L'IMPACT DE L'OUVERTURE
ECONOMIQUE SUR LES INEGALITES DE
RICHESSES DANS LES PED
Mémoire présenté dans le cadre du cours de
Politique du développement
Professeur: Etudiants:
Jean Claude BERTHELEMY FOURATI Malek
FENNIRA Youssef
Chargé de TD :
Felipe Starosta DE WALDEMAR
1
2009--2010
2
SOMMAIRE :
INTRODUCTION 3
I/ Revue de la littérature 5
I-1: Revue des modèles théoriques classiques
sur la relation entre ouverture et
inégalités
|
5
|
I-2: Revue des études empiriques récentes
|
.11
|
|
II/ Modèle
|
...14
|
II-1: Présentation du modèle de
référence
|
..14
|
II-2: Présentation du Modèle ajusté
|
17
|
|
Conclusion
|
..24
|
Références bibliographiques .....................
.....................
|
... 26
|
ANNEXES
|
.28
|
3
INTRODUCTION
Brève revue sur le débat autour de la
mondialisation:
La Mondialisation, selon ses fervents défenseurs, permet
une meilleure allocation des ressources, dans le sens où, chaque
économie se spécialise dans la production du bien où elle
a un avantage relatif le plus élevé, ou un désavantage
relatif le plus faible. Cette idée provient de la théorie des
avantages comparatifs, développée par David Ricardo, l'un des
pères fondateurs du commerce international. A travers sa doctrine, il
démontre que tous les pays, sans exception, ont un intérêt
à participer au commerce international. Le libre échange profite,
à cet effet, à chaque pays puisque c'est un jeu à somme
positive où il n'y a pas de perdants mais que des gagnants. Chaque pays
utilise à meilleur escient ses capacités productives, ce qui
mènera à une augmentation de la croissance économique
mondiale, un meilleur développement, et in fine, à amoindrir la
pauvreté absolue. En outre, les tenants de la mondialisation sont issus
de toutes disciplines confondues. En effet, Montesquieu, philosophe des
lumières, en fut un ardent partisan. Selon lui, « L'effet naturel
du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient
ensemble se rendent réciproquement dépendantes » (De
l'esprit des lois, 1748).
Le processus de libre échange a, effectivement, conduit
à une intensification de l'interdépendance entre les pays. Avec
l'expansion des marchés, non plus au sein même des nations mais
entre les nations, l'équilibre de chaque économie ne
s'opère désormais plus isolément, mais est fortement
corrélé à l'équilibre mondial. Celles-ci sont donc
de plus en plus vulnérables, ce qui est d'ailleurs
caractérisé par des cycles économiques toujours plus
courts, dont l'alternance entre épisodes de crises et de croissances se
fait récurrente.
Les opposants de la mondialisation portent, bien entendu, un tout
autre discours. Ils reprochent à celle-ci de ne participer qu'à
encourager la délocalisation des grandes industries dans des parties du
monde où d'une part, la main d'oeuvre est la moins onéreuse, et
d'autre part, où les lois environnementales sont les plus laxistes.
Certains considèrent même que l'OMC incarne l'impérialisme
contemporain des pays industrialisés sur ceux en développement.
Cependant, ils accusent la mondialisation d'avoir fait des victimes partout, et
ce, même dans les pays riches, à l'instar des travailleurs peu
qualifiés. Les études empiriques montrent que de manière
générale, la mondialisation permet certes une augmentation des
revenus, y compris ceux des plus pauvres mais accroît dans le même
temps les inégalités au sein d`une même population. De ce
fait, la mondialisation ne semble évidemment pas être Pareto
supérieure à la situation d'autarcie, cas où des individus
d'une économie préfèrent l'ouverture au protectionnisme
sans que d'autres préfèrent la seconde situation. Cependant, la
mondialisation est Pareto potentiellement supérieure à
l'autarcie. Elle est préférée à l'autarcie,
seulement si, accompagnée d'une politique de redistribution,
l'économie atteint une situation qui soit Pareto supérieure
à l'autarcie. En d'autres termes, Nissanke et Thorbecke (2004) voient en
l'ouverture une condition nécessaire mais non suffisante au
développement. Or, avant de penser à la mise
4
en vigueur de quelconque politique de redistribution, il est
primordial d'étudier la relation entre processus de libre échange
et inégalités. Nul va s'en dire que l'accroissement des
inégalités est nuisible à tous types de
sociétés. Elles risqueraient de mener à des tensions
sociales et politiques mais aussi, à plus long terme, à une
baisse potentielle de la croissance économique.
Question traitée et hypothèse à
tester dans notre mémoire :
A L'heure où la mondialisation ne cesse de s`intensifier,
devenant alors un phénomène incontournable, il paraît
fondamental d'identifier dans quelle mesure elle contribue à
accroître les inégalités. Ainsi, comment l'ouverture au
commerce extérieure a-t-elle affecté la disparité des
richesses dans les pays en voie de développement (PED). Et plus
précisément, comment l'impact des dotations en facteurs de
production a-t-il indirectement influé sur les inégalités
?
Notre mémoire présentera la revue littéraire
sur la relation entre libéralisation et inégalités,
articulée autour des études théoriques puis
économétriques (1). Ensuite, nous introduirons le modèle
de notre article de référence d'une part et de notre ajustement
d'autre part, avec l'hypothèse que l'on cherche à tester (2).
5
I/ Revue de la littérature
I-1: Revue des modèles théoriques
classiques sur la relation entre ouverture et inégalités:
Les théories classiques se sont déjà
penchées sur la question de l'impact du libre échange sur les
inégalités de richesse. Dans le modèle Hecksher-Ohlin, le
théorème Stolper-Samuelson soutient que la hausse du prix d'un
bien accroît le rendement réel du facteur qui utilise
intensivement ce bien et par analogie diminue le rendement réel de
l'autre facteur. A cet effet, lorsqu'un pays passe d'une situation d'autarcie
à celle de libre échange, il fait face à une demande
mondiale beaucoup plus significative que la demande nationale à laquelle
il était préalablement confronté, ce qui va donc
accroître le prix du bien pour lequel il est spécialisé. Si
le pays est défini comme abondant en capital (ou en travail
qualifié), il est net exportateur du bien fortement doté en
capital (travail qualifié). In fine, la rémunération du
capital (ou du travail qualifié) sera poussée à la hausse
alors que celle du travail (non qualifié) le sera à la baisse.
Ainsi, selon la théorie, les pays industrialisés devraient faire
face à un accroissement des inégalités alors que l'inverse
devrait s'appliquer aux pays en développement PED). Il est vrai que les
travailleurs non qualifiés des pays développés sont
souvent montrés comme étant les victimes, ou encore les
laissés pour compte de la mondialisation, souffrant d'une plus grande
compétitivité des PED. En revanche, la réalité
empirique concernant l'évolution des inégalités a tendance
à infirmer le modèle, dans les pays développés
d'une part et les pays en voie de développement d'autre part.
Un autre modèle semble plus adéquatement
refléter cette réalité. Le modèle des facteurs
spécifiques d'Eaton (1987) présente une économie
produisant deux biens, dotés de deux facteurs immobiles étant le
capital et la terre et un facteur mobile, le travail. Si un pays est
confronté à une hausse du prix d'un bien, alors la
rémunération du facteur spécifique pour laquelle ce
même bien est intensivement doté, va s'accroître alors que
celle de l'autre facteur spécifique va diminuer. L'effet sur le facteur
mobile est quant à lui plus ambigu. Il baisse pour le bien dont le prix
a augmenté mais diminue pour l'autre bien. L'explication repose sur le
fait que suite à une hausse de prix, la main d'oeuvre s'est
orientée vers la production du bien qui a connu cette hausse et va
à contrario se raréfier dans la production de l'autre bien. Par
conséquent, le revenu marginal du travail baisse là où il
est plus abondant et augmente là où il se trouve alors en moindre
quantité.
Le modèle définit le revenu d'un agent
privé, d'une part de son salaire (identique pour tous) et d'autre part
de sa richesse (valeur de ses actifs, différents entre les individus). A
court terme, si l'évolution de la part du salaire après
l'ouverture au commerce international relative au revenu augmente, les
inégalités au sein du pays diminuent. A long terme,
l'évolution des inégalités dépend de celle du taux
d'intérêt. Après le passage au libre échange, un
pays abondant en terre, et donc net exportateur du bien utilisant intensivement
ce facteur, va voir son stock de capital baisser. Cela va avoir pour
conséquence un
6
accroissement du revenu marginal expliquant une baisse de la part
du salaire relative au revenu et une hausse du taux d'intérêt.
Finalement, le pays en ressort plus inégalitaire. Le cas analogue est
applicable au pays abondant en capital. Les pays d'Amérique latine sont
largement dotés en terre, ce qui pourrait expliquer la hausse de leurs
inégalités suite à leur ouverture. Ainsi les pays
fortement dotés en terre semblent devoir trouver un compromis entre
protection/égalité et libre-échange/efficacité.
Cependant la théorie prédit qui si le libre
échange est accompagné d'une mobilité des capitaux, il y
aura alors un déplacement des capitaux dans la zone où ils sont
les plus rentables, c'est-à-dire là où le taux
d'intérêt est plus élevé. Cet effet aura pour
conséquence la baisse du taux d'intérêt et in fine un
impact positif sur la répartition des richesses dans un pays fortement
doté en terre. L'effet inverse sera notable dans un pays intensif en
capital. (Fischer R D. (2000))
Par ailleurs, Wood (1997) propose un autre modèle
basé sur le modèle HOS avec plusieurs pays, biens et facteurs,
pour expliquer les différentes évolutions des
inégalités entre les pays d'Asie de l'Est et ceux
d'Amérique latine. Les pays d'Asie sont largement compétitifs
dans le secteur du travail non qualifié. Cinq des pays d'Asie à
bas revenus (Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie, Pakistan),
représentants à eux seuls plus de la moitié de la
population mondiale en travail non qualifié, se sont
insérés dans le commerce international dans les années
1980. Selon l'auteur, ils ont probablement altéré l'avantage
comparatif des pays à revenu moyen (dont le ratio travail
qualifié sur non qualifié est au dessus de la moyenne mondiale
mais en dessous de celle des pays développés), en
déplaçant la demande mondiale qui leur était
adressée non plus vers des biens non qualifiés mais vers des
biens semi qualifiés. Ainsi les pays d'Amérique latine ont
dû importer des biens qualifiés des pays développés
et des biens non qualifiés des pays à faible revenu. C'est alors
que le net effet sur l'évolution des salaires est ambigu. Or, comme la
demande mondiale de travail non qualifié a relativement baissé au
profit de celle du travail semi qualifié en Amérique Latine,
l'écart des salaires a eu tendance à s'accroître dans les
années 1980.
De manière générale, il est difficile
d'évaluer le réel impact de l'ouverture commerciale sur la
distribution des revenus, tant au niveau théorique (si l'on
considère le nombre d'études théoriques visant à
expliquer cet effet de causalité), qu'au niveau empirique (où les
études dont les résultats diffèrent en fonction de
l'échantillon observé, les variables contrôlées
etc.). On voit ainsi que d'autres facteurs qui y sont liés entrent en
jeux.
L'évolution des inégalités suite à
l'introduction d'un pays au libre échange s'opère donc par le
biais de plusieurs canaux. Anderson E. (2005) en distingue cinq:
- ouverture et part des facteurs relatifs
- ouverture et inégalité des actifs
- ouverture et inégalité géographique
- ouverture et inégalité de sexes
- ouverture et redistribution
7
Cependant, bien qu'il apparaisse fondamental de mener une
étude microéconomique visant à évaluer l`effet de
l`ouverture sur l`évolution du salaire relatif et ce, par le biais de
plusieurs créneaux (à titre d`exemple la proposition d`Anderson
présentée plus haut), il est nécessaire d'analyser
l'impact, statistiquement significatif ou non, du commerce extérieur sur
les inégalités, au niveau macroéconomique. Pour cela nous
nous intéresserons à l'indice de Gini et non plus au salaire
relatif.
Après s'être penché sur les modèles
théoriques, nous allons présenter certains des travaux
récents portant sur cette question. Pour cela, il sera
intéressant d'étudier l'évolution de l'indice de Gini dans
les PED.
Bilan de l'évolution des revenus et des
inégalités :
La première carte (Figure 1) représente le
coefficient de Gini qui, rappelons-le, permet de voir les
inégalités de distribution du revenu au sein des pays. Dans cette
carte le coefficient varie entre 0 et 100, où 0 désigne
l'égalité parfaite et 100 l'inégalité parfaite. Il
est intéressant de commencer par s'intéresser aux 26 pays que
nous avons choisi d'étudier et d'effectuer par la suite une comparaison
avec le reste du monde. Ainsi, en Amérique latine et notamment au
Brésil, au Chili, en Colombie, au Mexique... Pour l'ensemble des pays de
la zone que nous avons choisi d'étudier, le coefficient de Gini est
très élevé variant entre 44.2 et 62.3. Dans la
région Asie, le constat est tout autre. En effet on remarque que les
deux pays les plus peuplés de la planète, la Chine et l'Inde et
de grands pays tels que le Pakistan et la Thaïlande ont un coefficient de
Gini qui varie entre 30.06 et 34.66 reflétant des
inégalités moins importantes que des pays
développés tels que les Etats-Unis ou la France. En Asie du
sud-est, le constat est différent. Les Philippines et la Malaisie
possèdent des coefficients de Gini assez inégalitaires compris
entre 44.2 et 51.51. En Europe de l'Est, on va également faire un
constat différent des précédents. En effet, les pays tels
que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie font partie des pays les
moins inégalitaires du monde loin devant la France, les Etats-Unis,
l'Australie ou encore l'Italie. Enfin, en Afrique du Nord, la Tunisie
possède un coefficient de Gini compris entre 39 et 44.2 alors que
l'Algérie se situe entre 34.66 et 39. On remarque que l'ensemble des
pays de cette région (bassin méditerranéen) excepté
l'Espagne oscille autour des mêmes valeurs.
8
Les données UTIP (UTIP data: University of Texas
Inequality Project), permettent une révision sur l'évolution des
inégalités à l'échelle mondiale à la fois
entre les nations et au travers du temps. Cela reste impossible à
réaliser avec les ensembles de données de Deninger et Squire.
9
Ainsi, dans la carte ci-dessus (figure2), on observe les
inégalités globales dans le monde d'après les
données de l'UTIP. On observe pour commencer qu'en Europe de l'Est les
données sont à peu de choses près semblables à
celles que nous avons vu précédemment, à savoir que les
inégalités sont très faibles. En Amérique du Sud,
le constat est différent et varie entre chaque pays. Le Mexique est le
moins inégalitaire de la région avec un coefficient variant entre
0.0178 et 0.03742. Ensuite, nous avons le Venezuela et l'Argentine avec un
coefficient variant entre 0.03742 et 0.05281 suivis du Chili et de la Colombie
avec un coefficient compris entre 0.05281 et 0.07439. Le Brésil, le
Panama, le Pérou, le Costa Rica, la Jamaïque, le Salvador et a
République Dominicaine sont les pays les plus inégalitaires de la
région avec un coefficient variant entre 0.07439 et 0.09872. Concernant
l'Asie, c'est la Chine « communiste » qui est le seul pays à
se démarquer en terme de faible inégalité. En effet son
coefficient est inférieur à 0 .0178. Suivent les Philippines avec
un coefficient variant entre 0.0178 et 0.03742 puis le Pakistan avec un
coefficient compris entre 0.03742 et 0.05281. Le reste des pays de la zone Asie
que nous étudions arrivent ensuite avec des coefficients fortement
inégalitaires compris entre 0.07439 et 0.09872. Enfin, en Afrique du
Nord, l'Algérie se démarque du reste du continent avec un
coefficient compris entre 0.0178 et 0.03742 alors que la Tunisie fait figure de
mauvais élève avec un coefficient variant entre 0.07439 et
0.09872.
10
« The age of globalization... (1988-1994)
Now the largest increases in inequality in are the post-communist
states; an exception is in booming Southeast Asia, before 1997... »
La carte qui suit (FigureA2) a pour but de montrer la
façon dont les inégalités on évolué au sein
des pays, le but étant de voir si les pays sont parvenus ou non à
réduire leurs inégalités sur le temps. Le premier constat
que nous pouvons faire concerne les pays d'Europe de l'Est que nous
étudions et plus généralement
l'homogénéité de l'ex-bloc communiste dont ces derniers
faisaient partis. On observe que ces pays ont les plus mauvais résultats
à l'échelle de la planète avec des coefficients variant
entre 88.32 et 303.2. Concernant l'Asie, l'Indonésie se démarque
du reste avec un coefficient inférieur à -11.2 et donc une forte
réduction de ses inégalités. Viennent ensuite l'Inde, la
Chine et les Philippines avec une réduction moins importante des
inégalités (entre -0.1068 et 10.64). Le Pakistan arrive
après avec un coefficient compris entre 10.64 et 38.78, signe d'un
accroissement des inégalités. Pour finir, on retrouve la
Thailande et la Malaisie avec des coefficients compris entre 38.78 et 88.32. En
Amérique latine, le meilleur élève est le Chili avec le
coefficient le plus élevé inférieur à -11.2 suivi
de la Colombie avec un coefficient compris entre -11.2 et
11
-0.1068. Le Mexique et le Brésil, pour leur part, arrivent
après avec un coefficient compris entre 10.64 et 38.78. Le reste des
pays sud-américains que nous étudions sont à la traine
avec des coefficients compris entre 38.78 et 88.32 sauf le Pérou qui est
bon dernier avec un coefficient variant entre 88.32 et 303.2. Enfin, en Afrique
du Nord, les données sont absentes pour la Tunisie et l'Algérie
possède un coefficient compris entre -0.1068 et 10.64.
J-2: Revue des études empiriques récentes:
Les études visent à tester si le commerce
extérieur a un impact négligeable ou non sur les
inégalités de revenus. Selon les auteurs de notre article de
référence (S Aradhyula, T Rahman, K Seenivasan), la plupart des
études qui utilisent une régression entre les pays (cross-country
régression), présentent deux problèmes. Le premier est que
les institutions et les systèmes légaux diffèrent d'un
pays à l'autre ce qui génère donc des données
statistiques qui peuvent être hétérogènes. Il aurait
donc été pertinent d'introduire dans les analyses des effets
fixes. Le second, est qu'il n'est pas possible d'établir une comparaison
internationale des données et des résultats.
Donald J.Robbins (1996): Il a réalisé un
travail écrit destiné au centre de l'OCDE chargé du
développement. Cette étude s'intitule « Evidence of Trade
and wages in developing world ». Le but est de voir l'impact des
échanges sur les salaires de neuf pays en voie de développement.
Ces pays sont situés principalement en Asie et en Amérique
latine. Robbins effectue une analyse microéconomique pour essayer de
répondre à sa problématique. En effet, il part du principe
qu'il est couramment admis que la libéralisation des échanges
réduit la dispersion relative des salaires dans les pays en voie de
développement, alors qu`elle l'accentue dans les pays
développés. Les données sur les pays qu'il analyse lui
montrent cependant que, contrairement au modèle de Leamer, dans les pays
dont les échanges sont diversifiés, tout changement dans la
répartition de l'offre de travail va de pair avec un ajustement des
salaires. Il explique également que la libéralisation a
entrainé une hausse des salaires relatifs et de la demande de main
d'oeuvre et qu'elle a aussi provoqué une augmentation des achats de
matériel, ce qui explique en partie l'accroissement relatif de la
demande qui l'accompagne. Il utilise pour mettre en évidence tout cela
l'analyse du modèle HOS et des différents théorèmes
qui y sont liés tel que celui de Stopler et Samuelson. Il prend
également des données tels que le niveau d'éducation,
l'âge, le sexe, les salaires, les caractéristiques de la force de
travail... Son travail se déroule par la suite en trois étapes :
la création de la série temporelle pour les salaires et l'offre
relatifs ; L'estimation de l'équation du salaire relatif, ciblage des
variations de la demande relative. Il en conclut que les séries
temporelles concernant les variations de la demande relative a montré
ont augmenté après la libéralisation des échanges
pour tous les pays. Il conclut enfin son analyse en s'intéressant aux
théories alternatives sur le commerce et les salaires en distinguant
quatre groupes : HOS assumptions or Factor Diversified Trade (FDT), Identical
Constant Returns Technology. Le troisième groupe examine les iteractions
possibles entre les deux groupes cités précédemment. Le
dernier groupe, pour sa part, traite du problème d'organisation entre
le
12
Nord et le Sud concernant l'abondance relative en capital et en
travailleurs qualifiés et non qualifiés.
Calderon et Chong (2001): Ils ont mené une
étude en données de panel dynamique. En voulant tester l'effet de
l'ouverture sur les inégalités, ils prennent en compte plusieurs
variables, qui sont, le contrôle de l'intensité du capital, le
taux de change, le type d'exportation et enfin le volume du commerce. Ils
trouvent que le commerce a un effet inverse sur les inégalités en
fonction du niveau de développement. Concernant les pays
développés, le commerce a un effet positif, c'est-à-dire
qu'il contribue à accroître les inégalités.
Toutefois, il est statistiquement peu significatif. A contrario, il a un effet
négatif et statistiquement significatif dans les PED. A cet effet, on
peut conclure que leurs résultats, sans distinction de l'impact
négligeable ou pas, sont en adéquation avec le modèle
classique 2x2x2 de HOS.
Spilimbergo, Londono et Szekely (1999): Il ont
réalise une étude économetrique en données de
panel. Ils s'intéressent à la relation entre la dotation en
facteur relative, le commerce ainsi que la distribution de revenu des agents
personnels. Ils constatent que, si un pays est abondant en terre et en capital,
la distribution du revenu au sein de ce même pays aura tendance à
être plus égalitaire. Par ailleurs, un pays étant intensif
en travail sera plus inégalitaire. Finalement, ils estiment que l'effet
du commerce sur les inégalités est conditionné par
l'avantage comparatif des pays dans un facteur de production. Ces
résultats relèvent davantage de la théorie de HOS
présentée par Wood (1997) à plusieurs pays et plusieurs
facteurs.
Dollar et Kravay (2001): Ils étudient l'impact de
la mondialisation sur les inégalités et la pauvreté. Ils
remarquent que les pays insérés au commerce international
après les années 1980 ont connu un processus de rattrapage avec
les pays riches, alors que les autres pays, toujours exclus de la
mondialisation, sont en plein décrochage (à l'instar des pays
d'Afrique Subsaharienne). Ils trouvent une forte corrélation entre le
commerce et la croissance économique. Selon eux, une plus forte
croissance économique, rendue possible par le commerce, permet de
baisser la pauvreté à fortiori dans les pays les moins
avancés. De ce fait, le commerce influence indirectement le niveau de
pauvreté. Ils semblent être fidèles à la doctrine
Ricardienne, puisqu'ils voient en la mondialisation, un moyen d'être plus
performant, via la spécialisation du pays dans le facteur qu'il
détient intensivement et par conséquent d'être plus a
même de se développer. Cependant, d'après leurs
résultats, on ne peut rien prédire sur l'évolution des
inégalités, de même que la corrélation entre les
variables inégalités et mondialisation.
Duncan (2000) : Dans la
même lignée que les précédents, cet auteur note un
lien considérable entre croissance et réduction de la
pauvreté absolue. Les petites économies gagnent largement
à participer au commerce international. Il se rapproche de la
pensée de Baghwati, ardent défenseur du libre échange,
mais qui estime cependant que le commerce extérieur est plus profitable
aux petits pays. A contrario, lorsqu'un grand pays a une
13
croissance d`exportation biaisée, ses termes de
l'échange vont se détériorer, alors le commerce devient
nuisible. Cela signifie qu'un grand pays qui subit un choc d'offre positif sur
le bien qu'il exporte va baisser le prix de ce bien à l'échelle
mondiale. Il gagne moins a l'échange car les prix du bien qu'il exporte
diminue relativement a celui qu'il importe. Nous montrerons
ultérieurement dans notre régression, qu'effectivement la
superficie d'un pays influe négativement sur son degré
d'ouverture commerciale.
Cornia (2003) : Selon leur résultat, les
inégalités de manière globale mais aussi entre les pays
n'ont pas fortement varié au cours de la période 1980-2000.
Cependant cette évolution est en partie corrélée aux
règles prises pour leur mesure. Toutefois, elles ont accru au sein
même des pays pour deux tiers des 73 pays. Ils considèrent que
cela est causé par les politiques nationales de
dérégulation et de libéralisation.
Wan, Lu et Chen (2004): Ils ont testé les
inégalités régionales en Chine. Pour cela, ils ont mis en
place une fonction de revenu avec comme variables, le commerce, les IDE, et ont
ensuite utilisé une décomposition technique pour estimer la part
de l'échange extérieur sur les inégalités
régionales de revenu. D'après leur étude, le commerce
influence positivement les inégalités, et son impact sera
grandissant au travers du temps.
