SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
DEDICACES
3
REMERCIEMENTS
3
RESUME
3
ABSTRACT
3
LISTES DES SIGLES
3
LISTES DES TABLEAUX
3
LISTES DES FIGURES
3
Introduction
3
Première partie : appréciation
des concepts, normes et contexte de l'étude
3
Chapitre I : Environnement et
développement durable
3
Section I : économie de
l'environnement
3
Section II : le développement
durable : approche économique et écologique
3
Chapitre II : Prise en compte des enjeux du
développement durable dans le contexte camerounais
3
Section 1 : les fondements normatifs de l'
EIE
3
Section II : Méthodologie
d'étude d'impact environnemental au Cameroun
3
Deuxième partie : Approche
Empirique : le projet de la centrale à gaz de Kribi de 216 MW et la
ligne de transport de 215Kv
3
Chapitre III : Présentation du projet
et de ses externalités
3
Section I : Description du projet et
présentation du site d'installation
3
Section II : impacts environnementaux et
sociaux du projet de construction de la centrale à gaz de Kribi et de la
ligne de transport
3
Chapitre IV : Prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux : mesures d'atténuation
3
Section I : Mesures d'atténuation
3
Section II Limites et Recommandations
3
Conclusion générale
3
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
3
TABLE DE MATIERES
3
DEDICACES
Je Dédie ce mémoire à mes parents
Mr DJIEUGOUE Raphaël et Mme MONKAM
Nicolle pour le soutien moral et l'effort financier consentis pour ce
travail et à ma grand-mère Maman TCHAMKO
Thérèse de regrettée mémoire. Que ton
âme repose en paix.
REMERCIEMENTS
Ce travail est certes le fruit de nos efforts, mais il
n'aurait pas été possible sans l'aide de certaines personnes.
C'est ici pour nous le lieu d'exprimer notre gratitude à l'endroit
de :
- Dr. Thomas DEFFO qui a accepté la
tutelle académique de notre travail.
- M. Serge Hervé ONDOUA Chef de la
division d'étude des projets et de la coopération au MINEPDED.
- Pr. Henri WAMBA Doyen de la faculté
des Sciences Economiques et de Gestion et par ailleurs Coordonateur du master
II Analyse et Evaluation des projets
- A toute ma famille et particulièrement à mes
parents Mr DJIEUGOUE Raphaël et Mme MONKAM
Nicolle pour le soutien moral et l'effort financier consentis pour ce
travail ; à mon oncle Mr SIDJUI Emmanuel Roger
pour ces précieux conseils.
- A mes amis : TSIENZO Le Benjamin ; SINE
william ; NKOK NYAGWA Mathias ; FOPA FOPA Irène ; TCHEUPI
Simplice ; NJIE Alfred AKUM ; KANOUO Plentis ZANGUE ; ANECK
Simon. Je voudrais tout particulièrement remercier
KAMDEM FEZEU Yannick et KONDJEBANG BIDIAS
Suzanne pour le soutien moral quotidien.
A vous tous je dis infiniment merci. Soyez assurer de ma
profonde gratitude.
RESUME
Depuis le sommet de la terre à Rio en 1992, le concept
du développement durable s'est imposé à l'échelle
mondiale comme un nouveau modèle de gouvernance. Son but principal est
de concilier développement économique et protection de la nature.
Ayant très tôt pris conscience de cette nouvel donne, le Cameroun
s'est engagé dans la voie du développement durable à
travers la création d'un ministère en charge des questions
environnementales et l'adoption d'une loi cadre obligeant les maitres
d'ouvrages des projets de grandes envergures ou projets de développement
à réaliser une étude d'impact environnemental et social
sur les sites d'installations desdits projets afin de tenir compte des
considérations environnementales et sociales.
C'est dans ce sens que le projet de construction de la
centrale à gaz de Kribi et de sa ligne de transport dont le bien
fondé n'est plus à démontre au vue de la crise
énergétique actuelle qui sévit dans le Cameroun, doit
faire l'objet d'une étude d'impact environnemental et social. Notre
étude a eu pour objectif d'étudier les impacts environnementaux
et sociaux du projet dans son site d'installation, de voir comment le projet
compte prendre en compte ces différents impacts et de voir si cette
prise en compte est suffisante, afin d'inscrire le projet dans la logique du
développement durable.
ABSTRACT
Since the earth summit at Rio in 1992, the concept of
sustainable development has established itself as a new model of governance.
Its principal objective is to consolidate économic development and
nature protection. After been concious of this new tendency, Cameroon has
engaged itself in path of sustainable development via the creation of a
ministry in charge of environmental issues as well as the adoption of framework
law which uplarges proomters of high impact projects or development projects,
to carry out environmental ans social impact assessments of projects, so as to
take into consideration the environmental and social aspects.
It is the result of this that the project for the construction
of a gaz power station in Kribi and its transport lines, whose realisation
shall be of great need to curb energy shortages observed in Cameroon, has to be
subject of an environmental and social impact assessments. Our studies had as
objective the assessment ot the environmental and social impacts of the project
in its installation site, to see how the project takes into account its
different impacts and to see if the mitigation mesures are sufficient, so as to
inscribe the project in the logic of sustainable development.
LISTES
DES SIGLES
CIE : comté interministériel de
l'environnement
DSCE : document de stratégie de croissance
et de l'emploi
EIES : étude d'impact environnemental et
social
FNEDD : fond national de l'environnement et du
développement durable
GES : gaz à effet de serre
GIEC : groupement intergouvernemental des experts
sur le changement climatique
KV : kilovolt
MINEF : ministère de l'environnement et
des forets
MINEP : ministère de l'environnement et de
la protection de la nature
MINFOF : ministère des forêts et de
la faune
MINEPDED :ministère de l'environnement,
protection de la nature et du développement durable
MW : mégawatt
PAFN : Plan d'Action Forestier
National
PDSE : plan de développement à long
terme du secteur énergétique
PEIES : plan d'étude environnemental et
social
PGES : plan de gestion des impacts
environnementaux et sociaux
PNGE : plan national de gestion de
l'environnement
SIG : Southern Interconnected Grid
SPE : secrétariat permanent à
l'environnement
SW : Scott Wilson
LISTES
DES TABLEAUX
Tableau 1 : conventions internationales
pertinentes dans le cadre de l'étude d'impact environnemental au
Cameroun.
Tableau 2 : répartition par sexe
dans la zone du projet
Tableau 3 : sexe des chefs de
ménages dans la zone du projet.
LISTES
DES FIGURES
Figure 1 : Maquette de la centrale à
gaz de Kribi
Introduction
Le Cameroun a adopté en 2009 le document de
stratégie de croissance et de l'emploi(DSCE) qui s'est fixé pour
vision : « le Cameroun un pays émergent à
l'horizon 2035 ». L'objectif général est l'atteinte
d'un PIB de 5000 dollars US par tête à l'horizon fixé.
L'atteinte de cet objectif passe par l'intégration de chaque secteur de
l'économie dans une approche programme. C'est dans ce contexte que le
Cameroun a élaboré les différentes stratégies
sectorielles qui se traduisent dans la majorité sous forme de plan
sectoriel à l'instar de la stratégie sectorielle de santé,
de l'éducation, mais surtout le plan de développement à
long terme du secteur électrique (PDSE).
Le PDSE est un outil dont l'objectif spécifique est la
réduction de la crise énergétique qui sévit depuis
quelques années au Cameroun. En effet, l'énergie
électrique au Cameroun est produite en grande partie par les barrages
hydroélectriques dont les plus importants sont le barrage d'Edéa
sur la Sanaga et Song Loulou (qui satisfont environ 90% de la demande). On
distingue entre autre le barrage de Lagdo, et quelques barrages de retenu
d'eau : Mbakaou, Bamendjin et Mape (Ils ont au total une capacité
de 7,6 milliards de m3). La baisse du niveau hydrologique (suite
à une baisse drastique de la pluviométrie) en dessous du seuil
moyen ont entraîné pendant plusieurs années, soit
jusqu'à 2004, de graves déficits en énergie et des
délestages récurrents en saison sèche sur toute
l'étendue du territoire1(*).
Pour résoudre ce problème, AES SONEL a
construit en 2002-2003, plusieurs petites centrales diesel à grande
vitesse, d'une capacité totale de 47 MW et une centrale à mazout
lourd de 85 MW à Limbe. Celles-ci ont été mises en service
en septembre 2004. Le gouvernement camerounais dans la même lancée
a adopté les projets de construction de plusieurs barrages
hydroélectriques : Lom Pangar, Memve'le, Menkin afin de palier au
déficit énergétique à long terme. Le lancement des
travaux des deux premiers barrages s'est effectué respectivement le 3
août 2012 pour Lom Pangar et le 15 juin 2012 pour Memve'le par la pose de
la première pierre par le président de la république. Mais
avec l'augmentation de la demande, estimée à 5 % par an
liée notamment à la mise en oeuvre des grands projets industriels
en cours de préparation dans la zone Edéa/Kribi et
l'électrification de plus en plus poussée des zones rurales, il
faudra construire de nouvelles installations de production pour répondre
aux besoins à moyen terme et accroître la fiabilité de
l'alimentation électrique. C'est fort de ce constat que le projet de
construction de la centrale à gaz de Kribi de 216 MW et la ligne de
transport de 225 kV entre Kribi et Edéa a vu le jour dans l'optique de
faire face à la demande à moyen terme et de renforcer la
sécurité du réseau en attendant la mise en oeuvre
effective des prochains barrages.
Le projet sera implanté dans la région
équatoriale du Cameroun. Il comprendra la construction, à environ
9 km au nord-est de Kribi, d'une centrale à gaz de 216 MW, et la
construction d'une ligne de transport de 225 kV d'une longueur de 100 km, entre
l'usine et l'actuelle sous-station de 225/90 kV de Magombe, à
Edéa. La centrale sera alimentée avec du gaz naturel provenant du
champ gazier offshore de Sanaga Sud.
Malgré le bien fondé de ce projet pour le
Cameroun, il aura des répercussions tant environnementales que sociales
dans son site d'installation. Le fait est que, dans la course
effrénée au développement qui caractérise depuis
quelques années les pays en voie de développement, les
considérations environnementales ont souvent été mises de
côté. Cette situation a conduit notamment à une
dégradation considérable de l'environnement de tel enseigne qu'on
craint qu'à ce rythme de dégradation, les
générations futures ne pourront pas jouir d'un environnement tel
que nous le connaissons aujourd'hui2(*). Ainsi certaines associations environnementales ont
dans les années 1970 commencé à militer pour une
intégration des considérations environnementales dans les projets
de développement en vue de limiter leurs impacts sur l'environnement.
C'est dans ce contexte que la communauté internationale prend conscience
de la nécessité d'intégrer les considérations
environnementales dans la mise en oeuvre des projets de développement.
Y faisant suite, le Cameroun s'est engagé dans la voie
du développement durable à travers une démarche qui visait
à définir une politique globale dans le domaine de
l'environnement. Le décret N°92/069 du 9 avril 1992 a
créé un cadre institutionnel à cet effet : le
Ministère de l'Environnement et des Forêts, en Avril 1992, pour la
planification et la gestion dynamique de l'environnement. Un Plan d'Action
Forestier National (PAFN) a été élaboré en novembre
1995, lequel présentait les enjeux liés au secteur forestier
ainsi qu'un ensemble de projets visant le développement
économique du secteur dans un cadre d'exploitation durable de la
ressource forestière.
Le Cameroun a également élaboré en 1996,
un Plan National de Gestion de l'Environnement (PNGE). C'est un outil
conçu comme base d'orientation stratégique de protection de
l'environnement et de mise en valeur rationnelle des ressources naturelles pour
un développement durable. Il fixe les grandes orientations de la
politique environnementale du Cameroun en termes de stratégies et
d'actions à mener, en intégrant à la fois les
préoccupations régionales et les priorités sectorielles.
Mais c'est l'adoption de la Loi n°96/012 du 05 août 1996 portant
loi-cadre relative à l'environnement dans la mise en oeuvre des projets
de développement qui marque réellement l'engagement total du
Cameroun dans la voie de la protection de l'environnement. L'article 17 de
cette loi stipule que : « Le promoteur ou le maître
d'ouvrage de tout projet d'aménagement, d'équipement, ou
d'installation qui risque, en raison de sa dimension, de sa nature, ou des
incidences des activités qui y sont exercées sur le milieu
naturel, de porter atteinte à l'environnement, est tenu de
réaliser, selon les prescriptions du cahier des charges, une
étude d'impact permettant d'évaluer les incidences directes ou
indirectes dudit projet sur l'équilibre écologique de la zone
d'implantation ou de toute autre région, le cadre et la qualité
de vie des populations et des incidences sur l'environnement en
général». Le cadre réglementaire d'application des
études d'impact au Cameroun est complété par le
Décret n° 2005/0577/PM du 23 février 2005 fixant les
modalités de réalisations des études d'impact
environnemental et l'arrêté n°0070/MINEP du 22 avril 2005
fixant les différentes catégories d'actions dont la
réalisation est soumise à une étude d'impact
environnemental.
S'inscrivant dans un processus de planification,
l'étude d'impact environnemental(EIE), vise à éviter une
dégradation de l'environnement au départ d'un
développement économique. Selon l'OCDE(1992), EIE est une
procédure qui permet d'examiner les conséquences tant
bénéfiques que néfastes qu'un projet ou programme de
développement envisagé aura sur l'environnement et s'assurer que
les conséquences soit dûment prise en compte dans la conception du
projet ou du programme. Elle n'agit pas comme un frein au développement
mais comme un outil reconnu pour assurer une intégration du projet au
milieu et promouvoir un développement durable .
C'est ainsi que le projet de centrale à gaz de Kribi
étant classé dans la Catégorie 1 au regard des
Procédures d'évaluation de l'impact environnemental et social
(PEIES)3(*) et ce,
principalement parce qu'il impose le déplacement d'activités
économiques et de populations et l'acquisition de terrains,
nécessite une étude d'impact environnemental et social
conformément aux lois camerounaises sur l'EIE, telles qu'elles sont
énoncées dans le Décret N°2005/0577 du 23
février 2005, à l'OP 4.01 de la Banque mondiale et aux normes de
performance de la SFI.
Problématique
Les pays en voie de développement en
général dans une course effrénée au
développement, ont adopté plusieurs projets structurants
devant servir de base à un processus de développement
à long terme. Le Cameroun semble s'inscrire dans ce sillage à
travers notamment la construction de plusieurs barrages
hydroélectriques et centrales afin de palier au déficit
énergétique qui sévit déjà dans le pays et
permettre une industrialisation à grande d'échelle de son
économie. Cependant malgré tout le bien fondé de ces
projets pour le pays en général, il en demeure pas moins qu'ils
entrainent des externalités négatives au sens de Pigou sur les
sites d'installation et les populations locales. Il devient dès lors
primordial de déterminer ces externalités et de les corriger afin
de s'assurer un développement durable. D'où l'importance d'une
étude d'impact environnemental et social. On peut à cet effet se
poser la question de savoir si dans l'exécution du projet de la
centrale à gaz de Kribi et de la ligne de transport, l'étude
d'impact environnemental et social est véritablement prise en
compte ? De quelle manière ? Est-elle
suffisante ?
Revue de la littérature
L'étude d'impact environnemental et social ou
externalités n'est pas récente, elle remonte dans les
années 1920 avec l'école néoclassique notamment la
théorie des externalités négatives de Pigou.
L'économie du bien être, telle que la
conçoit Pigou, est une interrogation sur les liens existants entre la
recherche de l'intérêt individuel et la recherche de
l'intérêt collectif. Du fait de l'interdépendance non
compensée entre les agents, Pigou voit que l'utilité collective
ne peut être appréciée en faisant la somme des
utilités individuelles. Plus précisément selon Pigou, la
présence d'effets externes négatifs pose le problème de la
désadéquation entre les coûts privés et le
coût collectif (coût social) des activités
économiques. Prenons par exemple une firme A qui utilise l'eau d'une
rivière pour y rejeter ses effluents, on voit que celle-ci se conduit
comme si elle utilisait un facteur de production sans le payer. Son coût
de production (qui est un coût privé), est dès lors
inférieur à ce qu'il devrait être et diffère du
coût social de son activité, du coût qu'elle inflige
à l'ensemble de la collectivité. Une telle situation est
contraire à la théorie économique pour laquelle le
coût social de l'activité doit être couvert par l'ensemble
des dépenses qu'elle engage. Au delà du problème de non
optimalité des arbitrages des agents économiques, Pigou souligne
que l'existence des effets externes pose aussi un problème de justice
sociale puisque certains agents ne sont pas rémunérés en
fonction de leur contribution exacte à la richesse collective. La
solution préconisée par Pigou consiste à répondre
à ces deux problèmes avec l'aide d'une intervention de
l'Etat : la taxe pigouvienne ou la « taxe
pollueur-payeur ». Pour que le calcul économique privé
de l'entreprise A par exemple reflète le véritable coût
social de son activité, il faut que celle-ci y comptabilise l'usage de
la ressource environnementale. Il faut qu'elle internalise l'effet externe.
Cela n'est possible que si on lui envoie un signal prix reflétant la
perte de valeur de l'environnement qu'elle inflige à l'ensemble de la
collectivité. C'est selon Pigou, l'Etat, qui va jouer ce rôle de
donneur de prix en imposant une taxe (dite pigouvienne) au pollueur,
égale au dommage social marginal causé par son activité
polluante. C'est le principe du pollueur-payeur : l'entreprise polluante est
alors correctement informée sur les véritables coûts
sociaux de son activité. Mais Coase(1960) va contester
l'optimalité sociale de la procédure d'internalisation des
externalités tel que défini par Pigou qui fait appel à un
système de taxation et d'intervention de l'Etat. Coase met l'accent sur
le caractère réciproque attaché à l'existence de
toute pollution : d'un côté, celle-ci gêne l'agent
économique qui en est victime, d'un autre côté, la
réduction de la pollution nécessite de diminuer le niveau de la
production polluante et contraint l'auteur de la pollution. Cela étant
posé, Coase souligne que l'intérêt de l'ensemble des
individus doit être pris en compte, et non pas seulement celui des
victimes de l'externalités. Dès lors poursuit Coase, il n'est pas
pertinent de s'interroger comme le fait Pigou en termes de différence
entre le coût privé et le coût social. Le critère
pertinent pour apprécier la solution à apporter à un effet
externe réside dans la maximisation de la valeur du produit collectif.
De ce point de vue, taxer le pollueur (taxe pigouvienne) causera dans certains
cas, une perte collective supérieure au dommage social subi par les
victimes de la pollution. La solution pour Coase serait qu'une
négociation s'instaure directement entre pollueurs et victimes
jusqu'à ce que survienne une entente spontanée sur le niveau de
pollution acceptable. Mais ces deux théories malgré le
mérite qu'elles ont de vouloir internaliser les externalités
négatives pour la collectivité des activités des
particuliers ne requièrent pas le choix préalable d'un objectif
de qualité environnemental.
Ainsi selon Feenstra et al. (1998), depuis la
révolution industrielle les concentrations des GES notamment du dioxyde
de carbone dans l'atmosphère ont augmenté d'environ 31 %, celles
du méthane ont plus que doublé, et celles de l'Oxyde nitreux se
sont accrues de 17 %. Celles-ci sont à l'origine du réchauffement
planétaire dont la conséquence immédiate est le fort
bouleversement climatique qui sévit à l'heure actuelle à
l'échelle mondiale dont les conséquences sont aussi
désastreuses que terrifiantes. La plupart des pays dans un souci
effréné de croissance ont crée des industries aussi
polluantes les unes que les autres sans tenir se soucier de l'environnement.
C'est dans ce sens que V. Heintz (2009) estime qu'il existerait un lien de
substitution entre la croissance et la protection de l'environnement. Autrement
dit, toute variation de croissance entraine inévitablement une hausse
des émissions polluantes. De facto, il suffirait de réduire la
croissance économique pour faire baiser les atteintes à
l'environnement. D'ailleurs le rapport Meadows publié dans les
années 1970 intitulé « Halte à la
croissance » tirait déjà la sonnette d'alarme face
aux périls que faisait encourir à l'humanité « le
paradigme de la croissance exponentielle ». On peut comprendre dès
lors pourquoi les pays en voie de développement de par leur souci de
croissance et de réduction de la pauvreté ont du mal à
protéger leur environnement. Boutaud et Gondran(2009) semblent partager
ce point de vue lorsqu'ils affirment qu'il existe une relation de cause
à effet entre la pauvreté et les crises écologiques.
Dans cet état des choses si rien n'est fait estime le
GIEC4(*) les
générations futures ne pourront bénéficier d'un
environnement propice tel qu'il se présente aujourd'hui. C'est dans ce
sens que Catherine et Raphaël Larrère (1997) pensent que la nature
devait être l'objet d'un souci moral parce que nous en sommes
responsables devant les générations futures. Il s'agit de
préserver nos conditions d'existence et de les transmettre
``naturellement'' à nos enfants. Mais en réalité c'est
Hans Jonas (1979), qui a introduit la notion de principe de
responsabilité. Conscient du fait que les technologies humaines
pouvaient entraîner l'extinction de toute vie sur terre, Hans Jonas
considérait qu'une telle éventualité associée
à la peur qu'elle puisse provoquer, devait permettre de fonder une
nouvelle éthique de la protection, invitant l'humanité à
empêcher que le pire ne se réalise. Le principe de
responsabilité nous invite donc à repousser les limites de
l'imputation de l'acte (relation de causalité entre l'acte et ses
conséquences) pour nous focaliser sur les devoirs qui nous lient aux
générations futures (sorte de responsabilité par
anticipation). Si cette réflexion s'inscrit sans aucun doute dans les
préoccupations du courant écologique, elle a conduit dans le
même temps au renouveau de la pensée éthique
contemporaine : le développement durable
Depuis les années 1990, les questions d'économie
et d'écologie sont désormais inextricablement liées dans
la définition et la mise en oeuvre de ce que l'on désigne
aujourd'hui sous le terme « développement durable ». Selon
Lester Brown (1992), qui fait écho aux principes opérationnels
proposés par Herman Daly (1990), il faut entendre par là un
développement « qui reposerait sur une utilisation
modérée des ressources non renouvelables, un usage des ressources
renouvelables respectant leur capacité de reproduction et une stricte
limitation des rejets et déchets à ce qui peut être
recyclé par les processus naturels. » Compte tenu de ces
contraintes, le développement durable appelle de profonds changements
dans nos sociétés, en particulier en ce qui concerne leurs modes
de production et de consommation. D'abord présenté comme une
tentative pour concilier croissance et développement économique,
il insiste aujourd'hui sur l'existence d'un nouveau modèle de
gouvernance générant à la fois des perspectives
économiques, sociales et écologiques. En s'étendant
à de nombreux domaines - on parle d'agriculture durable, de gestion
forestière durable -, le développement durable s'inscrit
davantage dans le contexte de la durée plutôt que celui de l'effet
de mode.
Objectif de l'étude
L'objectif principal du présent travail est de
déterminer les impacts environnementaux et sociaux du projet de
construction de la centrale à gaz de Kribi et de la ligne de transport.
De manière spécifique, il va s'agir :
Ø De comprendre les problèmes de
l'environnement ;
Ø De voir comment ils sont intégrés dans
le projet ;
Ø D'apprécier et de critiquer la manière
dont ils sont pris en compte dans le projet pour enfin ;
Ø Faire des recommandations.
Hypothèses
H1 : la construction de la centrale aura
des externalités négatives à la fois sur les
éléments de l'environnement et sur la population locale.
H2 : les mesures d'atténuation
proposées sont certes nécessaire mais pas suffisantes pour
réduire les impacts négatifs.
Intérêt de l'étude
Cette thématique revêt un intérêt
qui peut se décliner en deux points :
Ø Sur le plan économique, elle va
démontrer le caractère durable du projet de la centrale à
gaz de Kribi qui intègre les trois dimensions du développement
durable qui sont : l'économie, l'environnement et le
social.
Ø Sur le plan théorie, elle va essayer
d'apporter quelques compromis au dilemme qui oppose depuis toujours les
gouvernements (préoccupés par le développement
économique) et les défenseurs de l'environnement.
Méthodologie
Ainsi à la lumière des différents
rapports de travaux de descente sur le terrain effectués par les experts
du MINEPDED, et de la Scott Wilson (SW), un cabinet international de
consultants en environnement et génie civil, nous allons dresser les
différents impacts environnementaux et sociaux du projet, ainsi que les
mesures d'atténuation en vue de vérifier les hypothèses.
La méthodologique de recherche employée sera
hypothético-déductive.
Plan de l'étude
Notre étude sera divisée en deux grandes
parties : la première partie traitera des concepts, normes et
contexte de l'étude. Dans le premier chapitre, on s'attardera sur les
concepts : environnement et développement durable ; et dans le
second nous montrerons comment les enjeux du développement durable sont
pris en compte dans le contexte camerounais.
La seconde partie va procéder à la
vérification empirique dans le contexte camerounais à travers
notamment le projet de construction de la centrale à gaz de Kribi de
216 MW et de la ligne de transport de 215 KV. Le troisième chapitre sera
consacré à la présentation du projet et sa prise en compte
des enjeux environnementaux et sociaux. Le quatrième et dernier chapitre
va montrer les limites de cette prise en compte et proposer par là
quelques recommandations.
Première partie : appréciation des concepts,
normes et contexte de l'étude
L'objectif de cette partie est de présenter de
façon générale les enjeux environnementaux et du
développement durable (chapitre I) et de montrer leur prise en compte
par l'Etat du Cameroun (chapitre II).
Chapitre I : Environnement et développement
durable
Les problèmes environnementaux, très en vogue
ces dernières années, ne sont pas nouveaux. Ils avaient
déjà été soulevés au début des
années 70, par le Rapport Meadows « Halte à la
croissance », commandité par le Club de Rome (1972). Ce
rapport tirait la sonnette d'alarme face aux périls que faisait encourir
à l'humanité, « le paradigme de la croissance
exponentielle ». La croissance d'une économie au taux de
5% (et de surcroît peu économe en ressources naturelles) ne
pouvait que rencontrer rapidement des risques de pénurie de ressources
naturelles, notamment par épuisement des réserves
d'énergie fossile (charbon, pétrole) et autres minerais non
renouvelables (cuivre, platine...). Si le monde échappait à cette
pénurie, disait le rapport, ce serait quelques décennies plus
tard pour mieux mourir asphyxié par les diverses pollutions liées
à une industrialisation et à une urbanisation aussi massives et
générales que particulièrement négligentes des
conséquences néfastes de leurs effluents et autres rejets
(Chanel, 1993). Face à ces dangers mortels, les auteurs
préconisaient une solution
simple, celle de la croissance zéro !
