DETERMINANTS INDIVIDUELS ET CONTEXTUELS DE DEBUT DE
SEXUALITE CHEZ LES JEUNES AU TCHAD
NGUEZOUMKA KEBMAKI Vincent
RESUME
La question de sexualité des jeunes est une
problématique qui intéresse de plus en plus les décideurs
politiques, ainsi que les acteurs de la santé de la reproduction. Au
Tchad, comme dans la plupart des pays de l'Afrique Subsaharienne,
l'entrée en vie sexuelle des jeunes suscite beaucoup de discussions vu
l'âge au premier rapport sexuel (14,9 pour les femmes et 18 ans pour les
garçons) ou encore le taux élevé de la
fécondité précoce. L'examen de la littérature nous
a permis de dégager les différentes approches explicatives du
phénomène, ensuite de formuler nos hypothèses. Du point de
vue différentiel, l'approche genre a été prise en compte
pour expliquer les facteurs différentiels de comportements en
matière de sexualité entre garçons et filles.
Nous entendons par jeune dans cette étude, les
personnes âgées entre 15-24 ans révolus. Nous avons pour
objectif principal de contribuer à la connaissance des
caractéristiques individuelles et contextuelles
prédisposées, à expliquer l'entrée en vie sexuelle
chez les jeunes tchadiens ; ceci pour aider les autorités en charge de
l'éducation et de la santé reproductive des jeunes, ainsi que les
acteurs exerçant dans ce secteur à orienter leurs politiques et
programmes là où les besoins se font sentir.
Les données utilisées sont issues de la
deuxième Enquête Démographique et de Santé (EDST-II)
réalisée au Tchad en 2004. C'est une enquête
réalisée auprès d'un échantillon national de 6085
femmes âgées de 15-49 ans et de 1887 hommes de15-59 ans. Pour
l'analyse des données, nous avons utilisé les outils d'analyse
statistiques, à savoir la méthode bivariée pour les
tableaux croisés, ensuite la méthode multi variée pour
l'analyse des effets nets de chaque variable indépendante en
présence des autres variables sur le phénomène
étudié. Les résultats de cette étude ont
montré que l'âge, le niveau d'instruction, l'activité
économique, le statut matrimonial et le niveau de vie du ménage
sont des déterminants individuels de sexualité des jeunes au
Tchad. Quant aux facteurs liés au contexte, nous avons la région
et milieu de résidence, l'ethnie et l'exposition aux médias qui
déterminent la sexualité des jeunes au Tchad. Ainsi, les
recommandations ont été faites dans ce sens.
INTRODUCTION
La sexualité est importante dans la vie d'un être
humain. Celle des jeunes suscite beaucoup de débats en ce début
du 21ième siècle tant sur le plan politique que
scientifique ; ceci à cause des comportements sexuels à risque
observés en milieu jeune. Les jeunes d'aujourd'hui constituent la
génération la plus importante numériquement : près
de la moitié de la population mondiale a moins de 25 ans (UNFPA, 2003).
L'expression de la sexualité revêt souvent de nombreuses formes.
Elle englobe à la fois l'aspect social, culturel, biologique, physique
et émotionnel. Ce qui justifie l'attention que lui accorde plusieurs
disciplines (sociologie, démographie, la médecine etc.). La
plupart des jeunes commencent leur expérience sexuelle pendant leurs
années d'adolescence et nombreux sont ceux qui ont déjà eu
des rapports sexuels lorsqu'ils atteignent l'âge de l8 ans, que ce soit
dans le cadre du ou hors mariage. Cependant, d'autres connaissent le rapport
sexuel entre 19 et 24 ans, où la plupart des jeunes commence leur vie
maritale. L'entrée en vie sexuelle précoce constitue aujourd'hui
un danger potentiel pour les jeunes. Ces dangers sont entre autre les maladies
sexuellement transmissibles, les IST, le VIH/SIDA, les grossesses non
désirées, les avortements etc. Le comportement sexuel est
déterminé tant par des facteurs individuels que contextuel.
L'importance accordée à la virginité dans la
société détermine les premiers rapports sexuels, qui
peuvent subvenir soit précocement ou tardivement avec le premier
mariage. Plusieurs facteurs sont venus affaiblir le contrôle social de la
sexualité chez les jeunes . La contrainte économique (DELAUNAY,
2001 ; FERRY, 2001), le relâchement du contrôle des parents, des
aînés (GUEYE et al., 2001) et le recul de l'âge au mariage
imputable à la scolarisation (LESTHAEGHE, 1989) sont autant de facteurs
cités dans la littérature qui influencent l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes. Plusieurs études ont démontré
l'isolement qui existe entre les parents et les jeunes en matière de
l'éducation sexuelle. Les relations parents/enfants et la communication
directe sur la sexualité sont assez limitées compte tenu du tabou
qui entoure le sujet de la sexualité. Outre cela, « la
modernisation » et la « désorganisation sociale » sont
venues affaiblir l'autorité des aînés sur les cadets,
laissant ainsi la place à la liberté pour les jeunes dans les
conduites sexuelles (RWENGE, 2000 ; DIOP, 2001).
