à litiges (cas de Lam,
Djédiga et une partie de Kabayaro, situées en zone
protégée).
Tableau II : Taille de la population de Koumbili suivant les
années.
Année
|
1985
|
1996
|
1998
|
2004
|
2006
|
habitants
|
210
|
265
|
308
|
1 990
|
6 000
|
Source : INSD (1985, 1996 et 2006) : rapport de la
préfecture de Guairo (1998) : rapport de la province du Nahouri
(2004).
1.1.2.2 Organisation socio-politique
Le village dispose d'un chef qui assure des fonctions
proprement politiques. Le pouvoir étant centralisé, il
représente le village dans les différentes
cérémonies et a un pouvoir de décision. Il est garant de
l'ordre social. Autrefois, il était assisté par des notables ou
le conseil des anciens (encore appelé collège des doyens par
certains) qui l'aidait dans la réalisation des tâches, mais
aujourd'hui cette seconde unité n'existe plus. La fonction de chef de
terre est aussi assurée par le chef du village qui exécute les
sacrifices dédiés à la terre et ceux d'attribution de
terre. Cette fonction, autrefois, était assumée par une personne
autre que le chef du village et la gestion du foncier était sous double
tutelle du chef de village et du chef de terre. Le délégué
administratif villageois (DAV) représente le pouvoir
12
moderne. Il est le répondant du préfet au niveau
du village et sert de liaison entre l'administration et le village.
1.1.3 Organisation agraire
Les activités agricoles et d'élevage
s'effectuaient auparavant dans le cadre d'une exploitation dirigée par
un seul chef de famille, lequel avait à son service une main d'oeuvre
nombreuse. Actuellement, comme dans d'autres régions rurales, du fait du
processus d'individualisation progressive qui s'est mis en place avec
l'évolution, on assiste à des réformes foncières
successives et à de nouveaux modes de régulation de
l'activité économique. Les unités d'exploitation agricole
se sont réduites peu à peu.
1.1.3.1 Organisation des travaux
agricoles
Selon Vermeulen (2007), les activités agricoles sont
réalisées avec des tâches reparties en fonction du genre.
En effet, entre février-mars les activités de nettoyage des
champs sont des tâches réservées aux hommes de même
que le labour à la houe ou à la charrue (entre avril-maï).
Les semis sont généralement faits par les femmes sauf celui du
coton qui est mixte. Le sarclage des champs est globalement une activité
des hommes. La surveillance diurne pour lutter contre les singes et les
oiseaux, est confiée aux enfants. La récolte est une
activité mixte, mais principalement supportée par la femme.
Aujourd'hui, face aux exigences d'une agriculture qui se
modernise, les femmes occupent un rôle de plus en plus important dans
l'exécution des activités agricoles. En effet, les femmes
possèdent de petits champs sur lesquels elles produisent des plantes
potagères, du sorgho rouge, de l'arachide et parfois du coton dont une
partie de la production est destinée à la vente afin d'obtenir
les revenus nécessaires à la satisfaction de leur besoins.
L'entraide est une forme de solidarité traditionnelle
qui permet aux agriculteurs de satisfaire les différents calendriers
culturaux. Elle est principalement demandée lors du sarclage du coton,
dans les mois de juin ou juillet selon la date de semis, et aussi pour la
récolte des céréales et du coton. Les exploitations qui en
font la demande sont généralement celles qui possèdent de
vastes superficies et un nombre d'actifs réduit.
13
1.1.3.2 Mode de gestion du foncier
Le statut d'appartenance à la collectivité
villageoise de Koumbili conférait autrefois à tout autochtone du
village un droit tacite d'usage de la terre. Aussi, la défriche ne
conférait en aucun cas à l'autochtone le droit d'appropriation de
l'espace concerné. Une fois que la terre était mise en
jachère, elle réintégrait le patrimoine foncier du
village.
La gestion du foncier à Koumbili était sous la
double tutelle du chef du village et du chef de terre. Le chef de terre pouvait
conférer à tout étranger demandeur de terre, un droit
d'exploitation sur un espace du village sans un avis ou autorisation
préalable du chef de village. Quant au chef du village, il avait tout le
pouvoir d'octroi d'une terre agricole et d'un site d'habitation à tout
étranger qui désirait s'installer dans le village (Lompo et
Wetta, 1994). Tout étranger qui désirait exploiter une terre ou
s'installer dans le village de Koumbili devait remplir des conditions bien
définies. En aucun cas une personne en situation d'emprunt de terre ne
peut prétendre à une appropriation de celle-ci. La terre,
patrimoine précieux ne se vendait pas.
1.1.4 RGN et population de Koumbili : une coexistence
difficile
Pour les populations rurales périphériques, la
coexistence avec ces immenses animaux constitue un problème
récurrent. Capables de dévaster les cultures d'une année
en une seule nuit, les éléphants de Nazinga sont perçus
par les populations comme une menace pour la sécurité alimentaire
(Vermeulen, 2007). Cependant, lorsque des boeufs de paysans sont surpris
entrain de pâturer dans le périmètre du ranch, ils sont
soit abattus systématiquement, soit les propriétaires sont
taxés de fortes amendes.
Selon l'agent de la zone d'appui technique (ZAT), le conflit
foncier qui opposent les deux parties est atroce. En effet, la partie du
village concernée est vaste d'environ 50 000 ha et toute activité
agricole devrait être proscrite. Cela représente un
problème majeur pour les populations qui y vivent car 4 945 habitants
seraient menacés de déguerpissement. En décembre 2007, un
communiqué radiodiffusé appelait les populations
concernées à quitter les lieux. Les hameaux de culture
concernés sont : Lam, Djédiga et une partie de Kabayaro. Ces
terres étant des zones de très forte production
cotonnière, il va sans dire que la production cotonnière est
sérieusement ménacée, ce qui explique l'inquiétude
des responsables de la filière dans la zone. Cette situation fait que
les paysans concernés, craignant d'être déguerpis d'un
moment à l'autre, ne s'investissent pas dans la réalisation
d'infrastructures agricoles (compostières, fausses fumières...),
ce qui affecte forcément leurs rendements agricoles.
14
1.1.5 Matériel humain et logistique
Ce stage a été réalisé en
binôme d'étudiants franco-burkinabè. Le travail en
binôme a permis de combiner les compétences de chacun.
Le logement a été fourni par l'école de
Koumbili, situé au niveau de Koumbili-centre. Une moto a
été mise à disposition par l'UNPCB pour les
déplacements.
Un interprète a été engagé et les
entretiens se faisant soit en mossé ou en kasséna. Cette personne
a l'habitude de jouer le rôle d'interprète dans le village. Le
travail s'est bien passé, malgré quelques difficultés dans
la traduction.
Le village n'étant pas électrifié, la
saisie informatique des données a commencé après la phase
terrain. Cette saisie s'est effectuée à l'aide de logiciel WORD
2007 et l'analyse des données a été faite avec le logiciel
EXCEL 2007.
1.2 METHODOLOGIE DE L'ETUDE
1.2.1 L'approche systémique
L'approche systémique vise l'analyse des relations, la
mise en évidence des niveaux d'organisation, à l'éclairage
multidisciplinaire dépassant la spécialisation des sciences et le
cloisonnement des savoir (INRA-SAD, 1980 cité par Tousard et Belarbi,
2008). Elle se différencie de l'approche analytique en ce sens qu'elle
s'intéresse aux interactions entre éléments,
considère les effets des interactions, s'appuie sur la perception
globale, modifie des groupes de variables à la fois et conduit à
un enseignement pluridisciplinaire et à une action par objectif (Tousard
et Belarbi, 2008).
Appliquée à l'agriculture, l'approche
systémique devient une méthode de diagnostic agraire dont
l'objectif principal est d'identifier et de hiérarchiser les
différents éléments qui conditionnent l'évolution
des systèmes de production agricole. L'approche systémique permet
de comprendre comment les éléments agro-écologiques,
techniques et socio-économiques sont reliés aux transformations
de l'agriculture. Il s'agit aussi de définir les contraintes auxquelles
sont soumis les agriculteurs et de comprendre les moyens qu'ils ont mis en
oeuvre pour s'y adapter. Cette approche va de la définition de la
structure d'une exploitation agricole, avec l'étude des systèmes
de culture et des systèmes d'élevage, jusqu'à la mise en
évidence des processus de dynamique agraire au niveau d'une
région homogène. Cette méthode est utile lorsque les
conditions ne permettent pas d'effectuer des enquêtes statistiques, qui
demanderaient beaucoup plus de temps. L'approche systémique a pour
15
finalité d'améliorer la définition des
actions et projets d'appui destinés à accompagner les
étapes futures de la transition agraire.
1.2.1.1 La lecture de paysage
La lecture du paysage aide à décrire
l'écosystème exploité et à identifier les liens
existants entre milieu biophysique, occupation humaine et mode d'exploitation
du milieu. Elle permet également de se rendre compte que l'organisation
de l'espace résulte de ces liens, en délimitant et
caractérisant différentes unités homogènes. Pour
cela, l'ensemble de la zone a été parcouru à pied et
à moto pour identifier les différentes zones
agro-écologiques. A l'issue de cette étape, des hypothèses
relatives à la localisation des activités agricoles
pratiquées et au choix des zones les plus pertinentes à
enquêter peuvent être formulées. Cette phase de
l'étude sera complétée tout au long des autres
étapes, notamment à partir des premières pluies où
le paysage change radicalement, et où il devient possible d'identifier
les espèces végétales cultivées, les pratiques
culturales, les équipements utilisés, etc.
1.2.1.2 L'étude de l'histoire
agraire
Cette deuxième étape est la plus
déterminante de notre étude. Elle permet de comprendre ce qui a
été observé lors de la lecture du paysage. Cette
étape réalisée au cours d'entretiens semi-directs avec les
anciens du village, a permis d'élaborer une pré-typologie des
systèmes de production actuels. L'expérience des anciens a permis
d'identifier les grandes étapes de l'évolution du mode
d'exploitation du milieu afin d'expliquer la diversité des
systèmes de production observés actuellement.
1.2.1.3 La recherche bibliographique
La recherche de documents complémentaires débute
à ce niveau d'avancement de l'étude. En effet, à ce stade
de l'étude, les hypothèses à vérifier et les
données historiques difficiles à obtenir par enquêtes
(datation des faits par exemple) ne peuvent être obtenus avec
précision qu'à travers la documentation. Un point de vue ayant
été construit, un regard critique peut être porté
sur les informations secondaires. La recherche bibliographique prend fin
à la veille du dépôt de la version finale du
mémoire.
1.2.1.4 L'étude des systèmes de culture
et d'élevage
Après avoir identifié la diversité des
activités agricoles et d'élevages pratiqués, des
entretiens sont menés auprès des agriculteurs dans le but
d'identifier les différents systèmes de culture et
d'élevage. L'identification de ces derniers permet d'affiner la
compréhension des modes actuels d'exploitation du milieu afin
d'évaluer par la suite les performances économiques de ces
différents
16
systèmes. L'étude précise des
systèmes les plus répandus et de la manière dont ils se
combinent permet d'avoir une vision d'ensemble des pratiques. Une quarantaine
exploitations a été enquêtée.
1.2.1.5 L'étude des systèmes de
production
L'étude des systèmes de production concerne
l'étude des systèmes de culture et d'élevage qui ont
été ciblés comme principaux systèmes de production.
Cela a permis d'évaluer les performances économiques. L'analyse
des systèmes de production s'est déroulée à travers
des entretiens réalisés auprès des agriculteurs. Ces
entretiens ont permis aussi de comprendre le fonctionnement global de chaque
système de production. Le choix des exploitations enquêtées
a été orienté par les grands types mis en évidence
au cours de l'analyse de l'histoire agraire (la typologie).
Pour repérer les exploitations les plus en
difficulté, le "seuil de survie" dans le village a été
évalué. Il correspond au revenu minimum nécessaire pour
satisfaire pendant une année les principaux besoins d'une famille.
1.2.1.6 Calcul du seuil de survie
? Consommation alimentaire
Céréale ; 0,25 plat * 375f * 360j = 33
750f/an.
Condiment pour préparation de sauce (sel, oignon, gombo
séché, soum bala...)
: 100 *360j = 36 000f/an.
Sucre: 25f *360j =9 000f/an.
? Autres consommations
Savon: 2 *125f *12 = 30 000f/an Vêtement:
10 000f/an.
Chasseurs: 1500f * 2= 3 000f/an
Éclairage: 60f *360j =21 600f/an.
? Consommation totale: 33 750 + 36 000 + 9
000 + 30 000 + 10 000 + 3 000 + 21 600 = 114 000f/an.
Un actif à 0,5 dépendant à sa charge,
chaque actif est donc chargé pour produire : 114 000 * 1,5. Le seuil de
survie à koumbili est donc : 171 000f/an.
1.2.2 Présentation des formules utilisées
dans les différents calculs
Pour l'étude des performances des systèmes de
culture, l'estimation de la productivité de la terre et du travail a
été réalisée à l'aide de la formule suivante
:
La Valeur Ajoutée Brute ou VAB est constituée du
produit brut diminué des consommations
intermédiaires. C'est la richesse créée par
le système de culture.
VAB = Produit Brut (PB) - Consommations Intermédiaires
(CI)
Le Produit Brut correspond à la valeur de production
annuelle finale, c'est-à-dire aux quantités
produites finales, multipliées par le prix unitaire de
chaque production, quelle que soit leur destination.
PB = quantité totale effectivement produite par le
système * prix unitaire
CI = quantité de biens et services consommés
(détruits) au cours de la production * prix unitaire
La productivité de la terre est la VAB d'un système
de culture ramenée à la surface. Cette
variable permet de comparer les systèmes de culture en
termes de richesse produite par unité de
surface. Elle traduit souvent le caractère plus ou moins
intensif du système de culture.
VAB/ha : productivité de la terre ;
La productivité du travail ou VAB/Hj est la VAB d'un
système de culture ramenée à la quantité
totale de travail nécessaire. Elle permet de mesurer la
richesse créée par journée de travail investie
dans ce système de culture.
VAB/hj : productivité du travail. Hj/ha : intensité
du travail.
Les formules suivantes ont été utilisées
dans l'étude des performances technico-économiques
des systèmes d'élevage.
VAB = PB - CI.
PB = somme des valeurs de tous les produits finaux, issus
annuellement du troupeau.
CI = les coûts annuels d'achat d'aliments + les coûts
en soins vétérinaires
Productivité Numérique = Fécondité *
(1 - TM des jeunes)
Fécondité = Taux de mise-bas *
Prolificité
Prolificité = Nombre de naissance / mise-bas
Taux de mise-bas = Nombre de femelles mettant bas / Nombre de
femelles mises à la reproduction.
A ce stade, il importe d'évaluer le Revenu Agricole (RA)
réellement produit par le fonctionnement des exploitations pour
connaitre les gains disponibles pour la famille. Ils sont issus des
systèmes de culture, des systèmes d'élevages et
d'activités complémentaires.
17
RA = VAN- (Salaires + Impôts + Taxes +
Intérêts du capital + Rente foncière - Subventions)
18
VAN (Valeur Ajoutée Nette) = VAB totale - Amortissements
économiques VAB totale = Ó (PB-CT).
Pour analyser les performances techniques et
économiques des systèmes de production, les exploitations ayant
accès aux mêmes facteurs de production (terre, travail et capital)
et présentant la même combinaison de systèmes de culture et
d'élevage ont été regroupées. Pour comparer les
exploitations entre-elles, le revenu agricole est rapporté au nombre
d'actifs. Les résultats sont représentés en fonction de la
Surface Agricole Utile (SAU) rapportée elle aussi au nombre d'actifs.
RA/actif = RA / Nombre actif familiale.
SAU/actif = SAU / Nombre d'actif familiale.
1.2.3 Présentation du questionnaire
Les personnes interrogées dans le cadre de l'étude
ont été soumises aux questionnaires suivants.
