Conclusion :
Dans ce mémoire, nous avons tenté de tester la
relation entre ouverture et inégalité et plus
précisément l'impact de l'ouverture sur les disparités de
richesses. Nous avons particulièrement porté notre
intérêt sur l'effet du commerce extérieur sur les
inégalités en fonction des conditions initiales des pays, leurs
dotations en facteur. Dans la revue littéraire, tant au niveau
théorique qu'empirique, on a montré comment la
spécialisation des pays avait un effet sur l'évolution de leurs
inégalités. Un pays ayant un avantage comparatif en travail
qualifié, ou en terre, devrait voir ses disparités salariales
s'accentuer, alors qu'un pays dote d'un large réservoir de main d'oeuvre
non qualifiée devrait être à termes plus égalitaire.
Nous avons trouve dans notre modèle que le commerce a bel et bien un
effet sur les inégalités de richesse, qu'il contribuait a les
accroitre. Cependant nos résultats ont montré une hausse des
inégalités que le pays soit relativement dote en travail non
qualifie, ou en terre. Cela vient donc contredire ce que l'on cherchait
à démontrer. Bien que nos résultats se soient
révélés significatifs, nous avons toutefois conscience que
le faible nombre d'observation ne nous permet pas d'aboutir à une
conclusion réellement satisfaisante, d'autant plus que la construction
de nos dummies est très contestable. En effet, une grande superficie ne
signifie pas automatiquement ressources naturelles. Même si un grand pays
a davantage de chance d'être riche en ressources naturelles, il existe
aussi de nombreux pays de taille relativement petite qui sont abondants en
ressources naturelles. A titre d'exemple, le Venezuela ou encore un grand
nombre de pays d'Afrique Subsaharienne. Or en réalité, tel que le
prédisent les modèles théoriques, c'est bien plus la
dimension ressource naturelle qui est facteur d'inégalité. De
plus, même si l'on ne prend en compte que la dimension terre
(superficie), il serait alors fondamental de distinguer la répartition
de la terre au sein de la population. Si, à l'instar du Brésil,
les terres sont détenues par de grands propriétaires terriens ou
alors plutôt bien répartis au sein de la population. Dans le cas
de figure d'une répartition relativement égalitaire des terres,
le commerce profiterait aux petits paysans et in fine, permettrait de
résorber les inégalités au sein de la population. Par
ailleurs, l'autre dummy que nous avons construite, basée sur le nombre
d'années moyen d'éducation n'est pas forcément très
pertinente non plus. Par exemple, elle ne reflète pas forcément
les différences de qualités des systèmes éducatifs
entre les pays. En revanche, nos résultats nous ont conforté dans
la mesure où ils ont montré que les inégalités
augmentent plus significativement dans les pays relativement fortement
dotés en terre que ceux en travail non qualifié.
Fautes de temps et de moyen, nous n'avons pu mener une
étude microéconomique, sur la relation entre ouverture et
inégalités. Il serait, en effet très intéressant de
voir l'évolution des salaires suite à l'ouverture
économique des pays. Y a-t-il un lien direct entre baisse des tarifs
douaniers/quotas et différentiel salarial, ce qui n'est pas forcement
évident a démontrer, ou plutôt une causalité
indirecte? De nombreuses études se sont déjà
penchées sur la question, telles que Robbins, l'un des premiers ou
encore plus tard Anderson. Elles ont montré, qu'effectivement,
l'ouverture affecte les inégalités au travers de plusieurs
canaux. Nous les avons brièvement présentées dans la
partie sur la revue littéraire. Dans l'optique d'extension de
thème de recherche, nous pensons qu'il serait fondamental de
s'intéresser à ces canaux de transition, et surtout à leur
complémentarité, afin d'être plus à
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même d'en mesurer les conséquences sur les
inégalités salariales (vision positive) mais aussi in fine
à permettre de mettre des politiques en places qui contribueront
à résorber les inégalités sans pour autant avoir
des effets adverses (vision normative). Si l'on se penche sur le cas du
Sénégal et l'on prend l'exemple des politiques commerciales et
les dotations en facteur comme canaux de transition, nous nous trouvons
confronté au dilemme suivant. Le Sénégal est un pays
initialement intensif en travail peu qualifié. Par ailleurs, comme il
importe la majorité des produits qu'il consomme, il a établi un
système d'ancrage de taux de change du franc CFA sur l'euro. Cela peut
se justifier d'un point de vue théorique, car le franc CFA étant
surévalué permet d'avoir des importations moins chères.
Cependant, comme sa monnaie est surévaluée, il perd en
compétitivité prix sur ses biens exportés, mais en plus,
il n'incite pas à la délocalisation des firmes, car le coût
de la main d'oeuvre y est relativement plus élevé qu'il ne serait
ailleurs, comme en Chine. De ce fait, l'ouverture au commerce ne profite pas
aux sénégalais puisqu'ils n'ont pu bénéficier de
leur avantage comparatif et qu'en plus, ils subissent une perte de pouvoir
d'achat. Ainsi, il nous semble être de première importance de
saisir les différents canaux de transmission qui entrent en jeu dans la
relation ouverture et inégalité, mais tout autant que de saisir
leur complémentarité.
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