En Afrique subsaharienne, les études qui se sont
intéressées à la sexualité des jeunes remontent
à la période coloniale. Elles ont mis en exergue les causes de
l'infécondité et de la stérilité observées
en Afrique Centrale (ROMANIUK, 1967; RETEL, 1974; SALA-DIAKANDA, 1980; EVINA
1990, etc.). D'autres études se sont focalisées également
sur les comportements sexuels et la fécondité dans les pays en
développement et en particulier en Afrique où la faible
utilisation des méthodes contraceptives augmente les risques des
grossesses (RWENGE, 2000). Cependant, la plupart des pays africains n'accordent
pas d'importance aux programmes destinés à la sexualité
des jeunes dans leur politique de population et de santé. Alors que,
ceux-ci sont confrontés au duel de la tradition et de la
mondialisation.
Au Tchad, comme dans la plupart des pays subsahariennes,
l'entrée en vie sexuelle s'inscrit dans les normes et les valeurs
culturelles de chaque groupe social. Elle se coïncide de manière
générale à la période de fécondité
chez les femmes. Les travaux de l'OMS en 2004,
sur indicateurs de la fécondité des adolescents
de quelques pays laissent savoir que le Tchad est l'un des pays où la
fécondité des jeunes est élevée avec un taux de
193%o. Les données de la dernière Enquête
Démographique et de Santé (EDST, 2004) révèlent une
fécondité précoce élevée (37%) chez les
jeunes filles de moins de 20 ans. Selon le rapport provisoire du RGPH 2 (2009),
la population âgée de 15-24 ans est de 21%. Cette population est
la plus exposée aux risques liés à la sexualité,
quand on sait que 15% de la fécondité totale est
considéré comme précoce (15-19 ans). Ces indicateurs nous
amènent à poser la question de savoir quels sont les facteurs
individuels et contextuels influençant l'entrée en vie sexuelle
chez les jeunes au Tchad ? Cette question a pour but de rechercher les facteurs
individuels et contextuels qui déterminent l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes au Tchad.
Ainsi, cette communication sera présentée en
trois sections, à savoir la revue de la littérature, la
méthodologie et les résultats.
1. REVUE DE LA LITTERATURE
Les approches explicatives de l'entrée en vie
sexuelle des jeunes
Approche économique
L'approche économique est celle qui explique
l'entrée en vie sexuelle comme un moyen d'acquisition des biens
économiques. L'activité sexuelle est pratiquée par
certains jeunes, particulièrement les jeunes filles pour se procurer de
moyens financiers. D'après RWENGE (1999), l'approche économique
considère les jeunes comme des acteurs dits rationnels. Selon lui, les
jeunes s'engagent dans la sexualité pour atteindre certains objectifs
d'ordre économique ou social. Les activités sexuelles chez les
jeunes se font en échange des biens (cadeaux, habit, somme d'argent),
surtout chez les jeunes filles. La recherche de l'intérêt pousse
les jeunes à débuter précocement le rapport sexuel. C'est
une pratique qui expose les jeunes à plusieurs risques, notamment les
IST, le VIII, et la fécondité précoce qui peut encore
engendrer d'autres conséquences (fistules, mortalités
maternelles).
D'après MOLOUA et al. (2004), l'approche
économique se base sur l'individualisme méthodologique et la
rationalité économique. Le jeune qui se lance dans les aventures
sexuelles cherche d'abord son intérêt personnel. Il cherche une
satisfaction soit immédiate ou à long terme en rationalité
économique. Les facteurs économiques pouvant conduire les jeunes
dans les activités sexuelles sont entre autres le chômage, la
dépendance économique, la pauvreté de la famille ou du
ménage, etc. De même, certaines jeunes femmes mariées
contractent de rapports sexuels extraconjugaux à cause de leur
dépendance économique vis-à-vis de leurs maris. Selon
CALDWELL et al. (1993), en Afrique (Est et Sud) les femmes vivent dans des
situations où l'essentiel du budget familial est contrôlé
par les hommes. Il faut noter également que la situation
socioéconomique des parents affecte le comportement sexuel de leurs
enfants. Les moyens des parents déterminent leur capacité
à s'occuper de l'éducation de leurs enfants, ainsi que de leurs
besoins fondamentaux.
Approche socioculturelle
L'approche socioculturelle est une approche défendue
par les tenants de la théorie « culturaliste », dont la
thèse principale est celle de l'appartenance culturelle des individus.
Elle laisse une place importante à la construction sociale et
culturelle, sans laquelle aucun désir ne peut apparaître et
s'exprimer. Selon RWENGE (1999), cette approche se fonde sur le fait que
l'activité sexuelle ne peut se « désocialiser ». En
effet, la sexualité n'est pas un phénomène isolable, car
elle intègre les normes et les valeurs culturelles. En tant que
mouvement vers l'autre, tension entre soi et autrui, elle est
considérée comme l'une des composantes essentielles de la
sociabilité (ABEGA et KOUAKAM, 2006). Elle inscrit l'individu dans un
ensemble de relations plus ou moins volontairement choisies et entretenues
(SPIRA et BAJOS 1993: 171). La sexualité révèle le rapport
de sexe, de l'éducation de l'individu, de son image et des
représentations sociales de son corps. La première relation
sexuelle est une expérience déterminante de l'appropriation ou de
réappropriation du corps, et
la représentation que l'adolescent ou le jeune en a.
L'entrée en vie sexuelle est l'un des points essentiels
l'éducation sexuelle. Ainsi, LOUGUE (2005) affirme que l'approche
socioculturelle est celle la plus indiquée pour expliquer les
comportements sexuels des individus. De même selon BOSON (1993), les
comportements des individus ne sont pas inscrits dans leurs gènes, mais
dépendent de l'éducation reçue et les processus de
socialisation développés pendant l'enfance. Les variables qui
entrent dans cette approche sont généralement l'ethnie et la
religion.
L'ethnie est perçue comme l'ensemble des
communautés réunies autour d'un langage qui les
différencie des autres groupes. Par conséquent, l'ethnie est
reconnue comme un lieu de production et de reproduction des modèles
culturels qui déterminent les comportements des individus (EVINA, 2007).
Ainsi, chaque groupe ethnique a son modèle culturel dans lequel la vie
sexuelle fait partie.
Comme l'ethnie, l'appartenance de l'individu à une
religion influence son éducation sexuelle. La religion «
véhicule un certain nombre de valeurs et normes qui régissent
la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique, et
psychique. Elle peut refléter l'ouverture à la civilisation
occidentale (religion catholique et protestante), le niveau de traditions des
gens (religion traditionnelle), et parfois la situation des individus dans la
hiérarchie sociale » (AKOTO, 1985). Elle détermine
l'entrée précoce en vie sexuelle dans certains africains comme le
Cameroun où les filles musulmanes et les adeptes des religions
traditionnelles sont significativement moins susceptibles de retarder leurs
premiers rapports sexuels dans toutes les régions (KUATE, 1998). Cette
même observation a été faite au Burkina par DEMBELE (2004)
où il ressort que les filles des religions animiste et musulmane
s'engagent précocement dans la vie sexuelle que celles de catholique.
Approche institutionnelle
L'approche institutionnelle est celle qui explique les
comportements sexuels des jeunes par des politiques, des lois et programmes mis
en oeuvre par le gouvernement en faveur de la santé et de
l'éducation sexuelles des jeunes. Elle influence les comportements
sexuels des jeunes à travers les programmes politiques, notamment la
disponibilité et l'accessibilité aux services de la santé
de la reproduction (RWENGE, 1999). Cette influence peut être soit
positive ou négative selon le contexte du pays.
Dans cette approche, on associe l'implication des
autorités ou du gouvernement dans le règlement du comportement
sexuel. Ce dernier découle du contexte légal et politique du pays
(PRETO, REMY et al., 1992 ). Ces actions sont entre autre la sensibilisation
sur la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles, les
IST et les VIH/SIDA, l'éducation sexuelle et la lutte contre la
fécondité précoce. Sur le plan législatif, il
existe des lois régissant l'âge d'entrée en union, les
procédures de divorce, et l'accès aux infrastructures sanitaires.
A l'instar des autres pays de l'Afrique subsaharienne, le Tchad dispose un
certain nombre de lois régissant les comportements en matière de
sexualité. Par exemple, selon
Facteurs contextuels : C'est l'environnement tant
culturel que socioéconomique dans lequel vit le jeune et qui est
susceptible d'influencer son comportement en matière de
sexualité.
l'article 144 du code civil au Tchad a fixé l'âge
d'entrée en union à 15 ans pour les filles et à 18 ans
pour les garçons.
2. Méthodologie
Cette section présente quatre points essentiels : les
hypothèses, aspects conceptuels, les données d'étude et
les méthodes d'analyse.
2.1. Hypothèses
Trois hypothèses sous-tendent cette étude :
H1 : Le niveau d'instruction influence
positivement l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes. On suppose que
les jeunes ayant un niveau primaire et sans niveau ont toutes choses
égales par ailleurs moins de risque de connaître les relations
sexuelles.
H2 : L'entrée en vie sexuelle chez les
jeunes est déterminée par la religion. Nous supposons qu'au
Tchad, les jeunes de la religion chrétienne courent moins de risque de
connaitre précocement le rapport sexuel que leur semblable de la
religion musulmane.
H3 : Le milieu de résidence influence
la sexualité des jeunes. Les jeunes résidant en milieu urbain
courent plus de risque de connaitre précocement les relations sexuelles
que leurs homologues du milieu rural.
2.2. Aspects conceptuel Définition des
concepts
Ce travail porte sur les jeunes que nous délimitons
l'âge de 15-24 ans révolus ; une délimitation
inspirée à partir du rapport sur l'état de la jeunesse
africaine de l'UNFPA (2011). Cette tranche d'âge regroupe les individus
qui traversent l'enfance à l'âge adulte. Autres concepts important
à définir dans ce travail sont : entrée en vie sexuelle,
facteurs individuels, facteurs contextuels, l'éducation sexuelle, et
comportement sexuel.
Entrée en vie sexuelle : C'est la
période pendant laquelle les jeunes débutent avec les relations
sexuelles.
Education sexuelle : C'est le fait
que le jeune discute avec ses parents, camarades, enseignant, etc. des sujets
sur la sexualité. Ces derniers comprennent les considérations
psychologiques, affectives, socioculturelles et morales sur la
sexualité.
Facteurs individuels : C'est l'ensemble des
caractéristiques intrinsèques de l'individu et qui
détermine son comportement et sa motivation à contracter un
rapport sexuelle.
Comportement sexuel : Ensemble des attitudes et des
réactions observables chez l'individu, particulièrement chez le
jeune (de sexe masculin ou féminin) en matière de
sexualité. Il s'agit des rapports sexuels extra-couple, occasionnel et
la non utilisation des méthodes contraceptives.
2.3. Données
Les données utilisées dans cette étude
sont issues de la deuxième Enquête Démographique et de
Santé réalisée au Tchad en 2004. C'est une enquête
par grappe à deux degrés réalisée auprès
d'un échantillon de 6085 femmes et 1887 hommes âgés de
15-49 ans parmi lesquels on retrouve 3238 jeunes âgés de 15-24 ans
(2531 femmes et 707 hommes)
Variables d'étude
- Variable dépendante :
La variable dépendante de notre étude est
l'âge au premier rapport sexuel. Cette variable nous permettra de mesurer
l'activité sexuelle chez les jeunes. Elle a deux modalités : 1
« connu rapport » et 0 « Jamais rapport».
- Variables explicatives Occupation du
jeune
L'occupation ou l'activité économique du jeune
détermine ses conditions de vie et la probabilité qu'il se lance
dans les activités sexuelles à but lucratif. Dans cette
étude, la variable est regroupée en trois modalités : sans
emploi, travail salarié, travail non salarié.
Niveau d'instruction
C'est la variable qui permet de mesurer le niveau
d'étude du jeune. Ce dernier est mesuré par la dernière
classe atteinte par l'individu. Elle a trois modalités : Sans niveau,
primaire, et secondaire et plus. Le niveau d'instruction est pris en compte
dans cette étude, car il est un des éléments qui influence
les comportements sexuels, dont l'entrée en vie sexuelle.
L'état matrimonial est la situation du jeune par
rapport au mariage ou à la vie maritale. Au Tchad, comme dans la plupart
des pays africains, la tradition exige que le rapport sexuel
Etat matrimonial
ait lieu dans le mariage. C'est ce qui justifie le choix de
cette variable. Nous avons regroupé cette variable en deux
modalités : Célibataire et marié.
Age
L'âge considéré dans cette étude
est celui du jeune au moment de l'enquête. Il permet de distinguer s'il a
connu une entrée en vie sexuelle précoce ou tardif. Il a deux
modalités : 15-19 ans et 20-24 ans.
Niveau de vie
Le niveau de vie est une variable utilisée pour mesurer
le niveau de confort du ménage. Il est une variable composite, obtenu
à partir des biens possédés par le ménage et les
caractéristiques de l'habitat.
Ethnie
L'ethnie est l'une des variables importantes pour
l'étude de la sexualité, car elle détermine
l'environnement socioculturel du jeune. Nous avons regroupé cette
variable en sept (7) modalités : Mayo-Kebbi-Tandjilé,
Ouaddaï-Baguirmi, Fitri-Batha-Hadjaraï-Iro, Sara, Arabe-Peul,
Gourane-Kanembou et autres.
Religion
La religion nous permet de rendre compte de l'appartenance
ethnique du jeune. Elle est considérée comme un ensemble des
normes et des valeurs transmises au jeune par les parents et qui
régissent son mode de vie. Nous la considérons dans cette
étude en trois modalités : Catholique, Protestant et Musulman.
Milieu de résidence
Il permet de saisir le lieu habituel de vie de l'individu.
C'est une variable à deux modalités : milieu urbain et milieu
rural. Il est important de comparer les jeunes selon le milieu de
résidence dans la mesure où les comportements des individus en
matière de sexualité varient en fonction de ces milieux, ainsi
que le mode de vie. De manière générale, l'entrée
en vie sexuelle début très tôt en milieu rural.
Région de résidence
La région de résidence permet d'observer les
disparités qui existent entre les régions en matière des
comportements sexuels et particulièrement de l'âge d'entrée
en vie sexuelle. Les régions du Tchad présentent des
caractéristiques différentes et disparates. Par
conséquent, il est important de prendre en compte la région de
résidence dans cette étude, pour mettre en exergue les
différences qu'il y a entre les régions en matière de
sexualité. Cependant, selon les caractéristiques socioculturelles
des régions et pour des soucis de représentativité de
l'échantillon, nous avons regroupé cette variable en trois
modalités : Sud, Centre et Nord.
Exposition aux médias
L'exposition aux médias est une variable qui mesure le
degré de connaissances et de l'information auquel le jeune est
exposé. Elle est appréhendée à travers le suivi
régulier de la télévision, de la radio et des journaux.
Méthodes d'analyse
En se référant aux objectifs de ce travail, nous
avons utilisé deux méthodes d'analyse statistique, à
savoir la méthode statistique d'analyse descriptive et la méthode
statistique d'analyse explicative.
L'analyse descriptive nous a permis de caractériser les
jeunes selon leur statut d'entrée en vie sexuelle par sexe. Nous l'avons
réalisé à l'aide des tableaux croisés. Ces derniers
nous ont permis d'analyser les caractéristiques individuelles et
contextuelles de l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes au Tchad. Ces
variables sont : le milieu de résidence, le niveau d'instruction, le
statut matrimonial, le niveau de vie, la religion, l'occupation et exposition
aux médias.
Pour comprendre le mécanisme par lequel les facteurs
individuels et contextuels influencent le début de sexualité chez
les jeunes, nous avons recouru à l'analyse de la régression
logistique binaire.
3. Résultats
3.1. Analyse descriptive
Le tableau 1 montre la répartition des jeunes selon
leurs caractéristiques par sexe. Il en ressort que les jeunes qui ont
déjà connu de rapport sexuel sont plus élevé dans
le groupe de sexe masculin du milieu urbain (33,9%). Or ce pourcentage est
plutôt élevé en milieu rural chez les jeunes de sexe
féminin.
Lorsqu'on considère le niveau d'instruction, on
relève un écart important entre le pourcentage des jeunes de sans
niveau et ceux de niveau supérieur et plus dans les deux sexes. Le
pourcentage des jeunes filles sans niveau est le plus élevé
(42,2%), tandis que la tendance est renversée dans le groupe des jeunes
de sexe masculin avec 25,5% du niveau secondaire et plus et 14% pour les sans
niveau. Par ailleurs, la situation des jeunes par rapport au mariage montre que
le pourcentage des jeunes qui ont déjà vécu maritalement
est plus élevé chez les filles (59,1%) que les garçons
(12,3%). Cela montre le plus grand encadrement social que la
société ou les parents donnent aux filles au détriment des
garçons.
La plupart des jeunes qui ont déjà eu de
rapports sexuels sont issus des ménages de niveau de vie moyen (27,1%
chez les jeunes filles et 32,1% chez les jeunes garçons contre 10,4% et
7,6% seulement du niveau de vie élevé). Par ailleurs, le
pourcentage des jeunes filles appartenant aux ménages de niveau de vie
faible n'est pas négligeable (26,2%) contrairement à celui des
jeunes garçons (6,1%).
En religion, le pourcentage des jeunes ayant connu le rapport
sexuel de la religion musulmane est plus élevé chez les filles
(45,1%) que chez les garçons (31,5%). Par contre, chez les jeunes de la
religion chrétienne catholique, les proportions des jeunes ayant connu
le rapport sexuel sont faibles (environ 10% pour les deux sexes). Lorsqu'on
tient compte des activités économiques, on constate noter que
36,4% des filles exercent un empoi non salarié contre 3,1% seulement qui
sont rémunérées. Chez les jeunes garçons, 26,6%
effectuent de travail non salarié et 13,5% ne travaille pas. Ces
proportions sont des signes qui traduisent les conditions de vie des jeunes
susceptibles de les conduire dans une activité sexuelle précoce.
En matière d'exposition aux médias, le pourcentage des jeunes qui
sont faiblement exposés est le plus élevé chez les filles
(37,3%) que chez les garçons (20,7%).
Ainsi, l'analyse descriptive nous a permis de décrire
les caractéristiques individuelles et contextuelles des jeunes qui ont
déjà connu une vie sexuelle.
Tableau 1 : Caractéristiques des jeunes selon le
sexe
Variables
|
Féminin
|
Masculin
|
Déjà eu de rapport sexuel
|
Déjà eu de rapport sexuel
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Milieu de résidence
|
Urbain
|
31,5
|
19,6
|
33,9
|
25,9
|
Rural
|
32,5
|
16,4
|
23,1
|
17,1
|
Niveau d'instruction
|
Sans niveau
|
42,2
|
17,8
|
14
|
20,2
|
Primaire
|
13,5
|
8,4
|
11,7
|
13,7
|
Secondaire et plus
|
8,2
|
9,8
|
25,5
|
14,1
|
Statut matrimonial
|
Jamais marié
|
3,1
|
35,9
|
38,8
|
48,9
|
Vecu maritalement
|
59,1
|
0
|
12,3
|
0
|
Niveau de vie
|
Faible
|
26,2
|
11,4
|
6,1
|
6,9
|
Moyen
|
27,1
|
17,2
|
32,1
|
28,1
|
Elevé
|
10,4
|
7,6
|
12,9
|
13,9
|
Religion
|
Catholique
|
10,6
|
5,5
|
10,2
|
5,9
|
Protestant
|
8,2
|
6,3
|
9,3
|
6,1
|
Musulman
|
45,1
|
24,3
|
31,5
|
36,9
|
Occupation
|
Ne travail pas
|
24,4
|
16,9
|
13,5
|
22,4
|
Travail salarié
|
3,1
|
1,2
|
10,9
|
4,4
|
Travail non salarié
|
36,4
|
17,1
|
26,6
|
22,2
|
Exposition aux medias
|
Exposition faible
|
37,3
|
20,2
|
20,7
|
31,5
|
Exposition moyenne
|
12,6
|
3,9
|
8,4
|
7,2
|
Bonne exposition
|
14
|
11,9
|
21,9
|
10,2
|
Source : Exploitation des données de l'EDST-2 (2004)
3.2. Analyse explicative
Déterminants de l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes au Tchad
La méthode multivariée de la régression a
été utilisée pour identifier les facteurs qui
déterminent l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes au Tchad.
Toutes choses égales par ailleurs, cinq variables déterminent
l'activité sexuelle chez les jeunes de sexe féminin (Tableau 2)
et six variables pour le sexe masculin (Tableau 3). Les variables âge,
exposition aux médias et statut matrimonial apparaissent comme des
déterminants pour les deux sexes.
Chez les jeunes de sexe féminin
Déterminants individuels
Les résultats du modèle saturé (M10)
montrent qu'il y a trois facteurs individuels qui expliquent l'entrée en
vie sexuelles chez les jeunes de sexe féminin (Tableau 2), à
savoir l'âge, le statut matrimonial et le niveau de vie du
ménage.
Les jeunes filles âgées de 20-24 ans ont toutes
choses égales par ailleurs 3,7 fois de chance de connaître le
rapport sexuel que leurs homologues âgées de 15-19 ans
(adolescents). C'est la tranche d'âge durant laquelle la plupart des
jeunes mènent déjà leur vie maritale, cadre propice
à la vie sexuelle. Quant à la situation matrimoniale, les jeunes
filles célibataires ont 99% moins de risque d'avoir de rapports sexuels
que leurs semblables qui ont vécu ou qui vivent maritalement. Ce
résultat traduit la réalité du pays où la religion
et les traditions font encore leur loi en interdisant le rapport sexuel hors
mariage. Les jeunes filles issues des ménages de niveau de vie faible
ont 1,9 fois plus de risque de connaître le rapport sexuel que celles
issues des ménages de niveau de vie moyen. Ces résultats
confirment l'idée selon laquelle les conditions de vie des filles des
ménages pauvres les poussent à se lancer dans l'activité
sexuelle pour se procurer des moyens financiers.