Fiche n° 1 : l'évolution historique de
l'agriculture
1. Comment était le paysage de l'époque, dans
les différentes unités agro-écologiques identifiées
lors de la première étape ? (milieu physique, sol, eau,
végétation, faune sauvage, culture, habitats, réseaux
routiers...) ? / /
2. Quelles étaient les espèces
végétales exploitées, les espèces
spontanées, les variétés, comment
étaient-elles reparties dans l'espace ? / /
3. Quels étaient les modes de conduite des parcelles ? /
. /
4. Quels étaient les outillages utilisés ? / /
5. Quelles étaient les espèces et les races
animales exploitées ? / /
6. Quelles étaient les ressources fourragères et
le mode de conduite du troupeau ? / /
7. Quel était le mode de reproduction de la
fertilité du milieu ? / /
8. A l'échelle du village, combien d'habitants y avait-il
? / /
10. De quelle origine étaient-ils ? / /
11. Que consommaient-ils ? / /
12. Quelles étaient les autres activités non
agricoles pratiquées dans le village ? / /
13. Quelle était la structure des exploitations : main
d'oeuvre disponible ? / /
14. Quelle surface était exploitée par quelle
famille, dans quelle partie de l'écosystème ? / ../
15. Quelle était la diversité des exploitations,
en fonction de leurs caractéristiques foncières, leur
équipement... ? / ./
16. Quelles sont les évolutions et les
évènements locaux intervenus ? / /
17.
19
Quelles sont les évolutions de l'environnement
économique, social et politique ? / /
18. Quelles sont les transformations techniques que l'on peut
mettre en rapport avec ces évènements et
tendances ? / /
Fiche n° 2 : Les caractéristiques
techniques d'un système de culture
19. Dans quelles parties de l'écosystème sont
situées les parcelles ? / /
20. Quelle est leur topographie, leur altitude, leur sol,
...? / /
21. Quelles sont les espèces et les
variétés cultivées ? / ./
22. Comment sont-elles choisies ? / /
23. Les espèces sont-elles associées ou en
culture pure ? / /
24. Y a-t-il un ou plusieurs cycles pratiqués sur une
même parcelle au sein d'une année ? / /
25. Quelles sont les successions culturales sur plusieurs
années ? / /
26. Les parcelles sont-elles mises en valeur de la même
façon toute l'année ? / ./
27. Si non, quelle est l'alternance ? / /
28. Existe-il une périodicité des assolements ?
/ ./
29. Sur combien d'années ? / ./
30. Quel (s) est (sont) le (s) itinéraire (s)
technique (s) pratiqué (s) ? / ./
31. Quelle est pour chaque opération la fenêtre
de temps disponible ? / /
32. La quantité de travail nécessaire pour
chaque opération ? / ./
33. Qui la réalise et à quel coût ? /
/
34. Comment les paysans assurent-ils la reproduction de la
fertilité ? / /
35. Quels sont les produits et sous-produits obtenus ? /
/
36. Quel est le volume de produit obtenu au sortir du champ ?
/ /
37. Y a t-il des pertes au transport ou au stockage ? / /
38. Quelles sont les limites techniques du système ? /
/
Fiche n° 3 : Les systèmes
d'élevage
39. Quel est le type d'animaux élevés ? / /
40. Quelles races et caractéristiques
génétiques ? / /
41. Quel est l'âge et le sexe des animaux ? / /
42. Quel est leur effectif par tranche d'âges ? / /
43. Quel est le type d'élevage ? / /
44. Naisseur ou naisseur-engraisseur ? / /
45.
20
Comment gérez-vous la reproduction ? / /
46. Monte libre ou monte contrôlée ? / ./
47. Quel est l'âge de la mise à la reproduction
? / /
48. Quelle est la durée de la gestation ? / /
49. Quelle (s) est (sont) la (les) période (s) de mise
bas ? / /
50. Groupées ou non ? / /
51. Quels sont les critères de choix des reproducteurs
? / /
52. Âge de reforme des mâles et des femelles ? /
|
|
/
|
53. Quel est l'intervalle entre les mises bas ? /
|
|
/
|
54. Nombre de petits par portée ? /
|
|
/
|
55. Taux de mortalité ? /
|
|
/
|
56. Quel est l'âge à la reforme des mères ?
/
|
|
/
|
57. Quels sont les produits obtenus de l'élevage ? /
|
|
/
|
58. Combien de mois dure la lactation ? /
|
|
/
|
59. La quantité moyenne de lait produit par femelle par
jour ? /
|
|
/
|
60. Quel est l'âge de vente des mâles ? /
|
|
/
|
61. Quel est l'âge de vent des femelles ? /
|
/
|
|
62. Prix de vente à chaque âge ? /
|
|
/
|
63. Quel est l'âge de reforme des mères ? /
|
|
/
|
64. Quel est l'âge de reforme des mâles ? /
|
|
/
|
65. Combien de mâles y a-t-il dans le troupeau ? /
|
|
/
|
66. Quel est le nombre d'oeufs par poule ? /
|
|
/
|
67. Le prix d'un oeuf ? /
|
|
/
|
68. Comment les éleveurs assurent-ils l'abreuvement des
animaux ? /
|
|
/
|
69. Qui s'en occupe ? /
|
|
/
|
70. Quel espace fourrager est utilisé et à quelle
période ? /
|
|
/
|
71. Quelles sont les autres produits qui entrent dans
l'alimentation des animaux ? /
|
|
/
|
72. Qui garde les animaux ? /
|
|
/
|
73. Y a-t-il embauche de main d'oeuvre supplémentaire ?
/
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74. Y a-t-il des risques sanitaires ? /
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/
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75. De quelle nature ? /
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/
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76. Comment les éleveurs prennent-ils en charge les
animaux malades ? /
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/
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77. Comment les éleveurs assurent-ils le repérage
des cas de mortalité ? /
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/
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78. Les éleveurs font-ils des traitements
préventifs selon un calendrier saisonnier ? /
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|
/
|
|
79.
21
Vaccinent-ils leurs animaux ? / /
80. Les éleveurs ont-ils un enclos pour la nuit ou un
enclos saisonnier ? / /
81. Les animaux appartiennent-ils à un seul où
à plusieurs propriétaires ? / /
82. Quelle est la nature des contrats des bergers ou des
gardiens ? / /
1.2.4 La restitution
Une présentation des résultats de nos travaux a
été réalisée à la fin de la phase de
terrain. Elle était destinée aux agriculteurs de la zone
étudiée, ainsi qu'aux agents des services techniques
concernés. Elle avait pour but de valider les hypothèses et
analyses effectuées, et d'initier discussions et débats
concernant la dynamique agricole actuelle et future. Environ une cinquantaine
de personnes de statuts divers était présentes à la
restitution.
1.3 LES RESULTATS OBTENUS
1.3.1 La lecture de paysage
1.3.1.1 Le village de Koumbili : un mode de
construction qui tient compte de la production
agricole
Au centre du village, les habitats sont dispersés. Les
maisons construites en banco sont de forme circulaire ou rectangulaire. Quand
elles sont circulaires, les toits sont en chaume et quand elles sont
rectangulaires, les toits sont fait en tôle ou en banco avec une
architecture propre aux kasséna. Les greniers construits en bois et en
chaume, sont arrondis et de petite taille. Cela donne une idée de la
faiblesse des productions agricoles.
A l'ouest du village, les habitats sont regroupés et
les constructions ont la même forme puis les toits sont fait en chaume ou
en tôle. La taille des greniers est plus grande.
Le village de Koumbili a un relief assez accidenté
(figure 6) et cela influence les activités agricoles. En effet, on
observe à la fois des plateaux, des glacis (pentes) et des bas-fonds
entre-coupés par des ravines. Cependant dans certains hameaux de culture
le relief est relativement plat. Des friches a combretum de trois à
quatre ans sont nombreuses dans le centre du village. La présence de
cordon pierreux dans le quartier Kasséna (à l'est du village)
montre que dans un passé récent ces parcelles étaient
mises en valeur. Cela fait penser à la pratique de la jachère.
Les espaces nouvellement défrichés se rencontrent à un
rayon de 3,5 Km du centre du village. Les branches des arbres abattus y
sèchent en tas, autour des souches avant d'être
brûlées. La technique d'abattis-brulis est probablement
pratiquée dans cette partie du village. Cela ressemble à un
retour aux champs de brousses.
Hauteur
Distance
22
A.S : Sol argilo-sableux, A.G :
Sol gravillonnaire, L.A : Sol limono-argileux. Figure 6:
Transect montrant les différents types de sols
Dans le quartier Mossi et dans les hameaux de culture, plus
à l'ouest du village, sur des parcelles nues autour des cases trainaient
encore des résidus de récoltes entre les billions. Cela
témoignent de l'utilisation des champs de case dans cette partie du
finage villageois et de la pratique des semis en ligne. Il est fréquent
de rencontrer sur les parcelles des espèces arborées
protégées (karité, néré, raisinnier...) et
des petits ruminants en divagation. Les friches et les zones non cultivables
où affleurent la latérite (mais où des formations
herbacées persistent) servent aussi de lieu de pâture pour le
bétail. Des résidus de récolte empilés sur des
hangars servent à l'alimentation du bétail en saison
sèche.
Le coton est de loin la culture la plus fréquente,
suivi du maïs et du sorgho qui occupent des surfaces assez importantes.
Ces cultures sont réalisées au niveau des plateaux et les glacis.
Les sols hydromorphes qui se forment dans les bas-fonds, les voies
d'écoulement d'eau (kossoré en moré) ou encore les zones
d'inondations sont occupées par le maïs, le riz ou le
maraîchage. Autrefois moins convoités (parce qu'ils étaient
difficiles à travailler), ces sols sont aujourd'hui très
prisés pour leur capacité à retenir l'eau dans un contexte
de baisse continue de la pluviométrie.
1.3.1.2 La végétation
La végétation est de type savane arborée
mais on y trouve aussi des arbustes. Elle est encore éclaircie par de
nombreuses défriches récentes. On y rencontre des espèces
telles que le karité (Butyrospermum parkii)
épargné dans les parcelles cultivées pour ses
propriétés utilitaires, le néré (Parkia
biglobosa) qui est plus rencontré au centre du village, le
caïlcédrat (Khaya senegalensis) et diverses autres
espèces soudaniennes remarquables à mesure que l'on avance vers
le sud. Ceci est lié au fait que cette partie du finage villageois a
échappé pendant un moment aux activités agricoles,
à cause des relations conflictuelles entre la population et les
gestionnaires du RGN. De plus, les
23
graminées pérennes, (Andropogon
gayanus, Cymbopogon sp), deviennent abondantes et forment un
tapis généralement continu visible en saison pluvieuse.
1.3.1.3 Les formations pédologiques à
l'origine du mode de mise en valeur
Le sol est une couche superficielle, meuble,
d'épaisseur variable, résultant de l'altération des roches
superficielles (roche mère) par divers processus et de l'accumulation
des produit d'altération (HACHETTE, 2000). Sur le terroir de Koumbili on
rencontre plusieurs types de roches qui peuvent être d'origine volcanique
ou plutonique et qui ont subi l'action de l'altération pour donner
aujourd'hui des sols constitués d'horizons latéritiques, dans la
majeure partie du village. La figure 7 ci-cessous montre un profil de sol
réalisé dans une ravine, au centre du village.
On rencontre généralement les sols
sablo-argileux sur les plateaux. Sur les glacis les sols gravillonnaires
contiennent des proportions en argile plus ou moins importantes selon le
dégré d'érosion du sol, et les sols argilo-limoneux
constituent l'élément pédologique des bas-fonds. Le mode
de mise en valeur de ces sols dépend des moyens matériels de
l'agriculteur.
L'appellation des sols en langues locales est basée sur
la prédominance des éléments grossiers de ces sols. Ainsi,
les sols sablo-argileux, sont qualifiés de sableux, les sols
gravillonnaires-argileux de gravillonnaires et les sols argilo-limono
d'argileux.
|
|
Horizon perturbé : 23 cm (Sol gravillonnaire)
|
|
|
|
Cuirasse latéritique : 75 cm
|
|
|
|
|
Couche d'argile : 145 cm
|
|
|
24
Figure 7 : Profil de sol réalisé dans une ravine
lors de la lecture de paysage.
1.3.2 Histoire agraire du village de Koumbili 1.3.2.1
Une agriculture de subsistance
Avant le XVIème, l'espace géographique de
l'actuel Koumbili était occupé par trois petits villages
Kasséna : Kadawôro, Tonon et Tambi. Dans les villages de
Kadawôro et de Tonon, on cultivait le petit mil, le riz, le sorgho, le
maïs sur de petites surfaces très fertiles avec des friches de
longue durée (plus de 20 ans), après abattis-brûlis
(défriche brûlis). Dans le village de Tambi occupé par les
forgerons, on fabriquait le matériel agricole composé de dabas,
haches, machettes... et le matériel de chasse. L'agriculture de type
manuel se pratiquait dans une forêt dense dans laquelle résidait
une faune sauvage importante. Les champs se limitaient juste autour des cases
et la production était destinée uniquement à
l'autoconsommation. Les fruits de la cueillette et de la chasse
complétaient aussi l'alimentation.
1.3.2.2 La création du
village
Au cours du XVIème siècle, suite à un
conflit de chefferie à Loumbila (30 km de Ouagadougou sur le
tronçon Ouaga-Kaya), un prince Mossi et sa suite sont venus s'installer
à Boassan, à 6 km de
25
l'actuel Koumbili. Ils étaient en partance pour le
Ghana voisin où ils comptaient rejoindre des frères. Les trois
autres princes Mossi à l'origine du conflit sont partis s'installer l'un
vers Kongoussi, un autre vers Tiébélé, et le dernier est
resté à Loumbila. Selon la tradition mossé, après
un tel conflit, ceux qui n'ont pas pu accéder au trône doivent
quitter le village. Le prince guerrier aida alors les Boassan à
combattre leurs ennemis, les Koum. Ceux-ci le baptisèrent Assanga (de
« Saana, « étranger » en Mooré) et
l'invitèrent à s'installer à Boassan, mais il se rendit
compte que ses chevaux ne s'abreuvaient plus quand ils rentraient du
pâturage. Il les suivit et découvrit une marre cachée par
des nénuphars, dans la forêt, à 6 km à l'ouest de
Boassan. Il enlèva une motte de terre de la marre : selon la tradition,
ayant été découvert, le point d'eau aurait eu "honte" et
n'a plus "disparu". A l'invitation des Boassan, Assanga refusa et décida
de s'installer, près du point d'eau nouvellement découvert, car
son cheval est son compagnon de guerre et il doit donc le suivre. Le chef de
Boassan lui fournit donc de l'aide pour bâtir un hangar, il fait aussi
agrandir le point d'eau qui devient un marigot nommé Assangaboulou
(marigot d'Assanga en langue Kasséna) et demande à Assanga de
venir le voir plus tard. Il défriche la zone pour avoir une meilleure
visibilité, et construit sa demeure a côté de marigot
(emplacement de la maison du chef actuel). Il retourne voir le chef de Boassan
comme convenu, qui lui donne une des deux fétiches protecteurs de son
village : Kourala.
Sa notoriété de guerrier l'aillant
précédé, les trois villages des alentours se rallient
à lui. Il s'agit des Kassenas de Kadawôro et Tonon (cultivateurs :
petit mil et sorgho sur de petites surfaces très fertile, après
abatis-brûlis) et de Tambi (forgerons : fabrication de dabas, haches...),
qui deviennent guerriers. Il construit ensuite une grande butte pour voir venir
les ennemis. En temps de guerre, il s'y place et abat ses ennemis, qui roulent
morts au bas de la butte, soit en mooré « kouum-n'bilisden »
(les morts qui roulent), d'où le nom du village « Koumbili ».
Les habitants, qui de cultivateurs sont devenus guerriers, vivent
désormais des produits du pillage des villages alentours, vaincus
grâce au fétiche. Les boeufs issus du pillage lui sont
sacrifiés et les queues lui sont attachées. Les habitants des
villages conquis deviennent ses esclaves. Ils travaillent au champ et gardent
ses chevaux. Les gardiens des chevaux découvrent par ailleurs le
néré dans les pâtures éloignées vers Kouloga,
dont ils ont gouté et apprécié le fruit (ils faisaient une
pâte avec de l'eau). Seules les femmes du chef avaient le droit de
l'exploiter.
La langue locale est restée le Kassena car Assanga a
pris des épouses du village. Ces conquêtes lui ont permis
d'agrandir ses terres, et à sa mort il laisse un vaste territoire. Il
est enterré dans un tombeau sacré, « Yogo » (tombeau en
mossi), qui a ensuite donné son nom à la famille royale.