Kahai et Simmons (2005): Ils s'axent sur l'indice de Gini
pour étudier la relation entre mondialisation et
inégalité. Les PED ont souffert d'une intensification des
inégalités suite à leur ouverture économique. En
revanche le lien entre ces deux variables est négligeable dans les pays
industrialisés.
Anderson (2005): La mondialisation influence indirectement
les inégalités de revenus dans les PED du fait qu'elle agit
significativement sur les actifs, les inégalités spatiales, de
genres et d'éducation. La plupart des études de séries
chronologiques trouvent qu'un plus grand niveau d'ouverture augmente la demande
pour le travail qualifié. En revanche, les études en coupes
transversales portant sur des pays différents révèlent que
le commerce extérieur influence peu les inégalités. En
réalité, l'effet de l'ouverture sur les inégalités
par le biais de la demande en travail qualifié est compensé par
son effet sur d'autres facteurs qui agissent eux-mêmes sur les
inégalités.
G Perry, M Olarrega(2006): Ils ont étudié
l'impact de la libéralisation économique sur les
inégalités de richesses et la pauvreté en Amérique
Latine. Ils remarquent que suite a leur ouverture commerciale, ces pays ont
connu un accroissement de la prime de qualification et des
inégalités salariales. Ils expliquent cette évolution par
quatre facteurs. Le premier repose sur les dotations en facteurs des pays
latinos. Ils sont pour la plupart relativement fortement dotes en ressources
naturelles, qui est un facteur de production complémentaire a celui du
capital, mais aussi de la qualification. Les pays d'Amérique du Sud ont
en plus une dotation plus abondante en capital que les autres pays en
développement. Les pays en développement, notamment la Chine,
offrent un large réservoir de main d'oeuvre non qualifiée. Le
deuxième facteur est l'effet dynamique de l'échange sur le
progrès technique et la demande en capital. Selon eux, le commerce
stimule le processus de destruction
14
créatrice de Schumpeter, et de ce fait accroit la demande
pour le travail qualifie dans les entreprises. Le troisième facteur
repose sur les conditions initiales et des évènements actuels de
ces pays. Par exemple, les politiques de fixation de taux de change. Enfin, le
quatrième facteur est du a l'effet du commerce extérieur sur les
imperfections qui existent sur le marche du travail.
M.Daumal(2010): Dans le cadre de l'Institut de Recherche
pour le Développement , elle a étudié l'impact de
l'ouverture sur les inégalités régionales en Inde et au
Brésil. Elle détecte un lien entre l'évolution des
inégalités régionales dans ces pays et leur
libéralisation. Pour arriver a ces résultats, elle a
réalise des séries temporelles avec des modèles vectoriels
a correction d'erreurs. Elle s'est intéressée a
l'évolution de l'indice de Gini de 1985 a 2004 au Brésil et de
1980 a 2004 en Inde. Elle a ensuite régressé cette variable a
l'ouverture commerciale, les investissements directs étrangers et le PIB
par habitant. Elle trouve que l'ouverture a substantiellement accru les
disparités de niveaux de vie en Inde avec, des régions du nord de
plus en plus pauvres et des régions du sud plus riches. Cela renforce
donc les tensions au sein du pays. En revanche, elle constate que l'ouverture a
permis d'atténuer les inégalités régionales au
Brésil. Les investissements direct étrangers ont quant a eux
contribue a accroitre les disparités régionales dans les deux
pays.
II/ Modèle
II-1: Présentation du modèle de
référence:
L'article de référence que nous avons choisi,
Impact of International Trade on Income and Income
Inequality de Satheesh Aradhyula, Tauhidur Rahman et
Kumaran Seenivasan, vise à étudier l'impact plus ou
moins significatif de l'ouverture des PED du commerce international sur leurs
inégalités de richesse. Les auteurs proposent un modèle
économétrique dans lequel ils étudient l'effet de la
mondialisation sur les revenus d'une part, et sur les inégalités
de revenus d'autre part. Leur test sur les inégalités de revenu
comprend 44 pays, dont 23 PED. Les auteurs pensent, toutefois, que leur
modèle pourrait être amélioré dans le sens où
il manque d'exhaustivité. Un plus large échantillon de pays
révélerait effectivement des résultats d'autant plus
pertinents.
Leur équation est la suivante:
Log(Gini)i,t=30+31Log(Trade)i,t
+32(Landlock)i+32(Democracy)i,t +34(Corruption
Indices)i,t+34(Developed)+u i,t
15
- La variable dépendante est le coefficient de Gini,
mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus
dans une société donnée. C'est un nombre variant de 0
à 1, où 0 signifie l'égalité parfaite et 1 signifie
l'inégalité totale.
- Les variables enclavement (landlock) et démocratie
(democracy) sont des variables de contrôles.
- Les auteurs détectent un problème
d'endogéneité entre la variable explicative, Commerce (Trade) et
la variable dépendante, Inégalité (coefficient de Gini).
Ainsi, pour que la variable Commerce ne puisse être en aucun cas
expliquée par les inégalités et qu'elle renvoie uniquement
au Commerce extérieur (Trade openness), les auteurs ont utilisé
des variables instrumentales, de nature géographique, la superficie
(area) et la population. Ces deux dernières affectent le commerce sans
influencer les inégalités de revenus.
Première étape de régression:
Log(Trade)i,t=á0+á1log(area)i+á2log(pop)i+á3(Democracy)i,t+á4(CI)i,t+á4(Landlock)i+
á5(Developed)i+Ei,t
Les auteurs trouvent que les variables instrumentales sont
significatives à 1% de degré de liberté.
Seconde étape de régression:
Les auteurs substituent les valeurs du commerce extérieur
trouvées après instrumentalisation, c'est-à-dire sa valeur
prédite, à la variable commerce.
- Ils utilisent la variable Développement comme variable
aléatoire, égale à 1 lorsque le pays est
développé et à 0 autrement. Anderson (2005)
considère que l'effet de l'ouverture sur l'inégalité
dépend étroitement du niveau de développement.
Leurs résultats montrent qu'une augmentation de 1% du
commerce, accroît l'inégalité de revenu de 0,14% (B1=
0,1382 pays industrialisés et PED confondus). Cependant si l'on se
penche uniquement aux PED, l'effet est encore plus net avec B1= 0,1920 contre
B1= - 0,0634 pour les pays développés. Ainsi, le commerce
atténuerait les inégalités dans les pays
industrialisés mais de façon négligeable, ce qui semble
aller à l'encontre des prédictions théoriques des
modèles classiques. Les auteurs ont par ailleurs des résultats
tout à fait intéressants, concernant les variables de
contrôles, et parfois contre intuitif. La variable enclavement est
négative et statistiquement significative à 1% de degré de
liberté pour les PED (B2=-0,5657) mais l'est moins pour les pays riches
(B2= 0,1248). Ils justifient cela par l'idée que le commerce maritime
affecte seulement les habitants vivant sur les littoraux, de même que les
personnes qui bénéficient davantage de ce type de commerce sont
issues de classe moyenne supérieure voire même aisée.
Ainsi, les pays enclavés tendent à être moins
inégaux. La démocratie diminue les inégalités dans
les pays développés de façon statistiquement significative
à 1% de degré de liberté (B3=-0,0576)
16
alors qu'elle les augmente et est statistiquement significative
à 5% dans les PED (B3= 0,0012). Les auteurs expliquent ces
résultats par le fait que les PED, dits démocratiques, ont un
mode de fonctionnement de moindre qualité que celui des pays
développés. L'indice de la corruption semble amoindrir les
inégalités dans les PED (B4=-0,0132) et les augmenter dans les
pays industrialisés (B4= 0,0106). Toutefois, cette variable a un impact
négligeable dans les deux échantillons.
Ils concluent leurs travaux en rappelant qu'un grand nombre
d'études empiriques prouvent que le commerce accroît les revenus.
Dans leur propre analyse, ils trouvent que lorsque le commerce extérieur
augmente de 1% alors les revenus par tête d'un pays s'accroissent de
0,48%. Certaines études démontrent que la mondialisation est
génératrice d'inégalité d'une part, et
créée des divergences de croissance de revenu d'autre part. Selon
les auteurs, le commerce extérieur accroît en moyenne, dans
l'échantillon, les inégalités internes. Cependant, en
séparant les pays développés des PED, ils observent que la
mondialisation hausse les inégalités significativement pour le
second groupe alors qu'elle les amoindri de façon statistiquement
négligeable dans le premier.