Depuis le milieu des années 70 et les deux chocs
pétroliers (1973 et 1979), l'écologie s'est glissée dans
les différents débats contemporains. C'est vrai au niveau
politique (avec la montée du courant vert en Europe Occidentale) comme
au niveau économique (mise en place de l'éco-taxe
européenne, de la norme environnementale ISO 14000, des produits
labellisés « écologiques », de la taxe carbone). C'est
également vrai au niveau international (Sommet de Rio de la CNUCED en
juin 1992, Protocole de Kyoto en décembre 1997). Enfin, c'est vrai au
niveau idéologique (pression des ONG aux Etats-Unis) comme au niveau
scientifique (rapports du GIEC et controverses sur les grands problèmes
: pluies acides, réchauffement de la terre, diminution de la couche
d'ozone...). Cette prise de conscience de la question environnementale semble
aujourd'hui unanime. Le diagnostic des experts écologiques souligne une
surexploitation des milieux naturels. Ces derniers renvoient d'abord
au substrat physique, chimique et biologique, sur lequel se déroule
l'activité des hommes (sol, air, eaux...) qui d'ailleurs, n'est pas
forcément inerte, mais sujet à des évolutions plus ou
moins longues (érosion du sol) et est intégré dans des
cycles complexes (cycle de l'eau, du carbone, de l'azote...). Ils renvoient
aussi aux organisations complexes que sont les
écosystèmes.5(*)Ces écosystèmes peuvent être
vierges ou plus fréquemment aménagés par l'homme (champs
cultivés). L'homme, par et dans ses activités économiques,
va utiliser ces milieux naturels. Dans son activité créatrice de
biens il va prélever, pour les transformer ensuite, des matières
énergétiques, minérales, organiques. Mais en même
temps, il produit aussi des déchets qu'il recyclera ou qu'il rejettera
dans la nature. Bref, par le terme de ressources naturelles, on voit que la
« nature travaille pour l'homme », c'est-à-dire qu'elle lui
fournit gratuitement (sans travail humain), un certain nombre de richesses
utilisables soit directement (paysages, lieux de baignade, de promenade...),
soit indirectement après une plus ou moins longue transformation par
l'homme, sous forme d'énergie, de matières premières ou de
processus physico-chimique (phénomène de la
photosynthèse). Parmi ces ressources naturelles, on distingue
traditionnellement celles qui sont renouvelables (et qui comme
l'énergie solaire ou les coupes de bois, donnent lieu à des flux
toujours disponibles, au moins sous certaines conditions) et celles qui sont
non renouvelables, dont les stocks sont globalement limités et diminuent
au fur et à mesure des flux de prélèvements
(énergie fossiles, réserves de minerais,...).
Si l'exploitation économique de ces ressources
naturelles est fondamentale et avantageuse pour l'homme, elle peut aussi donner
lieu à une surexploitation par des prélèvements trop
importants (surexploitation forestière au-delà du taux
de croissance naturel ou sans replanter ce qui a été
prélevé, conduisant alors à une déforestation
massive comme en Inde, en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Amazonie) ou trop
rapides . Dans ces ressources non renouvelables, on peut y adjoindre un
prélèvement excessif d'espaces plus ou moins vierges pour les
besoins de l'urbanisme, de l'industrie, de l'agriculture ou du tourisme. Ceci
détruit alors des sites irremplaçables et diminue alors les
stocks d'aménités naturelles pourvoyeuses de bien-être.
Cela peut également perturber la survie et la reproduction
d'espèces vivantes (assèchement de zones humides), ce qui diminue
la biodiversité qui apparaît pourtant comme un
élément important du patrimoine naturel. Cette surexploitation
peut enfin être liée à des rejets trop nombreux par rapport
aux capacités d'absorption et de recyclage des milieux naturels. Ainsi,
cette surexploitation de la nature vient d'une exploitation économique
non respectueuse des équilibres et des cycles de reproduction naturels,
ce qui provoque des effets en retour négatifs. Si tous ces
phénomènes apparaissent hétérogènes, ils ont
cependant tous un dénominateur commun : ils posent comme
complémentaires l'homme et son milieu de vie et expriment les
difficultés de leur relation.
L'homme peut, par son activité, gravement perturber le
jeu normal des éléments naturels, en subir en retour les
conséquences et exprimer cet état pathologique à travers
l'émergence d'une question environnementale. Cette question
environnementale est d'autant plus visible que les problèmes
environnementaux sont plus nombreux et mieux connus (tant par la
communauté scientifique que du grand public). Dès lors, ils vont
aussi interpeller l'économiste. Ceci donne lieu à l'investigation
de deux champs : celui de l'économie de l'environnement, celui du
développement durable.
Section I : économie de l'environnement
Les activités habituellement considérées
par la théorie économique sont des activités marchandes
qui aboutissent à la fixation d'un prix monétaire et à la
réalisation d'un échange volontaire. Certaines activités
économiques d'un agent peuvent cependant affecter les ressources ou
l'environnement des autres agents, c'est-à-dire leur bien être. On
dit qu'elles exercent des effets externes ou des
externalités sur les autres agents. La
pollution associée aux activités productives ou à la
consommation de certains biens en est un bon exemple. Par ailleurs,
l'environnement entre dans la catégorie des biens collectifs :
il est non appropriable, non exclusif, souvent gratuit, et apporte
d'emblée un bien être à la collectivité (y
compris dans le cas où certains individus de la communauté ne le
consomment pas). La couche d'ozone, n'est pas produite, n'appartient à
personne, et est utile pour tous (sans avoir besoin d'exclure quiconque)
même si on ne la consomme pas. Pour autant, l'environnement ne peut
être considéré comme un bien collectif pur puisque sa
consommation par certains peut détruire le bien ou les qualités
qui en faisaient l'attrait. Les règles de gestion et d'allocation des
ressources rares habituellement définies par l'économie politique
et l'économie du bien être sont ici difficilement applicables.
Comment doit-on effectivement déterminer le « vrai » prix de
la nature ? Comment calculer la valeur économique de la
biodiversité ? L'approche orthodoxe (néoclassique) de
l'économie de l'environnement s'est donnée pour tâche de
découvrir ces règles de gestion adéquates et d'allocation
optimale des ressources. Cette approche qui s'efforce de rétablir les
conditions d'un échange marchand, oblige les
économistes à repérer ce qu'ils appellent les
effets externes et à proposer des solutions pour les
internaliser ou les éliminer.
I.1
Les effets externes ou externalités
Conformément à la logique
microéconomique, le cas d'école généralement choisi
par la théorie économique pour mettre en scène les
problèmes environnementaux est celui d'une firme A qui utilise un cours
d'eau comme vecteur de ses rejets polluants, rendant ainsi impossibles d'autres
usages de l'eau pour une entreprise B située en aval de la
première. Cette illustration prend souvent les traits d'une opposition
entre une blanchisserie (firme A) et une pisciculture (firme B). Ainsi
l'activité de production de la blanchisserie a des conséquences
dommageables pour l'activité de pisciculture (pertes de
compétitivité, coûts supplémentaires), et il n'y a
pas pour autant versement d'une quelconque compensation financière de la
première à la seconde. C'est en raison de ce caractère
extérieur à l'échange marchand que ces
phénomènes d'interdépendance involontaire entre
activités de différents agents économiques, qui ne sont
pas couverts par des coûts ni par des revenus, sont appelés effets
externes ou externalités. L'effet externe est révélateur
d'une sorte de paradoxe de la concurrence, puisqu'il montre que, dans certaines
conditions, si elle est laissée à elle-même, la concurrence
peut conduire à mettre à mal, voire à éliminer
complètement la concurrence. Si l'existence d'externalités met en
évidence certains effets pervers de la concurrence, il importe donc de
définir avec précision les conditions dans lesquelles la
concurrence pourra être dite parfaite. Les effets externes sont ainsi
analysés comme des défaillances par rapport au cadre de la
concurrence parfaite tel qu'il est défini par la théorie
néoclassique. Par les gains ou les coûts supplémentaires
imprévus qu'ils apportent, les effets externes faussent les calculs
d'optimisation des agents économiques rationnels et sont sources de
mauvaise allocation des ressources rares (ce qui lui empêche d'atteindre
un état jugé optimal au sens de PARETO). Ainsi aux yeux des
théoriciens néoclassiques, les problèmes environnementaux
n'apparaissent que comme des cas particuliers d'externalités parmi
d'autres. Ces effets externes qui concernent l'environnement peuvent être
positifs (apiculteur qui profite du champ de son voisin arboriculteur), mais en
général on associera plutôt environnement et effet externe
négatif (fumée d'usine, nuisance des
transports, pollution des eaux...).
Parmi l'ensemble des externalités négatives,
plusieurs distinctions peuvent être opérées selon leur
source ou leur influence sur l'économie. On distingue ainsi les
externalités de consommation, provoquées par la
consommation de certains biens (tabac, bruit, déchets polluants...) et
les externalités de production, provoquées par l'activité
productive des entreprises (émission de gaz polluants comme le soufre,
pollution par les nitrates des sols et des cours d'eau,...). Les
externalités bilatérales sont celles
qui résultent de l'action d'un agent sur le bien être d'un seul
autre agent. Les externalités sont cependant le plus souvent
causées par l'action de plusieurs agents (pollution
atmosphérique) et/ou affectent un grand nombre d'agents. Les
externalités bilatérales peuvent être réparties en
deux catégories, les externalités privées ou rivales,
telles que le dommage subi par un agent réduit d'autant celui qui est
subi par les autres (le stockage de déchets), et les externalités
publiques ou non rivales, telles que le montant d'externalité affectant
un agent ne diminue pas celui qui est subi par les autres (pollution
atmosphérique). Ces dernières ont les mêmes
caractéristiques que les biens publics. Lorsque la source productrice de
l'externalité n'est pas identifiable, ce qui est le cas de nombreuses
situations de pollution globale, l'externalité est dite diffuse. Enfin
dans certains cas, un agent qui subit une externalité peut la faire
peser sur d'autres agents (les déchets peuvent être
transférés d'un pays à l'autre), l'externalité est
dite transférable. On peut enfin distinguer les externalités
statiques des externalités dynamiques. Les premières ont un effet
réversible sur le bien être des agents et peuvent être
traitées par des accords entre agents économiques contemporains,
tandis que les secondes ont des effets persistants sur l'économie et ne
peuvent être compensées par les mêmes méthodes
(émissions de gaz à effet de serre).
I.2
L'internalisation des externalités
La conséquence essentielle de l'existence de
l'externalité négative apparaît très clairement : le
marché concurrentiel échoue à réaliser l'allocation
optimale des ressources. En l'absence de régulation, les agents
produisent spontanément un niveau de production excessif ainsi qu'une
trop forte quantité du bien dont la production donne lieu à des
rejets polluants. Afin de répondre au problème des
externalités et donc aux défaillances du marché, les
économistes de l'environnement ont opposé deux philosophies
d'intervention : l'approche réglementaire de type administratif et
l'approche économique.
I.2.1 L'approche de type réglementaire ou de
type administratif
L'approche réglementaire ou de type administratif
recouvre toutes les interdictions, les demandes d'autorisations légales
et les normes (qu'elles soient de qualité de l'environnement,
d'émission d'effluents, de procédés techniques à
adopter ou les produits à fabriquer).
I.2.1.1 Des interdictions aux principes de
responsabilité et de précaution
Les interdictions et les demandes d'autorisation sont
utilisées par l'Autorité publique afin de restreindre
l'accès de certains produits au marché dans une optique de
protection de l'environnement et de santé publique. Dans les
années 80 et 90, elles ont soulevé une large polémique
à travers le principe de responsabilité et le principe de
précaution (tant évoqué dans les
questions de génie génétique : ADN, OGM).
I.2.1.2 La réglementation
Un moyen simple de s'assurer que le niveau optimal de
pollution est atteint par les agents consiste à leur imposer des normes,
qui peuvent être de différentes natures. La norme
d'émission consiste en un plafond maximal d'émission qui ne doit
pas être dépassé sous peine de sanctions administratives,
pénales ou financières (émissions de dioxyde de soufre
dans l'atmosphère ou le bruit produit par les véhicules à
moteur...). Dans la mesure où les agents pollueurs ont
économiquement intérêt à polluer (ils subissent un
coût de dépollution), la norme assure qu'ils choisiront toujours
exactement le niveau maximal de pollution autorisé, ni plus ni moins. Si
la norme est correctement spécifiée, l'objectif du planificateur
est alors atteint. Les normes de procédé imposent aux
agents l'usage de certains équipements dépolluants (pots
d'échappement catalytiques, stations d'épuration, filtres ...).
Les normes de qualité spécifient les
caractéristiques souhaitables du milieu récepteur des
émissions polluantes (taux de nitrates dans l'eau potable, taux
d'émission de dioxyde et monoxyde de carbone des véhicules
automobiles). Enfin les normes de produit imposent des niveaux
donnés limites à certaines caractéristiques des produits
(taux de phosphate dans les lessives, teneur en soufre des combustibles,
caractère recyclable des emballages...).
I.2.2 L'approche économique
L'approche économique consiste à utiliser les
mécanismes du marché en modifiant un prix
relatif et en provoquant un transfert financier. Les instruments
économiques s'appuient sur les mécanismes du
marché pour encourager producteurs et consommateurs à limiter
la pollution et à empêcher la dégradation
des ressources naturelles. Leur logique est simple : il s'agit
d'élever le coût des comportements polluant tout en laissant aux
producteurs ou aux consommateurs toute flexibilité pour trouver
eux-mêmes les stratégies de contrôle de la production
à moindre coût. Les instruments économiques sont
généralement classés en quatre
catégories : (i) régulation par les prix (taxes ou
subventions) ; (ii) régulation par les quantités(permis
d'émission négociables) ; (iii) établissement de
règles de responsabilité (système de
consignation, dépôts de garantie remboursables,
pénalités de non-conformité) ; (iv) aides
financières.
I.2.2.1 Les taxes et redevances
C'est Arthur Cecil Pigou (1920) qui a le
premier proposé de mettre en place une taxe pour internaliser les
externalités négatives. L'économie du bien être,
telle que la conçoit Pigou, est une interrogation sur les liens existant
entre la recherche de l'intérêt individuel et la recherche de
l'intérêt collectif. Du fait de l'interdépendance non
compensées entre les agents, Pigou voit que l'utilité collective
ne peut être appréciée en faisant la somme des
utilités individuelles. Plus précisément selon Pigou, la
présence d'effets externes négatifs pose le problème de la
désadéquation entre les coûts privés et le
coût collectif (coût social) des activités
économiques. En reprenant l'exemple de la firme A qui utilise l'eau
d'une rivière pour y rejeter ses effluents, on voit que celle-ci se
conduit comme si elle utilisait un facteur de production sans le payer. Son
coût de production (qui est un coût privé), est dès
lors inférieur à ce qu'il devrait être et diffère du
coût social de son activité, du coût qu'elle inflige
à l'ensemble de la collectivité. Une telle situation est
contraire à la théorie économique pour laquelle le
coût social de l'activité doit être couvert par l'ensemble
des dépenses qu'elle engage. Au delà du problème de non
optimalité des arbitrages des agents économiques, Pigou souligne
que l'existence des effets externes pose aussi un problème de justice
sociale puisque certains agents ne sont pas rémunérés en
fonction de leur contribution exacte à la richesse collective. La
solution préconisée par Pigou consiste à répondre
à ces deux problèmes avec l'aide d'une intervention de l'Etat, la
taxe pigouvienne. Pour que le calcul économique privé de
l'entreprise A reflète le véritable coût social de son
activité, il faut que celle-ci y comptabilise l'usage de la ressource
environnementale. Il faut qu'elle internalise l'effet externe. Cela n'est
possible que si on lui envoie un signal prix reflétant la perte de
valeur de l'environnement qu'elle inflige à l'ensemble de la
collectivité. C'est selon Pigou, l'Etat, qui va jouer ce rôle de
donneur de prix en imposant une taxe (dite pigouvienne) au pollueur,
égale au dommage social marginal causé par son activité
polluante. C'est le principe du pollueur-payeur : l'entreprise polluante est
alors correctement informée sur les véritables coûts
sociaux de son activité. Avec cette taxe portant sur chaque unité
de pollution émise, son coût de production est désormais
plus élevé tandis que son profit l'est moins.
Dans le prolongement des travaux de Pigou, les
économistes de l'environnement furent
amenés à distinguer plusieurs types de taxes
(Barde, Smith, 1997). Les redevances ou les taxes sur les émissions
frappent directement la quantité ou la qualité des polluants
rejetés. On y recourt dans la plupart des pays de l'OCDE mais à
des degrés divers, pour faire face à des problèmes
d'environnement, tels que la pollution de l'air (en France, des redevances sont
été instaurées sur les émissions d'oxydes de
soufre, en Suède, elles visent les émissions d'oxyde d'azote), de
l'eau (systèmes de gestion de l'eau en France, en Allemagne, et aux Pays
Bas), du bruit (redevances sur le bruit des aéronefs) ou des rejets de
déchets (elles ne visent cependant que les déchets industriels).
Leur principal objectif est de dégager des recettes. Les redevances ou
les taxes sur les produits visent les produits polluants au stade de leur
fabrication, de leur consommation ou de leur élimination. Ce sont par
exemple les taxes sur les engrais, les pesticides et les piles, les principales
étant les éco-taxes sur l'énergie (taxes sur la teneur en
carbone et en soufre des carburants et combustibles). Ces taxes ont pour objet
de modifier les prix relatifs des produits ou de financer des systèmes
de collecte et de traitement.
I.2.2.2 Les permis négociables
L'internalisation des effets externes nécessite souvent
l'intervention publique. Cette intervention peut cependant prendre des formes
diverses, certaines se limitant à des fonctions régaliennes
classiques, d'autres au contraire s'étendant à une fonction
d'action économique plus volontariste. L'absence de marché, pour
des biens comme l'air, l'eau,... conduit à une allocation imparfaite des
ressources particulièrement des ressources naturelles, mais aussi des
facteurs de production polluants. L'une des solutions, pour traiter ce
problème, consiste à définir un marché, là
où il n'en existe pas à priori, et à laisser jouer les
mécanismes de la concurrence pour internaliser les externalités
visées. Il suffirait à la base de définir des droits de
propriété ou des droits d'usage lorsqu'ils font défaut
(biens libres) pour rétablir le bon fonctionnement de l'économie,
sans que l'Etat s'implique davantage. La coordination des comportements des
agents économiques (ménages, entreprises) est alors
assurée soit par la négociation directe, soit par
l'émergence d'un signal de prix (un prix de pollution, un prix du permis
de pollution...) qui résulte de la confrontation des
préférences individuelles et collectives. Il existe donc une
filiation entre les modes d'internalisation négociée, telles que
Ronald Coase (1960) a pu les proposer et ce que l'on appelle aujourd'hui les
systèmes de permis d'émission négociables
(désignés également sous le terme de marchés de
droits à polluer ou marché des droits de pollution). Selon le
théorème de Coase, l'absence de coûts de transaction
(coordination des activités des firmes), il y a intérêt
économique à ce qu'une négociation s'instaure directement
entre pollueurs et victimes jusqu'à ce que survienne une entente
spontanée sur le niveau de pollution acceptable.
Les travaux de Coase ont été
réutilisés dans les années 80 afin de mettre en place un
système de permis d'émission négociables. Les permis
négociables offrent aux pollueurs une souplesse accrue pour
répartir leurs efforts de lutte contre la pollution entre
différentes sources, tout en permettant aux pouvoirs publics de
maintenir un plafond fixe d'émissions polluantes. L'augmentation des
émissions d'une source doit être compensée par la
réduction d'une quantité au moins équivalente
d`émissions provenant d'autres sources. Si par exemple, un plafond
réglementaire de pollution est fixé pour une zone donnée,
une entreprise polluante ne peut s'y installer ou y étendre son
activité qu'à condition de ne pas accroître la charge de
pollution totale. Il faut donc que l'entreprise achète des droits
à polluer ou permis à polluer à d'autres entreprises
situées dans la même zone réglementée, celles-ci
étant alors tenues de réduire leurs émissions dans des
proportions équivalentes (c'est ce que l'on appelle aussi les
échanges de droits d'émissions). Cette stratégie a un
double objectif : d'une part, mettre en oeuvre des solutions peu
coûteuses (en encourageant les entreprises, pour lesquelles la
réduction des émissions serait très coûteuse,
à acheter des droits de polluer à d'autres entreprises pour
lesquelles la réduction le serait moins) ; d'autre part, concilier
développement économique et protection de l'environnement en
permettant à de nouvelles activités de s'implanter dans une zone
réglementée sans accroître la quantité totale
d'émissions dans cette zone.
I.2.2.3 Les systèmes de
consignation
Ces systèmes sont largement appliqués dans les
pays de l'OCDE, en particulier pour les récipients de boissons. Une
certaine somme d'argent (une consigne) est versée lors de l'achat d'un
produit contenu dans un certain type d'emballage. Elle est remboursée
lorsque l'emballage est rapporté au détaillant ou à un
centre de traitement.
I.2.2.4 Les aides financières et les
subventions
Les aides financières constituent également un
instrument économique important qui est utilisé dans de nombreux
pays de l'OCDE quoique dans des proportions limitées. Parmi les
principales formes d'aides figurent les subventions, les prêts à
taux réduits et les amortissements accélérés.
Section II : le développement durable :
approche économique et écologique
Depuis les années 1990, les questions d'économie
et d'écologie sont désormais inextricablement liées dans
la définition et la mise en oeuvre de ce que l'on désigne
aujourd'hui sous le terme « développement durable ». Selon
Lester Brown (1992) qui fait écho aux principes opérationnels
proposés par Herman Daly (1990), il faut entendre par là un
développement « qui reposerait sur une utilisation
modérée des ressources non renouvelables, un usage des ressources
renouvelables respectant leur capacité de reproduction et une stricte
limitation des rejets et déchets à ce qui peut être
recyclé par les processus naturels. » Compte tenu de ces
contraintes, le développement durable appelle de profonds changements
dans nos sociétés, en particulier en ce qui concerne leurs modes
de production et de consommation.
Dans notre souci d'apporter une dimension théorique au
débat, nous présenterons dans un premier temps, deux courants de
pensée qui ont réfléchi à la question du
développement durable. Le premier courant de pensée se range sous
la bannière de l'écologie industrielle (Frosch, Gallopoulos 1989
; Erkman 1998). Le second courant de pensée, regroupe un certain nombre
d'auteurs, comme Illich (1973, 1975), Gorz (1978, 1988) ou Georgescu-Roegen
(1978, 1993), que l'on range dans les rangs de l'écologie politique ou
dans ceux de la bioéconomie. Dans un second temps, nous
évoquerons le thème du développement durable en le
replaçant dans le contexte des différents sommets de la terre
(juin 1992 à août 2002).
II.1 écologie industrielle et écologie
politique : origines du développement durable
Le concept de développement durable semble trouver ses
origines dans deux modèles alternatifs : l'écologie
industrielle et l'écologie politique
II.1.1 L'écologie industrielle
« Le point essentiel dans la perspective de
l'écologie industrielle, écrit ainsi Suren Erkman (1998),
réside dans le fait que les principaux flux de substances toxiques ne
résultent pas d'accidents spectaculaires, mais d'activités de
routine : industries, agriculture, occupations urbaines, consommations de
produits divers ». Ainsi si les modifications de l'environnement sont
inévitables, les différentes activités et les diverses
techniques de production n'ont pas pour autant les mêmes impacts. Pour
Commoner (1971), comme pour d'autres écologistes, les problèmes
d'environnement contemporains trouvent d'abord leur origine dans des
«erreurs de la technologie productive et des arrière-plans
scientifiques. » Au-delà de l'énergie nucléaire, ce
sont les industries chimiques qui sont mises en cause. L'important, pour nombre
d'écologistes, est de souligner que c'est à la réussite de
certains développements et solutions techniques de l'industrie - et non
à leur échec - que l'on doit des dégradations et des
destructions de la nature. Dès lors, selon Commoner (1971), il convient
de se sortir de ce faux pas technologique : « les technologies actuelles,
[écrit-il], devraient être entièrement remodelées et
transformées pour s'adapter, dans toute la mesure du possible, aux
nécessités écologiques ; et dans l'industrie,
l'agriculture et les transports, la plupart des entreprises actuelles devraient
être réorganisées en fonction de ces nouveaux objectifs.
». Le thème du « développement durable » ne va
apparaître qu'au tournant des années 80, mais cet objectif est
déjà annoncé par la littérature écologiste.
Commoner (1969) se demande : quelle terre laisserons-nous à nos enfants
? Schumacher (1973) recommande d'« étudier l'économie du
durable », c'est-à-dire la poursuite à longue
échéance d'une croissance qui ne peut être
illimitée.
L'idée de développement durable est aujourd'hui
clairement affichée par les tenants de l'écologie industrielle
[Ayres (1993), Graedel (1996)]. Il s'agit, pour reprendre le sous-titre de
l'ouvrage de Suren Erkman (1998), de « mettre en pratique le
développement durable dans une société
hyper-industrielle». Autrement dit, adapter les technologies actuelles
dans la mesure du possible aux nécessités écologiques qui
sont notamment la préservation de l'environnement. L'écologie
industrielle se présente comme une approche soucieuse de donner un
contenu opérationnel à la notion de développement
durable.
