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Année académique :
2012-2013
REPUBLIQUE DU NIGER
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS MOYEN ET SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY
FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT
DE SOCIOLOGIE
|
|

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(Option : Sociologie de la santé)
THEME :
Approche sociologique de la prise en charge de
la drépanocytose par le centre de référence
de
Niamey
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Présenté par: Sous la
direction:
SUCHET L. LOUIS Dr MOUSSA Hadiza,
Karl Rachid Maître-Assistante
Source : INS, le Niger en chiffres
(2011).
Photo de couverture :
Page j
SOMMAIRE:
DEDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
LISTE DES SIGLES ETABREVIATIONS iv
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vii
GLOSSAIRE . ix
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : CADRES METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE
4
CHAPITRE I : CONSTRUCTION THEORIQUE DE L'OBJET D'ETUDE ....
5
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE DE L'ETUDE 22
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET DU
CNRD
28
DEUXIEME PARTIE : LA PRISE EN CHARGE DE LA
DREPANOCYTOSE
39
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION CIBLE
39
CHAPITRE V : FREQUENTATION ET MODALITES D'ACCES AU CNRD
47
CHAPITRE VI : INTERACTIONS AUTOUR DE LA PRISE EN
CHARGE
DE LA DREPANOCYTOSE 57
CHAPITRE VII : PERCEPTIONS DE LA DREPANOCYTOSE PAR
LA
POPULATION 61
CONCLUSION 73
DEDICACES
A
« Notre père Dr SUCHET L. Louis
»
« Notre mère Absatou AMADOU DANZABARMA
»
Pour toutes ces années de sacrifices et de
patience.
Je vous dédie ce mémoire.
Page ii
Je vous aime beaucoup!!!
Page iii
REMERCIEMENT:
Ce travail doit à un grand nombre de personnes ayant
contribué de près ou de loin à sa réalisation. Nos
remerciements vont à :
? Dr MOUSSA Hadiza, qui a accepté volontiers
l'encadrement scientifique de ce travail et pour nous avoir guidé avec
habilité à la découverte du monde scientifique, celui de
la recherche. La forme et le contenu de ce document doivent beaucoup à
vos multiples apports, à votre sens de vouloir toujours mieux faire les
choses, à votre rigueur scientifique et à votre dynamisme.
Qu'Allah le Tout puissant vous bénisse !
? A tous les enseignants chercheurs du département de
sociologie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines qui ont
contribué à notre formation. Qu'ils trouvent ici notre gratitude
!
? Dr BEIDARI Ali, directeur du CNRD pour son appui inestimable
dans nos travaux de recherche. Docteur recevez ici toute notre gratitude !
? Mme DOURAMANE Astou, Epidémiologiste au centre
national de référence de la drépanocytose pour son aide
précieuse au cours de la collecte des données sur le terrain ;
? Toute l'Equipe du CNRD de Niamey pour son assistance et sa
participation au déroulement des activités de ce travail sur le
terrain ;
? Notre grand frère, Mr MAMANE DJACKOU Aboubacar et
toute sa famille qui ont bien voulu nous soutenir tout au long de ce travail,
grand frère recevez ici nos sincères remerciements ;
? Notre tante Mme MAAZOU Hadjara, pour son appui en documentation
; ? HASSANE KOUKOU Saratou, pour tout son soutien moral ;
? YOUNSA HAROUNA Hassane, au département de
Géographie et l'Aménagement de l'Espace de l'Institut de
Recherche en Sciences Humaines,
Page iv
pour tout son soutien technique dans la collecte des
données, ainsi que tout le staff ;
? Nos amis NOUFOU Touré Souleymane, KANDA Idrissa
Moustapha pour leur appui moral et matériel dans l'élaboration de
ce document, que Dieu
raffermisse nos liens ;
? A toute notre famille, qu'ALLAH nous unisse davantage ;
Enfin à tous ceux qui n'ont pas pu être
cités (Parents, Amis et Connaissances) et qui ont contribué,
d'une façon ou d'une autre, à la réalisation de ce
travail. Qu'ils trouvent tous l'expression de notre reconnaissance.
Page v
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS:
AGR : Activités
génératrices de revenus
ALDN : Association de Lutte contre la
Drépanocytose au Niger
AMADE : Association des Amis de l'Enfance
ASCN : Appelés du Service Civique
National
CCFN : Centre Culturel Franco-Nigérien
CES : Club des Etudiants en Sociologie
CNRD : Centre National de
Référence de la Drépanocytose
CUN : Communauté Urbaine de Niamey
DG : Directeur Général
ENSP : Ecole Nationale de Santé
Publique
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
Hb : Hémoglobine
HNN : Hôpital National de Niamey
INS : Institut National de la Statistique
IRSH : Institut de Recherche en Sciences
Humaines
LASDEL : Laboratoire d'Etudes et de Recherches
sur les Dynamiques Sociales et le
Développement Local
MSP : Ministère de la Santé
Publique OAS : Organisation Africaine de la Santé
ONG : Organisation non Gouvernementale
PCA : Président de Conseil d'Administration PEC
: Prise En Charge
PRN : Présidence de la République
du Niger RDV : Rendez-vous
SNIS : Système National d'Information
Sanitaire UAM : Université Abdou Moumouni
Page vi
Page vii
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES:
I. Tableaux:
Tableau N° 1 : Estimation de l'évolution
démographique de la ville de Niamey 30
Tableau N° 2 : Répartition des enquêtés
selon l'âge 38
Tableau N° 3 : Répartition des enquêtés
selon le sexe 39
Tableau N° 4 : Répartition des parents
enquêtés selon leur situation matrimoniale 40
Tableau N° 5 : Répartition des parents
enquêtés selon la profession croisée au niveau
d'instruction 41
Tableau N° 6 : Répartition des enquêtés
selon le nombre d'enfant 42
Tableau N° 7 : Nombre d'enfants drépanocytaires 43
Tableau N° 8 : Nombre d'enfants ayant
fréquenté le CNRD 44
Tableau N° 9 : Circonstances d'admission au CNRD 45
Tableau N° 10 : Perceptions des critères d'admission
46
Tableau N° 11 : Perceptions de l'état de santé
suite à l'admission au CNRD 47
Tableau N° 12: Connaissance de l'Association de lutte contre
la drépanocytose 48
Tableau N° 13: Modalités d'accès au centre
49
Tableau N° 14: Moyen de transport utilisé pour se
rendre au centre 60
Tableau N° 15 : Répartition des enquêtés
selon leur appréciation du coût des
médicaments 61
Tableau N° 16: Répartition
des enquêtés selon la raison principale de la maladie de
leurs enfants 63
Tableau N° 17 : Répartition selon
le degré d'implication du conjoint relativement à la
santé des enfants 65
Tableau N° 18: Attitudes des enfants drépanocytaires
en cas de crise 66
Tableau N° 19 : Répartition des enquêtés
selon leurs comportements lors des
admissions au CNRD 67
Tableau N° 20 : Appréciations du comportement des
agents 68
Tableau N° 21: Appréciations du traitement de faveur
dans la PEC 69
Page viii
II. Graphiques:
Graphique 1: Perceptions de la santé des enfants
drépanocytaires 58
Graphique 2: Perceptions de la durée de la maladie
59
Graphique 3: Répartition des enquêtés
selon la connaissance de la maladie par leur
famille 64
Page ix
GLOSSAIRE :
L'encyclopédie médicale (2012), définit
les termes et sigles suivants :
· Anémie :
L'anémie (du privatif «an»- et du
grec ancien «haimos», « sang ») est une anomalie
de l'hémogramme caractérisée par une diminution de la
concentration en hémoglobine intra-érythrocytaire (et quelques
fois par le manque d'érythrocytes ou globules rouges). Ce manque
entraîne un mauvais transport du dioxygène par le sang. Elle est
diagnostiquée par la numération formule sanguine, un examen
effectué sur une prise de sang. L'anémie serait donc la
diminution pathologique du nombre de globules rouges ou du taux
d'hémoglobine dans le sang.
· Les crises drépanocytaires :
Ce sont les accidents aigus douloureux qui émaillent
la vie du drépanocytaire. Elles sont souvent révélatrices
de la maladie. Leurs fréquences et leur importance varient d'un malade
à l'autre. Ces crises sont dues à des phénomènes
vaso-occlusifs. Les douleurs peuvent siéger à plusieurs endroits
mais ce sont les douleurs ostéoarticulaires et abdominales qui sont plus
fréquentes. Les facteurs déclenchants sont : infection,
paludisme, humidité, froid, surmenage, situation d'hypoxie,
déshydratation, acidose, effort physique intense, etc.
· HbA : Hémoglobine normale de
l'homme avec 2 chaînes á et f3.
· HbC : Hémoglobine anormal
caractérisée par la substitution sur la chaine f3 de la lysine
à l'acide glutamique 6.
· HbS : Hémoglobine anormal
dû à la substitution sur la chaine f3 de la valine à
l'acide glutamique 6.
· Hémoglobine :
L'hémoglobine est une protéine de structure
quaternaire, dont la principale fonction est le transport du dioxygène
dans l'organisme humain et chez les autres vertébrés.
L'hémoglobine se trouve essentiellement à l'intérieur des
globules rouges
Page x
du sang (13,5 à 17 ,5 gr/dl chez l'homme et 12,5
à 15,5 gr/dl chez la femme de sang d'hémoglobine) ce qui leur
confère leur couleur rouge.
L'hémoglobine humaine est constituée de
quatre(4) chaînes identiques deux à deux : deux chaînes
«á» de 141 acides aminés chacune et de
deux chaînes «â» de 146 acides
aminés chacune (ce qui donne un total de 574 acides aminés pour
l'hémoglobine). Chacune de ces chaînes est associées
à un groupement prosthétique : l'hème ; le nom
d'hémoglobine provient de deux mots : hème et
globine. On la symbolise par « Hb ».
? Homozygote :
Un individu est homozygote pour un gène quand il
possède deux allèles identiques de ce gène.
? Hétérozygote :
Un organisme est hétérozygote pour un
gène quand il possède deux allèles différents de ce
gène sur un même locus pour chacun de ses homologues.
Par exemple, une plante à fleurs rouges croisée
avec une plante à fleurs blanches donnera une plante à fleurs
roses.
Page 1
INTRODUCTION
La drépanocytose est la première maladie
génétique au monde avec plus de 500 millions de porteurs. Au
Niger, 22% de la population soit 2 millions de personnes sont atteintes de
cette maladie qui entraine de terribles souffrances. Maladie de
l'hémoglobine, la drépanocytose se traduit par une
déformation des globules rouges qui prennent une forme de croissant ou
de faucille en situation de baisse de la pression en oxygène (OMS,
2011). Selon ZOHOUN, I et al. 1987 :73 «...500.000 personnes
décèdent chaque année de cette maladie au monde et en
Afrique, on évalue à 300.000 le nombre de naissances annuelles
d'enfants drépanocytaires majeurs dont 50% de ces sujets porteurs
n'atteindront pas leur 5ièmeannée ».
Le Niger est un pays caractérisé par une
pauvreté profonde et généralisée à tous les
niveaux. Selon le rapport annuel établi par le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD : 2011), le Niger est classé
dernier et donc le plus pauvre à partir de son Indice du
Développement Humain (IDH)1. Cette pauvreté touche en
effet plus de la moitié de la population. Aussi, en 2011, 59,5% de la
population vivent en dessous du seuil de la pauvreté c'est-à-dire
dépensent moins d'un dollar par jour. En milieu rural comme en milieu
urbain les femmes sont particulièrement les plus touchées par
cette situation créant du coup une dépendance vis-à-vis de
leurs époux au plan socio-économique.
Ainsi, la pauvreté est un handicap important dans la
prise en charge de cette maladie, seulement 9% des parents de
drépanocytaires ont un revenu suffisant leur permettant d'accéder
aux soins. En l'absence de traitement, l'espérance de vie est
inférieure à 20 ans (INS, 2011).
L'Etat nigérien s'est fixé pour objectif
d'oeuvrer significativement à l'amélioration du système de
santé des populations et cela dans l'optique du développement
sanitaire 2011-2015. En effet, le Niger a créé en 2009 un centre
national de référence de lutte contre la drépanocytose. La
création de ce centre en 2009
1Source : Rapport OMS 2011.
Page 2
est le fruit d'un partenariat entre l'Etat du Niger et la
coopération de la principauté de Monaco qui a fait de la lutte
contre la drépanocytose, une maladie négligée
stigmatisante, un axe fort de sa coopération dans le domaine de la
santé.
Une crise drépanocytaire nécessite une prise en
charge urgente et le personnel de l'hôpital national est insuffisant pour
assurer immédiatement cette prise en charge. C'est pourquoi, ce centre
est considéré par la population comme une bouffée
d'oxygène tant pour les drépanocytaires que pour leurs
parents.
L'objectif principal visé dans ce travail est de
porter un regard sociologique sur la prise en charge de la drépanocytose
par le CNRD de Niamey.
Afin de mieux organiser le travail, l'étude s'articule
autour de deux parties qui elles-mêmes, se subdivisent en chapitres :
La première partie de l'étude traite des
aspects théoriques, de la présentation du cadre physique et
comprend trois (3) chapitres :
·
· Chapitre I : Construction théorique
de l'objet de l'étude ;
·
· Chapitre II : Cadre
pratique de l'étude ;
·
· Chapitre III : Présentation de la
zone et du milieu d'étude ;
La deuxième partie quant à elle traite de la
prise en charge de la drépanocytose par le CNRD et se subdivise en
quatre (4) chapitres :
·
· Chapitre IV : Caractéristiques de la
population cible ;
·
· Chapitre V : Fréquentation et
modalité d'accès au CNRD ;
·
· Chapitre VI : Interactions autour de la
prise en charge de la drépanocytose ;
·
· Chapitre VII
: Perceptions de la drépanocytose par les populations.
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CADRES MéTHODOLOGIQUE
PREMIèRE PARTIE :
ET PHYSIQUE
Page 3
Page 4
PREMIERE PARTIE: CADRES METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE
C'est une partie en trois (3) chapitres qui traite de
l'ensemble des éléments théoriques pris en compte pour
aborder la question essentielle de l'étude. Ce sont : la construction
théorique de l'objet d'étude, le cadre pratique de l'étude
et enfin la présentation de la zone et du milieu d'étude.
? Le premier chapitre donne des détails sur la
construction théorique de l'objet d'étude dans laquelle seront
abordés la justification du choix d'étude, la revue de
littérature, la problématique, les objectifs et les
hypothèses de la recherche sans oublier le modèle d'analyse.
? Le deuxième chapitre, quant à lui, traite des
méthodes, techniques et outils utilisés pour collecter l'ensemble
des informations nécessaires à l'élaboration du travail
ainsi que les difficultés méthodologiques rencontrées.
? Le troisième et dernier chapitre de cette
première partie fera une brève présentation de la ville de
Niamey qui est la zone d'étude mais aussi la
présentation de centre national de
référence de la drépanocytose (CNRD).
Page 5
CHAPITRE I : CONSTRUCTION THEORIQUE DE L'OBJET
D'ETUDE
Ce chapitre comporte les raisons de choix du sujet, la
définition des concepts fondamentaux, la revue de la littérature,
la problématique, les hypothèses, les objectifs de recherche, le
modèle d'analyse choisi.
1.1 Justification du choix d'étude
Le sujet traite de la drépanocytose, notamment le volet
prise en charge. C'est pourquoi le choix du sujet de cette étude est
motivé par deux types de raisons : les raisons objectives et celles
subjectives.
