UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
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FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
----------
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE
(DS-A)
-------
INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES DECHETS SOLIDES
URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE DANS LE SIXIEME ARRONDISSEMENT DE
COTONOU : JEUX D'ACTEURS ET LOGIQUE D'ORIENTATION STRATEGIQUE DE LA
MAIRIE
Soutenu par :
Sous la direction de :
Emmanuel AMOUZOUN
David Godonou HOUINSA
Enseignant-chercheur à l'UAC
Composition du jury :
Président: Dr. Euloge OGOUWALE
Examinatrice : Dr. Sidonie HEDIBLE
Enseignant-chercheur à l'UAC
Enseignant-chercheur à l'UAC
Rapporteur : Dr. David G. HOUINSA
Enseignant-chercheur à l'UAC
Note obtenue : 16 Mention :
Très-Bien
2009-2010
SOMMAIRE
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
Chapitre I : Fondements théoriques 13
Chapitre II : Démarche méthodologique 32
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
Chapitre I : Gestion des déchets solides dans le
marché Dantokpa : les acteurs et leurs logiques 48
Chapitre II : Le déchet de sa production à son
abandon : logiques et représentations des acteurs 58
Chapitre III : Modes et fondements de participation 80
CONCLUSION 88
DEDICACE
Je dédie ce travail qui marque l'aboutissement
de tant d'efforts et de privations à :
ma très chère mère
Martine AKAKPO, en admiration pour ton engagement chrétien et pour
ta foi inébranlable que ni la maladie, ni la souffrance n'ont
entamée ;
tous ces êtres chers qui soutiennent
mes efforts et savent me donner le coup de pouce décisif dans les
moments importants.
Remerciements
Je remercie en particulier Monsieur David HOUINSA, notre
maître de mémoire, dont l'attention et les soins
méthodiques et méthodologiques ont été
déterminants pour la réalisation de ce travail.
Je présente également mes remerciements
à Monsieur Roch MONGBO (directeur exécutif de l'ONG
CEBEDES-XUDODO), dont les conseils et les instructions ont concourus à
l'aboutissement de ce travail.
Aux amis du centre Notre Dame de l'Inculturation, je vous
dis merci pour votre amitié et votre lecture critique de ce travail.
A mon frère Bienvenu AMOUZOUN, merci d'avoir
été là.
A tous ceux et celles que je ne peux tous nommer ici, et
qui n'ont cessé de m'apporter un quelconque soutien dans la vie de tous
les jours, car c'était aussi ça notre quotidien pour ce
mémoire, nous demandons à Dieu de vous bénir car vous
êtes précieux pour nous.
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
ANG : Acteur Non
Gouvernemental
CEBEDES : Centre Béninois pour
l'Environnement et le Développement Economique et Social
CODESRIA : Conseil pour le
développement de la recherche en sciences sociales en Afrique
COGEDA : Coordination des ONG de Gestion
des Déchets solides ménagers et de l'Assainissement
COPES-AOC : Communauté de
Praticiens en Ecosanté, Région de l'Afrique de l'Ouest et du
Centre
CREPA : Centre Régional pour
l'Eau Potable et l'Assainissement
DCAM : Développement
Communautaire et Assainissement du Milieu
DS : Déchet Solide
DST : Direction des Services
Techniques
DSU : Déchet Solide Urbain
EDS : Enquête Démographique
de Santé
FLASH : Faculté des Lettres, Arts
et Sciences Humaines
OMD : Objectif du Millénaire pour
le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
OULC : Observatoire Urbain Local de
Cotonou
PAGeD : Projet d'Appui à la
Gestion des déchets et à la Décentralisation
RGPH : Recensement Général
de la Population et de l'Habitat
SERHAU-SA : Société
d'Etudes Régionales, d'Habitat et d'Aménagement Urbain
SOGEMA : Société de
Gestion des Marchés Autonomes
UAC : Université
d'Abomey-Calavi
RESUME
L'un des faits sociaux les plus récurrents de notre
civilisation contemporaine, dans la dynamique urbaine, est le problème
de la sauvegarde de l'environnement, lequel est menacé par
quantité de pollution dont les déchets solides urbains. A
Cotonou, surtout dans les quartiers situés dans les
périphériques du marché Dantokpa, la gestion des
déchets solides urbains constitue un important problème, en
dépit des nombreuses initiatives d'assainissement constatées de
la part de différents acteurs. Il s'impose donc d'élucider les
raisons de la persistance de l'insalubrité dans le sixième
arrondissement. Une telle préoccupation a été l'objet de
la présente étude.
La documentation et les investigations en milieu réel
au cours desquelles des observations directes, des entretiens libre et par
questionnaire ont été les techniques de collecte des
données. Cette collecte des données n'est effectivement
réalisable que grâce aux différents outils afférents
aux techniques suscitées. Il s'agit de : la grille d'observation,
le guide d'entretien et le questionnaire. Par ailleurs, à partir des
groupes cibles identifiés, quarante-deux personnes ont constitué
l'échantillon à choix raisonné compte tenu du seuil de
saturation.
L'analyse des données à l'issue des
investigations fait apparaître deux raisons majeures expliquant la
réduction de l'efficacité de la pré-collecte des
déchets solides urbains à Cotonou dans le sixième
arrondissement. En premier lieu, l'existence d'enjeux économique et
politique entre les services techniques de la Mairie et ceux de l'Etat ne
favorise pas une réelle structuration des actions entre ces deux niveaux
institutionnels impliqués dans la gestion des déchets solides
à Dantokpa. En second lieu, les acteurs sociaux locaux (ONG et
populations locales) usent des infrastructures environnementales et participent
à l'assainissement de leur milieu en développant une
variété de comportements selon certaines logiques et
représentations.
Mots clés : Déchets urbains, Enjeux,
Comportements.
ABSTRACT
One of the most recurring social facts of
our contemporary civilization in the urban dynamic is the problem of
safeguarding the environment, which is threatened by the amount of pollution
including municipal solid waste. In Cotonou, especially in neighborhoods
located in the peripherals market Dantokpa, management of municipal solid waste
is a major problem, despite numerous sanitation initiatives identified by
different actors. It is therefore necessary to elucidate the reasons for the
persistence of unsafe in the sixth district. This concern has been the subject
of this study.
The documentation and investigations in the real environment
in which direct observations, interviews and free questionnaire were the
techniques of data collection. This data collection is actually realized only
through the various tools relating to technical rise. These are: the
observation schedule, the interview guide and questionnaire. Furthermore, based
on identified target groups, forty-two people have formed the sample to
rational choice given the saturation.
Data analysis after investigations revealed two major reasons
explaining the reduced efficiency of pre-collection of solid urban waste in
Cotonou in the sixth district. First, the existence of political and economical
issues between the technical services of the City Council and those of the
state does not promote a real structure of interactions between these two
institutional levels implicated in the management of solid waste Dantokpa.
Secondly, local social actors (NGOs and local populations) make use of
environmental infrastructure and participation in the remediation of their
environment by developing a variety of behaviors according to some logical
representations.
Keywords: Municipal waste, Issues, Behaviors.
INTRODUCTION
Comme le suggère le sens populaire, le
« déchet » désigne quelque chose qui sent
mauvais, qui est sale, encombrant, sans valeur, inutilisable, qu'on met
à la poubelle, qu'il faut jeter. C'est ce même sens que lui donne
le dictionnaire LE PETIT LAROUSSE, pour lequel un déchet est
« un débris, restes sans valeur de quelque
chose ». Comme on le constate, l'idée que nous nous faisons du
déchet est fondamentalement négative. Et que peut-on faire avec
quelque chose de si inutile, et parfois même nuisible, sinon
l'éliminer ?
C'est du moins ce à quoi toutes les
sociétés humaines s'appliquent depuis des millénaires, en
adoptant des solutions qui ont varié dans le temps, et qui n'ont pas
toujours été couronnées de succès (ZOA, 1995). Ce
défaut de succès donne lieu à la situation
d'insalubrité observée un peu partout dans les grandes villes
d'Afrique et d'ailleurs.
Cotonou, qui se présente comme la ville phare du
Bénin ne fait pas exception à la règle. En effet, selon la
caractérisation effectuée en 1991, chaque citoyen de Cotonou
génère chaque année, en moyenne, entre 250 et 300
kilogrammes de déchets. La densité moyenne de ces ordures est de
410 kilogrammes par mètre cube (DESSAU-SOPRIN, 2001). Avec ses
665 100 habitants (RGPH3), la ville de Cotonou produit en moyenne 700
tonnes de déchets par jour pendant que Dantokpa, le plus grand
marché du Bénin, situé dans le sixième
arrondissement de Cotonou, à lui seul, produit environ 100 tonnes de
déchets par jour. Actuellement, selon les résultats de
l'enquête démographique et de santé (EDS)
réalisée au Bénin en 2006 ; 39 % des
déchets urbains produits sont évacués. Face au manque de
moyen qui pourrait justifier cette réalité, il faut
reconnaître que Cotonou ploie sous le poids de ses déchets, sales
et encombrants. Il suffit de considérer le cadre de vie des citadins du
sixième arrondissement de Cotonou pour se rendre compte des
manifestations de ce « fait social global » (MAUSS,
cité par ZOA, 1995), amoncellements de déchets au niveau des
quartiers, détritus le long des routes, caniveaux et collecteurs
jonchés d'ordures menaçant dangereusement la santé de la
population et la propreté urbaine.
Face à cet état de malpropreté qui
caractérise l'espace urbain de Cotonou, des actions de quartiers se font
de plus en plus jours et tentent d'assainir localement les lieux de vie des
citadins : notons, d'une part, les interventions des services publics et
privés rentrant dans le cadre de la politique d'assainissement urbain,
et d'autre part le développement d'opérations sporadiques de
ramassage des déchets solides ménagers et de nettoyage des
quartiers et artères principales de la ville à l'initiative des
groupes de volontaires, d'associations communautaires ou d'Acteurs Non
Gouvernementaux (ANG).
Toutefois, ce foisonnement d'initiatives peine encore à
offrir aux populations citadines, en l'occurrence à celles du
sixième arrondissement de Cotonou, un cadre de vie moyennement assaini.
Devant ce constat, il paraît important de poser quelques questions afin
de préciser le sens de cette étude :
· Pourquoi y-a-t-il tant d'ordures dans la plupart des
quartiers de la ville notamment ceux du sixième arrondissement
malgré l'implication de plus en plus marquée des acteurs locaux
dans le système complexe de gestion des déchets ?
· Quels sont les acteurs qui interviennent dans ce
système ?
· Et quelles sont leurs logiques et stratégies
d'intervention sur ces déchets qui envahissent tout l'espace de la
ville ?
La présente étude vise de ce fait, à
mettre en évidence les jeux, les rapports, les stratégies et
représentations des différents acteurs qui s'organisent autour
des déchets urbains. C'est dans ce cadre que le sixième
arrondissement a été choisi comme secteur d'étude pour
mieux cerner les contours réels des interventions sur le
phénomène des déchets solides dans la ville de Cotonou.
La première partie de ce travail pose les fondements
théoriques et la démarche méthodologique de la recherche
en cernant le problème et en identifiant les hypothèses, les
objectifs, les concepts et la démarche de collecte des données.
La deuxième partie complète utilement la première en
présentant les données suivies de l'analyse des
résultats.
PREMIERE PARTIE :
FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES
1. PROBLEMATIQUE
1.1. Problème
La question de l'environnement connait de plus en plus au
niveau africain, une complication avec la croissance
accélérée des villes. A Cotonou, le secteur
d'assainissement des déchets solides urbains constitue le champ d'action
de nombreux Acteurs Non Gouvernementaux (ou ONG) vu que ces déchets
croissent au rythme de l'évolution démographique (EYEBIYI, 2008).
Le taux de ramassage des ordures variant en fonction de l'état des
quartiers, une importante quantité de déchets est laissée
essentiellement dans les « quartiers
spontanés »1(*) à caractères populaires dont le niveau
de vie est relativement faible et dont l'état des voies rend
l'accès difficile à la voirie.
Ainsi, on assiste, dans le 6ème
arrondissement de Cotonou, à l'accumulation des déchets dans les
quartiers au niveau des caniveaux, des abords des voies et des berges
lagunaires. Une telle situation participe à la dégradation de
l'environnement d'une part, et d'autre part contribue à
l'altération du bien être social, notamment la santé. En
effet, les quartiers de Jéricho ou de Hindé imposent aux usagers
de se pincer les narines afin de se protéger contre les odeurs
nauséabondes des caniveaux à ciel ouvert. Situés de part
et d'autre de ces quartiers, ils ne servent plus à évacuer les
eaux, mais sont devenus des exutoires pour les ordures. Du coup, les
populations sont quotidiennement exposées à des maladies
infectieuses et parasitaires tels que le paludisme, la fièvre jaune, la
typhoïde, l'onchocercose et le cancer des poumons (COPES-AOC
2003).
En somme, les ordures se présentent comme une
menace à la qualité de la vie dans l'espace urbain de Cotonou.
Cependant, ce qui surprend, ce sont les tas d'immondices que
l'on voit çà et là dès qu'on aborde la plupart des
quartiers du 6ème arrondissement, et ce, malgré la
multiplication des initiatives de la part de différents acteurs pour
tenter d'éradiquer le mal.
Dans un passé récent, l'Etat, à travers
la voirie de l'ex circonscription urbaine de Cotonou assurait la collecte des
ordures sans aucun frais de participation des ménages. Mais suite
à la crise des années 1980, caractérisée par
l'expansion rapide de la population de Cotonou2(*) et l'insuffisance des moyens techniques et financiers
du pouvoir public, ce service se retrouva inopérant. La
conséquence fut une croissance rapide de l'insalubrité, au niveau
des quartiers, due au fait que la plupart des habitants s'est vu obliger de
recourir aux espaces non occupés notamment les marécages et
certains lieux publiques pour se débarrasser des ordures, créant
ainsi un peu partout des "dépotoirs sauvages"3(*).
Parler des ordures à Cotonou, c'est aussi poser la
question de la gestion de la ville. Cette question est devenue sensible,
surtout avec l'avènement de la décentralisation. Celle-ci
confère, selon AHO (2008), aux collectivités locales des
communautés urbaines de nouveaux pouvoirs, droits et devoirs. Ces
pouvoirs, droits et devoirs permettent des espaces de concertation où se
négocient les interventions entre les acteurs concernés et
où se déroulent les échanges et les luttes entre groupes
sociaux, classes et réseaux spécifiques d'individus. Dans le
secteur spécifique de la filière des déchets solides
urbains, on note désormais une prise de conscience par les populations,
les organismes communautaires et les municipalités de leur rôle
dans la propreté urbaine. Dans cette perspective, la municipalité
de Cotonou tente, en amont d'élaborer un plan de gestion participative
et partagée des déchets, tandis qu'en aval, c'est par le biais de
la Direction des Services Techniques (DST), qu'elle parvient à la
collecte et au transport des déchets. Nous retenons ici que certains
quartiers de la ville, de par les investissements en infrastructures qu'ils ont
reçus ou simplement par leur position géographique (par exemple
Pate d'Oie, Quartier Jack) ont une voirie et des réseaux divers
fonctionnels qui permettent une «activité formelle» de la
gestion de l'environnement urbain (accessibilité des camions et engins
de la municipalité) bénéficiant de ce fait des services
offerts par la Mairie. Dans d'autres quartiers par contre (la majorité),
l'absence d'infrastructures adéquates ou encore la disposition
géographique défavorable du site (par exemple à Vossa,
Djidjè, Hindé situés dans le sixième
arrondissement), rendent le service de gestion des déchets difficile,
voire presque impossible en l'état actuel. La qualité de vie de
ces populations à faible niveau de vie est largement en dessous des
règles élémentaires d'assainissement et d'hygiène
publique (ZOA, 1995). Ce qui justifie le développement
d' « initiatives populaires » ou
« informelles » sous formes d' « actions
communautaires » remplaçant alors les domaines
organisés dits formels d'assainissement urbain, et traitant
l'évacuation et l'élimination des déchets (TINI, 2003).
Aussi, tout en redoutant l'émergence de contre pouvoirs, qu'elles ne
pourraient contrôler, les collectivités locales sont de plus en
plus sensibles aux dynamiques qui se font jour directement au niveau des
populations citadines. Nous pensons ici au rôle déterminant que
jouent les nombreux acteurs non gouvernementaux qui s'investissent dans le
ramassage des déchets solides ménagers. Selon le rapport
réalisé par la COGEDA et OXFAM QUEBEC (2001), de 1995 à
2000, le nombre des ONG pré-collectrices est passé de dix huit
(18) à cinquante et cinq (55) à Cotonou dont douze (12) exercent
dans le 6ème arrondissement. En dehors des actions des
acteurs non gouvernementaux, insistons sur les réactions des populations
locales qui s'inscrivent dans l'espace urbain : «il est strictement
interdit de jeter les ordures ici sous peine d'amende» ou encore
«gardons nos lieux de vente propres, cela nous protège des maladies
infectieuses» lit-on dans certains quartiers de Cotonou, principalement
là où les citoyens se sont appropriés un terrain ou sur
les murs de certains marchés publics. Il y a aussi les associations et
coopératives de jeunes et de femmes parfois appuyées par la
Mairie qui n'ont d'autres moyens d'action que leur volonté de nettoyer
les principaux axes et rues de leurs quartiers. Signalons aussi la campagne de
salubrité lancée quelques mois auparavant par le Président
de la République et dont le but est de mobiliser tous les acteurs de la
ville dans une logique d'un sursaut populaire contre l'insalubrité des
lieux de vie.
Comme on peut le constater, « le souci
environnemental est intégré à la conscience que les
populations ont de leur relation à l'espace urbain » (ZOA,
1995). Il est évident que cette préoccupation est loin
d'être générale, puisque les faits et attitudes qui
s'imposent à l'observation témoignent d'une véritable
incurie en matière de salubrité.
Il s'impose donc de savoir :
Quels sont les facteurs organisationnels et les enjeux
sociologiques qui influent sur l'efficacité des initiatives
d'assainissement des déchets solides dans le 6ème
arrondissement de Cotonou?
Quelques hypothèses serviront de pistes pour
répondre à cette préoccupation et permettront de mener la
recherche.
1.2. Hypothèses
F L'insuffisance de coordination des actions institutionnelles
dans le cadre de la gestion des déchets au niveau du marché
Dantokpa explique le rejet d'une quantité importante de déchets
solides vers les quartiers périphériques.
F Les représentations sociales relatives aux
dispositifs installés pour l'assainissement dans le
6ème arrondissement influencent les usages sociaux desdites
infrastructures.
F La perception des coûts de l'enlèvement des
déchets par les populations détermine leur participation à
l'assainissement de l'arrondissement.
Afin de vérifier ces hypothèses, des objectifs
sont formulés et subdivisés en objectif principal et en objectifs
spécifiques.
1.3. Objectifs
1.3.1. Objectif global
Etudier les facteurs explicatifs de la persistance de
l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou.
1.3.2. Objectifs spécifiques
F Examiner les conditions de mise en oeuvre de la
coordination des actions entre acteurs institutionnels dans le cadre de
l'enlèvement des déchets au niveau du marché Dantokpa.
F Identifier les logiques qui ponctuent les usages sociaux
des infrastructures d'assainissement dans le 6ème
arrondissement de Cotonou.
F Analyser les différentes perceptions sociales
liées aux coûts de l'enlèvement des ordures.
2. CLARIFICATION CONCEPTUELLE
Afin d'éviter tout malentendu, il est utile de
commencer d'abord par définir sous ce chapitre les concepts majeurs de
ce travail.
Dans cette optique, il faut entendre par
assainissement, des « pratiques (qui
regroupent toutes les activités de purification, d'entretien, de
nettoyage de l'environnement, du cadre de vie) destinées à
combattre l'ensemble des facteurs qui, dans le milieu physique de l'individu,
sont susceptibles d'influer défavorablement sur son bien être
physique, mental et social » (ADAMA, 2000, p.6). Lorsque ces
pratiques s'inscrivent à l'échelle du quartier ou de
l'arrondissement et initiées par des acteurs du milieu on parle de
assainissement local. Ce dernier recouvre plusieurs
secteurs, en l'occurrence celui des déchets. Par exemple, dans le
sixième arrondissement de Cotonou, on observe diverses pratiques telles
que la pré-collecte, la collecte, et l'élimination des
déchets, comme des tentatives des acteurs sociaux qui font la
ville pour assainir localement les lieux de vie. C'est le sous
système de pré-collecte des déchets qui nous
intéresse dans le cadre de ce travail de recherche.
La pré-collecte se
définie comme l'opération qui consiste à ramasser et
à évacuer ou à enlever les déchets, du point de
production (ménages, lieux de travail, marchés) jusqu'à un
point de regroupement4(*) en
vue de leur collecte (BIYONG, 1998). Au niveau du sixième
arrondissement, cette opération implique plusieurs acteurs, à
savoir : la Mairie de Cotonou, les ONG, la population locale et la
Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA).
Selon ZOA (1995), un déchet
est « tout résidu de production, de transformation ou
d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus
généralement tout bien meuble que son détenteur destine
à l'abandon » ( BERTOLINI cité par ZOA,
1995). Cette définition renvoie aux notions de déshérence,
de bien vacant et de droit de la propriété relevant de la
juridiction, en plus, elle se rapproche de la définition
économique de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) selon
laquelle le déchet est « quelque chose que son
propriétaire ne veut plus, en un certain lieu et à un certain
moment, et qui n'a plus de valeur commerciale courante ou
perçue »5(*), à l'instar des produits avariés, des
médicaments périmés. Dans ce contexte, la gestion de cet
« objet dont la valeur économique est nulle pour son
détenteur, doit être contrôlée au profit de la
protection de la santé publique et de l'environnement,
indépendamment de l'avis du propriétaire » (CODESRIA
2005). Il ressort de ce qui précède que, le concept de
déchet ou d'ordure varie suivant le niveau de vie et de
développement de chaque individu. Le
déchet, dans le cadre de cette étude,
doit s'entendre comme tous débris, rebus et détritus
inutilisables ou ayant perdu leur valeur d'usage et d'échange pour son
détenteur et par conséquent destinés par ce dernier
à la "poubelle" ou tout simplement à être jeter. Ce travail
de recherche couvre les déchets solides qui
comprennent les déchets domestiques provenant des ménages, les
déchets issus des activités des petites industries (menuiserie,
soudure, couture...), des marchés et des institutions. En ville, lorsque
ces rejets, dus à l'activité des hommes, quittent les
ménages, les lieux de travail, les services ou encore les marchés
pour se retrouver aux abords des rues, des vons, dans les caniveaux, bref au
niveau de l'espace collectif urbain, ils engendrent, pour ce qui
intéresse l'assainissement local, les pollutions6(*) du sol, de l'air et de l'eau
avec tous les risques que cela comporte sur le plan de l'hygiène, de la
vie biologique et de la protection de l'environnement. Ils sont dans ce sens
qualifiés de déchets solides urbains.
Constatons que l'assainissement des déchets solides
urbains revêt des aspects très complexes à la fois social,
culturel, économique, technique, et normatif. Selon TINI (2003), trois
attentes majeures peuvent être identifiées de la part des
principaux acteurs.
Si pour les populations (les ménages, les services, les
commerces), le souci est de se débarrasser des ordures produites quel
que soit le lieu de rejet, les acteurs municipaux se préoccupent surtout
de la propreté des espaces publiques dans le souci de
l'esthétique urbaine et de l'hygiène publique. Tandis que les ONG
tentent de participer à l'enlèvement des ordures stockées
dans les ménages, les bureaux, les lieux de commerces. Il faut
s'interroger ici sur les
« logiques » et les
« stratégies »7(*) de ces
différentes catégories d'acteurs impliqués dans la gestion
des déchets dans le sixième arrondissement, autrement dit, leurs
diverses façons de se comporter par rapport aux déchets, et les
représentations8(*) (ou conceptions) qui sous-tendent leurs
comportements.
La gestion de la ville en général, et celle des
déchets solides urbains en l'occurrence, est donc l'objet de multiples
interactions sociales auxquelles donnent lieux les logiques d'acteurs aux
intérêts divergents. Surtout, dans le sixième
arrondissement, qui abrite le marché Dantokpa, où l'analyse de
l'insalubrité doit intégrer la logique de gestion des ordures par
la Mairie au rôle des acteurs au niveau de la Société de
Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA) dont les pratiques aussi bien que
les initiatives ne peuvent être négligées dans la
perspective d'une gestion décentralisée et coordonnée des
déchets solides urbains. Tout ceci fait du cadre urbain du
sixième arrondissement de Cotonou, un espace de négociation et de
jeux9(*) entre la population locale, les Acteurs
Non Gouvernementaux, la SOGEMA et la Municipalité.
En définitive, derrière les déchets qui
encombrent le paysage de Cotonou en général et celui du
6ème arrondissement en particulier, l'on est renvoyé
aux acteurs impliqués dans la gestion des ordures dans l'espace
collectif urbain et aux différents rapports de force qui les opposent ou
les complètent.
L'illustration suivante (Figure 1) est à cet effet la
récapitulation du « système-déchet »
et des acteurs impliqués :
Source : ZOA, 1995, Les ordures à
Yaoundé, p.71. Modifié par nous-mêmes.
Figure 1 : Graphique
illustrant le système des déchets de Cotonou
3. REVUE DOCUMENTAIRE ET ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES
DECHETS
La problématique de l'insalubrité des espaces
urbains africains en général, et du Bénin en particulier,
liée notamment à la gestion sociale des déchets solides
urbains a été analysée sous plusieurs angles par
différents auteurs, qui l'ont successivement abordée, en
insistant chacun sur l'aspect qui lui paraissait pertinent.
Ceci étant, le rapport de la 11ème
assemblée générale du Conseil pour le développement
de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) tenue à
Maputo (Mozambique), du 6 au 10 Décembre 2005 et dont le thème
central est, Accumulation d'ordures ménagères et
dégradation de l'environnement urbain. Quelques pistes pour une
viabilité environnementale dans le processus de développement
africain, fait observer qu'avec l'accroissement rapide de la population
urbaine et l'extension démesurée de l'espace urbain, dus à
une urbanisation non contrôlée et non maîtrisée de
l'Afrique, le ramassage et l'élimination de déchets solides (DS)
posent de graves problèmes, non seulement aux responsables municipaux et
aux pouvoirs centraux, mais aussi et surtout aux populations démunies.
En effet, le problème de l'accumulation des ordures sur
des dépotoirs spontanés et sauvages lié, entre autres,
à la faiblesse du taux de ramassage par les services qui en sont
chargés est source de plusieurs maladies hydriques et endémiques.
« Ces taux sont compris entre 20 et 50 % dans le meilleur des cas,
suivant les possibilités en ressources humaines et financières et
en moyens techniques des municipalités » (CODESRIA 2005,
pp.2-3)10(*). Ainsi,
l'accumulation des déchets dans les ménages (maisons), et en
dehors de ceux-ci (sur les trottoirs et ce qui sert de chaussée, au bord
des ruisseaux ou lagunes, dans les caniveaux) et les difficultés de leur
gestion par les acteurs municipaux sont liées aux raisons qu'on comprend
aisément.
La première est l'augmentation de la population urbaine
qui produit plus de déchets. Cette population occupe également
plus d'espace.
Pour ONIBOKUN (2002), les changements sociaux et
économiques qu'ont subis la plupart des pays africains depuis les
années 1960 ont également entraîné une hausse de la
production de déchets par personne.
Toutefois, le même auteur souligne que « ce
n'est pas la quantité de déchets qui pose problème, mais
plutôt l'incapacité des gouvernements et des
sociétés d'élimination des déchets de s'en
débarrasser ». Par là, il attire l'attention sur un
autre problème aussi important, celui de la question de financement du
secteur de l'assainissement en général, et celui des DS en
particulier.
En effet, selon TOSSOUNON (2008), « l'investissement
dans le secteur reste médiocre, l'engagement des autorités est
insuffisant ». Ce que confirme le rapport sur le Projet de
recherche sur l'approche AECM dans le quartier Agla de Cotonou
réalisé par CREPA (2006), lorsqu'il montre que le rythme de
développement des services urbains de base ne suivant pas celui de
l'urbanisation, les populations démunies ou vivant dans les quartiers
populaires sont les plus touchées par l'absence de services
d'assainissement. Les faibles moyens financiers dont elles disposent, rendent
difficile leur accès à des services adéquats
d'assainissement.
Or, la question de l'accès aux services adéquats
d'assainissement représente l'une des priorités de la
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté
(SCRP 2007-2009) et même de l'Etat qui, s'inscrivant dans l'atteinte des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a
décidé de réduire de moitié de 2002 à
l'horizon 2015, la proportion de la population n'ayant pas accès
à l'eau potable et aux services adéquats d'assainissement. Cela
devrait se traduire, d'après les résultats de la troisième
Enquête Démographique de Santé (EDS III)
réalisée en 2006, à accroître le taux de couverture
en ouvrages d'assainissement de 37,2 % en 2006 à 69,0 % en 2015.
Pour le milieu urbain, il faut accroître de 10 % le taux
de couverture en ouvrages d'assainissement de base et augmenter de 20 % le taux
de pré-collecte des déchets solides.
Face à ces engagements pris et dont la mise en oeuvre
conduirait à faire un pas significatif en avant dans un secteur
longtemps resté parent pauvre, la traversée est parsemée
d'embûches. Et le véritable obstacle reste et demeure le
financement. L'investissement dans le secteur est largement en
deçà des attentes. Aujourd'hui, même avec le
relèvement du budget consacré à l'assainissement pour
2008, il ne représente que 2 % de celui du Ministère de la
santé qui dépasse les 71 milliards et moins de 0,2 % du budget
général de l'Etat. Un faible investissement que le rapport
national sur l'état de l'assainissement au Bénin
présenté à la conférence africaine sur
l'assainissement et l'hygiène (Africasan) qui s'est tenue en 2008, du 18
au 29 février à Durban en Afrique du sud, a également mis
en relief en invitant le gouvernement et les partenaires techniques et
financiers à « faire preuve d'un engagement plus
concret ».
De tout ce qui précède, nous retiendrons que la
concentration des populations en ville exacerbe les besoins (en
infrastructures, en services d'assainissement), et aussi les problèmes
collectifs (hygiène publique, environnement).
En dehors du faible investissement dans le secteur, le
comportement des populations reste un problème. Aussi, selon TINI
(2003), « l'histoire de l'évolution des déchets trouve
son origine dans l'évolution de nos modes de vie et de nos comportements
vis-à-vis des déchets, des institutions et des systèmes
d'élimination ». En effet, pour la plupart des citadins
vivant dans l'espace urbain africain « le problème des
déchets doit être pour l'essentiel résolu par les pouvoirs
publics ». Et le rapport national du sommet Africasan de soutenir que
« l'assainissement n'est pas encore une priorité pour les
populations ». Ce que confirme, par ailleurs, ZOA (1995) en
écrivant que, « mues par l'idée que la rue et les
espaces publics n'appartiennent à personne, les populations
n'hésitent pas à jeter les objets n'importe
où ».
Abondant dans le même sens, WAAS (1990),
considère que « l'effort «rural» de propreté
à l'intérieur de la maison et de l'espace considéré
comme privé est maintenu en milieu urbain. La perception de l'espace
collectif ou public, en revanche, change considérablement. La
responsabilité de son maintien incombe aux autorités locales.
Très peu d'attention est généralement portée
à cet espace public ». Ce qui conduit à la
création de dépotoirs sauvages de déchets solides à
des endroits inappropriés.
Dans ce contexte, et compte tenu de ce qui
précède il faut s'interroger non seulement sur les pratiques,
mais aussi, les dynamiques sociales dont les déchets sont objet en
milieu urbain de Cotonou.
Dans cette perspective, le Rapport sur l'état de
l'assainissement à Cotonou : enquête auprès des ONG de
pré-collecte des déchets solides ménagers,
coréalisé par COGEDA et OXFAM QUEBEC (2001), révèle
que « l'état de l'assainissement à Cotonou et la
libéralisation de ce secteur a suscité l'émergence des
coopératives et des associations de gestion des
ordures ménagères ». En effet, d'après NDIAYE
(2005), le « système conventionnel »11(*) de gestion des ordures, n'a pu
combler les attentes en termes d'efficacité et d'efficience dans un
contexte de crise des finances publiques. En outre, son orientation
centralisée et techniciste demeure porteuse d'une
ségrégation spatiale voire sociale dans l'accès aux
services publics locaux tout en favorisant la déresponsabilisation
et l'attentisme des populations dans l'amélioration de leur cadre de
vie. Selon ATTAHI (2002), l'arrivée de nouveaux acteurs que constituent
les ONG de pré-collecte et autres organismes sociaux complique
l'organisation de la gestion des déchets. « Les
problèmes d'environnement urbain deviennent alors un lieu
privilégié d'où surgit une nouvelle forme d'organisation
sociale de la vie urbaine dans la mesure où l'assainissement est
l'affaire des citadins eux-mêmes qui prennent en charge la promotion de
ce droit à l'environnement » (ZOA, p.182).
Aussi, il existe aujourd'hui deux systèmes de gestion
des déchets qui cohabitent : le système moderne ou
conventionnel pris en charge par la municipalité dans le contexte de la
décentralisation et le « système communautaire ou non
conventionnel »12(*) caractérisé par une logique de
« participation populaire » (TINI, p.10).
NDIAYE (2005) met aussi l'accent sur l'impact positif du
système non conventionnel de gestion des déchets solides et
démontre par là que le problème de la gestion urbaine ne
se limite pas seulement à des questions financières. Il
intègre aussi une problématique managériale tout en
interrogeant la capacité
et/ou la
volonté des différents acteurs, au préalable les
collectivités locales urbaines à reconstruire de manière
concertée, à travers une coopération conflictuelle, de
nouvelles stratégies de développement et de gouvernance.
Cependant, l'auteur souligne que malgré leur l'ampleur, de tels
associations et organismes communautaires ont été incapables de
structurer une proposition alternative durable de gestion sociale des ordures,
au regard des défaillances constatées au niveau du système
conventionnel. Ce qui démontre que les initiatives populaires ne peuvent
pas et ne devraient pas se substituer aux institutions publiques :
« Leurs initiatives et réalisations doivent plutôt
être considérées comme des pistes, de stratégies
alternatives qui doivent être évaluées, et le cas
échéant, validées pour être relayées sur le
terrain par l'action des services de l'Etat et des
municipalités » (Soumaré cité par NDIAYE,
2005).
En définitive, on comprend donc, à la suite de
la Commission des Communautés Européennes (1999), que
« la vitalité associative n'était pas toujours synonyme
de capacités opérationnelles pour prendre en charge de
façon pérenne des fonctions socioéconomiques liées
à l'amélioration des conditions de vie des
populations » en général, et celui de la gestion des
déchets solides urbains en particulier.
Compte tenu de tout ce qui précède, et eu
égard aux différentes problématiques soulevées,
nous retenons que la gestion des déchets n'est pas un problème
isolé du reste de la réalité urbaine. L'action
d'évacuer les déchets embrasse en même temps des moments
réglementaires, sanitaires, urbanistiques, sociaux, économiques,
culturels et institutionnels ; moments qui constituent des
réalités quotidiennes et permanentes de la vie urbaine (TONON,
1990, pp.90-91).
L'étude du cas concret du sixième arrondissement
de Cotonou incite à revoir la manière d'aborder la
problématique des déchets. Jusqu'à présent, dans la
plupart des études consacrées aux villes des pays en voie de
développement, l'approche technocratique et économique soutenue
par la perspective causale a été de mise. Le choix des solutions
est fait à partir d'un ensemble de critères de
référence s'appuyant sur des modèles a priori, auxquels
devrait être adaptée la réalité. En fait, dans
l'état actuel des études sur les déchets urbains, toute
l'attention semble se concentrer sur le compostage au moment où les
contraintes techniques et financières auxquelles sont confrontées
les communes nécessitent d'autres solutions à
l'élimination anarchique des déchets.
Sans méconnaître l'importance de ces aspects,
nous croyons nécessaire d'ouvrir des perspectives plus larges qui
resituent les projets de pré-collecte et de valorisation des ordures
dans « l'axe des rapports déchets- culture et
société » (ZOA, p.25). En effet, les problèmes
de gestion des déchets sont posés au corps social urbain par
certains mécanismes qui l'ont généré et qui
l'entretiennent. Rechercher les causes de ces problèmes revient, en
termes simples, à comprendre l'intelligence de ces mécanismes qui
les produits et les constituent comme problèmes. Car, comme
l'écrit TINI (2003) « il ne faut pas perdre de vue que
l'environnement est avant tout, une question de comportement ». C'est
ce "poids du social" qu'il convient de mettre en relief à partir des
perceptions et des réactions que l'on observe autour des déchets.
Ce qui sous entend que, quels que soient les dispositifs techniques
proposés, il n'est pas possible de résoudre les problèmes
posés par les déchets dans la ville de Cotonou et plus
particulièrement dans le sixième arrondissement sans tenir compte
des enjeux sociologiques qui influent sur l'efficacité des
différentes approches de solution jusque-là mises en oeuvres.
« Considérer les ordures comme un champ d'étude
sociologique » (ZOA, p.13), c'est assurément, ouvrir de
nouvelles pistes à l'analyse des problèmes d'environnement ;
lequel devient aujourd'hui le problème de développement le plus
préoccupant auquel les décideurs politique et économique
tentent de répondre. Dans cette perspective, en resituant le cycle des
déchets dans la vie des acteurs sociaux qui occupent l'espace urbain, il
va s'agir de mettre en évidence les enjeux, les rapports, les logiques
et stratégies entre différents acteurs du système de
gestion sociale des déchets solides urbains (DSU) dans le sixième
arrondissement. De ce point de vue l'approche socio-anthropologique
apparaît - elle comme un cadre général d'analyse pertinent
pour l'étude.
4. PERSPECTIVE THEORIQUE
La perspective théorique proposée s'inspire de
la perspective générale de la Socio-anthropologie du changement
social et du développement telle que conçue par Jean-Pierre
Olivier de SARDAN dans Anthropologie et développement : essai
en Socio-anthropologie du changement social et du développement.
Selon de SARDAN (1995), les autres théories ne
rendaient pas compte de ce que faisaient les acteurs eux-mêmes. Il en
vient donc à la situation actuelle, celle des multi-rationalités.
C'est une combinaison de la méthode empirique qui prend en compte
l'analyse objective, la méthode compréhensive de WEBER qui prend
en compte l'analyse des acteurs, des sujets, des agents en situation et la
méthode actionniste d'Alain TOURAINE qui oeuvre sur l'action des
acteurs. Tout d'abord la démarche est devenue plus
« locale », plus centrée sur le
« micro », voire le « méso ». En
second lieu, l'accent est mis sur les acteurs sociaux ou les groupes d'acteurs
sociaux (individuels ou collectifs), leurs stratégies, leurs enjeux, la
marge de manoeuvre des individus et des groupes à l'intérieur des
ensembles de contraintes définis par les structures est désormais
un objet d'étude privilégié. On peut y lire une
perspective désormais plus interactionniste, en ce qu'elle met au
premier plan les interactions entre les acteurs (ici, la population locale dans
le 6ème arrondissement, les acteurs non gouvernementaux, les
agents des services techniques de la Mairie de Cotonou) et groupes d'acteurs
(la Mairie, la SOGEMA), et leurs effets, recherchés ou inattendus. Cet
interactionnisme là, s'attache à l'ensemble des interactions
(sociales, politiques, économiques, symboliques) entre acteurs sur une
scène donnée (en l'occurrence celle de
l' « assainissement local ») autour d'enjeux
donnés (par exemple la propreté urbaine, l'esthétique de
la ville, la gestion des déchets).