II.1.2 écologie politique et l'auto limitation
des besoins
Pour les partisans de l'écologie politique ou
bioéconomie amenés par Georgescu-Roegen, pour résumer les
conclusions auxquelles son analyse bio-entropique l'a mené, on pourrait
faire écho au Halte à la croissance du rapport Meadows
(1972) ou à l'ouvrage « Demain la
décroissance » édité par Jacques
Grinevald et Ivo Rens (1995). Selon Georgescu-Roegen (1975) « il est grand
temps pour nous de ne plus mettre l'accent exclusivement - comme tous les
programmes l'ont fait jusqu'ici - sur l'accroissement de l'offre. La demande
peut aussi jouer un rôle et même, en dernière analyse, un
rôle plus grand et plus efficace. » Quelques années plus
tard, Georgescù-Roegen (1978) écrira : « Le plus simple et
aussi le plus ancien principe économique veut que, dans toute situation
où les ressources deviennent de plus en plus rares, une sage politique
consiste à agir en premier lieu sur la demande. » Plus
précisément, à la lecture de son « programme
bioéconomique minimal », on comprend que Georgescu-Roegen (1975) en
appelle à une réduction de la consommation marchande des
individus par le rejet des gadgets, de la mode et des objets inutiles. Cette
idée rejoint celle d'autres penseurs de l'écologie politique,
tels Ivan Illich (1973, 1975) ou André Gorz (1988, 1991), qui mettent en
avant la nécessité de repenser la notion de besoin et de
réfléchir à l'élaboration d'une norme du «
suffisant ». Cette auto-limitation des besoins des consommateurs doit se
faire à partir d'un certain nombre de renoncements, et non de
sacrifices, note André Gorz (1991). Illich et Gorz en appellent ainsi
à la découverte d'une « austérité joyeuse
», entendons un modèle de société où les
besoins sont réduits, mais où la vie sociale est plus riche parce
que plus conviviale. Cette recherche sur le libre épanouissement des
individus oblige aussi à considérer de manière critique
les liens qui unissent le productivisme et le travail, lequel est le mode de
socialisation le plus important de la société industrielle.
Beaucoup de biens et de services, comme le note André Gorz (1988, p.
64), sont « compensatoires ». D'une part, la consommation d'objets,
lorsqu'ils sont superflus ou contiennent un élément de luxe, va
symboliser l'évasion de l'acheteur de l'univers strict de la
rationalité économique. D'autre part, nous explique Gorz (1991),
« plus vous consacrez du temps au travail rémunéré,
plus vous avez tendance à consommer des marchandises, mais aussi des
services marchands, car le temps ou les forces vous manquent pour faire des
choses par et pour vous-même. » Dès lors, selon les penseurs
de l'écologie politique, pour rompre avec cette logique et
pour que s'opère une libération dans la sphère de la
consommation, il faut introduire du choix dans le travail des individus. Il
faut que le niveau des besoins et le niveau des efforts à consentir dans
le domaine du travail soient proportionnés et déterminés
conjointement. De manière générale, il s'agit de
redéfinir les frontières de la sphère de la
rationalité économique et des échanges marchands. Les
activités économiques doivent décroître, selon Gorz
(1991), tandis que les activités non régies par le rendement et
le gain doivent se développer.
II.2 Le développement durable : un nouveau
modèle de gouvernance
La notion de développement durable fait l'objet depuis
près d'une vingtaine d'années d'un vif débat au sein de la
communauté scientifique, économique et politique. Initié
lors du 1er Sommet de la Terre en juin 1992, le développement
durable, sustainable development en anglais, a pris une nouvelle
dimension lors du sommet mondial de Johannesburg qui s'est
déroulé en août 2002. Le développement durable,
défini dans le cadre du Rapport Brundtland (1987), est « un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs ». Si le développement durable a souvent
été présenté comme une tentative pour concilier
croissance et développement économique, il insiste aujourd'hui
sur l'existence d'un nouveau modèle de gouvernance
générant à la fois des perspectives économiques,
sociales et écologiques.
II.2.1 Le développement durable, une tentative
pour concilier croissance et développement
II.2.1.1 Définition conceptuelle
La notion de développement durable a repris à
son compte l'ensemble de ces transformations. Elle repose ainsi sur trois
piliers : un pilier économique, le développement durable ne doit
pas compromettre le progrès économique en limitant l'initiative
et l'innovation ; un pilier social, le progrès économique doit
être accompagné d'un progrès social
appréhendé par la qualité des services de santé, de
logement... ; et un pilier écologique, la préservation et la
valorisation des milieux naturels devient une nécessité pour
l'avenir. Aux longs débats qui consistaient à internaliser ou
à externaliser l'environnement : l'épuisement des ressources
naturelles et la responsabilisation des actes humains (problèmes
écologiques des années 80-90, effet de serre,
déforestation) sont venus modifier notre perception du progrès
économique et social. Le développement durable leur a
associé une condition supplémentaire : la satisfaction des
besoins présents ne doit pas se faire au détriment des besoins
futurs ; en d'autres termes, la croissance et le développement
économique doivent respecter un équilibre
intergénérationnel.
II.2.1.2 Les différentes dimensions du
développement durable
Le développement durable rappelle qu'à long
terme, il n'y aura pas de développement possible s'il n'est pas
économiquement efficace, socialement équitable et
écologiquement tolérable. Il se trouve donc à la
confluence de considérations sociales, économiques,
environnementales débouchant sur des engagements politiques,
éthiques et philosophiques forts : importance de l'écologie (le
processus de développement doit se faire à un rythme compatible
avec celui de l'évolution du milieu naturel) ; la notion de
citoyenneté (ensemble des devoirs et des obligations, donc des
responsabilités de celui qui habite dans la cité) ; de commerce
équitable, (commerce alternatif à la mondialisation des
échanges et qui vise à rémunérer davantage les
petits producteurs des pays en développement), d'éthique
(ensemble de valeurs morales reconnues par tous, codes de conduite
volontaires), de charte de développement durable (ensemble de mesures -
réunies au sein d'un document écrit - que les différents
signataires s'engagent à respecter), le principe de précaution
(principe qui vise, dès qu'un risque existe, à prendre les
mesures qui s'imposent en vue de protéger la population, l'environnement
...)
II.2.2 Le développement durable, un nouveau
modèle de gouvernance à l'échelon mondiale
Le développement durable est devenu un enjeu pour tous
les acteurs de la scène économique. Il fait parti des
débats internationaux relatifs à la protection et la
préservation de l'environnement, et est intégré de plus en
plus dans les stratégies d'entreprises. L'opinion publique, les
marchés financiers, les pouvoirs publics font d'ailleurs de plus en plus
pression sur les entreprises afin qu'elles communiquent sur leurs engagements
en matière de développement durable. Au-delà de ces
clichés, il convient cependant d'ajouter que ce nouveau modèle de
gouvernance insiste notamment sur le constat que les autorités
internationales, les pouvoirs publics, les entreprises et la
société civile vont devoir travailler main dans la main afin de
réconcilier trois mondes longtemps opposés : l'économie,
le social et l'écologie.
Suite à la conférence de Rio (1992), la plupart
des Etats se sont engagés à élaborer une stratégie
nationale de développement durable. Le développement durable
impose des changements structurels en profondeur. Il faut
rééquilibrer les pouvoirs entre les priorités
économiques et les impératifs sociaux et
écologiques. Ceci passe par :
- L'instauration d'une nouvelle pratique des décisions
gouvernementales. Les décisions
politiques sont encore trop souvent calculées à
court terme, pour répondre à des intérêts
économiques particuliers sans tenir compte de l'impact à long
terme pour l'ensemble de la
population.
- Le rééquilibrage des forces économiques
entre les pays du Sud et du Nord. Les pays en voie de développement sont
trop endettés et freinés dans leurs échanges commerciaux
pour
consacrer l'énergie et les moyens suffisants à
l'éducation, la santé et la protection de l'environnement.
L'annulation de la dette extérieure publique du Tiers-Monde,
l'application d'une taxe de type Tobin sur les mouvements financiers et
l'abandon des politiques d'ajustement structurels font partie des projets de
développement durable.
- La création d'une institution internationale
chargée de faire respecter les obligations souscrites par les Etats.
À l'instar de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui gère
les échanges commerciaux, il faudrait une Organisation Mondiale de
l'Environnement pour
gérer les problèmes écologiques. On peut
citer ici le projet « Global Compact » de Kofi Annam,
secrétaire de l'Organisation des Nations Unis. Il s'agit de
réunir un maximum d'Etats et d'acteurs économiques s'engageant
à respecter une liste de 9 principes de bonne conduite : respects des
Droits de l'Homme ; interdiction du travail forcé et du travail des
enfants ; développement d'une politique d'environnement ; recherche de
techniques moins polluantes...
- Une implication de tous les groupes
socio-économiques. La réalisation effective des objectifs du
développement durable, ne peut aboutir que si l'ensemble des acteurs de
la société agit en commun : les entreprises privées,
publiques, les associations, les ONG, les syndicats et les citoyens.
Conclusion
En définitive la prise en compte de l'environnement
n'est pas une préoccupation récente. Elle remonte dans les
années 1920 avec la théorie des externalités de Pigou qui
pose notamment le problème d'internalisation des externalités.
Cette théorie propose d'emblée comme solution au problème
une taxe dite pigouvienne ou taxe pollueur-payeur. Cette solution a
été contestée par certains auteurs en occurrence Coase qui
propose comme solution équitable au problème : les permis
négociables. Par la suite plusieurs autres solutions ont
été proposées à l'instar de la taxe sur
émission; les écotaxes; ... Ce soucie constant de vouloir
internaliser les externalités a donné naissance à un
modèle de gouvernance : le développement durable. Il repose
sur trois piliers : l'économie, l'environnement et la population.
Il rappelle qu'à long terme, il n'y aura pas de développement
possible s'il n'est pas économiquement efficace, socialement
équitable et écologiquement tolérable. L'épuisement
des ressources naturelles6(*) et la responsabilisation des actes humains
(problèmes écologiques dus à l'effet de serre et à
la déforestation) sont venus modifier notre perception du progrès
économique et social. Le développement durable leur a
associé une condition supplémentaire : la satisfaction des
besoins présents ne doit pas se faire au détriment des besoins
futurs. Croissance et développement économique doivent ainsi
respecter un équilibre intergénérationnel.
Chapitre II : Prise en compte des enjeux du
développement durable dans le contexte camerounais
Au lendemain du sommet de la terre de Rio en 1992, le Cameroun
ayant pris conscience des enjeux environnementaux, s'est engagé dans la
voie du développement durable à travers une démarche qui
visait à définir une politique globale dans le domaine de
l'environnement. Le décret N°92/069 du 9 avril 1992 a
créé un cadre institutionnel à cet effet : le
Ministère de l'Environnement et des Forêts, en Avril 1992, pour la
planification et la gestion dynamique de l'environnement. Un Plan d'Action
Forestier National (PAFN) a été élaboré en novembre
1995, lequel présentait les enjeux liés au secteur forestier
ainsi qu'un ensemble de projets visant le développement
économique du secteur dans un cadre d'exploitation durable de la
ressource forestière. Le Cameroun a également
élaboré en 1996, un Plan National de Gestion de l'Environnement
(PNGE). C'est un outil conçu comme base d'orientation stratégique
de protection de l'environnement et de mise en valeur rationnelle des
ressources naturelles pour un développement durable. Il fixe les grandes
orientations de la politique environnementale du Cameroun en termes de
stratégies et d'actions à mener, en intégrant à la
fois les préoccupations régionales et les priorités
sectorielles. Mais c'est l'adoption de la Loi n°96/012 du 05 août
1996 portant loi-cadre relative à l'environnement dans la mise en oeuvre
des projets de développement qui marque réellement l'engagement
total du Cameroun dans la voie de la protection de l'environnement et du
développement durable. De façon concrète, cette loi exige
que les promoteurs ou maître d'ouvrage de tout projet qui risque en
raison de leur dimension porter atteinte à l'environnement, d'effectuer
une étude d'impact environnemental et social(EIES).
L'EIES marque la volonté affichée du
gouvernement camerounais pour prendre en compte les considérations
environnementales et sociales au départ d'un développement
économique. En effet, le Cameroun possède l'une des plus grandes
biodiversités au monde. Sa végétation offre un
condensé de toute la végétation africaine intertropicale,
depuis la forêt dense humide au sud, en passant par les savanes
boisées du centre, jusqu'aux steppes du Cameroun septentrional et aux
forêts et prairies montagnardes à l'ouest. On y trouve au total
plus de 8 000 espèces de plantes supérieures, appartenant
à 1 800 genres et 230 familles. On estime à plus de 150 le nombre
d'espèces endémiques. Pour ce qui est de la faune, le nombre
d'espèces de mammifères est estimé à 250 environ,
dont 40 sont identifiées comme menacées d'extinction,
vulnérables ou gravement menacées. On évalue à 542
le nombre d'espèces de poissons, à 850 le nombre d'espèces
d'oiseaux et 330 le nombre d'espèces de reptiles. Ainsi de façon
spécifique, les enjeux environnementaux majeurs du Cameroun sont la
maîtrise du développement urbain, la lutte contre les pollutions
et nuisances, la conservation de la biodiversité, ainsi que la gestion
durable des ressources forestières. Ces enjeux vont de pair avec les
enjeux du développement humain : lutte contre la pauvreté,
santé, éducation, transports, fourniture
d'électricité et d'eau potable, développement
d'activités économiques durables.
C'est en vertu de ces enjeux majeurs que plusieurs normes tant
législatives que réglementaires ont été
adoptées dans le cadre de l'EIES.
Section 1 : les fondements normatifs de l' EIE
La normalisation constitue l'une des techniques de
réglementation les plus prisées à l'heure actuelle en
droit de l'environnement. Cependant cette notion a un statut ambivalent. Les
normes environnementales peuvent être soit juridiques, «
énoncé sous forme de langage, incorporé à un ordre
juridique et dont l'objet est soit de prescrire à des sujets de droit
une obligation de faire ou de ne pas faire, soit d'accorder à ces sujets
des autorisations de faire ou de ne pas faire, soit d'habiliter des organes de
l'ordre juridique à exercer certaines activités selon une
certaine procédure » ; soit techniques, dispositions
particulières, sous forme de chiffres, taux, tableaux et listes qui ont
pour objet de préciser la portée des normes
générales de portée plus juridique. Il peut s'agir, selon
l'avis général, soit de substance dont le rejet dans un milieu
donné est interdit ou réglementé, d'espèces qu'il
convient de protéger intégralement ou partiellement, on parlera
selon le cas alors de normes de qualité, de produits, de
procédés ou d'émission. Mais, ce ne sont pas de ces
dernières qu'il s'agit dans cette section. Il est question ici du
premier type de normalisation, c'est-à-dire les normes juridiques. Elles
s'articulent autour des normes à caractère internationales et
celles à caractère nationales.
I.1
Les Normes Internationales
Le Cameroun est signataire de conventions, codes, protocoles
et accords internationaux qui viennent renforcer les instruments
déjà existants au niveau national et surtout qui
donnent de la crédibilité à sa politique de gestion
efficace de l'environnement auprès des partenaires internationaux.
L'article 14(2) de la Loi No 96/12 du 5 août 1996
portant loi-cadre relatif à la gestion de l'environnement
(ci-après désignée Loi-cadre de 1996) stipule que
«l'Administration chargée de l'environnement doit s'assurer que les
engagements internationaux du Cameroun en matière
d'environnement sont introduits dans la législation et la politique
nationale en la matière ». Le Cameroun a signé et
ratifié un certain nombre de conventions internationales qui doivent
être prises en compte dans le cadre de l'EIES. Ces conventions sont
présentées dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Conventions
internationales pertinentes dans le cadre de l'étude d'impact
environnemental au Cameroun
Convention internationale (année d'adoption),
objectifs et
pertinence dans le cadre de l'EIE
|
Action du
Cameroun
|
Convention africaine sur la conservation de la nature et
des ressources naturelles (1968)
Avec cette convention, tenue à Alger (Algérie), les
membres de l'Union Africaine (UA) contractants se sont engagés à
prendre les mesures nécessaires pour assurer la conservation,
l'utilisation et le développement des sols, des eaux, de la flore et de
la faune en se fondant sur des principes scientifiques et en prenant en
considération les intérêts majeurs de la population.
|
Ratification en
1977
|
Convention relative aux zones humides
d'importance
internationale particulièrement comme habitats des
oiseaux d'eau (1971)
La Convention a pour mission la conservation et l'utilisation
rationnelle des zones humides par des actions locales,
régionales et nationales et par la coopération
internationale, en tant que contribution à la réalisation du
développement durable dans le monde entier
|
Ratification en
2006
|
Convention sur la protection du patrimoine
mondial,
culturel et naturel (1972)
Les parties contractantes de cette convention qui s'est tenue
à Paris (France) s'engagent à identifier, protéger,
conserver,
préserver et transmettre aux générations
futures les sites du
patrimoine naturel situés sur leur territoire
|
Ratification en
1982
|
Convention de Washington sur le commerce international
des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
(1973)
La Convention sur le commerce international des espèces
de
faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES)
a
pour but de veiller à ce que le commerce international
des
spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas
la survie des espèces auxquelles ils appartiennent
|
Acceptation en
1981
|
Accord sur les règlements conjoints de la faune et
la flore dans le bassin du Lac Tchad (1977)
L'idée majeure de cet accord est la protection des
espèces et
des habitats naturels par une réglementation commune
garantissant un niveau de protection des espèces
communes.
|
Ratification
1977
|
Convention sur la conservation des espèces
migratrices
appartenant à la faune sauvage (1979)
Les Parties prenantes de cette convention reconnaissent qu'il
est important que les espèces migratrices soient
conservées et que les États accordent une attention
particulière aux espèces migratrices dont l'état de
conservation est défavorable et prennent individuellement ou en
coopération les mesures appropriées et nécessaires pour
conserver ces espèces et leur habitat.
|
Ratification en
1983
|
Accord de coopération et de concertation entre les
États
d'Afrique centrale sur la conservation de la faune
sauvage (1983)
Cette convention qui s'est tenue à Libreville (Congo) a
comme objectif essentiel de renforcer la lutte contre le commerce international
des espèces de faune menacées de disparition, en mettant l'accent
sur leur rôle dans les écosystèmes naturels
|
Ratification
1983
|
Accord international sur les bois tropicaux
(1983)
L'accord international sur les bois tropicaux (AIBT),
adopté à Genève (Suisse) en 1983. et prolongé en
1994, met l'accent sur l'aménagement des forêts tropicales dont
les produits sont échangés sur les marchés
internationaux.
|
Ratification
1985
|
Convention de Vienne pour la protection de la
couche
d'ozone (1985)
Par cet instrument, les nations ont convenu de prendre des
mesures appropriées pour protéger la santé
de l'homme et de
l'environnement des impacts négatifs résultant, ou
pouvant
résulter, d'activités humaines modifiant, ou
susceptibles de
modifier, la couche d'ozone.
|
Adhésion 1989
|
Convention relative à la coopération en
matière de
protection et de mise en valeur du milieu marin et les
zones côtières de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (Abidjan,
1981)
Cette convention vise à mettre en oeuvre la gestion
durable des ressources côtières et marines de l'Afrique Centrale
et de l'Afrique de l'Ouest, en particulier le Golfe de Guinée
|
Ratification
|
Convention de Bamako sur l'interdiction d'importer
des
déchets dangereux et le contrôle de leurs
mouvements
transfrontières en Afrique (Bamako,
1991)
Les Parties à cette convention prennent les mesures
appropriées sur les territoires relevant de leur
juridiction en vue d'interdire l'importation en Afrique de tous déchets
dangereux, pour quelque raison que ce soit, en provenance des Parties non
contractantes.
|
Acceptation en
1991
|
Protocole de Montréal relatif à des
substances qui
appauvrissent la couche d'ozone (1987)
Entente internationale visant à protéger la couche
d'ozone
stratosphérique
|
Adhésion 1989
|
Convention sur la diversité biologique
(1992)
Cette Convention tenue à Rio de Janeiro (Brésil)
porte sur le
développement de stratégies nationales pour la
conservation et l'utilisation durable de la biodiversité biologique.
|
Ratification
1994
|
Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements
climatiques (1992)
La Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements
climatiques tenus à Rio de Janeiro (Brésil) est le fondement des
efforts pour lutter contre le réchauffement climatique. Elle a aussi
été un des principaux outils utilisés par la
communauté internationale pour promouvoir le développement
durable.
|
Ratification
1994
|
Convention des Nations Unies sur la Lutte contre
la
désertification (1994)
Il est essentiel de combattre la désertification et de
lutter contre les effets de la sécheresse pour assurer un
développement durable aux populations vivant dans les zones
touchées. Cette Convention, adoptée à Paris (France), vise
à promouvoir des mesures efficaces par des programmes locaux innovateurs
et des arrangements internationaux de coopération et de partenariat.
|
Ratification
1997
|
Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements
transfrontières de déchets dangereux et de
leur élimination
Cette convention tenue à Basel (Basle) (Suisse) consiste
en une entente globale conclue dans le but de s'attaquer aux problèmes
et défis que posent les déchets dangereux.
|
Accession
2001
|
Protocole de Kyoto de la Convention-cadre des
Nations
Unies sur les changements climatiques (1997)
Le Protocole a été adopté à Kyoto
(Japon) en décembre 1997 dans le but de réduire quantitativement
les émissions de gaz à effet de serre (GES), en obligeant les
pays industrialisés et les pays en transition économique à
s'engager dans cette voie. À ce stade, le Cameroun doit maintenir
l'inventaire de ses émissions de GES.
|
Acceptation
2002
|
Convention de Rotterdam sur la procédure de
consentement préalable en connaissance de cause
applicable à certains produits chimiques et
pesticides
dangereux qui font l'objet d'un commerce
international
(1998)
La Convention de Rotterdam est un accord environnemental
multilatéral dont objectif est d'encourager le partage
des
responsabilités et la coopération entre Parties
dans le domaine du commerce international de certains produits chimiques
dangereux. Le texte de la Convention de Rotterdam a été
adopté lors d'une réunion de plénipotentiaires à
Rotterdam le 10 septembre 1998
|
Ratification
2002
|
Convention de Stockholm sur les polluants
organiques
persistants (2001)
La Convention de Stockholm a pour objectif de contrôler,
de
réduire ou d'éliminer les rejets, les
émissions ou les fuites de
polluants organiques persistants. La convention a
été signée le 22 mai 2001 dans la ville éponyme.
|
Signature 5
Octobre 2001
|
Convention de la Commission Africaine de
l'Energie
La commission, créée au sein de l'OUA, a pour but
la mise en place de politiques énergétiques coordonnées,
solidaires et respectueuses de l'environnement entre les pays d'Afrique.
|
|
Traité relatif à la conservation et
à la gestion durable des
écosystèmes forestiers d'Afrique centrale
signé à
Brazzaville, le 5 février 2005
Ce traité a pour objectif la promotion de politiques
coordonnées entre états pour la conservation et la gestion
durable des forêts ainsi que la gestion de l'environnement.
|
Ratification
2005
|
A coté des exigences conventionnelles, l'on enregistre
d'autres, formulées par certains partenaires bilatéraux ou
multilatéraux de développement. Ces partenaires adoptent des
directives opérationnelles sur l'étude d'impact environnemental,
lesquelles directives sont spécifiques à chaque catégorie
de projet.
I.2
Normes nationales
Le régime juridique des EIE est constitué de
normes de portée tant législative que réglementaire.
Soulignons que la prise en compte de ces normes environnementales a une base
constitutionnelle. En effet, la Constitution de la République du
Cameroun du 18 janvier 1996 en son Préambule a clairement
pris position en faveur des questions environnementales telles que
préconisée par la Conférence de Rio (1992).
I.2.1 Les normes législatives
La ratification par le Cameroun des normes et accords
internationaux lui a permis de les intégrer au sein de la
hiérarchie des normes camerounaises telle que le stipule la constitution
de la République du Cameroun en son article 45.
Le seul texte législatif relatif aux EIE est la loi
n° 96/012 du 05 aout 1996 relative à la gestion de l'environnement
et est de ce fait la législation de base en matière des EIE au
Cameroun. A l'exception de la loi n° 94/01 portant régime de la
forêt, faune et pêche qui est antérieure à la loi
ci-dessus citée, les autres lois, s'appuyant sur cette loi dite Loi
cadre, en font référence et lui sont postérieures.
Cette loi tout définissant la notion d'étude
d'impact environnemental consacre dans son titre 3, traitant de la gestion de
l'environnement, un chapitre spécifique aux EIE (articles 17 à
20). Elle institue les études d'impact pout « tout
projet d'aménagement d'ouvrage, d'équipement ou d'installation
qui risque en raison de sa nature, ou des incidences qui y sont exercées
sur le milieu naturel de porter atteinte à
l'environnement »(chapitre 2 article 17).
En son chapitre 3 portant sur la protection des milieux
réceptifs, l'article 39 de la loi concernant la protection des
établissements humains stipule que la protection, la conservation et la
valorisation du patrimoine culturel et architectural sont
d'intérêt national. Elles sont parties intégrantes de la
politique nationale et de mise en valeur de l'environnement.
En matière de gestion des ressources naturelles et
conservation de la diversité biologique, la loi rappelle entre autres le
principe de conservation de la diversité biologique à travers la
création par l'État des réserves naturelles et des parcs
nationaux qui font l'objet de plans de gestion.
La loi rappelle le principe de participation de la population
à la gestion de l'environnement à travers l'information,
l'éducation, la consultation des populations et le rôle des
autorités traditionnelles et des associations oeuvrant dans le domaine
de l'environnement et du développement.
I.2.2 Les Normes réglementaires
Elles sont pour la plupart des textes ou décrets qui
viennent en application des dispositions législatives. Le texte phare
est sans doute le décret n° 2005/0577/PM du 23
février 2005 fixant les modalités de réalisation des
études d'impact environnemental. En son article 2, il
définit l'EIE comme étant : « comme un examen
systématique en vue de déterminer si un projet a ou non un effet
défavorable sur l'environnement ». L'article 3-1 du même
Décret précise que « l'étude d'impact environnemental
peut être sommaire ou détaillée et s'applique à
l'ensemble du projet et non à une fraction de celui-ci ». Il
précise également pour chaque catégorie d'EIE les
procédures technique et administrative qui devraient conduire à
la réalisation de l'étude. La participation du public est
présentée comme faisant partie intégrante du processus et
les deux phases de cette participation du public que sont les consultations
publiques et les audiences publiques y sont présentées.
Le décret fixant les modalités de
réalisation des EIE prescrit un audit environnemental pour toute
unité déjà fonctionnelle ou installée à la
date de signature de ce décret.