- Raisons objectives :
Le problème de la drépanocytose demeure une
réalité au Niger. Elle est la maladie génétique qui
fait le plus de victimes au monde ; sévissant aussi bien en milieu rural
qu'en milieu urbain. Malgré l'intervention de l'Etat, des ONG et
partenaires, beaucoup reste à faire car la maladie ne fait que prendre
une ampleur inestimable. (MSP, 2010)2.
Au cours de nos recherches documentaires, nous avons
constaté que peu d'études ont été menées au
Niger sur la prise en charge d'un point de vue social ou psychosocial de la
drépanocytose. C'est pour toutes ces raisons que nous nous sommes
intéressé à l'exploration de ce phénomène,
qui est un problème de santé publique au Niger.
Il s'agit pour nous d'élargir la réflexion
autour de la question qui ne manque pas d'intérêt scientifique.
Pour ce faire nous privilégions une approche essentiellement
sociologique afin de mieux comprendre les différentes interventions dans
le cadre de la prise en charge de la drépanocytose.
- Raisons subjectives :
Un de nos neveux âgé de dix-sept (17) ans, est
décédé en 2010 de la drépanocytose; et avant sa
mort, sa famille avait enduré des multiples souffrances tout
2 Rapport 2010 du ministère de la santé
publique (MSP).
Page 6
au long de sa maladie à travers les insomnies à
répétition, les files d'attente dans les hôpitaux, l'achat
de médicaments trop coûteux, etc.
En effet, la conséquence immédiate de tous ces
facteurs conduisent le drépanocytaire à l'isolement social. Cet
isolement est dû à la douleur invalidante où le
drépanocytaire est affecté à chaque niveau de son
insertion familiale, scolaire ou professionnelle.
1.2 Définition des concepts
Pour mieux cerner notre sujet d'étude, il est
nécessaire de définir les principaux concepts qu'il porte. Il ne
s'agit pas d'une simple définition mais une construction afin de rendre
intelligible le phénomène étudié (QUIVY R. et
CAMPENHOUDT L.V. 2000). En effet, les concepts ci-après sont retenus :
Etiquetage, Handicap, Identité, Interactions, Prise en charge,
Stigmate, Stigmatisation, et Tare.
1.2.1 Etiquetage
Le comportement déviant est ce que les gens
étiquettent comme tel ; le déviant est celui à qui on a
réussi à coller cette étiquette. Pour BECKER, H.S (1985:
33) « La déviance n'est pas une qualité de l'acte
commis, mais plutôt une conséquence de l'application, par les
autres, de normes et de sanctions à un «transgresseur». Le
déviant est celui auquel cette étiquette a été
appliquée avec succès et le comportement déviant est celui
auquel la collectivité attache cette étiquette ».
BECKER, H. S. (1985) résume la théorie de
l'étiquetage à travers son célèbre ouvrage
«Outsiders». Il définit cette
théorie comme « Toutes les représentations de la
réalité sont socialement construites et que, dès lors,
toute interaction humaine est déterminée par les
représentations mutuelles des interactants », d'où le
terme d' « interactionnisme symbolique » auquel se rattache
la théorie de l'étiquetage.
Selon, l'auteur « Un outsider désigne dans
une première acception un individu supposé avoir
transgressé une norme, et donc considéré comme
étranger au groupe social dans lequel cette norme est
véhiculée. Cependant, l'individu étiqueté comme
étranger peut ne pas accepter la norme selon laquelle on le juge. Il en
découle un
Page 7
second sens du terme : le transgresseur peut estimer que
ses juges sont étrangers à son monde et sont donc eux-mêmes
des outsiders». La déviance doit être
appréhendée ici au sens que lui donne PARSONS. Pour cet auteur la
maladie peut être perçue comme une forme de déviance en ce
sens que son orientation fait de la santé une norme sociale, et de la
maladie un écart vis-à-vis de cette norme.
Par ailleurs, CUSSON (1992: 397) « La
déviance n'est pas une construction sociale tout à fait
fantaisiste. La plupart du temps, les jugements créateurs de
déviance sont des réactions à des actes qui victimisent
autrui, qui perturbent sérieusement les proches du déviant ou qui
affectent gravement le déviant lui-même. Il existe bel et bien une
«donnée» antérieure ou «construite»
».
En d'autres termes, établir les conditions de
l'existence de normes sociales et les effets de la marginalisation ou de la
stigmatisation d'une pratique comme déviante, ce n'est pas dire que cet
étiquetage crée la pratique. En cela, l'analyse des
phénomènes d'étiquetage n'est pas une théorie mais
un point de vue, une perspective destinée à apporter un nouvel
éclairage sur des phénomènes sociaux encore obscurs. Cet
usage social de la théorie de l'étiquetage est un fait social en
lui-même (CUSSON, Ibid.).
1.2.2 Handicap
Le mot « handicap » emprunté en
1827, vient de l'expression anglaise «hand in cap»,
signifiant « main dans le chapeau » (GREVIN, A., 2009).
Partant de cette définition, le terme «handicap»
désigne la limitation des possibilités d'interaction d'un
individu avec son environnement, causée par une déficience
provoquant une incapacité, permanente ou non, menant à un stress
et à des difficultés morales, intellectuelles, sociales et/ou
physiques.
En d'autres termes, l'auteur donne une autre définition
du terme dans le cadre d'un troc de biens entre deux personnes, il fallait
rétablir une égalité de valeur entre ce qui était
donné et ce qui était reçu : ainsi celui qui recevait un
objet d'une valeur supérieure devait mettre dans un chapeau une somme
d'argent pour rétablir l'équité. L'expression s'est
progressivement transformée en mot puis appliquée au domaine
sportif (courses de chevaux notamment) au XVIIIe siècle. En
hippisme, un «handicap» correspond à la
volonté de donner autant de chances à tous les
Page 8
concurrents en imposant des difficultés
supplémentaires aux meilleurs. Historiquement, le handicap se
définissait par opposition à la maladie. Le patient était
malade tant que son problème pouvait être pris en charge
médicalement, il était réputé handicapé une
fois devenu incurable. (Wikitionnaire 2012)3.
En 1980, le britannique WOOD P. transforme radicalement la
vision du handicap en le définissant comme :« un
désavantage dont est victime un individu pour accomplir un rôle
social normal du fait de sa déficience (lésion temporaire ou
définitive) ou de son incapacité (réduction partielle ou
totale des capacités pour accomplir une activité »).
Ainsi, cette définition a par la suite
été critiquée pour mettre trop en avant l'aspect
fonctionnel du handicap et pas assez son aspect social. Il est vrai que la
problématique sociale du handicap a toujours buté sur une
ambiguïté : tout le monde peut à un moment vivre une
situation de handicap, pourtant les personnes handicapées sont bien une
minorité amenée à défendre ses droits en tant que
groupe social (MORESI, C. et BARRAQUE, P., 2007).
Dans le cadre de la présente étude, le
drépanocytaire vit une situation d'handicap permanent même si par
ailleurs cet handicap fait partie de son identité.
1.2.3 Identité
L'identité de l'individu est, en psychologie sociale,
la reconnaissance de ce qu'il est, par lui-même ou par les autres. La
notion d'identité est au croisement de la sociologie et de la
psychologie, mais intéresse aussi la biologie et la philosophie.
FERRET, S., (1998 :76) conçoit l'identité comme
« une sorte de sentiment d'harmonie : l'identité de l'individu
est le « sentiment subjectif et tonique d'une unité personnelle et
d'une continuité temporelle ».Dans la tradition freudienne,
l'identité est une construction caractérisée par des
discontinuités et des conflits entre différentes instances (le
Moi, le Ça, le Surmoi, etc.). Ces deux
conceptions parlent de l'identité comme d'une construction
diachronique.
Selon (LIPIANSKY, E- M., 2005) : « La notion
d'identité en sociologie renferme toute la problématique du
rapport entre le collectif et l'individuel, le
3www.home.myplaycity.com/ consulté le29
juillet 2012 à 14:07.
Page 9
déterminisme social et la singularité
individuelle. Il n'est pas possible, à ce jour, de parler de cette
notion sans évoquer les grands courants de la sociologie qui ont des
approches différentes notamment l'identité subjective à
travers l'identité pour soi, ou l'identité personnelle se
rapprochant plus ou moins de celle présentée en psychologie et
l'identité objective à travers l'identité pour autrui par
des classifications, des statuts sociaux ou professionnels ».
En effet, l'identité du drépanocytaire est un
facteur de mise à l'écart du malade de la partie active de la
société. En plus, le drépanocytaire fait aussi l'objet de
stigmatisation.
1.2.4 Interactions
Une interaction, dans le langage courant, est l'action ou
l'influence réciproque qui peut s'établir entre deux objets ou
plus. Une interaction est toujours suivie d'un ou plusieurs effets (exemple de
médecine : effet indésirable d'une interaction
médicamenteuse). Selon MORIN E., (1977) : « une interaction est
un échange entre deux entités sociales. Les interactions sont des
actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en
présence ou en influence ».
Le terme d'interaction est souvent utilisé comme une
contraction d'interaction sociale. Selon MARC E., et PICARD D., (2006) :
« l'interaction ne fait pas l'objet d'une définition unique,
mais présente au contraire une certaine dispersion sémantique,
elle désigne tantôt un processus, tantôt un objet,
tantôt un point de vue (notamment dans la perspective interactionniste)
pour appréhender des phénomènes relationnels ».
Toujours selon les mêmes auteurs, l'interaction reste l'objet
privilégié de la psychosociologie et de la psychologie sociale.
Les interactions sont « verbales » ou «
non-verbales » (gestes, regard, attitudes...). Elles peuvent
être positives, négatives ou ambivalentes.
Page 10
1.2.5 Prise en charge
Un malade est une personne souffrant d'une maladie, lorsqu'il
est pris en charge il devient alors un patient. La drépanocytose est une
affection de longue durée nécessitant une prise en charge
à 100 % à travers un suivi et des soins prolongés (plus de
6 mois) et dont les traitements sont coûteux. Selon TURSZ A. (2003), une
prise en charge requiert des conditions : « La nécessité
d'une prise en charge « de fond » dans un centre
spécialisé, mais la reconnaissance du rôle occasionnel,
voire fréquent, de médecins urgentistes(Services d'urgence
d'hôpitaux de niveaux divers...) et de médecins
généralistes, et donc le besoin en information et formation de
ces professionnels l'importance d'une bonne collaboration entre les services
spécialisés et les services d'urgence à l'intérieur
d'un même hôpital et enfin la valorisation du rôle potentiel
de médecins libéraux et hospitaliers auprès des
médecins scolaires et plus largement du secteur de l'enseignement
».
Ainsi la prise en charge serait donc une relation de
confiance avec son médecin et le sentiment d'être compris et bien
conseillé par lui peuvent apaiser, stimuler et réconforter. Cela
est particulièrement vrai à l'heure d'opter pour un traitement ou
de prendre des décisions dans l'intérêt de sa
santé.
1.2.6 Stigmate
Pour parler de stigmate, il convient d'abord de
définir le terme. GOFFMAN 1963 :12 « Le stigmate est l'attribut
qui rend l'individu différent de la catégorie dans laquelle on
voudrait le classer. Il y a donc stigmate lorsqu'il existe un désaccord
entre l'identité sociale réelle d'un individu, ce qu'il est, et
l'identité sociale virtuelle d'un individu, ce qu'il devrait être
». En effet, il présente un désaccord particulier entre
les identités sociales virtuelles et réelles. Le stigmate nait de
la représentation qu'on va s'en faire, il est lié à des
stéréotypes. Aussi, pour GOFFMAN (ibid.): 13 «
Il servira donc à désigner un attribut qui jette un
discrédit profond, mais il faut bien voir qu'en réalité
c'est en termes de relations et non d'attributs qu'il convient de parler
».Ainsi, l'auteur distingue trois(3) types de stigmate :
Page 11
- Les monstruosités du corps : Il
s'agit de stigmates corporels comme le handicap physique, les troubles de la
vision ou encore les défauts du visage ou du corps.
- Les tares de caractère : Ce sont
des stigmates tenant au passé de l'individu ou/et à sa
personnalité. On peut trouver dans cette catégorie les anciens
malades mentaux ou les personnes alcooliques.
- Les stigmates tribaux: Il s'agit de tout
ce qui peut être transmis de génération en
génération, comme la nationalité ou la religion.
Dans cet ouvrage, GOFFMAN nous montre que les
stigmatisés peuvent être discrédités ou
discréditables selon que leur stigmate soit visible ou non. Les
individus discréditables peuvent alors user de techniques de
faux-semblant pour dissimuler leur stigmate. Le stigmatisé peut
également utiliser des désidentificateurs lorsqu'il cherche
à dissimuler son stigmate. L'individu peut ou non révéler
son identité personnelle à travers des détails
biographiques.
GOFFMAN s'intéresse à l'infraction aux normes
d'identité. On pourrait donc considérer le stigmatisé
comme un déviant, mais Goffman refuse d'utiliser ce terme dans son
ouvrage. L'individu déviant a conscience du rôle social qu'il doit
jouer. Lorsqu'il s'intéresse aux identités sociales, GOFFMAN
s'intéresse également aux rôles dans la
société.
Dans l'ensemble, le mot stigmate peut être
défini comme toute considération, toute perception que l'autre
c'est-à-dire autrui porte sur une personne, ici il est question des
drépanocytaires.
1.2.7 Stigmatisation
La stigmatisation est « un sérieux
désaccord social de caractéristiques ou croyances personnelles
qui sont perçues comme allant à l'encontre des normes culturelles
». (GOFFMAN, E., 1963 :84). Toujours, selon l'auteur la
stigmatisation d'un individu intervient lorsqu'il présente une variante
relative par rapport aux modèles offerts par son proche environnement.
Le rôle du drépanocytaire dans ce cas de figure
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doit être considéré comme l'action qu'il
exerce au sein de la société pour l'exécution d'une
fonction ou la confirmation de son statut. Néanmoins, ce dernier continu
de faire l'objet d'un certain rejet aussi moindre soit-il de la
société dans laquelle il vit parce que sa maladie qu'est la
drépanocytose est une maladie chronique constitue un handicap à
vie.
1.2.8 Tare
Etymologiquement, le mot « tare » vient de
l'arabe « tarha » qui veut dire « déduction,
décompte ». Selon, ROSTAND, J. (1987) la tare serait :
« Une défectuosité héréditaire susceptible
de provoquer ou de diminuer la résistance de l'organisme à divers
maladies ».Par conséquent la tare serait un terme
polysémique mais prenons en compte la définition
génétique selon laquelle, une tare est un défaut physique
ou psychique, généralement héréditaire.
Ainsi, cette définition cadre parfaitement à
notre sujet d'étude qui est la drépanocytose maladie très
dangereuse faisant beaucoup de victimes surtout chez la frange la plus
vulnérable c'est-à-dire les enfants.
1.3 Revue de la littérature
Pour toute recherche scientifique, la revue de la
littérature est une étape fondamentale. Cependant, quelques
ouvrages scientifiques existent sur la drépanocytose, mais ne se sont
pas beaucoup appesantis sur la prise en charge d'un point de vue sociologique.
Ces derniers traitent de la maladie pas des malades, moins encore aux aspects
sociaux de cette maladie.
C'est ainsi que la drépanocytose est la
résultante de plusieurs facteurs à la fois univoques et
combinés.