26
Plusieurs chefs lui succèdent, accompagnés dans
leur tâche par le Conseil des Anciens et les Amis du Chef
(désignés au moment de son intronisation, toujours dans la
même famille).
Vers la fin du XIXème siècle, Attiga Yerperga,
le 11ème chef de Koumbili, conquiert plusieurs villages dont les
populations travaillent pour lui et lui livrent une partie de leur
récolte et des animaux pour les sacrifices. A cette époque
(1860-1899), le village était attaqué par les Djerma,
esclavagistes venus du Niger. N'arrivant pas à les vaincre, le chef,
malade, fit alors appel à l'alliance avec Mogho Naba, roi des
Mossé basé à Ouagadougou, qui lui envoie des
émissaires, ce qui suffit à repousser les ennemis. C'est à
cette période que le blanc arrive à Ouagadougou (vers 1887).
Lorsque le blanc arrive à Koumbili, il vainc définitivement les
Djerma et prône la fin des guerres entre royaumes.
Un chef de terre est désigné parmi les
autochtones (le chef de village est d'origine Mossi et ne peut donc pas faire
les sacrifices d'attribution des terres). De nouvelles cultures sont alors
introduites : igname, patate et coton, qui était filé pour faire
des habits Puis abandon ?). Les nérés sont alors attribués
à une famille de chasseurs relativement pauvres, et les deux marigots
à une famille de Bouya qui gère les sacrifices (pêche), et
à la famille des Amis du Chef.
1.3.2.3 Développement de
l'agriculture
Sous la chefferie de Adounga (?- 1954), durant la
colonisation, la monnaie d'échange, qui était constituée
de cauris (coquillage) a été progressivement remplacée par
le franc, suite à l'introduction de l'impôt. Cela a conduit des
familles à la décapitalisation (vente d'animaux d'élevage)
pour pouvoir payer les impôts. Ceux qui n'arrivaient pas à
s'acquitter des frais d'impôt devraient exécuter des travaux
forcés pour la construction de la piste (Route Nationale 25 aujourd'hui)
ou travailler dans les champs installés par le colon. Une
épidémie de variole (la date exacte est restée
indéterminée) a fait disparaître une grande partie de la
population.
Sous la chefferie de Adounga, l'agriculture fut marquée
par l'introduction de nouvelles cultures : igname, patate. L'abattis
brûlis restait la seule technique culturale et l'unique mode de
reproduction de la fertilité du sol (les friches de longue
durée). Les parcelles cultivées étaient plus vastes, les
cultures plus diversifiées (Igname, patate, mil, riz...) et
l'agriculture était manuelle. Cette période serait
également marquée par une invasion acridienne qui aurait
causé la famine dans la région.
L'élevage des boeufs a commencé sous le
règne du chef Adounga (grand père du chef actuel). Les premiers
animaux auraient été achetés grâce à l'argent
issu de la migration. En effet, les paysans allaient travailler dans les
plantations de cacao ou de café dans les pays voisins (Côte
d'Ivoire et
Ghana) et capitalisaient en investissant dans
l'élevage. C'est ainsi que les premiers boeufs de parcours ont
été acquis. Cette activité a connu beaucoup de
difficultés au départ parce qu'elle se développait dans
une zone à glossine (mouche tsé-tsé). La trypanosomiase a
pendant longtemps décimé les troupeaux. La race locale est la
taurine, trypano-tolérante. Les ovins, les caprins et la volaille
étaient les animaux les plus rencontrées. La typologie en 1960
était :
- Manuel, friche longue, élevage (Figure 8).
Nord ouest Koumbili centre
Est
Hauteur
Distance
27
Figure 8 : Transect des zones d'activités agricoles en
1960.
1.3.2.4 De 1960 à 1980 : l'arrivée des
éleveurs transhumants
La défriche brûlis manuelle caractérisait
l'agriculture. Les friches étaient de longue durée et les
cultures vivrières occupaient toutes les superficies. Cette
époque était marquée par une grande sécheresse qu'a
connu tout le pays en 1973-1974 et qui a sévèrement touché
les populations entrainant des pertes énormes à l'échelle
de la biodiversité locale. Une des conséquences de cette
sécheresse était l'arrivée d'éleveurs transhumants
dans la zone. Ce fut les éleveurs peulh venus du nord du pays (aride et
plus sévèrement touché) à la recherche de
pâturage.
En 1979, le RGN qui a une superficie de plus de 93 000 ha
aujourd'hui a été créé. Il appartient aujourd'hui
encore au patrimoine foncier de dix villages dont Koumbili. Selon le chef du
village de Koumbili, le RGN est principalement sur ses terres. Le ranch de
Nazinga couvre 40% du terroir de Koumbili, soit 37 600 hectares. Il s'agit d'un
ranch de gibier destiné à la chasse sportive et au tourisme
(Vermeulen, 2007). Ainsi, le village fut privé d'une partie de sa
surface cultivable puisque tout activité agricole y était
proscrite. La typologie à cette date était constituée de
:
- Manuel, défriche brûlis, cultures
vivrières, élevage ; - Éleveurs transhumants (Figure
9).
Nord ouest Koumbili centre
Est
Hauteur
Distance
28
Figure 9 : Transect des zones d'activité agricole en
1980.
1.3.2.5 De 1980 à 1997 : Introduction de la
traction animale 1.3.2.5.1 L'interaction
agriculture-élevage
En 1989, un bas-fond aménagé par le projet
Aménagement du Terroir du Nahouri (ATN) visait à
développer le maraîchage. Cela a favorisé l'introduction de
plusieurs cultures : oignon, tomate, aubergine, pastèque, carotte, chou.
Après quelques années d'essais les populations
abandonnèrent à cause des problèmes de gestion ou de
l'insuffisance d'encadrement. Cette même année, la fumure
organique a été utilisée pour fertiliser les champs de
certains immigrés de l'ouest de village. Il s'agissait des
immigrés venus de régions où l'agriculture était
assez développée. En 1994, à la suite d'une politique de
vulgarisation initiée par le ministère en charge de
l'agriculture, la traction animale a été introduite. Cela a eut
pour conséquence la diminution des temps de travaux, l'augmentation des
superficies cultivées et la réduction du temps de
jachères. On note également l'apparition du semis en ligne qui
permettait d'augmenter les rendements. Cependant le passage à la
traction attelée n'était pas effectif pour tous car les paysans
qui ne possédaient pas de bovins de parcours continuaient la culture
manuelle.
En 1983, alors que l'élevage était en plein
développement, une épidémie a décimée tout
le cheptel bovin du village. Un peulh transhumant, revenu du Ghana voisin
aurait ramené cette maladie. En 1984, l'âne a été
introduit pour la traction (charrette), mais sera aussi utilisé plus
tard pour les travaux de préparation du sol et d'entretien des cultures.
Le mode de conduite consistait à faire pâturer
29
les animaux dans les friches pendant la saison hivernale et
à les nourrir de résidus de récoltes en période
sèche. L'élevage de porcs a débuté cette même
année et était localisé au centre du village (quartier
Kasséna, à l'est du finage villageois) où les agriculteurs
sont animistes.
L'installation progressive des immigrés et les
défriches qui s'en sont suivies, ont diminué petit à petit
les glossines, réduisant du coup les aires de pâture qui
profitaient aux animaux. Le tarissement du principal marigot
(assèchement en 2002) lié à la baisse de la
pluviométrie a fait que le village ne dispose pas de plan d'eau
permanent pour abreuver les troupeaux. Les sous produits agro-industriels
(SPAI) restent faiblement intégrés dans l'alimentation des
animaux.
1.3.2.5.2 Création de la zovic et le
début d'un conflit foncier
En 1986, arrivent les premiers immigrés du village. De
religion musulmane, ils venainent du plateau mossi et étaient à
la recherche de terres cultivables. Ils ont été installés
à Kabayaro à 12 km à l'ouest du centre du village
Kasséna. Ils défrichent de petites superficies qu'ils
agrandissent quelques années après. Dans le soucis de
protéger la flore et la faune du ranch contre le braconnage devenu plus
intense et de générer des revenus au profit des populations
locales, des Zones Villageoises de Chasse (ZVC) ont été
délimitées en périphérie du RGN (en zone non
classée) en 1989. Ainsi, une partie du finage du village, vaste de plus
de 4 630 ha avait désormais une vocation autre que l'agriculture
(officiellement). Cependant cette zone n'ayant aucun statut juridique reste la
propriété du chef de Koumbili. La deuxième vague de
migration se situait entre 1995 et 1997. Ces nouveaux immigrés sont
restés au centre du village et ont formé le quartier mossi mais
le chef leur attribue des parcelles dans la dite ZVC. L'appellation
évoluera plus tard pour devenir Zone Villageoise d'Intérêt
Cynégétique (ZOVIC) en 2002.
En 1987, le premier forage du village, don de la
république d'Arabie Saoudite au Burkina Faso a été
installé. Il est situé au centre du village. En 1993, le forage
situé derrière la cour du chef fut installé par l'ATN. Ces
ouvrages, en plus de fournir l'eau potable à la population,
intervenainent dans l'alimentation en eau des animaux, durant la période
difficile. La typologie des systèmes de production était
constituée de :
- Manuel, agriculture d'abattis-brulis sur friches longues,
cultures vivrières, petit élevage ;
- Traction asine, agriculture d'abattis-brulis sur friches de
moyenne durée, cultures vivrières, petit élevage ;
- Traction bovine, agriculture d'abattis-brulis sur friches de
moyenne durée, cultures vivrières, élevage -
Éleveurs transhumants.
30
1.3.2.6 De 1997 à 2003 : le
développement de l'agriculture et la réduction des surfaces
cultivables
1.3.2.6.1 Vers une agriculture
moderne
En 1997, Koumbili est déclaré zone
cotonnière couverte par la SOFITEX. Le coton conventionnel
(Gossypium hirsutum) entre désormais dans les rotations
culturales accompagné d'engrais chimiques et de pesticides. Les
populations adoptent cette culture parce qu'elle est rentable et donne aussi
une opportunité d'accès à l'engrais à faible
coût. En effet le prix de l'engrais dans ces conditions est
subventionné par l'État burkinabé. La motivation pour la
culture du coton a engendré une réduction considérable des
surfaces emblavées en céréales. Ainsi, la
disponibilité de l'engrais chimique à travers le coton
combinée à l'utilisation de la traction attelée a
contribué à la réduction des durées de friches qui
passent de 15 à 4 - 5 ans.
Le premier moulin du village a été
installé en 1998. La même année, certains producteurs ont
acquis des tracteurs pour le labour motorisé de parcelles
emblavées en coton. Les rendements en coton de l'époque
étaient forts et le prix était alléchant à telle
enseigne que tous les agriculteurs s'y sont mis au détriment des
céréales. Cela provoqua une crise céréalière
au niveau du village en 1999, obligeant la population à acheter des
céréales dans les villages voisins.
En 2001, pour la première fois, l'insecticide
destiné au coton est appliqué sur le niébé (la
population utilisait traditionnellement la cendre pour lutter contre les
insectes). En 2002, le principal marigot du village qui abrite les caïmans
sacrés s'est asséché pour la première fois, et le
PNGT 2 a organisé une session de formation sur la fabrication de compost
basée sur l'utilisation des résidus de récoltes.
L'élevage de porcs s'est accentué chez les femmes car elles y
trouvaient le moyen de valoriser la drêche issue de la fabrication du
dolo (la drêche constitue l'aliment principal des porcs). En 2003, la
typologie était :
- Manuel, agriculture d'abattis-brûlis sur friches longues,
culture vivrière, coton, petit élevage ;
- Traction asine, agriculture d'abattis-brûlis sur
friches de moyenne durée, culture vivrière, coton, petit
élevage;
- Traction bovine, agriculture d'abattis-brûlis sur
friches de moyenne durée, culture vivrière, coton, élevage
;
- Traction motorisée, agriculture
d'abattis-brûlis sur friches de moyenne durée, culture
vivrière, coton, élevage ;
- Éleveurs transhumants (Figure 10).
31
Nord ouest Kabayaro Sapiou Koumbili centre
Est
Hauteur
Distance
Figure 10 : Transect montrant la typologie des exploitations en
2003.
1.3.2.6.2 Une surface agricole utilisable en nette
diminution
En 2001, une vague d'immigrés est arrivée
à Koumbili, et a été installée à Lam,
Djédiga, et Kabayaro, dans l'espace de la ZVC. En 2002, sous l'influence
du PNGT 2, le chef du village a cédé une partie de ses terres
situées à l'est pour la création de la zone à
vocation pastorale de Guiaro. Cette zone avait une superficie de 95 000 ha
(selon l'arrêté de création) et appartenait au patrimoine
foncier de plusieurs villages. La contribution foncière de Koumbili
s'élèvait à hauteur de 10%, soit 9 500 ha qui ne font plus
partie des surfaces cultivables du village (officiellement). La création
de cette zone a occasionné une nouvelle réduction du finage
villageois. Dans le courant de l'année, il a été
installés des immigrés mossi à Koulam.
En 2003, la création d'un marché à
Koumbili centre a contribué au développement économique du
village. Avant, les agriculteurs devaient se déplacer jusqu'à
Poré ou Guiaro, voire Pô, pour écouler leur production. La
réfection de la route nationale n°25 a aussi amélioré
les échanges entre villages par le désenclavement et la
fluidité du trajet.
1.3.2.7 De 2003 à 2009 : le
dévéloppement d'une agriculture en continue
1.3.2.7.1 L'utilisation des herbicides : la voie
royale pour une agriculture en continue?
La zone de Koumbili est passée sous la gestion de Faso
coton en 2004. Il n'y a pas eu de changement radical dans la politique
cotonnière mais on note un retard plus accru au niveau des paiements. En
effet, la SOFITEX qui était une société d'État
avait un mécanisme de paiement plus
32
efficace du fait du soutien de l'État. La baisse du
prix de coton, la hausse de celui des intrants et l'exigence de la culture en
travail ont entrainé un abandon progressif de la culture du coton.
L'année est marquée aussi par l'utilisation d'herbicides (venu du
Ghana voisin) par les immigrés pour lutter contre les adventices de
cultures de plus en plus fréquentes dans les champs. Il s'agit
principalement de l'atrazine qui est appliquée deux à trois
semaines avant le labour, ensuite intervient le labour avec enfouissement qui
est suivi des semis. L'avantage de l'herbicide est qu'il élimine le
nettoyage et réduit le temps de travail lié à la
préparation du sol, favorisant ainsi la culture en continue. On note
également l'abandon des champs de case par les populations autochtones
du centre après quelques années successives de culture. Les
friches lointaines (3,5 km de rayon) sont ainsi pratiquées mais en
maintenant les anciens champs de brousse.
En 2005, Faso coton a organisé un crédit
d'équipement agricole à Kabayaro, Djédiga et Lam. Les
bénéficiaires étaient les producteurs de coton qui
auraient enregistré une bonne récolte l'année
précédente. Le matériel était composé de
boeufs de trait, de multiculteurs, de charrue... L'année 2006 a
été marquée par l'introduction du coton biologique (coton
bio) par l'UNPCB, et du soja par un projet dénommé "projet soja"
financé par l'Union Européenne. Le coton biologique
nécessite des successions culturales sans intrants chimiques dans
lesquelles les rendements ne sont pas forcément bons, alors que le soja,
qui est une légumineuse, s'insert bien dans les rotations en ce sens
qu'il enrichit le sol en azote.
En 2009, le coton biologique est retiré de la zone au
profit du encore coton OGM. En effet, la zone de Koumbili faisant partie de la
région ayant été retenue comme site de production de la
semence de coton OGM, il était alors judicieux d'éviter tous
risques de contamination avec le coton biologique. Il est à noter que
certains agriculteurs appuyés par l'Union Provinciale des Producteurs de
Semence du Nahouri ont obtenu à crédit des tracteurs. Le
crédit sera remboursé grâce aux revenus de la production de
semence, et/ou de la culture du coton mais aussi et surtout en faisant de la
prestation de service.