Comme autre textes, on peut citer :
Le décret N° 2001/718/PM du 03 septembre 2001
portant organisation et fonctionnement du Comité Interministériel
de l'Environnement et le décret modificatif
subséquent
Le décret N° 2001/718/PM du 03 septembre 2001 portant
organisation et fonctionnement du Comité Interministériel de
l'Environnement et le décret n° 2006/1577/PM du 11 septembre 2006
modifiant et complétant certaines dispositions du décret N°
2001/718/PM du 3 septembre 2001 portant organisation et fonctionnement du
Comité Interministériel de l'Environnement définissent la
composition, les responsabilités et les modes de fonctionnement du
Comité Interministériel de l'Environnement (CIE). Ce
comité assiste le Gouvernement dans ses missions d'élaboration,
de coordination, d'exécution et de contrôle des politiques
nationales en matière de développement durable. Il joue un
rôle primordial dans l'évaluation des EIE en donnant son avis
préalable qui est indispensable au MINEP à qui incombe la
décision finale quant à l'approbation ou non d'une
étude.
Le décret N° 2008/064 du 04 février 2008
fixant les modalités de gestion du Fonds National de l'Environnement et
du Développement Durable
Ce décret fixe les modalités de gestion du Fonds
National de l'Environnement et du Développement Durable (FNEDD),
créé par la loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement et qui est sous l'autorité du Ministre en charge de
l'environnement. Il définit les ressources et les dépenses de ce
fonds, crée un Compte d'Affectation Spéciale pour l'Environnement
et le Développement Durable dont les opérations
financières ordonnées par le MINEP sont exécutées
par un agent comptable nommé par le Ministre chargé des finances.
Il crée également un Comité des Programmes chargé
d'assister le Ministre en charge de l'environnement dans la sélection
des études et projets prioritaires éligibles aux ressources du
FNEDD.
L'arrêté N° 0070/MINEP du 22 avril
2005 fixant les différentes catégories d'opérations dont
la réalisation est soumise à une EIE
Cet arrêté fixe conformément à
l'article 6 du décret n° 2005/0577/PM du 23 Février 2005, la
liste des différentes opérations dont la réalisation est
assujettie à l'EIE. Il est également une liste de contrôle
où les promoteurs doivent se référer pour
déterminer si leur projet doit faire l'objet d'une EIE Sommaire ou d'une
EIE Détaillée et reprécise pour chacun des deux types
d'études le contenu du rapport attendu. Mieux que la loi-cadre et le
décret fixant les modalités de réalisation des EIE, le dit
arrêté clarifie le contenu des EIE et constitue à cet
égard le référentiel en matière du contenu de
l'étude.
L'arrêté N° 00004/MINEP du 03 juillet
2007 fixant les conditions d'agrément des bureaux d'études
à la réalisation des études d'impact et audits
environnementaux
Cet arrêté fixe les conditions que les bureaux
d'études (ingénieur conseil, consultant, association ou ONG)
doivent remplir pour obtenir l'agrément du Ministère en charge de
l'environnement pour la réalisation des études d'impact et audits
environnementaux. Il donne la composition du dossier à fournir dans le
but d'obtenir l'agrément (article 5) et précise qu'un bureau
d'études étranger ne peut exercer au Cameroun dans le cadre d'une
étude se rapportant à l'environnement qu'en association avec un
bureau national agréé (article 4). Il prévoit les
conditions pouvant entraîner la suspension ou le retrait
d'agrément délivré à un bureau d'études
parmi lesquelles la qualité médiocre des études.
Suivant l'article 11, les rapports d'EIE et d'audits
environnementaux ne peuvent être reçus au Ministère en
charge de l'environnement que s'ils ont été
réalisés par un bureau d'études agréé dans
les conditions fixées par cet arrêté, à compter de
janvier 2009.
L'arrêté N°00001/MINEP du 03
février 2007 définissant le contenu général des
termes de référence des études d'impact
environnemental
Cet arrêté du Ministre de l'Environnement et de
la Protection de la Nature définit le contenu général des
termes de référence des EIE
I.3 Cadre institutionnel
Le cadre institutionnel est matérialisé par la
création de structures spécialisées dans l'environnement.
Il s'agit d'une administration principale chargée des EIE (1) et
d'autres qui à titre accessoire se retrouvent impliquées dans le
processus des EIE (2).
I.3.1 Le MINEPDED, administration principale
chargée de l'EIE
Le décret du 22 août 2002 réorganisant le
gouvernement avait attribué au Ministère de l'environnement et
des forêts (MINEF) les questions environnementales. Mais les missions
assignées à cette structure (forêts et environnement), ne
lui permettaient sans doute pas d'accorder une attention particulière
à l'environnement. En effet comment concéder à une
même administration à la fois la gestion des forêts, source
d'énormes revenus et de tant de convoitises, et celle de la protection
de l'environnement, laquelle exigerait désormais une exploitation
rationnelle intégrant le développement durable.
C'est fort de ce constat qu'un réaménagement
gouvernemental a eu lieu par décret n° 2004/320 du 8
décembre 2004. Cette réorganisation a scindé l'ex MINEF en
deux départements ministériels: le Ministère de
l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) et le Ministère
des Forêts et de la Faune (MINFOF). Le décret n° 2000/099 du
6 avril 2000 qui portait organisation du Ministère des Forêts et
de la Faune a récemment été modifié et
complété par le décret n° 2005/495 du 31
décembre 2005, en vue d'apporter plus de clarté dans la nouvelle
architecture de l'environnement au Cameroun.
En 2010 le MINEP a changé de dénomination tout
en gardant ses attributions et est devenu MINEPDED. Ainsi l'administration
centrale en charge de l'environnement au Cameroun et plus particulière
celui en charge des EIES au Cameroun de nos jours est le ministère de
l'environnement, de la protection de la nature et du développement
durable (MINEPDED).
I.3.1.1 Les missions dévolues au MINEPDED en
matière environnementale
Les attributions du MINEPDED sont précisées
à l'article 5 alinéa 19 du décret n° 2004/320 du 8
décembre 2004 portant organisation du gouvernement et repris
à l'article 1er du décret n° 2005/117 du 14 avril
2005 portant organisation du Ministère de l'Environnement et de la
Protection de la Nature.
Le décret fixant organisation de l'ex Ministère
de l'Environnement et des Forêts (MINEF) avait créé
auprès de ce ministère, le Secrétariat Permanent à
l'Environnement (SPE) dont les missions étaient essentiellement des
questions liées à l'environnement. Avec la réorganisation
du gouvernement intervenue le 8 décembre 2004, il a été
transféré au MINEP qui aujourd'hui est devenu le MINEPDED,
institution désormais chargée de l'environnement.
Le Secrétariat Permanent à l'Environnement
comprend :
La Division des Programmes et du Développement
Durable
chargée entres autres:
· des études d'impact environnemental ;
· de la prévention de la pollution ;
· de la planification et de la gestion des ressources
naturelles ;
· des politiques et stratégies d'utilisation des
technologies moins polluantes.
La Division des Normes et Inspections Environnementales
Ses missions sont entre autres en relation avec les
études d'impact environnemental :
· l'élaboration et la codification des normes et
de la réglementation environnementale en liaison avec les
administrations compétentes ;
· le développement des indicateurs permettant
d'assurer le suivi de la qualité de l'environnement.
Le centre d'information et documentation sur
l'environnement
Il a pour attribution notamment :
· la collecte, la centralisation, le traitement et la
diffusion des informations environnementales ;
· la liaison avec les autres réseaux et
systèmes d'information existant dans le secteur de l'environnement au
niveau sous-régional et international.
Il apparaît donc clairement que de par ses missions, le
Secrétariat Permanent à l'Environnement est la structure centrale
des études d'impact environnemental, qu'il s'agisse des normes et
procédures, de la participation des populations, du suivi
évaluation ou du monitoring.
I.3.2 Les autres institutions
spécialisées dans le processus des EIE
Le MINEPDED n'est pas la seule institution à s'occuper
des préoccupations environnementales. Il est assisté dans sa
mission par le Comité Interministériel de l'Environnement (1),
les autres départements ministériels (2) et les différents
programmes de gestion de l'environnement (3).
I.3.2.1 Le comité interministériel de
l'environnement
Institué par la Loi-cadre relative à la gestion
de l'environnement, le Comité Interministériel de
l'Environnement est présidé par une
personnalité nommée par le Ministre de l'Environnement et de la
Protection de la Nature et est composé de membres représentant
quatorze (14) départements ministériels :
· de l'Environnement ;
· de l'Administration Territoriale ;
· l'Agriculture ;
· du Développement Industriel et Commercial ;
· de l'Elevage, de la Pêche et de l'Industrie
Animale ;
· de l'Aménagement du Territoire ;
· des Mines, de l'Eau et de l'Energie ;
· de la Recherche Scientifique et technique ;
· du Tourisme ;
· des Travaux Publics ;
· du Transport ;
· de la Santé Publique ;
· de la Ville ;
· de la Défense Nationale.
Ce Comité en vertu de l'article 20 alinéa 1 de
la loi-cadre sur la gestion de l'environnement et de l'article 2 du
décret portant sa création émet un avis sur toute
étude d'impact sur l'environnement, préalable à toute
décision du Ministère compétent (MINEPDED) sous peine de
nullité absolue de cette décision, disposition qui confère
au Comité un rôle clé dans le processus d'évaluation
et d'approbation des EIE.
I.3.2.2 Les départements
ministériels
Les autres Départements Ministériels, chacun en
ce qui concerne son secteur, notamment pour ce qui est de l'élaboration
du cahier des charges de l'EIE, interviennent dans le processus de protection
de l'environnement. Il s'agit presque de tous les départements
ministériels existant et donc les projets futurs portent ou pourraient
porter directement ou indirectement atteinte à l'environnement.
I.3.2.3 Le plan national de gestion de
l'environnemental(PNGE)
Le PNGE est une invention africaine. Les premiers plans ont vu
le jour en 1987 à Madagascar, à l'Île Maurice et au
Lesotho. Il est introduit au Cameroun par la Loi-cadre relative à la
gestion de l'environnement. C'est un instrument, un outil de gestion efficace
de l'environnement pour un développement durable. Il privilégie
d'une part une approche concertée que l'on pourrait qualifier de «
démocratie verte » associant dans un effort commun de
réflexion et d'échange les différentes composantes de la
société (Etat, collectivités locales, chefs traditionnels,
associations villageoises, experts, membres de la société civile,
les ONG et le secteur privé...) et d'autre part sa méthode
introduit un surcroît de rationalité dans la planification en
permettant d'identifier les causes et objectifs à cours, moyen et long
terme et les obstacles, puis en dégager les moyens nécessaires
à la réalisation des objectifs cibles.
D'après la Loi-cadre relative à la gestion de
l'Environnement, « Le Président de la République
définit la politique nationale de l'environnement. Sa mise en oeuvre
incombe au Gouvernement qui l'applique, de concert avec les
collectivités territoriales décentralisées, les
communautés de base et les associations de défense de
l'environnement. A cet effet le Gouvernement élabore des
stratégies, plans ou programmes nationaux tendant à assurer la
conservation et l'utilisation durable des ressources de
l'environnement».
C'est donc fort de tout ce qui précède qu'au
lendemain de la conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
Développement qui s'est tenue en juin 1992 à Rio de Janeiro au
Brésil, le Cameroun a élaboré son PNGE qui a permis de
définir les politiques de protection de l'environnement et de gestion
rationnelle de ses ressources naturelles. Ces politiques portent sur les
principaux axes suivants :
· La gestion rationnelle de l'espace, des
écosystèmes et des ressources;
· La valorisation des matières premières
par le biais du développement industriel et des infrastructures,
notamment grâce à un développement industriel
écologiquement durable et à un impact acceptable des
infrastructures sur l'environnement ;
· L'amélioration du cadre de vie en milieu urbain
;
· Les conditions de développement des
capacités humaines, grâce notamment à l'intégration
des femmes dans les programmes d'environnement, à la prise en compte
suffisante des préoccupations de l'environnement dans les
différents secteurs.
Ce PNGE, réactualisé tous les cinq (5) ans, est
prévu au Titre III de la loi n°96/12 du 5 août 1996 portant
Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement, législation
de base en matière d'EIE.
Section II : Méthodologie d'étude d'impact
environnemental au Cameroun
Depuis une douzaine d'année (1996 - 2008), la loi
n° 96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à la
gestion de l'environnement a consacré l'étude d'impact
environnemental comme l'outil par excellence de prise en compte des
préoccupations environnementales dans la mise en oeuvre des projets au
Cameroun.
Bien que progressive depuis les années 2000, la
réalisation des études d'impact environnemental a connu une
accélération depuis la signature du décret
n°2005/0577/PM du 23 février 2005 fixant les modalités de
réalisation des études d'impact environnemental et de
l'Arrêté 0070 /MINEP du 22 avril 2005 fixant les
différentes catégories d'opérations dont la
réalisation est soumise à une étude d'impact
environnemental.
Malgré la volonté affichée des
différents acteurs à accompagner le processus d'internalisation
des dispositions légales et réglementaires en matière
d'étude d'impact et audits environnementaux, un diagnostic rapide a
permis de mettre en exergue quelques entraves aux efforts des uns et des
autres. Parmi celles-ci : L'absence de suivi par l'administration en charge de
l'Environnement des PGE des EIE approuvés ; une présentation
diversifiée des rapports d'EIE par les Consultants ; la qualité
déplorable de certaines études ; une compréhension
différenciée des textes régissant les EIE; une
compréhension différenciée des termes utilisés en
EIES...
Le diagnostic a également permis de mettre en
évidence « l'absence d'un référentiel
d'élaboration et d'évaluation des EIE, de suivi ou de
contrôle de l'exécution des PGE » comme la principale cause
des insuffisances ainsi relevées. C'est fort de ce constat que le
ministère en charge de l'EIE au Cameroun à savoir l'ex MINEP a
adopté un guide de réalisation et d'évaluation des EIE au
Cameroun. Ce guide précise non seulement la procédure et la
démarche d'élaboration d'une EIE (1), mais aussi le contenu et
structure du rapport d'EIE au Cameroun (2).
II.1 procédure et démarche
d'élaboration d'une EIE au Cameroun
Selon le décret n° 2005/0577/PM (article 3 (2) et
article 16 (1)), l'EIE doit être réalisée et
approuvée avant la mise en oeuvre du projet. De ce fait, elle doit
être réalisée au stade de l'étude de
faisabilité. La prise en compte des impacts potentiels (positifs et
négatifs) identifiés sur l'environnement, au moment de la
planification du projet, augmente la probabilité de réussite de
celui-ci et de sa contribution à un développement durable et
équitable.
II.1.1 Elaboration Des Termes De
Référence(TDR)
D'après le décret n° 2005/0577/PM (article 7),
la procédure d'élaboration d'une EIE au Cameroun est
initiée par le promoteur du projet qui doit déposer auprès
du Ministère en charge de l'environnement, un dossier de demande de
réalisation de l'EIE comprenant entre autres pièces les Termes de
Référence (TDR) de l'étude. La rédaction des TDR
rentre donc dans la première phase d'élaboration d'une telle
étude. Ces TDR qui doivent être au préalable validés
par le MINEP avant la réalisation de l'étude constituent le
cahier de charges de l'EIE.
En fonction du type d'EIE à réaliser (EIE
Sommaire ou EIE Détaillée), les TDR doivent être
structurés de façon à permettre au rapport d'étude
de couvrir tous les aspects définis par la réglementation en
vigueur comme faisant partie intégrante de l'étude.
Le canevas d'élaboration des TDR de l'EIE tel que
présenté par l'arrêté N°00001/MINEP du 13
février 2007 définissant le contenu général des
termes de référence des études d'impact
environnemental.
II.1.2 Procédure administrative pour la
réalisation d'une EIE
La présentation de la procédure administrative
et la démarche relatives à la réalisation des EIE a pour
but de préciser les différentes étapes relatives à
l'application du décret N° 2005/0577/PM du 23 février 2005 fixant
les modalités de réalisation des EIE. Cette procédure
comprend sept (7) étapes présentées ci-dessous.
Etape 1 : Dépôt des TDR et du dossier au
Ministère en charge de l'environnement
A l'aide d'un tri préliminaire basé sur la liste
des opérations dont la réalisation est soumise à une EIE
(cf l'arrêté N° 0070/MINEP du 22 avril 2005), tout promoteur
de projet doit déterminer si son projet est assujetti à l'EIE ou
non. Pour tout projet devant faire l'objet d'une EIE, en plus du dossier
général du projet, le promoteur est tenu de déposer contre
récépissé (indiquant la date et le numéro du
dossier) les pièces suivantes auprès de l'Administration
compétente et du Ministère en charge de l'environnement :
- Une demande de réalisation de l'EIE comportant la
raison sociale, le capital social, le secteur d'activité et le nombre
d'emplois prévus dans le projet ;
- Les TDR de l'étude d'impact environnemental
envisagée ;
- Un mémoire descriptif et justificatif du projet
mettant l'accent sur la préservation de l'environnement et les raisons
du choix du site ;
- Une quittance de versement des frais d'examen de dossier (2
000 000 F CFA) auprès du Fonds National de l'Environnement et du
Développement Durable ou de la structure en tenant lieu, fixés
par l'article 9 du décret N° 2005/0577/PM du 23 février 2005.
Etape 2 : Approbation des TDR
Après réception du dossier de demande de
réalisation d'EIE, l'Administration compétente doit transmettre
dans un délai de dix (10) jours, ladite demande avec avis motivé
au Ministre chargé de l'environnement.
L'Administration chargée de l'environnement dispose
à partir de la date de réception, d'un délai de vingt (20)
jours pour donner son avis sur les TDR de l'étude. Cet avis constitue le
cahier de charges qui doit comporter des indications sur le contenu de
l'étude d'impact en fonction de la catégorie du projet, sur le
niveau des analyses requises et sur les responsabilités et obligations
du promoteur.
Le décalage de 10 jours accordé à
l'Administration compétente pour réagir sur le dossier et donc
sur les TDR s'explique par le souci que le MINEP tienne compte de l'avis du
Ministre de tutelle dans sa réponse. Suivant cette disposition, le MINEP
ne devrait pas réagir avant au moins 10 jours, délai
accordé au ministère de tutelle pour lui transmettre son avis.
En cas de silence du Ministère chargé de
l'environnement et après expiration d'un délai de trente (30)
jours suivant le dépôt du dossier, le promoteur peut
considérer les TDR de l'EIE de son projet, recevables. Le promoteur d'un
projet peut, de son choix, faire appel à un consultant, à un
bureau d'études, à une organisation non gouvernementale ou
à une association, agréé par le Ministère en charge
de l'environnement, pour réaliser l'EIE de son projet. Toutefois, la
priorité est accordée, à compétence égale,
aux nationaux.
L'approbation des TDR se fait à travers une lettre
d'approbation qui comporte éventuellement des prescriptions ou
observations à prendre en compte. Une fois les TDR approuvés, ils
tiennent lieux de cahier des charges institué par la Loi-cadre relative
à la gestion de l'environnement.
Etape 3 : Réalisation de l'EIE et
dépôt du rapport
Sous la responsabilité du promoteur du projet, l'EIE
est réalisée par un bureau d'études agréé,
conformément aux textes en vigueur et aux TDR approuvés. Cette
étude doit être élaborée selon une méthode
scientifique de façon à identifier et évaluer toutes les
conséquences positives ou négatives du projet sur les
différentes composantes de l'environnement et apporter le cas
échéant des mesures correctives nécessaires. Elle doit
être réalisée de façon participative et prendre en
compte les préoccupations des différentes parties prenantes au
projet à travers les consultations publiques.
Une fois terminé, le promoteur dépose contre
récépissé le rapport de l'EIE de son projet auprès
de l'Administration compétente et de l'Administration chargée de
l'environnement respectivement en 02 et 20 exemplaires. Les différents
éléments à déposer sont les suivants :
- Le rapport de l'EIE comportant les TDR approuvés en
22 exemplaires identiques (pas les photocopies car celles-ci ne
reflètent pas clairement l'original, à moins que ce ne soient des
photocopies couleurs),
- La quittance de versement des frais d'examen de dossier (3
000 000 F CFA pour l'EIE Sommaire et 5 000 000 F CFA pour l'EIE
Détaillée) auprès du fonds National de l'Environnement et
du Développement Durable ou de la structure en tenant lieu, fixés
par l'article 9 du décret N° 2005/0577/PM.
Etape 4 : Recevabilité de
l'étude
Dès réception du rapport d'étude soumis
à l'approbation, et à l'initiative de l'Administration
chargée de l'environnement, une mission mixte MINEP et Administration de
tutelle du projet est envoyée sur le terrain pour rassembler les
éléments permettant au Ministère en charge de
l'environnement de statuer sur la recevabilité du dossier. La descente
sur le terrain a pour objectifs de vérifier qualitativement et
quantitativement les informations contenues dans le rapport et recueillir les
avis des populations concernées. Le rapport de mission de cette
équipe mixte est établi dans un délai maximum de quinze
(15) jours pour l'EIE Sommaire et vingt (20) jours pour l'EIE
Détaillée.
L'Administration compétente doit transmettre une copie
de son avis au Ministère chargé de l'environnement dans un
délai de quinze (15) jours pour l'EIE Sommaire et vingt (20) jours pour
l'EIE Détaillée.
L'Administration chargée de l'environnement statue sur
la recevabilité de l'EIE et notifie au promoteur vingt (20) jours au
plus tard après la réception :
- Soit l'étude est reçue en l'état et est
publiée par voie de presse, de radio, de télévision ou par
tout autre moyen ;
- Soit l'Administration chargée de l'environnement
formule des observations à effectuer par le promoteur pour rendre ladite
étude recevable.
Passé le délai de vingt (20) jours et en cas de
silence de l'Administration, l'étude est réputée
recevable.
Etape 5 : Organisation des audiences
publiques
Le processus des audiences publiques est
déclenché quand le rapport d'étude est
déclaré recevable ou lorsque le délai accordé
à l'administration chargée de l'environnement (20 jours) pour
statuer sur la recevabilité de l'EIE est expiré.
Les audiences publiques ne concernent que les EIE
détaillées et sont réalisées à la charge du
promoteur du projet. De ce fait, il prend en charge les frais de
publicité et de participation de l'administration dans le processus
(déplacements, frais de mission et perdiems). Dans chaque salle de
lecture ouverte à cet effet, le promoteur met en place deux registres,
un pour la participation et un autre pour le recueil des préoccupations
des participants. L'équipe de l'Administration chargée des
audiences publiques dresse un rapport d'évaluation de celles-ci sous
trentaine. Ce rapport est adressé au MINEP et au CIE.
Etape 6 : Approbation de l'étude et
délivrance du Certificat de Conformité
Environnementale
Après la déclaration de l'étude recevable
et la réalisation des audiences publiques (dans le cas des EIE
détaillées), l'Administration chargée de l'environnement
transmet au Comité Interministériel de l'Environnement les
dossiers jugés recevables. Ces dossiers comprennent les pièces
suivantes :
- Le rapport d'EIE jugé recevable,
- Les rapports de descente de terrain de la commission mixte
MINEP / Administration de tutelle,
- Les rapports d'évaluation et les registres des
consultations et des audiences publiques.
Après réception des dossiers jugés
recevables, le CIE dispose de vingt (20) jours pour donner son avis sur l'EIE.
Passé ce délai de vingt (20) jours, ledit avis est
réputé favorable.
Le Ministre en charge de l'environnement dispose de vingt (20)
jours après l'avis du CIE pour se prononcer sur l'EIE :
- Une décision favorable fait l'objet d'un Certificat
de Conformité Environnementale,
- Une décision conditionnelle indique au promoteur les
mesures qu'il doit prendre en vue de se conformer et obtenir un Certificat de
Conformité Environnementale,
- Une décision défavorable entraîne
l'interdiction de la mise en oeuvre du projet.
Lorsqu'un projet dont l'EIE a été
approuvée n'est pas mis en oeuvre dans un délai de trois (3) ans
à compter de la date d'approbation, le Certificat de Conformité
Environnementale émis à cet effet devient caduc.
Etape 7 : Surveillance et suivi
environnemental
Tout projet ayant fait l'objet d'une EIE est soumis à
la surveillance administrative et technique des administrations
compétentes qui porte sur la mise en oeuvre effective du Plan de Gestion
Environnementale inclus dans l'EIE et fait l'objet de rapports conjoints. Sur
la base desdits rapports, des mesures correctives additionnelles peuvent
être adoptées par l'administration chargée de
l'environnement après avis du CIE, pour tenir compte des effets non
initialement identifiés ou insuffisamment appréciés dans
l'étude d'impact environnemental (Articles 18 et 19 du décret
N° 2005/0577/PM du 23 février 2005 fixant les modalités de
réalisation des EIE). En matière d'évaluation des EIE, de
contrôle, de surveillance et de suivi des plans de mise en oeuvre des
mesures proposées, l'Administration chargée de l'environnement
peut recourir à l'expertise privée, suivant les modalités
prévues par la réglementation sur les marchés publics.
Ce recours à l'expertise privée semble
fondamental car, elle permet à l'Administration d'obtenir l'analyse des
spécialistes et experts lors de l'évaluation des études
réalisées dans des domaines pas toujours bien
maîtrisés par les membres du CIE.
II.1.3 La participation du public
La participation du public au processus d'étude
d'impacts est énoncée par la loi-cadre relative à la
gestion de l'environnement et explicitée dans le décret fixant
les modalités de réalisation des EIE. L'article 9 de la loi-cadre
énonce les principes dont s'inspire la gestion de l'environnement et des
ressources naturelles dans le cadre des lois et règlements en vigueur,
parmi lesquels le principe de participation. Selon ce principe, chaque citoyen
doit avoir accès aux informations relatives à l'environnement,
aux substances et activités dangereuses, veiller à la sauvegarde
de l'environnement, et chaque décision doit être prise
après concertation avec toutes les parties prenantes. De même,
l'article 17 (2) stipule que l'EIE est un processus soumis aux enquêtes
publiques et l'article 72 encourage la participation des populations à
la gestion de l'environnement.
Le décret fixant les modalités de
réalisation des EIE consacre les consultations publiques comme le moyen
d'impliquer les populations dans la conduite des EIE. Il distingue deux
modalités de participation du public aux EIE (article 11 (1)) : les
consultations publiques et les audiences publiques.
Les consultations publiques consistent en des rencontres
individuelles et réunions organisées pendant la
réalisation de l'EIE, dans le but d'informer les autorités
administratives, les autorités traditionnelles, les acteurs de la
société civile et l'ensemble des populations concernées
par le projet de la consistance du projet et de ses impacts, des moyens
prévus pour faire face aux impacts et recueillir en retours leurs avis
qui sont pris en compte dans le rapport de l'étude. Selon l'article 12
du Décret, le promoteur doit faire parvenir aux populations à
travers leurs représentants, un programme des consultations publiques
qui comporte les lieux et dates des réunions, le mémoire
descriptif et explicatif du projet et les objectifs des concertations trente
(30) jours au moins avant la date de la première réunion. Une
large diffusion doit être faite de ces consultations publiques et chaque
réunion sanctionnée par un procès-verbal signé du
promoteur et des représentants des communautés. Une copie de ces
procès-verbaux doit être jointe au rapport d'EIE.