1.3.1 Les facteurs ethniques et raciaux
La littérature scientifique existante illustre le
double stigmate celui de la maladie et de la race. La drépanocytose
serait « une maladie de Noirs » ; il s'agit de l'un des
stéréotypes les plus fréquents au sujet de cette
affection. Pour comprendre
Page 13
l'origine de cette idée, il faut contextualiser
l'histoire de la découverte de la drépanocytose.
HERRICK(1910) découvre en 1910 aux Etats-Unis en
laboratoire la présence de globules rouges falciformes dans le sang d'un
malade antillais souffrant d'anémie chronique. Cette découverte
intervient à un moment où les caractères biologiques
commencent à prendre le relais des caractères anatomiques dans la
typologie humaine, avant la remise en question de la notion de race.
Néanmoins, les premiers dépistages du trait
drépanocytaire en Afrique ont été publiés à
partir des années quarante (40), soit à peu près un
demi-siècle après la première découverte aux
États-Unis tout ceci dans un contexte de la médecine coloniale
dont les axes de recherche se concentrent sur la « pathologie exotique
» qui n'intéresse que très peu de médecins de la
métropole (LEHMANN, H.1952).
LEHMANN (ibid.) propose l'interprétation
suivante aux résultats des dépistages au sein des
différentes populations : « le gène S
serait une caractéristique noire et le métissage avec
des non-africains expliquerait les zones de répartition plus faibles de
la maladie». Cette interprétation correspond bien à
l'idéologie dominante selon laquelle les « nègres »
seraient porteurs de tare dont le résultat serait la
dégénérescence de leur race et le métissage serait
dangereux pour les blancs.
Des études ultérieures montrant la
présence du gène «S» au Moyen Orient dans une
population arabo-juive et son absence en Afrique du sud chez «
d'authentique nègres » posent des problèmes politiques
aux blancs imposant l'apartheid car elles ne trouvent pas d'explications
raciales. Ce n'est qu'en 1964 que LIVINGSTONE, généticien
américain formule l'hypothèse selon laquelle les
hétérozygotes ont un avantage sélectif en milieu palustre,
ce qui permet de relativiser la question des origines de la maladie
limitée jusqu'alors à la question de la race noire, (LIVINGSTONE,
1964).
Au regard de ce qui précède, on peut dire que
la drépanocytose est une maladie à stéréotype,
stigmatisante d'une part et méconnue d'autre part, ce qui explique
les
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multiples ravages qu'elle engendre tant au sein de la race
noire qu'au sein de la race blanche.
Néanmoins, la drépanocytose représente
outre un fait biologique, un phénomène social qui est construit
par des acteurs sociaux entre autres, médecins,
généticiens, malades, etc. C'est en cela qu'elle est une
construction sociale et pour plusieurs raisons :
- D'abord, parce qu'elle est un support d'interprétation
et qu'elle détermine pour
les uns et les autres des différences de points de vue et
de lignes d'actions ;
- Ensuite, parce qu'elle révèle des
préjugés, des pratiques de solidarités ou de
discrimination, des stratégies de prise en charge et qu'elle engage le
malade dans des processus de socialisation ;
Pour BONNET, D., (2001), « la prise en charge de la
drépanocytose est récente et révèle une
stigmatisation, une culture du secret et un dysfonctionnement des
systèmes de santé ». Toutefois BONNET (ibid.)
explique les fondements socioculturels de cette culture. « La
stigmatisation des femmes jugées responsables de la transmission
à leurs enfants de la maladie, la peur en Afrique d'être un poids
financier pour le mari (achats fréquents de médicaments,
hospitalisation à répétition) et d'être
abandonnée pour cette raison, les craintes d'ostracisme des jeunes
drépanocytaires vis-à-vis de l'entourage scolaire et même
familial favorise l'idée selon laquelle la divulgation de cet
état de santé peut provoquer une situation nuisible à ses
intérêts ». Il faut dire ici que les catégorisations
identitaires ou les processus d' « étiquetage »
(GOFFMAN, 1973) dont les drépanocytaires sont victimes, pose la
question des origines des races, des cultures, du métissage,
etc. et tout ceux-ci influent
considérablement sur la prise en charge de la drépanocytose.
En effet, selon AMSELLE J.L (1985 :170) : «
l'ethnicisation des populations immigrées serait donc le produit d'une
conception raciologique de l'assimilation qui doit résulter soit de
l'absorption d'un groupe minoritaire par un groupe majoritaire, soit le
métissage par le recours du mariage (mixte, consanguins) ».
Page 15
Ainsi, l'ethnicisation dont l'auteur fait état ici
s'assimile au concept de culture et s'applique à des
réalités très diverses ; c'est d'ailleurs pourquoi IZARD,
M. (1991 :191) affirme que la culture est « un résultat
d'analyse et non une donnée ». L'approche ethnique est donc
tout à fait relative et dépend de la représentation des
marqueurs identitaires de chaque utilisateur du terme.
1.3.2 Les facteurs liés à l'identité
du drépanocytaire
Les différentes interprétations africaines de
la maladie évoquée à savoir enfant-sorcier, enfant-
revenant, femme-maudite s'inscrivent aussi bien dans des contextes sanitaires,
mais sociaux car considérés dans la plupart des cas comme des
marqueurs identitaires imaginaires. En effet, ces catégories de
préjugés peuvent se maintenir comme un signifiant de
communication entre les différents membres de la famille, au-delà
de toute la société (PONTHIEUX, S., 2003).
Ainsi, la construction de l'entité pathologique
dépend donc de nombreux facteurs qui mettent en exergue le lien entre
des figures de l'imaginaire et des processus sociaux. Ces modèles nous
aident aussi à identifier « l'origine sociale des
catégories, des «représentations» » (BALANDIER,
G., 1999 :16).
En outre, la drépanocytose maladie classée dans
la catégorie des anémies, est en passe de « s'autonomiser
» et de quitter le statut de « maladie orpheline » (LAINE, A.
2004). Ce changement de statut permettra à la maladie et aux malades
d'acquérir des droits (droit à la santé, droit aux soins
...) et de mieux s'intégrer au sein de la société pour un
épanouissement plus ou moins satisfaisant.
AMSELLE, J-L (2001 :173) affirme : «
l'affaiblissement des processus d'intégrations républicaines va
de pair avec la montée des communautarismes identitaires, à
l'inverse et de façon symétrique la demande d'intégration-
par le prisme de cette maladie paradigmatique- ne repose pas sur la
revendication d'une identité culturelle».
Ainsi, il s'agit ici plutôt d'une demande de
reconnaissance de cette pathologie pour qu'elle quitte ce statut de «
maladie orpheline », qu'elle n'engage plus des processus de stigmatisation
sociale dans des pays d'Afrique subsaharienne à l'instar du
Page 16
Niger et qu'elle puisse être l'objet de guérison.
En effet, les associations de malades dans le système favorisent le
regroupement de population facteur d'intégration autour d'une même
« identité biologique ».
En revanche, en Afrique la « culture du secret
» autour de cette maladie ne favorise pas l'émergence de
mouvements associatifs. On comprend ici que l'un dans l'autre la marque du
drépanocytaire tend à changer de considérations, mais
beaucoup reste à faire surtout que la drépanocytose demeure
toujours une maladie méconnue par l'ensemble de la population.
L'approche psychologique d'un état de santé, celui de la
grossesse, n'est pas à négliger dans cette étude.
1.3.3 Les facteurs liés aux aspects psychologiques
de la grossesse chez la femme drépanocytaire
La grossesse n'est pas seulement un état physiologique
particulier, elle représente aussi sur le plan psychique une phase de
remaniement des équilibres acquis comportant à la fois le risque
de décompensation psychologique et la chance d'une réorganisation
enrichissante de la personnalité (FAURE, J. 2005). Cette étape du
développement féminin est aussi appelée en psychologie :
crise de la "maternalité" (concept développé par RACAMIER,
P.C.). Crise à la fois corporelle, relationnelle, sociale et psychique
qui entraîne une vulnérabilité particulière, une
femme enceinte est fragilisée et très réactive. Cette
période émotionnelle intense rend la femme
particulièrement réceptive. Comme l'adolescence, la
"maternalité" représente une crise d'identité et constitue
une crise de la personnalité. En effet cet auteur a distingué les
différents aspects de la crise qui sont entre autres :
- Transformation corporelle et hormonale,
changement de statut social, importantes fluctuations pulsionnelles,
réactivation et remaniement des conflits infantiles - conflits
précoces oraux et conflits oedipiens, dissolution et reconstruction des
identifications précoces, remise en cause des systèmes
défensifs antérieurement organisés,
- Transformation de l'image du corps
vécu,
Page 17
- Transformation du sentiment
d'identité personnelle, l'identification mère/enfant est double :
l'enfant est vécu à la fois comme une partie de la mère et
en tant qu'entité autonome.
Cette crise de la maternalité débute pendant la
grossesse, se poursuit et reprend avec et après la naissance (et au
cours des autres grossesses). La fin de grossesse, le moment de l'accouchement
et les jours suivants correspondent à une période de mutation, au
cours de laquelle la femme est particulièrement réactive et
vulnérable.
Ainsi, pendant la grossesse, la femme est parachutée
au coeur de tous ces conflits, parce qu'en elle résonne toute son
enfance. Certaines femmes enceintes semblent présenter les traits
cliniques d'une structure psychotique, ces traits qui ne s'accompagnent pas des
symptômes correspondants varient rapidement et disparaissent
spontanément. (FAURE, J., Ibid.)
En outre, la question du désir d'enfant peut
être vécue comme un paradoxe : la femme drépanocytaire qui
se sent inconsciemment menacée de mort, aspire à donner la vie ;
donc le désir d'enfant dans ce contexte peut être entendu comme un
moyen d'éviter une destruction et de lutter contre l'angoisse de
mort.
Selon le Dr ALOVOR, G. (1986) « certaines femmes ont en
mémoire ''l'interdiction de la grossesse» ;
'c'est-à-dire la contre-indication médicale ou la
réticence vécue ou entendue comme interdiction de la part de tel
médecin, de tel gynécologue qui déconseillent fortement la
grossesse ; ils connaissent peut-être mal la drépanocytose et
l'existence d'un suivi de grossesse spécifique. En début de
grossesse, la proposition médicale d'une interruption de grossesse leur
a souvent été faite, en évoquant un risque vital ou pour
la femme ou pour le foetus ; on sait avec quelle acuité la femme
enceinte peut entendre tout ce qui est dit sur sa grossesse ».
En effet, le désir d'enfant peut être
perçu comme l'expression d'un défi pour contredire le discours
médical, pour exprimer une révolte, un refus face à toutes
les limitations que la maladie (et par extension la société
à travers les médecins) a déjà imposées, une
manière de s'opposer en particulier chez les femmes
drépanocytaires jeunes. Il faut noter au passage qu'il est souvent
conseillé aux femmes drépanocytaires
Page 18
qui souhaitent avoir des enfants, d'être enceintes entre
20-25 ans plutôt qu'entre 30-35 ans. (ALAVOR, G. ; ibid.).
Par conséquent, lorsqu'il y a désir d'enfant,
la question du risque de transmission de la maladie est, pour la femme
drépanocytaire, inévitablement évoquée du fait du
caractère héréditaire de la drépanocytose. Il est
alors nécessaire que le conjoint fasse un dépistage à
travers l'examen sanguin, l'électrophorèse de
l'hémoglobine. A ce niveau plusieurs cas de figure sont avancés.
Cette question de la transmission qui se pose parfois en début de
grossesse, peut ne pas être résolue car il arrive que le conjoint,
du fait d'une mauvaise compréhension de la maladie et de ses
modalités de transmission, (ou pour d'autres raisons plus obscures)
refuse l'examen sanguin. Enfin, l'attitude des femmes drépanocytaires
face à la question du risque génétique de la transmission
dépend principalement de leur culture d'origine, de leur appartenance
religieuse, mais il faut aussi se rappeler la variabilité de la maladie
qui peut ne pas être invalidante voire même asymptomatique.
1.3.4 La drépanocytose et les normes sociales
Rappelons qu'une norme est « une sorte de guide pour
l'action soutenue par des sanctions sociales ; les sanctions négatives
pénalisent l'infraction les sanctions positives récompensent la
conformité exemplaire ». (GOFFMAN, E., 1973 :121).
Toutefois, leur signification n'est pas censée reposer
sur une valeur intrinsèque et matérielle, mais sur ce qu'elles
proclament quant au statut moral de l'acteur. Il convient d'ajouter que les
sanctions peuvent être organisées ou diffuses, pour employer la
terminologie de RADCLIFFE-BROWN, ou encore formelles ou informelles, pour
employer le terme usuel. Quoique les normes sociales soient une notion
fondamentale des sciences sociales, il existe peu de discriminations utiles au
sein du groupe où l'acteur se situe ou tout simplement la
société. En témoignent toutes les considérations
dont font objet les drépanocytaires. En effet, il y a une
différence que GOFFMAN souligne à plusieurs reprises :
«si les règles linguistique forment une grammaire, les
règles rituelles quant à elles constituent un
«ordre»». Et l'ordre social, à la différence
d'une grammaire, n'est pas simplement un code fonctionnel, mais il traduit
aussi des rapports de domination et de profit.
Page 19
C'est pourquoi, la dimension du comportement interindividuel
se découvre progressivement tout au long de la vie en
société et le point commun de tout cela est de marquer une
différence et d'assigner une place : une différence entre ceux
qui se disent «normaux » et les hommes qui ne le sont pas
tout à fait ou plus exactement, les « anormaux » qui
ne sont pas tout à fait des hommes. (GOFFMAN, E., 1963).
En somme, toutes les études ayant servi à la
réalisation de cette revue de littérature portent à croire
à l'existence d'un cadre relationnel entre la drépanocytose et
beaucoup de facteurs. La drépanocytose est l'aboutissement
d'anémies chroniques et souvent affectives : l'ignorance, la
pauvreté et les difficultés financières familiales
empêchent les parents d'assurer aux enfants les soins adéquats et
nécessaires. C'est pourquoi nous arrivons à la conclusion
suivante : la réussite de la prise en charge de la drépanocytose
passe par la reconnaissance même de la maladie et la résolution
des problèmes d'ordre médical, psychologique et social.
Cependant, cette revue nous a permis de comprendre comment se perçoit la
drépanocytose et quels moyens utiliser pour faire face en cas de
manifestation.
1.4 Problématique
La drépanocytose, découverte au début du
XXème siècle, est une maladie génétique,
héréditaire, affectant l'hémoglobine des globules rouges.
Selon l'OMS près de 120 millions de personnes dans le monde, soit
environ 5% de la population mondiale sont affectés. Elle est devenue une
priorité de santé publique dans les pays en voie de
développement. Selon l'organisation internationale de lutte contre la
drépanocytose, 500 000 enfants naissent chaque année dans le
monde, atteints de drépanocytose dont 400 000 cas en Afrique.
La prévalence du trait drépanocytaire atteint
10 à 40% en Afrique Equatoriale, 15 à 30% en Afrique de l'Ouest
et jusqu'à 45% en Ouganda chez les Bambas de l'Ouest du pays. L'OMS a
enregistré environ 5% de décès d'enfants de moins de 5ans
sur le continent africain ; la proportion passe de 9 à 16% en Afrique de
l'ouest (ATEGBOS., et al.1997).
Page 20
Au Niger, la drépanocytose constitue un problème
majeur de santé publique, du fait de sa prévalence très
élevée, et enregistre une moyenne de mille cinq cent (1500)
nouveaux cas de drépanocytose chaque année, selon le diagnostic
du Centre National de Référence de la Drépanocytose
élaboré en 2009.