A ce jour, la maitrise de la santé animale reste un
obstacle majeur au développement des productions animales. Les maladies
fréquemment rencontrées sont : la trypanosomiase, la
pasteurellose, le charbon symptomatique et la péripneumonie contagieuse
bovine. Certaines causes de ces maladies seraient les eaux sales de pluies. En
effet, les producteurs utilisent des produits (herbicides, insecticides) pour
lesquels, selon l'agent vétérinaire, la rémanence n'est
pas forcément contrôlée. Après une pluie, ces
produits intoxiquent les eaux (boulis, marigots et bas-fonds) qui constituent
les lieux d'abreuvements des animaux. A cela s'ajoute la maladie de Newcastle
qui décime les volailles. Les Sous Produits Agro-industriels (SPAT) sont
de plus en plus intégrés dans l'alimentation du bétail ces
dernières années.
33
Selon le type d'équipement, le mode de mise en valeur et
le type de cultures, on rencontre en 2009 les types d'exploitations suivant
:
- Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, avec ou sans
culture commerciale,
- Traction animale (bovine et asine), friches courtes,
abattis-brûlis, avec ou sans culture commerciale,
- Traction animale, culture continue, culture commerciale,
- Traction motorisée, culture continue, culture
commerciale,
- Traction animale, parc et prairie (éleveur peulh)
(Figure 11).
Nord ouest Kabayaro Sapiou Koumbili centre
Est
Hauteur
Distance
Figure 11 : Les zones d'activité agricole en 2009.
1.3.2.7.2 La forte pression foncière et le
déclenchement de la culture continue
La période de 2003 à 2009 a connu de fortes
immigrations qui seraient les conséquences simultanées de la
translation des isohyètes (figure 2), (qui font que les terres plus au
nord du pays sont de moins en moins arrosées) et de la crise ivoirienne
qui a provoqué le retour au pays de nombreux Burkinabé. Certains
immigrés seront installés par le chef de Koumbili sur des friches
encore disponibles. D'autres, par contre, recevrons une partie des terres de
leurs proches anciennement installés. Ainsi, les terres cultivables se
raréfient et les friches disparaissent progressivement et avec elles la
technique de l'abattis-brûlis pour faire place à une agriculture
en continue. Cette situation est surtout remarquable chez les
immigrés.
En 2004, les premiers peulh se sédentarisent et sont
installés dans la zone pastorale. Les forages de Kabayaro et de Lam sont
installés. En 2008, suite à la pression foncière, les
familles autochtones du
34
village s'approprient les derniers lopins de terre. Deux
forages sont implantés au centre de Koumbili (un dans le quartier
kasséna et l'autre dans le quartier mossi) grâce à un
financement de l'UEMOA.
1.3.3 Un processus nouveau d'accès à la
terre 1.3.3.1 Mode traditionnel
Actuellement, il y a eu de grands changements et selon que
l'on soit autochtone ou étranger le processus d'accès à la
terre est différent. Les autochtones défrichaient la parcelle
qu'ils voulaient avant d'aller voir le chef de terre pour le sacrifice. Ils
donnaient aussi du tô et du dolo. Les étrangers, eux avaient
généralement leurs parcelles qui étaient
délimitée par le chef après le sacrifice. Ils donnaient
aussi du dolo, du tabac et parfois de l'argent (somme symbolique).
Le rituel consiste à sacrifier deux ou trois poulets
(quatre pour une femme sans mari). S'ils tombaient sur le dos, la terre vous
acceptait et on vous la prêtait. Sinon il fallait vous associer à
un proche qui avait déjà des terres. La superficie
attribuée dépendait de la taille de la famille, et ne pouvait
être agrandie plus tard, théoriquement.
En échange, toute personne bénéficiant
d'une terre devait ramener au chef du village, après chaque campagne
agricole, trois plats de céréales et la somme de 2 000 f CFA pour
ceux qui cultivaient du coton. Depuis 2008, les attributions de terres se font
selon le mode individuel.
1.3.3.2 Mode individuel
Le mode individuel d'accès à la terre donne le
droit d'exploitation à toute personne d'une famille autochtone ou non
suivant les termes d'un contrat local établi entre le
propriétaire de la terre et le demandeur généralement sous
forme de prêt selon lequel le propriétaire peut reprendre sa terre
à tout moment. Les terres ainsi attribuées peuvent être
retirées par un membre quelconque du lignage donateur. Les sacrifices
restent du ressort du lignage donateur. Contrairement à l'ancien mode de
gestion du foncier, la terre aujourd'hui peut être vendue et de ce fait
certaines restrictions sont levées.
1.3.4 Evolution de la typologie des systèmes de
production
La typologie découle de l'histoire agraire de la zone
d'étude et se fonde sur les différents changements qui y sont
intervenus. Les grands changements de l'agriculture sont intervenus
après l'indépandance. Cette période est importante pour
l'élaboration de la typologie des systèmes de productions
actuelles. Cette typologie prend en compte principalement l'équipement
agricole, la
35
continuité des cultures qui est marquée par la
présence ou non de friche, ainsi que l'élevage (bovin de
parcours). Les grands changements sont :
Premièrement, l'introduction dans une région
d'agriculture manuelle, marquée par l'abattit brûlis avec des
friches de longues durée, d'une agriculture moins contraignante
utilisant la traction animale légère (asine) et lourde (bovine).
Cela a permis de réduire la durée des friches et d'étendre
les superficies cultivées. Il y a donc coexistence entre l'agriculture
manuelle et attelée (asine et bovine) (figure 12 et 13).
Deuxièment, l'indroduction du coton (principale culture
de rente) et l'engrais chimique ont fait changer les rotations culturales. Le
coton occupait une place importante dans les assolements pour permettre aux
autres cultures de bénéficier de l'arrière effet de son
engrais. L'introduction de l'engrais chimique et la forte pression
foncière qu'a connu le village en 2003 ont fait disparaître les
friches dans certaines parties du finage villageois. On assiste a un front
pionier de culture continue dans un précarré d'abattit
brûlis manuel. Les deux premières formes d'agriculture n'ayant pas
totalement disparues existent.
Par ailleurs, l'utilisation de la moto-mécanisation et
de l'herbicide se sont développées pour résoudre le
problème d'adventices et le compost devient un mode de reproduction de
la fertilité. Face aux problèmes que connaît la
filière coton, de nouvelles cultures de rente (soja, sésame) sont
introduites et ravissent une partie des surfaces emblavées en coton.
Cependant, le coton reste de loin la spéculation la plus cultivée
mais pas forcément la plus rentable.
Enfin, le retrait du coton biologique au profit du coton OGM
en 2009 va occasionner probablement un nouveau système de culture. En
effet, le gène "Bt" (Bacilus turgensis) du coton OGM ne doit
pas contaminer les cultures des parcelles voisines. On remarque une forte
demande pour le labour moto-mécanisé.
On retient que plusieurs révolutions agricoles se
côtoient aujourd'hui dans cette région du pays. Il s'agit de
l'abattit-brûlis manuel, de la culture continue (sans friches) avec
traction animale, de la moto-mécanisation et la culture des OGM qui va
ocasionner un mode nouveau de mise en valeur des terres. En d'autres termes,
les différentes étapes qui aboutissent à une agriculture
moderne ou évoluée sont pratiquées dans cette zone et
à la même époque. Cela explique que les systèmes de
culture soient aussi variés, engendrant de grandes différences de
revenus entre les exploitations. Le coton OGM ayant été introduit
pendant que s'achevait cette étude, les OGM n'interviendront pas dans la
typologie.
De 1997 à 2009
De 1994 à 1997
De 1960 à 1994
d'avant à 1960
Manuel, friches longues, abattis-brûlis
Manuel, friches longues, abattis-brûlis
Traction bovine, fiches longues,
abattis-brûlis
Traction bovine, friches courtes, abattis- brûlis,
culture commerciale
Traction asine, friches courtes,
abattis-brûlis, culture commerciale
Manuel, friches longues, abattis-brûlis, culture
commerciale
SP 1
Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, culture
commerciale
SP 2
Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, sans
culture commerciale
SP 3
Traction asine, abattis-brûlis, friches courtes,
culture commerciale
SP 5
Traction bovine, friches courtes, abattis-brûlis,
culture commerciale
Figure 12 : Évolution de la typologie des systèmes
de production chez les autochtones.
De 1994 à 1997 de 1997 à 2009
Traction asine, sans friches, culture
commerciale
Traction bovine, sans friches, culture
commerciale
Traction bovine, sans friches, culture commerciale, gros
élevage
Moto-mécanisation, sans friches, culture
commerciale, gros élevage
De 1974 à 1986
1974
Manuel, friches courtes, sans culture
commerciale
De 1986 à 1994
Traction asine, friches courtes, sans culture
commerciale
Traction bovine, friches courtes, sans culture
commerciale
Traction bovine, friches courtes, culture
commerciale
Traction asine, friches courtes, culture
commerciale
Moto-mécanisation, friches courtes, culture
commerciale, gros élevage
SP 4
SP 6
SP 7
SP 8
36
Éleveurs transhumants
|
|
|
Éleveurs peuhl : sédentaires
|
Éleveurs peulh
|
SP 9
|
|
|
Figure 13 : Évolution des systèmes de production
chez les migrants
1.3.5 Présentation des systèmes de
culture et d'élevage
1.3.5.1 Présentation des systèmes de cultures
(SC)
Les principaux systèmes de cultures intègrent
les céréales. La production céréalière est
destinée à la consommation familiale, mais il arrive que des
agriculteurs vendent leur excédent de céréale après
avoir stocké une quantité suffisante. Les systèmes de
cultures intégrants les cultures de rentes (coton, soja, sésame)
et les systèmes basés sur les cultures maraîchères
génèrent des revenus aux ménages.
On peut regrouper les systèmes de cultures en deux,
selon qu'ils contiennent ou non des friches (ou prairies). L'absence des
friches montre la continuité des cultures et donne une idée sur
l'utilisation des engrais et des herbicides.
Le symbole // utilisé entre deux cultures montre la
succession interannuelle de ces deux cultures sur une même surface. Le /
est mis pour désigner une succession intra-annuelle des cultures. Le
symbole * est mis pour désigner le nombre de fois que cette succession
intervient.
1.3.5.1.1 Systèmes de culture avec friche (ou
prairie)
Ce système est assez fréquent chez les
Kasséna (autochtones) et les Peulh. La friche (de courte durée)
permet de régénérer la fertilité pendant quelques
années. En général, après une défriche, le
mil ou le sorgho est cultivé pour lutter contre les adventices. En
effet, ce sont des plantes très rustiques qui ne craignent pas les
mauvaises herbes. L'herbicide est parfois utilisé pour résoudre
le problème d'adventices. L'atrazine est le produit fréquemment
rencontré sur les marchés locaux. Les autres techniques de
reproduction de la fertilité sont peu développées et cela
se ressent sur les rendements. Le ratio (i) nombre d'homme jour par surface
emblavée montre que ces systèmes sont peu intensifs en travail.
Les principaux systèmes de cultures rencontrés sont :
SC 1 : Sorgho//coton//maïs
rouge//coton//sorgho//friche * 4
On retrouve ce système de culture chez les exploitants
manuels mais aussi chez ceux qui utilisent la traction bovine. Cette
différenciation des outils influence la Valeur Ajoutée Brute
(VAB) produite. Ce système de culture est pratiqué
généralement sur les plateaux et les glacis et les superficies
occupées varient de 2,25 ha pour les manuels jusqu'à 15 ha
environ pour les exploitants munis de traction attelée bovine. Les
rotations culturales dépendent des spéculations cultivées.
Les céréales occupent des surfaces plus grandes que les autres
cultures.
37
SC 2 : Coton * 2//maïs blanc * 2//soja * 2
//friche * 3
Ce système de culture est pratiqué par les
exploitants manuels, les exploitants possédant la traction asine et par
ceux disposant de traction bovine. Les superficies mises en jeu vont de 2,25
à 6,75 ha environ sur des sols sablo-argileux et
gravillonnaire-argileux. Les cultures de rentes et les légumineuses
occupent sensiblement la même surface que les céréales. La
VAB produite dépend des cultures, de la superficie cultivée et du
type d'outils utilisés. L'herbicide, les engrais minéraux et
organiques sont fréquemment appliqués pour combattre les
mauvaises herbes mais aussi pour refertiliser les sols.
SC 3 : Mil//maïs blanc * 2//sorgho *
2//niébé//friche * 3
Les sols concernés par ce système de culture
sont ceux des glacis et des plateaux. Il est pratiqué par des
exploitants utilisant la traction bovine et asine, mais aussi par des manuels.
Les superficies que ce système de culture occupe peuvent être
réduites mais quelque fois très grandes (3-8 ha). Les
céréales occupent la majeure partie des surfaces et procurent la
plus grande VAB. Ce système emploie faiblement les engrais
minéraux et les herbicides. Les friches (ou prairies) restent le seul
mode de fertilisation des sols ce qui explique la faiblesse des rendements
enregistrés dans ce système.
SC 4 :
Maïs//maïs//parc//maïs//maïs//parc//maïs//sorgho//parc
/ /prairie //prairie //parc
C'est un système de culture pratiqué par les
peulh sur 3 ha environ et sur des sols gravillonnaires. Le principal outil de
travail du sol est la traction bovine et les moyens de reproduction de la
fertilité sont les parcs (fumier) et les prairies (friches). Les parcs
sont généralement intercalés entre les
céréales. Cependant, ils peuvent arriver que les parcs viennent
avant les prairies pour permettre au sol de bénéficier du fumier,
ce qui favorise la croissance rapide des herbacées fourragères
qui constituent la base de l'alimentation du bétail. L'herbicide et les
engrais minéraux sont faiblement utilisés.
1.3.5.1.2 Systèmes de culture sans
friche
On les rencontre généralement chez les
immigrés qui cultivent en continu depuis 2002. L'utilisation permanente
d'herbicides, l'épandage d'engrais chimiques et organiques (fumier et
compost) et la rigueur dans le respect de l'itinéraire technique font
que les rendements sont meilleurs. A cela s'ajoute aussi le fait que les
techniques culturales sont plus évoluées. En effet, les
immigrés viennent de régions où l'agriculture est
très avancée (plateau mossi, Côte d'Ivoire).
38
SC 5 : Riz
39
Il s'agit de la monoculture du riz en continu avec utilisation
d'herbicide et de l'engrais minéral dans certains cas. Il appartient aux
systèmes de production utilisant la traction bovine et asine et est
pratiqué dans les bas-fonds ou les voies d'écoulement des eaux.
Ce système de culture est pratiqué sur de petites superficies de
0,25 à 0,5 ha environ car le village ne dispose pas de grands bas-fonds.
Les sols concernés sont de types limono-argileux qui seraient favorables
à la culture du riz grâce à leur capacité de
rétention en eau.
SC 6 : Maïs rouge /pastèque
//Tomate//aubergine locale//tomate//aubergine locale//maïs
blanc
Ce système de culture est pratiqué sur de
petites surfaces de 0,25 à 0,75 ha environ et emploie de l'herbicide,
des engrais minéraux (NPK et l'urée) et parfois de l'engrais
organique. Ce système est pratiqué en continue dans les bas-fonds
ou les voies d'écoulement d'eau par des agriculteurs ayant la traction
asine ou la traction bovine. Ce système comprend une rotation
intra-annuelle pour laquelle la céréale occupe la même
surface que le maraîchage. Le maraîchage confère à
cette rotation une productivité de la terre importante. Le
système comprend aussi une rotation annuelle pour laquelle le
maraîchage occupe la majeure partie des surfaces avec une
productivité de la terre moins importante.
SC 7 : Coton//maïs blanc//coton//maïs
blanc//coton//maïs blanc //coton//
sorgho//coton//niébé
C'est un système de culture continue pratiqué
sur les plateaux ou les glacis et qui occupe de grandes superficies (7 à
16 ha environ). Il est présent chez les exploitants possédant la
traction asine, la traction bovine et la moto-mécanisation. Ce
système utilise aussi de l'herbicide et des engrais chimiques et dans
quelque cas, de l'engrais organique sous forme de compost. En traction asine et
bovine, ce sont les cultures céréalières qui occupent la
majeure partie des surfaces, par contre en moto-mécanisation les
cultures de rente (coton principalement) occupe la plus grande surface
emblavée.
SC 8 : Coton bio//sorgho
Ce système de culture biologique est pratiqué
sur les plateaux ou les glacis par les exploitants possédant la traction
bovine. Le compost est le seul élément de reproduction de la
fertilité car les superficies sont petites (2 ha environ) et les
insecticides sont une décoction à base de racine, d'écorce
et feuille de plantes. La culture de rente et la céréale se
repartissent équitablement les surfaces emblavées. La VAB
produite est importante de 379 000 f CFA car les CI sont très
faibles.