Nombre de travaux actuels en Socio-anthropologie du
développement partent des mêmes postulats : les pratiques
populaires ont un sens qu'il convient de chercher. Ils s'organisent autour d'un
même axe : la recherche des différences, des contradictions,
des clivages, en tant qu'analyseurs privilégiés de la
réalité sociale. Ils tentent une même conciliation entre
analyse des structures qui contraignent l'action et identification des
stratégies et logiques qui sous-tendent les comportements et les
représentations des acteurs. La Socio-anthropologie du
développement « affirme dès le départ la
complexité du social, et la divergence des intérêts, des
conceptions, des stratégies ou des logiques des divers
« partenaires » (ou « adversaires »)
que met en rapport le développement.13(*) » (de SARDAN, pp.10-15).
Une telle optique (c'est-à-dire l'approche
Socio-anthropologique) oblige à s'interroger sur les stratégies
des diverses catégories d'acteurs (populations, ONG, Mairie, SOGEMA),
elle oblige à rechercher la diversité des codes sociaux et normes
de comportements qui servent de références à ces
stratégies. Aussi, l'analyse des pratiques sociales à l'oeuvre en
matière de gestion sociale des DSU au niveau du 6ème
arrondissement de Cotonou, mettra t-elle l'accent, d'une part sur les
interactions entre la Mairie et la SOGEMA et, d'autre part sur le
décalage inévitable, entre les divers
« intérêts » et les
« rationalités » qui régissent les actions
des agents des services techniques de la Mairie et les divers
« intérêts » et
« rationalités » qui règlent les
réactions des populations locales concernées.
Le cadre théorique et conceptuel de la recherche ayant
été précisé, il s'impose de définir une
approche méthodologique susceptible d'aider objectivement à la
poursuite de la recherche.
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
1. DELIMITATION DU CHAMP D'INVESTIGATION
« L'origine première de tout processus social
de quelque importance doit être recherchée dans la constitution du
milieu social interne. L'effort principal du sociologue sera donc tendre
à découvrir les différentes propriétés de ce
milieu » affirme Emile DURKHEIM (1937) : ce milieu n'est que le
champ sociologique à investir.
1.1. Justification du choix du cadre physique et humain de
l'étude
Situé sur le cordon littoral qui s'étend entre
le lac Nokoué et l'Océan Atlantique, Cotonou est divisé en
13 arrondissements totalisant 144 quartiers qui s'étendent sur une
superficie de 79 km2. On y a recensé 665 100 habitants
répartis dans 154 346 ménages en 2002 (RGPH3 2002).
L'urbanisation mal maîtrisée a fait de la question des
déchets solides un problème environnemental important dans la
ville. La production nationale de déchets solides en 1998 était
de 342 000 tonnes dont 60% pour la seule ville de Cotonou14(*). Ce qui traduit
l'acuité des problèmes environnementaux majeurs dans la ville de
Cotonou, notamment dans ses volets relatifs à la gestion des ordures et
des eaux usées domestiques. De tels facteurs ont contribué
à la dégradation des conditions sanitaires dans toute la
ville.
Le 6ème arrondissement est l'une des
composantes administratives de la ville de Cotonou ; il comporte
16 637 ménages et une population totale de 71 085. Il
contribue pour 10,7% à la population totale de la ville de Cotonou
(RGPH3 2002) et constitue l'arrondissement le plus peuplé de la
municipalité. Il est subdivisé en 18 quartiers de ville et, est
limité au Nord par le Lac Nokoué, au Sud par le
5ème arrondissement, à l'Est par le chenal
appelé `'lagune de Cotonou'' et à l'Ouest par les
7ème, 8ème et 9ème
arrondissements.
Le site, constitué de sol hydromorphe est en partie
marécageux avec un niveau en dessous de la mer. Il est sujet à
l'instar des autres localités de Cotonou à deux types
d'inondations. Le premier est dû aux pluies de la première saison
humide. Le second est le fait des crues du lac Nokoué dues à
celles des fleuves Ouémé et Zou qui sortent de leur lit durant
les mois d'août et de septembre. Il est à noter que ce dernier cas
d'inondation affecte de façon cyclique les quartiers (relevant
essentiellement du 6ème arrondissement) situées le
long du lac Nokoué, ce qui aggrave l'aspect déjà
pollué du milieu où les déchets solides jonchent les rues,
les caniveaux, les collecteurs, les abords de la berge lagunaire ou du lac.
Toutefois, on note dans cet arrondissement la présence de douze (12) ONG
qui sont chargées de la pré-collecte des ordures auprès
des populations locales. Selon les résultats de l'enquête
réalisée par ATTANASSO (2005), le nombre d'abonnés aux
services de pré-collecte est de 2043 abonnés en 2002 pendant que
la question des lieux de dépôts officiels des déchets
pré-collectés reste à ce jour non résolu ou du
moins ne connaît pas encore un aboutissement heureux.
Outre la présence du marché international
Dantokpa dans le 6ème arrondissement, qui
génère une quantité importante d'ordures, se
développent de nombreux petits commerces de rues et activités du
secteur de l'artisanat évoluant essentiellement dans l'informel et
constituant une source non moins importante de production de déchets.
Ainsi nous trouvons dans cet arrondissement, un cadre
d'étude pertinent pour comprendre les jeux et les logiques des
différents acteurs qui tentent de s'organiser pour faire face à
la question des déchets solides en milieu urbain de Cotonou.
La Figure 2 présente la situation de la ville de
Cotonou et les limites du sixième arrondissement.
Limite du 6ème
arrondissement
Source :
SERHAU SA
Figure 2 : Carte de situation de la
ville de Cotonou
L'importance du choix d'un tel cadre de recherche se percevra
mieux à travers la précision de la nature de l'étude.
1.2. Nature de l'étude
La problématique des déchets solides urbains est
considérée dans une perspective socio-anthropologique. Cette
Socio-anthropologie dans l'esprit d'Olivier de SARDAN est liée à
la Sociologie « qualitative ». Selon cet auteur, la
Sociologie dite qualitative se veut aussi rigoureuse (voire plus) que la
sociologie dite quantitative, et ne dédaigne par ailleurs ni les
chiffres, ni les procédures de recension systématique, bien au
contraire.
De ce point de vue, l'insalubrité en tant qu'objet
d'étude socio-anthropologique est donc un objet à la fois
qualitatif et quantitatif dont l'objectivation requiert la mise en oeuvre d'une
approche qualitative/quantitative. Sous ce rapport, la présente
étude s'avère être une étude de type
qualitatif/quantitatif, étudiant la représentation populaire et
les variables structurelles afin d'en dégager leur rapport au
système de gestion des déchets.
Une telle étude ne sera possible que grâce
à la délimitation du sujet, la définition des groupes
cibles et à la constitution de l'échantillon.
1.3. Délimitation du sujet
Dans cette étude il ne s'agit pas d'aborder tous les
aspects que peuvent revêtir les facteurs explicatifs de la persistance de
l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou.
De ce fait, nous retenons deux (02) catégories de
variables à investir à savoir : les variables liées
à l'organisation interne actuelle des acteurs institutionnels du
système de gestion des déchets solides au niveau de l'espace
public marchand de Dantokpa et celles relatives aux comportements, pratiques et
représentations des populations locales en matière de gestion
sociale des déchets solides urbains à Cotonou dans le
sixième arrondissement.
2. GROUPES CIBLES ET ECHANTILLONNAGE
2.1. Groupes cibles
Les groupes cibles sont les différents groupes
d'acteurs stratégiques dont les activités ou la position sociale
sont en relation avec la problématique de gestion des déchets
solides urbains. Le tableau I présente les différents groupes
cibles et les catégories de personnes interrogées à
l'intérieur de chaque groupe cible.
Tableau I : Présentation des
groupes cibles et catégories de personnes interrogées
Groupes cibles
|
Catégories de personnes
interrogées
|
Populations du sixième arrondissement de Cotonou
|
Personnes vivant dans le 6ème arrondissement
depuis au moins trois mois précédent la période de
passage.
Il a été également tenu compte des
différentes catégories socioprofessionnelles au sein de la
population. Ainsi, on a successivement interrogé des
ménagères (femmes au ménage), des commerçants, des
ouvriers ou artisans, des employés de services, des étudiants ou
élèves.
|
ONG de pré-collecte
|
Responsables d'ONG exerçant dans le sixième
arrondissement.
|
SOGEMA
|
Responsables de différents services au niveau de la
SOGEMA.
|
Mairie de Cotonou
|
Responsables au niveau de la Direction des Services
Techniques.
|
Source : AMOUZOUN, 2009
Le nombre d'enquêtés varie suivant les groupes
cibles. Ce nombre a été défini par choix raisonné.
L'échantillon constitué présente des
caractéristiques précises.
2.2. Echantillonnage
Une fois les groupes cibles identifiés, il va falloir
déterminer la taille de l'échantillon, c'est-à-dire le
nombre de personnes à enquêter à l'intérieur de
chaque groupe cible. Le principe qui a prévalu pour la constitution de
l'échantillon est celui de la saturation de l'information. Autrement
dit, il n'a pas été défini dès le départ une
taille précise pour l'échantillon. Les entretiens à
l'intérieur de chaque groupe cible se sont poursuivis jusqu'à ce
que le seuil de saturation de l'information qui est le seuil à partir
duquel les réponses fournies à l'intérieur d'un groupe
cible ne varient plus (PIRES, 1997), soit atteint.
Au total, 42 unités sociales (chaque
enquêté est ici considéré comme une unité
sociale) ont constitué l'échantillon à choix
raisonné compte tenu du seuil de saturation.
Par ailleurs, il faut préciser que le sixième
arrondissement compte dix huit (18) quartiers. Méthodologiquement,
compte tenu des moyens disponibles pour la recherche il serait
prétentieux de les parcourir tous. Aussi, en suivant toujours la
technique de choix raisonné, ce travail de recherche a pris en compte
six (06) quartiers ainsi qu'il suit : Dantokpa, Jéricho1,
Hindé1, Djidjè1, Aïdjèdo3 et Ladji. Ces quartiers ont
également respecté d'autres critères de choix à
savoir : la proximité avec Dantokpa (le marché
s'entend) ; la situation géographique par rapport au lac et
à la lagune (c'est-à-dire situés aux bords du Lac
Nokoué ou de la Lagune de Cotonou) ; le cadre physique et ses
caractéristiques (ici il importe de prendre en compte les quartiers qui
abritent quelques infrastructures d'assainissement tels les collecteurs, les
bacs à ordures). Les tableaux II et III présentent les
caractéristiques de l'échantillon.
Tableau II : Répartition des
enquêtés par catégories de personnes interrogées
Catégories de personnes interrogées
|
Effectifs
|
Personnes vivant dans le 6ème arrondissement
depuis au moins trois mois précédent la période de
passage.
|
35
|
Responsables d'ONG exerçant dans le sixième
arrondissement.
|
03
|
Responsables de différents services au niveau de la
SOGEMA.
|
02
|
Responsables au niveau de la Direction des Services
Techniques.
|
02
|
TOTAL
|
42
|
Source :
Données de l'enquête de terrain, août-octobre
2009
Tableau III :
Informations sur la répartition des personnes enquêtées
vivant
depuis au moins trois mois dans
l'arrondissement par quartier (de ville)
Personnes
enquêtées
vivant dans l'arrondissement
Quartiers
de l'arrondissement
concerné
|
Effectifs
|
Dantokpa
|
07
|
Jéricho1
|
05
|
Hindé1
|
06
|
Djidjè1
|
06
|
Aïdjèdo3
|
05
|
Ladji
|
06
|
TOTAL
|
35
|
Source :
Données de l'enquête de terrain, août-octobre
2009
Il faut souligner que cet échantillonnage ne s'est
avéré utile que dans la mesure où la collecte des
données s'est faite sur la base d'une démarche de recherche
utilisant des techniques pertinentes.
Cette démarche de recherche s'articule autour de quatre
principaux axes qui sont :
§ Recherche de l'information au niveau des centres de
documentation à Cotonou et sur Internet ;
§ Enquêtes par questionnaire
réalisées auprès des populations vivant dans le
sixième arrondissement de Cotonou et auprès des responsables
d'ONG menant des activités de pré-collecte des ordures ;
§ Interviews des principaux responsables techniques de la
gestion des déchets à Cotonou, précisément ceux de
la Direction des Services Techniques (DST) à la Mairie de Cotonou et de
la Société de Gestion des Marchés
Autonomes (SOGEMA);
§ Sorties d'études munie d'une grille
d'observation pour observer « le phénomène »
de gestion des déchets et interviewer des personnes ressources ou
spécialistes de la question des déchets aussi bien dans le
sixième arrondissement que dans d'autres quartiers de la ville.
3. RECHERCHE DE L'INFORMATION
Par recherche de l'information s'entend la consultation des
ouvrages généraux et spécifiques, des mémoires et
rapports d'études au niveau des centres de documentations mais aussi sur
l'Internet grâce au moteur de recherche Google.fr. La recherche
bibliographique a permis d'identifier des sources principales d'informations,
avec des domaines ciblés sur :
· La contribution des sciences sociales en
général, et de la Sociologie-Anthropologie en particulier
à l'étude des pratiques sociales spatiales ;
· La gestion des déchets dans les pays en voie de
développement et la problématique de l'environnement ;
· La gestion des déchets urbains en Afrique au sud
du Sahara ;
· Les études et recherches entreprises dans le
contexte urbain au Bénin et en Ouest Afrique en matière de
gestion des déchets et d'assainissement.
Cette recherche bibliographique a donc permis, grâce aux
informations obtenues, de structurer les bases de la recherche en la guidant
vers les hypothèses de recherche. Elle a, en outre, aidé
significativement à la circonscription de notre recherche. Le tableau IV
résume cette partie.
Tableau IV : Synthèse de la
recherche documentaire
N°
d'ordre
|
Centre de documentation
|
Nature des documents
|
Informations obtenues
|
1
|
Bibliothèque centrale de l'UAC ; Centre de
documentation de la FLASH.
|
Livres, mémoires.
|
Informations générales et
méthodologiques ; techniques d'élaboration de
mémoires en Sociologie-Anthropologie.
|
2
|
Bibliothèque du centre Notre-Dame de l'Inculturation.
|
Livres.
|
Méthodologies et techniques d'élaboration de
mémoires en sciences sociales.
|
3
|
Centre de documentation de l'ONG BETHESDA.
|
Mémoires, études, rapports, livres.
|
Informations sur les ONG pré-collectrices, données
statistiques.
|
4
|
Service de documentation de l'ex Ministère de
l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme.
|
Livres, décrets de loi, rapports, études,
articles.
|
Informations pertinentes sur la problématique de gestion
des déchets solides dans les centres urbains au Bénin et en Ouest
Afrique. Informations sur la participation sociale à la gestion de
l'environnement.
|
5
|
Centre d'Etude et de
Documentation de l'ONG CEBEDES.
|
Livres.
|
Informations générales sur la gestion de
l'environnement dans les pays en voie de développement.
|
6
|
Centre Culturel Français de Cotonou.
|
Livres, rapports, articles.
|
Données comparatives sur les pratiques sociales spatiales
en milieux urbains Africain et Européen.
|
7
|
Centre d'Etude et de Documentation (CED) d'Akpakpa.
|
Livres.
|
Informations générales sur l'environnement.
|
8
|
Ministère de la Prospective, du Développement, de
l'Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l'Action
Gouvernementale (MPDEPP-CAG).
|
Rapports, études.
|
Informations portant sur l'axe développement et
environnement.
|
10
|
Internet (www.Google.fr).
|
Etudes, communications, livres.
|
Théories sociologiques relatives à la
problématique environnementale.
|
Source : AMOUZOUVI, 2008,
pp.26-27
4. RECHERCHE SUR LE TERRAIN
Cette recherche sur le terrain a consisté pour
l'essentiel à des enquêtes et des interviews
réalisées auprès de l'ensemble des acteurs
stratégiques du système de gestion des déchets solides
urbains à Cotonou dans le sixième arrondissement. Ces
catégories d'acteurs sont : les populations de l'arrondissement
considéré, les acteurs non gouvernementaux s'investissant dans la
pré-collecte des ordures ménagères, la SOGEMA et la Mairie
de Cotonou. Elle a également concerné des sorties d'études
pour observation des pratiques qui ont cours dans la ville de Cotonou en
matière d'assainissement avec une attention plus marquée pour les
quartiers du sixième arrondissement.
4.1. Enquêtes populations - Acteurs Non
Gouvernementaux (ANG) du sixième arrondissement à Cotonou
Intitulées : « enquêtes sur
les comportements, pratiques et représentations de la population et des
acteurs non gouvernementaux en matière de gestion des déchets
solides urbains (DSU) », elles avaient pour but de comprendre les
aspirations et les logiques de la population et des acteurs non
gouvernementaux. Ces enquêtes par questionnaire semi-ouvert ont permis
d'une part de voir et d'analyser le rôle et les stratégies des
populations locales dans la gestion des déchets qu'elles produisent, et
d'autre part de cerner les interventions des acteurs non gouvernementaux
à travers l'examen du sous-système de pré-collecte des
déchets. En somme le questionnaire d'enquêtes a concerné un
échantillon d'environ trente-cinq (35) personnes réparties sur
six (06) quartiers dans le sixième arrondissement sur la base de
critères préalablement définis, pour ce qui est des
populations locales, et un échantillon de trois (03) personnes pour ce
qui est des ANG.
4.2. Interviews
Les interviews ont concerné des responsables aussi bien
des services techniques de la Mairie de Cotonou que de la SOGEMA et pris en
compte un échantillon de deux (02) personnes respectivement pour chacune
des deux catégories d'acteurs. L'importance de ces interviews
était marquée dans cette recherche par l'aspect pratique. Le but
était d'identifier les pratiques courantes de la Mairie en
matière de gestion des DSU et les logiques qui les sous-tendent d'une
part, et d'autre part déterminer la place et le rôle de la SOGEMA
dans la gestion des déchets solides dans le marché Dantokpa. Ces
interviews ont permis d'apporter des précisions sur le type de
coopération qui prévaut entre ces deux catégories
d'acteurs en matière de gestion des déchets urbains.
4.3. Observation directe
Sur la base d'une grille d'observation, l'observation directe
sur le terrain a permis de recueillir des données pertinentes pour le
travail. Elle a concerné l'ensemble des acteurs pris en compte dans le
cadre de cette étude et a permis de prendre connaissance des attitudes,
des pratiques et gestes qui ne sont par forcément mentionnés par
aucune des personnes interrogées mais qui se sont pourtant
révélés utiles à la recherche.
Le tableau suivant (Tableau V), est un récapitulatif
des techniques utilisées et leur justification.