Wood (1997), dans son analyse Openness and Wage Inequality in
Developing Countries: The Latin America challenge to East Asian Conventional
Wisdom, conclut l'idée suivante: «There are several channels
through which an increase in the openness of a country, to international flows
of goods and services, factors of production, and technology, can affect
inequalities in income between individuals within it»É«Most of
the theoretical work linking greater openness to domestic inequality focuses on
its effect on the relative demand for domestic factor of production». De
ce fait, en ouvrant ses frontières, un pays sera confronté
à une demande internationale qui aura un impact différent sur la
répartition de ses richesses. Cela ce jouera, en fonction du fait que
cette demande requiert davantage de matières premières, de
produits à faible valeur ajoutée, réalisés par une
main d'oeuvre peu qualifiée, ou à contrario, des biens et
services dits «high tech».
Par ailleurs, Anderson (2005), dans son étude Openness
and Inequality in Developing Countries: A Review of Theory and Recent
Evidence, constate «some recent evidence contradicts the conventional
wisdom. In particular, there is a conflict in the time-series evidence between
the experience of East Asia in the 1960s and 1970s, which is consistent with
the conventional wisdom, and the experience of Latin America in the late 1980s
and early 1990s, where increased openness appears to have widened rather than
narrowed skill differentials in wages. Possible explanations fall into two
classes: differences between East Asia and Latin America». Les
différences entre ces deux groupes de pays se font nombreuses, allant de
leur politique de stratégie de développement à leurs
avantages comparatifs. En effet, les pays d'Amérique du Sud ont en
premier lieu largement eu recours à la méthode
d'industrialisation par substitution d'importation, communément
appelé ISI. Cette stratégie, bien que théoriquement
justifiée, notamment par Lizst qui prônait un
«protectionnisme éducateur», s'est
révélée contestable. En effet, elle a davantage
favorisé des comportements de recherches de rentes en rendant la
protection initialement temporaire, permanente. Cela a effectivement nuit
à l'ensemble de la population, dans la mesure où seules les
industries protégées étaient capables de s'enrichir. Le
revenu du
17
capital a alors cru au détriment des salaires. Les pays
d'Asie du Sud Est ont quant à eux adopté une toute autre
stratégie de développement, celle d'industrialisation par
substitution d'exportation. Les économies ont opéré leur
processus d'industrialisation au contact du monde extérieur, et ont de
ce fait joui d'un meilleur transfert technologique. Ainsi, les conditions
initiales d'ouverture qu'évoque Anderson dans son étude peuvent
être une des raisons expliquant pourquoi le commerce extérieur
asiatique a davantage profité à l'ensemble de la population. En
outre, et ce qui suscite plus notre intérêt, c'est
l'éventuelle différence de spécialisation de ces deux
groupes de pays en fonction de leur avantage comparatif. Ainsi, nous allons
tester dans quelle mesure les différences en dotations en facteur, et
par conséquent la demande mondiale adressée aux pays dans la
production où ils sont les plus performants, influent sur le commerce
extérieur et indirectement sur les inégalités nationales.
De plus nous verrons si les pays asiatiques suivent effectivement les
prédictions du modèle théorique HOS et ce qu'il en est
pour le reste des PED.
II-2: Présentation du Modèle
ajusté:
Notre travail ne concernera uniquement les PED de l'article de
référence (23 pays des 44 qu'ils ont choisi, plus
L'Algérie, l'Argentine et la Tunisie). Il est à noté que
ces pays ne forment pas un groupe homogène, dans le sens où ils
ont aussi des niveaux de développement différents, avec des pays
d'Europe de l'Est, qualifiés d'économies en transition, certains
pays émergents asiatiques, le groupe de pays d'Amérique latine,
ayant plus ou moins enclenché leur processus de développement, et
enfin des pays d'Afrique du Nord. Nous nous intéresserons à la
période allant de 1987 à 2007. Alors que dans les
décennies ultérieures, notamment 60_70, certains pays
étaient encore qualifiés d'autarciques, nous considérons
qu'à partir de la fin des années 80, tous les pays, en
l'occurrence ceux apparaissant dans notre étude sont relativement
ouverts au commerce. Pour notre équation, nous nous baserons sur celle
de notre article de référence, toutefois nous remplacerons la
variable «Développement» par deux variables reflétant
les dotations en facteurs relatifs des pays «D1Labour Force» et
«D2 Land». En effet, contrairement aux auteurs, désormais nous
ne cherchons plus à tester dans quelle mesure le commerce
extérieur influe sur les inégalités de façon
différente selon que l'on se situe dans un pays développé
ou non. Nous cherchons à tester l'impact de l'ouverture
économique de ces pays en fonction de leur avantage comparatif. Un pays
peut être fortement doté en travail qualifié ou non
qualifié, mais non pas les deux, du fait que ces deux composantes sont
substituables l'une à l'autre. En revanche, un pays peut être
à la fois fortement doté en travail non qualifié et en
terre, ou encore en travail qualifié et en terre.
1) Variables:
- La variable « Gini », endogène, celle que l'on
cherche à expliquer en d'autres termes, est exprimée en
pourcentage. Les valeurs se décrivent comme suit ; plus on se rapproche
de la valeur 0, plus le pays est caractérisé par une
égalité parfaite, et inversement plus sa valeur tend vers 100,
plus le pays est inégal), (source: Deininger and Squire(1996)dataset)
(idem
18
article de référence). Cependant, de nombreuses
données sont manquantes dans notre panel.
- La variable « Trade » est calculée par le taux
d'ouverture
((Importations+Exporations)/GDP), soit en pourcentage. (Source:
Penn World) (idem article de référence). C'est la variable pour
laquelle nous cherchons à expliquer les inégalités de
richesse.
- La variable enclavement, notée « Landlock »
est de 1 quand un pays n'est délimité que par des côtes
terrestres, et de 0 s'il a des littoraux. Cette variable n'est pas pertinente
dans notre étude car tous les pays auxquels nous nous intéressons
ont un accès aux côtes maritimes. Elle l'aurait été
si nous avions inclus dans notre échantillon des pays enclavés,
notamment ceux d'Afrique Subsaharienne, souvent victimes d'une «trappe
à enclavement». Les données ont été
trouvées dans le World Atlas (idem article de
référence)
- Fautes de données, nous avons remplacé la
variable « Democracy » par la variable « Government
Effectiveness », l'un des six indices mesurant l'état de
gouvernance des pays, établi par D. Kaufmann, A. Kraay and M. Mastruzzi
(2009) dans leur projet de recherche pour la Banque Mondiale: Governance
Matters VIII: Governance Indicators for 1996-2008. Nous avons en outre
utilisé leurs données concernant la variable « Control of
Corruption » et non pas celles utilisées dans l'article de
référence. Ils attribuent des valeurs allant de [-2.5] à
[2.5], où plus la valeur est forte, meilleure est la gouvernance du
pays. Nous avons pris en considération ces deux variables, car nous
pensons qu'elles sont susceptibles d'affecter considérablement la
répartition de richesse d'un pays. Nous le prouverons d'ailleurs
ultérieurement en tentant de les supprimer de notre équation.
Naturellement, chacun peut penser qu'une meilleure gouvernance sera plus
à même de mettre en place des politiques redistributives afin de
répartir plus équitablement les revenus.
- La superficie est mesurée en kilomètres
carrés (source: wikipédia).
- La densité de population est calculée par le
nombre d'habitants d'un pays, et a été estimée en milliers
(source: Penn World), (idem article de référence). Les deux
précédentes variables, sont celles dites instrumentales. Elles
seront utilisées uniquement pour remédier au problème de
causalité inverse entre les variables «Trade» et
«Gini». Elles n'apparaissent donc pas dans notre équation de
base.
- Si la dummy «D1Labour Force» est égale a 1, le
pays est alors fortement doté en travail non qualifié, et sinon,
0 est attribué pour un pays relativement intensif en travail
qualifié. Pour arriver à ces résultats, nous avons
calculé la moyenne du nombre d'années d'études en moyenne
des pays de notre échantillon, pour chaque année de
référence qui sont 1985, 1990, 1995 et 2000. L'année 1985
est l'année de référence pour les années allant de
1987 à 1990, l'année 1990 est celle pour les années allant
de 1990 à 1995, l'année 1995 est celle des années 1995
à 2000, et enfin l'année 2000 est celle pour les années
2000 a 2007. Ainsi, si le pays a un nombre d'années d'études
supérieur à celui de la moyenne, il est dit relativement
fortement doté en travail qualifie, et on lui attribuera de ce fait la
valeur 0. Le
19
cas échéant sera appliqué pour le
résultat inverse. Les données ont été
trouvées dans le site de la Banque Mondiale (dataset: Appendix Table 1:
Educational Attainment of the total population aged 25 and over)
- Si la dummy «D2 Land» est égale à 1,
dans ce cas le pays est relativement fortement doté en terre, et 0
autrement. Pour aboutir à cela, nous avons pris les superficies des pays
(données «area») et avons calculé la superficie moyenne
des pays de l'échantillon. Si un pays a une superficie supérieure
à la superficie moyenne, alors, il est relativement intensif en terre.