40
1.3.5.2 Analyse des performances
technico-économiques des systèmes de cultures SC
Les systèmes de cultures pratiqués
diffèrent par leurs performances technico-économiques. Ces
performances peuvent être la valeur ajoutée brute, la
productivité à l'hectare ou la productivité du travail.
1.3.5.2.1 Analyse des VAB
Les SC 1 et le SC 7 sont respectivement ceux qui fournissent
une VAB de plus de 1 000 000 f CFA. Ils intègrent tous la culture
commerciale et se pratiquent sur le même type de sol avec des
équipements différents. Le SC 7 qui utilise la
moto-mécanisation engendre un coût supplémentaire
élevé (lié aux frais de location du tracteur) mais procure
la plus grande VAB. La succession coton // maïs blanc occupe les plus
grandes superficies des SC 1 et SC 7. Cela s'explique par le fait que le
maïs blanc profite de l'arrière effet de l'engrais du coton des
années précédentes mais aussi qu'une partie de l'engrais
du coton est détourné sur le maïs.
1.3.5.2.2 Analyse de la productivité de la
terre
Les SC 5 et SC 6 produisent plus de VAB à l'hectare.
Cela s'explique par le fait qu'il y a deux productions au cours de la
même campagne agricole (rotations intra-annuelles : maïs rouge /
pastèque) mais aussi au fait que le riz et le maraîchage, sont
très productifs et sont cultivés sur de petites superficies.
Rapportées à l'hectare, leurs VAB se multiplient pour atteindre
des valeurs élevées. Les systèmes de cultures en continue
présentent les meilleures productivités à l'hectare. Pour
une même rotation, la productivité à l'hectare est plus
importante en traction bovine qu'en traction asine. En témoignent les SC
5 (monoculture du riz) puis SC 6. Cela se justifie, parce que la force de
travail et la profondeur du labour influent sur le rendement et par
conséquent sur la valeur ajoutée brute.
1.3.5.2.3 Analyse de la productivité du
travail
D'une manière générale, les SC
possédant des friches (ou prairie) sont les moins productifs en travail.
Les SC céréales // maraîchage sont les plus productifs en
travail avec plus de 3 000 f CFA/hj. Les rotations intra-annuelles cumulent la
productivité en travail du maïs rouge et de la pastèque.
C'est cela qui leur confère une productivité en travail assez
élevée. Le SC céréales // parcs // friches en est
une exception. La valeur élevée de cet indice est due à la
faiblesse du temps de travail qui lui est accordé et à la
présence de parc qui améliore le rendement. Parmi les SC les
moins productifs en travail, se retrouve le SC 5 avec moins de 1 000 f CFA/hj.
En effet, la culture du riz se pratique sur un
41
sol limoneux-argileux, très lourd et difficile à
travailler en traction asine. Les agriculteurs mettent logiquement plus de
temps à cultiver ces sols.
Le SC 7 intégrant le coton rentabilise moins le travail
avec une valeur proche de 2 000 f CFA/hj, ce qui reste relativement faible.
Cela s'explique par l'exigence en travail de la culture cotonnière (deux
sarclo-buttages, deux désherbages manuels après les
sarclo-buttages et les travaux de récolte manuelle).
1.3.5.3 Présentation des systèmes
d'élevage (SE)
On distingue neuf systèmes d'élevage
différents qui se développent dans un environnement marqué
par une insuffisance d'eau et un déficit fourrager en saison
sèche. En effet, le fourrage herbacé qui est la principale source
d'alimentation du bétail, se raréfie (à cause de la
pression foncière), et le problème d'eau pour l'abreuvement du
troupeau est loin d'être résolu (malgré l'installation de
quelques forages). À ce jour, si une couverture sanitaire accrue (qui a
entrainé le recul des maladies) favorise l'activité de
l'élevage dans l'ensemble, il est bon de reconnaître que la
situation géographique de la zone (entre le PNKT au nord et le RGN au
sud) rend difficile le pâturage des bovins à certaines
périodes de l'année. Les tableaux 11 et 12 (Page 50)
résument les performances technico-économiques des
différents systèmes d'élevage.
1.3.5.3.1 Les Systèmes d'élevage des
animaux de trait
Boeufs de trait (SE 1)
Mode de conduite : Pendant la saison
hivernale (de mai à fin septembre), les animaux de trait travaillent
dans les champs le jour et ils sont parqués la nuit. Le pâturage
se fait autour des champs et est constitué de fourrage herbacé.
L'eau d'abreuvement est apportée par les propriétaires. D'octobre
à février, ils sont en divagation autour des cases et se
nourrissent du peu de fourrage restant (avant les récoltes) et des
résidus de récolte (après les récoltes). De mars
à avril, ils sont au piquet autour des cases et
bénéficient d'une alimentation particulière pour
préparer la période des travaux champêtres. Ils se
nourrissent de résidus de récolte, de tourteaux de coton et
parfois de branches élaguées. Le sel est fourni sur toute
l'année de façon régulière.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués d'un vaccin (trypanocides) dans le mois de juin pour
prévenir la trypanosomiase et la pasteurellose bovine puis d'un autre en
août (perivax) contre la péripneumonie contagieuse bovine. On note
aussi l'utilisation de vermifuge (en comprimé) pour lutter à
titre curatif contre les infections parasitaires.
42
Les boeufs de trait sont choisis dès l'âge de
deux ans dans le troupeau pour les exploitations qui possèdent des
bovins de parcours. Ils peuvent être utilisés durant quatre ans
avant d'être vendus. Ce sont des mâles en général,
taurins ou métis, peu sensibles à la trypanosomiase. Les animaux
ayant travaillé se revendent plus cher qu'à l'achat, car leur
masse musculaire a augmenté (achat : 150 000 f CFA ; vente : 250 000 f
CFA). Le taux de mortalité adulte des boeufs est de 0,125 % avec une
VAB/tête/an s'élevant à 12 000 f CFA. Le temps de travail
consacré aux bovins de trait vaut 52,5 hj par an.
Ânes (SE 4)
Mode de conduite : En saison sèche,
les ânes sont utilisés uniquement pour le transport (traction des
charrettes). Hormis cela, ils sont généralement en divagation
autour des cases et se nourrissent de résidus de récolte. Leur
consommation en eau est assurée par le propriétaire. En saison
hivernale, en plus de la traction des charrettes, les ânes tractent aussi
les outils agricoles (multiculteur, charrue, butteur, sarcleur...). En dehors
de ces travaux, ils sont au piquet autour des champs le jour et autour des
cases la nuit. Le fourrage herbacé constitue leur seule alimentation et
ils s'abreuvent dans les boulis. Le sel est fourni sous forme de
complément alimentaire.
Prophylaxie : Ils reçoivent moins de
soins parce qu'ils sont assez résistants aux maladies. Les traitements
se limitent à une seule injection par an et ils reçoivent trois
vermifuges dans l'année à titre curatif.
Les ânes peuvent être utilisés
jusqu'à dix ans. Ils commencent d'abord par le transport, ce qui les
prépare à la traction des outils de travail du sol, plus lourds.
Une femelle est reproductrice à quatre ans et met bas tous les seize
mois environ. L'utilisation d'une femelle permet donc de produire des petits en
plus du travail. Les animaux ayant travaillé se vendent moins cher
qu'à l'achat (achat : 40 000 f CFA ; vente : 27 500 f CFA). Le temps de
travail lié au SE 4 est 37,5 hj.
1.3.5.3.2 Bovins de parcours
Boeufs de parcours des mossi (SE
2)
Mode de conduite : Les animaux parcourent
dans la journée les friches attribuées et les parcelles non
cultivables en saison pluvieuse (de juin à novembre) parce que les
autres parcelles sont cultivées. Ils se nourrissent de fourrage
herbacé et boivent l'eau des marigots, des bas-fonds et des boulis. Les
nuits, ils sont parqués dans les enclos. En saison sèche (de
décembre à février), ils sont en divagation sur les
parcelles, se nourrissent de résidus de récolte, et s'abreuvent
au forage (coût
43
d'abreuvement : 7 500 f CFA/troupeau/saison). Ils vont parfois
pâturer loin à l'ouest et au sud du village, quand la
période devient cruciale.
Dans les mois de mars et d'avril, s'ajoutent à leur
alimentation des branches élaguées, des graines de coton, et de
tourteaux de coton. En cette période, le temps de pâture dure de 9
h à 17 h. Le sel est fourni de façon complémentaire aux
animaux pendant toute l'année.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués de deux vaccins : la trypanocide (en juin) et le perivax (en
août). À cela, il s'ajoute les vermifuges (en comprimés)
pour guérir les maladies parasitaires. Ce système valorise mieux
le fumier.
Les bovins de parcours des agriculteurs ont principalement une
fonction d'épargne. Les génisses sont mises à la
reproduction à quatre ans, et peuvent mettre bas jusqu'à douze
ans. Elles sont alors vendues (achat : 85 000 f CFA ; vente : 75 000 f CFA). Un
veau nait tous les deux ans en moyenne, surtout pendant l'hivernage (60% des
mises bas). Le mâle reproducteur est également utilisé pour
la traction (SE 1). Un actif est employé pour s'occuper des boeufs toute
l'année.
Boeufs de parcours des peulh (zébu
principalement) (SE 3)
Mode de conduite : En saison sèche, le
troupeau est emmené au pâturage deux fois par jour. Dans la
matinée, de 5 h à 10 h et dans la soirée, il part à
15 h puis revient dans l'enclos vers 20 h. Les lieux de parcours sont
principalement le sud du village et la zone à vocation pastorale
à la quelle le chef du village de Koumbili a cédé une
partie de ses terres. Ce sont des lieux où l'on trouve encore du
fourrage herbacé en cette période de l'année. Ils se
nourrissent aussi de résidus de récolte, de branches
élaguées et les plus affaiblis reçoivent du tourteau ou
des graines de coton en complément. Ils s'abreuvent deux fois par jour
au forage : entre 10 h et 11 h le matin et 17 h et 18 h le soir.
En saison pluvieuse, l'abondance et la disponibilité du
fourrage font que le temps de pâture est réduit à 6h (de
11h à 17h). L'alimentation est constituée essentiellement de
fourrage herbacé et le troupeau s'abreuve dans les boulis, les marigots
ou encore dans les bas-fonds. Aucun complément alimentaire n'est fourni,
sauf en cas de maladie.
Prophylaxie : Les traitements sont
constitués d'une part, de deux vaccins les mois de juin et août :
la trypanocide et le perivax. D'autre part, de vermifuge pour lutter à
titre curatif contre les maladies parasitaires. Il s'ajoute, des traitements
traditionnels efficaces contre certaines maladies.
Les indices de performances sont plus améliorés
: 0,7 mise bas /an, taux de mortalité des jeunes 0,17 % et 0,06 % chez
les adultes. Dans ce système d'élevage, les produits laitiers
sont très bien valorisés. La production journalière de
lait en hivernage est de 2 l, et en saison sèche 0,25 l. Le lait est
consommé par la famille, et vendu en frais, en caillé ou en savon
après transformation. Une vache produit en moyenne 145 l de lait par an.
En hivernage, le lait frais est vendu à 270 f CFA/l, et en saison
sèche à 330 f CFA/l en moyenne. La traite est assurée par
les femmes. Le fumier n'est pas suffisamment valorisé et en plus d'un
employé, un actif familial doit effectuer 174,375 hj pour suivre le
troupeau.
44
Figure 14: Comparaison de SE des bovins de parcours et des boeufs
et ânes de trait
1.3.5.3.3 Les petits ruminants
Les moutons (race mossi) (SE 5)
Mode de conduite : Pendant l'hivernage, les
moutons sont conduits avec les boeufs pour les exploitations qui en disposent,
sinon ils sont au piquet autour des champs et des cases pour éviter
qu'ils ne s'en prennent aux cultures. Ils se nourrissent alors de fourrage
herbacé. En saison sèche, ils sont en divagation sur les
parcelles et se nourrissent de résidus de récolte, de son de mil
ou de maïs et rarement de tourteaux de coton. Ils reçoivent
constamment du sel au cours de l'année.
Prophylaxie : L'injection (pastovins) qu'ils
reçoivent une fois dans l'année lutterait contre la pneumonie. On
leur administre aussi deux vermifuges.
45
Les ovins ont une fonction d'épargne. Les brebis sont
mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre bas
jusqu'à sept ans. Elles sont alors vendues (achat : 10 000 f CFA ; vente
: 7 500 f CFA). Il y a une mise bas par an et 1,6 naissance pour chaque mise
bas.
Pour une exploitation qui ne possède pas de bovins de
parcours, le temps de travail consacré au SE 5 vaut 22,5 hj/an. Pour les
exploitations possédant des bovins de parcours, le temps de gardiennage
lié au SE 5 est compris dans celui des bovins de parcours car les
parcours sont faits ensemble.
Chèvres (race naine) (SE 6)
Mode de conduite : Les chèvres sont en
divagation sur les parcelles pendant toute la période sèche et
leur alimentation est essentiellement constituée de résidus de
récolte. Le son est apporté lorsque la question de l'alimentation
devient difficile. L'élagage des branches fait partie de leur
alimentation pendant cette période. Elles sont parquées les nuits
dans les enclos. En période humide, les chèvres sont retenues au
piquet autour des champs ou des cases là où existe du fourrage
herbacé. Ce fourrage constitue leur alimentation durant cette
période. Cela évite qu'elles ne s'en prennent aux cultures, ce
qui serait source de conflit. Elles sont rentrées dans les enclos les
nuits.
Prophylaxie : Elles reçoivent dans
l'année, une injection de pasteurellade qui les protègerait
contre la peste et deux vermifuges (Administrés par voie orale) à
titre curatif contre les parasites.
L'élevage caprin présente des
caractéristiques différentes de celui des ovins. Les
chèvres sont réformées à six ans (achat : 7 500 f
CFA ; vente : 3 500 f CFA). Elles donnent naissance à deux petits, deux
fois par an et le taux de mortalité chez les adultes est de 0,5%. Il
faut à cet élevage 22,5 hj/an pour couvrir le calendrier
fourrager.
1.3.5.3.4 Les volailles
Poules (SE 7)
Mode de conduite : Les poules sont en
divagation le jour durant toute l'année, les nuits elles s'abritent dans
un coin de la cours aménagé à cet effet. On leur verse de
façon quotidienne des poignées de céréales et
parfois des termites. En dehors de cela, elles se nourrissent d'insectes et de
quelques grains qu'elles trouvent sur les champs.
Prophylaxie : Elle consiste en une injection
d'Ita-new contre la maladie de Newcastle.
Les poules sont mises à la reproduction à six
mois, et sont vendues à trois ans (achat : 1 000 f CFA ; Vente : 1 250 f
CFA). En moyenne, elles pondent trois fois par an et dix poussins naissent
par
46
portée. Tous les oeufs sont gardés pour la
couvaison. La production d'oeufs non fécondés n'est pas connue
des agriculteurs. On leur consacre 11,25 hj de travail par an.
Pintades SE 8
Mode de conduite : Les pintades ont
pratiquement le même mode de conduite que les poules, seulement, elles
ont un rayon de divagation plus vaste lié au fait qu'elles peuvent
voler. Elles pondent leurs oeufs dans la brousse et se nourrissent d'insectes
et grains de céréales perdus lors des récoltes. Ce sont
les poules qui couvent les oeufs qui donneront les pintadeaux. Les pintades ne
reçoivent aucun traitement, ce qui les rend très
vulnérables à la peste aviaire et à bien d'autres maladies
qui sévissent dans la zone.
L'élevage des pintades présente des
caractéristiques différentes que celui des poules (achat : 750 f
CFA ; Vente : 1 250 f CFA). Une pintade pond en moyenne 150 oeufs par an, dont
130 sont consommes ou vendus (25 f CFA l'unité). Les autres sont
couvés par les poules. Le temps de travail annuel qui leur est
consacré est deux fois moins important que pour les poules, soit environ
6 hj.
1.3.5.3.5 Porcs, SE 9
L'élevage de porcs est une activité complexe
tant le porc est un animal destructeur des cultures. Il est assez rentable et
c'est une activité confiée généralement aux femmes.
Il permet d'avoir des rentrées d'argents régulières. Les
truies sont mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre
bas jusqu'à trois ans. Elles sont alors vendues, à un prix
très supérieur a leur prix d'achat. Il y a deux mises-bas par an
et huit naissances pour chaque mise bas. Les pertes sont importantes chez les
porcelets. En plus des jeunes gardés pour le renouvellement du troupeau,
une partie des mâles est engraissée jusqu'à deux ans.
Cependant il parait plus intéressant de vendre les mâles de un an
(achat : 2 500 f CFA ; vente : 20 000 f CFA), car l'animal prend moins de poids
l'année suivante, il valorise moins l'alimentation (achat : 2 500 f CFA
; vente : 38 700 f CFA). Il en est de même pour les femelles, vendues
à trois ans (achat : 3 500 f CFA ; vente : 32 500 f CFA).
Mode de conduite : Les porcs sont en
divagation toute l'année et ne possèdent parfois pas d'enclos.
Cela provoque, en saison humide, des conflits avec certains agriculteurs qui
subissent de gros dégâts. Leur alimentation est constituée
de son de mil ou de maïs, de farine de néré (farine issue de
la transformation des fruits de Parkia biglobosa) et de drêches
de dolo.
Les traitements se résument à des
«vitamines» achetées au marché sous forme de
comprimés destinées à engraisser l'animal, six mois avant
de le vendre. Le temps de travail qui est consacré annuellement à
cet élevage vaut 38,5 hj.
47
Figure 15: Comparaison des SE porcins, volailles et petits
ruminants et porcin.
Tableau III : Performance technico-économique de
l'élevage des volailles
Système
|
Nombre d'oeuf
|
TM des jeunes
|
TM des adultes
|
VAB/mère/an
|
d'élevage
|
pondus/an
|
|
|
(f CFA)
|
SE 7
|
225
|
0,5
|
0,4
|
6 000
|
SE 8
|
1 200
|
0,8
|
0,4
|
3 000
|
TM : Taux de Mortalité, VAB : Valeur Ajoutée
Brute.
48
Tableau IV : Paramètre de productivité des
systèmes d'élevage des animaux.
Indices technico- SE 2 SE 3 SE 4 SE 5 SE 6 SE
9
économiques
Nombre de MB/an
|
0,5
|
0,7
|
0,75
|
1
|
2
|
2
|
Nombre de petit/MB
|
1
|
1
|
1
|
1,6
|
2
|
8
|
TM des jeunes
|
0,2
|
0,17
|
0 ,33
|
0,25
|
0,25
|
0,5
|
TM des adultes
|
0,1
|
0,06
|
0 ,04
|
0,2
|
0,5
|
0,2
|
VAB/mère/an (f CFA)
|
31 000
|
96 000
|
-3 000
|
12 000
|
20 000
|
26 000
|
Tableau V : Rendement de quelques cultures au niveau
provincial
Cultures Mil Sorgho Maïs Riz Arachide Sésame
Soja Niébé
Rendement (t/ha)
|
1,563 1,201 1,081 3,388 0,929 0,909 1,018 1,500
|
*le rendement du coton au niveau national pour la
campagne 2008-2009 était 1 t/ha.
Source : Direction provinciale de l'agriculture, de
l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRA).
49
1.3.6 Système de production (SF)
On distingue neuf systèmes de production en fonction
des associations spécifiques de systèmes de culture et
d'élevage.
1.3.6.1 SF 1 : Manuel, friches courtes avec culture
commerciale.
Il se compose des SC 1 et le SC 2 puis des SE 6, SE 7 et SE 8.
Le seul mode de reproduction de la fertilité est la friche. La culture
du coton est stratégique. En effet, avec une VAB/hj de 681 f CFA/hj, le
coton représente la culture la moins rentable en travail dans ce SP. Le
coton est cultivé seulement pour engrais qui profitent aux autres
cultures. Le niébé est la culture la plus rentable en travail
(VAB/hj = 1 807 f CFA/hj) parce qu'il exige moins de travail. Le soja apporte
la plus grande valeur ajoutée brute (102 250 f CFA/ha). Les rendements
sont en dessous de la moyenne provinciale. Cette faiblesse s'explique entre
autre par l'insuffisance de la durée des friches (deux à quatre
ans) pour restituer au sol les éléments fertilisants qu'il a
perdu pendant les quatre à cinq ans de culture. De plus, la faible
utilisation de l'engrais minéral lié à la culture du
coton, ne permet de compenser les éléments fertilisant
exportés. Les opérations culturales ne sont pas efficaces du fait
du matériel agricole utilisé. La survie de l'exploitation n'est
pas assurée (figure 16, page 58).
Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et
octobre (annexe 1: calendrier de travail du SP 1). En juin, le travail est
dominé par le sarclage dans ce SP et c'est l'une des tâches les
plus pénibles après le labour, surtout lorsqu'il est manuel.
Cependant les paysans arrivent à s'en sortir grâce à
l'entraide ou à de grosses journées de travail. Dans le mois
d'octobre, la récolte des cultures commerciales domine le calendrier de
travail.
La famille comporte deux actifs, deux dépendants et une
SAU de 4,5 ha, d'où 2,25 ha/actif. Le ratio inactifs/actifs est
égal à l'unité (r = 1). La main d'oeuvre n'est donc pas
abondante et une surface de 2,25 ha/actif est grande pour un agriculteur en
manuel. La contribution de l'élevage au VAB totale est faible (figure
17, page 60).
Le matériel agricole utilisé est composé
uniquement d'outils manuels (dabas, machettes, calebasses, rayonneur...) et les
surfaces exploitées sont généralement les plateaux et les
glacis. Les sols de bas-fonds (hydromorphes) ne sont pas exploités de
façon adéquate. En effet, il arrive que ces familles disposent de
bas-fonds mais ne pratiquent pas de maraîchage faute de main d'oeuvre
suffisante.
50
1.3.6.2 SF 2 : Manuel, friches courtes sans culture
commerciale
Il s'agit d'une agriculture de subsistance. La grande taille
de la famille (dix personnes dont quatre actifs) est l'une des raisons
principales qui excluent la culture commerciale dans ce SP. Le ratio
inactifs/actifs r = 1,5 montre que cette exploitation produit uniquement pour
la consommation familiale. Elle ne peut donc pas capitaliser en vendant les
excédents de sa production pour passer à la traction
attelée. Ce SP se compose du SC 3 à base de cultures
vivrières et des SE 6 et SE 7. La faiblesse des rendements fait que le
maïs rouge est produit pour pallier les difficultés d'alimentation
qui persistent en début ou en milieu de campagne agricole. En effet, le
maïs rouge est une culture à cycle court (60 jours), de ce fait, il
arrive à terme en août et permet aux agriculteurs de vivre en
attendant les récoltes prévues dans les mois d'octobre et de
novembre.
Hormis les friches, aucun autre mode de reproduction de la
fertilité du sol n'est pratiqué. Cela se ressent sur les
rendements. La pointe de travail se situe dans le mois de juin pendant lequel
le sarclo-buttage est l'activité quotidienne. En juin, les heures de
travail dépassent largement les huit heures, sinon, un recours à
l'entraide est obligatoire. La SAU est de 8 ha, soit deux hectares pour un
actif, ce qui est assez vaste pour une exploitation où l'on travaille
sans traction attelée. L'élevage contribue pour très peu
à la VAB totale. Le niébé reste la culture la plus
rentable en travail avec 1 807 f CFA/hj et le maïs rouge à la plus
grande VAB à l'hectare (103 200 f CFA/ha). Le sorgho a la plus grande
valeur ajoutée brute (VAB = 117 640 f CFA) ce qui confirme que cette
exploitation est tournée vers l'autoconsommation et par
conséquent ne peut pas se développer. C'est une exploitation en
difficulté qui ne peut pas se renouveler car elle est en dessous du
seuil de survie.
Le matériel agricole est essentiellement manuel dans ce
type d'exploitation. Il s'agit de dabas, calebasses, machettes, haches,
couteaux, faucilles...
1.3.6.3 SF 3 : Traction asine, friches courtes avec
culture commerciale.
Ce SP comprend quatre actifs et quatre dépendants et se
compose des SC 2, SC 3 et du SC 5 puis des SE 4, SE 6, SE 7, SE 8, et SE 9. La
SAU est de 11,75 ha avec une surface par actif de 2,67 et le ratio
inactifs/actifs est égal à l'unité. Cela explique
pourquoi, en fin de campagne agricole l'entraide est nécessaire pour ce
type d'exploitation.
La traction asine est une phase transitoire qui permet de
passer de la culture manuelle à la traction bovine lourde. De ce fait
elle permet d'étendre les surfaces cultivables. Cependant, si les
opérations culturales liées à la traction sont couvertes,
ce n'est pas le cas pour les travaux manuels de
51
récolte. Ainsi, dans le dernier trimestre de
l'année, il faudra quasiment un actif en plus. La conséquence est
que dans un tel SP, les familles combinent grosses journées de travail
et entraide.
Les rendements sont supérieurs à ceux des SP
précédents mais restent cependant faibles par rapport à la
moyenne de la province, à l'exception du maïs et du soja. Le coton
est cultivé pour son engrais qui permet de fertiliser les sols et
d'améliorer le rendement du maïs. Les surfaces cultivées
peuvent être les plateaux ou les glacis, mais aussi les sols
hydromorphes.
Le riz est la culture qui rapporte le plus à l'hectare
(VAB/ha = 205 210 f CFA/ha) mais faute de grands espaces le riz est toujours
cultivé sur de superficies atteignant rarement 0,75 ha. Le coton est la
culture qui rapporte le moins en travail (VAB/hj = 606 f CFA/hj) et le
maïs blanc apporte le plus de valeur ajoutée brute (289 125 f CFA).
L'élevage de petits ruminants qui y est associé permet de
capitaliser pour passer à une traction animale plus lourde (bovine). Le
plus rentable des SE est l'élevage des porcs qui fait gagner 26 000 f
CFA/mère/an alors qu'une ânesse fait perdre 3 000 f
CFA/mère/an. La perte annuelle engendrée par l'élevage
d'ânes est compensée par le travail que ce dernier effectue dans
l'exploitation.
Le matériel agricole comprend les outils artisanaux
adaptés à la traction asine (légère). Les
pièces qui composent ces outils ont un poids relativement faible pour
permettre à l'animal de les tracter. Les outils manuels sont
principalement ceux utilisés pour le semis (dabas, calebasses), la
défriche (machettes, haches) et la récolte (couteaux,
faucilles).
1.3.6.4 SF 4 : Traction asine, sans friches, avec
culture commerciale.
Ce SP combine les SC 5, SC 6. L'élevage pratiqué
concerne les SE 4, SE 6 et SE 7. Dans ce SP, les cultures
maraîchères contribuent pour beaucoup à l'augmentation de
la VAB. L'utilisation des engrais minéraux pour refertiliser les sols et
des pesticides pour lutter contre les adventices de culture permettent d'avoir
des rendements acceptables, parfois supérieurs à la moyenne de la
province. L'utilisation de compost associée à la maîtrise
des techniques culturales joue un rôle non négligeable dans
l'augmentation des rendements. Dans cette catégorie d'exploitations, on
rencontre des migrants venus de régions où l'agriculture est
développée. Leur connaissance dans le domaine est assez
remarquable. En témoigne la rotation intra-annuelle qui répond
à un souci d'intensification. En effet, le maïs rouge ayant un
cycle court (60 jours), il arrive à terme en août pendant qu'il
pleut encore et que le sol est humide. Le maïs est récolté
rapidement et la pastèque est mise en terre. Tout est coordonné
de telle sorte que la pastèque commence à murir lorsque tombent
les dernières pluies. La pastèque est une plante qui n'a pas
besoin de beaucoup d'eau pour murir.
52
La famille est d'une grande taille (10 personnes dont 5
actifs) ce qui permet de couvrir le calendrier de travail sans forcément
avoir recours à l'entraide. De grosses journées de travail
suffisent. La SAU est de 8,5 ha. Cela donne une surface par actif de 1,7, qui
est assez réduite (par rapport au précédent) à
cause du nombre d'actifs élevé. Dans ce système où
il n'y a pas de coton, les agriculteurs sont obligés de diversifier les
cultures pour accroitre la valeur ajoutée. Les pointes de travail se
situent en juin et en juillet pour le sarclage et le buttage puis en octobre
pour les récoltes. Le SP ne permet pas de capitaliser, donc de pratiquer
l'élevage de parcours. La vente des excédents
céréaliers et les revenus liés à la culture
maraîchère sont les deux principaux moyens qui permettent de
capitaliser et de passer très vite à la traction bovine. Dans ce
type d'exploitation, le maïs et la pastèque ont une VAB/ha plus
élevée avec respectivement 320 700 f CFA/ha et 301 920 f CFA/ha.
Cependant les sols hydromorphes sont rares et les surfaces de maraîchage
restent toujours réduites à moins d'un hectare.
Le matériel agricole se compose d'outils artisanaux
adaptés à la traction asine (légère). Ce sont par
exemple : les multiculteurs, les charrues... Les pièces constitutives
ont un poids relativement faible pour permettre aux ânes de les
supporter. Les outils manuels sont principalement ceux utilisés pour le
semis et la récolte (daba, machettes, etc.) comme les SP
précédents.
1.3.6.5 SF 5 : Traction bovine, friches courtes avec
culture commerciale
Il se compose d'une part des SC 1 et SC 2 en défriche
brûlis et d'autre part du SC 5 en culture continue (monoculture du riz).
L'élevage contribue peu à la VAB totale et concerne les SE 1, SE
4, SE 5, SE 6, SE 7, SE 8 et SE 9. La pointe de travail se situe dans le mois
de juin et les 9 actifs familiaux doivent consentir des efforts
supplémentaires pour couvrir le calendrier. Le travail pendant cette
période est dominé par le sarclage et quelques semis. Le semis
étant une tâche moins pénible, il est l'oeuvre des femmes
ou des adolescents. Le ratio inactifs/actifs est de 0,66 et le problème
de calendrier ne se pose pas, malgré une surface par actif assez vaste
(2,39 ha/actif), car la traction bovine permet de réduire le temps de
travail.
Les friches étant de courtes durées, les engrais
organiques (compost) et minéraux (urée, NPK) sont souvent
combinées pour fertiliser de nouveau le sol. Mais malgré cela les
rendements de céréales restent inférieurs à la
moyenne provinciale. Cela s'explique par le fait que les opérations
culturales ne sont pas exécutées à temps et avec
efficacité. Les cultures vivrières occupent une partie importante
des surfaces emblavées et les friches représentent presque la
moitié de la SAU (21,5 ha). Le rendement en coton est de 1,2 t/ha contre
1 t/ha au niveau national. Le SE 9 peut être mieux valorisé en
utilisant les déjections et les urines pour fertiliser les sols. Mais
cela suppose un mode de conduite qui stabilisera
53
les animaux en vue de récupérer leurs
déchets. Ce type d'exploitations pratique l'activité de
transformation des produits agricoles. Par exemple, la transformation du sorgho
en bière (dolo) génère des revenus et fournit les
drêches qui servent d'aliment aux porcs.
Le maïs blanc rapporte le plus à l'hectare (232
650 f CFA/ha) et en travail (3 405 f CFA/hj). Ce type de SP peut facilement
capitaliser en achetant du bétail, grâce aux revenus liés
à la culture du coton. En effet, les inactifs sont peu nombreux par
rapport aux actifs (r = 0,66), de ce fait, les charges sont réduites.
Les outils de fabrication traditionnels utilisés
(charrue, butteur...) sont peu performants car ils n'ont pas une bonne
profondeur de travail du sol. Ainsi le labour est superficiel et les adventices
des cultures repoussent vite. Les outils manuels restent fortement
associés aux outils attelés pour accomplir certaines
opérations manuelles comme les semis.
1.3.6.6 SF 6 : Traction bovine, sans friches avec
culture commerciale
Les familles sont constituées
généralement de 13 personnes dont 7 actifs pour une SAU de 11 ha,
soit une surface par actif de 1,57 et le ratio inactifs/actifs est
inférieur à l'unité(r = 0,99). Ce type d'exploitation
pratique les SC 5, SC 6 et SC 7 auxquels s'associent les SE 1, SE 4, SE 5, SE
6, SE 7 et SE 8. Ce SP emploie de grandes quantités d'engrais
minéral et organique, mais aussi des pesticides pour lutter contre les
adventices qui colonisent très vite les champs et contre les ravageurs
des cultures. Les cultures sont très diversifiées pour ce
système de production.
