INTRODUCTION
Les forêts tropicales, qui couvrent près de 2
milliards d'ha de la surface du globe (dont 20 % se situent dans le bassin du
Congo), offrent potentiellement d'extraordinaires possibilités de
contribuer à l'atténuation des changements climatiques et
à la mise en place de mesures d'adaptation. La déforestation et
la dégradation des forêts causent actuellement 17,3 % des
émissions mondiales de gaz à effet de serre (Denman et
al., 2007).
Adopté en 1997, le Protocole de Kyoto fixe des
objectifs légalement contraignants concernant la réduction des
émissions de gaz à effet de serre pour les pays signataires. Ce
protocole ne s'applique cependant qu'aux pays industrialisés ou à
ceux en voie de l'être, pays repris à l'annexe B du Protocole de
Kyoto. La finalité principale est d'atteindre une émission en
2012 inférieure de 5,2% par rapport au niveau de 1992.
Pour compléter ces engagements, ce protocole
prévoit 3 mécanismes: un mécanisme de marché et
deux mécanismes de projet. Le mécanisme de marché
crée un marché international d'échange de quotas entre
pays repris à l'annexe B. Les mécanismes de projet sont la Mise
en Oeuvre Conjointe (MOC) et le Mécanisme de Développement Propre
(MDP). Ces deux derniers mécanismes permettent d'élever les
actions à une plus grande échelle afin de ne pas cloitrer les
efforts concernant un phénomène global (Jans et de Sadeleer,
2011).
D'un point de vue concret, chaque pays concerné s'est
vu attribué une quantité d'UQA (Unité de Quantité
Attribuée, ce qui correspond à 1 tonne de CO2 pouvant être
émise) encore appelée quota d'émission.
Beauregard (2009) ajoute que dans le Mécanisme de
Développement Propre (MDP), on reconnaît et paie des
crédits de carbone pour l'utilisation du bois afin de produire de
l'énergie et substituer des combustibles fossiles; on reconnaît et
paie des crédits de carbone pour l'utilisation du bois dans la
construction en bois en vue de substituer le béton et l'acier; on
reconnaît également et paie des crédits de carbone pour
l'afforestation. Ainsi les puits de carbone terrestres sont éligibles en
tant que MDP.
C'est dans ce contexte que s'inscrit le concept Puits de
Carbone Ibi-Batéké (PCI-B en sigle), concept mis en oeuvre
à l'ouest de la République Démocratique du Congo (RDC) sur
le plateau des Batéké à environ 140 km de la ville
province de Kinshasa. Le Puits de Carbone d'Ibi est un projet
expérimental visant à planter les essences afin d'absorber le
dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique en vue de lutter contre le
changement climatique mais tout en mettant en valeur les essences locales de la
région.
En parallèle du puits de carbone, ces essences sont
utilisées comme jachère forestière et utilisées
comme tel, elles permettent de tripler le rendement en manioc, qui est à
la base du régime alimentaire des populations locales. Ce type
d'afforestation mixte (puits de carbone et jachère boisée) sur le
Plateau des Batékés est donc un procédé
bénéfique localement, mais aussi au niveau mondial. Il devrait
inspirer d'autres projets allant dans le même sens.
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Pégoff (2008) souligne qu'il demeure cependant des
incertitudes quant à la réponse des écosystèmes
terrestres à l'augmentation de la concentration en CO2
atmosphérique. Il n'existe pas de méthode standard jouissant d'un
consensus au sein de la communauté scientifique pour quantifier les flux
de carbone dans ces écosystèmes. Mais, on peut affirmer sans trop
de craintes que ce sont les écosystèmes tropicaux qui stockent le
plus de carbone dans leur biomasse végétative alors que la
biomasse dans le sol est abondante dans les écosystèmes
tempérés. Il est donc d'autant plus pertinent d'envisager la
création de puits de carbone dans les régions tropicales.
Un essai de provenances a été
étudié sur le site PROVACO (Provenances d'Acacias
océaniens) à Ibi depuis 2007 et lequel essai concernait 92
provenances océaniennes des espèces d'Acacia
auriculiformis, A. mangium et A. crassicarpa afin de
déterminer quelle provenance accumulerait le plus de biomasse et donc
serait la plus performante en tant que puits de carbone.
Pégoff (2008) affirme qu'après 7 ans, un
individu moyen d'A. auriculiformis pourrait accumuler près de
100 kg de carbone et qui représenteront près de 10 tonnes par
hectare. Parmi les trois espèces étudiées, A.
auriculiformis a montré les moins bonnes performances en termes de
hauteur et de diamètre. Le potentiel de stockage de carbone dans la
biomasse sur pied de A. crassicarpa et A. mangium devrait
donc être encore plus important selon le même auteur.
Dans ce travail, nous nous sommes intéressés
à étudier la croissance des arbres d'élites et
évaluer la quantité de carbone séquestré, dans la
chronoséquence, par l'arbre moyen des 24 provenances d'Acacia
crassicarpa introduites au Provaco à Ibi et l'hypothèse sur
laquelle est fondée ce travail est, une plantation d'Acacia
crassicarpa serait un puissant puits de carbone grâce à sa
bonne croissance et à la quantité de biomasse qu'elle produit.
Le présent travail poursuit les objectifs suivants:
- Etudier la croissance des élites par les facteurs
dendrométriques ;
- Déterminer les meilleures provenances des élites
d'Acacia crassicarpa sur arénosols ; - Evaluer la
quantité de carbone séquestré par l'arbre moyen dans la
chronoséquence.
La présente étude contribue à la
connaissance de différentes méthodes d'évaluation de la
quantité de carbone séquestré par nos forêts qui
étaient, jadis, supposées à tort comme forêts
climaciques avec une séquestration nulle en 2009 à Copenhague. En
bref, si nous connaissons estimer la quantité de carbone qu'un arbre
peut séquestrer, nos forêts peuvent permettre à augmenter
l'économie nationale grâce au quota-carbone du protocole de
Kyoto.
Outre l'introduction et la conclusion le présent
travail comprend cinq chapitres dont le premier traitera sur la revue de la
littérature, le deuxième présentera le milieu
d'étude, le troisième portera sur les matériels et
méthodes, le quatrième présente les résultats et
enfin le cinquième abordera la discussion des résultats.
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