Tableau V : Synthèse des
techniques utilisées
TECHNIQUES
|
OUTILS
|
NATURE
|
JUSTIFICATION
|
Entretien par questionnaire
|
Questionnaire
|
Quantitative
|
Permet d'obtenir des données quantitatives,
possibilité de quantifier de multiples données et de
procéder dès lors à de nombreuses analyses de
corrélation15(*).
|
Interview libre (inorganisée),
Observation directe
|
-guide d'entretien (souple)
-grille d'observation
-stylo et calepin de note
-enregistreur
|
Qualitative
|
Elle vise à recueillir des données riches en
significations, surtout issues de la spontanéité du sujet. Et par
là même permet d'avoir des éléments qui n'ont pas
été pris en compte par le questionnaire16(*).
|
Recherche documentaire
|
Fiche de lecture
|
Qualitatif / quantitatif
|
Complète utilement les entretiens17(*).
|
Source : AMOUZOUN, 2009
Enfin, toutes les données et les résultats ainsi
obtenus à travers la bibliographie et les enquêtes, entretiens et
observation ont été traités et analysés à
l'aide du micro-ordinateur avec des logiciels tels que Word et Excel.
Ces techniques et outils, de même que toutes les phases
de la recherche, s'inscrivent dans la durée et ont suivi un chronogramme
qu'il sera bien de préciser.
5. CALENDRIER DE TRAVAIL
La réalisation du mémoire nécessite la
définition d'un programme clair et précis de travail. La
programmation suivie jusque là, de même que la projection des
phases ultérieures dans le temps sont présentées dans le
tableau VI.
Tableau VI: Chronogramme de recherche
Phases
|
Durée (18(*))
|
Période
|
Lieux
|
Objectif
|
Réalisation
|
Conception théorique
1
|
01 à 03 mois
|
- Mars 2008 - Décembre 2008 à Janvier
2009
|
- Biblio- thèques -ministère de
l'environnement-Internet
|
-Définir le sujet -Explorer le ou les domaines
à étudier -Mise au point des outils.
|
-Formulation du sujet : question de départ +
problématique + hypothèses + objectifs -Plan de
recherche -1re bibliographie
|
Validation obligatoire
|
Recherche
2
|
01 à 04 mois
|
Mai à Août 2009
|
- Biblio-thèques -6ème
arrondis- sement
|
-Trouver des réponses à la question de recherche
|
-Analyse documentaire -Enquête sur le terrain.
|
Validation obligatoire
|
Inventaire et examen des résultats
3
|
01 à 02 mois
|
Novembre à décembre 2009
|
-Domicile
|
- Invento- rier la matière première,
l'organiser en vue d'une démons- tration.
|
-Plan de rédaction - Bibliographie
définitive
|
Validation obligatoire
|
Rédaction
4
|
02 à 03 mois
|
Janvier à Mars 2010
|
-Domicile
|
-Rédiger le texte du mémoire
|
-Mémoire rédigé
|
Validation obligatoire
|
Validation administrative
5
|
--
|
_
|
_
|
_
|
-Edition des exemplaires en nombre suffisant
-Dépôt au ni- veau du DS-A
|
Pas de validation mais conseils du Directeur de
mémoire
|
Soutenance
6
|
- Prépa- ration :
01mois - Oral : 01h
|
_
|
UAC
|
-Présenter et défendre le mémoire
|
Exposé de soutenance
|
Source : CONSTANT et al, 2006,
Réussir mémoires et thèses en LMD
6. DIFFICULTES RENCONTREES
L'exécution de ce travail de recherche a buté
sur les difficultés suivantes :
- Sur le plan calendaire la principale difficulté est
liée à l'opération d'interviews qui s'est
étalée sur plus de six semaines à cause des emplois du
temps souvent délicats pour certains responsables à la Direction
des Services Techniques de la Mairie de Cotonou et à la SOGEMA. Ce qui a
occasionné un retard relativement important dans le déroulement
de l'enquête. Mais cette difficulté a été
contournée, puisque cela a permis au gré des enquêtes par
questionnaire auprès des populations et des acteurs non gouvernementaux
qui avaient débuté par ailleurs, d'étoffer le champ
d'investigation et approfondir ainsi chaque fois un peu plus les connaissances
sur la réalité de la gestion des déchets solides urbains
ou tout au moins les préoccupations des différents acteurs
à ce sujet.
- Sur le plan méthodologique il faut signaler que
l'entrevue avec le chef service des voies et assainissement de la DST a
particulièrement durée plus d'une heure trente minutes au lieu
des quinze minutes initialement prévues. Cette situation est due au fait
qu'au cours de l'entretien l'enquêté a été
sollicité plusieurs fois de suite par son responsable
hiérarchique biaisant ainsi la linéarité de son discours.
Il fallait donc, à plusieurs reprises revenir sur un même
thème.
DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
Nous présenterons les données suivies de
l'analyse des résultats ainsi que suit :
CHAPITRE I : GESTION DES DECHETS SOLIDES DANS LE
MARCHE DANTOKPA : LES ACTEURS ET LEURS LOGIQUES
1. LE MARCHE DANTOKPA : PRESENTATION
Etymologiquement Dantokpa signifie en langue fon19(*) « sur les bords
de la lagune de Dan ». "Dan" est, selon les croyances animistes
béninoises, une divinité représentée par le
serpent, "dieu" de la prospérité et de l'abondance. Cette
divinité, dont l'autel se trouve encore au sein du marché, serait
donc à l'origine de la célébrité et de la
prospérité dont jouit ce plus grand espace public marchand du
Bénin.
En effet, ce grand complexe, initialement de 13 hectares
construit en 1963, atteint aujourd'hui 18 hectares et déborde sur les
quartiers avoisinants, notamment, ceux du 6ème arrondissement
de Cotonou. Situé entre le lac Nokoué sur sa rive Ouest, à
l'entrée du nouveau pont de Cotonou qui sépare le Nord et le Sud
de la capitale économique béninoise et le boulevard Saint-Michel,
la renommée du marché Dantokpa est sous-régionale voire
internationale. Internationale car de nombreux commerçants d'Afrique de
l'Ouest (Nigéria, Mali, Burkina-Faso, Niger, Côte-d'Ivoire) et
d'Afrique Centrale notamment du Cameroun, se retrouvent sur ce vaste espace
pour y commercer. On y trouve des produits vivriers, des produits artisanaux et
des biens manufacturés. En somme, tout ce qui peut être
acheté ou vendu.
Au plan administratif, bien que se trouvant sur le territoire
de la municipalité de Cotonou20(*), plus précisément dans le
6ème arrondissement, le marché Dantokpa est
géré par la Société de Gestion des Marchés
Autonomes (SOGEMA), un organisme qui dépend du Ministère
béninois de l'Intérieur. Cette situation n'est pas sans
suscitée des polémiques de la part des autorités de la
Mairie qui n'ont jamais cessé de réclamer la rétrocession
de la gestion de ce haut lieu commercial à la Mairie de Cotonou. Et
même la nomination, encore récente, par le chef de l'Etat de l'un
des responsables à la Mairie, qui était considéré
comme l'un des chantres de la réclamation du marché Dantokpa
à la Mairie de Cotonou, n'a pas suffit à calmer les ardeurs.
La structure administrative ainsi présentée
montre que l'espace public marchand de Dantokpa dans sa gestion renvoie
à un univers d'acteurs institutionnels en
« confrontations ». Le marché Dantokpa est donc une
« arène »21(*) (de SARDAN, 1995) locale où prennent place ces
confrontations et affrontements entre la Mairie et la SOGEMA.
De part l'affluence que connaît Dantokpa, deux
problèmes majeurs se posent aujourd'hui aux acteurs du
marché : des problèmes de sécurité ainsi que
des problèmes de salubrité.
En effet, au plan environnemental, le marché Dantokpa
avec ses 100 tonnes de déchets produits par jour demeure une
véritable poubelle au coeur de Cotonou, menaçant ainsi
dangereusement la santé des populations du 6ème
arrondissement.
C'est dire donc que Dantokpa, ce n'est pas seulement un lieu
de commerces et d'échanges ou de pouvoir, c'est aussi une "espèce
d'espace" (ZOA, 1995) de pollution.
2. LES ACTEURS STRATEGIQUES DANS LA GESTION DES DECHETS
SOLIDES A DANTOKPA ET LEURS LOGIQUES D'INTERVENTION
2.1. La SOGEMA et sa logique d'intervention
Entreprise publique à caractère commercial, la
SOGEMA a été créée pour gérer les espaces
publics qui appartiennent à l'Etat et sur lesquels s'animent les
différents marchés de Dantokpa, Gbogbanou qui, en fait n'est pas
un marché, mais un débordement du marché Dantokpa, Ganhi
qui apparaît comme un échantillon moderne du marché. C'est
une société qui a à peu près vingt cinq ans
d'existence. Selon les informations collectées sur le terrain, le budget
annuel de la SOGEMA est à peu près de sept cent millions de
francs CFA. La société reverserait 3 % de son chiffre d'affaires
à la Mairie.
En tant que gestionnaire de l'espace public de distribution,
la SOGEMA est un maillon important dans le schéma économique du
pays. C'est ce que laisse traduire les propos de Joseph Tamégnon, actuel
Directeur général de la SOGEMA : « Je ne suis
pas sûr que les gens mesurent toute l'importance stratégique de la
SOGEMA dans le développement de la croissance économique de notre
pays ». L'argument est sans doute incontestable, mais il occulte
le fait que le gouvernement central n'est peut-être pas prêt
à partager longtemps les ressources et opportunités du
marché avec l'institution décentralisée que constitue la
Mairie de Cotonou. Par ailleurs, au-delà de son rôle
stratégique dans l'économie béninoise, la SOGEMA est aussi
un acteur stratégique important dans le cadre de la gestion des
déchets dans la ville de Cotonou, plus particulièrement dans le
6ème arrondissement partant de Dantokpa. Sous cet angle, J.
Tamégnon affirme : « On dit souvent à la
Mairie de Cotonou que Dantokpa est le plus grand producteur d'ordures. Si nous
gérons bien les ordures de Dantokpa, nous faciliterons la tâche
à la Mairie » ; reconnaissant ainsi implicitement la
part de responsabilité de la SOGEMA dans l'effort collectif de
salubrité de l'espace urbain de Cotonou. C'est dire donc que les espaces
publics urbains, en l'occurrence celui sous la gestion de la SOGEMA, jouent un
rôle très significatif dans l'assainissement de la ville (SENNET,
1979).
En réalité, derrière des images
dégoûtantes de déchets solides qui débordent le
marché, se profilent aussi bien l'échec de multiples efforts
menés souvent pour son assainissement, que l'histoire à
rebondissements et suspense, d'une rivalité implacable, pour le
contrôle de la société gérante. C'est donc, à
dessein, qu'avec force détails, Abou Karimou Machoud, chef service
assainissement contrôle et contentieux de la SOGEMA a expliqué les
efforts entrepris pour que la vaste superficie de 18 hectares de Dantokpa soit
assainie. Les usagers marchands du marché assurent eux-mêmes la
propreté de leur milieu ou se fient aux bons soins des
« Gbobèto » (en langue goun22(*) ramasseurs d'ordures)
chargés du nettoyage et de l'enlèvement de déchets. Il
s'agit de professionnelles presque exclusivement de femmes reconnaissables
presque à leur tenue et outils de travail. Elles sont souvent
drapées de blouses bleues frappées de numéros matricules
et munies de balais et de grandes bassines. Une formation sommaire leur permet
de faire le distinguo entre déchets non biodégradables et
dégradables. Elles ont la mission d'assurer la pré-collecte des
ordures déposées au seul point de regroupement dont dispose
Dantokpa. Réunies dans les associations de femmes pré-collecte
Gbobèto de Dantokpa, elles bénéficient de l'assistance du
projet de gestion des Déchets Solides Ménagers (DSM) soutenu et
financé par le gouvernement du Canada par l'entremise du Bureau
OXFAM-QUEBEC Cotonou et de l'Agence Canadienne de Développement
International (ACDI).
Le travail au quotidien des
« Gbobèto » est renforcé par une campagne de
salubrité toutes les deux semaines, a renchéri par ailleurs A. K.
Machoud, qui ajoute que ceux qui font de la résistance au cours de la
campagne écopent des sanctions de trois ordres. Ils peuvent être
verbalisés, leur baraque peut être fermée et des saisies
marchandises peuvent être opérées. Et, le jour de la
campagne, aucun usager marchand n'est censé faire étalage de ses
articles entre 07 heures et 09 heures. Ladite campagne se mène une fois
le mois au marché Dantokpa. Pour le succès de l'opération,
la veille, les responsables s'obligent à une action d'information et de
sensibilisation, souvent menée par des gongonneurs ou à la faveur
de spots et émissions, à la Radio FM SOGEMA de rayons
limités et circonscrits au grand bâtiment central du
marché. Pour ce faire et pour l'efficacité, il est
organisé, note Aïhadji Chako, responsable du service administratif
et financier de la SOGEMA, des écoutes collectives de sensibilisation,
sur les ondes de radios de proximité sur des thèmes
variés, au profit des usagers. L'organe, SOGEMA-INFO y apporte sa
contribution. A. Chako a rappelé que les terre-pleins centraux
(modèles d'insalubrité) des routes, à caractère
national desservant le marché, ne relèvent pas de
l'autorité de la SOGEMA. Et pourtant, ne pouvant supporter le spectacle
affligeant d'immondices, elle (la SOGEMA) a dû assurer à ses
propres frais, se confie-t-il, l'entretien du terre-plein du tronçon
carrefour Dantokpa - nouveau pont par ses agents. La surveillance des lieux
auparavant transformés en dépotoirs d'ordures est maintenant bien
assurée par des vigiles recrutés et payés par la
société. Si ce terre-plein est maintenant assaini, c'est tout le
contraire des deux autres terre-pleins des tronçons carrefour
Dantokpa-Ecobank et carrefour Dantokpa-Pharmacie quatre
Thérapies-Station SONACOP Lègba. A. Chako n'a pas oublié
de rappeler l'effort fourni par la SOGEMA dans l'assainissement de la berge,
à coups d'une vingtaine de millions, au cours d'un déploiement de
cent cinquante voyages de camions, au titre du seul enlèvement de
déchets polluants. Il faut rappeler que cet endroit est
cogéré par trois structures : la SOGEMA, la Mairie de
Cotonou et l'ex-Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de
l'Urbanisme (MEHU).
Au regard de tout ce qui précède, l'on pourrait
s'interroger sur les facteurs qui réduisent l'efficacité des
actions de la SOGEMA dans le sens de l'assainissement de Dantokpa, vu que ce
dernier (le marché et ses périphériques)
végète toujours dans une insalubrité chronique qui ne
cesse de croître, posant un véritable problème de
développement à la ville de Cotonou en général, et
aux quartiers du 6ème arrondissement en particulier. Prenant
acte de cette situation, la SOGEMA aussi bien que les populations notamment
celles du sixième arrondissement n'hésitent pas à pointer
du doigt le premier acteur de la ville : la Mairie de Cotonou. Qu'en
est-il de la stratégie de la Mairie engagée dans la lutte contre
l'insalubrité des lieux publics ?
2.2. La Mairie de Cotonou et sa logique d'intervention
Il ressort des données recueillies sur le terrain que
la gestion des ordures à Dantokpa passe d'abord par la question
de : qui doit gérer ce grand espace public marchand ?
Effectivement, sur le délicat problème de
gestion des espaces au marché Dantokpa, Marc Didier Dubogan, chef
Département des voies et réseaux à la Direction des
Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou sise à Ganhi, nous a
entretenu de la situation de crise opposant responsables et percepteurs de
taxes de structures différentes aux intérêts antagoniques.
Le conflit vit le jour, dès l'adoption du décret créant la
CEMAC en 1978, estime-t-il. Avant cette date, les taxes et redevances
étaient perçues respectivement, par les districts de Cotonou I,
côté Gbogbanou jusqu'au nouveau pont, et de l'autre
côté du pont, par Cotonou IV23(*). Ainsi, l'avènement de l'aîné de
la SOGEMA a privé de recettes ces anciennes structures étatiques
qui se contentaient de bribes recueillies aux abords immédiats de
l'espace du marché. C'est pourquoi, très vite, des heurts firent
jour entre percepteurs agréés par les districts et ceux de la
CEMAC. Les conflits d'antan ont refait surface, à l'ère de la
décentralisation, avec la naissance de la Mairie de Cotonou
passée aux mains de l'"opposition". Or, « dans les pays
où le parti d'opposition contrôle certaines autorités
locales, le gouvernement central est tenté d'imposer une plus grande
centralisation et une surveillance plus vigilante » (MUHIZWA
cité par SAITIEL 1993, p.227). Aussi, pas plus tard qu'en Avril 2006, un
percepteur de la Mairie a été interpellé et s'est
retrouvé au commissariat Dantokpa, pour cause de délit de taxe
prélevé en "zone réservée". C'est dire que les
espaces dans les environs des marchés sous tutelle SOGEMA ne doivent
souffrir d'aucune contestation. L'espace est revendiqué et
géré au centimètre carré, surtout lorsqu'il est
censé produire des dividendes. Comme illustration, prenons par exemple
le marché de Gbogbanou. La frontière ici entre les structures
rivales, c'est l'avenue Delorme, qui elle-même sert de no man's land. De
la berge à ladite avenue, la gestion de l'espace revient à la
SOGEMA, et l'autre côté de la voie pavée, il relève
de l'autorité de la Mairie. Par ailleurs, le soulèvement
récent des responsables du Collège d'Enseignement
Général de Dantokpa (le quartier s'entend), face à
l'occupation anarchique de leurs environnements immédiats par des
vendeuses, lève un coin de voile sur les profondes rivalités qui
existent entre la SOGEMA et la Mairie de Cotonou. En déclarant
récemment qu'il ne procèdera qu'au déguerpissement
progressif de 20 % des occupantes de qui la SOGEMA perçoit des taxes, le
Directeur général J. Tamégnon, laisse croire, sans doute,
qu'il n'est pas le seul responsable de la situation. Il accuse également
la municipalité de Cotonou, qui devrait, à le croire,
répondre des 80 % d'occupantes restantes, étant entendu qu'elle
perçoit également chez elles, des taxes importantes au profit de
ses caisses. Un véritable fond de commerce sur lequel chaque partie
tiendrait la ficelle. Le plus difficile encore est que ces deux institutions
s'accusent mutuellement dans la grosse pagaille qui s'opère sur les
lieux et n'entendraient jamais unir leurs forces pour y trouver une solution
définitive. C'est ce que laisse traduire les propos du Directeur
général de la SOGEMA, qui affiche par ailleurs, la même
position dans la gestion des ordures au sein du marché et dans ses
alentours. Le cas le plus significatif est l'insalubrité insoutenable
dans laquelle végètent les collecteurs d'eaux construits du
marché. S'il se dit conscient que leur état de dégradation
actuelle est incombé aux femmes de Dantokpa, qui y jettent toutes sortes
d'ordures ; il se refuse cependant de s'occuper de l'entretien de ces
infrastructures locales d'évacuation d'eaux, du fait qu'elles ne sont
pas de son ressort, à l'exception de celles construites grâce
à des projets internes à la SOGEMA.
A cela, Marc Didier Dubogan, affirme bien au contraire, que la
Mairie ne gère pas le marché Dantokpa quand bien même, elle
enlève les ordures. Toutefois, il avoue, pour sa part, que la Mairie ne
peut rien engager sur le marché sans que le transfert n'ait
été fait. Justifiant ainsi que l'accès à une source
financière importante et indépendante, sous le contrôle des
collectivités locales, est considérée comme primordiale
pour une collectivité locale digne de ce nom (HICKS, et al cité
par SAITIEL, 1993, p.226). En réalité, pour le moment, la Mairie
s'occupe plus de la périphérique que du marché
lui-même et entend même se désengager de la gestion des
ordures dans cette zone. Car, toujours selon M. D.
Dubogan, « eux (la SOGEMA), ils produisent les
déchets et nous (la Mairie), on les ramasse ». Quant
à Basile Gbaguidi, Directeur des services techniques de la Mairie de
Cotonou, il nous dit tout l'espoir qu'il porte dans la collaboration
sincère entre la Mairie et la SOGEMA ; au lieu qu'on continue dans
des rapports de force qui ne favorisent aucun des acteurs, explique t-il,
« il faut une nécessaire synergie entre les deux
structures pour tout le bien de la ville ».