Les rendements des céréales sont au dessus de la
moyenne de la province. Le riz, le sorgho et le maïs ont respectivement
3,469 t/ha, 2,5 t/ha et 1,265 t/ha. Avec un rendement de 1,5 t/ha, le coton
occupe le troisième rang en termes de productivité de la terre
après les céréales (riz, maïs) et le
maraîchage. La productivité du travail confère les premiers
rangs au maïs rouge (6 930 f CFA/hj), à la pastèque (3 805 f
CFA/hj) et au maïs blanc (3 300 f CFA/hj). Cela est lié au fait que
les deux premiers sont pratiqués sur de petites superficies atteignant
rarement les 0,75 ha. Le SC 5 apporte la plus grande valeur ajoutée
brute à ce type d'exploitation (2 289 328 f CFA).
La pointe de travail se situe en octobre, mois de
récolte des cultures commerciales et vivrières. Le nombre
d'actifs familiaux est suffisant pour couvrir les travaux, en dépassant
les huit heures de travail journalier. Les systèmes à base de
cultures maraîchères contribuent fortement à élever
la VAB dans ce SP. Le maraîchage est certes pénible mais c'est
l'une des activités agricoles qui procure le plus de revenu aux
agriculteurs dans la zone de Koumbili. La pratique de cette activité
nécessite des terres
54
de bas-fonds ou des voies d'écoulement d'eau. Les
superficies cultivées sont généralement très
petites et les revenus engendrés sont élevés.
Le matériel agricole utilisé est lourd et de
type moderne. Il s'agit de multiculteurs et de charrues adaptées
à la traction bovine lourde. Selon l'opération à
effectuer, on monte sur la charrue à bâtis polyvalent les socs de
labour (pour le labour) ou les butteurs (pour le buttage). Certains outils
manuels tels que les dabas, les machettes...sont fréquemment
utilisés pour exécuter les tâches légères
(semis ou repassage manuel...). Cette exploitation dispose de deux boeufs de
trait et d'un âne pour le transport.
1.3.6.7 SF 7 : Traction bovine, sans friches, avec
culture commerciale et gros élevage
Ce SP regroupe des familles de 15 personnes dont 8 actifs pour
une SAU de 12 ha, soit 1,5 ha par actif. Les céréales et les
légumineuses occupent la grande partie des superficies emblavées
contre près d'un quart des surfaces réservées aux cultures
de rente. Le ratio inactifs/actifs est inférieur à un (r =
0,875), il y a donc moins de bouches à nourrir. Ce SP peut facilement
faire des économies pour passer au SP 8.
Ce SP se compose des SC 5, SC 7 et SC 8 puis des SE 1, SE 2,
SE 4, SE 5, SE 6 et SE 7. On note un échange important de
matières entre systèmes d'élevage et systèmes de
culture. En effet, les résidus de récolte servent à
alimenter les animaux en saison sèche et les déchets animaux sont
utilisés comme fumier pour fertiliser les sols. Cela est possible
grâce au gros élevage que possèdent ces agriculteurs. Le
coton étant inclus dans les successions culturales, les autres cultures
bénéficient de l'arrière effet de l'engrais minéral
apporté par le coton. La fabrication de compost et d'utilisation de
d'herbicide participent respectivement à l'amélioration de la
fertilité des sols et à la lutte contre les adventices de
cultures.
Les animaux sont parqués la nuit dans des enclos
(autour des cases) qui peuvent changer de place selon l'objectif de rendement
de l'exploitant. D'une manière générale, ils sont
parqués sur des parcelles qui seront mises en culture au cours de la
campagne à venir. Cela permet de refertiliser les sols autour des cases
(pour les champs de case), mais une partie de la fumure organique est aussi
emmenée pour être épandue dans les champs de brousses. Les
herbicides sont appliqués quelques jours avant le labour. C'est un
labour qui permet d'enfouir les herbes mortes qui serviront de matière
organique pour un meilleur développement des cultures. Cette technique
culturale permet d'obtenir des rendements semblables à ceux du SP 6 pour
l'ensemble des cultures. Le SC 8 donne un rendement faible pour le coton bio
(0,7 t/ha contre 1 t/ha pour le coton conventionnel au niveau national). Pour
le sorgho bio c'est le contraire (1,5 t/ha contre 1,201 t/ha pour le
conventionnel). Le coton conventionnel
55
arrive au troisième rang en termes de
rentabilité à l'hectare après le riz et le maïs
blanc. En travail, les plus rentables sont le maïs blanc (3 300 f CFA/hj),
le sorgho (3 210 f CFA/hj) et le riz (1 970 f CFA/hj). Cela est dû au
fait que le premier est pratiqué sur de petites superficies atteignant
rarement 0,5 ha.
Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et
octobre. Les opérations culturales sont dominées par le sarclage
et les semis en juin puis par la récolte en octobre. En octobre, les
paysans sont obligés de faire de grosses journées de travail pour
couvrir le calendrier cultural. Concernant l'élevage, les travaux
atteignent leurs pics dans le mois d'avril où les effets de la
sécheresse affectent fortement les animaux. En cette période il
devient difficile d'alimenter le bétail. Le nombre d'heures
passées au pâturage est plus long parce qu'ils y restent plus
longtemps pour permettre aux animaux de brouter suffisamment. Le
problème d'alimentation en saison sèche contraint les populations
à limiter le nombre de têtes.
Le matériel agricole est constitué de
multiculteurs et de charrues modernes (simples ou à bâtis
polyvalent) pour le labour, le sarclage et buttage. On note aussi l'utilisation
de la charrette pour le transport du fumier et des récoltes. Un
arrosoir, un râteau... interviennent dans la fabrication du compost. Le
petit matériel (machettes, dabas, faucilles...) est fréquemment
utilisé. Cette exploitation possède quatre boeufs de trait pour
la traction qui sont tous issus de son troupeau. L'âne assure le
transport de la matière organique (fumier, compost) et des
récoltes.
1.3.6.8 SF 8 : Moto-mécanisation, traction
bovine, sans friches, culture commerciale et gros
élevage.
Les familles comprennent 20 personnes dont 12 actifs et la SAU
est de 19 hectares, soit environ 1,58 ha par actif familial. Les cultures
commerciales (coton principalement) occupent une place importante dans ce SP.
L'utilisation de la moto-mécanisation (tracteur) répond au double
objectif de lutter efficacement contre les adventices et d'étendre les
superficies cultivables qui concourent à augmenter la production. Le
labour est la seule opération exécutée à l'aide de
tracteur et les parcelles concernées sont emblavées en coton,
mais de plus en plus même les parcelles emblavées en cultures
vivrières font l'objet de labours moto-mécanisé. Cette
exploitation se compose des SC 5, SC 6, SC 7, et SC 8 puis des SE 1, SE 2, SE
4, 5, SE 6, SE 7 et SE 8.
Les engrais organiques et minéraux permettent de
fertiliser au mieux les sols. Cette exploitation possède un
élevage important de bovins, de ce fait, elle dispose de fumier qui
peut-être épendu sur les surfaces destinées aux cultures
autres que le coton et le maïs. En outre, les agriculteurs dans ce
56
système font tourner les parcs (à boeufs) sur
les parcelles des champs de cases pour y épandre le fumier sur toute la
superficie. Le compost est destiné aux champs de brousses.
La profondeur du labour, la rigueur dans le respect de
l'itinéraire technique et l'efficacité des opérations
culturales (deux sarclages et un buttage) permettent d'avoir des rendements
supérieurs à la moyenne provinciale (tableau 13, page 48) ; 2
t/ha pour le coton, 3 t/ha pour le maïs blanc et 1,422 t/ha pour le
sorgho. Ainsi la productivité de la terre de 457 180 f CFA/ha pour le
riz, 415 800 f CFA/ha pour le maïs rouge en traction bovine et 414 450 f
CFA/ha au maïs blanc (moto-mécanisaton). La productivité en
travail met le maïs rouge au premier rang des cultures plus rentable avec
6 930 f CFA/hj, suivi du maïs blanc (moto-mécanisation) avec 4 544
f CFA/hj.
Le pic de travail se situe dans le mois d'octobre et les
travaux sont principalement les récoltes des cultures commerciales et
vivrières. Le nombre d'actifs familiaux ne suffit pas pour couvrir le
calendrier, la récolte étant une opération purement
manuelle. Une entraide dans ce mois est donc nécessaire. Devant les
difficultés du calendrier de travail et le problème
réccurrent d'alimentation du bétail, un actif est employé
pour s'occuper des bovins et ovins toute l'année. Avec un ratio
inactifs/actifs inférieur à l'unité, l'épargne pour
acquérir la moto-mécanisation est possible.
Le matériel agricole est lourd et de type moderne. Il
s'agit des multiculteurs, des charrues, des sarcleurs et des butteurs pour
lesquels les animaux de trait nécessitent un mode de conduite
approprié. Le petit matériel agricole est utilisé pour
exécuter les tâches légères. Le matériel de
transport est constitué de charrette ou de brouette et d'un âne
pour la traction. Le service du tracteur est obtenu grâce aux
prestataires de service qui exercent dans la région. En 2009, ces
exploitants obtiennent à crédit, avec le soutien de l'Union
Provinciale des Semenciers du Nahouri (UPSN), leur propre tracteur
(crédit remboursable sur 5 ans). Le crédit pourra être
remboursé grâce aux revenus liés à la culture de
coton et à la prestation de service.
1.3.6.9 SF 9 : éleveurs
(peulh)
La famille est composée de 20 individus parmi lesquels
9 actifs familiaux, et la SAU vaut 6 ha, soit environ 0,67 hectare par actif.
Le ratio inactifs/actifs est de 1,22. C'est dire que la famille a beaucoup de
bouches à nourrir. En effet, les femmes peulh ne cultivent pas, leur
activité principale est la traite des vaches et la transformation du
lait. Dans ce type d'exploitation, les activités agricoles sont
dominées par l'élevage. Cependant la pointe du calendrier de
travail est le mois d'octobre. Un employé (actif) est mobilisé
toute l'année pour la surveillance du troupeau. Le salaire annuel est
payé en
57
donnant un animal selon les closes du contrat. En effet, lors
de la signature du contrat, l'employeur et l'employé conviennent de
l'animal qui doit revenir à ce dernier en fin de contrat.
Ce SP se compose du SC 3 et du SC 4 puis des SE 1, SE 3, SE 4,
SE 5, SE 6 et SE 7. Il n'y a pas de cultures commerciales, ni de
maraîchage dans cette exploitation. Cela prouve que ces familles
accordent plus d'importance à l'élevage. Le mode de fertilisation
des sols est particulier. Si la rotation du parc permet de répandre les
déjections (fumier) sur toutes les parcelles, les prairies (friches) ont
le double rôle de préserver du fourrage à proximité
pour le bétail et reproduire la fertilité. Les sols sont fertiles
mais les rendements sont faibles dans l'ensemble : 1 t/ha pour le mil, sauf
pour le maïs qui est le principal aliment et dont le rendement avoisine la
moyenne provinciale mais aussi et surtout, parce que la fumure organique
épandue sied bien à la culture du maïs. La raison des
faibles rendements est que dans cette exploitation, l'agriculture est une
seconde activité et ne fait pas l'objet d'attentions
particulières. De ce fait, certaines opérations culturales sont
négligées ou totalement ignorées.
La productivité de la terre pour le maïs blanc est
la plus élevée (216 600 f CFA/ha), suivie de celle du sorgho (119
640 f CFA/ha). Le maïs et le sorgho ont la meilleure productivité
en travail avec respectivement 3 209 f CFA/hj et 2 991 f CFA/hj. Malgré
la faiblesse de ces indices, ce type d'exploitation reste l'un des plus riches
de la région grâce aux revenus de l'élevage (Figure 17).
Le matériel agricole est composé d'instruments
traditionnels fabriqués artisanalement par des forgerons locaux. Ce sont
des imitations de matériels modernes qui s'adaptent facilement aux
conditions agro-climatiques et dont l'efficacité laisse à
désirer. On peut citer la charrue à bâtis polyvalent sur
laquelle peuvent être monté le soc de labour ou le sarclo-butteur
selon l'opération que l'on souhaite exécuter. Le matériel
manuel reste fortement associé aux outils attelés.
1.3.7 Étude économique des
systèmes de production SF
Les SP qui privilégient l'agriculture peuvent
être regroupés en deux groupes. Le premier groupe
représente la classe des agriculteurs qui n'ont pas de friches et qui
font de la culture continue (migrants mossi). Le second regroupe les
exploitants ayant des friches et pratiquant la défriche brûlis. Le
SP 9 qui pratique la défriche brûlis, privilégie
l'élevage contrairement autres systèmes de production.
Les Systèmes de Production en cultures continues ont un
RA/actif élevé (supérieur à 345 000 f CFA) et des
surfaces maximales par actif réduites (moins de 1,9 ha/actif). Le second
groupe, possède une surface maximale par actif très vaste
(supérieure à 1,9 ha/actif) pour des RA/actif relativement
faibles (inférieur à 310 000 f CFA) à l'exception du SP 9
dont le RA est constitué principalement des
activités pastorales. D'une manière
générale, les systèmes de production possédant les
friches sont les plus en difficulté avec un RA/actif avoisinant 300 000
f CFA pour le plus performant d'entre eux (figure 16). Cela laisse un doute
quant à la perpétuation de ces systèmes de production.
Les systèmes de production 1 et 2 sont en dessous du
seuil de survie estimé à 171 000 f CFA dans le village de
Koumbili (figure 16). Cela montre que l'agriculture manuelle a du mal à
se renouveler. C'est une agriculture de type extensif (plus de 2 ha/actif) et
très peu productive faute de matériels et de techniques
culturales adéquates. L'aviculture qui est la principale activité
d'élevage n'est pas productive et apporte une faible VAB.
En traction asine, le RA/actif est supérieur à
300 000 f CFA avec une surface maximale beaucoup plus réduite (1,7
ha/actif) en agriculture continue. Les SP qui utilisent la traction bovine et
qui pratiquent la culture continue sont performants avec des RA/actif parfois
supérieur à 450 000 f CFA et des surfaces par actif comprises
entre 1,56 et 1,80.
Le SP 9 se différencie des autres systèmes de
production en ce sens qu'il est à la base, un système de
production pastorale (80 % du revenu agricole familial provient de
l'élevage). Cela justifie le RAF de 4 102 000 f CFA qui rapporté
au nombre d'actif, il vaut 455 777 f CFA/actif pour une surface par actif de
0,66 ha. En effet, les indices technico-économiques des systèmes
d'élevage (SE 3 principalement) permettent d'atteindre des
résultats aussi performants (VAB/mère/an = 96 000 f CFA).
|
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|
SP avec Parc et
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Prairie
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SP en culture
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continue
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SP en
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difficulté
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|
58
Figure 16 : Comparaison des systèmes de production
59
1.3.8 Analyse des systèmes de production
L'agriculture manuelle qui ne peut pas assurer sa
reproductibilité va se raréfier. La figure 16 montre que les
systèmes de production en dessous du seuil de survie sont
pratiqués par des agriculteurs utilisant des outils manuels. Ensuite,
face à une baisse continue de la fertilité des sols (diminution
de la durée des friches) et à une présence
quasi-permanente des adventices de culture, les outils agricoles manuels et la
faible utilisation d'engrais organiques ne permettront pas à ces
exploitations de se perpétuer. Les opérations culturales
deviendront de plus en plus difficiles et les rendements de plus en plus
faibles. Il est donc clair que ces systèmes de production ne sont pas
viables à moyen et long termes. Ces agriculteurs vont devoir abandonner
l'agriculture ou passer à un autre système de production en
utilisant les revenus d'activités extra-agricoles.
Les exploitations qui intègrent la défriche
brûlis vont aussi disparaître. En effet, les friches de courtes
durées (2 à 4 ans) ne sont plus suffisantes pour reproduire
correctement la fertilité des sols. Il va falloir donner aux friches une
autre vocation. La tendance à la hausse du coût de l'engrais
minéral, conduira ces exploitations dans une crise de fertilité
qui provoquera un abandon progressif de certaine culture (coton). Devant
l'accroissement rapide de la population (taille des familles grandissant et
arrivée de nouveaux immigrés), il va se poser le problème
de terre qui conduira nécessairement à un morcellement des
superficies familiales. Cela aura pour conséquence de favoriser la
naissance de petites exploitations avec des superficies plus réduites
où les friches n'auront plus leur place dans les rotations. La culture
continue va alors se généraliser au détriment de
l'abattis-brûlis.