Selon les statistiques du SNIS (Système National
d'Information Sanitaire) issues des enquêtes parcellaires de 2010, le
taux de prévalence des traits drépanocytaires se situe entre 18
et 22% au Niger. Aussi, 2.695.095 Nigériens seraient porteurs des traits
drépanocytaires et 673 773 sont drépanocytaires SS, la forme la
plus compliquée de la maladie et faisant le plus de victimes.
Dans la Communauté urbaine de Niamey, on a
comptabilisé, selon les mêmes sources (SNIS), 862.542 personnes
porteuses de traits «A», 172.508 porteuses de traits «AS»
et 43.127 personnes porteuses de «SS».
Pour se conformer aux recommandations internationales, le
Niger s'est fixé l'objectif de mettre en place un centre de
référence de prise en charge de la drépanocytose. Ce
centre de référence, effectivement créé en 2009,
fait de la prise en charge en hospitalisation de jour. Ce qui soulage les
souffrances des malades mais aussi des familles des malades d'un point de vue
médical et psychosocial.
Depuis sa création, le centre a enregistré
18.551admissions dont 8584enfants drépanocytaires âgé de
moins de 5ans soit 46,27?. Le centre enregistre une affluence moyenne de 47
patients par jour qui viennent soit pour un dépistage par
électrophorèse, soit pour une sensibilisation sur la maladie ou
un conseil génétique4, mieux encore pour une prise en
charge médicale ou psychosociale.
4 L'encyclopédie médicale 2012
définit le conseil génétique comme un
processus par lequel des patients ou des parents à risque d'une maladie
héréditaire sont conseillés et informés de la
nature et des conséquences de la maladie en question, de la
probabilité de la développer et/ou de la transmettre à
leur descendance, et des options qui se présentent à eux en
matière de planification de vie et planification familiale, de
manière à prévenir, éviter où
améliorer leur situation. Ce processus complexe peut être
séparé en deux parties: une première partie de diagnostic
(estimation des risques) et une deuxième partie plus complexe de conseil
en fonction du diagnostic.
Page 21
Au regard de ce qui précède, nous nous proposons
de répondre aux questions suivantes pour mieux appréhender ce
sujet: Qui sont les enfants drépanocytaires? Quel est le poids
socio-économique de leur prise en charge? Comment la population
perçoit-elle cette maladie? Quelle est la place du drépanocytaire
dans la société? Comment la société se
comporte-t-elle face à cette maladie? Les drépanocytaires
s'intègrent-ils aussi facilement dans la société?
De ces questionnements découlent les hypothèses
suivantes : 1.5 Hypothèses
- Hypothèse 1 : Le coût de la
prise en charge (consultations, traitements), souvent
élevé par rapport aux revenus des parents,
influence le bon suivi des enfants.
- Hypothèse 2 : Les interactions entre
agents de santé, drépanocytaires et familles
de malades est un facteur décisif dans la prise en charge
de la drépanocytose.
- Hypothèse 3 : Le poids des perceptions
et des représentations populaires
influencent le vécu psychologique du
drépanocytaire5.
1.6 Objectifs de la recherche
L'objectif principal visé dans ce travail est
d'étudier la prise en charge de la drépanocytose par le CNRD de
Niamey.
Des objectifs spécifiques ont été
formulés ainsi que suit :
- Identifier les facteurs
déterminants de la prise en charge de la drépanocytose au niveau
du CNRD ;
- Déterminer les différentes
interactions nées de la prise en charge de la drépanocytose par
le CNRD ;
- Analyser les perceptions de la
drépanocytose par l'ensemble des acteurs intervenant dans sa prise en
charge ;
5 En effet, cette hypothèse concerne surtout
les drépanocytaires ayant conscience de leur maladie.
Page 22
1.7 Approche théorique
Cette partie de la recherche constitue une étape
très importante dans toute recherche en sciences sociales. En effet,
pour QUIVY, R. (1988 : 143) « le modèle d'analyse constitue le
prolongement naturel de la problématique en articulant sous forme
opérationnelle les repères et les pistes qui seront finalement
retenus pour présider au travail d'observation et d'analyse
».
Selon DEPELTEAU, F. (2000 :129) :« Les
théories sont des énoncés généraux
décrivant les phénomènes réels. En termes simples,
elles sont des constructions intellectuelles qui servent à expliquer des
phénomènes réels. Elles organisent notre perception de la
réalité ».
Pour ce faire, nous avons envisagé une approche
fonctionnaliste pour ce travail de recherche. En effet, cette approche nous
parait la mieux indiquée du fait qu'elle privilégie
l'étude empirique des faits sociaux sur le terrain. Ainsi, elle
appréhende les faits sociaux en les replaçant dans leur contexte
social, en les interprétants par la totalité dans laquelle ils
ont une ou plusieurs fonctions. Ce modèle trouve toute son importance
dans cette étude parce qu'il appréhende les faits sociaux par
rapport à la fonction qu'ils ont dans une institution. De plus, c'est un
courant qui cherche à cerner la fonction que joue une activité,
la façon dont fonctionne une institution.
Pour N'DA, P. (2000 :50) : « le fonctionnalisme
cherche à expliquer les phénomènes sociaux pour les
fonctions que remplissent les institutions sociales, les structures des
organisations et les comportements individuels et collectifs ». Le
fonctionnalisme est donc un courant qui cherche à cerner la façon
dont une institution fonctionne dans le système social auquel elle
appartient.
Pour MERTON (in N'DA, P. 2000 :51) : « l'idée de
fonction permet d'analyser certaines situations, de fournir des observations,
de repérer les dysfonctionnements ». C'est cette approche
fonctionnaliste de MERTON qui nous permettra d'analyser le dysfonctionnement
dans le système de prise en charge de la drépanocytose.
Page 23
Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé le
modèle fonctionnaliste de MERTON, un modèle qui nous a permis de
décrire et d'analyser les différentes interactions nées
autour de cette prise en charge de la drépanocytose, tout en
repérant les dysfonctionnements de cette activité.
Page 24
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE
Ce chapitre est consacré aux techniques
d'enquêtes utilisées, aux procédures adoptées pour
collecter les données sur le terrain d'une façon pratique. Pour
cela, il est important de préciser la méthode utilisée,
les techniques de collecte de données, l'échantillonnage, les
outils de collecte de données, la méthode de dépouillement
de données, et les difficultés rencontrées sur le terrain
d'étude.
2.1 Recherche documentaire
C'est une étape décisive dans la
compréhension d'un sujet de recherche, car la recherche documentaire
permet au chercheur d'avoir un premier contact avec le terrain d'étude.
Ici, la recherche documentaire a servi à :
- la revue de la littérature ;
- l'analyse des données empiriques.
A cet effet, cette recherche documentaire a porté sur
plusieurs types de documents (documents méthodologiques, rapports et
articles, etc.) selon leurs rapports au sujet de l'étude. La recherche
documentaire s'est effectuée dans plusieurs lieux notamment les
bibliothèques et centres de documentation de Niamey tels que :
- la bibliothèque de la Faculté des Lettres et
Sciences Humaines (FLSH) de
l'Université Abdou Moumouni de Niamey (UAM) ;
- la bibliothèque du Club des Etudiants en Sociologie
(CES) de la Faculté des Lettres
et des Sciences Humaines (FLSH) ;
- la bibliothèque de l'Institut de Recherche en Sciences
Humaines (IRSH) ;
- le centre de documentation du Laboratoire d'Etudes et de
Recherches sur les
Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL)
;
- la bibliothèque de l'Ecole Nationale de Santé
Publique (ENSP) ;
- le Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN) Jean
Rouch.
Page 25
2.2 Enquête de terrain
Selon GRAWITZ, M. (2001 :274), la méthode est un
« ensemble de règles ou de procédés pour
atteindre dans les meilleures conditions (temps, argent, etc.) un objectif :
vérité, expérience, vérification, apprentissage
».
Dans le cadre de cette recherche nous avons utilisé
deux méthodes de collecte de données : la méthode
qualitative et la méthode quantitative. Cela permet de diversifier le
type de données recueillies.
2.2.1 Méthode qualitative
La méthode qualitative a permis de compléter et
d'approfondir les informations recueillies au moyen du questionnaire. Cette
méthode est utilisée parce qu'elle permet d'obtenir des
données sur les opinions et les perceptions de façon
approfondie.
2.2.2 Méthode quantitative
Cette méthode est choisie compte tenu de
l'étendue de la population mère. Elle permet de recueillir des
données chiffrées à l'aide d'un questionnaire comprenant
un certain nombre de questions (fermées et ouvertes) auxquelles
l'enquêté est appelé à répondre. Comme on ne
peut pas enquêter toutes les femmes admises au niveau du centre, un
questionnaire a été adressé à un échantillon
réduit.
2.3 Techniques d'investigation
La technique se définit comme l'ensemble des moyens
par lesquels on atteint ses objectifs de recherche. Ainsi, nous avons
utilisé les techniques ci-dessous : les entretiens, l'observation et
l'enquête par questionnaire.
2.3.1 Entretiens
Cette étape a été d'une grande
importance pendant cette recherche. C'est une technique qui permet
d'approfondir les connaissances sur le sujet de recherche. Dans le cadre de ce
travail, un entretien semi-dirigé ou semi-directif a été
utilisé. Cet entretien nous a permis de nous familiariser avec le
terrain. C'est pourquoi un entretien
Page 26
semi-directif avec le directeur dudit centre a
été mené afin de mieux cadrer le sujet et bien formuler
les hypothèses de recherche.
2.3.2 Observation
Dans le cadre de cette recherche, l'observation directe a
été opérée parce qu'elle permet au chercheur de
capter directement et sans intermédiaire les comportements des sujets
observés. Elle a permis d'observer plus d'une trentaine de
séances de consultations et d'admissions d'enfants
drépanocytaires au CNRD.
2.3.3 Enquête par questionnaire
Pour DEPELTEAU, F(2000), l'enquête par questionnaire
consiste de poser à un ensemble de répondants
représentatifs, une série de questions relatives à une
situation sociale, à une opinion ou un problème. C'est une
technique de collecte de données quantitatives.
2.3.4 Echantillonnage
Les techniques d'échantillonnage sont des techniques
qui «servent à cibler un échantillon sur lequel se
porteront les tests empiriques» (DEPELTEAU, F. 2000 :213).
Dans le cadre de cette recherche, la méthode de
«l'échantillonnage accidentel» a
été utilisée compte tenu de l'indisponibilité d'une
liste exhaustive et définitive de la population mère (admissions
et sorties chaque jour) et une capacité d'accueil très minime (11
lits), ainsi que les fluctuations des admissions variant d'une période
à une autre. Rappelons que ce type d'échantillon se fait sans
tirage à partir d'une population mère. Il va sans dire que cette
technique ne garantit pas la représentativité de
l'échantillon, tout en espérant que l'échantillon ne soit
pas trop biaisé et que la marge d'erreur ne soit pas trop grande. Le
centre reçoit en moyenne 47 patients (consultation, dépistage,
hospitalisation) par jour soit 235 pour les cinq(5) jours car le centre
fonctionne cinq (5) jours sur sept (7).
Page 27
L'enquête a concerné 75 parents et /ou
accompagnants d'enfants admis ou consultés au CNRD, soit 32% de la
capacité normale d'accueil du centre. Nous avons interrogé 15
enquêtés par jour en fonction de leur disponibilité, car
tous n'ont pas la même attitude face à la maladie de leur enfant,
surtout si celui-ci manifeste une crise drépanocytaire.
Comme illustration on a :
· Pour 1 jr ?? 47 patients
· Pour 5 jrs ?? 47 x 5 = 235 patients
· Pour 1 jr ?? 15 interviewés
· Pour 5 jrs ?? 15 x 5 = 75
interviewés
· Pourcentage ?? 75 x 100/235 =
31,91% soit 32%
2.4 Outils d'investigation
Les outils sont des instruments par lesquels on applique une
technique. Pour ce faire, différents outils ont permis de collecter les
données dans le cadre de ce travail. Il s'agit du guide d'entretien, de
la grille d'observation, et du questionnaire.
2.4.1 Guide d'entretien
Le guide d'entretien est un outil qu'on utilise pour
recueillir des données qualitatives. Pour OLIVIER DE SARDAN (2003) :
« le guide d'entretien diffère du canevas d'entretien : il
organise à l'avance les questions qu'on pose, alors que le canevas lui,
relève du « pense-bête » qui permet à
l'enquêteur de ne pas oublier les thèmes centraux
».
Dans le cadre de ce mémoire, le guide d'entretien a
été exclusivement adressé aux personnels (administratifs
et techniques) du CNRD. Il est composé de plusieurs items. Il a permis
de recueillir des informations sur la prise en charge de la
drépanocytose. Il a aussi permis de recueillir des données sur la
prévalence de la maladie ainsi que ses impacts.
Page 28
2.4.2 Grille d'observation
Une grille d'observation est un outil qui est conçu en
référence à l'hypothèse de recherche et à la
finalité de la recherche. Elle oriente les yeux de l'observateur. Ainsi,
cette étape nous a aussi permis de mieux observer l'interaction entre
les différents intervenants autour de la prise en charge.
2.4.3 Questionnaire
Le questionnaire est l'outil de collecte
privilégié pour recueillir des données quantifiables. Le
questionnaire est un ensemble de questions élaborées pour le
recueil des données sur un thème précis. Il s'inscrit dans
une perspective quantitative. Dans le cadre de ce mémoire, le
questionnaire a été exclusivement administré aux parents
ou accompagnants d'enfants drépanocytaires consultés et/ou admis
au CNRD.
Le mode d'administration indirecte a été choisi
car la plupart des enquêtés rencontré n'ont pas
été à l'école. Ce mode permet à
l'enquêteur de poser lui-même les questions à
l'enquêté et recenser immédiatement les réponses.
Le questionnaire comprend les thèmes suivants :
· Identification de l'enquêté ;
· Caractéristiques socioéconomiques ;
· Fréquentation du centre de référence
de Niamey ;
· Fréquentation de l'association de lutte contre la
drépanocytose au Niger ;
· Perceptions des populations de la drépanocytose
;
· Rapports entre les différents acteurs ;
· Modalités d'accès au centre.
2.5 Dépouillement des données
Le dépouillement s'est fait de deux (2)
manières selon la nature des données recueillies. Pour les
données qualitatives, le dépouillement a été fait
manuellement en prenant les idées identiques des enquêtés
afin de dégager les tendances au regard des hypothèses. Pour ce
qui est des données quantitatives, nous avons utilisé le logiciel
SPHINX PLUS2. C'est un logiciel qui a permis de calculer les
fréquences et de faire
Page 29
des tableaux simples afin de parvenir à une bonne
analyse. A cela s'ajoute l'usage des logiciels EXCEL et WORD car les tableaux
issus du SPHINX PLUS2 ne peuvent pas être directement
reportés. C'est pourquoi il nous a paru indispensable d'utiliser ces
deux (2) logiciels pour le dressage des tableaux et graphiques.
2.6 Difficultés rencontrées
Parmi les difficultés rencontrées nous pouvons
citer entre autres :
? Les difficultés d'ordre méthodologique que
rencontre chaque chercheur dans l'organisation de son travail de mémoire
et les difficultés liées à la gestion du temps.
? L'indisponibilité et la réticence de certains
enquêtés à accepter les entretiens surtout quand leur
enfant est en situation de crise drépanocytaire.