3. ANALYSE DES RESULTATS : ENJEUX DE
COORDINATION ENTRE NIVEAUX INSTITUTIONNELS
Dans les discours analysés, il ressort que les rapports
entre acteurs institutionnels sont empreints d'un malaise
général. En effet, le cadre des institutions publiques oeuvrant
en environnement urbain fait toujours apparaître des conflits de
compétence et d'intervention sur le terrain (Dantokpa) entre les
services de l'Etat (la SOGEMA) et les services municipaux (la DST de la Mairie
de Cotonou) (TINI, 2003), ce qui ne va pas toujours dans le sens de
l'efficacité. De manière plus générale, cela met en
relief certains des contours les plus visibles de la lutte entre le centre
(l'Etat) et les régis (les collectivités locales) (STREN, 1993).
Aussi, jusqu'à présent les relations entre ces deux niveaux de
gouvernement n'ont pas été adéquatement définies en
ce qui concerne l'élimination des déchets solides au niveau du
6ème arrondissement qui abrite par ailleurs le plus grand
espace public marchand au Bénin, à savoir Dantokpa. Ce dernier
marque des lieux de confrontations, des points sensibles où les
intérêts des responsables de la SOGEMA engagées dans la
logique de la "monopolisation" des ressources acquises et ceux des responsables
de la DST engagées dans une autre logique, celle du développement
des ressources substantielles de la Mairie s'affrontent autour de : la
gestion de l'espace à l'intérieur et aux environs du
marché, le prélèvement des taxes. C'est dans ce contexte
que se situe le vieux conflit qui a opposé simultanément la
CEMAC, puis la SOGEMA respectivement aux Districts et les services techniques
(DST) de la Mairie de Cotonou, se jetant mutuellement la responsabilité
de l'insalubrité de Dantokpa et de ses périphériques. En
fait, la Municipalité déplore que les taxes qu'elle
perçoit sont insuffisantes pour assurer les tâches qui lui incombe
alors que la SOGEMA monopolise presque tous les moyens financiers
destinés à la gestion du marché. De ce fait, il n'existe
pas pour le moment dans le sixième arrondissement, une politique
cohérente d'assainissement, intégrant le marché Dantokpa.
Ainsi, une partie des ordures prélevées ou non se retrouve dans
les quartiers dudit arrondissement contribuant ainsi à maintenir ces
derniers dans un état permanent d'insalubrité. Cela atteste
l'échec ou l'inefficacité des initiatives entreprises dans le but
d'assainir le cadre de vie des usagers marchands et celui des populations de
l'arrondissement. Cet échec dans le domaine de l'assainissement
s'explique donc par le manque « d'harmonie, de concertation, de
collaboration » inscrites dans la "monarchie" administrative et
urbaine (ZOA, 1995). La première hypothèse de travail qui impute
l'inefficacité des initiatives d'assainissement au manque de
coordination entre acteurs institutionnels se trouve ainsi corroborée. A
cette étape de la recherche, deux raisons fondamentales peuvent
être évoquées. La première est liée à
l'extension des activités du marché vers les quartiers
périphériques, et la deuxième raison, subséquente
à la première, est que la gestion des ordures à Dantokpa
révèle un autre problème crucial, celui du monopole et du
contrôle de gestion des espaces du marché qui divisent de plus en
plus, les responsables de la SOGEMA et les autorités municipales de
Cotonou.
Il apparaît donc, en dernière analyse que, la
salubrité et l'assainissement du marché Dantokpa et de ses
environs immédiats, qui semblent des actions apparemment techniques,
relèvent des stratégies d'acteurs. Ces stratégies
alimentent l'insuffisance voire l'absence d'un véritable processus de
concertation permettant à chaque acteur du système de gestion de
mettre en évidence ses intérêts et ses solutions.
CHAPITRE II : LE DECHET DE SA PRODUCTION A SON
ABANDON : LOGIQUES ET REPRESENTATIONS DES ACTEURS
1. CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE DE LA GESTION DES
DECHETS
1.1. Le cadre législatif : code
d'hygiène publique
L'institution d'un cadre juridique pour la gestion des
déchets solides au Bénin a vu le jour en 1987 avec le code
d'hygiène publique.
Composé de 168 articles, le code d'hygiène
publique s'étend sur des aspects aussi variés que les
règles d'hygiène publiques, l'hygiène sur les voies
publiques, sur les habitations, sur les denrées alimentaires, sur les
établissements classés, les marchés et activités
commerciales en plein air, sur l'eau pour diverses utilisations.
Il se préoccupe de la gestion des déchets
à travers ses articles :
4 ;6 ;7 ;8 ;9 ;18 ;31 ;32 ;59 ;60 ;63 ;75 ;93 ;97 ;98 et
100. Les articles 4 ; 6 ; 7 et 9 de ce code indiquent les conditions
de manipulation des déchets sur les voies publiques ou plus largement en
dehors des maisons. Ils fixent également les pénalités
encourues en cas d'infraction.
Il faut se poser la question de savoir, où iront les
ordures qu'on ne peut plus, ou qu'on ne doit plus jeter sur les voies
publiques, sous peine de sévères pénalités ?
Les ménages qui s'obstinent à ne pas s'abonner aux ONG de
pré-collecte pour l'enlèvement de leurs ordures, doivent en
assurer la gestion au sein même de leur propre habitation. A ce niveau
également, le code en son chapitre II, de l'hygiène des
habitations précise, en son article 18, que « dans les
concessions, les ordures ménagères doivent être
conservées dans des poubelles réglementaires, et que tout
dépôt d'ordures à l'intérieur et à
l'extérieur des habitations, non conforme à la
réglementation est interdit ». De même, il est
stipulé à l'article 32 que « l'enfouissement d'ordures
ménagères à l'intérieur des concessions est
interdit ». Ce qui revient à dire que même dans
l'intimité de notre propre maison, l'Etat a un droit de regard sur nos
comportements en matière d'hygiène. Et l'article 14 du code
énonce : « Afin de promouvoir la santé physique,
mentale et sociale de chaque citoyen, les agents du service d'hygiène
sont chargés de faire des inspections intra domiciliaire pour assurer
une hygiène et une salubrité permanentes des
habitations ».
Ainsi, selon les dispositions du code d'hygiène
publique, la salubrité sur les voies publiques complète et va de
pair avec l'hygiène qui doit être de mise au sein des concessions.
C'est dire que si le Cotonois a l'obligation de maintenir la propreté
chez lui, il doit tout aussi s'interdit de polluer la rue, autrement, il en
répond devant la loi.
Toutefois, il a fallu attendre au moins dix ans plus tard pour
qu'apparaissent les premiers actes réglementaires qui rendent
opérationnels les dispositions législatives.
1.2. Le cadre réglementaire
Aujourd'hui, le cadre réglementaire de la gestion des
déchets solides se compose des textes suivants :
· Le décret N°97-616 du 18 décembre
1997. Ce décret n'apporte malheureusement aucune information
complémentaire sur les conditions de manipulation des déchets
solides en dehors des maisons. Sur cette question, il s'est limité aux
excrétas.
· La loi N°97-029 du 15 janvier 1999, portant
organisation des communes, confère à travers son chapitre III aux
communes des compétences entre autres en matière d'environnement,
d'hygiène et de salubrité. En son article 93, elle stipule
clairement que la commune a la charge entre autres, de la collecte et du
traitement des déchets solides autres que les déchets
industriels.
· La loi N°98-029 du 15 janvier 1999 portant
régime financier des communes en république du Bénin
stipule en son article 13 que : « les recettes de la section de
fonctionnement de la commune en matières d'hygiène, de
salubrité publique et de services funéraires comprennent entre
autres, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères et
les redevances pour frais d'enlèvement de débris et
matériaux autres que les ordures ménagères ».
La mise en application de ces deux dernières lois n'est
devenue effective qu'à partir de février 2003 après les
élections communales et municipales de décembre 2002.
Basée sur le " principe pollueur- payeur "24(*), cette loi met l'accent
sur :
- la protection et la mise en valeur des milieux
récepteurs et naturels ;
- la protection et la mise en valeur du milieu naturel et de
l'environnement humain ;
- la limitation des pollutions et des nuisances.
Les modalités d'application des grandes lignes de cette
loi-cadre ont été précisées à travers un
certain nombre de textes réglementaires dont certains clarifient
également des questions non élucidées dans le code
d'hygiène publique et son décret d'application par rapport
à la gestion des déchets.
Ainsi, concernant la gestion des déchets, un
décret principal retient particulièrement notre attention dans le
cadre de la présente étude ; il s'agit du :
- décret N°2003-332 du 27 août 2003 portant
gestion des déchets solides en République du Bénin.
Toutefois, l'absence d'une mise en oeuvre effective de
l'ensemble de ces textes rend ainsi des dispositions réglementaires ou
des décrets de lois très loin d'une éventuelle application
pour empêcher les abus aujourd'hui constatés en matière
d'hygiène et d'assainissement, à tous les niveaux notamment celui
des déchets solides urbains.
De plus, comme l'observe BERTOLINI, le processus en oeuvre en
matière de gestion des déchets n'est pas seulement juridico-
économique, mais aussi mental25(*).
2. ENJEUX INSTITUTIONNELS : PRINCIPAUX ACTEURS DE
LA PRE-COLLECTE, ATTITUDES ET ACTIONS
La chaîne de gestion des déchets solides est
constituée de trois (03) maillons indissociables notamment :
- La pré-collecte : activité dominante de
la chaîne, elle consiste au ramassage des ordures auprès des
ménages, des institutions ou services, des lieux de commerces par des
charrettes (des ONG), des tracteurs ou des bennes (des services privés
ou de la DST) vers les bacs publics municipaux ou points de regroupement.
- La collecte : consiste au transport des déchets
des points de regroupement vers les centres de transfert ou des
décharges finales.
- Le traitement ou l'élimination : il existe trois
modes de traitement des déchets solides : l'enfouissement
sanitaire, l'incinération et la valorisation.
Au regard des objectifs de l'étude, nous nous sommes
limités dans le cadre des acteurs institutionnels de la
pré-collecte à deux principaux acteurs ; il s'agit
de :
Ø L'administration locale représentée par
la Direction des Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou, qui a la
charge d'assurer la coordination des activités du sous système de
pré-collecte et l'enlèvement des déchets solides dans les
grands artères ;
Ø Les ONG qui assurent la pré-collecte "porte
à porte" des déchets solides.
2.1. Pratiques municipales en matière de gestion des
déchets solides
Avec la mise en oeuvre du processus de
décentralisation, les municipalités sont amenées à
assumer de nouvelles responsabilités parmi lesquelles, la gestion locale
des déchets solides urbains (DSU). Suivant les compétences
reconnues à la commune dans la loi n°97-029 du 15 janvier 1999,
portant organisation des communes au Bénin, la commune est
chargée de veiller à la préservation des conditions
d'hygiène et de la salubrité publique. A ce titre, elle
doit :
* élaborer un plan directeur local de gestion des
déchets ;
* renforcer les compétences opérationnelles dans
la gestion des DSU ;
* rationaliser la filière par la gestion des
coûts ;
* organiser des relais d'information, de sensibilisation et de
répression (comité d'assainissement, brigade d'assainissement,
police environnementale) ;
* promouvoir la concertation et la coopération de tous
les acteurs de la gestion des DSU.
A Cotonou, la Direction des Services Techniques (DST),
officiellement créée en 199726(*) et placée sous la tutelle de la Mairie, est
directement chargée de la gestion des DSU. Elle est la
bénéficiaire de toutes les actions engagées dans le
domaine. Elle contrôle tout le processus en assurant le suivi-
évaluation de ces actions. Elle est chargée de la formalisation
des relations entre acteurs (mise en place de dispositifs et d'instances de
concertation) et assure dans ce cadre, la coordination d'un comité
consultatif regroupant tous les acteurs. Toutes ces activités sont
appuyées par le Bureau d'études OXFAM-QUEBEC à travers le
projet Programme de Gestion des Déchets Solides Ménagers
(PGDSM).
Marc Didier Dubogan, responsable du département
assainissement et réseaux au niveau de la DST, nous a expliqué
l'origine et le fonctionnement du système de gestion des déchets
qui quadrille la ville et assure selon lui, une couverture à 60% de ses
habitations. Ce système connaît trois grandes étapes :
la pré-collecte, la collecte et le transport des déchets. La
pré-collecte est laissée aux bons soins d'ONG aujourd'hui au
nombre de soixante dix-sept (77). Un bon zonage est fait, partageant Cotonou en
quatre vingt quinze (95) secteurs de pré-collecte. A cet effet, le
sixième arrondissement est divisé en neuf (09) secteurs. Les ONG
partenaires sont équipées et formées. Ce qui a conduit
à terme, à une structuration de l'activité de
pré-collecte reposant sur le double principe de gestion partagée
et participative. Le principe de gestion partagée s'apprécie par
le fait que tous les acteurs opérationnels jouent et s'investissent dans
des rôles bien définis avec le souci clairement exprimé
d'éviter tout conflit. Les ONG participent à l'enlèvement
des déchets et les conduisent jusqu'au point de regroupement (si point
de regroupement il y a). Précisons qu'actuellement six (06) points de
regroupement sont fonctionnels sur les cents (100) dont a besoin la ville de
Cotonou. A ce titre, le sixième arrondissement bénéficie
d'un point de regroupement, situé au quartier Hindé.
Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009
Photo 1 : point
de regroupement à Hindé (Cotonou) lot 989 au bord
de la lagune
La photo 1 informe sur l'existence d'un bac à
ordure déposé par la DST en plein air à côté
des habitations et remplis de déchets qui débordent ledit bac et
se retrouvent au sol. En dépit de cet état des choses, une dame
s'avance pour y jeter ses ordures. Ce fait révèle
l'inefficacité des mesures prises par les autorités municipales
dans le cadre de l'enlèvement des DSU au niveau du 6ème
arrondissement à travers la gestion des décharges publiques et
éclaire également sur l'attitude des populations quant à
leur participation à la gestion sociale des bacs.
Quant à la
Mairie, elle gère la collecte et le transport, paye le traitement et le
fonctionnement du point de regroupement. L'un des succès de cette
activité de pré-collecte réside, sans doute, selon M. D.
Dubogan, dans la liberté et la marge de manoeuvre laissée aux ONG
de traiter directement avec les populations locales. Il s'agit là d'une
stratégie pour convaincre les ménages et autres maisons de
commerce et services de s'acquitter des taxes d'enlèvement des ordures
que le Cotonois a du mal à payer. Cette attitude du non payement va
d'ailleurs à l'encontre du principe de gestion participative qui
énonce que le pollueur doit payer pour les déchets qu'il produit.
Selon Marc Didier Dubogan, il faut 5F CFA/jour par habitant de Cotonou pour
venir à bout de 0,53kg d'ordures produites en moyenne par jour par
habitant. Les tableaux VII et VIII, donnent un aperçu sur la nature
ainsi que le mode d'évacuation des déchets produits à
Cotonou.
Tableau VII: Nature des
déchets solides produits (par habitant/jour)
Nature des déchets
|
Poids en (Kg)
|
Fréquence
|
Matières organiques
|
0,22
|
42%
|
Inertes (fines, cailloux...)
|
0,21
|
40%
|
Emballages, appareils usagers, etc.
|
0,07
|
18%
|
TOTAL
|
0,50
|
100%
|
Source : DESSAU - SOPRIN, 2001 et
données de terrain
Le tableau VII informe sur la nature des déchets
produits par les ménages à Cotonou. Ces déchets sont
répartis en trois catégories principales qui sont : les
fines, les déchets organiques, les emballages (plastics ou autres non
organiques) et les appareils domestiques usagés. Il faut toutefois
préciser que ces résultats donnés en pourcentage, tiennent
compte de la production de tel et tel déchet produit.
Tableau VIII : Pratiques
d'évacuation des déchets solides à Cotonou
Mode d'évacuation des ordures
|
Nature (places publiques, collecteurs, caniveaux, berges,
bas-fonds)
|
Voirie privée (ONG, entreprises privées)
|
Voirie publique (Mairie)
|
Brûlage
|
Enterré
|
2002
|
48%
|
46%
|
4%
|
1%
|
1%
|
2008
|
42,6%
|
39,3%
|
6,6%
|
4,9%
|
6,6%
|
Source : Observatoire Urbain Local
de Cotonou, 2008 et données de terrain
Selon les données de 2008, seuls 6,6% des DS sont
évacués par la municipalité. La plus importante part des
ordures (42,6%) est déposée sur des sites sauvages ; alors
que 39,3% font l'objet d'une pré-collecte par les ONG et autres
entreprises privées.
De plus, si l'on constate une baisse du pourcentage du
mode d'évacuation des ordures par les espaces publiques entre les
années 2002 (où ce taux était de 48%) et 2008 (42,6%), ce
taux reste élevé par rapport aux autres modes
d'évacuations.
Enfin, même si ces données concernent
l'ensemble de la ville, ces chiffres sont significatifs pour comprendre le mode
d'évacuation des déchets dans le 6ème
arrondissement.
Les autorités municipales se plaignent souvent du
comportement des populations et de certaines ONG, qui selon elles,
n'hésitent pas à utiliser des lieux publics pour y jeter les
ordures. Selon M. D. Dubogan, « les populations pensent qu'il
faut jeter les ordures dans les collecteurs parce que, selon elles, l'eau de
ses collecteurs se chargera de les entraîner vers les
exutoires ». De telles logiques sociales vis-à-vis des
collecteurs sont, d'une part préjudiciables à la salubrité
des quartiers et l'environnement en général et, d'autre part
sapent les efforts de la Mairie. Sur ce point Marc Didier Dubogan
déclare : « on est confronté à une
insalubrité qui décourage ». Surtout, lorsqu'on
sait que la gestion des déchets est devenue un critère de
performance dans la gestion urbaine (TINI, 2003). Et que, la propreté
est une priorité pour les responsables municipaux. Priorité en
termes de santé et d'hygiène publiques. Priorité en ce qui
concerne la qualité de vie des habitants. Priorité pour
l'esthétique même de la ville.
2.2. De nouvelles stratégies face à la
gestion des déchets solides : initiatives des acteurs non
gouvernementaux ou ONG
2.2.1. Stratégies d'intervention
1.1.1.1. Pré- collecte
L'activité dominante au niveau des ONG
interrogées est la pré-collecte. Elle est effectuée de
porte à porte au moyen des charrettes à traction humaine de
capacités 0,8 à 1 m3. Avec ces équipements les
ONG présentent dans l'arrondissement (au total douze (12)) collectent
par jour une quantité de déchets solides de près de 85
m3. La plupart des charrettes sont hâtivement
fabriquées avec des matériaux de fortune, et ne sont pas
couverts. Dans ces conditions, le moindre souffle de vent fait
éparpiller dans la nature les éléments légers des
ordures (feuilles de papier et d'arbres, matières plastiques, etc.). Les
ONG fidélisent les bénéficiaires de leur service par le
système de contrat et d'abonnement. L'abonné au service d'une
association a, devant l'entrée de sa maison ou de ses lieux de travail
ou de commerce, une petite plaque très discrète, portant le sigle
de l'association. Le prix moyen de l'abonnement mensuel est de mille (1000)
francs CFA mais peut atteindre dans certains cas (dans les écoles, les
services) trois mille (3000) francs CFA par mois. Le nombre d'abonnés en
2002 couvert par l'ensemble des ONG oeuvrant dans le 6ème
arrondissement est de deux mille quarante et trois (2043) abonnés
(ATTANASSO, 2005, p.27). En somme, la maîtrise de cette activité
est relative au dynamisme et au savoir-faire de chaque ONG.
Par ailleurs, précisons qu'il ressort des
données recueillies qu'aucune ONG ne consacre tout son temps aux
activités de pré-collecte des déchets solides. Il faut
noter que les ONG mènent d'autres activités
rémunératrices. Il s'agit de :
- Formation à l'auto- emploi ;
- Construction des ouvrages d'assainissement de base ;
- Désensablement des rues ;
- Entretien des latrines ;
- Microcrédit ;
- Sensibilisation.
1.1.1.2. Sensibilisation
La sensibilisation de la population figure en bonne place dans
les stratégies adoptées par les ONG de pré-collecte. En
effet, toutes les ONG approchées (trois au total) accompagnent leurs
activités de pré-collecte des déchets solides par la
sensibilisation. Elles en font une priorité pour non seulement conserver
leurs abonnés mais aussi pour en acquérir d'autres. Pour susciter
l'intérêt des populations à s'abonner à leurs
services, les ONG de pré-collecte opérant dans le sixième
arrondissement sensibilisent la population de leur secteur d'intervention. Le
sixième arrondissement étant divisé en neuf (09) secteurs.
Cette sensibilisation se fait de porte à porte par les animateurs et
animatrices desdites ONG. Les thèmes abordés, par ordre
d'importance, au cours des séances d'animation sont
résumés dans le tableau IX.
Tableau IX : Thèmes des
séances de sensibilisation des populations
THEMES
|
INTERETS
|
Hygiène
|
Nécessité de s'abonner aux ONG pour
l'amélioration du cadre de vie et de la santé
|
Ensablement
|
Diminuer le poids des déchets solides
|
Conditionnement des déchets solides
|
Empêcher l'accès des rongeurs et autres vecteurs aux
déchets solides ; faciliter la pré-collecte
|
Recyclage
|
Récupération, réutilisation, valorisation
|
Gestion des déchets biomédicaux
|
Danger : risques pour la santé
|
Maladies liées à l'insalubrité
|
Impacts de la mauvaise gestion des déchets solides
|
Plastiques
|
Pollution environnementale
|
Dépotoirs
|
Pollution
|
Lois
|
Comprendre pour mieux agir
|
Inondation
|
Situation cyclique : quelle disposition pour la sauvegarde
de la santé
|
Sources : COGEDA/OXFAM QUEBEC, 2001
et données de terrain
2.2.2. Lieux de rejet des Déchets Solides
Dans le contexte actuel du 6ème
arrondissement de Cotonou, les ONG pré-collectrices ne disposent que
d'un seul point de regroupement situé à Hindé. Les
éboueurs sont donc obligés de créer des dépotoirs
sauvages à des endroits inappropriés tels que : les lieux
publics (les terre-pleins centraux, les caniveaux ouverts ou fermés),
les berges de la lagune ou du lac Nokoué, les bas-fonds.
L'utilisation des dépotoirs sauvages par les acteurs
impliqués dans la pré-collecte se justifierait par le fait
que :
- les ONG ne disposent pas de points de regroupement par
manque d'espace négociable ;
- le seul bac à ordures disposé dans
l'arrondissement par la DST n'est pas facilement accessible aux ONG pour la
simple raison qu'aucun contrat d'exploitation n'est conclu entre les deux
parties, et aussi, compte tenu de l'état des voies
d'accès ;
- les populations négocient parfois ces ordures pour le
comblement de leurs parcelles situées dans les zones
marécageuses.
Conséquence, une partie des déchets
pré-collectés se retrouvent à des endroits
inappropriés contribuant ainsi à maintenir la plupart des
quartiers dans l'insalubrité. Pour cette étude, nous avons
répertorié à travers les photos 2, 3,4 et 5 quelques
dépôts sauvages situés dans le sixième
arrondissement de Cotonou.
Source : cliché
AMOUZOUN, Septembre 2009
Photo 2 : dépôt
sauvage à Gbèdjromèdé (Cotonou), face lot 1024
Aïdjèdo,
prolongement caniveau à ciel ouvert venant
d'Okpè Oluwa
La photo 2 indique que la disposition d'un bac à
ordure dans ce quartier du sixième arrondissement n'a pas
empêché la création d'un véritable
dépôt sauvage menaçant l'espace de vie immédiat des
populations. Ce qui montre que le "dehors" reste un lieu accessible à
tous et où tout peut s'y faire sans que personne sans offusque.
Source : cliché AMOUZOUN,
Septembre 2009
Photo 3 : dépôt sauvage
à Djidjè (Cotonou), au bord de la lagune, derrière lot
1030
La photo 3 montre l'existence d'un dépôt de
déchets solides au bord de la lagune où vivent de nombreuses
populations se servant pour la plupart de l'eau de ladite lagune pour leurs
besoins quotidiens. C'est dire donc que les espaces publiques comme les
bordures de cette lagune n'étant la propriété de personne
on peut donc sans servir pour diverses fins.
Source : cliché AMOUZOUN,
Septembre 2009
Photo 4 : dépôt de
déchets solides situés de part et d'autre d'un collecteur
d'eaux usées à Aïdjèdo
La photo 4 informe sur l'état d'un collecteur
d'eaux usées transformé en un lieu de décharge publique de
déchets solides ; mais il semble qu'une telle situation ne
dérange personne surtout les populations environnantes qui vaquent
malgré tout à leurs activités quotidiennes. Ce qui met en
relief les usages finaux que les populations locales font de certaines
installations environnementales.
Source :
cliché AMOUZOUN, Septembre 2009
Photo 5 : ruelle envahie par un
dépotoir d'ordures au quartier Djidjè
La photo 5 montre un dépotoir de déchets
solides discutant l'espace d'une rue du sixième arrondissement, rendant
ainsi difficile la circulation pour les acteurs usagers de cette voie. Cela
révèle la perception selon laquelle la rue n'appartenant à
personne, on peut donc sans servir pour y jeter les ordures.
2.2.3. Gestion des abonnés
Les ONG interviewées rencontrent des difficultés
dans les relations qui les lient avec les abonnés. Les principaux
problèmes sont relatifs au recouvrement et au retard dans
l'enlèvement des poubelles chez les abonnés.
Concernant le recouvrement, deux (02) des trois responsables
des ONG interrogés déclarent avoir des difficultés de
recouvrement dues au manque de sincérité de certains
abonnés. La sanction qui s'en suit est une simple suspension des
services à l'abonné.
Les acteurs de pré-collecte justifient le retard dans
l'enlèvement des déchets solides chez les abonnés par le
bris des charrettes et les difficultés d'accès à certaines
maisons en temps de pluie. Cette situation ne satisfait guère les
abonnés qui s'attendent à une régularité dans le
service offert. Cela occasionne des frustrations des
abonnés et une perte de crédibilité pour la structure de
pré-collecte. Du coup, ces abonnés se chargent eux-mêmes de
leurs déchets se servant de tous lieux disponibles pour y jeter leurs
ordures.
Ainsi, toutes ces défaillances constatées dans
le cadre de la gestion des DSU par les différents acteurs
institutionnels (ONG, Municipalité de Cotonou) limitent
l'efficacité des initiatives entreprises.
2.3. La population, dans un nouveau contexte urbain, des
pratiques diverses face au problème de gestion des déchets
solides
Les tableaux X, XI, XII, et XIII présentent les
résultats d'enquêtes sur les pratiques des populations du
6ème arrondissement de Cotonou par rapport à la
gestion des déchets solides.
Tableau X : l'état
d'insalubrité du quartier
Insalubrité
|
Effectif
|
Fréquence
|
oui
|
35
|
100%
|
non
|
00
|
0%
|
TOTAL
|
35
|
100%
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau X donne les résultats d'enquête
sur les avis des populations par rapport à l'état de leur
quartier en matière de salubrité. Ces résultats illustrent
que 100% des personnes enquêtées reconnaissent que leur quartier
est sale.
Tableau XI : provenance de l'essentiel des
déchets
Provenance
|
Effectif
|
Fréquence
|
Activités marchandes et de services
|
09
|
25,7%
|
Ménages
|
26
|
74,3%
|
TOTAL
|
35
|
100%
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XI donne les résultats sur la provenance
des déchets solides. Ces résultats révèlent que la
majeur partie des déchets (74,3%) proviennent des ménages, tandis
qu'un pourcentage non négligeable de déchets (25,7%) sont issus
d'activités de commerce ou de service. Ce qui montre que les
ménages ne sont plus forcément les seuls producteurs de
déchets en ville.
Tableau XII : mode d'évacuation des
déchets solides
Evacuation
|
Effectif
|
Fréquence
|
Pré- collecte par les ONG
|
18
|
51,4%
|
N'importe où (caniveau ou collecteur, TPC, voies
publiques, bas-fond)
|
09
|
25,7%
|
Bac à ordures
|
02
|
5,7%
|
A l'intérieur de la concession
|
06
|
17,2%
|
TOTAL
|
35
|
100%
|
NB : TPC : Terre-pleins Centraux
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XII donne les résultats d'enquête
sur le mode d'évacuation des déchets à partir de trente
cinq (35) personnes objet de l'enquête. Il ressort de ces
résultats que plus de la moitié des personnes (51,4%) sont
abonnées à une ONG de pré-collecte, alors que 25,7%
abandonnent leurs ordures dans les caniveaux ou collecteurs, sur les TPC et
dans les bas-fonds. Un pourcentage non négligeable de personnes (17,2%)
enterre les ordures chez elles pour se protéger contre la crue ou contre
l'inondation en saison de pluie. Seuls 5,7% de personnes profitent des bacs
à ordures installés près de chez elles pour y
évacuer leurs ordures.
Tableau XIII : fréquence
d'évacuation des déchets solides
Fréquence
|
Effectif
|
Fréquence
|
Tous les jours
|
19
|
54,3%
|
Une fois par semaine
|
01
|
02,8%
|
Deux fois par semaine
|
03
|
08,6%
|
Plus de deux fois par semaine
|
12
|
34,3%
|
Une fois par mois
|
00
|
00,0%
|
Autre
|
00
|
00,0%
|
TOTAL
|
35
|
100%
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XIII donne la fréquence
d'évacuation des déchets solides. On constate à ce niveau
que plus de 54% des personnes interrogées évacuent leurs
déchets quotidiennement, 34,3% au moins deux fois par semaine. On peut
donc en déduire que la majorité des personnes évacuent
régulièrement les déchets qu'elles produisent quel que
soit le mode d'évacuation utilisé.
3. ANALYSE DES RESULTATS : DES LOGIQUES
D'ACTEURS
L'analyse des résultats permet de mettre en
évidence les logiques et représentations des acteurs
engagés dans les dynamiques urbaines autour des déchets solides
urbains. Elle révèle que chacun des acteurs (municipalité
de Cotonou, populations locales du 6ème arrondissement et ONG
de pré- collecte oeuvrant dans ledit arrondissement), engagé dans
la gestion des DSU, tente de se débrouiller à sa manière
dans un cadre législatif, réglementaire et contractuel
généralement flou.
Ainsi, dans une logique de service public rendu, les objectifs
affichés par les autorités municipales sont ceux d'une
hygiène publique étendue à la totalité des
quartiers. Aussi, dans l'analyse des discours, « l'embellissement
urbain »27(*)
constitue une dimension essentielle : « Nous
(service municipal), on est en charge de l'embellissement de la
ville ». Il s'agit donc pour les autorités de donner une
image favorable de la ville dans une optique de marketing urbain (BIAREZ,
1998). Dans ce sens, des « espaces publics »28(*) sont construits et
aménagés : ce sont, dans le domaine de l'assainissement, la
construction des collecteurs et des bacs et l'aménagement des rues et
Terre- Pleins Centraux (TPC).
Ces espaces construits et aménagés sont ensuite
transformés et utilisés par les ONG et les populations du
sixième arrondissement de Cotonou.
Nous analyserons donc les usages des espaces publics mais nous
nous pencherons aussi sur leurs représentations. Ceci se justifie par le
fait qu'il n'est pas possible de constater, comme l'ont fait remarquer BASSAND
et al (2001), une « dissociation entre le symbolique et le
fonctionnel, entre le connu et le vécu ».
Au demeurant, il ressort des données recueillies sur le
terrain que les ONG qui interviennent dans la pré- collecte des
déchets solides au niveau du 6ème arrondissement
mettent en oeuvre plusieurs stratégies allant de la sensibilisation
à la fidélisation à travers le système
d'abonnement, dans le but de rendre pérennes leurs actions. Notons
cependant, que malgré les efforts faits par ses structures pour assurer
l'enlèvement des DSU, le taux d'enlèvement des déchets
solides reste dans les limites de la moyenne comme l'illustre les
données du tableau XII et les informations recueillies auprès des
ONG pré-collectrices. En outre, une partie des déchets
pré-collectés (51,4 %) par ces ONG auprès des populations
sont soit déversés le long des voies, dans des TPC ou dans les
caniveaux lorsque la distance qui sépare la zone de pré-collecte
est assez éloignée du seul point de regroupement qui existe au
niveau de l'arrondissement ou soit vendus en cours de route comme
« remblais » dans les zones ravinés par le
ruissellement des pluies, et particulièrement aux abords du lac ou de la
lagune. Pour les déchets qui arrivent au point de regroupement, la
plupart du temps, l'état des bacs pleins à craquer fait
éparpiller les ordures tout autour, rendant ainsi, sous l'effet du vent
ou de la pluie, insalubre les quartiers immédiats.
En réalité, l'arrivé de nouveaux acteurs
que constituent les ONG semble au vue de ce qui précède,
compliqué l'organisation de la gestion des déchets par la
municipalité. L'on se pose la question de savoir « dans quelle
mesure l'Africain a intégré l'idée de gestion des ordures
ménagères »29(*). En effet, pour le personnel d'ONG chargé de
gérer les ordures, on se demande s'il n'y a pas un blocage qui provient
de l'idée qu'il faille accorder tant d'importance aux objets que les
citadins rejettent. N'y a-t-il pas là une idée qu'on tend
à minimiser à partir de la place qu'un déchet occupe dans
l'imaginaire social, la place du ramassage parmi les tâches relevant de
la hiérarchie urbaine ? Ce qui justifierait le peu de cas que l'on
fait des lieux de rejets des déchets pré-collectés. Ces
derniers se retrouvant pour la plupart à des endroits
inappropriés tels que dans les caniveaux, les collecteurs d'eaux
usées, les TPC et aux abords des voies.
En arrière plan, nous avons une population citadine,
qui, tout en décriant l'état d'insalubrité de l'espace
urbain collectif (comme nous le montre les résultats du tableau X
où toutes les personnes interrogées reconnaissent que leur cadre
de vie est sale), et bien que véhiculant des représentations
normatives claires concernant l'hygiène et la salubrité, adopte
des stratégies qui vise essentiellement à l'éloignement
des ordures et de la saleté en dehors de l'espace de vie (ménage,
lieu de travail, lieu de commerce) vers le dehors (25,7 % jettent
quotidiennement leurs déchets n'importe où). Ceci permet
d'affirmer, comme NOISETTE et al (1996), que la ville est un lieu où les
urgences se manifestent d'une manière particulièrement vive en
même temps que l'ambiguïté des intérêts y est
exacerbée.
En outre, pour de nombreuses personnes, il ne semble pas y
avoir de lieu privilégié pour se débarrasser de leurs
ordures. Les gens ont tendance à exploiter l'environnement où ils
vivent. Cependant, il faut noter que ces lieux de rejets sont connus et
vécus comme tels par tous. C'est ce que révèlent les
photos 4, 5 et 6. Par ailleurs, à la question :
« où jetez-vous régulièrement les
ordures ? », 25,7 % disent les abandonner sur les bordures de
voies, voire sur les TPC ou dans les caniveaux tandis que seulement 5,7 % les
jettent dans les bacs à ordures. Ce qui frappe tout de suite, c'est le
peu de place que les bacs à ordures occupent pour les populations de cet
arrondissement. Cela signifie-t-il que les bacs à ordures soient rares
ou inexistants ou bien les gens ne trouvent pas la nécessité d'y
jeter les ordures ? Insuffisance ou indifférence par rapport aux
bacs à ordures ? Ce qui est certain, c'est qu'en dehors de la
rareté des décharges publiques (selon les données de
l'enquête il n'existerait officiellement qu'une seule décharge
publique au niveau du sixième arrondissement), le caractère
importé d'un objet comme la poubelle métallique ou plastique qui
heurte les pratiques traditionnelles, impose de nouvelles habitudes aux
« citadins habitués à jeter les ordures à
même le sol » (ZOA, 1995). Nous comprenons ici l'handicap des
populations à jeter leurs ordures dans le bac. Pour une partie plus ou
moins importante des personnes interrogées, la route (et les TPC) semble
le lieu le plus accessible et le mieux indiqué pour rejeter leurs
ordures. Ce fait peut s'expliquer par la proximité de la route. On peut
aussi penser que celle-ci, n'appartenant à personne est un lieu neutre
où le dépôt des ordures ne gêne personne. L'on aurait
aussi une certaine image de la route qui rend compte du choix des populations,
cette représentation justifierait alors la prolifération des
décharges sauvages. Peu importe que ces ordures déposées
en route soient enlevées, l'essentiel est de s'en débarrasser.
L'on ne s'occupe même pas des conséquences de ces décharges
qui peuvent bloquer la circulation. Il en est de même pour les caniveaux
ou collecteurs d'eaux usées qui peuvent être bouchés, ici
encore, ce qui importe c'est de trouver un lieu disponible pour ses ordures. Et
selon les populations, les eaux des caniveaux se chargeront de drainer leurs
ordures vers les exutoires.
Ce qui se dégage de ces analyses, c'est que le lieu du
rejet des ordures fait lui-même partie, pour la majorité des
populations du sixième arrondissement du « système de
la débrouille »30(*).
En somme, les espaces publics permettent l'articulation de
trois logiques : celle de la municipalité de Cotonou, celle des ONG
pré- collectrices de déchets solides et celles des populations.
La façon dont les acteurs sociaux locaux que sont les ONG et les
populations locales utilisent les espaces construits et aménagés
par les acteurs municipaux constitue une des causes de leur échec. En
outre, les usages de ces lieux communs sont influencés par les diverses
représentations qu'en font les acteurs sociaux locaux. Notre
deuxième hypothèse est donc vérifiée. Les
représentations influencent l'usage des équipements sociaux
urbains d'assainissement.
CHAPITRE III : MODES ET FONDEMENTS DE
PARTICIPATION
1. LES COUTS DE LA PARTICIPATION
Les tableaux XIV, XV, XVI, XVII, présentent les
résultats d'enquêtes sur les perceptions sociales des coûts
d'évacuation des ordures.
1.1. Les coûts sociaux
Tableau XIV : perception des populations
de la place des déchets dans leurs préoccupations
Perception
|
Effectif
|
Fréquence
|
Pénible
|
09
|
25,7 %
|
Normal
|
12
|
34,3 %
|
Important
|
09
|
25,7 %
|
Amusant
|
02
|
05,7 %
|
Facile
|
03
|
08,6 %
|
Inutile
|
00
|
00,0 %
|
TOTAL
|
35
|
100,0 %
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XIV donne les résultats d'enquête
relatifs à la perception qu'ont les populations de la place des
déchets dans leurs préoccupations. Il ressort de ces
résultats que plus de 25 % des personnes interrogées pensent
qu'il est important de s'occuper de ses ordures au niveau de la
pré-collecte et environ 34 % pensent qu'il est tout simplement normal de
s'en occuper, avec toutefois un taux non négligeable de personnes (25,7
%) qui prennent cela pour une corvée supplémentaire contre
respectivement 08,6 % et 05,7 % qui trouve la tâche facile ou tout
simplement amusante.
Tableau XV : prise en charge de la
gestion des ordures
Niveau
|
Prise en charge
|
Effectif
|
Fréquence
|
VILLE
|
Citoyens
|
00
|
00,0 %
|
Etat
|
15
|
42,9 %
|
ONG
|
00
|
00,0 %
|
Elus locaux
|
20
|
57,1 %
|
|
TOTAL
|
35
|
100,0 %
|
QUARTIER
|
Citoyens
|
00
|
00,0 %
|
Etat
|
15
|
42,9 %
|
ONG
|
00
|
00,0 %
|
Elus locaux
|
20
|
57,1 %
|
|
TOTAL
|
35
|
100,0 %
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XV présente les résultats
relatifs à l'opinion sociale sur la prise en charge de la gestion des
ordures. A l'issu de cette présentation, il ressort que les populations
pensent qu'il revient à la collectivité d'effectuer
l'enlèvement des ordures aussi bien à l'échelle de la vile
que du quartier (ils sont 57,1 % à imputer la responsabilité aux
services municipaux). Toutefois, une proportion non moins importante (42,9 %)
des personnes interrogées pense que c'est l'Etat qui devrait normalement
s'occuper de la gestion des déchets solides au niveau de la ville comme
celui du quartier. Fait remarquable, aucune des personnes
enquêtées n'attribue la responsabilité de la gestion des
ordures ni aux citoyens ni aux ONG.
1.2. Les coûts financiers
Tableau XVI : volonté de payer ou
non pour un service de pré-collecte efficace et régulier
Payer
|
Effectif
|
Fréquence
|
Non-réponse
|
10
|
28,6 %
|
Oui
|
13
|
37,1 %
|
Non
|
12
|
34,3 %
|
TOTAL
|
35
|
100,0 %
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XVI donne les résultats d'enquête
relatifs à la volonté de payer ou non pour un service
d'enlèvement efficace et régulier. On constate que 37,1 % des
personnes interrogées sont prêtes à payer. Cependant
l'acceptation de payer, a souvent été assortie de conditions,
liées le plus souvent à la régularité du service,
voire à son existence effective. Ceux qui refusent de payer (ils
représentent 34,3 % de la population enquêtée) pour
l'enlèvement des déchets solides ont pour certains des
alternatives qui les satisfont sans rien leur coûter (ils brûlent
leurs ordures ou les enfouissent sans problème ou encore les jettent
dans les collecteurs et les bas-fonds). Parfois, le refus de payer pour un
service de ramassage n'est pas associé à l'existence
d'alternatives, mais au scepticisme par rapport à
l'éventualité d'un service régulier, ou bien à un
rejet pur et simple du principe de paiement pour un service qui devrait
être public et gratuit. Il faut noter cependant que plus de 28 % des
enquêtés n'ont pas d'avis précis sur la question.
1.3. Les coûts sanitaires et environnementaux
Tableau XVII : perception des risques qui
peuvent être engendrés par les déchets solides urbains sur
la santé et l'environnement
|
Menace
|
Effectif
|
Fréquence
|
Pour la santé
|
oui
|
25
|
71,4 %
|
non
|
02
|
5,7 %
|
Non-réponse
|
08
|
22,9 %
|
Pour l'environnement
|
Oui
|
30
|
85,7 %
|
Non
|
01
|
02,9 %
|
Non-réponse
|
04
|
11,4 %
|
|
TOTAL
|
35
|
100 %
|
Source : Données de
l'enquête de terrain, août-octobre 2009
Le tableau XVII donne les résultats d'enquête
relatifs à la perception des risques qui peuvent être
engendrés par les déchets solides urbains sur la santé et
l'environnement. Presque toutes les personnes interrogées reconnaissent
que les ordures constituent une menace aussi bien pour la santé que pour
l'environnement (71,4 % pour la santé et 85,7 % pour
l'environnement).
2. ANALYSE DES RESULTATS : DES STRATEGIES DE
PARTICIPATION
Les comportements de participation ou de retrait
reflètent des stratégies, des calculs, des expectatives ou des
pronostics. Chaque acteur ou intervenant agit en fonction des
intérêts qu'il poursuit, des opportunités qu'il a de les
saisir (CROZIER, 1977). En ce sens, la participation (et son contraire) ne
serait désintéressé et pourrait toujours être un
comportement rationnel, même si elle ne donne pas lieu à un
raisonnement explicite et formalisé.
On pourrait donc en déduire que, lorsque des citadins
décident de participer à l'assainissement de leur quartier, c'est
surtout sur la base d'une estimation de ce qui est susceptible de leur apporter
les dynamiques de changement proposées. Ne pas participer est
également un acte qui peut exprimer une estimation de ce qui est
susceptible d'apporter aux populations les différentes situations
environnementales envisagées.
Ainsi, l'analyse des stratégies de participation des
populations aux initiatives d'assainissement dans le domaine de la gestion des
DSU prendra en compte les perceptions des coûts (sociaux, financiers,
sanitaires et environnementaux) du service d'enlèvement. A cet
effet :
- La participation des populations en termes de coûts
sociaux dans le domaine de la gestion des DS est fondée sur la situation
culturelle et sociale des acteurs. En effet, des résultats
d'enquête on retient que parmi les différents acteurs qui
interviennent dans le processus que fait par exemple un déchet depuis la
cuisine jusqu'à la rue, il y a des enfants dont la taille ne permet pas
réellement de maîtriser le rapport à un objet tel que le
bac (à ordures) au dessus de leur tête. Il est donc bien
évident que la construction du bac importé ne tient pas compte
des enfants qui pourtant font partie des personnes qui doivent évacuer
les déchets solides hors de la maison. On imagine ainsi, tout l'effort
physique que ceux-ci doivent fournir pour transporter les déchets
solides vers la décharge publique. La perception qu'ils se font de cette
dépense d'énergie jouerait beaucoup sur leur participation
efficace à l'évacuation des ordures. En dehors des enfants, la
femme joue un rôle important dans le ramassage des ordures au niveau des
ménages. Ramasser les ordures est, en effet, une activité qui
trouve sa place dans la « division sexuelle du
travail »31(*)
à Cotonou. On ne voit pas l'homme chargé de cuvette ou de panier
d'ordures, qu'il va déverser à la poubelle. Si cela relève
des activités propres à la femme, rappelons que celle-ci doit
faire face à plusieurs tâches domestiques. Aussi, ramasser les
ordures est une corvée de plus pour elle (25,7 % des personnes
interrogées le pensent). De plus, si l'entretien de la maison se fait le
jour, c'est souvent la nuit que beaucoup de femmes s'acquittent de leur
activité de ramasseuses d'ordures. Epuisées de fatigue au bout
d'une journée surchargée, elles attendent la nuit pour aller
versée leurs seaux d'ordures. Dans cet état, ce qui les
préoccupe, c'est se débarrasser de la corvée ; elles
n'ont pas le temps de chercher où se trouverait le bac public, dans le
noir elles versent leurs ordures par terre et n'importe où (dans les
caniveaux ou les abandonnent simplement en bordures des voies).
On peut donc affirmer, de ce qui précède que la
manière dont les acteurs chargés socialement de s'occuper de
l'évacuation des ordures de la maison vers les endroits
appropriés perçoivent les coûts sociaux d'enlèvement
des déchets solides réduit l'efficacité de leur
participation à l'assainissement. A ce stade de l'analyse, il suit que
la troisième hypothèse de ce travail de recherche qui met en
rapport les différentes perceptions des coûts de
l'enlèvement des déchets et la participation des populations
à l'assainissement de l'arrondissement se confirme. Ceci du fait de la
détermination de la participation des populations par la perception des
coûts sociaux.
- La participation financière en termes de contribution
symbolique en espèces prône une volonté des populations de
consacrer une partie de leurs ressources à l'aménagement et
à l'amélioration du cadre de vie. Elle peut être
considérée comme une expression de la valeur que les citadins
attachent aux services rendus et à leur volonté de vivre dans un
milieu sain. Dans ce sens, de l'ensemble des informations collectées, on
observe que la grande partie du matériel technique utilisé (bacs,
conteneurs, engins, etc.) par la municipalité est constituée
d'objets importés, étrangers à notre univers culturel dans
lequel les gens sont habitués à jeter les ordures à
même le sol. De plus, certains ont du mal à imaginer les sommes
colossales consacrées à l'achat de ces objets : par exemple
une benne tasseuse qui coûte cinquante millions de francs. Alors que nous
sommes habitués à utiliser les voitures pour les courses,
voyages, déplacements courants, l'idée d'acheter une voiture pour
les déchets bouleverse l'image que les populations ont d'un objet comme
la voiture, symbole de la modernité. L'on devine alors la peine que l'on
a pour sortir de l'argent en vue d'acheter et entretenir les voitures
destinées aux ordures (34,3 % des personnes enquêtées ne
sont pas prêtent à payer, selon les données du tableau
XVI). De même, l'entretien des décharges est encore une chose
impensable. De tels arguments justifient la troisième hypothèse
et la renforce en ce qu'ils démontrent que la perception des coûts
financiers détermine aussi la participation des populations. Toutefois,
il serait erroné d'affirmer que les populations se
désintéressent de la gestion de l'environnement, n'ont aucune
volonté d'y participer, ou encore s'en remettent totalement à
l'Etat ou la Mairie pour ces activités "non productives". En secondant
les services publics dans leurs tâches d'assainissement, la population
participe à l'amélioration des conditions de santé et
d'hygiène, et démontre que le domaine de l'assainissement peut
être un secteur rentable, créateur de micro- entreprises
(création d'ONG de pré- collecte d'ordures par exemple) et
générateur d'emplois.
- Quant à la perception des risques sanitaires et
environnementaux liés à la mauvaise gestion des déchets
urbains, l'on peut dire qu'il y a nombre de personnes qui ne perçoivent
pas la saleté dans le sixième arrondissement de
Cotonou quand bien même la majorité des enquêtés
(71,4 % et 85,7 % respectivement par rapport à la santé et
l'environnement) affirment reconnaître les risques liés aux
ordures contre seulement 5,7 % et 2,9 % (respectivement par rapport à la
santé et l'environnement) qui affirment le contraire. Aussi, en
considérant les personnes qui disent faire le lien entre les risques
sanitaires et environnementaux et la mauvaise gestion des déchets
solides, tout porte à croire que si elles percevaient effectivement les
effets de ces immondices pourquoi ne les enlèveraient-elles pas au lieu
de s'entêter à attendre une action du gouvernement ?
Resteraient-elles passives si elles se sentaient menacées par ces tas
d'ordures ? Lorsque parmi elles beaucoup ne sont pas prêtent
à participer financièrement à des actions de collecte de
fonds pour débarrasser leurs quartiers des ordures, parce que
« c'est le travail du Maire ou de ses services techniques qui
doivent les enlever », on est tenté de dire que la
problématique de l'hygiène n'est pas une affaire d'argent, mais
de la perception qu'on a de ces déchets qui ne gênent pas
ceux-là même qui les avoisinent et les produisent. On retrouve un
imaginaire social qui laisse croire que l'hygiène est occidentale et
qu'elle se heurte avec des logiques d' « indigènes qui ne
meurent pas de saleté » (ZOA, 1995, p.110).
Somme toute, il ressort des différentes analyses que
les deux premières hypothèses de ce travail sont
vérifiées tandis que la troisième se trouve
nuancée. Ceci étant, l'insuffisance de coordination des actions
institutionnelles et les usages sociaux des dispositifs d'assainissement
expliquent la persistance de l'insalubrité dans le sixième
arrondissement de Cotonou. Toutefois, la participation communautaire à
l'assainissement de l'arrondissement joue un grand rôle dans la
réussite des actions concertées ou non entre la Mairie de
Cotonou, la SOGEMA et les ONG impliquées dans le processus. Or, celle-ci
se trouve subordonnée non seulement à la perception des
coûts de l'enlèvement des déchets solides mais aussi
à diverses représentations et logiques que ce travail a permis
d'étayer.
CONCLUSION
Comprendre les logiques et les représentations qui se
manifestent derrière les déchets solides urbains à Cotonou
dans le sixième arrondissement, tel a été l'objectif dans
ce travail de recherche. Il ressort clairement au terme de cette étude
que, la gestion des déchets solides urbains dépend des
stratégies d'acteurs autant que des techniques.
Les données recueillies sur le terrain, corroborent
entièrement les hypothèses de travail qui postulaient que la
persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement est
à mettre en relation avec les enjeux de coordination entre
différents niveaux institutionnels impliqués dans la gestion des
déchets solides à Dantokpa et avec les modes de perception et de
représentation des acteurs sociaux locaux respectivement liés aux
coûts d'enlèvement des déchets et aux infrastructures
d'assainissement.
Concernant l'organisation de la gestion des déchets
solides au niveau de Dantokpa, il apparaît une nette
désarticulation entre la logique municipale dans le domaine de
l'assainissement de manière générale et les initiatives de
gestion des déchets constatées de la part des acteurs de la
SOGEMA. De plus, les lignes de responsabilité et d'autorité sont
parfois concurrentes entre la Mairie et la SOGEMA. Aussi, il urge de trouver
des réponses institutionnelles et politiques pour renforcer les
capacités des acteurs municipaux et pour articuler les dynamiques de
gestion des déchets par la SOGEMA avec les stratégies
municipales. Par ailleurs, les attitudes des populations par rapport à
la gestion des installations environnementales s'observent à
l'échelle individuelle et collective. Au niveau collectif, l'implication
des ONG dans la gestion locale des déchets solides n'est pas liée
à une stratégie clairement définie, mais apparaît
plutôt dans des actions, à la limite, ponctuelles basées
sur une stratégie de survie et commerciale. Cela entraîne une
absence de contrôle sur la destination finale des déchets solides
pré-collectés. La plupart, se retrouvant à des endroits
inappropriés. Il est donc nécessaire d'établir entre
collectivité locale et acteurs non gouvernementaux des relations
contractuelles précisant les engagements de chacun et déterminant
les procédures de contrôle des résultats. A
l'échelle individuelle, l'utilisation des équipements urbains
d'assainissement comme lieux de rejet des ordures constitue un mode courant de
gestion des déchets par les ménages et autres acteurs sociaux
urbains. Outre le dysfonctionnement que cela cause au niveau du système
d'évacuation, une telle attitude participe à l'auto-
empoisonnement par les déchets. Les populations ne peuvent pas
prétendre à un esprit sain dans un corps sain, en dehors d'un
environnement sain. La santé physique et psychologique d'une personne
dépendant de la qualité de son cadre de vie. La gestion des
déchets, la préservation de l'intégrité des
ouvrages d'assainissement sont des devoirs qui doivent influencer les
comportements quotidiens des citadins. En conséquence, les questions de
participation à l'assainissement seront essentielles, a fortiori si la
conception des coûts sociaux, financiers, sanitaires et environnementaux
par les populations est susceptible d'intervenir. La question sera alors de
savoir comment intégrer les usagers dans la planification des actions
d'assainissement, pour quels motifs les mobiliser, sur quelle base territoriale
les inclure et quelle légitimité serait à même de
sous-tendre le processus.
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET PHOTOS
Liste des tableaux
Tableau I : Présentation des groupes
cibles et catégories de personnes interrogées 36
Tableau II : Répartition des
enquêtés par catégories de personnes interrogées
.38
Tableau III : Informations sur la
répartition des personnes enquêtées vivant depuis au moins
trois mois dans l'arrondissement par quartier 38
Tableau IV : Synthèse de la
recherche documentaire 40
Tableau V : Synthèse des techniques
utilisées 43
Tableau VI : Chronogramme de recherche
44
Tableau VII : Nature des déchets
produits (par habitant/jour) 65
Tableau VIII : Pratiques
d'évacuation des déchets solides à Cotonou 65
Tableau IX : Thèmes des
séances de sensibilisation des populations 68
Tableau X : L'état
d'insalubrité du quartier 73
Tableau XI : Provenance de l'essentiel des
déchets 74
Tableau XII : Mode d'évacuation des
déchets solides 74
Tableau XIII : Fréquence
d'évacuation des déchets solides 75
Tableau XIV : Perception des populations de
la place des déchets dans leurs préoccupations 80
Tableau XV : Prise en charge de la gestion
des ordures 81
Tableau XVI : Volonté de payer ou
non pour un service de pré-collecte efficace et régulier 81
Tableau XVII : Perception des risques qui
peuvent être engendrés par les déchets solides urbains sur
la santé et l'environnement 82
Liste des figures et photos
Figure 1 : Graphique illustrant le
système des déchets de Cotonou 22
Figure 2 : Carte de la situation de la
ville de Cotonou 34
Photo 1 : Point de regroupement à
Hindé lot 989 au bord de la lagune .64
Photo 2 : Dépôt sauvage
à Gbèdjromèdé, face lot 1024 Aïdjèdo,
prolongement caniveau à ciel ouvert venant d'Okpè Oluwa 70
Photo 3 : Dépôt sauvage
à Djidjè, au bord de la lagune, derrière lot 1030 71
Photo 4 : Dépôt de DS
situés de part et d'autre d'un collecteur d'eaux usées à
Aïdjèdo 71
Photo 5 : Ruelle envahie par un
dépotoir d'ordures au quartier Djidjè. 72
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EYEBIYI Elieth, 2008, « Préservation de
l'environnement et gestion des déchets ménagers par les femmes
à Porto-Novo au Bénin : une approche
socio-anthropologique » in Revue Perspectives Scientifiques et
Société, vol.1-n°1, Observatoire Africain pour
l'Education, les Droits Humains et le Développement (OAEDHD)
(éd.), [en ligne], mise en ligne le 25 octobre 2008, URL :
http://oaedh.org/.
http://www.pdm-net.org.
ANNEXES
Annexe n °I : Guides d'entretien par
groupe cible
I. Groupe-cible Mairie de Cotonou
1- Objectif
Identifier les pratiques courantes de la Mairie en
matière de gestion des déchets solides de la ville et les
logiques qui les sous-tendent.
2- Contenu
*Organisation pratique de la Mairie en
matière de gestion des déchets solides
o état des voies d'accès et les infrastructures
d'assainissement
o gestion des dépotoirs non autorisés ou
"dépotoirs sauvages"
*Appréciation sur les comportements
individuel et collectif par rapport à l'assainissement de l'espace
public
o utilisation faite des ordures par les individus
o comportements individuel et collectif par rapport aux
infrastructures d'assainissement
*Politique d'assainissement de l'espace
public marchand Dantokpa
o rôle de la municipalité dans le processus
d'évacuation des déchets solides du marché
o devenir des ordures prélevées et non
prélevées par les services techniques de la Mairie
o nature des relations entre la Mairie et la SOGEMA dans le
domaine de la gestion des déchets du marché
o état d'assainissement des quartiers environnants en
rapport avec les initiatives de gestion des ordures du marché
II. Groupe-cible SOGEMA
1- Objectif
Déterminer la place et le rôle de la SOGEMA dans
la gestion des déchets solides du marché Dantokpa
2- Contenu
*Initiatives prises par la SOGEMA dans le cadre de
l'hygiène, de l'assainissement, et de la gestion de l'environnement au
marché Dantokpa.
*Mode des relations entre la SOGEMA et la Mairie de Cotonou
dans le domaine de la gestion des ordures du marché.
*Analyse des conflits de coopération avec la Mairie et
interdépendance des enjeux.
Annexe n° II : Questionnaires
d'enquête
I. Questionnaire adressé aux structures de
pré-collecte des déchets solides
(ANG)
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE
(DS-A)
ETUDE PORTANT SUR LES INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES
DECHETS SOLIDES URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A COTONOU
(Mémoire de Maîtrise)
Questionnaire
|
INFORMATION SUR LE QUESTIONNAIRE
|
|
·Pour indiquer votre réponse, marquer d'une croix
(x) le casier correspondant dans la partie «réponse de
l'enquêté (e) ».
·La flèche (?) indique : Allez à ...
selon la réponse précédemment obtenue
|
|
|
Fiche N°
|
INFORMATIONS SUR L'ENQUETE (E)
|
|
Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Prénom (s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Statut dans la structure: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Sigle/ Appellation de la structure: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Date de création : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Siège : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
N°
|
Questions
|
Réponses
|
Réponse(s) de l'enquêté(e)
|
I- Stratégie d'intervention
|
1.
|
Dans quel(s) domaine(s) d'activité exercer vous le
plus ?
|
pré-collecte
|
|
collecte
|
|
transport
|
|
traitement
|
|
2.
|
Quelle est votre zone d'intervention ?
|
Dans le 6ème arrondissement (préciser le
ou les secteurs)
|
|
En dehors du 6ème arrondissement
|
|
3.
|
Qui sont vos bénéficiaires ?
|
ménages/maisons
|
|
services/ateliers
|
|
commerces
|
|
4.
|
Quel type de contrat vous lie aux abonnés ?
|
abonnement annuel
|
|
trimestriel
|
|
mensuel
|
|
hebdomadaire
|
|
journalier
|
|
5.
|
Combien d'abonnés avez-vous ?
|
nombre
|
|
Pas de réponse
|
|
6.
|
Quelle est la nature des déchets pré
collectés ?
|
déchets biomédicaux
|
|
déchets industriels/artisanaux
|
|
ordures ménagères
|
|
déchets de commerce
|
|
autres
|
|
7.
|
Quels sont les modes d'évacuation des déchets
pré-collectés ?
|
ventes
|
|
dépôts sauvages
|
|
décharge de transit ou point de regroupement
|
|
auto-utilisation
|
|
autres
|
|
II. Evaluation de la stratégie : gestion
des déchets
|
1.
|
A combien estimez-vous par jour la quantité de
déchets produits dans l'arrondissement ?
|
volume
|
|
Pas de réponse
|
|
2.
|
A combien estimez-vous par jour la quantité de
déchets pré-collectés par l'ensemble des structures
intervenant dans l'arrondissement ?
|
volume
|
|
Pas de réponse
|
|
3.
|
Quelle est la quantité de déchets
collectés par votre structure ?
|
volume
|
|
Pas de réponse
|
|
4.
|
Quels sont lieux qui servent le plus souvent de sites de
prédilection des dépotoirs sauvages ?
|
bas-fonds/dépressions
|
|
caniveaux
|
|
places publiques
|
|
autres
|
|
5.
|
Comment qualifieriez-vous votre activité ?
|
oeuvre utile
|
|
peu considérée
|
|
service public
|
|
travail de fortune
|
|
juste pour subvenir aux besoins immédiats
|
|
6.
|
Quel est son impact sur l'environnement ?
|
bon
|
|
moyen
|
|
insignifiant
|
|
7.
|
Donnez votre appréciation sur la gestion actuelle des
déchets par les ONG?
|
passable
|
|
assez-bonne
|
|
bonne
|
|
8.
|
Citez quelques cas de mauvaise gestion des déchets par les
charretiers ?
|
exemples
|
|
III- Gestion des abonnés
|
1.
|
La population adhère- t-elle facilement au principe
d'abonnement auprès des ONG de pré-collecte ?
|
oui 3
|
|
non
|
|
2.
|
Pourquoi cela ?
|
raisons
|
|
3.
|
Que faut-il faire afin d'amener tout le monde à
s'abonner ?
|
montrer l'intérêt de l'abonnement
|
|
utiliser la répression
|
|
réduire le coût financier de l'abonnement
|
|
4.
|
Lorsque des individus refusent de s'abonner, comment
gèrent-ils leurs ordures ?
|
les abandonnent sur la place publique
|
|
les utilisent comme remblais
|
|
autres
|
|
5.
|
comment appréciez-vous le taux de recouvrement du service
offert aux abonnés ?
|
faible
|
|
moyen
|
|
élevé
|
|
6.
|
La population accorde-t-elle une importance capitale à la
propreté de leur milieu de vie ou de travail ?
|
oui
|
|
non
|
|
II. Questionnaire d'enquête auprès des
populations locales du 6ème arrondissement
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE
(DS-A)
ETUDE PORTANT SUR LES INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES
DECHETS SOLIDES URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A COTONOU
(Mémoire de Maîtrise)
Questionnaire
|
INFORMATION SUR LE QUESTIONNAIRE
|
|
·Pour indiquer vos réponses, nous vous prions de
marquer d'une croix (x) le casier correspondant dans la
partie «réponse de l'enquêté
(e) ». ·La flèche (?)
indique : Allez à ... selon la réponse
précédemment obtenue
|
|
|
Fiche N°
|
INFORMATIONS SUR L'ENQUETE (E)
|
|
Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Prénom (s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Age : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sexe : _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Quartier habité : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Depuis quand êtes-vous dans le quartier ?_ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
Profession : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
contacts : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
|
N°
|
Questions
|
Réponses
|
Réponse(s) de l'enquêté(e)
|
I- Contexte d'insalubrité et hygiène de
vie
|
1.
|
Pour vous, qu'est-ce que le déchet ?
|
définition du déchet
|
|
2.
|
Selon vous, votre quartier est-il sale ?
|
oui
|
|
non 4
|
|
3.
|
Pourquoi cela ?
|
raisons
|
|
4.
|
Pensez-vous que l'essentiel des déchets de votre quartier
proviennent :
|
Des activités marchandes de la rue ?
|
|
Des ménages ?
|
|
Des activités marchandes du marché ?
|
|
Des services ?
|
|
5.
|
Arrive t-il que la quantité d'ordures augmente dans votre
quartier ?
|
oui
|
|
non II-1.
|
|
6.
|
A quelle période ?
|
En saison de pluie
|
|
En saison sèche
|
|
En période de crue du lac ou de la lagune
|
|
Pendant les périodes de fêtes ?
|
|
II- Mode et logique de participation à
l'assainissement du milieu de vie
|
1.
|
Que signifie pour vous s'occuper de ses ordures ?
|
Pénible
|
|
Normal
|
|
Important
|
|
Amusant
|
|
Facile
|
|
Inutile
|
|
2.
|
Qui, selon vous, doit assurer le nettoyage de la ville/du
quartier ?
|
Les citoyens
|
|
L'Etat
|
|
Les ONG
|
|
Les élus locaux
|
|
3.
|
Qui s'occupe de la gestion des ordures dans votre quartier ou
arrondissement ?
|
Autorités locales
|
|
ONG
|
|
Etat
|
|
Citoyens
|
|
Personne
|
|
4.
|
Pensez-vous que les ordures peuvent être ?
|
Une menace pour la santé
|
Oui
|
Non
|
Une menace pour l'environnement
|
Oui
|
Non
|
5.
|
Etes-vous abonné à une ONG qui s'occupe du
ramassage des ordures ?
|
Oui
|
|
non7-13
|
|
6.
|
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous
abonner ?
|
raisons
|
|
7.
|
Pourquoi ?
|
J'utilise les ordures pour comblement des bas-fonds
|
|
J'enterre mes ordures
|
|
Les frais d'abonnement sont élevés
|
|
J'utilise les caniveaux et collecteurs pour me débarrasser
des ordures
|
|
8.
|
Payez-vous régulièrement les frais
d'abonnement ?
|
Oui 10
|
|
non
|
|
9.
|
Pourquoi ?
|
raisons
|
|
10.
|
Etes-vous satisfait du service de pré-collecte ?
|
Très satisfait
|
|
Assez satisfait
|
|
Pas très satisfait
|
|
Pas du tout satisfait
|
|
11.
|
Si vous n'êtes pas satisfait, accepteriez-vous un
dépôt fixe dans votre quartier ?
|
Oui
|
|
Non
|
|
12.
|
A quelle distance de chez vous ?
|
Moins de 500m
|
|
Entre 500m et 1km
|
|
Plus de 1km
|
|
13.
|
y-a-t-il dans votre environnement, des personnes qui se
comportent mal pour la gestion de leurs déchets ?
|
Oui
|
|
Non 15
|
|
14.
|
Pouvez-vous donner des exemples ?
|
exemples
|
|
15.
|
Que faudrait-il faire pour assainir votre rue ? votre
quartier ?
|
Que les propriétaires paient des impôts à la
municipalité pour que le service de la voirie s'en charge
|
|
Que ce soit ceux qui habitent, propriétaires ou
locataires, qui paient cet impôt
|
|
Non pas un impôt, mais une cotisation des habitants pour
embaucher un jeune qui ferait l'entretien des rues au sein du quartier
|
|
Je préfère que les gens de ma rue ou de mon
quartier se mobilisent une journée ou plusieurs journées pour
l'enlèvement des tas d'ordures
|
|
16.
|
Répondez aux affirmations suivantes par une :
approbation totale, approbation, indifférence, désapprobation et
désapprobation totale
|
Chaque citoyen doit s'abonner aux ONG pour la gestion de ses
déchets
|
|
Un citoyen ne doit jamais laisser la Mairie gérer ses
ordures
|
|
Chaque citoyen doit dénoncer à la police
environnementale si son voisin gère mal ses déchets en les jetant
dans la rue
|
|
Chaque quartier doit monter une brigade d'assainissement pour
gérer ses ordures
|
|
chaque citoyen doit payer régulièrement ses frais
d'abonnement
|
|
17.
|
Pensez-vous que la voirie doit reprendre la collecte des ordures
gratuitement comme elle faisait avant ?
|
Oui
|
|
Non
|
|
III. Comportements sociaux et gestion des
infrastructures d'assainissement
|
1.
|
Quel est le mode d'évacuation de vos
déchets ?
|
Par pré-collecte des ONG
|
Oui
|
Non
|
Par dépôt à l'extérieur
|
N'importe où (caniveau, TPC, rue)
|
Dans un lieu agréé par les autorités (bac
à ordures)
|
Par dépôt à l'intérieur de la
concession
|
Oui
|
Non
|
2.
|
Pour chaque mode, quelle est la fréquence et la
quantité (se référer à un seau de 20 litres ou une
brouette de 60 litres comme unité de mesure de poubelle) ?
|
ONG
|
fréquence
|
Tous les jours
|
Deux fois par semaine
|
Une fois par mois
|
Quantité à chaque passage
|
|
Dépôt extérieur
|
fréquence
|
Tous les jours
|
Deux fois par semaine
|
Une fois par mois
|
quantité
|
|
Dépôt à l'intérieur
|
fréquence
|
Tous les jours
|
Deux fois par semaine
|
Une fois par mois
|
quantité
|
|
Annexe n° III : Grille
d'observation
|
Avant l'entretien
|
Pendant l'entretien
|
Après l'entretien
|
Gestes fréquents
|
|
X
|
|
Insistance
|
|
X
|
|
Silence
|
X
|
X
|
X
|
Hésitation
|
X
|
X
|
X
|
Ordures sur la
Concession, le lieu de travail, ou aux alentours
|
X
|
X
|
X
|
Ordures dans les collecteurs d'eau ou sur les TPC
|
X
|
X
|
X
|
TABLE DES MATIERES
Sommaire 2
Dédicace 3
Remerciements 4
Listes des sigles et acronymes 5
Résumé 7
Abstract 8
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES ET
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Chapitre I : Fondements théoriques
13
1. Problématique 13
1.1. Problème 13
1.2. Hypothèses 16
1.3. Objectifs 17
1.3.1. Objectif global 17
1.3.2. Objectifs spécifiques 17
2. Clarification conceptuelle 18
3. Revue documentaire et état des connaissances
sur les déchets 23
4. Perspective théorique 29
Chapitre II : Approche
méthodologique 32
1. Délimitation du champ d'investigation
32
1.1. Justification du choix du cadre physique et humain de
l'étude 32
1.2. Nature de l'étude 35
1.3. Délimitation du sujet 35
2. Groupes cibles et échantillonnage
36
2.1. Groupes cibles 36
2.2. Echantillonnage 37
3. Recherche de l'information 39
4. Recherche sur le terrain 41
4.1. Enquêtes populations-ANG du sixième
arrondissement à Cotonou 41
4.2. Interviews 42
4.3. Observation directe 42
5. Calendrier de travail 43
6. Difficultés rencontrées 45
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
Chapitre I : Gestion des déchets solides dans
le marché Dantokpa : les acteurs et leurs logiques 48
1. Le marché Dantokpa :
présentation 48
2. Les acteurs stratégiques dans la gestion des
déchets solides à Dantokpa et leurs logiques
d'intervention 50
2.1. La SOGEMA et sa logique d'intervention 50
2.2. La Mairie de Cotonou et sa logique d'intervention 53
3. Analyse des résultats : enjeux de
coordination entre niveaux institutionnels 55
Chapitre II : Le déchet de sa production
à son abandon : logiques et représentations des
acteurs 58
1. Cadre législatif et réglementaire de la
gestion des déchets 58
1.1. Le cadre législatif : code d'hygiène
publique 58
1.2. Le cadre réglementaire 59
2. Enjeux institutionnels : principaux acteurs de la
pré-collecte, attitudes et actions 61
2.1. Pratiques municipales en matière de gestion des
déchets solides 62
2.2. De nouvelles stratégies face à la gestion des
déchets solides : initiatives des acteurs non gouvernementaux
67
2.2.1. Stratégies d'intervention 67
2.2.1.1. Pré- collecte 67
2.2.1.2. Sensibilisation 68
2.2.2. Lieux de rejet des déchets solides 69
2.2.3. Gestion des abonnés 72
2.3. La population, dans un nouveau contexte urbain, des
pratiques diverses face au problème de gestion des déchets
solides 73
3. Analyse des résultats : des logiques
d'acteurs 75
Chapitre III : Modes et fondements de
participation 80
1. Les coûts de la participation 80
1.1. Les coûts sociaux 80
1.2. Les coûts financiers 81
1.3. Les coûts sanitaires et environnementaux 82
2. Analyse des résultats : des
stratégies de participation 83
CONCLUSION 88
LISTES DES TABLEAUX, FIGURES ET PHOTOS 90
BIBLIOGRAPHIE 91
ANNEXES 95
* 1 Expression utilisée
par Anne-Sidonie ZOA pour désigner les quartiers indigènes.
* 2 La ville de Cotonou a
connu un accroissement de 7,7% entre les recensements de 1961 et 1979. Cet
accroissement s'est beaucoup ralenti ces dix dernières années
(5,4% entre 1979 et 1992 et 2,17% entre 1992 et 2002, puis 2% entre 2002 et
2008) au profit des communes limitrophes notamment Abomey-Calavi,
Sémé-kpodji et Ouidah (OULC, 2008, p.12).
* 3 Non autorisés par la
municipalité.
* 4 Les points de regroupement
assurent l'interface entre les activités de pré-collecte et les
activités de collecte des déchets.
* 5ZOA Anne-Sidonie, 1995,
Les ordures à Yaoundé, p.19.
* 6Dans le sens de
l' « altération du milieu naturel par des
éléments nuisibles à son utilisation ou aux êtres
vivants » (COSTE et LOUDET, 1991, P.224).
* 7 Le concept de logique
ou de stratégie sera utilisé dans la
perspective de de SARDAN qui emploie indistinctement les concepts de
stratégie et de logique au sujet du fait que : « Autour d'un
dispositif de développement quelconque se confrontent de multiples
logiques et stratégies du côté des agents du dispositif
comme du côté des populations dites
« cibles »...Dans tous les cas, les acteurs sociaux
concernés ont, face aux ressources, opportunités et contraintes
que constituent un dispositif et ses interactions avec son environnement, des
comportements variés contrastés, parfois contradictoires qui
renvoient non seulement à des options individuelles mais aussi à
des intérêts différents, à des normes
d'évaluation différentes à des positions
« objectives » différentes... Il va s'agir de
repérer autour des interactions entre un projet et une population, un
certain nombre de niveau de cohérences permettant de rendre compte de
l'existence de types de comportements apparentés (et de
différences entre ces types) que j'appelle ici
« logiques » ou « stratégies ».
... On distinguera donc des « logiques
stratégiques » : comportements des acteurs face au
dispositif ; et des « logiques
représentationnelles » : conceptions que les acteurs ont
par rapport aux dispositifs » (de SARDAN, 1995, pp.125-126).
* 8 Selon de SARDAN, c'est le
sens commun, la perception normale (socialement construite) de la
réalité quotidienne, du « ce qui va de
soi » depuis les codes implicites et latents jusqu'aux normes plus
conscientes. En particulier, ce sont les diverses conceptions des acteurs
autour de la gestion des déchets solides urbains.
* 9 Le concept de jeu est
utilisé ici dans la perspective d'Olivier de SARDAN. Pour l'auteur le
jeu est un espace où se confrontent et s'affrontent les acteurs sociaux.
C'est un espace stratégique de prise de position. Chaque acteur joue
avec des cartes différentes et des règles différentes. Jeu
et enjeu impliquent des rapports de force, des conflits de coopération
entre acteurs ou groupes sociaux impliqués dans la gestion des
déchets solides urbains.
* 10 A titre d'illustration,
voici quelques taux : Cotonou : 30 % ; Lomé : entre
20 et 30 %.
* 11 Pris en charge des ordures
par les acteurs municipaux et centraux.
* 12 Participation de la
population locale elle-même à la gestion des déchets
solides, à travers diverses associations ou groupes de jeunes ou de
femmes.
* 13 Le développement
sous sa forme opérationnelle, par exemple l'activité ordinaire
des services techniques ou des actions de développement (en l'occurrence
les initiatives d'assainissement locales) initiées par des ONG.
* 14 ORIENTATATIONS
STRATEGIQUES DE DEVELOPPEMENT DU BENIN 2006-2011.
* 15 QUIVY et VAN CAMPENHOUDT,
Manuel de recherche en sciences sociales, pp.188-209.
* 16 ibid., pp.188-209.
* 17 ibid., pp.188-209.
* 18 Cette durée de
travail est proposée pour les mémorants par CONSTANT Anne-Sophie
et al in Réussir mémoires et thèses en LMD.
* 19 Une langue
généralement parlée dans le Sud Bénin.
* 20 Selon la loi sur la
décentralisation au Bénin, la gestion et la construction des
marchés relèvent de la compétence des communes.
* 21 Une arène au sens
de de SARDAN est un lieu de confrontations concrètes d'acteurs sociaux
en interactions autour d'enjeux communs. Elle relève d'un espace
« local ».
* 22 Langue parlée
généralement dans l'Ouémé, un Département du
Bénin, et en partie dans l'Est de Cotonou.
* 23 A cette période, la
ville de Cotonou était subdivisée en plusieurs districts.
* 24 Selon ce principe,
c'est le pollueur (les ménages, les commerces et institutions) qui doit
assumer le coût de la dépollution, ou en d'autres termes payer les
frais de dépollution, dans l'intérêt public (TINI, 2003,
pp.191-192).
* 25 BERTOLINI, Le
marché des ordures, p.8.
* 26 DESSAU-SOPRIN, 2001,
Gestion des déchets solides de Cotonou, pp.258-260.
* 27 BASSAND et al, Vivre
et créer l'espace public, p.118.
* 28 Nous empruntons la
notion d' « espace public » à BASSAND et al,
qui le définissent comme des « lieux communs (rues, places,
etc.) précieux », c'est-à-dire des espaces physiques
dont chacun a la même représentation et que chacun
fréquente.
* 29 ZOA, Les ordures à
Yaoundé, p.72.
* 30 ZOA, Les ordures
à Yaoundé, p. 61.
* 31 ZOA, Les ordures
à Yaoundé, p.73.
|