La persistance de l'insalubrité à Kinshasa: de la coercition à la conscientisation. Une approche de la communication pour le changement de comportement( Télécharger le fichier original )par Guillaume-Trésor Kakesa Université catholique du Congo - Diplôme de licence en communication sociale option marketing et relations publiques 2012 |
AbréviationsCCC : Communication pour le Changement de Comportement IEC : Information Education Communication JMPR : Jeunesse du Mouvement Populaire pour la Révolution MICS2 : Multiple Indicator Cluster Surveys 2 OMS : Organisation Mondiale de la Santé PNA : Programme National d'Assainissement PTC : Plan du Travail Créatif RDC : République Démocratique du Congo SIC : Sciences de l'Information et de la Communication TRIVAC : Trier Recycler Incinérer Valoriser et Communiquer UCC : Université Catholique du Congo UPN : Université Pédagogique Nationale 0. INTRODUCTION GENERALE0.1. ProblématiqueDe nos jours et de par le monde, les questions sur l'environnement restent d'une actualité brulante. A Kinshasa, l'évolution de l'insalubrité et la dégradation de la nature ont pris des proportions inquiétantes. Profondément enraciné, cet état de choses a plongé les gens dans une insensibilité sans précédent et est devenue un épiphénomène. Jadis appelé « Kin-la-belle », cette appellation est loin d'être une réalité aujourd'hui. « Kin-la-belle n'est qu'un lointain souvenir dans le langage du kinois... »1(*), en lieu et place de « Kin-la-poubelle ». Du nord au sud, de l'est à l'ouest, la capitale congolaise ressemble à ce jour à une décharge publique, où les collines d'immondices se rivalisent avec des nappes d'eaux stagnantes, un véritable gîte des moustiques. Artères et lieux publics, espaces verts, rigoles et caniveaux, rien n'est épargné par ce fléau. Curieusement, tout autour de ces endroits impropres se déroule des intenses activités commerciales. Par conséquent, derrière cette insalubrité se colle la présence accrue des maladies endémiques telles le paludisme, la typhoïde, la dysenterie, la verminose... qui sont devenues des cantiques de diagnostics médicaux à Kinshasa. Eu égard à ce qui précède, l'évaluation générale de l'insalubrité à Kinshasa, a conduit les autorités provinciales a souhaité un changement de mentalité, pour limiter la montée en vitesse de cette situation, afin de sauvegarder l'homme et son espace vital. Ainsi, à travers diverses occasions, l'Hôtel de ville a tenté de restaurer la salubrité dans la ville de Kinshasa. Les gouverneurs André Kimbuta, Jean Kimbunda et bien d'autres dans le passé, ont tour à tour lancé les opérations « Kin bopeto »2(*), « Opération coup de poing etc.». Ces différents programmes d'assainissement ont mis en contribution des bulldozers pour démolir les étalages des commerçants, des garages de fortune installés sur les voiries publiques. Et récemment, un « Salongo »3(*) obligatoire a été décrété chaque week-end de 7 heures à 10 heures, par l'arrêté n°SC/088 du 10 mai 2010, portant sur mesures collectives d'assainissement à Kinshasa. Pour pérenniser la salubrité dans la ville, cette loi a sollicité l'implication effective de toutes les autorités municipales ainsi que celles de la Police. Bien plus, elle a prévu des « sanctions financières à l'égard des contrevenants, allant de 5 à 100 dollars américains pour les maisons d'habitations, de 100 à 1000 dollars américains pour les maisons commerciales et des services et de 1000 à 10.000 dollars américains pour les industries. Et en cas de récidive, l'amande sera portée au double du montant originel »4(*). Passant au comble le bilan de ces approches, tous les esprits s'accordent à première vue qu'en dépit des multiples mesures de renforcement aux opérations d'assainissement et la présence de certaines structures de salubrité, l'état de lieu de l'insalubrité à Kinshasa reste lamentable. Le volume de déchet ne fait qu'augmenter et leur gestion devient de plus en plus complexe. A en croire cette observation, rien ne semble avoir réussi. Cet échec peut être considéré comme un effet de rejet par la population des contraintes qui pèsent sur elle pour assainir l'environnement. D'où l'essence même du conflit qui s'instaure entre les administrateurs et les administrés autour de la question de la salubrité de la ville de Kinshasa. Mais il s'avère important de dépasser cette dimension factuelle pour finalement chercher les raisons de la réfraction populaire par rapport aux décrets sur le changement de comportement visant l'assainissement de l'environnement à Kinshasa. Partant du postulat selon lequel, un environnement sain garantie une santé publique saine, une question s'impose à ce niveau : Nonobstant la communication de l'Hôtel de ville articulée en décret, pourquoi les kinois ne s'engagent pas dans l'assainissement de leur milieu de vie ? Pour répondre à cette question, nous serons amener à nous rapprocher des concernés et à nous entretenir avec eux. * 1 F. LELO NZUZI, Kinshasa, ville et environnement, Paris, L'Harmattan, 2008, p.19. * 2 Kin propre * 3 Dans le langage congolais le mot « Salongo » fait allusion aux travaux communautaires. * 4 Article 16 de l'arrêté de l'Hôtel de ville de Kinshasa n°/SC 088/MINEECG/BLD/PLS/2010 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa. |
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