CONCLUSION
Comprendre les logiques et les représentations qui se
manifestent derrière les déchets solides urbains à Cotonou
dans le sixième arrondissement, tel a été l'objectif dans
ce travail de recherche. Il ressort clairement au terme de cette étude
que, la gestion des déchets solides urbains dépend des
stratégies d'acteurs autant que des techniques.
Les données recueillies sur le terrain, corroborent
entièrement les hypothèses de travail qui postulaient que la
persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement est
à mettre en relation avec les enjeux de coordination entre
différents niveaux institutionnels impliqués dans la gestion des
déchets solides à Dantokpa et avec les modes de perception et de
représentation des acteurs sociaux locaux respectivement liés aux
coûts d'enlèvement des déchets et aux infrastructures
d'assainissement.
Concernant l'organisation de la gestion des déchets
solides au niveau de Dantokpa, il apparaît une nette
désarticulation entre la logique municipale dans le domaine de
l'assainissement de manière générale et les initiatives de
gestion des déchets constatées de la part des acteurs de la
SOGEMA. De plus, les lignes de responsabilité et d'autorité sont
parfois concurrentes entre la Mairie et la SOGEMA. Aussi, il urge de trouver
des réponses institutionnelles et politiques pour renforcer les
capacités des acteurs municipaux et pour articuler les dynamiques de
gestion des déchets par la SOGEMA avec les stratégies
municipales. Par ailleurs, les attitudes des populations par rapport à
la gestion des installations environnementales s'observent à
l'échelle individuelle et collective. Au niveau collectif, l'implication
des ONG dans la gestion locale des déchets solides n'est pas liée
à une stratégie clairement définie, mais apparaît
plutôt dans des actions, à la limite, ponctuelles basées
sur une stratégie de survie et commerciale. Cela entraîne une
absence de contrôle sur la destination finale des déchets solides
pré-collectés. La plupart, se retrouvant à des endroits
inappropriés. Il est donc nécessaire d'établir entre
collectivité locale et acteurs non gouvernementaux des relations
contractuelles précisant les engagements de chacun et déterminant
les procédures de contrôle des résultats. A
l'échelle individuelle, l'utilisation des équipements urbains
d'assainissement comme lieux de rejet des ordures constitue un mode courant de
gestion des déchets par les ménages et autres acteurs sociaux
urbains. Outre le dysfonctionnement que cela cause au niveau du système
d'évacuation, une telle attitude participe à l'auto-
empoisonnement par les déchets. Les populations ne peuvent pas
prétendre à un esprit sain dans un corps sain, en dehors d'un
environnement sain. La santé physique et psychologique d'une personne
dépendant de la qualité de son cadre de vie. La gestion des
déchets, la préservation de l'intégrité des
ouvrages d'assainissement sont des devoirs qui doivent influencer les
comportements quotidiens des citadins. En conséquence, les questions de
participation à l'assainissement seront essentielles, a fortiori si la
conception des coûts sociaux, financiers, sanitaires et environnementaux
par les populations est susceptible d'intervenir. La question sera alors de
savoir comment intégrer les usagers dans la planification des actions
d'assainissement, pour quels motifs les mobiliser, sur quelle base territoriale
les inclure et quelle légitimité serait à même de
sous-tendre le processus.
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