Par analogie, on affecte un 0 pour les pays dont la superficie est
inférieure a la superficie moyenne.
Philibeg, London et Stekel (1999) avaient déjà,
dans leur étude, souligné l'importance de l'effet de l'ouverture
sur les inégalités en fonction de la dotation en facteur relative
à chaque pays. De ce fait, nous verrons si les résultats
confirmeront ou à contrario infirmeront le modèle
présenté par Wood (1997).
2) Le modèle ajusté:
Pour réaliser notre régression linéaire
multiple, nous utiliserons la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO), sans avoirs recours à des effets fixes (car
après les avoir testé, nous avons remarqué que, d'une part
ils n'améliorent pas la significativité du modèle, mais
pis encore, ils la détériorent). De plus, notre panel est dit
«balance» (balanced panel).
Ln(Gini)i,t=â0+â1Log(Trade)i,t
+â2(Landlock)i+â3(Government
Effectiveness)i,t +â4(Control of Corruption)i,t
+â5(D1Labour Force)+â6(D2Land)+ui,t
A l'instar des auteurs de notre article de
référence, pour remédier au problème
d'endogénéité entre la variable expliquée (indice
de Gini) et la variable explicative (Trade), nous allons procéder
à deux étapes de régressions. Nous utiliserons les
mêmes variables instrumentales, qui sont la superficie (area) et la
densité démographique (population). Ces deux variables ont
été retenues car elles influencent le degré d'ouverture
d'un pays sans pour autant avoir d'effet significatif sur les
inégalités de revenus.
Première régression du modèle
ajusté:
Ln(Tradeoppenness)i,t=
á0+á1ln(area)i+á2ln(pop)i+á3(Government
Effectiveness)i,t+á4(Level of
Corruption)i,t+á5(Landlock)i+ á6(D1Labour
Force)i+ á7(D2Land)+ åi,t
20
Seconde régression du modèle
ajusté:
Nous remplaçons donc les valeurs trouvées de notre
variable explicative «Trade», dans notre première
régression, soit après instrumentalisation. Nous la nommerons
dorénavant «Openness», pour éviter de prêter
à confusion parmi les variables utilisées lors des
régressions. Ainsi, notre nouvelle équation se décrypte
comme tel:
Ln(Gini)i,t= f30+f31Ln(Openness)i,t
+f32(Landlock)i+f33(Government
Effectiveness)i,t+f34(Control of Corruption)+f3(D1Labour
Force)+f36(D2Land)+ui,t
3) Discussion et résultats empiriques:
Les résultats montrent que les variables instrumentales
permettent de résoudre le problème
d'endogénéité car d'une part la variable «area»
est fortement significative à 1% et la variable «population»
est moyennement significative à 5% de degré de liberté.
Les variables affectent négativement le degré de commerce
extérieur. Cela peut se justifier dans le sens où plus un pays
est grand et peuplé, plus il est à même de se suffire
à lui même. En effet, la demande nationale peut davantage absorber
la production, de même qu'une plus grande superficie à tendance
à offrir plus de produits alimentaires et agricoles mais aussi de
ressources naturelles. De même, un grand pays est relativement moins
gagnant à l'échange qu'un petit. Pour mémoire, selon
Bagwathi, un grand pays est susceptible de subir une
détérioration de ces termes de l'échange. Par ailleurs, un
pays caractérisé par une meilleure gouvernance semble être
plus enclin à s'ouvrir au commerce extérieur. A contrario, un
plus fort contrôle de la corruption aurait pour effet d'amoindrir
l'ouverture au commerce mondial des pays. Ces deux dernières variables
sont significatives à 1%. La dummy «D2Land» joue
négativement sur le commerce extérieur. Ainsi, si un pays est
fortement doté en terre, il jouit d'une plus large autosuffisance. On
peut appliquer ici le raisonnement mené pour la variable
«area». Cette dummy est moyennement significative, à 5%.
Enfin, la dummy «D1Labour force» a, elle aussi, un impact
négatif sur l'échange extérieur. Cela signifierait qu'un
pays relativement intensif en main d'oeuvre non qualifié serait plus
fermé au commerce. Il en reste que cette variable n'est pas
significative.
21
TABLEAU 1: Coefficients estimés de la première
étape de régression du modèle ajusté
Nom de la variable
|
Estimation du Paramètre
|
Standard Errors
|
T Value
|
P Value
|
Constante
|
6.008556 *
|
0.2352504
|
25.54
|
0.000
|
Ln Area
|
-0.0820334**
|
0.029515
|
-2.78
|
0.020
|
Ln Pop
|
-0.0700406*
|
0.0298577
|
-2.35
|
0.000
|
Landlock
|
Dropped
|
dropped
|
dropped
|
Dropped
|
Government Effectiveness
|
0.8342466*
|
0.1008977
|
8.27
|
0.000
|
Control of Corruption
|
-0.5882407*
|
0.0932868
|
-6.31
|
0.000
|
D1Labour Force
|
-0.0845784
|
0.053292
|
-1.59
|
0.114
|
D2Land
|
-0.1511422**
|
0.0735319
|
-2.06
|
0.041
|
R carre
|
0.5673
|
R carre ajuste
|
0.5559
|
Nombre
d'observations
|
234
|
Variable dépendante : ln TradeOpenness
* statistiquement significatif a 1% ** statistiquement
significatif a 5% ***statistiquement significatif a 10%
Nous nous plaçons maintenant dans la deuxième
étape de régression. Les résultats du modèle
montrent que le degré d'ouverture influe significativement sur les
inégalités de revenus. Les inégalités de revenus
augmentent de 0.28% pour toute hausse de 1% du degré d'ouverture
économique et le coefficient est statistiquement moyennement
significatif à 5%. Nous trouvons de ce fait un résultat semblable
à celui de notre article de référence. Cependant, dans
notre régression, l'impact de la variable exogène « Openess
» est d'autant plus fort sur la variable expliquée, quoique notre
coefficient soit moins significatif. Le coefficient de la variable
«Government Effectiveness», montre qu'une meilleure gouvernance, plus
efficace en d'autres termes, permet de réduire les
inégalités. Une amélioration de 1% de l'état de
gouvernance permet de baisser les inégalités de 0.24%. Ce
résultat était intuitivement prévisible dans la mesure
où un gouvernement plus efficace et plus soucieux du bien être de
la population locale sera d'autant plus favorable à appliquer des
politiques qui bénéficieraient à l'ensemble de la
communauté plutôt qu'à une minorité au
détriment du reste. Enfin, là où les résultats sont
des plus étonnant, au même titre qu'ils l'étaient dans
l'article de référence, c'est qu'un contrôle
supérieur de 1% de la corruption, au lieu d'aller dans le sens d'une
baisse des inégalités, les augmentent de 0.17%. De
mémoire, dans l'article de référence l'indice de
corruption avait pour effet d'amoindrir les inégalités. Cela
reviendrait au même que les résultats trouvés dans notre
modèle ajusté, où moins de corruption diminuerait les
inégalités. Cependant, les coefficients ne sont pas
significatifs
22
que ce soit dans le modèle de référence ou
notre modèle ajusté. Concernant les coefficients des dummys, qui
nous permettaient de tester si les dotations en facteurs relatifs des pays
influencées ou non différemment les inégalités,
nous aboutissons à des résultats tout à fait
intéressant. En effet, un pays fortement doté en main d'oeuvre
non qualifiée semble accroître les inégalités
plutôt que les résorber. Ce qui va dans le sens contraire des
prédictions théoriques du modèle HOS. Ainsi, il
apparaît qu'avoir un avantage comparatif dans le bien intensif en travail
non qualifié ne contribuerait pas à diminuer les
inégalités. Le différentiel des salaires entre
travailleurs compétents et non compétents irait plutôt dans
le sens d'un élargissement. Il est à préciser toutefois,
qu'étant donné le faible nombre pays contenus notre
échantillon mais aussi peut être les données retenues pour
mesurer cette variable peuvent donner des résultats contestables. Enfin
le coefficient de la dummy «D2Land» montre que plus un pays est
abondant en terre plus celui-ci est inégal. Cela confirme donc les
prédictions du modèle HOS réctifié par Wood. Il est
par ailleurs important de savoir que le coefficient de la dummy
«D2Land» affecte plus les inégalités que celui de la
dummy «D1LabourForce». Ce résultat est favorable à
notre analyse dans la mesure où l'on a voulu montrer qu'un pays ouvert
au commerce et dont l'avantage comparatif était la production de biens
intensifs en terre était plus inégalitaire qu'un pays ouvert au
commerce et dont l'avantage comparatif repose sur les biens utilisant de la
main d'oeuvre non qualifiée. Ces deux coefficients sont statistiquement
significatifs à 1% de degré de liberté.
TABLEAU 2: Coefficients estimés de la seconde
étape de régression du modèle ajusté
Nom de la variable
|
Estimation du Paramètre
|
Standard Errors
|
T Value
|
P Value
|
Constante
|
2.445466*
|
0.5431999
|
4.50
|
0.000
|
Ln Openness
|
0.2869262**
|
0.123116
|
2.33
|
0.022
|
Landlock
|
Dropped
|
dropped
|
dropped
|
Dropped
|
Government Effectiveness
|
-0.2435177**
|
0.1206551
|
-2.02
|
0.046
|
Control of Corruption
|
0.178219***
|
0.09298
|
1.92
|
0.058
|
D1Labour Force
|
0.1537827*
|
0.049376
|
3.11
|
0.002
|
D2Land
|
0.3199141*
|
-0.0805836
|
3.97
|
0.000
|
R carre
|
0.2081
|
R carre ajuste
|
0.1664
|
Nombre
d'observations
|
101
|
Variable dépendante : ln Gini
* statistiquement significatif a 1% ** statistiquement
significatif a 5% ***statistiquement significatif a 10%
23
NB: Nous avons effectué d'autres estimations pour
essayer d'accroître la significativité des coefficients. Puisqu'il
nous manque beaucoup des données pour la variable «Gini», qui
est celle que l'on souhaite expliquer, notamment pour les années allant
de 1987 à 1995- 6, mais aussi pour les variables «Government
Effectiveness» et «Control of Corruption» dont les valeurs
débutent à l'année 1996, nous avons tenter de faire la
régression en utilisant les mêmes méthodes de
régressions que pour la période 1997-2007, et nous avons
trouvé que la significativité des coefficients avaient largement
décrue. Nous pensons que cela s'explique par la diminution
d'observations. De même, nous avons testé une autre
régression en imputant les variables «Government
Effectiveness» et «Control of Corruption» et non avons
trouvé que la significativité des coefficients du modèle,
notamment celui de la variable «Trade» en pâtissait fortement.
Ainsi, la présence de ces deux variables est fondamentale parce qu'elles
influent considérablement sur les inégalités de
richesses.
24
Conclusion :
Dans ce mémoire, nous avons tenté de tester la
relation entre ouverture et inégalité et plus
précisément l'impact de l'ouverture sur les disparités de
richesses. Nous avons particulièrement porté notre
intérêt sur l'effet du commerce extérieur sur les
inégalités en fonction des conditions initiales des pays, leurs
dotations en facteur. Dans la revue littéraire, tant au niveau
théorique qu'empirique, on a montré comment la
spécialisation des pays avait un effet sur l'évolution de leurs
inégalités. Un pays ayant un avantage comparatif en travail
qualifié, ou en terre, devrait voir ses disparités salariales
s'accentuer, alors qu'un pays dote d'un large réservoir de main d'oeuvre
non qualifiée devrait être à termes plus égalitaire.
Nous avons trouve dans notre modèle que le commerce a bel et bien un
effet sur les inégalités de richesse, qu'il contribuait a les
accroitre. Cependant nos résultats ont montré une hausse des
inégalités que le pays soit relativement dote en travail non
qualifie, ou en terre. Cela vient donc contredire ce que l'on cherchait
à démontrer. Bien que nos résultats se soient
révélés significatifs, nous avons toutefois conscience que
le faible nombre d'observation ne nous permet pas d'aboutir à une
conclusion réellement satisfaisante, d'autant plus que la construction
de nos dummies est très contestable. En effet, une grande superficie ne
signifie pas automatiquement ressources naturelles. Même si un grand pays
a davantage de chance d'être riche en ressources naturelles, il existe
aussi de nombreux pays de taille relativement petite qui sont abondants en
ressources naturelles. A titre d'exemple, le Venezuela ou encore un grand
nombre de pays d'Afrique Subsaharienne. Or en réalité, tel que le
prédisent les modèles théoriques, c'est bien plus la
dimension ressource naturelle qui est facteur d'inégalité. De
plus, même si l'on ne prend en compte que la dimension terre
(superficie), il serait alors fondamental de distinguer la répartition
de la terre au sein de la population. Si, à l'instar du Brésil,
les terres sont détenues par de grands propriétaires terriens ou
alors plutôt bien répartis au sein de la population. Dans le cas
de figure d'une répartition relativement égalitaire des terres,
le commerce profiterait aux petits paysans et in fine, permettrait de
résorber les inégalités au sein de la population. Par
ailleurs, l'autre dummy que nous avons construite, basée sur le nombre
d'années moyen d'éducation n'est pas forcément très
pertinente non plus. Par exemple, elle ne reflète pas forcément
les différences de qualités des systèmes éducatifs
entre les pays. En revanche, nos résultats nous ont conforté dans
la mesure où ils ont montré que les inégalités
augmentent plus significativement dans les pays relativement fortement
dotés en terre que ceux en travail non qualifié.
Fautes de temps et de moyen, nous n'avons pu mener une
étude microéconomique, sur la relation entre ouverture et
inégalités. Il serait, en effet très intéressant de
voir l'évolution des salaires suite à l'ouverture
économique des pays. Y a-t-il un lien direct entre baisse des tarifs
douaniers/quotas et différentiel salarial, ce qui n'est pas forcement
évident a démontrer, ou plutôt une causalité
indirecte? De nombreuses études se sont déjà
penchées sur la question, telles que Robbins, l'un des premiers ou
encore plus tard Anderson. Elles ont montré, qu'effectivement,
l'ouverture affecte les inégalités au travers de plusieurs
canaux. Nous les avons brièvement présentées dans la
partie sur la revue littéraire. Dans l'optique d'extension de
thème de recherche, nous pensons qu'il serait fondamental de
s'intéresser à ces canaux de transition, et surtout à leur
complémentarité, afin d'être plus à
25
même d'en mesurer les conséquences sur les
inégalités salariales (vision positive) mais aussi in fine
à permettre de mettre des politiques en places qui contribueront
à résorber les inégalités sans pour autant avoir
des effets adverses (vision normative). Si l'on se penche sur le cas du
Sénégal et l'on prend l'exemple des politiques commerciales et
les dotations en facteur comme canaux de transition, nous nous trouvons
confronté au dilemme suivant. Le Sénégal est un pays
initialement intensif en travail peu qualifié. Par ailleurs, comme il
importe la majorité des produits qu'il consomme, il a établi un
système d'ancrage de taux de change du franc CFA sur l'euro. Cela peut
se justifier d'un point de vue théorique, car le franc CFA étant
surévalué permet d'avoir des importations moins chères.
Cependant, comme sa monnaie est surévaluée, il perd en
compétitivité prix sur ses biens exportés, mais en plus,
il n'incite pas à la délocalisation des firmes, car le coût
de la main d'oeuvre y est relativement plus élevé qu'il ne serait
ailleurs, comme en Chine. De ce fait, l'ouverture au commerce ne profite pas
aux sénégalais puisqu'ils n'ont pu bénéficier de
leur avantage comparatif et qu'en plus, ils subissent une perte de pouvoir
d'achat. Ainsi, il nous semble être de première importance de
saisir les différents canaux de transmission qui entrent en jeu dans la
relation ouverture et inégalité, mais tout autant que de saisir
leur complémentarité.
26
Références bibliographiques:
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International Trade on Income and Income Inequality. Selected Paper prepared
for presentation at the American Agricultural Economics Association Annual
Meeting, Portland, OR, July 29-August 1, 2007
- J. K. Galbraith, P. Conceição and H. Kum(2006):
Inequality and Growth Reconsidered Once Again: Some New Evidence from Old Data.