Page 30
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET
DU
CNRD
Ce chapitre présente sommairement la ville du Niamey
et le centre de référence de la drépanocytose (CNRD).
3.1 Ville de Niamey
Cette partie retrace brièvement l'aspect
démographique et l'organisation administrative de la ville de Niamey.
3.1.1 Démographie
Pays actuellement peu peuplé, 15 700 000 habitants
pour 1 267 000 km2 soit 12,4 habitants par km2, le Niger
connait une des plus fortes croissances mondiales de sa population. Niamey la
capitale a une population estimée à 1 303 000 habitants en
2011(INS, 2011).
Tableau N° 1 :
Estimation de l'évolution démographique de la ville de
Niamey
1901
|
1930
|
1960
|
1980
|
2005
|
2011
|
600
|
3 000
|
30 000
|
250 000
|
750 000
|
1 303 000
|
|
Source : Données INS 2011
3.1.2 Organisation administrative
La création d'une structure municipale chargée
de la gestion de l'agglomération de Niamey remonte à une
trentaine d'années. Après plusieurs reformes, Niamey fut
finalement érigée en communauté urbaine avec un
régime spécifique en 1988. Cette création est
consacrée par le décret N°88-393 du 24 Novembre 1988 fixant
ses limites.
La CUN était divisée en trois(3) communes,
dirigée par un maire chacune. Ces trois maires sont soumis à
l'autorité d'un préfet président. Par ailleurs, avec
l'installation de la décentralisation, la loi N° 2002-014 du 14
juin 2002 va diviser la
Page 31
communauté urbaine en cinq(5) arrondissements ayant
à leur tête des maires d'arrondissement. Aujourd'hui ces maires
sont coiffés par un président de conseil de ville.
Les cinq (5) arrondissements sont :
? 1er Arrondissement qui
s'étend de Yantala-Haut jusqu'à Goudel en passant par Yantala-Bas
;
? 2ième Arrondissement qui
s'étend du quartier Plateau jusqu'à Sonni en passant par Dar
Es-Salaam et Lazaret ;
? 3ième Arrondissement regroupe les
quartiers : Nouveau Marché, Wadata, Banifandou et Boukoki ;
? 4ième Arrondissement regroupe les
quartiers : Talladjé, Gamkalé, Saga, Pays-Bas et Aéroport
;
? 5ième Arrondissement (l'ancienne
commune 3) s'étend de la rive droite jusqu'aux frontières de
Kollo6.
Voyons à présent la carte de la ville et la
zone d'étude.

Carte N° 1 : Carte de situation de la
ville de Niamey Source : Carte réalisée par
l'IGN.N, le 17/09/2012.
6 Données de la Cellule d'Adressage de la
ville de Niamey, 2011.
Page 32
3.2 Présentation du CNRD
Les Centres de Référence et de prise en charge
sont des lieux d'accueil, d'écoute et de soins, associant des
équipes et des structures hospitalières et collaborant
étroitement avec les associations de malades. Ils ont aussi pour mission
d'informer et former les professionnels de santé, les psychologues, et
les assistants sociaux, ainsi que de mettre en place des sessions d'information
et de prise en charge pour les parents et les malades. Pour ce point nous
présenterons l'ensemble des caractéristiques de l'institution de
notre étude.
3.2.1 Cadre institutionnel
Le Centre National de Référence de la
Drépanocytose (CNRD) est un établissement public à
caractère Scientifique et Technique, placé sous la tutelle
technique du Ministère de la Santé Publique (MSP).
Le CNRD a été créé par
Décret N° 011/PRN du 12 août 2009, grâce à une
Convention de partenariat et de financement 2007-2008 entre la
République du Niger (MSP), la Principauté de Monaco,
l'Association des Amis de l'enfance et l'Association de Lutte contre la
Drépanocytose au Niger (ALDN). Son siège est à Niamey. Ses
organes délibérants sont constitués par un Conseil
d'Administration et un Conseil Scientifique, et ses organes exécutifs
par un PCA et un DG.
3.2.2 Missions
Le CNRD est un centre de référence à
vocation nationale, régionale et internationale qui doit7
:
? Réaliser la prise en charge médicale
pluridisciplinaire intégrée et psychosociale des
drépanocytaires ;
? Former/recycler les professionnels de santé en
matière de prise en charge de la drépanocytose selon les normes
;
7 Données statistiques CNRD, 2012.
Page 33
? Faire la prévention par l'information, la
sensibilisation sur la maladie, le conseil génétique et le
dépistage néonatal du trait drépanocytaire ;
? Apporter une expertise dans le domaine de la lutte contre la
drépanocytose par :
? Le partenariat scientifique et médical aux niveaux
régional et international ;
? Le développement de la Recherche sur la
drépanocytose ;
? Promouvoir le partenariat entre professionnels de la
santé, parents, patients, groupes d'intérêts communautaires
pertinents et médias.
3.2.3 Infrastructures
Le CNRD est un bâtiment de 2 niveaux, d'une superficie
totale de 530 m2, et comprend :
· 2 salles d'attente (consultations médicales et
laboratoire)
· 2 salles de consultations
· 1 salle de soins
· 1 salle de permanence (infirmiers)
· 1 salle pour la prise en charge psychosociale et
préventive (éducation, thérapeutique, vaccinations)
· 1 local pour la pharmacie
· 1 local pour le laboratoire
· 2 salles d'hospitalisation avec salles de bains
· 6 bureaux
· 1 salle de réunion
· 2 locaux pour toilettes (personnels et patients)
Le bâtiment de la 1ère phase de la
convention a été réceptionné provisoirement en mars
2009. Le centre une capacité d'accueil de 11 lits et fonctionne sous
forme de
Page 34
centre de jour (consultations avec et sans RDV, hospitalisations
de jour) depuis le 18 janvier 2010.
Les services techniques sont essentiellement
représentés par le laboratoire qui n'est pas encore fonctionnel.
Les Services d'appui sont constitués par la pharmacie et le service
social.
3.2.4 Ressources humaines
Le CNRD compte au total trente-deux (32) agents dont vingt-sept
(27) agents mis à disposition du centre par le MSP. Le personnel
administratif et technique du centre se réparti comme suit :
- 04 médecins (01 pédiatre, 01 interniste et 02
généralistes) ;
- 01 pharmacienne ;
- 02 gestionnaires des services de santé ;
- 01 épidémiologiste ;
- 01 technicienne supérieure en assistanat social ;
- 05 infirmiers ;
- 05 techniciens de laboratoire ;
- 05 Appelés du Service Civique National (ASCN) : 01
épidémiologiste, 01 nutritionniste et 01 Technicien
Supérieur en Soins Infirmiers, 02 techniciens de laboratoire ;
- 01 chauffeur ;
- 02 techniciens de surface ; et cinq (5) recrutés par le
CNRD ;
- 01 secrétaire ;
- 01 percepteur ;
- 01 vendeuse en pharmacie ;
- 01 cuisinière ;
- 01 agent de sécurité ;
Page 35
3.2.5 Logistique
Le centre dispose aussi d'un équipement roulant pour
assurer les évacuations et l'envoi ou la réception des
correspondances composé notamment d'une ambulance en très bon
état provenant du MSP et d'une moto provenant toujours du MSP.
3.3 Mode de transmission de la
drépanocytose
La transmission génétique est
«autosomique» récessive,
c'est-à-dire indépendante du sexe et s'exprimant lorsque les deux
chromosomes transmis par les parents sont porteurs du gène de la
maladie. Lorsqu'un seul chromosome est porteur du gène de
l'Hb S (transmis par la mère ou
par le père), la maladie est dite hétérozygote et
le porteur est sain. Cependant, lorsque les deux chromosomes sont porteurs du
gène (transmis par la mère et par le
père), la maladie est dite homozygote et le porteur est malade (LABIE, D
et ELION, J., 2003 : 3). Le schéma ci-dessous illustre ce mode
de transmission.

Source: Schéma du mode de
transmission élaboré par LABIE, D et ELION, J., 2003.

DEUXIèME PARTIE :
PRISE EN CHARGE DE LA
DRéPANOCYTOSE
Page 36
Page 37
DEUXIEME PARTIE : PRISE EN CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE
PAR LE CNRD
Cette partie est composée de quatre chapitres à
savoir : le chapitre IV qui est relatif aux caractéristiques de la
population cible, le chapitre V pour la fréquentation et les
modalités d'accès au CNRD, le chapitre VI quant à lui
concerne les interactions nées autour de la prise en charge de la
drépanocytose, et enfin le dernier chapitre VII sur les perceptions de
la drépanocytose.
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION CIBLE
Ce chapitre tente de retracer un certain nombre de
particularités ou des traits distinctifs de la population
concernée par l'étude.
4.1 Caractéristiques sociales et
économiques
A ce niveau il s'agit d'analyser un certain nombre de
variables qui nous permettront de vérifier les hypothèses. C'est
pourquoi, ce point concerne les détails suivants : la classe
d'âge, le sexe, la situation matrimoniale, le niveau d'instruction
croisé à la profession, ainsi que le nombre d'enfants et le
nombre d'enfants drépanocytaires.
4.1.1 Classe d'âge
Ce sont des variables importantes dans l'analyse des
comportements démographiques. L'échantillon pris en compte
concerne exactement soixante-quinze (75) parents dont leurs enfants sont admis
ou consultés au CNRD de Niamey au moment de notre passage.
Page 38
Tableau N° 2 :
Répartition des enquêtés selon
l'âge
Age
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Moins de 18 ans
|
1
|
1,3%
|
De 18 à 20 ans
|
6
|
8%
|
De 20 à 22 ans
|
8
|
10,7%
|
De 22 à 24 ans
|
8
|
10,7%
|
De 24 à 26 ans
|
7
|
9, 3%
|
De 26 à 28 ans
|
7
|
9, 3%
|
Plus de 28 ans
|
38
|
50,7%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Nous remarquons que 38 sur 75 soit 50,7% de nos
enquêtés ont une moyenne d'âge de 30 ans. En effet, on se
rend compte qu'à partir de cet âge le parent est assez mature pour
bien s'occuper et bien suivre son enfant surtout lorsqu'il est malade.
En d'autres termes, malgré l'âge des parents, les
enfants drépanocytaires continuent à fréquenter
massivement les centres de soins comme le CNRD en vue d'obtenir des soins
conséquents pour alléger leurs souffrances.
Toutefois, seul une des femmes interviewées est
âgée de moins de 18 ans représentant 1,3% de l'ensemble de
la population étudiée.
4.1.2 Sexe
Le tableau ci-dessous montre le genre est le plus important. Ce
qui nous amène a démontré ceci au niveau du tableau
n°3.
Page 39
Tableau N° 3 : Répartition des parents
enquêtés selon le sexe
Sexe
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Masculin
|
2
|
2,7%
|
Féminin
|
73
|
97,3%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Sur l'échantillon de 75 enquêtés, deux
(2) hommes ont fait partie des interviewés même s'ils ne
représentent pas la majorité.
Le tableau ci-dessous (tableau N°3) présente la
répartition de la population enquêtée selon le sexe. En
effet, sur l'échantillon de 75 enquêtés, deux (2) hommes
soit 2,7% ont fait partie des interviewés et 97,3% sont toutes des
femmes.
Il faut noter qu'en dehors des femmes, les hommes sont aussi
disposés à prendre soin des enfants.
4.1.3 Situation matrimoniale
L'état matrimonial légal désigne la
situation conjugale d'une personne au regard de la loi: célibataire,
mariée, veuve, divorcée.
Ainsi, notre population cible est
hétérogène car composée d'hommes et essentiellement
de femmes. Elle est composée de quatre statuts parmi lesquels on retient
: des mariés, des célibataires, des divorcés et des veufs
ou veuves. Après notre dépouillement, les fréquences
suivantes se dessinent dans le tableau ci-après :
Page 40
Tableau N° 4 : Répartition des parents
enquêtés selon leur situation matrimoniale
Situation matrimoniale
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Marié(e) Monogame
|
43
|
57,3%
|
Marié(e) Polygame
|
13
|
17,3%
|
Divorcé(e)
|
6
|
8%
|
Célibataire
|
6
|
8%
|
Veuf (ve)
|
7
|
9,3%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Ce tableau montre sans surprise que les mariés
monogames représentent 57,30%, parmi lesquels on a 2 hommes. Cela est
dû au fait que c'est la catégorie ayant fréquenté le
plus ce centre au moment du passage sur le terrain, les mariées
polygames occupent quant à eux, le second rang avec un taux de 17,30%,
les divorcées et les célibataires ont le même pourcentage
qui est de 8% niveau et enfin les veuves représentent 9,30% de la
population concernée par notre échantillon.
Cet état de fait s'explique aussi par le fait que la
drépanocytose est une maladie héréditaire ; cela rejoint
l'idée de Mme D.A épidémiologiste au CNRD : « la
plupart des enfants que nous recevons dans ce centre sont issus de couples
mariés surtout monogames parce que la maladie est transmise à
l'enfant par ses deux parents qui sont tous porteurs de traits
drépanocytaires ...».
4.1.4 Niveau d'instruction et profession
Ce sous point prend en compte les résultats relatifs
au niveau de scolarisation des parents admis au CNRD, ainsi que la profession
de ces derniers. Le tableau ci-dessous établit le croisement de ces
résultats.
Page 41
Tableau N° 5 : Répartition des parents
enquêtés selon la profession croisée au niveau
d'instruction
Profession Niveau
d'instruction
|
Agriculteur
|
Eleveur
|
Etudiant/Elève
|
Ménagère
|
Commerce
|
Salarié
|
Autre
|
Total
|
Aucun
|
1
|
0
|
0
|
21
|
2
|
0
|
1
|
25
|
Alphabétisation
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Primaire
|
0
|
0
|
1
|
18
|
0
|
0
|
0
|
19
|
Secondaire
|
0
|
0
|
13
|
5
|
0
|
1
|
0
|
19
|
Supérieur
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
5
|
0
|
7
|
Coranique
|
1
|
0
|
0
|
4
|
0
|
0
|
0
|
5
|
Total
|
2
|
0
|
16
|
48
|
2
|
6
|
1
|
75
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Nous nous rendons compte que parmi les enquêtés
constituant notre population d'étude 25 n'ont aucun niveau d'instruction
et la plupart sont des ménagères, une situation favorisant la
méconnaissance. Toutefois cette non scolarisation constitue un handicap
pour un bon suivi et un traitement des enfants malades tant à la maison
qu'au niveau dudit centre.
A titre d'exemple, le médecin-chef du CNRD affirme :
« ...le manque d'instruction est une situation qui nous cause un
désagrément dans la prise en charge des malades surtout lorsqu'il
s'agit de revenir chercher les résultats des dépistages à
travers l'électrophorèse8 de l'hémoglobine, les
mères ne reviennent pas ou mettent du temps avant de revenir prendre les
résultats. Aussi, ces femmes ne comprennent pas
8Le prélèvement sanguin (sang total)
peut se faire à jeun ou non, dans un tube avec anticoagulant (EDTA,
Héparine) ou sur papier buvard. L'électrophorèse de
l'Hb sur acétate de cellulose à pH alcalin est
un test qualitatif qui permet de différencier la forme homozygote SS et
la forme hétérozygote AS. ALFONSO, B. (1998).
Page 42
que les enfants qui manifestent une crise
drépanocytaire sont automatiquement pris en charge donc ont la
priorité sur les autres enfants ».
En effet, parmi les enquêtés de
l'échantillon dont 2 hommes, 7 ont un niveau supérieur, ceci
contribuera sans nul doute à une meilleure compréhension de la
maladie, afin de mieux la prendre charge.
Par ailleurs, notre échantillon est constitué
de 48 femmes ménagères, cela suppose qu'elles n'ont pas un revenu
conséquent leur permettant de couvrir tous les frais de soins en cas de
manifestation de la maladie. Surtout que le traitement entre consultations,
prise en charge et achat de médicaments est excessivement cher. Le
coût de ce traitement varie de 50.000 f à 250.000 f CFA par
hospitalisation en cas de crise.
En effet, la drépanocytose est du coup une
pandémie nécessitant des moyens pour sa prise en charge aussi
bien médical que social. C'est pourquoi si les parents ont un faible
revenu la prise en charge s'avérerait très difficile, surtout
quand on a plus d'un enfant drépanocytaire. Ainsi, le revenu des parents
est un facteur décisif dans la prise en charge (P.E.C) de la
drépanocytose.
4.1.5 Nombre d'enfants
Il est ici question de voir le nombre d'enfants par
enquêté et de voir parmi ces derniers combien sont
drépanocytaires.
Tableau N° 6 : Répartition des
enquêtés selon le nombre d'enfant
Nombre d'enfant des enquêtés
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Un
|
24
|
32%
|
Deux
|
24
|
32%
|
Trois
|
12
|
16%
|
Quatre
|
6
|
8%
|
Cinq
|
6
|
8%
|
Six
|
3
|
4%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Page 43
Environ 8% des enquêtés ont plus d'un ou de deux
enfants. Cela dit, la majorité des enquêtés (32%) ont une
moyenne de 2 enfants. 16% représentent les enquêtés qui ont
trois enfants et 8% de ces derniers ont respectivement 4 et 5 enfants.
Ainsi, la plupart des enfants rencontrés sur le terrain
ont un âge compris entre 1 et 3 ans ; une tranche d'âge où
les enfants sont très vulnérables à toute forme de
pathologie en général et surtout à la
drépanocytose.
Tableau N° 7 : Nombre d'enfants
drépanocytaires
Nombre d'enfants drépanocytaires
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Un
|
55
|
73%
|
Deux
|
18
|
24%
|
Trois
|
2
|
2,7%
|
Plus de 3
|
0
|
0%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Nous remarquons que 73% des enquêtés ayant
fréquenté le CNRD pendant notre séjour sur le terrain ont
au moins un enfant drépanocytaire. Ce qui montre que les
enquêtés n'ont pas fréquenté le centre pour une
autre raison particulière. En effet, d'après l'O.A.S
(2009)9 une famille sur quatre a au moins un enfant
drépanocytaire au Niger.
9 Organisation Africaine de la Santé (O.A.S),
Rapport publié en 2009.
Page 44
CHAPITRE V : FREQUENTATION ET MODALITES D'ACCES AU
CNRD
Ce chapitre est consacré à la
fréquentation du centre par les parents d'enfants drépanocytaires
et aux différentes modalités d'accès dudit centre. Nous
tenterons de voir successivement la fréquentation et les circonstances
d'admission au CNRD, les perceptions des critères d'admission par les
enquêtés et la connaissance de l'Association de Lutte contre la
Drépanocytose au Niger.
5.1 Fréquentation et circonstance d'admission
au CNRD
Le centre national de référence de la
drépanocytose connait une fréquentation assez importante. De sa
date de création à ce jour, il a enregistré environ 15 752
admissions d'enfants malades. Au cours de l'année 2010 le centre a
enregistré 5258 cas de drépanocytaires contre 5507 en 2011.
C'est pourquoi nous allons voir successivement le nombre
d'enfants ayant fréquenté ce centre et aussi les motifs de leur
admission.
Tableau N° 8 : Nombre d'enfants ayant
fréquenté le CNRD
Nombre d'enfants ayant fréquenté le CNRD
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Un
|
56
|
74,7%
|
Deux
|
17
|
22,7%
|
Trois
|
2
|
2,7%
|
Plus de 3
|
0
|
0%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012).
Le tableau ci-dessus (tableau N°8) fait ressortir que 56
enquêtés soit (74,7%) ont au moins un enfant admis au centre pour,
soit une prise en charge (P.E.C), soit pour une consultation, soit pour un
pré-dépistage ou encore pour un RDV/Suivi. Par ailleurs,
l'affluence du centre dépend aussi des périodes. Par exemple,
entre décembre
Page 45
et janvier le centre peut enregistrer plus de 50 admissions
par jour. D'après le directeur du centre Dr B.A : «... Cette
situation est liée au fait que durant la période de
fraîcheur, les malades sont plus exposés à manifester des
crises surtout s'ils ne sont pas protégés, nous conseillons
même les parents d'éviter d'exposer leurs enfants pendant ce temps
».
Tableau N° 9 : Circonstances d'admission au
CNRD
Circonstances
d'admission au CNRD
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Pré-dépistage
|
10
|
13,3%
|
Consultation
|
14
|
18,7%
|
Prise en charge
|
44
|
58,7%
|
Rdv/Suivi
|
7
|
9,3%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Quatre circonstances d'admission au CNRD sont
identifiées à travers ce tableau. On peut les citer par ordre de
priorité :
? 58,7% des enfants ont été admis dans le
centre à l'occasion d'une prise en charge ;
? 18,7% de ces enfants à l'occasion des consultations
;
? 13,3% à l'occasion des pré-dépistages
;
? 9,3% pour des rendez-vous ou pour un suivi.
A l'issue des résultats de ce tableau, il ressort que
la majorité des enfants rencontrés ont été plus
pris en charge par le centre. Cela démontre que la P.E.C est l'une des
principales activités de ce centre.
Par ailleurs, au-delà de cette activité qu'est
la P.E.C, le centre mène notamment d'autres activités
citées plus haut par ordre de priorité.
Page 46
Bien que des actions de sensibilisation et de
prévention soient menées à l'intention des parents au
niveau du centre, force est de constater que le flux des patients ne fait que
croître.
5.2 Perceptions des enquêtés des
critères d'admission
Il s'agit ici d'analyser les différentes
représentations qu'ont les populations enquêtées des
critères d'admission ainsi que l'état de santé des enfants
suite à l'admission. Le tableau ci-dessous (tableau N°10)
reflète les perceptions de ces critères d'admission par les
enquêtés.
Tableau N° 10 : Perceptions des
critères d'admission
Perceptions des critères d'admission
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Bons
|
46
|
61,3%
|
Acceptables
|
28
|
37,3%
|
Mauvais
|
1
|
1,3%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Le tableau ci-dessus présente les perceptions que les
populations enquêtées ont des critères d'admission au
niveau du centre national de référence de la drépanocytose
de Niamey. La majorité, soit 61,3% trouve que ces critères
d'admission sont bons, ensuite 37,3% estiment que ces critères sont
acceptables et enfin seuls 1,3% des enquêtés pensent que ces
critères sont mauvais. En effet, tout porte à croire que le CNRD
arrive à donner une certaine satisfaction dans ses prestations.
En outre, bien que la majorité des
enquêtés approuvent les critères d'admission, il y en a
d'autres qui trouvent que ce n'est nullement le cas. C'est pourquoi, les
enquêtés n'ayant pas été satisfaits de ces
critères réagissent à travers des menaces de
Page 47
dénonciation porter sur les médias, ou en
insultant tout simplement les agents de santé du centre.
Pour ce faire, nous avons personnellement vécu un
exemple concret sur le terrain : « Le jour où j'ai amené
mon enfant, il était presque mort! Mais maintenant Alhamdoulillah (Dieu
merci) ! Tu le vois bien, juste après sa prise en charge
journalière ; il s'est remis... », affirme (Z.K, mère
d'enfant drépanocytaire).
Tableau N° 11 : Perceptions de
l'évolution de l'état de santé suite à l'admission
au CNRD
Perceptions de l'état de santé suite à
l'admission au centre
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Amélioré
|
65
|
86,70%
|
Dégradé
|
0
|
0%
|
Aucun changement constaté
|
10
|
13, 3%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
On constate que 86,7% des enfants admis au CNRD ont selon les
enquêtés un état de santé en nette
amélioration grâce aux prestations du centre. En effet, la
majorité des enquêtés rencontrés prétendent
qu'une fois au niveau du centre leurs enfants seront guéris. 13,3%
représentent les enfants dont l'état de santé n'a connu
aucun changement, cela pour dire que ces enfants n'ont pas été
admis pour un P.E.C, mais plutôt pour soit un
pré-dépistage, soit pour un RDV en vue du suivi du malade.
5.3 Connaissance de l'Association de Lutte contre la
Drépanocytose au Niger
L'Association de Lutte contre la Drépanocytose au
Niger (ALDN) regroupe toutes les personnes désirant lutter activement
contre cette affection. Elle est née de la détermination d'un
groupe de parents drépanocytaires et de certains praticiens
décidés à sensibiliser l'opinion quant à la
gravité de cette maladie, et à la nécessité de
mieux structurer et coordonner les actions de prise en charge et de
prévention.
Page 48
On constate au niveau du tableau ci-dessous que 86,7% des
enquêtés ne connaissent pratiquement pas cette association. Pire
encore ils ne sont pas informés de l'existence de l'ALDN (Association de
Lutte contre la Drépanocytose au Niger), malgré la
fréquentation du centre. Toutefois, même ceux qui la connaissent
ne la fréquentent pas. D'autres par contre ont connu cette association
par le biais de l'hôpital parce qu'en dehors des prestations du CNRD, ils
sont orientés vers l'hôpital national de Niamey (HNN). Ainsi les
13,3% des enquêtés connaissent cette association, même s'ils
ne la fréquentent pas toujours.
Tableau N° 12: Connaissance de l'Association
de lutte contre la drépanocytose
Connaissance de l'ALDN
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
10
|
13,3%
|
Non
|
65
|
86,7%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
D'une manière générale, les malades et
parents des malades qui fréquentent les associations, se sentent plus
à l'aise au sein de l'association. Ils y trouvent soutien et
réconfort moral, entraide et informations à partager. C'est
d'ailleurs pourquoi l'ALDN a inscrit parmi ses priorités
l'amélioration des conditions de vie des drépanocytaires surtout
ceux que nous avons rencontrés au CNRD.
En témoignent les propos de S.H : «
l'association est là pour répondre à certaines
inquiétudes des malades ou parents de malades et les oriente toujours
vers les spécialistes de la maladie ».
5.4 Connaissances des modalités d'accès
au CNRD
Selon MENDEL G. (1977), la première connaissance est
celle que les hommes ont d'eux-mêmes et de leur environnement, et qui,
dans les sociétés primitives, assure leur survie quotidienne.
C'est aussi cette connaissance qui structure le groupe humain. Elle se
constitue comme un ensemble de pratiques, de comportements et de
règles
Page 49
admises par la communauté. Il s'agira à ce
niveau de voir si les enquêtés ont une connaissance relativement
aux modalités d'accès audit centre.
Tableau N° 13: Modalités d'accès au
centre
Modalités d'accès
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Accès pour tous les drépanocytaires
|
49
|
65, 3%
|
Accès gratuit de 0 à 5 ans
|
26
|
34,7%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Le mode d'accès au centre est simple et ne fait
l'objet d'aucune ambiguïté et est composé que de deux
modalités à savoir l'accès pour tous les
drépanocytaires et l'accès gratuit des enfants de 0 à 5
ans.
C'est pour dire que le CNRD est ouvert à tout malade
atteint de la drépanocytose. En effet, le centre a réduit de 25%
tous les frais y afférents et la gratuité pour tous les enfants
âgés de 0 à 5 ans. Au-delà de cet âge, il
incombe aux parents de prendre entièrement leurs enfants en charge.
Le centre est ouvert du lundi au vendredi et à tout
malade drépanocytaire quel que soit son âge et son statut social
et sa provenance, pourvu qu'il présente tous les signes et toutes les
manifestations de la maladie.
Malgré les modalités du mode d'accès au
centre, plus ou moins souples, force est de constater que les urgences passent
en premier. Le drépanocytaire qui manifeste une crise à un stade
avancé est automatiquement pris en charge. Aussi, il existe un fond
social que le CNRD a initié consistant à faire les premiers soins
avant l'arrivée des parents de l'enfant malade car il se peut qu'il soit
conduit au centre par une tierce personne.
Toute structure sanitaire instaure des modalités
d'accès tantôt difficiles tantôt souples pour les usagers.
La connaissance de ces modalités est un facteur décisif dans
Page 50
toute forme de traitement d'une maladie car permettant aux
usagers d'être imprégnés avant même d'accéder
aux structures sanitaires.
C'est pourquoi, les résultats issus du tableau
n°13 démontrent que la connaissance des modalités
d'accès au CNRD convient aussi bien aux malades qu'aux parents de ces
derniers.
Page 51
CHAPITRE VI : INTERACTIONS AUTOUR DE LA PRISE EN
CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE
Une interaction dans le langage courant, est l'action ou
l'influence réciproque qui peut s'établir entre deux objets, deux
personnes ou plus. Une interaction est toujours suivie d'un ou plusieurs effets
(exemple en médecine : effet indésirable d'une interaction
médicamenteuse).
Selon MORIN E. (1977 :51) :« Une interaction est un
échange entre deux entités sociales. Les interactions sont des
actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en
présence ou en influence ».
Selon Lorsque quelqu'un est gravement malade, on
procède généralement dans nos sociétés et
particulièrement au Niger à des pratiques coutumières et
cliniques qui relèvent bien souvent de notre construction de la maladie.
La culture peut alors renseigner sur les interprétations dont fait
l'objet la maladie et les logiques de prise en charge du malade. Aussi, permet-
elle d'identifier les différents types d'acteurs sociaux en interaction
autour de cet enjeu préoccupant à cause de l'importance que
revêt la santé de l'être humain (COCKER, 2008).
Ce chapitre traite de l'ensemble des relations qui se nouent
entre les agents du CNRD et les bénéficiaires des prestations qui
sont les drépanocytaires et leurs accompagnants. En effet, les
données de ce chapitre sont recueillies essentiellement au cours de nos
entretiens. A ce niveau, il sera surtout question des rapports particuliers qui
s'observent autour de l'accueil, les rapports entre agents de santé et
usagers, ou encore entre l'Etat et le CNRD. Les données nous permettront
d'évaluer le degré de satisfaction des populations au regard des
prestations rendues car leur point de vue importe dans la compréhension
de l'offre des services du centre dans sa globalité.
Page 52
6.1 Interactions nées autour de l'accueil
Le sens de l'accueil, le respect de l'éthique dans les
établissements de services aux citoyens constituent un gage de
qualité des services et de satisfaction des citoyens (CHAKOR Salah,
2003). Le bon accueil est le gage de qualité dans les hôpitaux et
centres de santé. C'est pourquoi, un bon accueil dans les hôpitaux
et centres de santé constitue la moitié de la guérison.
Aussi, dans les établissements hospitaliers et de soins, publics et
privés, les patients doivent se sentir, à l'entrée comme
à la sortie, à l'aise, entre de bonnes mains ; et ceci n'est
possible que par un accueil chaleureux, personnalisé. De ce fait, le
personnel chargé de soigner et d'hospitaliser les patients est tenu de
maîtriser et d'appliquer les règles de bonnes manières et
d'éthique, afin de contribuer moralement à leur
guérison.