L'audience publique est une large consultation
réalisée par l'administration chargée de l'environnement
après la notification de la recevabilité de l'EIE. Elle permet de
faire la publicité de l'étude, d'enregistrer les oppositions
éventuelles, et permet aux populations de se prononcer sur les
conclusions de l'étude. En vue de l'organisation des audiences
publiques, une commission ad hoc est constituée et a obligation de
dresser sous trentaine un rapport des audiences publiques lequel rapport est
soumis au Ministre en charge de l'environnement qui se charge de le transmettre
en même temps que les autres éléments (rapport de la
mission de recevabilité, rapport de l'EIE) au CIE.
II.2 Contenu et structure du rapport d'EIE au
Cameroun
Conformément à l'arrêté N°
0070/MINEP du 22 avril 2005 fixant les différentes catégories
d'opérations dont la réalisation est soumise à une EIE, le
contenu du rapport de l'étude d'impact environnemental comprend les
éléments suivants :.Page titre faisant ressortir le nom du
promoteur du projet, le titre du document, le nom du bureau d'études
ayant réalisé l'étude, la date d'édition, le volume
ou la version du rapport ; résumé non technique de l'étude
en langue simple (en français et en anglais); introduction; description
du projet ; description de l'environnement du site du projet et de la
région; rapport de la descente sur le terrain ; inventaire et
description des impacts du projet sur l'environnement et les mesures
d'atténuation de compensation et d'optimisation envisagées.
II.2.1 Résumé de l'étude
Il est prescrit de présenter en langage simple, un
résumé de l'étude en français et en anglais pour
permettre à toute personne, initiée ou non de pouvoir y tirer des
informations spécifiques sur le projet et ses incidences possibles sur
l'environnement. Le résumé de l'étude doit
synthétiser sur quelques pages le rapport de l'étude d'impact
environnemental ; il doit permettre au lecteur de se faire une idée
sommaire de toute l'étude et particulièrement des objectifs, de
l'approche méthodologique et des résultats et conclusions.
Un résumé n'est pas le résumé des
différentes parties ou chapitres du rapport.
II.2.2 introduction de l'étude
L'introduction est un élément essentiel de tout
rapport. Une bonne introduction doit permettre au lecteur de se faire une
idée entre autres du promoteur du projet, du contexte et justification
du projet, des objectifs de l'étude, l'approche méthodologique de
l'étude ainsi que de la structuration du rapport. Elle pourrait aussi
inclure une présentation sommaire des aménagements
envisagés.
II.2.2.1 Présentation du promoteur
Ce paragraphe a pour objectif de bien identifier le promoteur
du projet et d'avoir des informations sur ses activités. Elle
présente :
- le nom ou la raison sociale du promoteur du projet et
éventuellement ses filiales,
- ses secteurs d'activités, son savoir faire et ses
expériences,
- le bureau d'études retenu pour la réalisation
de l'EIE, en indiquant ses coordonnées,
- les grands principes de la politique environnementale et de
développement durable de l'entreprise, si elle existe.
II.2.2.2 Présentation du bureau
d'études
Ce paragraphe présente le bureau d'étude ayant
réalisé l'étude d'impact environnemental et doit comporter
les éléments suivants :
- Nom et raison sociale du bureau d'étude ;
- Secteur d'activité et expériences ;
- Numéro d'agrément ;
- Présentation de l'équipe ayant
réalisé l'étude.
II.2.2.3 Contexte et justification du
projet
Le contexte sous-tendant la réalisation du projet, les
objectifs, la raison d'être et les grandes caractéristiques
techniques du projet tels qu'ils apparaissent au stade initial de sa
planification, tout en considérant le contexte environnemental et
socio-économique de son intégration dans le milieu
d'implantation. Il doit faire ressortir les raisons qui motivent la mise en
oeuvre du projet et le choix de son site d'implantation. Il présentera
également les contraintes ou exigences d'ordre écologique,
technique économique et/ou social liées à la
réalisation du projet. En outre, il devra donner un aperçu des
enjeux environnementaux, socio économiques et techniques potentiels du
projet à l'échelle locale et régionale, ainsi que
nationale et/ou internationale, s'il y a lieu. Dans certains cas, il peut
être judicieux d'exposer les raisons pour lesquelles le promoteur a
retenu son projet par rapport aux différentes options envisageables et
même l'alternative de non réalisation du projet ou de son report.
Le promoteur pourra ainsi justifier le raisonnement et les critères
utilisés pour arriver au choix de la solution retenue. Ces
critères peuvent se baser sur les avantages tant sur les plans
environnemental et social que technique et économique, notamment en
termes d'espace nécessaire, de ressources disponibles, de
facilités technologiques, de sources d'approvisionnement, etc.
II.2.2.4 Aménagements et projets
connexes
Le cas échéant, l'introduction peut faire
mention de tout aménagement existant ou tout autre projet en cours de
planification ou d'exécution susceptible d'influencer la conception ou
les impacts du projet proposé. Les renseignements fournis sur ces
aménagements ou projets connexes doivent permettre d'entrevoir les
interactions potentielles et d'apprécier l'ampleur des impacts
cumulés avec le projet proposé, mais sans être trop
détaillé car on est encore à l'introduction.
II.2.2.5 approche méthodologique
utilisée
La méthodologie générale utilisée,
comportant des différentes phases qui ont été
nécessaires pour la réalisation de l'étude doit être
présentée. L'introduction doit également présenter
brièvement le plan du rapport d'EIE.
II.2.3 Description du projet
Cette partie doit présenter l'analyse des alternatives
et variantes du projet, les raison du choix de l'alternative par rapport aux
autres, la localisation du projet, les objectifs et la consistance du
projet.
II.2.3.1 Analyse des variantes du projet et
sélection de la variante préférable
Selon la nature du projet et les objectifs à atteindre,
le promoteur peut être amené à élaborer plusieurs
variantes et à procéder à leur analyse. Ces variantes
peuvent concerner des activités ou éléments précis
du projet, leur localisation ou les différentes techniques de
réalisation et d'exploitation.
L'objectif de cette section consistera dans ce cas, à
démontrer que le projet proposé ou la variante du projet choisie
par le promoteur parmi d'autres solutions envisageables, constitue globalement
la solution la plus acceptable tant sur le plan technique, économique
qu'environnemental.
L'étude d'impact présentera donc ces
différentes variantes, y compris les alternatives de localisation et de
technologie, pour réaliser les objectifs ou les besoins liés au
projet. Par la suite, elle doit procéder à une analyse
comparative des variantes afin de justifier le plus objectivement possible la
variante préférable en décrivant les
éléments ayant conduit à sa sélection. Pour cela,
des critères de comparaison doivent d'abord être définis
aux plans technique, économique et environnemental et ceux retenus
pouvant permettre de discriminer les variantes entre elles. Sur le plan
environnemental, la comparaison peut s'appuyer essentiellement sur les
inconvénients ou avantages permanents les plus importants, ainsi que sur
les inconvénients temporaires les plus préoccupants. Au cas
où il n'y a pas de variantes, le promoteur passe directement à la
description du projet tel que planifié.
II.2.3.2 Description de la variante
sélectionnée
Cette partie a comme principal objectif de décrire les
caractéristiques techniques de la variante retenue qui constitue le
projet, ses différentes composantes suivant toutes les phases de sa
réalisation et les activités connexes impliquées, telles
qu'elles apparaissent au stade initial de planification. Elle doit
également décrire les structures, les ressources
utilisées, les différents procédés qui seront
utilisés pour l'exploitation ou le traitement et les productions
attendues. Une présentation doit être faite des déchets
(quantités et composition), des pollutions et nuisances susceptibles
d'être engendrés par le projet. Une description
élaborée et suffisante du projet inclura toutes les informations
utiles à la bonne compréhension des différents
procédés, à l'identification des sources probables
d'impacts. La sous-section suivante propose les principales
caractéristiques d'un projet assujetti à l'EIE. Cette liste n'est
pas exhaustive et le promoteur du projet peut l'adapter en fonction du type de
projet. Le choix des éléments à considérer
dépend largement de la dimension et de la nature du projet, et de son
contexte d'insertion dans son milieu récepteur. Parmi les
éléments à considérer, notons à titre
indicatif ceux présentés ci-dessous.
II.2.3.2.1 Les composantes du projet et ses
infrastructures techniques
Dans ce paragraphe, les éléments suivants
doivent être décrits pour chacune des phases du projet :
- Le but de production ou l'objectif économique et la
clientèle visée par le projet;
- Le plan d'ensemble des composantes du projet, ou plan de
masse, à une échelle appropriée (incluant les voies
d'accès et de circulation, les structures et les bâtiments) ;
- Le site du projet et le statut juridique de ce terrain ;
- Les plans spécifiques des éléments de
conception du projet et si nécessaire un plan en perspective de
l'intégration de l'ensemble des composantes dans son environnement ;
- La description ou le plan des installations de chantier et
autres infrastructures temporaires (chemins d'accès, parcs pour la
machinerie, points de raccordement aux réseaux ou au milieu
récepteur, aires d'entreposage et d'expédition, installations
sanitaires, équipements de traitement des eaux et des boues,
hébergement du personnel, cantine, bureaux administratifs,
stationnements, etc.);
- La description des activités relatives à la
mise en place du projet, d'aménagement et de construction:
déboisement, défrichage, brûlage, enlèvement du sol
arable, forage, excavation, dynamitage, creusage, déblayage et
remblayage, franchissement de cours d'eau, utilisation de machinerie lourde,
utilisation d'herbicides et de pesticides, démolition ou
déplacement de bâtiments, etc. ;
- La description ou le plan des bâtiments et autres
structures permanentes, ainsi que les installations connexes (routières,
ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, amenées
d'énergie, prises d'eau, aires de réception, de manipulation et
d'entreposage, etc.) ;
- La durée de vie du projet et l'engagement à
préparer les plans de fermeture des installations, quelques
années avant la cessation des activités ;
- Le calendrier de réalisation selon les
différentes phases, la main-d'oeuvre requise, les horaires de travail et
les phases futures de développement.
II.2.3.2.2 Les ressources à
utiliser
Les informations sur les différentes ressources qui
seront utilisées dans la cadre du projet doivent être fournies. Il
s'agit :
- Des matières premières, additifs et
matériaux qui seront utilisés (provenance, quantité,
caractéristiques, entreposage, transport, etc.) ;
- Des ressources naturelles, renouvelables ou non, tels que
les sols ou les ressources géologiques, les eaux (collecte,
contrôle, dérivation, confinement), les bois et les ressources
biologiques, etc.
- Des ressources humaines (mode de recrutement, main d'oeuvre
requise, nombre de personnel, qualifications, hébergement, mode
d'approvisionnement sur les lieux d'hébergement et de travail, etc.);
- Les besoins énergétiques, les types
d'énergies à utiliser et leurs sources ;
- Les ressources financières du projet (sources,
montants, partenaires et leurs proportions de financement).
II.2.3.2.3 Les modes d'exploitation et de
traitement
Les différents éléments suivant doivent
être décrits dans ce paragraphe :
- Les produits et sous-produits attendus comme objectifs du
projet ;
- Les procédés d'exploitation et de traitement,
les équipements utilisés ainsi que les schémas de
procédé ;
- Les mesures d'utilisation rationnelle et de conservation des
ressources (réduction à la source, amélioration de
l'efficacité d'utilisation et application des technologies de
valorisation : réemploi, recyclage, compostage, etc.) ;
- Les modalités et les mesures de protection des sols,
des eaux de surface et souterraines, de l'atmosphère et de la faune
(abat poussières, bassins de rétention, confinement, etc.),
incluant les mesures temporaires ;
- Les bilans de masse des principales étapes de
production et d'exploitation.
II.2.3.2.4 Les pollutions et nuisances potentielles
directement liées au projet
Les différents éléments suivants pouvant
affecté l'environnement doivent être décrits :
- Les émissions dans l'atmosphère et les odeurs
;
- Les bruits et vibrations ;
- Le déversement de polluants dans les eaux
superficielles et souterraines (quantité et caractéristiques
physico-chimiques et biologiques, modes de traitement et de gestion,
localisation précise de leurs points de rejet) ;
- L'introduction ou l'injection de substances dans le sol ;
- Les résidus, déchets et eaux usées
produits (quantité et nature, utilisation en rapport avec les
activités du projet, modes de gestion et de traitement, lieux et modes
d'élimination, raccordement à des systèmes
d'assainissement adéquats, destination finale des déblais et
décombres, etc.).
II.2.4 cadres juridique et institutionnel de l'EIE du
projet
II.2.4.1 Cadre juridique
Le promoteur a obligation de se conformer aux exigences
légales et réglementaires en matière
d'environnement en vigueur au Cameroun qui s'appliquent aux
différents aspects du projet et celles
réglementant l'EIE. De même, les conventions
internationales de portée environnementale ratifiées par
le Cameroun et qui concernent les activités du projet
doivent être prises en compte par le promoteur. La liste
de ces principaux textes nationaux et internationaux
considérés doit être fournie dans le rapport d'EIE
en ressortant à chaque fois les dispositions
pertinentes et leurs liens avec le projet.
II.2.4.2 Cadre institutionnel
L'étude d'impact doit identifier les acteurs
institutionnels de premier ordre dont les missions s'étendent sur le
projet et veiller à leur implication dans le processus de l'étude
ainsi qu'à la prise en compte de leurs préoccupations. L'EIE doit
se conformer aux différentes exigences des institutions nationales en
matière de gestion de l'environnement et des institutions des secteurs
d'activités du projet. Ces différentes institutions
impliquées dans l'évaluation environnementale et la mise en
oeuvre du projet doivent être présentées ainsi que leurs
liens avec le projet sujet à l'étude d'impact environnemental.
II.2.4.3 Normes
Le projet envisagé devra démontrer qu'il
respectera les normes environnementales de référence en vigueur.
A défaut de normes nationales, le promoteur se référera
aux normes établies, reconnues ou recommandées en la
matière par les organismes internationaux de référence
(Banque Mondiale, Organisation Mondiale de la Santé,
Société Financière Internationale, etc.). Dans le cas
où plusieurs normes seraient disponibles, les critères de choix
des normes retenues devront être inclus dans l'étude.
II.2.5 Description de l'état initial de
l'environnement
La description de l'état initial de l'environnement est
essentielle à l'analyse environnementale pour obtenir une connaissance
adéquate des composantes du milieu d'insertion du projet. Cette section
de l'étude d'impact comprend la délimitation d'une zone
d'étude et la description des composantes des milieux biophysique,
socio-économique et humain pertinentes au projet, telles qu'elles sont
avant l'implantation du projet. Elle permettra:
- D'avoir un aperçu de la situation initiale de la zone
d'étude sur le plan écologique, socioéconomique et
culturel ;
- D'identifier à l'intérieur de la zone
d'étude les composantes susceptibles d'être touchées par le
projet, et en particulier les composantes qui sont à la source des
préoccupations environnementales majeures (zones sensibles, zones
à écologie fragile, etc.) définies lors de la
présentation du contexte et de la justification du projet. Il s'agira
donc des éléments dits Eléments Valorisés de
l'Environnement (EVE) ;
- De mieux saisir les interactions entre les composantes du
milieu physique et celles des milieux biologique et humain ;
- De mieux comprendre la dynamique des
écosystèmes qui seront influencés par le projet ;
- De déterminer les potentiels aussi bien
écologiques qu'économiques des composantes, afin de pouvoir
exprimer les tendances observées en termes de leur
intégrité et de cerner tous les effets directs ou indirects du
projet ;
- De déterminer la situation de référence
à partir de laquelle les effets du projet seront appréciés
sur toutes les composantes de l'environnement après sa fermeture.
II.2.5.1 Délimitation de la zone
d'étude
L'étude d'impact doit définir et justifier les
limites de la zone d'étude qui correspond en quelque sorte à la
zone d'influence du projet. Cette zone peut être composée de
l'ensemble des aires délimitées selon les impacts
étudiés et circonscrire l'ensemble des effets directs et
indirects du projet sur les milieux biophysique et humain. Elle doit aussi
inclure toutes les portions du territoire qui peuvent être
touchées par le projet et ses activités connexes (ex. : routes
d'accès au site, sites d'approvisionnement en matériaux, ligne de
transport d'énergie, etc.). Ces limites doivent, dans la mesure du
possible, être cartographiées dans le but de faciliter leur
perception.
II.2.5.2 Description des composantes pertinentes de
l'environnement
L'étude d'impact décrit l'état initial de
l'environnement, c'est-à-dire l'environnement de la zone d'étude
tel qu'il se présente avant la réalisation du projet. A l'aide
d'une analyse documentaire et des études de terrain, elle doit
décrire de la façon la plus factuelle possible les composantes
des milieux biophysique et humain susceptibles d'être impactées
par la réalisation du projet.
La collecte de toutes les informations utiles sur le milieu
récepteur doit s'appuyer sur les études antérieures
menées dans la zone et les études de base disponibles
auprès des institutions gouvernementales, des structures de recherche ou
d'archivage, les organisations non gouvernementales ou privées, des
organismes internationaux, etc. Des enquêtes, des observations de terrain
ou des inventaires tant qualitatifs que quantitatifs sont requis afin de
combler les lacunes de connaissances sur ces composantes pertinentes du milieu.
Ces descentes de terrain nécessitent l'intervention d'une équipe
multidisciplinaire et les méthodes utilisées doivent faire appel
à des techniques ou approches reconnues scientifiquement dans les
domaines concernés (ex. : choix des paramètres, des
méthodes d'échantillonnage, des méthodes d'analyse et des
périodes d'échantillonnage, etc.). La description du milieu doit
autant que possible exposer les relations et interactions entre les
différentes composantes du milieu, de façon à permettre de
délimiter les écosystèmes sensibles, à potentiel
élevé ou présentant un intérêt particulier.
Elle doit permettre de comprendre la présence et l'abondance des
espèces animales en fonction notamment de leur cycle vital, leurs gites,
leurs habitudes migratoires ou leur comportement alimentaire. Les inventaires
doivent également refléter les valeurs sociales, culturelles et
économiques relatives aux composantes décrites. La description de
l'état initial des composantes pertinentes de l'environnement se fera en
rapport avec les enjeux et préoccupations majeures déjà
identifiées, ainsi qu'avec les effets prévisibles du projet. Les
données générales de cette description doivent être
pertinentes, précises et concises de façon à assurer la
compréhension et l'analyse de l'évolution probable du site avec
l'implantation du projet. Les composantes suivantes de l'environnement doivent
être considérées dans cette description : l'environnement
physique ; l'environnement biologique ; L'environnement humain (social,
économique et culturel).
II.2.6 Consultation et information du public
La réglementation en vigueur en matière
d'étude d'impact amène le promoteur du projet à initier un
processus de communication, en cours d'étude, de manière à
informer et sensibiliser toutes les parties prenantes (autorités
administratives locales, autorités traditionnelles et religieuses,
leaders d'opinion, syndicats, ONG et populations locales) sur les
activités devant être menées lors de la mise en oeuvre du
projet. Ces parties prenantes doivent également être
informées des impacts potentiels du projet sur l'environnement et des
mesures qui seront prises pour les gérer. Ce processus doit aussi
permettre de recueillir les opinions, les appréhensions et les
propositions des parties intéressées de manière à
en tenir compte dans la conception du projet, dans la formulation des
conclusions de l'EIE et des mesures correctives nécessaires.
L'étude d'impact doit considérer les intérêts, les
valeurs et les préoccupations des populations locales et rendre compte
de leur implication dans le processus de planification du projet.
II.2.7 Analyse des impacts du projet
Cette partie porte sur l'identification et l'évaluation
des impacts potentiels du projet sur l'environnement. Elle vise à
proposer les mesures d'atténuation, de compensation ou de
prévention des impacts négatifs sur l'environnement et à
proposer des mesures de bonification des impacts positifs. L'identification des
impacts se base sur des faits appréhendés alors que leur
évaluation comporte un
jugement de valeur.
II.2.7.1 Identification des impacts potentiels du
projet
L'identification des impacts se fait par confrontation des
composantes du milieu récepteur aux activités de chaque phase du
projet. Ceci est généralement fait dans une matrice dans laquelle
pour chacune des interrelations entre les activités du projet et les
composantes pertinentes du milieu, tous les impacts probables négatifs
ou positifs sont identifiés. Ces impacts sont identifiés sur
chaque composante du milieu physique, puis du milieu biologique et du milieu
humain. Il est alors possible de décrire les sources d'impact directes
du projet sur le sol, l'air et l'eau, d'en déduire les impacts sur les
milieux biologique et humain découlant des modifications
appréhendées sur le milieu physique. L'Annexe 1.3 donne la liste
des principales menaces ou impacts potentiels des projets sur
l'environnement.
II.2.7.2 Evaluation des impacts
Cette étape porte sur l'évaluation des impacts
dans le but de déterminer si les impacts potentiels identifiés
sont suffisamment significatifs pour justifier l'application des mesures
d'atténuation, de surveillance et de suivi. L'évaluation se
réalise en prenant en compte des critères les plus objectifs
possibles qui conduiront à déterminer l'importance des
impacts.
L'évaluation de l'importance d'un impact dépend
d'abord de la composante affectée, c'est-à-dire de sa valeur
intrinsèque pour l'écosystème (sensibilité,
unicité, rareté, réversibilité), de même que
des valeurs sociales, culturelles, économiques et esthétiques
attribuées à ces composantes par la population. Ainsi, plus une
composante de l'écosystème est valorisée par la
population, plus l'impact sur cette composante risque d'être important.
Les préoccupations fondamentales de la population, notamment lorsque des
éléments du projet constituent un danger pour la santé, la
sécurité ou présentent une menace pour les sites
historiques et archéologiques, influencent également cette
évaluation. L'évaluation de l'importance d'un impact
dépend aussi de l'intensité du changement subi par les
composantes environnementales affectées. Ainsi, plus un impact est
étendu, fréquent, durable ou intense, plus il sera important.
L'étude doit décrire la méthodologie
utilisée pour évaluer les impacts. Les méthodes,
techniques et critères utilisés doivent être suffisamment
explicites, objectifs et reproductibles pour permettre au lecteur de suivre
facilement le raisonnement utilisé par le promoteur pour classifier les
impacts selon divers niveaux d'importance.
L'étude présente un outil de contrôle pour
mettre en relation les activités du projet et la présence des
ouvrages avec les composantes du milieu. Il peut s'agir de tableaux
synoptiques, de grille d'évaluation, de listes de vérification ou
de fiches d'impact. Des critères tels que ceux présentés
ci-dessous peuvent aider à évaluer l'importance des impacts
potentiels :
- La nature de l'impact qui peut être positif ou
négatif ;
- L'intensité ou l'ampleur de l'impact relatif au
degré de perturbation du milieu, de la sensibilité, de la
vulnérabilité, de l'unicité ou de la rareté de la
composante affectée ;
- L'étendue ou la portée de l'impact liée
à la dimension spatiale telle que la longueur ou la superficie
affectée;
- La durée de l'impact : aspect temporel ;
- Le caractère cumulatif de l'impact ;
- La réversibilité de l'impact indiquant son
caractère réversible ou irréversible ;
- La fréquence de l'impact et la probabilité que
l'impact se produise : caractère intermittent, occasionnel ;
- La valeur de la composante pour les concernés
(population potentiellement affectée) ;
- Les risques pour la santé, la sécurité
et le bien-être de la population ;
- L'effet d'entraînement : lien entre la composante
affectée et d'autres composantes.
II.2.7.3 Mesures d'atténuation des impacts
négatifs et de bonification des impacts positifs
Il est question de présenter les actions ou les mesures
appropriées à mettre en oeuvre pour prévenir, supprimer ou
réduire les impacts négatifs, ou bien pour accroître les
bénéfices des impacts positifs sur l'environnement. Ces mesures
d'atténuation des impacts potentiels négatifs peuvent être
selon le cas proposées par phase d'activité, par source
d'impacts, par action ou activité qui a une incidence négative
sur une ou plusieurs composantes de l'environnement. L'étude devra
préciser pour chacun de ces impacts les actions, ouvrages, dispositifs
ou correctifs prévus aux différentes phases du projet.
A défaut de pouvoir réduire ou supprimer les
impacts négatifs par les mesures d'atténuation, l'étude
doit proposer des mesures de compensation pour le milieu biotique et pour les
citoyens et les communautés touchés comme par exemple le
dédommagement des personnes expropriées ou des biens mis en cause
par la réalisation du projet. Selon l'ampleur des compensations, elles
peuvent faire l'objet d'un plan spécifique qui fait partie
intégrante du plan de gestion environnemental. De même,
l'étude doit présenter les impacts résiduels
c'est-à-dire les impacts qui subsisteront après l'application des
mesures d'atténuation. Ces impacts générés par le
projet devront faire l'objet d'un programme de suivi environnemental à
produire dans l'EIE.
II.2.8 Plan de gestion environnementale
II.2.8.1 Plan de mise en oeuvre des Mesures
proposées
L'EIE doit déboucher sur la production d'un Plan de
Gestion Environnementale (PGE) qui comprendra le plan de mise en oeuvre des
mesures proposées, déterminera les responsabilités pour
leur mise en oeuvre et estimera les coûts nécessaires à
l'application de ces mesures. Ce plan de mise en oeuvre des mesures
établit notamment un chronogramme pour l'application des
différentes mesures proposées ; décrit les moyens
techniques, les équipements, les installations et les modalités
nécessaires ; propose les différents responsables des questions
environnementales que le promoteur devrait désigner si la planification
initiale du projet ne le prévoyait pas. A cet effet, il est
indispensable que la structure dispose en son sein d'un responsable
environnemental chargé de la mise en oeuvre du PGE. Les
différents coûts associés à la mise en oeuvre des
mesures d'atténuation et de compensation doivent y être
estimés et présentés.