Par ailleurs, les systèmes de production ayant la
traction asine ne vont pas demeurer. La traction asine ne résout pas le
problème des adventices et constitue une phase transitoire de passage
à la traction bovine plus lourde et qui peut lutter durablement contre
les adventices de cultures. Dans ces SP, le moyen de reproduction de la
fertilité reste l'engrais minéral dont le prix est de plus en
plus élevé et hors de portée pour les petits agriculteurs.
De plus, le fait de posséder un âne de traction n'apporte pas de
VAB à l'exploitation, contrairement aux boeufs de trait. En effet,
l'exploitation perd par tête et par an une somme de 3 000 f CFA.
Les types d'exploitations qui pourront exister sont ceux
disposant de matériels agricoles lourds (traction bovine ou
moto-mécanisation) qui permettent de cultiver en continu, et de moyens
durables pour reproduire la fertilité des sols tel que les bovins de
parcours (pour bénéficier du fumier). Une forte
corrélation entre agriculture et élevage va caractériser
les différentes exploitations dans cette zone. Face à une
augmentation du prix des intrants et face à une baisse continue du
coût du coton, les
60
producteurs qui continueront à produire le coton sont
probablement ceux qui se seront tournés vers les OGM pour minimiser le
coût des intrants, mais aussi ceux qui auront accès à la
moto-mécanisation pour étendre les surfaces emblavées en
coton. De nouvelles cultures de rentes telles que le soja et le jatropha
pourront se développer et concurrencer fortement le coton. Les nouvelles
exploitations s'apparenteront aux systèmes de productions 9, 8 et 7.
Figure 17 : Contribution des systèmes de culture et
d'élevage à la VAB totale
1.3.9 D'autres activités lucratives
La cueillette est pratiquée par les femmes et les
revenus de cette activité leurs reviennent. Dans certains cas, ces
revenus sont utilisés pour subvenir aux besoins de l'exploitation toute
entière. Cela permet à certaines exploitations de disposer de
revenus supplémentaires leurs permettant d'atteindre un niveau de vie
plus élevé. Cette activité concerne principalement le
néré (Parkia biglobosa), le karité
(Butyrostermum paradoxum), les lianes (Saba senegalensis). La
cueillette du karité et des lianes est une activité ouverte
à toutes les femmes du village, mais celle du néré est
restreinte aux femmes kasséna.
Le néré est transformé en soumbala puis
vendu sous forme de boulettes à des prix très variés et de
loin supérieur au prix de vente en gousse. Trois boulettes coutent 25 f
CFA sur le marché du village. Les femmes Kasséna
regroupées en association produisent le beurre de karité pour le
compte d'un projet. Les autres femmes produisent le beurre de karité
mais le vendent sur le marché local. Les lianes sont vendues sans
transformation. La fabrication de bière locale (dolo) à base de
sorgho est une activité génératrice de revenu. Elle est
effectuée par les femmes Kasséna.
61
La chasse et la pêche sont des activités
saisonnières qui permettent aux populations d'avoir des revenus
additionnels. La chasse est pratiquée par les hommes kasséna et
les gibiers sont vendus dans le village et parfois dans les villages voisins.
La pêche est collective et généralement pratiquée
par les femmes kasséna de concert avec les gestionnaires du RGN. Ces
dernières années, cette concertation est interrompue de telle
sorte que la pêche s'en trouve menacée.
62
CONCLUSION / RECOMMANDATION
L'étude diagnostique en zone cotonnière de
Koumbili a permis de connaître à travers des entretiens
historiques les profonds changements agricoles qui y sont intervenus, et de
comprendre les agissements des paysans qui sont fortement conditionnés
par l'écosystème dans lequel ils vivent. L'agriculture a
évolué d'abord avec l'introduction de la traction attelée
et de la culture du coton (semis en ligne, utilisation d'engrais chimiques et
de pesticides) puis avec l'arrivée des migrants (changement des
techniques culturales et des modes de mise en valeur des terres). Le patrimoine
foncier cultivable s'est considérablement réduit avec la
création de certains zone à statut particulier (RGN, ZOVIC...),
créant une forte pression foncière sur les ressources
restantes.
La typologie des systèmes de production qui en est
ressortit dépend de la possession de friches, du type de matériel
agricole utilisé et de la capacité à cultiver les cultures
de rente. L'étude a montré que les systèmes de production
qui font de la culture continue, avec des outils de traction lourds (moto
mécanisation et traction bovine) et ayant des boeufs de parcours
présentent des indices technico-économiques élevés.
Les systèmes de production qui pratiquent la
défriche-brûlis sont en difficultés et sont menacés
de disparition. Cette situation est encore pire pour les systèmes de
production qui utilisent des outils agricoles manuels dont les RA/actif se
situent en dessous du seuil de survie.
Le coton qui occupe largement les superficies cultivées
se trouve de plus en plus menacé par de nouvelles cultures (soja,
sésame) qui lui ravissent des surfaces. Le riz et les cultures
maraîchères sont très rentables mais ne peuvent pas
concurrencer durablement le coton, car ces cultures se pratiquent sur de
petites surfaces et sur des sols qui ne sont pas accessibles à tous. Le
concurrent sérieux risque d'être le soja qui est aussi bien
organisé que le coton et dont la culture qui n'est pas intensive en
intrants agricoles (engrais, pesticides), dégrade moins le sol et
produit une plus grande VAB comparativement au coton. Certains systèmes
de production sont liés à la culture du coton par l'engrais dont
l'arrière effet profite aux céréales. Une partie de
l'engrais coton peut être détournée sur le maïs. Le
retrait du coton bio va entrainer la disparition du système de culture
SC 8. Cependant, l'introduction du coton Bt (OGM) favorisera la naissance de
nouveaux systèmes de culture et la typologie actuelle s'en trouvera
fortement modifiée.
Devant les menaces de contamination des gènes et de
résistance des ravageurs du coton, que pourraient constituer les OGM
pour les autres cultures, il y a lieu d'accompagner les producteurs à
travers des sessions de formations et un encadrement technique adéquat,
dans la production du coton OGM, souvent confondu par certains producteurs avec
le coton biologique (car moins de traitements).
63
En effet, toute mauvaise manipulation des OGM peut avoir de
graves conséquences non seulement pour les producteurs, mais aussi et
surtout pour la société cotonnière. Il est aussi à
suggérer de trouver un mécanisme souple de payement qui
éviterait les payements tardifs, qui se trouvent être l'une des
causes de l'abandon de la culture du coton. Il serait alors intéressant
d'envisager une sorte de microcrédit où le producteur pourra
emprunter au besoin et en fonction de son revenu attendu une somme d'argent qui
lui permettra de faire face à certaines difficultés
financières.
Le gène Bt est fourni aux sociétés
cotonnières par le groupe Mosanto, une structure étrangère
(Etats-Unis). Cela crée une dépendance des sociétés
cotonnières vis-à-vis de cette structure. Il est donc
nécessaire de développer un partenariat avec des structures
locales de recherche, capables de trouver, dans le court ou le moyen terme, un
gène équivalent. Cela contribuera à réduire la
dépendance vis-à-vis de Mosanto.
Dans un contexte de changement climatique, il importe
également de former conséquemment les agriculteurs de la zone,
sur les bonnes pratiques agricoles, afin de leurs permettre de gérer de
façon professionnelle leurs exploitations. Ainsi la vulgarisation des
paquets technologiques visant à accroître la productivité
agricole (la promotion des variétés à haut rendement, les
semences à cycle court, les techniques de reproduction de la
fertilité...) et à donner plus de valeur ajoutée aux
différents produits (la gestion des comptes d'exploitation, la
transformation, la conservation et la commercialisation des produits
agricoles...), doit être l'objectif principal des différents
services de développement de la zone. Pour cela une coordination des
actions de ces services en direction des producteurs s'impose. Les
systèmes de production en culture continue avec de la traction lourde et
un gros élevage sont à vulgariser.
Pour résoudre le problème d'alimentation du
troupeau, il y a lieu de développer la fauche et la conservation du
fourrage herbacé. La fauche et conservation de fourrage fournira du
fourrage aux animaux en période de soudure et constituera une source de
revenu pour les producteurs qui en feront la commercialisation. Elle
stabilisera les animaux ce qui permettra de récupérer le fumier
en grande quantité pour reproduire la fertilité des champs. Cela
réduira du coup les conflits entre éleveurs et agriculteurs
fréquents dans la zone. Les espèces concernées par la
fauche et la conservation sont les graminées tels que : Pennisetum
pedicellatum, Andropogon gayanus qui abondent dans la zone
après les premières pluies.
Le statut de la ZOVIC et de la zone pastorale encore flou
mérite d'être clarifié au plus tôt, car l'essor de
l'agriculture dans cette zone en dépend. En effet une clarification du
statut de ces zones
64
occasionnera une redistribution des terres cultivables dans le
village. Cela aura pour conséquence d'intensifier la production et de
permettre aux producteurs d'investir dans la construction d'infrastructures
agricoles.
Enfin, la question de l'eau potable est préoccupante
dans la zone et particulièrement dans les hameaux de cultures et
mérite d'être solutionné au plus tôt. En effet,
certaines exploitations doivent mobiliser un actif familial pendant une
journée (8 hj) pour l'approvisionnement en eau de la famille. Cela a
pour conséquence de ralentir les travaux champêtres, créant
ainsi des difficultés dans le respect du calendrier de travail. Dans
d'autres exploitations par contre, on se résout à boire l'eau non
potable des marres et marigots. Ce qui affecte la santé de ces
populations (développement des maladies hydriques), donc l'agriculture
dans la zone.
65
BIBLIOGRAPHIE
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Projet d'abondement du fonds de lissage de la filière cotonnière
Burkinabè, 19 p. version numérique,
Jeune Afrique, 2005 - 1re édition. Les
éditions j. A. aux éditions du Jaguar. 115 p.
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démarche de dialogue ; étude de l'agriculture dans le village de
Fégoun au nord de Bamako au Mali, Agridoc, Collection « Observer et
comprendre un système agraire », Paris, France 125 p.
COCHET H. et FERRATON N., 2002. Démarche d'étude
des systèmes de production de deux villages au nord de Man en Côte
d'Ivoire, Agridoc, Collection « Observer et comprendre un système
agraire », Paris, France 134 p.
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CIRAD-GRET-Ministère des Affaires Étrangères, Paris,
France.1691 p.
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numérique.
ESNOUF M., 2009. De l'abattis-brulis manuel à la
moto-mécanisation : diversité de l'agriculture familiale en zone
cotonnière récente Diagnostic agraire de la zone de Koumbili
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SupAgro, Montpellier, France. 98 p. Version numérique.
HACHETTE, 2000. Encyclopédie illustré. 2028 p avec
annexe.
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Nahouri (ATN), 1994. Plan d'aménagement de koumbili. Pô, Burkina
Faso. 07 p.
MAZOYER M. et ROUDART L, 2002. Histoire des agricultures du
monde. Édition du Seuil, France. 699 p.
Ministère des ressources animales, 2004. Plan de
gestion de la zone à vocation pastorale de Guiaro. Ouagadougou, Burkina
Faso. 54 p
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SupAgro, Montpellier, France. 90 p.
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population, 2ème édition, Institut national de la statistique et
de la démographie. Ouagadougou, Burkina Faso 1989. 166 p.
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et des habitations. Ouagadougou, Burkina Faso. 125 p.
66
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Comprendre une agriculture familiale : L'approche systémique. SupAgro,
Montpellier, France. 14 p.
VERMEULEN G., 2005. Analyse Diagnostic d'une petite région
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agronome de l'Institut National Agronomique Paris-Grignon. Paris, France. 98 p.
version numérique.
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WEBO GRAPHIE :
- Google maps. Visité en juin 2009.
- URL :
http://vertigo.revues.org/index6582.html.
visité en mai 2009. -
http://fr.wikipedia.org/wiki/Latérite.
visité en mai 2009.
67
ANNEXES
ANNEXE 1 : CALENDRIERS DE TRAVAIL DES DIFFERENTS SYSTEMES
DE PRODUCTION (SP)
Figure 1 : calendrier de travail du SP 1 Figure 2 : calendrier de
travail du SP 2
figure 3 : calendrier de travail du SP 3
figure 4: calendrier de travail du SP 4
figure 5 : calendrier de travail du SP 5
figure 6 : calendrier culturale de SP 6.
II
figure 7: calendrier de travail du SP 7
figure 8 : calendrier culturale de SP 8
III
figure 9 : calendrier culturale de SP 9.
ANNEXE 2 : COURBE DE VARIATION DE LA PLUVIOMETRIE DE
1960 A 2008 ET DES TEMPERATURES DE 1982 A 2008.
ANNEXE 3 : SCHEMA DE FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES
D'ELEVAGE
0 ,25 femelle 2 - 3 ans
0 ,25 femelle 1 - 2 ans
0 ,25 femelle
3 - 4 ans
Vente : 0,2 vente : 0,08
Perte : 0,04 perte : 0,04 vendu
0 ,25 femelle 0 - 1 ans
1 femelle
4 - 10 ans
0 ,75 né
0,5 vivant
TM : 0,33
1 mâle
2 - 10 ans
0 ,25 mâle 0 - 1 ans
0 ,25 mâle 1 - 2 ans
0 ,125 mâle 2 - 4 ans
IV
Schéma de fonctionnement du SE 4
Perte : 0,25 perte : 0,25
Vente : 0,25 vente : 0,25
Achat : 0,25
1 femelle
2 - 3 ans
1 femelle
1 - 2 ans
1 femelle
3 - 4 ans
1 femelle
0 - 1 an
5 femelles
4 - 12 ans
2 vivants
2,5 nés
4 mâles
2 - 6 ans
1 mâle
0 - 1 an
1 mâle
1 - 2 ans
SE 1
Schéma de fonctionnement du SE 2
Vente : 1 Vente : 1
Perte : 1 Perte : 1
17 femelles
4 - 12 ans
6 mâles
2 - 5 ans
4 femelles
3 - 4 ans
5 femelles
2 - 3 ans
5 femelles
1 - 2 ans
12 nés
TM : 0,17
10 petits
5 mâles
1 - 2 ans
|
|
|
5 mâles
0 - 1 ans
|
5 femelles
0 - 1 ans
|
|
|
|
|
vendus
3 mâles
1 - 2 ans
V
Schéma de fonctionnement du SE 3
Vente : 2 Vente : 2
Perte : 1
5 femelles 1 - 7 ans
1 mâle
1 - 2 ans
8 naissances
TM : 0,25
vendus
6 vivants
2 mâles 0 - 1ans
3 femelles 0 - 1 ans
3 mâles 0 - 1 ans
Schéma de fonctionnement du SE 5
Vente : 1 Perte : 0,5
4,5 femelles
0 - 1 ans
2,5 vendus
3 mères 1 - 6 ans
Vendus
4,5 mâles
0 - 1 ans
9 vivants
12 nés
TM : 0,25
VI
Schéma de fonctionnement du SE 6.
25vendues 30 vendus
5 mères
6 mois - 3 ans
150 poussins
225 oeufs
Perte : 2 Vente : 2
30 femelles
0 - 8 mois
30 mâles
0 - 8 mois
TM : 0,6
Schéma de fonctionnement du SE 7
Vente : 5
8 femelles
0 mois - 6 mois
80 pintadeaux
8 mères
6 mois - 3ans
1200 oeufs
Vente : 2 Perte : 1
8 mâles
0 - 6 mois
vente : 8
TM : 0,8
VII
Schéma de fonctionnement du SE 8
Vente : 3. vente : 2
Perte : 1
5 femelles
1 - 3 ans
2 mâles
6 mois - 1 ans
80 naissances
4 femelles
6 mois - 1 ans
TM : 0,5
40 vivants
Engraissement 6 mâles
6 - 20 mois
20 femelles
0 - 6 mois
20 mâles 0 - 6 mois
Vente : 16 Vente : 14
VIII
Schéma de fonctionnement du SE 9
|