Le comportement du personnel de certains
établissements rend les patients plus malades qu'ils étaient
avant de se présenter pour subir des soins. Il est parfois
désolant de voir ou d'entendre un infirmier crier sur un malade ; et ce
genre de comportement laisse le pauvre patient à aller soit à
l'hôpital soit chez les tradithérapeutes malgré lui. Le
patient déjà souffrant cherche à être soigné
le plus rapidement car la drépanocytose est une maladie de douleurs
atroces. C'est pourquoi, le climat de confiance régnant entre personnel
soignant et usagers est quasiment absent. De ce fait, une collaboration
à travers un esprit d'équipe entre agents et malades
drépanocytaires ou parents de malades serait indispensable pour une
meilleure prise en charge.
Une animation appelée, "éducation
thérapeutique", est menée chaque matin et se déroule de la
manière suivante: à partir de 8h les portes du centre sont
fermées et l'assistante sociale commence l'activité en
sensibilisant les parents pour qu'ils connaissent mieux la maladie.
Après 30mns les portes sont réouvertes pour que ceux qui viennent
en retard puissent y accéder à leur tour ; mais du fait de ce
retard ils ne bénéficient pas de cette activité. En effet,
parmi ces parents retardateurs il y en a ce qui viennent de très loin et
n'ont pas leur propre moyen de déplacement pour pouvoir être
à l'heure au centre. Ainsi, B.S une des enquêtées affirme:
« Moi je viens de très loin,
Page 53
j'habite le quartier Riyad, et ce n'est pas du tout facile
d'avoir un taxi parce qu'à partir de 7h tout le monde va au travail donc
les taxis sont pleins ».
En effet, au cours de cette activité de
sensibilisation l'assistante sociale affirme que la maladie n'a pas de
remède par conséquent le malade doit être constamment
surveillé afin de lui faire éviter des multiples crises surtout
s'il est âgé de moins de 5 ans. D'autres parents ne respectent pas
ces conseils ce qui explique leurs fréquentations
répétée au centre. Une situation pouvant créer un
conflit entre agents et usagers. Ainsi, le personnel est quelque peu indulgent
ou patient quant aux comportements des parents.
6.2 Rapports conflictuels entre agents de santé
et usagers
Parmi les difficultés entre agents de santé et
usagers notons d'abord le non-respect des Rendez-vous allant d'un à
trois mois permettant de vérifier l'état de santé du
malade à travers une fiche personnelle de suivi. Ensuite, au cours du
prélèvement sanguin les infirmiers(ères) ont du mal
à trouver les veines des enfants malades ; ce qui les oblige à
tenter plusieurs fois avant de retrouver la veine. Cette situation embarrasse
le parent face aux comportements des infirmiers(ères). C'est pourquoi
H.I mère d'un drépanocytaire s'exprime en ces termes «
Hey loctorra (infirmière) fais doucement, tu ne vois pas qu'il a assez
souffert comme ça ». L'infirmière répliqua quant
à elle : « S.v.p. madame, je sais faire mon travail ce n'est
pas à vous de me l'apprendre ok, vous voulez que votre enfant retrouve
la santé donc arrêtez de me déranger... ».
En dehors de ces problèmes cités il existe
d'autres relatifs à l'ordre de préséance des consultations
et à l'absentéisme des certains agents de santé. Pour ce
faire, nous avons également été témoin d'une
scène où une enquêtée affirmait: « Madame
l'infirmière, haba !!!, moi j'étais ici depuis 6h du matin, je ne
suis pas d'accord que quelqu'un passe avant moi, mon enfant est aussi malade
sinon je ne serai pas ici hein ». Ceci un des problèmes auquel
est confronté le personnel soignant ; parce que les usagers ignorent
totalement que les urgences passent avant les autres cas.
Page 54
Par rapport à l'absentéisme du personnel,
beaucoup de malades ou parents de malades drépanocytaires pensent que la
majorité des agents soignants ne sont pas totalement disponibles pour
s'occuper de leurs patients. Ceci est illustré ici par des propos des
enquêtés notamment Z.I : « Nous avons fait deux
déplacements sans pouvoir rencontrer le médecin sous
prétexte qu'il était en déplacement, puisque ce
n'était que pour des visites de contrôle et que mon enfant ne se
plaignait même pas alors nous avons fait plus d'une année sans
revenir ».
H.G quant à elle : « Je suis venue à
ce centre 4 fois sans pouvoir rencontrer son directeur et j'étais
obligé d'aller à l'hôpital national ; là-bas aussi
j'ai pas été très satisfaite à cause de la lenteur
dans le traitement de mon enfant... ».
Le refus d'accepter la prise en charge sanitaire au niveau du
centre favorise un climat de mécontentement des usagers. C'est pourquoi
F.G s'exprime en ces termes : « Walahi moi je souffre
énormément, j'ai 4 enfants drépanocytaires qui sont SS,
deux(2) sont décédés et je n'ai pas assez de moyens pour
leur P.E.C, surtout que ma prise en charge médicale n'est pas prise en
compte au niveau du centre... ». Cette prise en charge sanitaire est
plus que nécessaire pour les parents qui l'a possèdent surtout
que le traitement est très coûteux. Cet état de fait est de
nature à décourager les parents fréquentant le centre.
Ainsi, les parents du fait de leur manque d'instruction ne
reviennent pas chercher les résultats d'examen de
l'électrophorèse de l'hémoglobine et c'est seulement avec
ces résultats que le médecin peut confirmer que le malade est
atteint de telle ou telle forme de drépanocytose.
6.3 Interventions de l'Etat et stratégies
développées dans la P.E.C
Dans la plupart des pays où la drépanocytose
constitue une préoccupation majeure de santé publique, la prise
en charge est restée insuffisante ; il n'y a pas de programme national
de lutte, les moyens de base pour la prise en charge font
généralement défaut, le dépistage
systématique n'est pas couramment pratiqué et le diagnostic est
généralement posé lorsque le patient se présente
avec une complication grave (COCKER, 2008, Ibid.).
Page 55
L'Etat nigérien n'accorde pas une attention toute
particulière à la drépanocytose qui est la plus dangereuse
des maladies héréditaires chroniques au monde. Selon les
statistiques du CNRD de 2011, la maladie prend considérablement de
l'ampleur, et est devenue un problème de santé publique. Une
grande partie de la population ne fait pas l'objet d'une attention ni de soins
particuliers à cet égard.
Aujourd'hui, les actions de l'Etat dans la prise en charge de
la drépanocytose sont moindres même si par ailleurs cette P.E.C
continue d'évoluer de façon notable et régulière.
Cependant, grâce à des partenaires comme la principauté de
Monaco, et l'AMADE mondiale que le CNRD tente tant bien que mal de prendre en
charge les malades. C'est pourquoi, dans l'optique d'une meilleure prise en
charge des malades le centre a développé plusieurs
stratégies. Parmi les stratégies adoptées par le centre
pour la prise en charge retenons :
? Le prélèvement de 1% des frais de vente des
médicaments qui est alloué à la caisse de prise en charge
sociale pour faire les premiers soins ;
? Si après deux prélèvements sanguins,
le parent ne revient pas chercher le résultat des examens, au
troisième prélèvement, il sera obligé de payer les
frais y afférents, malgré la gratuité dont
bénéficie l'enfant si bien sûr son âge est compris
entre 0 et 5 ans ;
? Une réduction de 25% sur les frais de consultations
et d'examens complémentaires ;
? Une collaboration avec l'ONG «TATALI»
afin d'accroitre les moyens permettant de mieux prendre en charge les
drépanocytaires ;
? Le CNRD a initié en 2010, une campagne de
prévention et de sensibilisation sur la drépanocytose à
travers l'Association Nigérienne de Lutte contre la Drépanocytose
(ALDN) celle-ci a favorisé l'accès aux micro-crédits d'une
centaine de mères de famille afin de les aider à
développer des Activités Génératrices de Revenus
(AGR) et ainsi dégager des revenus nécessaires à la prise
en charge durable des soins de santé de leurs enfants.
Page 56
Ainsi, toutes ces dispositions mises en oeuvre par le centre
sont de nature à favoriser les rapports entre ledit centre et les
usagers. Or, les appréciations des usagers sur la P.E.C sont
mitigées : on relève des critiques favorables et
défavorables. Ici, GOFFMAN (1973) est l'un des auteurs qui s'est
beaucoup interrogé sur les formes que prennent ces interactions, sur les
règles dont elles se dotent, sur les rôles que mettent en
scène les acteurs qui y sont impliqués, sur l'ordre
spécifique qu'elles constituent.
Cet auteur, étudie les interactions en tant qu'elles
illustrent le fonctionnement d'une organisation, ou qu'elles montrent comment
des personnes appartenant à des classes sociales différentes
entrent en relation, etc., mais aussi lorsqu'il est question de comprendre les
interactions à partir des intérêts, ou des mobiles des
acteurs en présence, ou encore en fonction des représentations
que ces acteurs ont de leurs partenaires dans l'interaction.
L'interaction médecin-patient serait un
élément déterminant de la prise en charge.
L'éducation joue un rôle capital dans la concordance entre
patients et médecins autour de la prise en charge et cela passe
nécessairement par une communication entre patients et médecins,
mais aussi les perceptions de la qui eux dépendent largement du niveau
d'éducation.
La drépanocytose se manifeste à travers des
symptômes ce qui entraine des conséquences dans divers domaines de
la vie.
6.4 Manifestations et implications variées de
la drépanocytose
La drépanocytose a un impact sur plusieurs aspects de
la vie du malade notamment sur l'éducation, la physionomie, le
coût du traitement, etc.
? Sur l'éducation : Plusieurs études de 2010
ont montré que les enfants drépanocytaires sont très
intelligents mais leur intelligence reste éphémère
à cause des multiples crises qui interviennent à chaque fois
stoppant du coup leur éducation scolaire. Les absences fréquentes
à l'école du fait de la durée des crises fait en sorte que
80% d'entre eux sont exclus de l'école. Les enfants
Page 57
drépanocytaires n'ont pas les mêmes chances de
réussite à l'école (OMS, 2010) ;
? Sur la physionomie: A première vue un
drépanocytaire est d'une constitution chétive. Cela est dû
à un retard de la croissance. Dans le langage médical on parle de
caractéristique staturo-pondérale. Par exemple : « les
crises affectent essentiellement les os et l'abdomen. Les crises
osseuses concernant les petits os des mains ou des pieds, constituent le
syndrome pieds-mains et ne s'observent que chez le nourrisson. Chez l'enfant et
chez l'adulte, les crises concernent tous les os longs, les vertèbres et
le thorax (côtes, sternum); leur durée est de 4 à 5 jours.
Les crises abdominales s'accompagnent toujours d'un réflexe, cause d'un
arrêt transitoire et elles durent de 2 à 3 jours...»
propos de Dr B.A, le directeur du CNRD. Cette situation rend difficile
leur mariage car le sentiment de crainte de se marier à un
drépanocytaire est plus que réel surtout s'il est un
drépanocytaire ``SS».
? Sur le coût du traitement: la prise en charge de la
drépanocytose coûte excessivement cher. La prise en charge peut
varier de 50.000f à 250.000f CFA. La plupart des parents
enquêtés n'ont pas un revenu leur permettant d'assurer totalement
cette prise en charge. Ce qui influence considérablement l'état
de santé de ses enfants surtout si le parent a plusieurs enfants
drépanocytaires ``SS''.
Page 58
CHAPITRE VII : PERCEPTIONS DE LA DREPANOCYTOSE
Ce chapitre retrace les représentations que se font
les personnes enquêtées face à la drépanocytose
surtout à travers la prise en charge.
7.1 Perceptions de l'état de santé
Ici il s'agit des perceptions de l'état de
santé des enfants ayant déjà
bénéficiés d'une prise en charge. On constate sur le
graphique1 que 63% des enquêtés trouvent l'état de
santé de leurs enfants très satisfaisant parce qu'ils ont
été pris en charge par le centre, cela démontre que la
prise en charge au CNRD est assez satisfaisante pour les patients que nous
avons rencontrés au moment de notre passage. Par contre, 29% estiment
que la santé de leurs enfants est satisfaisante parce qu'ils y a des
enfants qui ont été admis au centre non pas pour une prise en
charge mais plutôt pour une consultation, et 8% des enquêtés
ont des enfants admis au centre pour un dépistage. En effet, les
perceptions de l'état de santé des enfants drépanocytaires
dépend particulièrement du motif d'admission au centre.
Graphique 1 : Perceptions de la santé des
enfants drépanocytaires

29%
état de santé des enfants
Très satisfaisante
Satisfaisante
Peu satisfaisante
8%
63%
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Page 59
7.2 Perceptions de la durée de la maladie
Il ressort du graphique 2 que la majorité (52%) des
enquêtés considèrent la drépanocytose comme une
maladie chronique, comme une maladie qui dure longtemps surtout qu'elle est une
pandémie méconnue du grand public et est négligée
par la population. Seuls 43% de cette population reconnaissent le
caractère héréditaire de la drépanocytose. Ces
enquêtés estiment que la maladie de leurs enfants durera pour
toujours c'est-à-dire pour l'éternité. En effet, la
plupart des enquêtés qui perçoivent que la maladie est
héréditaire sont instruits. Les 5% représentent ceux qui
pensent que la maladie durera peu de temps c'est-à-dire qu'elle sera
passagère.
La perception de la durée de la maladie est aussi
étroitement liée au niveau d'instruction des parents. Toutes ces
raisons avancées illustrent parfaitement que la drépanocytose
reste et demeure une maladie méconnue et c'est pourquoi cette
dernière continue à faire plus de victimes au sein de la
société.
Graphique 2: Répartition des
enquêtés selon la perception de la durée de la
maladie

43%
Durée de la maladie
5%
52%
Longtemps Toujours
Peu de temps
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Page 60
7.3 Moyens utilisés pour accéder au
CNRD
Le tableau n°14 nous montre que 88% des
enquêtés empruntent soit un taxi, soit un bus pour se rendre au
centre. Ce qui coûte en moyenne 1000f par déplacement
c'est-à-dire domicile-centre-domicile. Les parents choisissent ce type
de moyen en fonction de leur bourse généralement peu pourvue. En
effet, les ménagères sont les plus nombreuses dans notre
échantillon d'étude. Avec une pauvreté touchant la
moitié de la population ces dernières n'ont pas des revenus
suffisants et n'ont pas d'autre choix que d'utiliser ce moyen de transport.
Toutefois, 1,30% des enquêtés se sont rendus au centre soit
à pied, soit dans leur propre voiture. Ce choix du déplacement
à pied s'explique par la proximité du centre pour ces parents.
Par contre, 9,30% de la population étudiée ont été
conduits soit par leur mari soit par une tierce personne au centre. Cela
démontre le degré d'implication du conjoint ou toute autre
personne ne pouvant rester indifférent face à la gravité
de la maladie surtout en cas de manifestation de crise.
Tableau N° 14: Moyen de transport
utilisé pour se rendre au centre
Moyens de transport
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
A pied
|
1
|
1,30%
|
En taxi/Par bus
|
66
|
88,00%
|
En voiture personnelle
|
1
|
1,30%
|
Conduit par quelqu'un
|
7
|
9,30%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Page 61
7.4 Perceptions du coût des
médicaments
La perception des prix constitue un sujet de
préoccupation majeure pour les parents rencontrés sur le terrain.
Parmi ces parents nombreux ont un faible pouvoir d'achat. Leur revenu est
insuffisant pour une meilleure prise en charge de leurs enfants. Ainsi, il est
compréhensible qu'en prenant en compte la diversité des
caractéristiques socioéconomiques que chaque parent puisse avoir
sa propre perception relativement au coût des médicaments.