Déterminants contextuels
Il ressort du dernier modèle (M10) du tableau 2 que les
déterminants contextuels d'entrée en vie sexuelle chez les jeunes
filles sont l'ethnie et l'exposition aux médias.
Les jeunes filles de l'ethnie Ouaddaïenne/Baguirmienne
ont 79% moins de risque de connaitre de rapport sexuel que celles de l'ethnie
Mayo-Kebbi/Tandjilé, tandis que les filles de l'ethnie Sara ont 4,3 fois
plus de risque d'entrée en vie sexuelle que l'ethnie de
référence. Les différences de risques observés
entre les deux ethnies sont dues au fait que les Ouaddaïens/Baguirmiens
sont conservateurs sur le plan religieux et traditionnel, par contre l'ethnie
Sara est une ethnie ouverte au modernisme et à la scolarisation. L'une
des variables contextuelles qui déterminent l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes filles au Tchad est l'exposition aux médias.
Les jeunes filles de bonne exposition aux médias ont toutes choses
égales par ailleurs 1,1 fois de risque d'avoir le rapport
sexuel que celles qui ont une faible exposition.
Tableau 2 : Risques relatifs de l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes de sexe féminin
Variables
|
Effets nets
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
M10
|
Région de résidence
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
ns
|
ns
|
*
|
*
|
*
|
Sud
|
1,28**
|
1,32***
|
1,53***
|
1,67***
|
1,51***
|
1,09ns
|
1,21ns
|
1,21ns
|
0,56*
|
0,53ns
|
Centre
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Nord
|
0,04***
|
1,69***
|
1,51***
|
1,49***
|
1,43***
|
1,43ns
|
1,46ns
|
1,48*
|
2,11ns
|
2,25*
|
Milieu de résidence
|
|
ns
|
**
|
**
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
***
|
*
|
Urbain
|
Réf
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Rural
|
1,11ns
|
1,23**
|
1,21**
|
1,17ns
|
1,25ns
|
1,05ns
|
0,96ns
|
0,38***
|
0,51*
|
Ethnie
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
**
|
***
|
***
|
***
|
Mayo-kebbi/Tandjilé
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Ouaddai/Baguirmi
|
1,19ns
|
0,72ns
|
0,68*
|
0,27***
|
0,24***
|
0,24***
|
0,55ns
|
0,21***
|
Hadjarai-Iro
|
|
1,53***
|
0,99ns
|
0,93ns
|
0,63*
|
0,57**
|
0,58**
|
0,70ns
|
0,69ns
|
Sara
|
1,76***
|
1,86***
|
1,77***
|
1,35
|
1,40*
|
1,41*
|
3,15***
|
4,32***
|
Arabe/Peul
|
1,98***
|
1,21ns
|
1,12ns
|
0,81ns
|
0,69
|
0,71ns
|
0,58ns
|
0,68ns
|
Gourane/Kanembou
|
1,85***
|
1,13ns
|
1,07ns
|
0,85ns
|
0,78ns
|
0,91ns
|
0,66ns
|
0,72ns
|
Autres
|
3,80***
|
1,55***
|
2,43***
|
1,52ns
|
1,17ns
|
1,20ns
|
1,62ns
|
1,56ns
|
Religion
|
|
***
|
***
|
***
|
|
***
|
ns
|
ns
|
Catholique
|
0,51***
|
0,63***
|
0,53***
|
0,63*
|
0,61*
|
1,33ns
|
1,05ns
|
Protestant
|
0,39***
|
0,48***
|
0,36ns
|
0,44***
|
0,44***
|
1,26ns
|
0,77ns
|
Musulman
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Exposition aux médias
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
ns
|
ns
|
Faible exposition
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Exposition moyenne
|
1,87***
|
1,72***
|
1,97***
|
1,98***
|
1,14ns
|
0,88ns
|
Bonne exposition
|
0,78*
|
0,66**
|
1,01ns
|
1,09ns
|
1,10ns
|
1,06**
|
Age
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
15-19 ans
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
20-24 ans
|
|
13,17***
|
13,42***
|
13,12***
|
3,79***
|
3,74***
|
Niveau d'instruction
|
|
***
|
***
|
ns
|
ns
|
Sans niveau
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Primaire
|
0,495***
|
0,50***
|
0,92ns
|
0,72ns
|
Secondaire et +
|
0,313***
|
0,32***
|
0,89ns
|
1,20ns
|
Activité économique
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
Sans emploi
|
0,71ns
|
0,63ns
|
0,87ns
|
Travail salarié
|
0,97ns
|
1,05ns
|
0,80ns
|
Travail non salarié
|
|
Réf
|
Réf
|
Statut matrimonial
|
***
|
***
|
Jamais marié
|
0,01***
|
0,01***
|
Vécu maritalement
|
Réf
|
Réf
|
Niveau de vie
|
|
**
|
Faible
|
1,89**
|
Moyen
|
Réf
|
Elevé
|
1,71ns
|
Valeur du chi2
|
|
19,05
|
27,86
|
28,6
|
30,58
|
30,59
|
39,46
|
38,37
|
56,36
|
677,29
|
significativité du chi2
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Pseudo R-deux
|
|
0,0071
|
0,0104
|
0,0105
|
0,0115
|
0,0115
|
0,0148
|
0,0206
|
0,0211
|
0,2576
|
(*) significative au seuil de 10% ; (**) Significative au seuil
de 5%; (***) Significative au seuil de 1%
|
Source : exploitation des données de l'EDST-2 (2004)
Chez les jeunes de sexe masculin Déterminants
individuels
Les déterminants individuels de sexualité des
jeunes de sexe masculin sont l'âge, le niveau d'instruction, le statut
matrimonial et l'activité économique (Tableau 3).