Galbraith and Kum: LBJ School of Public Affairs, The University of Texas at
Austin and Conceição: Institut Superior Tecnico, Lisbon: UTIP
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- M. Daumal (2010): The impact of trade openness on regional
inequality: the cases of India and Brazil Document de travail UMR DIAL
(IRD/Paris Dauphine).
- G Perry, M Olarreaga (2006): Trade Liberalization, Inequality
and Poverty Reduction in Latin America, Paper presented at ABCDE (Annual Bank
Conference on Development Economics)
- A Wood. (1997): Openness and Wage Inequality in Developing
Countries: The Latin American Challenge to East Asian Conventional Wisdom,
World Bank Economic Review 11: 33-57.
- D J Robbins (1995): Evidence on trade and wages in the
developing world, Working Paper No.119, OECDE Development Center.
- Anderson E.(2005): «Openness and Inequality in Developing
Countries: A Review of Theory and Recent Evidence», World Development Vol.
33, No. 7, pp. 1045-1063
- Fischer R D. (2000): «The Evolution of Inequality after
Trade Liberalization», Universidad del Chile
- Cling JP., (2006-07), DOCUMENT DE TRAVAIL:«Commerce,
croissance, pauvreté et inégalités dans les PED : une
revue de littérature», DIAL (Developpement Institutions &
Analyses de long terme)
- Mesple-Somps S. (2008): «Pauvreté et
Globalisation», IRD (Institut de Recherche pour le Developpement), DIAL,
Paris
- Rodrik D (1997): «Sense and nonsense in the globalization
debate», Washington post Newsweek Interactive, LLC
-Rodrik D (1997) : « Has Globalization gone too far :
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International Economics.
27
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- Deininger and Squire (1996) dataset
- Penn World dataset - World Atlas dataset
- E. Cudeville (2009) cours de Licence 3: Economie du
Developpement. Pantheon Sorbonne Paris 1, France.
- JC. Berthelemy (2010) cours de Master 1 : Politiques de
Developpement, Pantheon Sorbonne Paris 1, France.
- P Tomkinson (2009) course Econ 309: International Economics,
Victoria University of Wellington, New Zealand.
28
ANNEXES:
1) Tableau: Code des pays
Country code:
|
|
Pays:
|
1
|
DZA
|
Algeria
|
2
|
ARG
|
Argentina
|
3
|
BRA
|
Brazil
|
4
|
BGR
|
Bulgaria
|
5
|
CHL
|
Chile
|
6
|
CHN
|
China
|
7
|
COL
|
Colombia
|
8
|
CRI
|
Costa Rica
|
9
|
DOM
|
Dominican Republic
|
10
|
EGY
|
Egypt
|
11
|
SLV
|
El Salvador
|
12
|
HUN
|
Hungary
|
13
|
IND
|
India
|
14
|
IDN
|
Indonesia
|
15
|
JAM
|
Jamaica
|
16
|
MYS
|
Malaysia
|
17
|
MEX
|
Mexico
|
18
|
PAK
|
Pakistan
|
19
|
PAN
|
Panama
|
20
|
PER
|
Peru
|
21
|
PHL
|
Philippines
|
22
|
POL
|
Poland
|
23
|
ROM
|
Romania
|
24
|
THA
|
Thailand
|
25
|
TUN
|
Tunisia
|
26
|
VEN
|
Venezuela
|
29
2) Résultats sur le logiciel Stata:
Regression: avec toutes les variables (celle
utilisée dans notre modèle ajusté) Premère Etape:
regress lntradeopenness lnar lnpop gvteffectiveness
controlofcorruption landlock D1labourforce D2land
Source | SS df MS Number of obs = 234
-------------------+------------------------------------------------------------
F( 6, 227) = 49.60
Model | 35.2385735 6 5.87309558 Prob > F = 0.0000
Residual | 26.8784989 227 .118407484 R-squared = 0.5673
-------------------+------------------------------------------------------------
Adj R-squared = 0.5559
Total | 62.1170724 233 .266596877 Root MSE = .3441
lntradeope~s | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------------------+--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
lnar | -.0820334 .029515 -2.78 0.006 -.1401918 -.023875
lnpop | -.0700406 .0298577 -2.35 0.020 -.1288743 -.011207
gvteffecti~s | .8342466 .1008977
|
8.27 0.000
|
.6354308
|
1.033062
|
controlofc~n | -.5882407 landlock | (dropped)
|
.0932868
|
-6.31
|
0.000
|
-.7720595
|
-.4044218
|
D1labourfo~e | -.0845784
|
.053292
|
-1.59
|
0.114
|
-.1895886
|
.0204318
|
D2land | -.1511422
|
.0735319
|
-2.06
|
0.041
|
-.2960345
|
-.0062499
|
_cons | 6.008556
|
.2352504
|
25.54
|
0.000
|
5.545002
|
6.47211
|
. generate lnopenness= 6.008556+ (-0.0820334)* lnar+
(-0.0700406)*lnpop+0.8342466* gvteffectiveness+(-0.588
> 2407)* controlofcorruption+ (-0.0845784 )* D1labourforce+
(-0.1511422)*D2land
30
Deuxième Etape
. regress lngi lnopenness gvteffectiveness D1labourforce D2land
landlock controlofcorruption
Source | SS df MS Number of obs = 101
-------------------+------------------------------------------------------------
F( 5, 95) = 4.99
Model | 1.02197053 5 .204394106 Prob > F = 0.0004
Residual | 3.88907872 95 .040937671 R-squared = 0.2081
-------------------+------------------------------------------------------------
Adj R-squared = 0.1664
Total | 4.91104925 100 .049110493 Root MSE = .20233
lngi | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------------------+--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
lnopenness | .2869262
|
.123116
|
2.33
|
0.022
|
.0425102
|
.5313423
|
gvteffecti~s | -.2435177
|
.1206551
|
-2.02
|
0.046
|
-.4830484
|
-.003987
|
D1labourfo~e | .1537827 .049376
|
3.11
|
0.002
|
.0557589
|
.2518065
|
D2land | .3199141 .0805836
landlock | (dropped)
controlofc~n | .178219 .09298
|
3.97
1.92
|
0.000
0.058
|
.1599354
-.0063696
|
.4798927
.3628075
|
_cons | 2.445466 .5431999 4.50 0.000 1.367078 3.523854
31
Regression: sans les variables Government
Effectiveness et Control of Corruption (non utilisée dans notre
modèle ajusté)
Première Etape:
. regress lntradeopenness lnar lnpop landlock D1labourforce
D2land
Source | SS df MS Number of obs = 546
-------------------+------------------------------------------------------------
F( 4, 541) = 71.22
Model | 67.5961262 4 16.8990315 Prob > F = 0.0000
Residual | 128.375 541 .237292051 R-squared = 0.3449
-------------------+------------------------------------------------------------
Adj R-squared = 0.3401
Total | 195.971126 545 .359580047 Root MSE = .48713
lntradeope~s | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------------------+--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
lnar | -.0900084 .0261766 -3.44 0.001 -.1414286 -.0385882 lnpop |
-.0606328 .0253503 -2.39 0.017 -.11043 -.0108357 landlock | (dropped)
D1labourfo~e | -.0451266 .0440432 -1.02 0.306 -.1316432 .04139
D2land | -.2843374 .0666547 -4.27 0.000 -.4152711 -.1534037
_cons | 5.979251 .2178935 27.44 0.000 5.55123 6.407272
. generate lnopenness1= 5.979251+ (-0.0900084)* lnar+ (
-0.0606328)*lnpop+ (0.0451266 )* D1labourforce+ (
> -0.2843374 )*D2land
32
Deuxième Etape:
. regress lngi lnopenness1 D1labourforce D2land landlock
Source | SS df MS Number of obs = 191
- - - - - - - - - -+ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - F( 3, 187) = 20.05
Model | 3.04346554 3 1.01448851 Prob > F = 0.0000
Residual | 9.4634541 187 .050606706 R--squared = 0.2433
- - - - - - - - - -+ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - Adj R--squared = 0.2312
Total | 12.5069196 190 .065825893 Root MSE = .22496
lngi | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
- - - - - - - - - - - - -+ - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
- - - - -
lnopenness1 | .1448346 .0973303 1.49 0.138 --.0471719 .336841
D1labourfo~e | .1798704 .0333614 5.39 0.000 .1140572 .2456835 D2land | .3121823
.0745708 4.19 0.000 .1650742 .4592905 landlock | (dropped)
_cons | 3.005439 .4210255 7.14 0.000 2.174869 3.836009
|