1. REVUE DE LA LITTERATURE
Les approches explicatives de l'entrée en vie
sexuelle des jeunes
Approche économique
L'approche économique est celle qui explique
l'entrée en vie sexuelle comme un moyen d'acquisition des biens
économiques. L'activité sexuelle est pratiquée par
certains jeunes, particulièrement les jeunes filles pour se procurer de
moyens financiers. D'après RWENGE (1999), l'approche économique
considère les jeunes comme des acteurs dits rationnels. Selon lui, les
jeunes s'engagent dans la sexualité pour atteindre certains objectifs
d'ordre économique ou social. Les activités sexuelles chez les
jeunes se font en échange des biens (cadeaux, habit, somme d'argent),
surtout chez les jeunes filles. La recherche de l'intérêt pousse
les jeunes à débuter précocement le rapport sexuel. C'est
une pratique qui expose les jeunes à plusieurs risques, notamment les
IST, le VIII, et la fécondité précoce qui peut encore
engendrer d'autres conséquences (fistules, mortalités
maternelles).
D'après MOLOUA et al. (2004), l'approche
économique se base sur l'individualisme méthodologique et la
rationalité économique. Le jeune qui se lance dans les aventures
sexuelles cherche d'abord son intérêt personnel. Il cherche une
satisfaction soit immédiate ou à long terme en rationalité
économique. Les facteurs économiques pouvant conduire les jeunes
dans les activités sexuelles sont entre autres le chômage, la
dépendance économique, la pauvreté de la famille ou du
ménage, etc. De même, certaines jeunes femmes mariées
contractent de rapports sexuels extraconjugaux à cause de leur
dépendance économique vis-à-vis de leurs maris. Selon
CALDWELL et al. (1993), en Afrique (Est et Sud) les femmes vivent dans des
situations où l'essentiel du budget familial est contrôlé
par les hommes. Il faut noter également que la situation
socioéconomique des parents affecte le comportement sexuel de leurs
enfants. Les moyens des parents déterminent leur capacité
à s'occuper de l'éducation de leurs enfants, ainsi que de leurs
besoins fondamentaux.
Approche socioculturelle
L'approche socioculturelle est une approche défendue
par les tenants de la théorie « culturaliste », dont la
thèse principale est celle de l'appartenance culturelle des individus.
Elle laisse une place importante à la construction sociale et
culturelle, sans laquelle aucun désir ne peut apparaître et
s'exprimer. Selon RWENGE (1999), cette approche se fonde sur le fait que
l'activité sexuelle ne peut se « désocialiser ». En
effet, la sexualité n'est pas un phénomène isolable, car
elle intègre les normes et les valeurs culturelles. En tant que
mouvement vers l'autre, tension entre soi et autrui, elle est
considérée comme l'une des composantes essentielles de la
sociabilité (ABEGA et KOUAKAM, 2006). Elle inscrit l'individu dans un
ensemble de relations plus ou moins volontairement choisies et entretenues
(SPIRA et BAJOS 1993: 171). La sexualité révèle le rapport
de sexe, de l'éducation de l'individu, de son image et des
représentations sociales de son corps. La première relation
sexuelle est une expérience déterminante de l'appropriation ou de
réappropriation du corps, et
la représentation que l'adolescent ou le jeune en a.
L'entrée en vie sexuelle est l'un des points essentiels
l'éducation sexuelle. Ainsi, LOUGUE (2005) affirme que l'approche
socioculturelle est celle la plus indiquée pour expliquer les
comportements sexuels des individus. De même selon BOSON (1993), les
comportements des individus ne sont pas inscrits dans leurs gènes, mais
dépendent de l'éducation reçue et les processus de
socialisation développés pendant l'enfance. Les variables qui
entrent dans cette approche sont généralement l'ethnie et la
religion.
L'ethnie est perçue comme l'ensemble des
communautés réunies autour d'un langage qui les
différencie des autres groupes. Par conséquent, l'ethnie est
reconnue comme un lieu de production et de reproduction des modèles
culturels qui déterminent les comportements des individus (EVINA, 2007).
Ainsi, chaque groupe ethnique a son modèle culturel dans lequel la vie
sexuelle fait partie.
Comme l'ethnie, l'appartenance de l'individu à une
religion influence son éducation sexuelle. La religion «
véhicule un certain nombre de valeurs et normes qui régissent
la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique, et
psychique. Elle peut refléter l'ouverture à la civilisation
occidentale (religion catholique et protestante), le niveau de traditions des
gens (religion traditionnelle), et parfois la situation des individus dans la
hiérarchie sociale » (AKOTO, 1985). Elle détermine
l'entrée précoce en vie sexuelle dans certains africains comme le
Cameroun où les filles musulmanes et les adeptes des religions
traditionnelles sont significativement moins susceptibles de retarder leurs
premiers rapports sexuels dans toutes les régions (KUATE, 1998). Cette
même observation a été faite au Burkina par DEMBELE (2004)
où il ressort que les filles des religions animiste et musulmane
s'engagent précocement dans la vie sexuelle que celles de catholique.
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