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Etude de la croissance des arbres d'élites et évaluation du stock de carbone séquestré dans une chrono séquence d'acacia crassicarpa au Puits Carbone Ibi-Batéké, en RDC.

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par Patrick MUDERHWA MUTABESHA
Université de Kinshasa, RDC - Diplôme d'ingénieur en gestion des ressources naturelles 2011
  

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INTRODUCTION

Les forêts tropicales, qui couvrent près de 2 milliards d'ha de la surface du globe (dont 20 % se situent dans le bassin du Congo), offrent potentiellement d'extraordinaires possibilités de contribuer à l'atténuation des changements climatiques et à la mise en place de mesures d'adaptation. La déforestation et la dégradation des forêts causent actuellement 17,3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Denman et al., 2007).

Adopté en 1997, le Protocole de Kyoto fixe des objectifs légalement contraignants concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays signataires. Ce protocole ne s'applique cependant qu'aux pays industrialisés ou à ceux en voie de l'être, pays repris à l'annexe B du Protocole de Kyoto. La finalité principale est d'atteindre une émission en 2012 inférieure de 5,2% par rapport au niveau de 1992.

Pour compléter ces engagements, ce protocole prévoit 3 mécanismes: un mécanisme de marché et deux mécanismes de projet. Le mécanisme de marché crée un marché international d'échange de quotas entre pays repris à l'annexe B. Les mécanismes de projet sont la Mise en Oeuvre Conjointe (MOC) et le Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ces deux derniers mécanismes permettent d'élever les actions à une plus grande échelle afin de ne pas cloitrer les efforts concernant un phénomène global (Jans et de Sadeleer, 2011).

D'un point de vue concret, chaque pays concerné s'est vu attribué une quantité d'UQA (Unité de Quantité Attribuée, ce qui correspond à 1 tonne de CO2 pouvant être émise) encore appelée quota d'émission.

Beauregard (2009) ajoute que dans le Mécanisme de Développement Propre (MDP), on reconnaît et paie des crédits de carbone pour l'utilisation du bois afin de produire de l'énergie et substituer des combustibles fossiles; on reconnaît et paie des crédits de carbone pour l'utilisation du bois dans la construction en bois en vue de substituer le béton et l'acier; on reconnaît également et paie des crédits de carbone pour l'afforestation. Ainsi les puits de carbone terrestres sont éligibles en tant que MDP.

C'est dans ce contexte que s'inscrit le concept Puits de Carbone Ibi-Batéké (PCI-B en sigle), concept mis en oeuvre à l'ouest de la République Démocratique du Congo (RDC) sur le plateau des Batéké à environ 140 km de la ville province de Kinshasa. Le Puits de Carbone d'Ibi est un projet expérimental visant à planter les essences afin d'absorber le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique en vue de lutter contre le changement climatique mais tout en mettant en valeur les essences locales de la région.

En parallèle du puits de carbone, ces essences sont utilisées comme jachère forestière et utilisées comme tel, elles permettent de tripler le rendement en manioc, qui est à la base du régime alimentaire des populations locales. Ce type d'afforestation mixte (puits de carbone et jachère boisée) sur le Plateau des Batékés est donc un procédé bénéfique localement, mais aussi au niveau mondial. Il devrait inspirer d'autres projets allant dans le même sens.

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Pégoff (2008) souligne qu'il demeure cependant des incertitudes quant à la réponse des écosystèmes terrestres à l'augmentation de la concentration en CO2 atmosphérique. Il n'existe pas de méthode standard jouissant d'un consensus au sein de la communauté scientifique pour quantifier les flux de carbone dans ces écosystèmes. Mais, on peut affirmer sans trop de craintes que ce sont les écosystèmes tropicaux qui stockent le plus de carbone dans leur biomasse végétative alors que la biomasse dans le sol est abondante dans les écosystèmes tempérés. Il est donc d'autant plus pertinent d'envisager la création de puits de carbone dans les régions tropicales.

Un essai de provenances a été étudié sur le site PROVACO (Provenances d'Acacias océaniens) à Ibi depuis 2007 et lequel essai concernait 92 provenances océaniennes des espèces d'Acacia auriculiformis, A. mangium et A. crassicarpa afin de déterminer quelle provenance accumulerait le plus de biomasse et donc serait la plus performante en tant que puits de carbone.

Pégoff (2008) affirme qu'après 7 ans, un individu moyen d'A. auriculiformis pourrait accumuler près de 100 kg de carbone et qui représenteront près de 10 tonnes par hectare. Parmi les trois espèces étudiées, A. auriculiformis a montré les moins bonnes performances en termes de hauteur et de diamètre. Le potentiel de stockage de carbone dans la biomasse sur pied de A. crassicarpa et A. mangium devrait donc être encore plus important selon le même auteur.

Dans ce travail, nous nous sommes intéressés à étudier la croissance des arbres d'élites et évaluer la quantité de carbone séquestré, dans la chronoséquence, par l'arbre moyen des 24 provenances d'Acacia crassicarpa introduites au Provaco à Ibi et l'hypothèse sur laquelle est fondée ce travail est, une plantation d'Acacia crassicarpa serait un puissant puits de carbone grâce à sa bonne croissance et à la quantité de biomasse qu'elle produit.

Le présent travail poursuit les objectifs suivants:

- Etudier la croissance des élites par les facteurs dendrométriques ;

- Déterminer les meilleures provenances des élites d'Acacia crassicarpa sur arénosols ; - Evaluer la quantité de carbone séquestré par l'arbre moyen dans la chronoséquence.

La présente étude contribue à la connaissance de différentes méthodes d'évaluation de la quantité de carbone séquestré par nos forêts qui étaient, jadis, supposées à tort comme forêts climaciques avec une séquestration nulle en 2009 à Copenhague. En bref, si nous connaissons estimer la quantité de carbone qu'un arbre peut séquestrer, nos forêts peuvent permettre à augmenter l'économie nationale grâce au quota-carbone du protocole de Kyoto.

Outre l'introduction et la conclusion le présent travail comprend cinq chapitres dont le premier traitera sur la revue de la littérature, le deuxième présentera le milieu d'étude, le troisième portera sur les matériels et méthodes, le quatrième présente les résultats et enfin le cinquième abordera la discussion des résultats.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote