2-3- Produit social et d'appropriation de la place :
2-3-1- Rencontre et rassemblement :
Retrouver ses amis, rencontrer l'autre et partager le
quotidien... sont des pratiques presqu'ordinaires dans la place Menzah6 et qui
se font pour une durée relativement longue.
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Cette pratique regroupe plus la classe des adolescents et des
jeunes qui viennent chaque jour pour se retrouver.
Figure 64: partage et rencontre dans la place
la place est pour autant le lieu de production de liens
étroits, la présence des groupements concentrés est
très remarquable avec des distances faibles entre les individus au
moment où s'établit un réseau relationnel fort. Là,
elle devient territoire où ses groupes s'identifient.
2-3-2- Travail :
Travailler dans la place était une pratique
repérable et distincte, un jeune homme ambulant vient chaque jour vendre
les légumes et les fruits. Ils se déplacent d'un coin à un
autre à la recherche des clients.
Figure 65: un ambulant qui travaille dans la
place
Cette même personne se rend fréquemment à
l'intérieur de la place pour se reposer et regarder les passagers qui le
connaissent, sans pour autant établir des relations étroites.
A celui-ci se rajoute une autre personne de
référence dans la place monsieur "W" ; un jeune adolescent qui a
pour pratique de faire les" percing" pour les adolescents qui
fréquentent la place.
2-3-3- Graffiti d'aspect tribal et communautaire :
Les graffitis rencontrés au niveau de la place
véhiculent un aspect de territorialité et d'appropriation de
l'espace par différents groupes. En plus des
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Tags, il y a les logos qui dépassent l'ordre de simple
écriture. Avec aérosol et marqueurs les usagers de la place ont
signés leur présence dans le temps et dans l'espace.
Ce sont des marques déposés dans le lieu, les
pseudonymes et sur-noms se rapportent à une population d'adolescents qui
se rendent tous les jours dans la place.
Le type de graffiti dominant est le Throw-up ou le flop, qui
est une forme intermédiare entre le tag et la fresque, de grands dessins
de lettres exécutés rapidement et surtout sans soin
particulier.
Les différentes typologies rencontrées assurent
le processus de communication graphique demandé, permettant
d'intéragir socialement d'abord avec l'espace urbain, en se marquant la
présence et la possession du lieu du fait que le signe ait ici et
maintenant. Ensuite avec la communauté en général par le
message que véhicule en public indiquant l'appartenance et la possession
du lieu.
Mais le plus surprenant et incontournable, c'est qu'en faisant
attention nous pouvons retrouver ces graffeurs qui s'approprient
réellement cet espace et en font référence !
Leur dialogue visuel possessif véhicule des relations
entre les membres d'un réseau strict et fermé :
Figure 66: un espace approprié par les
graffitis
En premier lieu, un réseau global du «
quartier» Menzah6, posté sur une pierre "affiche", à
l'entrée de la place. Une indication qui transmet un sentiment d'intrus
pour tous ceux qui n'habitent pas dans le quartier ou même que cet
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espace appartient aux habitants et que ceux qui sont là
habitent le quartier : une sorte de marque que se donnent les individus.
Ensuite l'échelle du lycée et de la classe,
étant donné que les élèves se rendent en
récréation dans la place.
A noter aussi que le lieu est approprié par les
artistes hip-hop, les punks et les métals qui trouvent comme lieu de
signature les marches de l'escalier pour se faire connaitre auprés du
public.
De même, la place fut un lieu de vie et de
développement de pratiques secretes et de réseau de jeunes
"émos"16, qui trouvent dans la place un lieu pour leur rituel
intime et sensoriel : la place fut pour eux un territoire approprié
à défendre.
Figure 67: le groupe d'émos rencontré
dans la place
Cette catégorie d'usagers utilisent les panneaux
publicitaires existantes pour s'afficher et marquer leur présence et
leur possession du lieu du fait de leur "exclusion" par la
communauté.
Partout dans la place, ils se distinguent par les cheveux, les
couleurs, les habits...ainsi que leurs pratiques intimes très
distinguées (rapport d'homosexualité et références
de prédateur animal).
Figure 68: intimité dans la place
Ces adolescents se retrouvent ici et essayent de
développer leur « tribu »
à partir de relations qu'ils établissent : toujours
en se référant à la place, ils
16 : L'émo est une catégorie de
jeune mâle humain qui démontre une capacité fulgurante
à s'enfiler des adolescents
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essayent d'accroitre leur nombre par des relations amoureuses.
Ils font la connaissance avec l'autre sexe à travers le réseau
internet et se donnent rendez-vous dans la place , et la scène commence
!
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