II.2.8.2 Surveillance et suivi
environnemental
Conformément au décret n° 2005/0577/PM du 23
février 2005 (article 18), tout projet ayant fait l'objet d'une EIE doit
être soumis à la surveillance administrative et technique, et au
suivi environnemental durant toutes les phases de sa mise en oeuvre et, le cas
échéant, après sa fermeture. La surveillance consiste
à s'assurer que le promoteur respecte ses engagements et ses obligations
de prise en compte de l'environnement et d'application des mesures
d'atténuation des impacts négatifs requises pendant toute la
durée du projet. Le plan de surveillance doit comporter entre autres
:
- La liste des exigences et des obligations légales et
réglementaires de prise en compte de l'environnement pour la
réalisation du projet ;
- La description de l'ensemble des mesures et moyens
destinés à protéger l'environnement ;
- Les engagements pris par le promoteur pour l'application des
mesures d'atténuation et de compensation des impacts négatifs du
projet ;
- Le chronogramme ou l'échéancier de mise en
oeuvre de ces mesures ;
- Les mécanismes et la fréquence d'envoi des
rapports périodiques sur les résultats des programmes de
surveillance et de suivi aux autorités compétentes
(Ministère chargé de l'Environnement et ministères
sectoriels concernés).
Le suivi quant à lui consiste à suivre
l'évolution de certaines composantes de l'environnement biophysique et
humain affectées par la réalisation du projet. Cette
activité vise à vérifier l'efficacité des mesures
d'atténuation préconisées et la performance
environnementale du projet.
Le plan de suivi environnemental doit comporter entre autres
:
- L'identification des actions et composantes devant faire
l'objet d'un suivi;
- La description des activités et moyens prévus
pour suivre les effets réels du projet sur les composantes de
l'environnement les plus sensibles ;
- Les méthodes d'échantillonnage et d'analyse
requises ;
- Le chronogramme de mise en oeuvre des mesures de suivi ;
- L'ensemble des mesures et moyens pour faire face aux
circonstances imprévues et apporter les changements appropriés
;
- Les responsables, mécanismes et la fréquence
d'exécution et de diffusion des résultats du plan de suivi
environnemental.
Le suivi environnemental, ainsi que la surveillance
administrative et technique du Ministère en charge de l'environnement et
de l'Administration compétente qui portent essentiellement sur la
performance environnementale du projet et la mise en oeuvre effective du PGE,
font l'objet d'un rapport conjoint de ces deux institutions.
II.2.8.3 Participation du public dans la mise en
oeuvre du PGE
Tout comme lors de la réalisation de l'EIE, une
approche participative permettra d'assurer une meilleure insertion sociale du
projet par la mise en oeuvre effective et efficace des mesures proposées
dans le PGE. L'expérience montre que les populations locales ont une
connaissance empirique et concrète de leur milieu de vie et leur
implication dans la définition et l'application des mesures
d'atténuation est généralement bénéfique.
Leur consultation, leur sensibilisation et leur implication active peut
permettre de trouver des solutions novatrices susceptibles d'améliorer
les performances environnementales du projet. De même, l'implication des
populations et organisations locales dans la mise en oeuvre du PGE peut
permettre d'éviter des conflits et des revendications qui pourraient
naître du peu d'intérêt accordé par ces parties
prenantes à cette activité.
II.2.8.4 Etude de risques et Plan des Mesures
d'Urgence
Suivant la législation camerounaise, l'étude de
risques ou de dangers et le Plan des Mesures d'Urgence relèvent des
textes sur les établissements classés dangereux, insalubres ou
incommodes. Néanmoins, selon la spécificité des projets,
particulièrement pour les projets industriels et d'infrastructures
lourdes dont la réalisation pourrait comporter des risques importants
d'accidents technologiques et autres dangers pour l'environnement ou la
santé publique, l'EIE peut intégrer l'étude de risques et
présenter le Plan de Mesures d'Urgence y relatif. Dans ce cas,
l'étude d'impact doit identifier tous ces risques et dangers pour
l'environnement et la sante publique, en fournir une analyse appropriée
et présenter un plan de mesures de sécurité et d'urgence
pertinentes. Ces mesures seront à appliquer aussi bien pour la
protection des populations environnantes que pour la sécurité des
travailleurs du projet et des zones à risques identifiées.
II.2.9Annexes
Suivant la législation en vigueur et comme il est
d'usage, les annexes au rapport d'EIE doivent au moins comprendre :
- les TDR approuvés de l'étude ;
- les Procès-verbaux des réunions avec les
différentes parties prenantes ;
- les listes de présence à ces réunions
et/ou la liste des personnes consultées.
Conclusion
Comme on peut le constater le souci de préserver
l'environnement et d'inscrire le Cameroun dans la logique de
développement durable est un enjeu capital pour le gouvernement
camerounais à l'heure actuelle. Cela se traduit concrètement par
l'obligation d'une étude d'impact environnemental et social pour les
projets de grande envergure. cette étude est encadrée par
plusieurs traités et conventions internationaux en la matière et
certaines normes législatives et réglementaires au niveau
national. Mais ces normes et traités n'auraient sans doute eu aucune
force s'il n y avait une institution majeure devant veiller à leur
application scrupuleuse. Tel est la mission assignée au MINEPDED.
Cependant suite à la qualité déplorable des EIE et
à la mauvaise interprétation des textes dont était sujette
ces études au Cameroun depuis quelques années, l'ex MINEP a
adopté en 2008 un canevas unique de réalisation d'EIES au
Cameroun. Ce guide précise à la fois la procédure et la
démarche d'élaboration d'une EIES, mais aussi le contenu et la
structure du rapport d'EIES au Cameroun. Il met en exergue de ce fait le
caractère méticuleux, global et participatif de la
méthodologie de l'EIES au Cameroun. Elle prend en considération
aussi bien les impacts sur les différentes composantes de
l'environnement et les impacts sociaux à chaque phase du projet et
propose des mesures d'atténuation ou des variantes. Ce faisant la
structure en charge de l'EIES d'un projet doit travailler en étroite
collaboration avec la population locale du site d'installation tant au niveau
de l'évaluation de l'impact qu'au niveau des mesures
d'atténuation. Cette méthode dite participative vise
l'acceptation et la reconnaissance des populations locales dans le projet.
Conclusion première partie
En définitive, la question environnementale taraude
depuis plusieurs décennies économistes et écologistes. Le
soucie majeur étant de vouloir internaliser les externalités des
agents économiques. Cela a donné naissance à un nouveau
modèle de gouvernance à savoir le développement durable.
L'épuisement des ressources naturelles (rapport Meadows) et la
responsabilisation des actes humains (problèmes écologiques dus
à l'effet de serre et à la déforestation) sont venus
modifier notre perception du progrès économique et social. Le
développement durable leur a associé une condition
supplémentaire : la satisfaction des besoins présents ne doit pas
se faire au détriment des besoins futurs. Croissance et
développement économique doivent ainsi respecter un
équilibre intergénérationnel. Ainsi lors du somment de Rio
en 1992, un ensemble de principe : agenda 21 ont été retenus
afin d'inscrire les pays dans un processus de protection de l'environnement et
de développement durable. Ayant pris conscience des enjeux
environnementaux, le Cameroun a crée un cadre institutionnel devant
veiller au respect des normes environnementales : le MINEPDED. Mais de
façon concrète l'engagement du Cameroun dans un processus de
développement durable et de protection de l'environnement est
matérialisé par l'adoption de la Loi n°96/012 du 05
août 1996 portant loi-cadre relative à l'environnement dans la
mise en oeuvre des projets de développement. Cette loi exige une
étude d'impact environnemental et social pour des projets qui en raison
de leur dimension peuvent porter atteinte à l'environnement ; afin
de limiter les impacts négatifs desdits projets sur l'environnement et
les populations. Cette étude est encadrée par un ensemble de
textes tant internationaux que nationaux et est sous la tutelle du MINEPDED.
Autrefois sans canevas approprié, les EIES au Cameroun suivent
dorénavant(depuis 2008) un canevas précis :
« guide de réalisation et d'évaluation des
études d'impact environnemental au Cameroun » unique tel que
définit par le MINEPDED. Ce guide précise à la fois la
procédure et la démarche d'élaboration d'une EIES, mais
aussi le contenu et la structure du rapport d'EIES au Cameroun. C'est ainsi que
plusieurs projets notamment des projets structurants ont fait l'objet d'EIES au
Cameroun ces dernières années. On peut citer entre autre :
le projet de construction du port en eau profonde de Kribi ; les projets
de construction des barrages de Lom Pangar, Memve'le, Mekin, le projet de
construction de l'autoroute Douala-Yaoundé. Le projet de la centrale
à gaz de Kribi s'inscrivant dans ce type de projet(structurant), il
convient dès lors de s'intéresser aux impacts environnementaux et
sociaux qu'il risque provoquer dans son site d'installation.
Deuxième partie : Approche Empirique : le
projet de la centrale à gaz de Kribi de 216 MW et la ligne de transport
de 215Kv
Afin de pallier au déficit énergétique au
Cameroun qui sévit à l'heure actuelle au Cameroun et de
répondre à une demande sans cesse croissante en énergie
électrique de l'ordre de 5% par an , les autorités
compétentes ont adoptés plusieurs projets dans le domaine
à l'instar des barrages hydroélectriques de Memve'le, Lom pangar,
Mekin...Ainsi que la construction de plusieurs centrales. Cependant
malgré tout le bienfondé de ces projets dits structurants,
ceux-ci peuvent porter gravement atteinte à l'environnement. Ainsi il
paraît judicieux d'évaluation les différents impacts
environnementaux et sociaux et de proposer les mesures d'atténuation
avant la réalisation éventuelle de ces projets.
Le projet de construction de la centrale à gaz de Kribi
s'inscrit dans cette catégorie de projet, il parait judicieux de prendre
en considération les impacts environnementaux et sociaux (chapitre I) et
de voir si cette prise en compte est suffisante (chapitre II).
Chapitre III : Présentation du projet et de ses
externalités
En vue de répondre à une demande
d'énergie électrique sans cesse croissante de l'ordre de 5% par
an et de renforcer la sécurité du réseau électrique
dans la Southern Interconnected Grid (SIG) en attendant la mise en oeuvre
prochaine des barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Mekin, Memve'le,
le gouvernement du Cameroun en partenariat avec AES SONEL et plusieurs autres
institutions à l'instar de la Banque Mondiale, la BAD, la SFI a
lancé le projet de construction d'une centrale à gaz à
Kribi d'une capacité de production de 216 MW et d'une ligne de transport
de 225 KV pour un cout total de 173.2 milliards de FCFA. AES SONEL et l'Etat du
Cameroun n'injecteront que 42.7 milliards F Cfa de fonds propres. Le reste
viendra d'un prêt de 130,5 milliards FCFA consentis par des partenaires
nationaux et internationaux du Cameroun. Soit 40 milliards par des banques
locales (Standard Chartered, Bicec, Scb et Sgbc), et 90,5 milliards par cinq
autres institutions internationales (Bad, Bdeac, Fmo, Proparco et Ifc).
Des prêts consentis pour une durée de 14 ans,
au-delà de ce qui est traditionnellement accordé. Ceux-ci sont
garantis par la Banque Mondiale ce qui permet dans tous les cas de figure aux
banquiers de se faire rembourser. Aussi l'Etat a pris l'engagement de racheter
le prêt des banques locales pour 7 ans si jamais celles-ci ne pouvaient
plus aller jusqu'à 14 ans. Cela va permettre d'éviter que les
tarifs d'électricité qui sont appliqués derrière ne
soient très élevés. Car, si vous devez rembourser une
dette sur une période très courte, vous devez également
charger le tarif d'électricité pour pouvoir garantir la
rentabilité aux actionnaires et rembourser cette dette.
Section I : Description du projet et présentation
du site d'installation
I.1
Description du projet
Le projet de la centrale de Kribi comprendra :
· la centrale électrique à
proprement parler - construction sur le site de Mpolongwe d'une
centrale électrique d'une puissance de 216 MW alimentée au gaz
naturel
· des installations de transport
d'électricité - construction d'installations de
transport d''électricité comprenant :
i) un poste d'élévateurs (11 à 225 kV)
sur le site de la centrale à Mpolongwe ;
ii) une ligne de transport à double circuit de 225 kV,
d'environ 100 km de long, entre la centrale et la sous-station de 225/90 kV de
Mangombe, à Edéa ;
iii) le raccordement de la ligne de transport au niveau de la
sous-station Mangombe, accompagné de l'installation de nouveaux segments
de ligne de 225 kV.
La durée prévisionnelle de vie de la centrale
est de 25 ans.
I.1.1 La centrale électrique
I.1.1.1 Le site
La centrale envisagée sera implantée à
Mpolongwe. Cette zone est située à 9 km environ au nord de Kribi
et elle est adjacente à la route principale, à une distance
d'à peu près 1 km de la côte. La centrale à
proprement parler s'étendra sur 4 ha environ, à
l'intérieur d'une superficie totale de 16 ha, ce qui permettra
d'aménager également un baraquement de chantier pour le projet.
Un bâtiment à usage de bureaux, des aménagements sociaux,
des ateliers et des magasins seront également construits sur le site de
la centrale.
Le site de la centrale est situé principalement en zone
de forêt secondaire. À ses abords, côté ouest, dans
l'emprise d'une ancienne ligne électrique de 90 km de long, on trouve
également quelques maisons de pêcheurs qui abritent trois
familles. Il est arrosé par le fleuve Mpolongwe et deux de ses
affluents. Ceux-ci sont pérennes et alimentent les populations locales.
Le gouvernement a autorisé AES SONEL à utiliser ce terrain
dépourvu de titre foncier, en vertu d'un Décret sur le service
public signé en août 2005.
I.1.1.2 Équipement de la centrale
électrique
La centrale électrique telle que conçue,
comprend 9 turbines à gaz à cycle simple installées, et
c'est sur cette donnée que repose la présente étude. Les
turbines seront munies chacune d'une cheminée d'environ 20 m de haut
pour les émissions, et d'un système de refroidissement par
liquide ou par air à circuit fermé. Ces circuits ne
nécessiteront donc que de l'eau d'appoint. La demande totale en eau pour
les opérations de traitement est estimée à seulement 2
à 3 m3 environ par mois. L'eau de traitement du
système peut provenir soit des ruisseaux proches du site, soit de
forages réalisés sur le site.
La centrale électrique sera alimentée au gaz
traité, transporté de l'installation de traitement centrale (CPF)
à Eboudawé pour être transformé en
électricité. Le transport s'effectuera par gazoduc de la CPF
à la centrale électrique de Mpolongwe. Étant donné
qu'il n'est pas prévu de stockage de gaz sur le site, les turbines
seront à double combustion (gaz et diesel) afin d'éviter une
interruption d'alimentation électrique si le gaz venait à
manquer. La capacité des réservoirs de diesel
sur place sera d'environ 2000 m3. Ceci sera suffisant pour faire
tourner la centrale à plein régime 7 jours sur 8. La centrale ne
devrait pas tourner de façon continue au diesel pendant plus de 8 jours
par an, avec un facteur de charge maximale de 30 %.
I.1.1.3 Poste d'élévateurs et demande
locale d'approvisionnement en d'énergie
L'électricité sera transportée hors du
site via une nouvelle ligne en circuit double de 225 kV. Un poste
d'élévateurs sera construit pour raccorder la ligne de transport.
Au poste de Mangombe, à Edéa, de nouveaux segments de ligne de
225 kV en double circuit seront rajoutés pour permettre de raccorder la
nouvelle ligne à l'ancien réseau de distribution.
Figure1 : Maquette centrale à gaz
de Kribi
Source : AES SONEL
I.1.2 La ligne de transport
La longueur totale de la ligne de transport sera de 99,5 km.
Elle sera construite dans un couloir (emprise) de 30 m de large,
c'est-à-dire 15 m de chaque côté de l'axe de la ligne. Des
pylônes seront implantés le long de la ligne, à une
distance nominale de 350 m l'un de l'autre, ce qui donnera près de 285
pylônes au total. Ils auront environ 40 m de haut et la ligne sera
à double circuit. Il existe déjà une ligne de transport de
90 kV, entre Edéa et Kribi. La nouvelle ligne suivra le tracé de
cette route générale sur près de 90 % de la distance mais
elle lui sera véritablement parallèle sur 40 % de cette distance.
Étant donné que l'ancienne et la nouvelle lignes suivent
également le tracé de la route principale, l'accès au
couloir de la ligne devrait se gérer sans mal. Seules quelques nouvelles
pistes d'accès de courte distance seront requises pour permettre
l'accès aux pylônes pendant les travaux de construction.
La route choisie traverse une forêt tropicale secondaire
sur environ 30 à 40 % de sa longueur, des friches sur 40-50 %, et des
plantations de cultures vivrières sur près de 20 %. Dans la zone,
les habitations sont éparses et cette route a été choisie
afin de contourner autant que possible les villages et les zones
forestières. Vingt-cinq villages ont été
répertoriés le long de la route.
Il y a lieu de souligner que le projet se limite à
l'installation d'une centrale électrique et d'une ligne de 225 kV. Il ne
comprend pas la distribution d'électricité aux communautés
locales. Le transport de l'électricité de cette ligne haute
tension aux villages de la zone du projet n'est pas pratique et n'entre pas
dans le cadre de la présente évaluation, bien que la question de
l'alimentation en électricité soit cruciale pour ces
communautés.
La majorité des villages affectés sont
déjà alimentés en électricité et AES SONEL
élabore actuellement, dans le cadre de l'accord de concession, un
programme distinct pour l'augmentation du nombre d'abonnés (près
50 000 par an). La majorité de la population bénéficiera
de ce programme qui prévoit la construction par AES SONEL de nouvelles
lignes de 30 kV à partir de l'ancienne ligne de 90 kV.
Dans la zone du projet, la disponibilité de
l'électricité et son utilisation sont très variées.
Un grand nombre de villageois ont accès à
l'électricité bien que toutes les habitations ne soient pas
raccordées au réseau électrique. Selon l'enquête et
des observations effectuées sur le terrain, la majorité des
villages ont la capacité d'accéder à
l'électricité. Autrement dit, soit que le dispositif technique
pour se connecter aux pylônes existe mais faute de moyens pour payer les
factures, de nombreux ménages ne peuvent s'abonner à
l'électricité, soit que les pylônes disponibles sont
irréparables et par conséquent déconnectés du
réseau national. Parfois, certains ménages nantis ont leur propre
groupe électrogène, ce qui les rend indépendants des
sources locales d'alimentation en électricité. Le village de
Dehane lui n'a pas de capacité d'accès à
l'électricité.
I.1.3 Les variantes du projet
Elles concernent aussi bien la centrale ; le site du
projet que la ligne de transport.
I.1.3.1 La centrale
En 2005, Power Planning Associates a réalisé une
étude indépendante sur les choix possibles concernant la
centrale. Cette étude, qui comprenait une évaluation d'autres
options d'emplacement, de type de centrale et de combustible, a conclu que
l'option d'une centrale à gaz naturel avec turbines à gaz
à cycle simple, qui serait implantée dans la région de
Kribi, était la meilleure de toutes.
I.1.3.2 Le site de la centrale
Suite à la décision initiale d'implanter une
centrale à gaz près de Kribi, cinq sites potentiels d'accueil ont
été étudiés, en termes notamment de : taille,
planéité, qualité du sol, routes d'accès,
disponibilité d'eau douce, utilisation des terres, etc. L'étude a
conclu que Mpolongwe 1 répondait le mieux aux attentes.
I.1.3.3 La ligne de transport
Le tracé de la ligne de transport a également
fait l'objet d'évaluation. Les déviations de la route ont
été étudiées par rapport aux maisons, plantations
et terres arables existantes, afin de réduire au minimum les
désagréments pouvant découler de la trajectoire. Les
options de circuit simple et double ont également été
analysées et la seconde, retenue, car bien qu'étant plus
chère que la première, elle garantit une sécurité
d'alimentation et offre des possibilités d'extension à
l'avenir.
I.2
Description de l'environnement du projet
I.2.1 Topographie
La zone du projet à proprement parler est blottie dans
des collines de basse terre, au milieu d'un paysage rural
caractérisé par une forêt pluvieuse secondaire et des
parcelles irrégulières de cultures. Côté
topographie, c'est une zone de terrains très ondulés ou de
monticules et de vallées peu profondes. Le site de la centrale se trouve
à 10-20 m environ au-dessus du niveau de la mer, tandis que la
totalité des 100 km de la ligne de transport sont dans l'ensemble
à 100 m au-dessus du niveau de la mer. Sur la trajectoire de la ligne de
transport, il y a des villages et, partant, des terrains
défrichés. Ceci dit, le paysage de la zone est
caractérisé essentiellement par une végétation de
forêt naturelle.
I.2.2 Climat
Toute la zone du projet se trouve dans la région
équatoriale du Cameroun, caractérisée par des forêts
primaires et secondaires, avec des températures moyennes d'environ
28°C et un taux d'humidité compris entre 60 et 100 %. De
façon générale, le climat comprend une saison sèche
qui va de novembre à peu près à mars, de fines pluies
d'avril à mai, et une saison pluvieuse de juin à octobre. La
pluviométrie dans la région est généralement forte
avec des précipitations annuelles atteignant 3000 mm environ en moyenne.
I.2.3 Géologie et sols
Dans la zone du projet, la roche dominante est le gneiss. Les
sols sont généralement profonds, composés de
matériaux fortement altérés avec des surfaces sableuses
devenant argileuses au fur et à mesure qu'on descend en profondeur. Les
sols sont physiquement stables et bien structurés, visiblement bien
drainés et très perméables dans l'ensemble. Ils sont
pauvres, avec une faible teneur en pH, en substances nutritives et un faible
pouvoir d'échange cationique. Du fait de leur pauvreté en
nutriments, ces sols sont généralement utilisés pour la
culture itinérante et ont besoin, pour une agriculture permanente, d'un
apport d'engrais artificiels. Les vocations des sols sont donc
limitées.
I.2.4 Hydrologie et hydrogéologie
Comme souligné plus haut, la zone est composée
essentiellement de terres basses légèrement ondulées,
coupées en deux par une multitude de petits ruisseaux et
rivières. Sur la ceinture côtière, les sols sont en partie
sableux et très perméables. Le bas niveau des terres et la
perméabilité des sols, le réseau hydrographique et la
forte pluviométrie dans la zone font conclure à l'existence de
nappes phréatiques peu profondes. Les données sur les forages
existant sur le site de la centrale révèlent la présence
d'eaux souterraines à environ 8 m de profondeur, bien que
l'étendue de la nappe puisse varier d'une saison à une autre, en
fonction des pluies.
I.2.5 Utilisation des terres
Le site de la centrale et les terrains le long de l'emprise de
la ligne de transport sont essentiellement couverts de forêt. Cette
couverture forestière porte la marque de l'activité humaine
(défrichage ou défrichage par endroits) à des
degrés divers et comprend une forêt pluviale secondaire. La terre
est également utilisée pour la culture vivrière, de
petites étendues de clairières étant consacrées aux
plantations de bananiers, de palmiers, de manioc et autres cultures
essentielles. À l'intérieur du site de la centrale, on pouvait
voir une petite étendue de terre défrichée pour
l'agriculture et, autour des villages situés le long de l'emprise de la
ligne de transport, les zones de clairière sont nombreuses. Selon les
estimations initiales, près de 80 % de l'étendue du site du
projet se trouve dans une zone de forêt pluviale secondaire, le reste
étant des terres défrichées consacrées
essentiellement à l'agriculture. La principale exception au milieu de ce
panorama de cultures vivrières est une vaste palmeraie commerciale
qu'exploite Ferme Suisse à 35 km environ au Sud d'Edéa. À
la lisière d'Edéa, les terres servent essentiellement à
l'agriculture, les forêts étant défrichées de
façon générale pour des cultures vivrières à
petite échelle et des plantations par intermittence.
I.2.6 Biodiversité
Le site de la centrale couvre une superficie
de 16 ha comprenant des terres broussailleuses récemment mises en
jachère, d'anciennes terres en jachère et des lopins de
forêt perturbée. Une infime partie du site est consacrée
à des cultures, telles que la banane et le manioc. Les zones de friche
sont généralement couvertes d'une végétation
pionnière sans grande valeur, en termes de protection. Il existe des
lopins de forêt naturelle fortement dérangés mais qui
conservent néanmoins une certaine valeur écologique. Ce sont des
habitats de plantes rares et de petits animaux, mais ils sont sans grand
intérêt pour les espèces sauvages de plus grande taille.
Dans la zone d'échantillonnage, l'on a répertorié en tout
499 arbres de diamètre supérieur à 10 cm pour un total de
94 espèces. Coelocaryon preusii est l'espèce la plus
répandue avec un total de 53 pieds. Les autres espèces en
abondance étaient le Tabernaemontana crassa, le Santiria
trimera, l'Anthonotha macrophylla et le Dichostemma
glaucescens. Outre les espèces répertoriées à
l'intérieur des parcelles, il y en avait d'autres de moins de 10 cm de
diamètre, à savoir : le Rinorea verrucosa, le
Rinnorea longisepala et le Rinorea mezilii.
La ligne de transport traversera plusieurs
types d'habitats, surtout les suivants : une forêt riveraine
perturbée, une forêt marécageuse dérangée,
une forêt de raphia perturbée, des friches de différents
âges et un peuplement mûr sur un sol rocheux. Il est ressorti des
études écologiques de base réalisées, qu'en
dépit de l'intensité de la dégradation, certains grands
arbres ont résisté, comme par exemple l'Antrocaryon micraster
et le Hallea ciliata. Certaines étendues sont encore
suffisamment boisées et ont une flore abondante. Ces lopins de
forêt abritent toujours quelques espèces très
protégées, telles que le Cola hypochrysea et le Cola
filicifolia, et de nombreuses espèces de la famille des rinorea.
Ces deux parcelles de terre sont une démonstration de la meilleure
structure de forêt naturelle qui subsiste dans la zone d'étude.
L'Antrocaryon micraster avec ses 119 cm de diamètre, est le
plus gros arbre qui ait été identifié.
L'Allexis caulliflora, le Rinorea kamerunensis,
le Podococcus barteri, sont des plantes de taille plus petite,
ayant moins de 10 cm de diamètre, mais qui sont précieux du point
de vue de la conservation de la nature.
L'on a répertorié en tout 150 espèces de
plus de 10 cm diamètre, 94 à l'intérieur du site de la
centrale et 114 le long de la ligne de transport, et certaines aux deux
endroits.
Les principaux groupes bio-indicateurs rencontrés sont
:
i) 2 espèces (le Rinorea mezili
sp trouvé sur le site de la centrale et sur certaines parcelles le
long de la ligne de transport) considérées comme
endémiques, s'agissant du Cameroun et
ii) 5 espèces (le Drypetes
preussii trouvé au Cameroun et au SE du Nigeria, le Leonardoxa
africana trouvé au SE du Nigeria, au Cameroun, au Nord du Gabon ;
ainsi que le Rinorea verrucosa, le Rinorea longisepala, le
Rinorea kamerunensis) consdiérées comme
sous-endémiques.
L'évaluation de la nécessité
éventuelle de protéger ces espèces a
révélé que seule une quinzaine sur les 150
identifiées (soit 10 %) sont vulnérables et ne devraient avoir
qu'un impact moyen en cas d'extinction, et qu'une seule est menacée de
disparition. La grande majorité des 150 espèces
répertoriées a très peu de valeur en termes de
conservation. Une grande partie des espèces végétales
identifiées dans le cadre du projet sert comme aliment,
médicament et matériau de construction.
La région de Kribi est connue pour abriter une
multitude d'espèces animales, notamment de grands mammifères tels
que : éléphants de forêt, chimpanzés, gorilles de
côte et mandrins, et des renseignements assez fournis sont disponibles
sur les espèces qui existent dans le Parc national de Campo Ma'an.
En ce qui concerne la faune aviaire, on signale la
présence de perroquets gris à la queue rouge et d'une grande
variété d'oiseaux aquatiques (migrants). Parmi les 924
espèces aviaires observées ou connues au Cameroun, l'on en
dénombre 300 dans le sud-ouest du pays.
Du fait du degré de perturbation et de la
présence de villages le long de la zone du projet, la faune se compose
uniquement de petits mammifères, de serpents et d'insectes. Il n'existe
pas d'espèces fauniques spécifiquement associées à
cet habitat perturbé, la plupart des animaux qu'on y rencontre ayant
apparemment migré de la forêt voisine.
Aucun des animaux identifiés au cours de l'étude
ne fait partie des espèces protégées. Ils sont par
conséquent sans grande valeur en termes de protection de la nature.
Ainsi, s'agissant de protection de la faune, le site de la centrale et la ligne
de transport n'ont pas grand intérêt. En outre, la majorité
des espèces répertoriées viennent de la forêt
voisine et n'ont donc pas leurs habitats dans la zone du projet. Elles
constituent néanmoins pour la population locale une source
d'alimentation et de revenu (vente de la viande). La plupart des grands
mammifères, reptiles et oiseaux en danger n'existent ni dans la zone du
projet, ni dans la forêt voisine.
I.2.7 archéologie, patrimoine culturel et zones
protégées
Une étude de la carte topographique et touristique a
été réalisée en plus d'une visite sur le terrain,
afin d'identifier tout site ou particularité archéologique et
culturel éventuel de la zone. Cette étude a conclu qu'il n'existe
dans la zone du projet, aucun site, ni particularité d'une quelconque
importance régionale, nationale ou internationale. L'on peut cependant y
déceler des marques d'un patrimoine culturel d'importance locale,
notamment des tombes aménagées généralement
près des maisons et des zones de forêt sacrée, entre
Edéa et Kribi. Étant donné que les tombes se trouvent
généralement à côté des maisons, il y a de
fortes chances qu'elles soient affectées lorsque les
propriétés concernées le sont. Sur le site de la centrale
électrique se trouvent au moins deux tombes qui seront naturellement
affectées.
L'étude archéologique réalisée en
surface sur le site des centrales électriques à gaz de Mpolongwe
a confirmé à nouveau l'existence de sites archéologiques,
notamment un établissement humain hétéroclite. La
brève visite qui y a été effectuée ne permet pas de
tirer des conclusions ayant valeur d'étude d'impact
détaillée. Ces conclusions ne peuvent non plus servir de
fondement à la mise en oeuvre d'un plan d'action. Il y a lieu
d'approfondir la prospection pour permettre de confirmer les richesses
archéologiques existantes avant le lancement de la construction. Il est
essentiel de superviser les travaux qui seront réalisés plus tard
afin de protéger tout patrimoine archéologique. Ceci concerne
principalement les travaux de construction comprenant le déblai
d'importantes quantités de terres. La société devra
prendre impérativement en compte cette question dans son plan d'action
sur la gestion du patrimoine culturel.
Dans la région de Kribi, il y a deux sites
officiellement protégés, à savoir la réserve
faunique d'Edéa - Douala et le Parc national de Campo-Ma'an. La
réserve faunique d'Edéa - Douala se trouve dans la Province du
Littoral, Département du Fleuve Sanaga. Elle couvre une superficie de 1
600 km² environ et comprend deux parties de taille inégale. La
grande partie, qui se trouve côté sud, est située entre
l'embouchure du fleuve Sanaga au nord et celle du fleuve Nyong au sud ; l'autre
partie, plus petite, s'étend le long de la côte Nord du fleuve
Sanaga jusqu'à Souelaba, et est limitée à l'est par le
ruisseau Kwa Kwa. Le Parc national Campo-Ma'an, situé dans la partie
sud-ouest de la Province de Kribi, s'étend sur 2 640 km2. Ce
parc est une zone de compensation de l'impact environnemental lié au
pipeline Tchad-Cameroun. La Banque mondiale, le FEM, l'Union européenne,
SNV, GTZ, le WWF et l'UICN ont financé des projets dans la zone. Le
Fonds pour l'environnement et le développement du Cameroun (FEDEC) et le
WWF financent actuellement des projets de protection de la nature dans le Parc
national.
I.2.8 Cadre socioéconomique
Le Cameroun a une superficie totale de 475 650 km² et une
population estimée, en 2003, à 16 millions d'habitants, soit une
densité d'environ 33 habitants au km² (estimations de l'Institut
national des statistiques (INS)). Le taux moyen de croissance
démographique est de 2,6 % par an. Selon les estimations de l'INS,
l'espérance de vie était de 52 ans en 1999. La population
camerounaise est jeune, plus de la moitié ayant moins de 25 ans. Le pays
compte près de 276 groupes ethniques. Il existe une grande
diversité géographique et trois principales zones
écologiques : la zone forestière, l'ouest montagneux et la zone
saharienne.
En termes de répartition par sexe, la situation dans
les deux Provinces de la zone du projet est équilibrée. Autrement
dit, la plupart des ménages comptent 50 % d'hommes et 50 % de femmes.
Tableau 2 : répartition par sexe
dans la zone de projet
Répartition par sexe dans la zone du projet
Sexe
|
Hommes (%)
|
Femmes (%)
|
Subdivision d'Edéa
|
50
|
50
|
Subdivision de Kribi
|
49
|
51
|
Les deux subdivisions
|
49.4
|
50.6
|
Source : SW
Cependant, en considérant la question du point de vue
du sexe du chef de famille, la donne change fondamentalement, la
majorité (81 %) des ménages étant dirigée par des
hommes. La Subdivision d'Edéa compte une proportion
légèrement plus élevée de ménages
dirigés par les femmes que celle de Kribi. Ceci pourrait s'expliquer par
le fait que les hommes chefs de ménage travaillent à Douala et ne
vivent donc pas en famille. Les ménages dirigés par des
femmes/des enfants, devront être indemnisés en priorité et
bénéficier d'une assistance pour le relogement.
Tableau 3 : Sexe des chefs de
ménage dans la zone du projet
Sexe du chef de ménage
|
% dans la Subdivision d'Edéa
|
% dans la Subdivision de Kribi
|
Homme
|
80,2
|
82,5
|
Femme
|
19,8
|
17,5
|
Total
|
100
|
100
|
Source : SW
Bien que l'économie camerounaise repose sur
l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'industrie et les services,
le secteur agricole a été et en demeure le pilier,
représentant près de 30 % du PIB. Selon les statistiques
annuelles publiées par l'INS, ce secteur continue d'employer près
de 75 % de la population totale, génère près de 25 % des
recettes d'exportation et environ 17 % des recettes publiques.
La zone du projet s'étend sur deux Provinces, à
savoir : la Province du Littoral (zone nord) et la Province du Sud (zone sud).
82 % de la population de la Province du Littoral vit en zone urbaine et la
majorité des citadins vit à Douala. Dans la Province du Sud,
seuls 28 % vivent en zone urbaine, à Kribi par exemple. La population
dans les deux Provinces est jeune, comptant plus de 40 % de moins de 15 ans.
La Province du Littoral a une économie locale
prospère, avec des marchés urbains et ruraux dans toute la
Province. Douala, principale ville du Cameroun, a la densité urbaine la
plus forte du pays et ce, en raison des opportunités potentielles de
travail qu'on y trouve et de sa concentration d'infrastructures importantes,
telles que : port, aéroport international, routes et voie ferrée.
Elle est également une plaque tournante pour les produits d'exportation
et d'importation à destination et en provenance d'autres régions
du Cameroun et des pays voisins (Tchad et République centrafricaine). La
Province a la capacité de produire d'importantes quantités
d'électricité grâce à deux centrales
hydroélectriques implantées sur le fleuve Sanaga.
Kribi, dans la Province Sud, est la principale ville de la
zone du projet. La ville de Kribi à proprement parler est une zone
côtière touristique qui compte de nombreux hôtels et maisons
d'hôtes. À l'extérieur de Kribi et de Douala, la terre est
essentiellement couverte de forêt, tandis que les terres contiguës
aux villages sont consacrées à l'agriculture, qui est par
conséquent le poumon économique de la zone. Le secteur compte de
grandes unités exploitées par intermittence, utilisant des
techniques modernes, et détenues pour la plupart par des
sociétés étrangères qui produisent du caoutchouc,
de l'huile de palme, des fruits et des légumes, ou pratiquent
l'agriculture vivrière avec comme principales cultures le manioc, la
banane et le cacao. Les villageois s'adonnent également à
l'élevage et à certaines activités commerciales, à
petite échelle. Dans la zone du projet, la pauvreté passe de
modérée à profonde. Ce qui a été
relevé lors de l'enquête auprès des ménages le
confirme bien, à savoir que plus de 50 % des habitants vivent en-dessous
du seuil de pauvreté. Les principales sources de revenu de ces villages
étaient, par ordre décroissant : l'agriculture (40 %), le secteur
informel (24 %), le secteur formel (23 %), la chasse et la pêche (7 %),
envoi de fonds par les parents (3 %) et autres (3 %).
Au terme de l'analyse du site d'installation de la centrale
à gaz de Kribi et les zones traversées par la ligne de transport,
il en ressort qu'il présente une biodiversité(faunique et
florale) très riche et une certaine dépendance des populations
locales vis-à-vis de leur milieu naturel. Il serait donc judicieux dans
une optique de développement durable, d'évaluer les
différents impacts environnementaux et sociaux dudit projet afin de les
atténuer.
Section II : Impacts environnementaux et sociaux du
projet de construction de la centrale à gaz de Kribi et de la ligne de
transport
La construction de la centrale à gaz de Kribi et de la
ligne de transport aura des impacts potentiels tant environnementaux que
sociaux.
II.1 Impacts environnementaux et sociaux
II.1.1 impacts environnementaux
Nous allons distinguer : les impacts sur les
éléments physico-chimiques et biologiques; et les nuisances.
II.1.1.1 Les impacts sur les éléments
physico-chimiques et biologiques
Nous analyserons ici les impacts sur l'air, l'eau, la
biodiversité, et les sols
II.1.1.1.1 Qualité de l'air
Durant les travaux de construction concernant tant le site de
la centrale que la ligne de transport, la qualité de l'air pourrait se
dégrader du fait de la poussière provenant des activités
sur le terrain, et des émissions de gaz d'échappement des
véhicules. La poussière cause des désagréments et
peut présenter un risque pour la santé.
Durant la phase d'exploitation, les opérations
d'alimentation de la centrale électrique en gaz naturel ou en diesel
peuvent générer des émissions des gaz à effet de
serre(GES) nocif pour l'environnement.
II.1.1.1.2 L'eau
Le projet aura des impacts potentiels à la fois sur les
eaux de surface et les eaux souterraines.
Les impacts potentiels sur les ressources en eau de surface
sont les suivants : contamination du sol par l'érosion ou par le
déversement accidentel de substances potentiellement contaminatrices
telles que le carburant, et le changement dans la quantité d'eau
disponible du fait de la surextraction ou de la modification du ruissellement
dans la zone de captage.
Près de 35 % de l'eau utilisée par les villages
proviennent de puits munis de pompes à main ou à pied. L'eau
souterraine représente par conséquent la principale source
d'approvisionnement en eau de certains villages et elle est essentiellement
destinée à la consommation. Il n'existe pas de puits sur le site
de la centrale, ni à proximité. Durant les travaux de
construction, le projet aura besoin de grandes quantités d'eau mais
celles-ci proviendront principalement des sources d'eau de surface. Le projet
ne devrait donc pas entraîner la diminution des quantités d'eau
souterraine dans les puits existants. Pendant la phase d'exploitation, il est
prévu d'utiliser l'eau souterraine pour les besoins domestiques et les
besoins publics du site. En tenant compte de l'effectif prévisionnel, la
quantité totale d'eau souterraine requise par jour sera de
2,25m3 environ. Le taux de pompage sera donc très faible
(< 0,03l/s). Par contre les stockage des produits chimiques et hydrocarbures
peuvent s'infiltrer dans le sol et détériorer la qualités
de l'eau souterraine.
II.1.1.1.3 sols et utilisation des terres
Le principal impact du projet sur le sol et l'utilisation de
la terre est lié au besoin d'acquisition de terrain et de
défrichage de la végétation. Les impacts
apparaîtront aussi bien pendant la phase de construction que pendant la
phase d'exploitation et la plupart des changements qui interviendront seront
définitifs. Quelques impacts secondaires peuvent apparaître aux
endroits où les sols sont perturbés - ce qui peut causer
l'érosion - et là où les sols sont pollués par les
déversements d'hydrocarbures, etc. L'occupation directe des terres
pendant la construction du projet est estimée à 7,5 ha au niveau
du site de la centrale et comprend notamment l'espace nécessaire pour la
construction des baraques de chantier. Pour la fondation des pylônes dans
le corridor de la ligne de transport, moins de 1ha sera nécessaire.
Pendant la phase opérationnelle les terres occupées par la
centrale sont estimées à 4,75 ha puisque les baraques de chantier
seront détruites. La décision de limiter la hauteur de la
végétation à 2 m va limiter la culture des palmiers, des
bananiers et arbres fruitiers. Néanmoins la superficie totale du site de
la centrale est de 16 ha et sera clôturée afin d'éviter
l'intrusion des populations avoisinantes pendant toute la durée de la
phase opérationnelle. Il n y aura donc plus la possibilité d y
pratiquer l'agriculture ou d'autres activités informelles. La superficie
totale occupée par le couloir de la ligne de transport est estimé
à 285 ha, à l'intérieur de laquelle les restrictions
d'utilisations des terres devront être appliqués et la hauteur de
la végétation limiter 2 m. Ce qui va limiter la culture des
palmiers, des bananiers et arbres fruitiers.
II.1.1.1.4 Biodiversité
Il y a lieu, dans le cadre du projet d'énergie de
Kribi, d'acquérir des terrains pour les constructions, le
dégagement de l'espace et les aménagements en cours à
l'intérieur du couloir de la ligne de transport. Les impacts potentiels
sur la faune et la flore sont les suivants :
· perte d'habitats en raison du défrichage
prévu dans le cadre de la construction de la centrale et de la ligne de
transport ;
· suppression d'habitats afin de dégager l'emprise
;
· risque d'intensification de la chasse, de la collecte
du bois de chauffe et du bois de charpente avec la création de nouvelles
voies d'accès ; et
· perturbation de la faune et accroissement
éventuel du nombre d'animaux tués sur la route.
II.1.1.2 Les nuisances
La nuisance caractérise généralement un
fait perceptible provoquant une souffrance vécue et subit. La notion de
nuisance évoque des stress ressentis au moyen de nos cinq sens. Il
évoque aussi des stress imposés par les humains à d'autres
humains sans que celui qui le subit s'y soustrait sans se priver de la
liberté de jouir naturellement et pleinement de son environnement. Parmi
les nuisances on peut citer : le bruit et les déchets
II.1.1.2.1 Le bruit
Le bruit qui émanera éventuellement de la
centrale électrique de Kribi sera généré par le
trafic et les activités sur le site durant la phase de construction, et
aussi par un léger accroissement du volume du trafic et par l'effet de
couronne (bruit produit par les lignes haute tension). Pendant la phase
d'exploitation, les transformateurs et les turbines à gaz produiront
également du bruit.
II.1.1.2.2 Le trafic
L'impact potentiel du projet de centrale électrique sur
le trafic comprend l'augmentation de la circulation routière, du bruit,
des vibrations, la détérioration de la qualité de l'air,
et l'augmentation des risques d'ordre sécuritaire. Durant la phase de
construction, diverses activités généreront du trafic,
notamment le défrichage du site, la construction de routes
d'accès, l'installation de la centrale et des équipements, et la
construction de la ligne de transport. Il y aura, selon les estimations, 300
mouvements de camions au plus par jour, pour le déplacement de
matériaux vers le site et vice-versa. Pour le transport du personnel
pendant cette période, l'on prévoit jusqu'à 100 mouvements
par jour. Il n'est prévu pendant la phase d'exploitation que 15 à
20 mouvements du personnel par jour. La principale livraison de produits
à la centrale concernera les hydrocarbures. Il faudrait, selon les
estimations, 200 chargements au plus par an. Ainsi pendant la phase de
construction, le projet n'aura pas d'impact significatif sur la route
Douala-Edéa. Cependant, la circulation sur la route Edéa-Kribi
connaîtra une hausse pouvant atteindre 100 % en période de pointe,
et s'accompagner éventuellement d'impacts négatifs, comme par
exemple les accidents.
II.1.1.2.3 Les déchets
Les déchets que produira le projet sont
essentiellement : les GES, les eaux usées, les déchets du
personnel...
En définitive, le projet de la centrale de Kribi et de
la ligne de transport aura va porter atteinte à l'environnement en
occurrence sur ces aspects physico-chimiques et biologiques et sera susceptible
de nuire fortement au bien être populations locales.
II.1.2 Impacts sociaux du projet
On va distinguer ici les impacts sur la population et la
démographie ; sur l'environnement économique ; sur les
services sociaux et infrastructures ;enfin sur la santé
communautaire.
II.1.2.1 Impacts sur la population et la
démographie
L'acquisition de terrain par le projet affectera les personnes
et actifs suivants qu'il faudra donc déplacer :
Sur le site de la centrale :
· 8 ménages, dont des propriétaires de
cultures ;
· 17 propriétaires de cultures ;
· 2 tombes ; et
· 0 parcelle avec titre foncier.
Le long de la ligne de transport :
· 86 ménages ;
· 665 propriétaires de cultures ;
· 55 tombes ;
· 34 parcelles avec titres fonciers
Les superficies à acquérir au titre du projet
comprendront des parcelles de terres arables, détenues pour la plupart
en vertu du droit coutumier et non pas des parcelles munies de titres fonciers
officiels. Étant donné que la population locale vit
essentiellement de la terre, le projet est susceptible d'affecter
considérablement la communauté et ses moyens de subsistance. Ce
dont la population locale et la démographie de la zone devraient
souffrir le plus est la réquisition de terrain le long du couloir de la
ligne de transport. Cette réquisition devrait s'accompagner d'un certain
nombre d'impacts potentiels, à savoir : le déguerpissement des
personnes affectées; les conflits sociaux avec les populations d'accueil
; et la perte des vestiges culturelles.
De plus 550 à 600 travailleurs seront requis durant la
phase de construction. La plupart seront des ouvriers et devraient donc, autant
que possible, être recrutés sur place. Ceci dit, le projet aura
également besoin de spécialistes qui arriveront d'autres
régions du Cameroun et éventuellement de personnel
expatrié. Ces experts, dont le nombre ne devrait pas dépasser 75
viendront s'installer dans la zone du projet pendant les phases de construction
et d'exploitation. Une fois que le site de la centrale sera mis en service, il
emploiera une soixantaine de personnes, selon les estimations. Il est
prévu, autant que possible, de former certains employés dont les
services ont été utilisés durant la phase de construction
et de les retenir pour la phase d'exploitation. L'arrivée en un laps de
temps de plus de 500 personnes devrait avoir un impact à la fois
négatif et significatif dans la zone. L'impact potentiel de cet afflux
sera la propagation des MST notamment le VIH/sida.
II.1.2.2 Impacts sur l'environnement
économique
Les principaux effets pervers du projet sur l'environnement
économique sont la perte de terres et les différences dans le
montant des indemnisations, dues aux conflits sur les droits fonciers. Le
projet a néanmoins d'importants avantages potentiels à long
terme, notamment l'augmentation de l'électricité disponible au
niveau national, et des avantages économiques connexes au niveau
régional, ainsi que des effets économiques positifs qui
accompagneront la hausse à court et à long terme de l'emploi et
des échanges commerciaux.
II.1.2.3 Services sociaux et
infrastructures
Les principaux impacts potentiels du projet sur les
infrastructures concerneront la pression sur les services de santé
locaux et la détérioration de l'offre de l'eau. Par ailleurs
certains impacts secondaires pourront être enregistrés dans le
domaine l'électricité et les services de communication. L'impact
sur les communications sera neutre et positive. Il pourra y avoir un impact
positif indirect si le projet génère des revenus qui permettent
aux populations d'acquérir un téléphone portable. De
même pour l'électricité le projet pourra permettre à
plusieurs ménages de se connecter au réseau électrique et
de payer leur facture.
II.1.2.4 Champs
électromagnétiques - santé communautaire
Ces 20 dernières années, l'on a largement
débattu des risques éventuels de des champs
électromagnétiques (CEM) pour la santé humaine. Il existe
une multitude de points de vue divergents sur la question, mais en
pondérant les preuves scientifiques produites à ce jour, on peut
supposer que les champs électromagnétiques n'engendrent pas de
maladies. Cependant, les organisations internationales - la Commission
internationale sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ICNIRP),
par exemple - et des États indépendants ont élaboré
des directives sur les limites d'exposition aux CEM afin de minimiser le
potentiel de chocs et de perturbation du système nerveux. Les champs
électromagnétiques sont produits naturellement ou
consécutivement à des activités humaines. Là
où est utilisée l'électricité, se créent
également des champs électriques et magnétiques. La mise
en service de la ligne de transport prévue dans le cadre du Projet
d'énergie de Kribi créera des champs tant électriques que
magnétiques dont l'intensité sera à son niveau maximum,
juste en-dessous de la ligne.
II.2 Analyse des impacts
Cela va consister pour chaque impact à examiner son
importance c'est-à-dire s'il est majeur, moyenne ou mineur ; la
durée(cout, moyen et long terme) ; l'étendue ; la
qualité(positive ou négative) ; la probabilité
d'occurrence(certaine ou incertaine) ; la
réversibilité(durable ou non) ; l'apparition(court, moyen ou
long terme) ; la probabilité d'évitement(oui ou non) ;
et l'intensité( l'ampleur). La matrice ci-dessous est un
récapitulatif de l'analyse des impacts potentiels du projet de
construction de la centrale à gaz de Kribi et de la ligne de
transport.
Tableau 4 : Matrice d'analyse des impacts
environnementaux et sociaux potentiels du projet de construction de la centrale
à gaz de Kribi de 216 MW et de la ligne de transport de 225
KV.
composantes de l'environnement
|
activités sources d'impact
|
impacts
|
phase du projet
|
durée
|
importance
|
qualité
|
probabilité
|
réversibilité
|
apparition
|
évitement
|
Sols et utilisation des terres
|
stockage des produits chimiques et
hydrocarbures
|
pollution des sols
|
exploitation
|
LT
|
MA
|
N
|
INC
|
RE
|
MT<
|
O
|
défrichement
|
érosion des sols
|
construction
|
LT
|
MO
|
N
|
CER
|
IR
|
CT
|
N
|
acquisition des terrains
|
pertes des terres agricoles
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
IR
|
CT
|
N
|
Air
|
transport du matériel et des
ouvriers
|
poussière
|
construction et exploitation
|
CT
|
MI
|
N
|
CER
|
RE
|
CT & MT
|
N
|
terrassement
|
poussière
|
construction
|
CT
|
MI
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
N
|
fonctionnement des turbines
|
GES
|
exploitation
|
LT
|
MA
|
N
|
CER
|
RE
|
LT
|
O
|
Eau
|
construction des installations
|
diminution quantité d'eau
disponible
|
construction et exploitation
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
IR
|
CT&MT
|
O
|
stockage des produits chimiques et
hydrocarbures
|
contamination de l'eau
|
exploitation
|
LT
|
MA
|
N
|
INC
|
RE
|
MT<
|
O
|
besoins domestique et de fonctionnement
|
surexploitation
|
construction et exploitation
|
LT
|
MI
|
N
|
CER
|
RE
|
MT<
|
N
|
Biodiversité
|
déboisement
|
destruction des habitats et des arbres
|
construction
|
LT
|
MA
|
N
|
CER
|
IR
|
MT<
|
N
|
création des nouvelles voies
d'accès
|
intensification de la chasse et de la coupe du bois de
chauffe ou de cuisson
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
INC
|
RE
|
CT
|
N
|
construction des installations
|
augmentation du nombre d'animaux tués sur la
route
|
construction
|
CT
|
MI
|
N
|
INC
|
IR
|
CT&MT
|
O
|
Bruit
|
Transport du personnel et du
matériel
|
maladies auditives et du larynx
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
N
|
construction des installations
|
maladies auditives et du larynx
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
N
|
Déchets
|
transport et mobilisation
|
GES
|
construction et exploitation
|
CT
|
MA
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
N
|
besoins domestique et de fonctionnement
|
eaux usées et déchets solides
|
construction et exploitation
|
MT<
|
MA
|
N
|
CER
|
RE
|
MT<
|
N
|
Trafic
|
transport matériel et personnel
|
accroissement du risque d'accidents et
embouteillage
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
O
|
construction des routes d'accès
|
accroissement du risque d'accidents et
embouteillage
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
O
|
construction de la ligne de transport de
l'énergie
|
accroissement du risque d'accidents et
embouteillage
|
construction
|
CT
|
MO
|
N
|
CER
|
RE
|
CT
|
O
|
population et démographie
|
acquisition des terrains
|
déguerpissement des personnes
|
construction
|
CT
|
MA
|
N
|
C
|
IR
|
CT
|
N
|
recasement
|
conflits sociaux
|
construction
|
CT&MT
|
MA
|
N
|
INC
|
RE
|
CT&MT
|
O
|
recrutement du personnel
|
augmentation du risque des MST/VIH SIDA
Augmentation de la demande
|
construction et exploitation
|
CT&MT<
|
MO
|
N& p
|
INC
|
RE
|
CT&MT<
|
O
|
Légendes de la matrice
· durée : CT- court terme ; LT- long
terme ; MT- moyen terme
· importance : MI- mineur ; MO- moyen, MA-
majeur
· qualité : N- négatif
· probabilité : CER- certain ; INC-
incertain
· réversibilité : RE-
réversible ; IR- irréversible
· apparition : CT- court terme ; LT- long
terme ; MT- moyen terme
· évitement : O- oui ; N- non
Conclusion
Au final comme on peut le constater en analysant la situation
de référence c'est-à-dire la situation sans projet et la
situation avec projet, on se rend compte de l'importance des impacts
environnementaux et sociaux du projet de la centrale à gaz de Kribi et
de la ligne de transport sur les sites d'installation. Ce qui confirme
l'hypothèse H1 selon laquelle: la construction de la
centrale aura des répercussions négatives à la fois sur
les éléments physico-chimiques de l'environnement et sur la
population locale. Certaines répercussions seront de moindre
importance et pourront être éviter, d'autres par contre au vue de
leurs ampleur sont à gérer avec minutie. il devient de ce fait
urgent d'adopter certaines mesures dites d'atténuation en vue de les
limiter.
Chapitre IV : Prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux : mesures d'atténuation
Comme il a été démontré dans le
chapitre précédent, le projet de construction de la centrale
à gaz de Kribi aura des impacts négatifs tant sur l'environnement
que sur le plan social. La mise en oeuvre de certaines mesures s'imposent en
vue de les limiter.
Section I : Mesures d'atténuation
On va distinguer les mesures d'atténuation sur les
éléments physico-chimiques, sur les nuisances et sur le plan
social.
I.1
Mesures d'atténuation sur les éléments physico-chimiques
et biologiques
I.1.1 Sur la qualité de l'air
Le principal ici concerne la dégradation de la
qualité de l'air du fait de l'émission des gaz
d'échappement par les véhicules de transport et le
soulèvement des poussières du aux activités de
construction; et l'émission des GES pendant la phase d'exploitation.
Comme mesure d'atténuation, il est prévu de distribuer des
cache-nez aux ouvriers afin de limiter l'inhalation des poussières. En
ce qui concerne le diesel, les émissions seront plus polluantes que
celles du gaz mais l'impact ne sera que de très courte durée,
d'autant plus que la centrale ne tournera pas au diesel plus de 8 jours
consécutifs par an.
I.1.2 Sur l'eau
En ce qui concerne les eaux de surface, des systèmes
sanitaires appropriés seront mis en place sur tous les chantiers afin
d'empêcher la pollution des ressources en eau et de promouvoir de bonnes
pratiques, évitant ainsi l'écoulement d'hydrocarbures et autres
substances. Pour les eaux souterraines, il est envisagé pendant la
phase d'exploitation l'aménagement des digues de sécurité
autour des zones de stockage des réservoirs d'hydrocarbures ; de
disposer le réservoir de stockage du diesel à l'intérieur
d'une digue de sécurité étanche dont la capacité de
stockage est égale à 110 % au moins du volume total des produits
stockés ; surélever toutes les conduites de ravitaillement et de
refoulement d'hydrocarbures par rapport au niveau du sol ; prévoir des
puisards sous chaque unité du transformateur ; prévoir des
séparateurs d'huile sur les drains venant des ateliers ; et acheminer
toutes les eaux évacuées dans une fosse septique pour traitement
avant leur déversement via un puisard.
I.1.3 sur les Sols et utilisation des terres
En ce qui concerne la phase d'exploitation, les indemnisations
pour perte d'utilisation de terre feront l'objet de négociations. Une
autre façon d'atténuer les impacts consiste à permettre la
poursuite des activités agricoles dans l'emprise sous certaines
conditions et dans le respect de directives rigoureuses de
végétalisation. Cette autorisation ne sera néanmoins
accordée qu'à condition qu'AES SONEL puisse avoir accès
à la ligne et puisse en assurer l'entretien pour des raisons de
sécurité. Étant donné qu'à
l'intérieur de la zone du projet, les utilisations possibles des sols
sont peu nombreuses, la densité démographique et la pression
foncière qu'elle engendre sont également faibles. Une
contamination du sol par le déversement accidentel d'hydrocarbures est
possible. Des mesures d'atténuation (identiques
à celles préconisées pour la protection des eaux
souterraines) seront adoptées. L'érosion du sol sera contenue par
divers moyens, notamment la limitation du défrichage autant que
possible, la régularisation des eaux de ruissellement et le reboisement
des zones une fois la construction achevée.
I.1.4 Sur la biodiversité
Pour atténuer les impacts sur la faune
et la flore, il est proposé : de limiter autant que possible les
superficies à acquérir, d'utiliser les zones déjà
perturbées (par exemple la route et le couloir de l'emprise existants),
d'aménager des espaces verts (limiter à 2 m la hauteur de la
végétation dans l'emprise, si possible), de lutter contre le
bruit durant les travaux de construction et sur le site de la centrale pendant
la phase d'exploitation, de même que la vitesse des véhicules.
Aussi le renforcement des gardes forestiers assermentés pour
protéger les ressources naturelles n'est pas à exclure.
I.2 Mesures d'atténuation
des nuisances
I.2.1 le bruit
Les mesures envisagées pour atténuer le bruit
pendant la phase de construction sont les suivantes : entretenir
régulièrement la centrale et les équipements ; effectuer
les opérations de découpage, de broyage, etc., dans un espace
clos ; éloigner le plus possible les opérations bruyantes des
récepteurs sensibles ; surveiller et limiter la circulation autour des
sites.
Pendant la phase d'exploitation, il est prévu des
mesures d'atténuation suivantes afin de protéger les habitants
de la zone : de construire un mur coupe-bruit (bloc de béton ou
dispositif similaire) à proximité des turbines afin de
réduire le bruit au niveau des récepteurs extérieurs. Des
dispositifs de suppression du bruit seront également installés au
sommet des fours pour atténuer le bruit produit à cette hauteur.
Ces dispositions devraient permettre de gérer le bruit provenant des
turbines et de le conformer aux directives de l'OMS en la matière.
I.2.2 Le trafic
Comme mesure d'atténuation du trafic, pendant la phase
de construction en particulier, on a : l'exploitation autant que possible
à plein rendement des véhicules afin de réduire le nombre
de mouvements. On prévoira également des convois spéciaux
de véhicules pendant les périodes de pointe, ce qui circonscrira
les embouteillages aux heures de pointe. Pour ce qui concerne le bruit, les
vibrations et la qualité de l'air, les principales mesures
envisagées sont la limitation de la vitesse dans les zones sensibles
(les villages par exemple) et l'entretien régulier des véhicules,
afin qu'ils soient exploités dans des conditions optimales.
I.2.3 La gestion des déchets
Nous préconisons les mesures d'atténuation
suivantes pour la gestion des déchets : les déchets solides
neutres(verre, béton durci, plâtre, pierre...) pourront être
enfouis dans les remblais après accord du superviseur
environnemental ; la collecte, tri et évacuation vers les centres
agrées de recyclage, de traitement de tous les autres déchets
solides ; et le compostage des déchets végétaux.
En ce qui concerne les eaux usées( domestiques et
d'exploitation), nous préconisons la mise à disposition des
toilettes à fosse ou transportables et sanitaires en nombre
suffisant ; la collecte des eaux usées d'exploitation dans les
bassins de décantation et de dégraissage ; la mise à
disposition des stations de rinçage et de lavage des équipements
de chantier.
I.3 Les mesures
d'atténuation sur le plan social
I.3.1 Sur la population et la démographie
Comme mesures d'atténuation sur la population, on
préconise la localisation du site de la centrale et du corridor de la
ligne de transport au tant que possible hors des endroits fortement
habités ; l'indemnisation et le recasement des personnes
affectées par le projet ; la mise en place des stratégies
(notamment le dialogue progressif ,l'amélioration des conditions de
vie dans les localités hôtes( l'accès à
l'électricité et à l'eau) pour la résolution des
conflits sociaux entre les populations expropriées et recasées et
les populations hôtes. En ce qui concerne l'afflux des personnes dans la
zone et le risque de MST notamment le VIH/SIDA, la sensibilisation des
communautés locales et du personnel sur la nécessité des
rapports sexuels protégés et un bon comportement en
général pourront minimiser cet impact négatif.
I.3.2 Sur l'environnement l'économique
Pour atténuer les impacts négatifs sur
l'environnement économique, les indemnisations devront être
effectuées dans le cadre de la réinstallation. Il faudrait, en la
matière, s'assurer d'indemniser de façon complète et
équitable toutes les pertes économiques subies par les personnes
affectées par le projet notamment la perte des terres agricoles.
I.3.3 Sur les services sociaux et infrastructures
Le renforcement des services et infrastructures sociaux
notamment la construction de nouveaux centres de santé et l'augmentation
du personnel va permettre d'atténuer la pression future qui existera
dans les centres de santé de la zone suite au projet.
I.3.4 Sur la santé communautaire
Les lignes de hautes tensions devront être construites
suivant un corridor où les habitations et les pratiques agricoles sont
proscrites.
Section II Limites et Recommandations
L'EIES n'est plus ou moins qu'une étape administrative
dans la mise en oeuvre d'un projet et demeure pour le promoteur une contrainte
pour l'exécution de son projet. A ce titre, il devient nécessaire
mais pas suffisant pour la prise en compte des enjeux environnementaux et
sociaux.
II.1 Limites ou insuffisances des EIES dans le projet de
la centrale à gaz de Kribi
L'EIES du projet de construction de la centrale à gaz
de Kribi présente quelques limites qu'il convient soulever.
II.1.1 Sur le plan environnemental
Une présence peu marquée des ONG
défenseurs de l'environnement dans les consultations publiques. En
effet, les différents rapports produits par l'équipe d'experts ne
font état nulle part d'un point de vue quelconque d'une ONG
défenseuse de l'environnement.
Etant donné que l'EIES est une étape
administrative qui une fois validée peut marquer le début de la
phase d'exécution du projet. Cela laisse penser qu'un promoteur de
mauvaise foi peut ne pas tenir ces engagements dans le domaine environnemental,
une fois l'étude d'impact validée. Il devient donc urgent de
savoir comment celui-ci compte gérer au jour le jour les contraintes
environnementales, et quels sont les mécanismes de suivi et de
contrôle (les indicateurs doivent être connus). Jusqu'à
présent le plan de gestion environnemental et social du projet n'est pas
défini pourtant le projet entre dans sa phase de construction.
II.1.2 Sur le plan social
A la lecture du rapport des consultations publiques
publié en 2006 par le cabinet SW, on se rend compte de l'absence totale
des femmes ou de leurs représentantes lors des réunions entre les
parties prenantes. Or selon, le rapport d'étude préliminaire dans
la localité, il en ressortait que 19.2% de ménages à
Edéa et 17.5% des ménages a Kribi avaient pour chef de famille
les femmes. Cette situation peut conduire à la marginalisation de cette
frange de la population.
Aussi le cout d'opportunité n'a pas été
évalué c'est-à-dire la perte la production dans d'autres
secteurs d'activités du fait du recrutement de la main d'oeuvre locale.
Ainsi on peut assister à une baisse de productivité agricole par
exemple suite à l'emploi massif de la population locale. Ce qui pourrait
diminuer l'offre de denrées agricoles et augmenter par là cout de
la vie.
Il est important de savoir comment le promoteur compte
recasser les populations et gérer ses contraintes sociales.
Les indemnisations sont certes importantes mais pas suffisante
car donner d'importantes sommes d'argent du coup à un individu
habitué à un revenu modeste pose le problème crucial de
savoir comment rentabiliser ces fonds reçus afin de s'assurer une
meilleure condition de vie dans le futur. Aussi ces indemnisations sont sources
d'insécurité et de conflit sociaux.
II.2 recommandations
Comme recommandations importantes, nous avons :
- Les consultations publiques qui vont regrouper toutes les
parties prenantes à savoir : le promoteur du projet, les
populations locales(leurs représentants) affectées par le projet,
les administrations publiques locales, et les ONG. Cela va permettre non
seulement aux populations de prendre part au projet, mais aussi de se
reconnaitre dans celui-ci.
- La mise en oeuvre d'un plan de gestion de l'environnement et
social(PGES) qui doit prendre en compte les dispositions du plan national de
gestion de l'environnement(PNGE). Il s'agit concrètement de
l'élaboration d'un plan de surveillance et de suivi environnemental, et
d'un plan de gestion sociale.
Le plan de surveillance et de suivi environnemental aura pour
objectif de veiller à la mise en oeuvre effective des mesures
environnementales retenues afin que ce qui a été adopté
soit fait et d'éviter au maximum les aléas. Cela passe par
certaines dispositions tant à la phase de construction, qu'à la
phase d'exploitation.
Les dispositions relatives à la phase de construction
peuvent être par exemple : la visite régulière et
audits par le promoteur ; l'audit des registres d'entretien par le
promoteur et visite sur place ; la vérification de la conception et
du suivi de la construction au regard de la conception ; le suivi de
l'utilisation de l'eau sur le site ; le suivi mensuel du niveau des eaux
souterraines sur le terrain ; l'examen des plaintes relatives au
bruit ; revue régulière de la conformité des
opérations par le promoteur ; inspection journalière des
digues de sécurité.
Concernant la phase d'exploitation on peut avoir par
exemple : le suivi continu des émissions atmosphériques
à l'intérieur des cheminées ; la vérification
de la conception et du suivi de la construction au regard de la
conception ; le suivi de l'utilisation de l'eau sur le site ;
l'inspection journalière des digues de sécurité ; le
prélèvement trimestriel d'eaux souterraines et analyse
microbiologique ; et le suivi trimestriel du bruit sur les sites sensibles
pendant la première année et lorsque des plaintes seront
reçues.
Le plan de gestion sociale aura pour but d'assurer le
recasement et l'indemnisation complète des populations
concernées. Cela passe par l'adoption de certaines dispositions, comme
par exemple : l'indemnisation collective des populations locales sous le
contrôle des autorités administratives, l'ouverture des comptes
bancaires aux populations en vue de sécuriser leurs
indemnités ; l'accompagnement des populations locales par la
propositions des micro projets rentables afin d'éviter la dilapidation
des montants reçus et l'accroissement de la pauvreté.
Sur le plan institutionnel, il est important de créer
une unité de police le plus tôt possible dans la localité
car suite aux indemnisations des populations locales l'insécurité
et les conflits risquent augmenter. Aussi il serait judicieux de créer
une unité des gardes forestiers dans la localité car la demande
en ressources forestière notamment la « viande de
brousse » pourrait augmenter.
Conclusion
En définitive, les impacts négatifs sur
l'environnement et sur le social du projet de construction de la centrale
à gaz de Kribi pourront être atténués par l'adoption
de certaines mesures. Mais ces mesures s'avèrent insuffisances dans la
mesures où leur mise en oeuvre requiert un suivi et un contrôle
permanent par les autorités compétentes et certaines mesures
d'accompagnement. Ainsi l'élaboration PGES dans le cadre du projet
devient une nécessité. Il s'agit concrètement de
l'élaboration d'un plan de surveillance et de suivi environnemental, et
d'un plan de gestion sociale. Ce dernier constat confirme
l'hypothèse H2 selon laquelle : les
mesures d'atténuation proposées sont certes nécessaire
mais pas suffisantes pour réduire les impacts négatifs.
Conclusion deuxième partie
L'objectif de cette partie était de procéder
à la vérification empirique de la prise en compte des enjeux
environnementaux et sociaux dans le contexte Camerounais, cela à travers
le projet de construction de la centrale à gaz de Kribi et de la ligne
de transport. Deux chapitres ont guidé notre étude : le
premier avait pour objectif de montrer la situation de référence
c'est-à-dire la situation sans projet et la situation avec le projet. il
est apparu que le projet de construction de la centrale à gaz de Kribi
et de sa ligne de transport devait avoir des externalités
négatives sur l'environnement et sur la population locale. Certaines
externalités seront de moindre importance et pourront être
évitées, d'autres par contre seront majeurs et devront être
gérés minutieusement. Ainsi, le deuxième chapitre propose
un ensemble de mesures en vue atténuer de ces externalités.
Cependant ces mesures s'avèrent certes nécessaire, mais pas
insuffisantes. D'où la nécessité de l'élaboration
de certaines mesures d'accompagnement telles que le PGES.
Conclusion générale
En définitive notre étude visait à
démontrer la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux dans
la construction du projet de la centrale à gaz de Kribi et de sa ligne
de transport. Deux hypothèses ont guidé notre étude. La
première hypothèse stipulait que le projet devait
avoir des externalités négatives à la fois sur les
éléments de l'environnement et sur le plan
social ; et la seconde hypothèse stipulait
que les mesures d'atténuation
proposées sont certes nécessaire mais pas suffisantes pour
réduire les impacts négatifs. En vue de
vérifier ces hypothèses, nous avons structuré notre
étude en deux parties.
La première partie a présenté les
concepts, normes et le contexte de l'étude. Nous avons
présenté dans un premier temps, les concepts d'environnement et
de développement durable. il est apparu que les préoccupations
environnementales sont au coeur des débats depuis plusieurs
décennies des économistes en occurrence. Le soucie majeur
étant d'internaliser les externalités négatives des agents
économiques sur l'environnement. Pour cela certains auteurs à
l'instar de Pigou et Coase( à la suite Pigou) ont proposé des
mesures fortes pouvant limiter les effets négatifs des agents
économiques sur leur environnement. Le premier pense que l'instauration
d'une taxe pollueur-payeur pourra contraindre les agents économiques
à limiter leurs dommages sur l'environnement et le second que seul les
permis négociables c'est-à-dire la capacité pour les
pollueurs de négocier leurs externalités négatives sur
l'environnement soit avec les pouvoirs publics, soit avec d'autres agents
économiques peut limiter ces dommages. Plusieurs autres solutions seront
proposées par la suite : écotaxe, taxe carbone... Ce soucie
majeur de vouloir protéger l'environnement a fait naitre un nouveau
modèle de gouvernance : le développement durable. il a
été défini pour la première fois en 1987 par le
rapport Brundland comme : « un développement permet
la satisfaction des besoins présents, sans compromettre la
capacité des générations futures à satisfaire le
leur ». Mais lors du sommet de la terre à Rio(1992), ce
concept a été étendu tout en gardant sa quintessence. Il
s'appuie désormais sur trois piliers essentiels que sont :
l'économie, l'écologie, et le social et de ce fait tenter de
concilier développement et protection de la nature.
Dans un second temps, nous avons montré comment le
Cameroun a été intégré le concept du
développement durable dans son programme politique. Il en est ressorti
que les pouvoirs publics ont crée au lendemain du sommet de Rio un cadre
institutionnel à savoir le MINEF qui aujourd'hui s'appelle MINEPDED
devant veiller à la protection de l'environnement. Mais la
volonté manifeste du Cameroun de protéger l'environnement et de
s'inscrire dans un développement durable s'est traduite par l'adoption
de la loi N°96/012 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative
à l'environnement dans la mise en oeuvre des projets de
développement. Cette loi exige une EIES pour tout projet qui au vue de
sa dimension peut porter atteinte à l'environnement. Cette étude
à pour but principal de limiter les externalités négatives
sur l'environnement et la population de tout projet d'envergure. Elle est
encadrée par un nombre de textes tant nationaux que internationaux. Elle
a depuis 2008 un guide précis de sa réalisation définit
par le MINEPDED.
La seconde partie s'inscrit dans une approche empirique
c'est-à-dire montrer comment les considérations environnementales
et sociales sont prises en compte dans les projets de développement au
Cameroun. Pour cela nous nous sommes intéressé au cas
spécifique du projet de construction de la centrale à gaz de
Kribi et de sa ligne de transport.
Nous avons dans un premier temps présenté le
projet et ses externalités négatives. Il en ressort que la zone
d'installation de la centrale : Mpolongwe présente un relief
divers, une biodiversité très riche et une population autochtone
ayant pour principale activité l'agriculture. De même les zones
qui seront traversées par la ligne de transport de l'énergie
électrique du site d'installation à Magombé (Edéa)
sont très riches et font l'objet d'une exploitation agricole. L'analyse
de la situation de référence et de la situation avec le projet
montre que le projet aura des externalités négatives sur les
éléments de l'environnement et la population. Ce qui confirme
l'hypothèse H1.
Dans un second temps, nous avons présenté les
mesures adoptées en vue d'atténuer les impacts négatifs du
projet sur l'environnement et les populations. Il apparait que ces mesures
pourront bel et bien réduire les impacts environnementaux et sociaux
potentiels dudit projet, mais ne sont pas suffisantes. Elles nécessitent
l'adoption de certains mesures d'accompagnement en l'occurrence le PGES. Ainsi
est confirmé hypothèse
H2.
Parvenu au terme de notre étude, il apparait que les
considérations environnementales et sociales sont véritables
prises en compte dans le projet de construction de la centrale à gaz de
Kribi et de sa ligne de transport, cela à travers l'EIES. Cette
étude est d'une importance capitale dans la mise en oeuvre des grands
projets dans la mesure où elle permet d'atténuer les impacts
négatifs du projet sur l'environnement et les population et de
l'inscrire par là dans la logique du développement durable. Mais
cette étude n'est pas suffisante, elle doit être
accompagnée par certaines mesures d'accompagnement afin de permettre
d'atteindre les objectifs environnementaux et sociaux visés et
d'éviter les aléas.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ø A.GORZ (1988), Métamorphose du travail
édition Galilée
Ø A.GORZ (1991), Capitalisme Socialisme Ecologie
édition Galilée
Ø BOUTAUD et N.GONDRAN(2009) , L'empreinte
Ecologique, La Découverte, collection Repères, Paris,
122 p
Ø A.C Pigou(1920), The économics of welfare.
édition Macmilan 1920.
Ø BROWN L. (1992), Le Défi
Planétaire, Sang de la Terre
Ø CHANEL A. (1993) , De l'émergence de
la question environnementale aux recherches en économie de
l'environnement, DEES, n° 94, décembre, pp. 5-16.
Ø COASE(1960), The problem of social cost in The
journal of law and economic 1960
Ø C.et R.LARRERE (1997), Du bon usage de la nature,
pp 235 édition natures et sciences sociales
Ø H.E. DALY (1990), Toward some operational
principe of sustainable development in journal economic vol.2 1990
Ø H.JONAS(1979), Le principe de
responsabilité
Ø J.GRINEVALD et I. RENS(1995), Demain la
croissance édition JM Tremblay-classique.uqac.ca
Ø N.GEORGESCU-ROEGEN(1976), The entropy law and the
economic problem in Eastern ecomic journal
Ø S.ERKMAN(1998), Mettre en pratique le
développement durable dans une société hyper industrielle
édition - Diffusion Charles Léopold Mayer
TABLE DE MATIERES
SOMMAIRE
1
DEDICACES
3
REMERCIEMENTS
4
RESUME
5
ABSTRACT
6
LISTES DES SIGLES
7
LISTES DES TABLEAUX
8
LISTES DES FIGURES
9
Introduction
10
Première partie : appréciation
des concepts, normes et contexte de l'étude
18
Chapitre I : Environnement et
développement durable
19
Section I : économie de
l'environnement
21
I.1 Les effets externes ou externalités
21
I.2 L'internalisation des externalités
23
Section II : le développement
durable : approche économique et écologique
27
II.1 écologie industrielle et
écologie politique : origines du développement durable
27
II.2 Le développement durable : un
nouveau modèle de gouvernance
29
Conclusion
32
Chapitre II : Prise en compte des enjeux du
développement durable dans le contexte camerounais
33
Section 1 : les fondements normatifs de l'
EIE
34
I.1 Les Normes Internationales
34
I.2 Normes nationales
38
I.3 Cadre institutionnel
40
Section II : Méthodologie
d'étude d'impact environnemental au Cameroun
44
II.1 procédure et démarche
d'élaboration d'une EIE au Cameroun
45
II.2 Contenu et structure du rapport d'EIE au
Cameroun
50
Conclusion
62
Conclusion première partie
64
Deuxième partie : Approche
Empirique : le projet de la centrale à gaz de Kribi de 216 MW et la
ligne de transport de 215Kv
65
Chapitre III : Présentation du projet
et de ses externalités
66
Section I : Description du projet et
présentation du site d'installation
66
I.1 Description du projet
66
I.2 Description de l'environnement du projet
70
Section II : impacts environnementaux et
sociaux du projet de construction de la centrale à gaz de Kribi et de la
ligne de transport
76
II.1 Impacts environnementaux et sociaux
76
II.2 Analyse des impacts
81
Conclusion
82
Chapitre IV : Prise en compte des impacts
environnementaux et sociaux : mesures d'atténuation
83
Section I : Mesures d'atténuation
84
I.1 Mesures d'atténuation sur les
éléments physico-chimiques et biologiques
84
I.2 Mesures d'atténuation des nuisances
85
Section II Limites et Recommandations
87
II.1 Limites ou insuffisances des EIES dans le
projet de la centrale à gaz de Kribi
87
II.2 recommandations
88
Conclusion
89
Conclusion deuxième partie
90
Conclusion générale
91
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
93
TABLE DE MATIERES
94
* 1 Rapport AES Sonel
* 2 rapport GIEC
* 3 Rapport BAD
* 4 Le Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'
évolution du
climat (GIEC) est un organisme intergouvernemental, ouvert à tous
les pays membres de l'
ONU.
Il « a pour mission d'évaluer, sans parti-pris et de
façon méthodique, claire et objective, les informations d'ordre
scientifique, technique et socio-économique qui nous sont
nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement
climatique d'origine humaine, cerner plus précisément les
conséquences possibles de ce changement et envisager
d'éventuelles stratégies d'adaptation et d'atténuation. Il
n'a pas pour mandat d'entreprendre des travaux de recherche ni de suivre
l'évolution des variables climatologiques ou d'autres paramètres
pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les
publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est
largement reconnue »
* 5 « ensemble de
relations qu'entretiennent les êtres vivants entre eux et avec les
éléments naturels ». On parle encore de biocénose ou
de biotope.
* 6 rapport Meadows
|