Comme chez les jeunes filles, les garçons
âgés de 20-24 ans ont toutes choses égales par ailleurs 2,6
fois plus de risque de connaître le rapport sexuel que ceux
âgés de 15-19 ans. Le niveau d'instruction influence
également l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes garçons
au Tchad. Les jeunes garçons de niveau primaire ont 46% moins de risque
de connaître le rapport sexuel que ceux de niveau secondaire et plus.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les jeunes de niveau primaire sont
moins exposés au modernisme à cause de leur bas niveau
d'instruction. Pour ce qui est de l'activité économique, on
constate que les jeunes sans emploi ont 47% moins de risque de connaître
le rapport sexuel que leurs congénères travailleurs non
salariés. On peut dire que le fait d'être sans emploi joue en
défaveur des jeunes garçons en matière de
sexualité, car l'emploi offre l'opportunité aux jeunes
garçons de rencontrer plus vite une ou des partenaires. Les jeunes
garçons célibataires ont 55% moins de risque de connaître
les rapports sexuels que leurs semblables qui vivent maritalement.
Déterminants contextuels
D'après le modèle saturé (M10) du tableau
3, la région de résidence, le milieu de résidence et
l'exposition aux médias sont les déterminants contextuels de
début de sexualité chez les jeunes garçons au Tchad.
Il ressort de ces résultats que les jeunes
garçons résidant dans la région du Nord ont toutes choses
égales par ailleurs 40% moins de risque de connaître le rapport
sexuel que leurs semblables de la région du Centre. Toutes choses
égales par ailleurs, les jeunes garçons du milieu rural ont 44%
moins de risque d'entrée très tôt en vie sexuelle que ceux
du milieu urbain. Ce résultat confirme l'idée selon laquelle, les
jeunes du milieu rural sont généralement moins exposés
à la culture occidentale reconnu comme facteur de dépravation des
moeurs en Afrique. Comme chez les filles, les jeunes garçons de bonne
exposition aux médias ont 2,2 fois plus de risque d'entrée
très tôt en vie sexuelle que ceux qui sont faiblement
exposés.
Tableau 3 : Risques relatifs de l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes de sexe masculin
Variables
|
Effets nets
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
M6
|
M7
|
M8
|
M9
|
M10
|
Région de résidence
|
***
|
**
|
**
|
**
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
***
|
Sud
|
1,30ns
|
1,60**
|
1,22ns
|
1,30ns
|
1,13ns
|
1,10ns
|
1,16ns
|
0,94ns
|
1,02ns
|
1,01ns
|
Centre
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Nord
|
0,54***
|
0,83ns
|
0,60**
|
0,52**
|
0,76ns
|
0,86ns
|
0,86ns
|
0,81ns
|
0,61ns
|
0,60***
|
Milieu de résidence
|
|
***
|
***
|
***
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
***
|
**
|
Urbain
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Rural
|
0,54***
|
0,57***
|
0,60***
|
0,88ns
|
0,86ns
|
0,82ns
|
0,64ns
|
0,53***
|
0,56**
|
Ethnie
|
|
*
|
***
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
Mayo-kebbi/Tandjilé
|
1,18ns
|
0,41ns
|
0,71ns
|
0,97ns
|
1,00ns
|
0,67ns
|
0,80ns
|
0,63ns
|
Ouaddai/Baguirmi
|
0,69ns
|
0,37***
|
0,75ns
|
0,93ns
|
0,93ns
|
0,83ns
|
0,63ns
|
0,79ns
|
Hadjarai-Iro
|
1,26ns
|
1,01ns
|
1,28ns
|
1,60ns
|
1,65ns
|
1,48ns
|
0,80ns
|
1,51ns
|
Sara
|
|
1,32ns
|
0,37ns
|
0,88ns
|
1,14ns
|
1,19ns
|
0,80ns
|
1,50ns
|
0,82ns
|
Arabe/Peul
|
0,66*
|
0,46**
|
0,60ns
|
0,71ns
|
0,71ns
|
0,79ns
|
0,79ns
|
0,79ns
|
Gourane/Kanembou
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Autres
|
0,95ns
|
0,48ns
|
0,88ns
|
1,01ns
|
1,04ns
|
0,79ns
|
0,66ns
|
0,65ns
|
Religion
|
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
ns
|
Catholique
|
1,94ns
|
1,75ns
|
1,64ns
|
1,66ns
|
1,91ns
|
1,70ns
|
0,69ns
|
Protestant
|
1,72ns
|
1,34ns
|
1,26ns
|
1,26ns
|
1,41ns
|
1,46ns
|
1,46ns
|
Musulman
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Exposition aux médias
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Faible exposition
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Exposition moyenne
|
1,65**
|
1,48ns
|
1,48ns
|
1,30ns
|
1,39ns
|
1,40ns
|
Bonne exposition
|
3,01***
|
2,50***
|
2,53***
|
2,19***
|
2,15***
|
2,17***
|
Age
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
15-19 ans
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
20-24 ans
|
4,89***
|
4,87***
|
4,28***
|
2,61***
|
2,57***
|
Niveau d'instruction
|
|
ns
|
ns
|
**
|
**
|
Sans niveau
|
1,12ns
|
0,57ns
|
1,54ns
|
0,53ns
|
Primaire
|
0,91ns
|
0,62ns
|
1,53**
|
0,54**
|
Secondaire et +
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Activité économique
|
|
***
|
***
|
***
|
Sans emploi
|
0,27***
|
0,26***
|
0,26***
|
Travail salarié
|
1,03ns
|
0,29ns
|
0,89ns
|
Travail non salarié
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Statut matrimonial
|
|
***
|
***
|
Célibataires
|
0,39***
|
0,45***
|
Vécu maritalement
|
Réf
|
Réf
|
Niveau de vie
|
|
ns
|
Faible
|
0,69ns
|
Moyen
|
Réf
|
Elevé
|
0,92ns
|
Valeur du chi2
|
14,85
|
28,75
|
38,10
|
27,72
|
66,34
|
88,73
|
154,98
|
189,93
|
139,56
|
141,04
|
significativité du chi2
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Pseudo R-deux
|
0,0156
|
0,0293
|
0,0389
|
0,0420
|
0,0681
|
0,1584
|
0,1591
|
0,1958
|
0,1650
|
0,1663
|
(*) significative au seuil de 10% ; (**) Significative au seuil
de 5%; (***) Significative au seuil de 1%
|
Source : exploitation des données de l'EDST-2 (2004)
Ainsi, le gouvernement doit renforcer l'éducation des
jeunes, et particulièrement en matière de la sexualité.
Celle-ci doit passer par les médias, et à travers la
sensibilisation. Les
Discussion et conclusion
En définitif, il faut souligner que l'objectif de cette
étude est de rechercher les déterminants individuels et
contextuels de l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes au Tchad. Les
résultats de la méthode descriptive (Tableaux croisés) ont
permis de décrire les caractéristiques des jeunes par sexe.
Ensuite, les modèles saturés (M10) de la régression
logistique des tableau 2 et 3 nous ont permis de ressortir cinq facteurs
individuels qui déterminent l'entrée en vie sexuelle des jeunes,
à savoir l'âge, le niveau d'instruction, le statut matrimonial, le
niveau de vie et l'activité économique. Tandis que quatre
variables sont lées au contexte : la région et le milieu de
résidence, l'exposition aux médias et l'ethnie.
En comparaison, on peut dire que les facteurs individuels tels
que l'âge et le statut matrimonial influencent l'entrée en vie
sexuelle chez les jeunes quelque soit le sexe. La tranche d'âge 15-19 ans
(Tranche d'âge ayant moins de risque de connaître le rapport
sexuel) est celle là même qui regroupe plus de
célibataires. Au Tchad, comme dans la plupart des pays de l'Afrique
subsaharienne, le cadre éducatif est fait de telle sorte que la plupart
des jeunes connaissent leur expérience sexuelle dans le mariage ; ce qui
limite la liberté sexuelle, particulièrement chez les jeunes de
sexe féminin. Ces résultats s'opposent partiellement à
ceux obtenus par RWENGE (2004) sur la sexualité des jeunes à
Bafoussam et Mbalmayo où les jeunes garçons doivent être
sexuellement expérimenté avant le mariage, et seules les filles
doivent rester vierge. Outre ces facteurs individuels communs aux deux sexes,
il y a la variable niveau de vie qui détermine l'entrée en vie
sexuelle des jeunes filles, tandis que les variables niveau d'instruction et
l'activité économique déterminent celle des hommes. Ces
résultats viennent appuyer l'approche économique
prônée par MOLOUA (2004) selon laquelle les jeunes filles sont
attirées par l'intérêt personnel, ce qui les pousse dans
les vagabondages sexuels. La pauvreté des ménages au Tchad
pourrait expliquer cette propension des filles à débuter
précocement l'activité sexuelle. Par contre, cette situation joue
en défaveur des jeunes garçons, parce que le manque de moyen
limite leur aventure dans la sexualité.
Quelque soit le sexe, l'exposition aux médias influence
l'entrée des jeunes en vie sexuelle. Les jeunes grandement
exposés aux médias connaissent rapidement le rapport sexuel du
fait de leur contact avec le monde extérieur, et particulièrement
celui de l'occident. Dans le contexte tchadien, en milieu rural, et
particulièrement au Nord du pays la sexualité est un acte
sacré qui se pratique dans le mariage, contrairement aux jeunes du
milieu urbain qui connaissent très tôt les rapports sexuels,
même hors mariage.
En conclusion, il faut noter que les résultats de nos
analyses ont confirmé certaines de nos hypothèses émises
pour l'étude. L'hypothèse H1 selon laquelle les jeunes ayant un
niveau d'instruction primaire et sans niveau ont moins de risque de
connaître le rapport sexuel a été confirmée. De
même, il a été confirmé que le milieu de
résidence influence l'entrée en vie sexuelle chez les jeunes au
Tchad, car les jeunes du milieu urbain connaissent très tôt le
phénomène (H3). Cependant la religion n'est pas un
déterminant de l'entrée en vie sexuelle au Tchad (H2).
décideurs doivent doter les régions des centres
d'accueil et d'orientation des jeunes en matière de santé
sexuelle et reproductive pour permettre aux jeunes de faire une
sexualité responsable. Enfin, la question de sexualité des jeunes
doit faire l'objet des enquêtes spécifiques pour permettre aux
chercheurs de mener des études sur la question.
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