Tableau N° 15 : Répartition des
enquêtés selon leur appréciation du coût des
médicaments
Estimation du prix des médicaments
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Trop cher
|
14
|
18,70%
|
Cher
|
46
|
61,30%
|
Abordable
|
15
|
20%
|
Total
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Il ressort du tableau n°15 que 61,3% des
enquêtés trouvent le coût des médicaments chers par
rapport à leur revenu mensuel qui ne leur permet pas d'assurer
totalement l'achat des médicaments. Aussi, 18,7% jugent que ces produits
sont trop chers. Par contre 20% d'entre eux trouvent le prix abordable parce
qu'ils sont soit aidés dans l'achat, soit ils ont un revenu assez
élevé pour se procurer les médicaments.
En effet, le prix des traitements peut
déséquilibrer rapidement le budget familial déjà
précaire et acculer le chef de famille à des choix difficiles :
« traiter l'un ou nourrir les autres ». C'est pourquoi, les
enfants malades pensent qu'ils désorganisent la vie familiale par le
poids de leur maladie.
Ainsi, certains parents d'enfants drépanocytaires
préfèrent un traitement moins coûteux vu la cherté
des médicaments et souvent même leur indisponibilité.
C'est
Page 62
pourquoi, d'autres parents font recours aux traitements
traditionnels. Les parents faisant recours à ce type de traitement ont
une autre conception de la maladie. Pour ces parents la drépanocytose
pourrait être d'origine divine ou maléfique. Comme en
témoignent les propos de M.H une des enquêtées : «
Les médicaments pharmaceutiques sont de plus en plus chers et ne
sont pas toujours disponibles quand on veut les acheter alors qu'au contraire
chez les tradithérapeutes ils sont moins chers ».
7.5 Perceptions des raisons de la maladie,
connaissance de la maladie par un membre de la famille et implication du
conjoint
Il est ici question de voir comment les parents
perçoivent les raisons de la drépanocytose, la connaissance de la
maladie de leurs enfants par un membre de la famille et aussi le degré
d'implication du conjoint.
7.5.1 Raisons de la maladie
En règle générale, la théorie
médicale définit la drépanocytose comme une maladie
génétique du sang. Or, les causes attribuées à la
maladie diffèrent d'une société à l'autre et au
sein d'une même société.
Le tableau ci-dessous révèle que 53,30% des
enquêtés affirment que la maladie de leurs enfants est
héréditaire c'est-à-dire que ces parents ont une parfaite
connaissance de la maladie et de son mode de transmission. Par contre, 36% des
enquêtés assimilent la raison de la maladie à une cause
divine. Aussi, 9,30% de nos enquêtés jugent n'avoir aucune
connaissance de la raison de la maladie. Enfin, 1,30% des enquêtés
prétendent que la drépanocytose est une malédiction ou un
sort. Une raison qui pousse certains parents à faire recours aux
tradithérapeutes qui cherchent à relier la maladie à un
dysfonctionnement organique. Mais aujourd'hui, l'essentiel des attitudes de la
population vient du sens ontologique conféré au mal. Est-ce une
maladie naturelle, une agression sorcière, un mal envoyé par les
ancêtres ou par un génie de la brousse, etc. L'idée qu'on
s'en fait oriente la quête de remèdes et les attitudes sociales.
Toutefois, le manque d'informations appropriées sur la pathologie fait
naître chez les
Page 63
parents d'enfants drépanocytaires, la confusion ou
l'amalgame entre drépanocytose, rhumatisme et douleur osseuse.
Tableau N° 16: Répartition des
enquêtés selon la raison principale de la maladie de leurs
enfants
Raisons principales de la maladie
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Une mauvaise circulation du sang
|
0
|
0%
|
Un sang de mauvaise qualité
|
0
|
0%
|
Une maladie héréditaire
|
40
|
53,30%
|
Un incident pendant la grossesse
|
0
|
0%
|
Une malédiction pesant sur la famille
|
1
|
1,30%
|
Le destin ou la volonté de dieu
|
27
|
36,00%
|
Ne sait pas
|
7
|
9,30%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Ainsi, les causes perçues diffèrent d'une
société à l'autre, mais il est globalement retrouvé
que pour les pays d'Afrique et particulièrement au Niger on peut
attribuer la survenue d'une maladie chronique (la drépanocytose)
à une agression sorcière ou à un esprit malveillant. Selon
certains parents enquêtés, si la drépanocytose était
moins angoissante, le sens de la maladie serait relativisé, et ils
peuvent s'en remettre à Dieu et à sa volonté ou encore au
destin. Selon d'autres conceptions, son origine peut être imputée
à un châtiment et par conséquent la drépanocytose
est perçue comme une maladie stigmatisante. Ces causes perçues
sont donc des éléments importants de la perception de la maladie,
de sa compréhension et des représentations émotionnelles
qui y sont associées.
Page 64
7.5.2 Connaissance de la drépanocytose par la
famille
Il s'agit de voir à ce niveau si les membres de la
famille sont réellement informés de la maladie des enfants
rencontrés sur le terrain d'étude.
Graphique 3: Répartition des
enquêtés selon la connaissance de la maladie par leur
famille
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Connaissance de la maladie par la famille
15%
85%
Oui Non
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
A l'issue de l'enquête, 85% des enquêtés
ont affirmé que la famille dans laquelle elles vivent est averti que le
malade est atteint de la drépanocytose. Or, 15% d'entre eux ont
affirmé le contraire.
En effet, pour certaines familles, la maladie est synonyme de
souffrances abominables et de décès précoce, pour d'autres
à l'opposé, c'est une maladie bénigne parce que les
membres de la famille connaissent un drépanocytaire à travers son
retard de croissance et son aspect chétif. L'information sur la
gravité de cette pathologie permet aujourd'hui la prise en charge
médicale et psychosociale. L'évolution de la maladie engendre des
conséquences sur le vécu social et psychologique du patient et de
sa famille, ce qui pourrait être assimilé à des handicaps
plus ou moins importants.
Page 65
7.5.3 Implication du conjoint
Il faut entendre par implication, l'engagement, la
participation du conjoint à la prise en charge de la maladie. Cette
implication est nécessaire vue la gravité et le coût
élevé du traitement. A travers le tableau qui suivra nous verrons
plus en détails le degré d'implication du conjoint.
Tableau N° 17 : Répartition selon
le degré d'implication du conjoint relativement à la santé
des enfants
Degré d'implication du conjoint
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
56
|
74,70%
|
Non
|
19
|
25,30%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Nous remarquons que 74,70% des enquêtés ont
affirmé que leur conjoint s'intéresse autant qu'eux à la
santé de leur enfant. Par contre, 25,30% avouent le contraire. Cela est
dû notamment à diverses raisons parmi lesquelles : l'exode, le
refus d'achat des médicaments ou tout simplement la
méconnaissance de cette maladie. Toutefois, en cas de
décès du conjoint ou de divorce avec celui-ci on peut ne pas
parler d'un quelconque degré d'implication car il n'y a plus d'union
commune.
En effet, selon le Docteur B.A « la
drépanocytose est une maladie héréditaire et est transmise
par les deux parents à l'enfant ». C'est pourquoi, le parent
se sent coupable d'avoir transmis à son ou ses enfants la maladie. Cette
situation ne laisse d'ailleurs aucun parent indifférent d'où le
sentiment de culpabilité de la part parents. Par ailleurs on constate
sur ce tableau n°17 que ce ne sont pas tous les conjoints des
enquêtés qui s'impliquent pleinement à la P.E.C des
enfants. Le degré d'implication n'est pas effectif. La plupart ignorent
qu'ils sont d'une manière ou d'une autre responsables de la maladie dont
souffre leur enfant. On assiste donc à une fuite de
Page 66
responsabilité de la part même des parents dans
la prise en charge des enfants drépanocytaires.
7.6 Attitudes diverses face à la manifestation
des crises
A ce niveau, il s'agit d'analyser les attitudes des enfants
drépanocytaires au moment des crises et le comportement des
enquêtés au cours de l'admission.
7.6.1 Attitudes des enfants drépanocytaires en cas
de crise
Les enfants drépanocytaires que nous avons
enquêtés manifestent plusieurs comportements qui
déterminent leur façon d'agir face à la crise de la
maladie. Les données issues de ce tableau permettront de mieux illustrer
l'attitude des enfants en cas de crise.
Tableau N° 18: Attitudes des enfants
drépanocytaires en cas de crise
Attitude des enfants en cas de crise
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Triste
|
6
|
8,00%
|
En colère
|
7
|
9,30%
|
Indifférent
|
0
|
0,00%
|
Souriant
|
0
|
0,00%
|
Pleurnichard
|
62
|
82,70%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
82,7% des enfants sont pleurnichards du fait de leurs
âges et de l'intensité de la douleur. Les enfants
rencontrés ont un âge compris entre 1 et 3 ans. En effet, à
cet âge les pleurs sont fréquentent pour exprimer des souffrances,
des préoccupations, ou encore des douleurs. Parmi les enfants 9,3% sont
le plus souvent en colère lorsque la crise se manifeste. 8% des enfants
ont une attitude triste pendant la crise.
Page 67
Ainsi, il est bien normal que les drépanocytaires
manifestent des attitudes différentes du fait d'abord de l'âge et
de l'intensité de la douleur. Ces attitudes par exemple isolent les
drépanocytaires dans leur cursus scolaire mais aussi au sein de leur
famille. Or, ces derniers doivent retrouver un soutien conséquent de la
part de la famille. C'est pourquoi, prendre en charge un enfant
drépanocytaire implique la mise en oeuvre d'une surveillance
médicale, mais aussi un souci constant de mener à bien son
insertion sociale future et son soutien psychologique, au sein de sa
famille.
7.6.2 Attitudes des enquêtés pendant
l'admission
Ici, les enquêtés manifestent plusieurs
conduites plus ou moins cohérentes afin d'atteindre une satisfaction
c'est-à-dire la guérison de son enfant. C'est ce que nous allons
voir au niveau de ce tableau n°19.
Tableau N° 19 : Répartition des
enquêtés selon leurs comportements lors des admissions au
CNRD
Comportement des femmes à l'admission
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Contente
|
48
|
64,00%
|
Malheureuse
|
3
|
4,00%
|
Préoccupée
|
24
|
32,00%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Peu d'enquêtés soit (4%) étaient
malheureux à l'admission de leurs enfants. 32% des enquêtés
avaient l'air préoccupés pendant les admissions. Par ailleurs,
64% des enquêtés affirment que l'état de santé de
leurs enfants s'est amélioré depuis leur arrivée au
CNRD.
En effet, les parents manifestent trois types de
comportements face aux admissions. Des parents nous ont fait savoir qu'ils sont
malheureux lors des admissions car pour eux leurs enfants étant
déjà dans un état grave pourraient mourir à
Page 68
tout moment. Aussi, certains parents étaient
préoccupés au moment de l'admission de leurs enfants car n'ayant
pas encore bénéficiés d'une prise en charge. Par
conséquent, ces parents avouent que l'état de santé de
leurs enfants n'a connu aucun changement. Enfin, la majorité des
enquêtés étaient contente lors des admissions du moment
où leurs enfants ont été pris en charge par le centre.
L'amélioration de l'état de santé des
enfants dépend alors du respect et de la rigueur à travers les
prestations de service du personnel soignant du CNRD. « Normalement
tous les enfants dont les mères ont suivi des consignes progressent et
leur état de santé s'améliore »
(R.M infirmière au CNRD).
7.7 Perceptions des comportements des agents de
santé du centre
Il est question ici de voir comment les usagers
perçoivent le comportement du personnel soignant et le traitement de
faveur dans la prise en charge.
Tableau N° 20 : Appréciations du
comportement des agents
Comportement des agents de santé
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Très appréciable
|
56
|
74,70%
|
Appréciable
|
18
|
24,00%
|
Déplorable
|
1
|
1,30%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
Les résultats de l'enquête font ressortir que
74, 7% des enquêtés trouvent le comportement des agents
très appréciable. 24% de ces enquêtés le trouve
appréciable et enfin 1,3% des enquêtés jugent le
comportement déplorable.
Page 69
Le comportement des agents du CNRD répondent dans
l'ensemble aux attentes des parents, malgré quelques
désagréments constatés çà et là.
C'est pourquoi 97,3% des enquêtés ont affirmé être
satisfaits des services fournis par le centre.
D'une manière générale la connaissance d'un
agent au niveau du centre n'est pas un facteur dans la P.E.C de la
drépanocytose par le CNRD. Ce qui nous amène à l'illustrer
par le tableau n°21.
Tableau N° 21: Appréciations du
traitement de faveur dans la PEC
Traitement de faveur dans la PEC
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
8
|
10,70%
|
Non
|
67
|
89,30%
|
TOTAL
|
75
|
100%
|
|
Sources : données de
l'enquête (Août - Septembre 2012)
La majorité des enquêtés
apprécient les modalités de prise en charge. Les
enquêtés estiment ne pas avoir à connaitre un agent de
santé au niveau du centre pour être pris en charge. Ces derniers
pensent que la connaissance d'un agent de santé ne constitue pas un
motif pour une meilleure PEC. Néanmoins, certains enquêtés
pensent qu'il existe un traitement de faveur malgré tout. De fois, les
infirmières du centre privilégient certains malades au profit
d'autres. Cela est dû aux types de rapports entre parents et agents de
santé. L'un dans l'autre, tous ces préjugés s'expliquent
par le niveau d'instruction faible de certains parents qui n'ont
jusque-là pas encore compris ce qu'est la drépanocytose.
Page 70
CONCLUSION
Tout au long de cette étude, nous avons tenté
d'étudier la prise en charge de la drépanocytose par le CNRD de
Niamey. Le CNRD comme terrain d'étude a permis de saisir les
mécanismes et interactions auxquels donne lieu la prise en charge de la
drépanocytose. Ce dernier constitue un centre de référence
national dans la prise en charge. Il est aussi très
fréquenté par la population avec 6266 admissions en 2011 Niamey
(Données CNRD, 2011). De 2009, date de sa création à ce
jour, le CNRD a connu 18.551 admissions reparties entre dépistages,
consultations, et prises en charge.
La drépanocytose ne se guérit pas encore, mais
en revanche elle fait l'objet d'un traitement dans les structures sanitaires
comme le centre de référence de Niamey. Elle affecte un grand
nombre de la population surtout les enfants de moins de cinq ans compte tenu de
leur vulnérabilité. La pauvreté grandissante des familles
et l'inaccessibilité financière des soins médicaux
relativement à l'achat des médicaments et aux déplacements
vers le centre constituent un handicap dans la prise en charge de cette
maladie.
Les enquêtes de terrain ont révélé
les multiples relations qui se nouent autour de la prise en charge ; certaines
de ces relations sont qualifiées, de « positives »par les
enquêtés, et d'autres de «
négatives».
Ces rapports « négatifs » trouvent
leur essence dans l'application des critères d'admission au CNRD. En
effet, les enquêtés manifestent leur insatisfaction par rapport
à l'application des critères d'admission et surtout au mode de
prise en charge qu'ils ignorent. Ainsi, il arrive dans certains cas que l'agent
de santé subisse des menaces de dénonciation ou des injures.
Quant aux rapports « positifs », ils
apparaissent lorsque la prise en charge est assurée conformément
aux attentes des usagers. Les parents d'enfants drépanocytaires
enquêtés ont exprimé une certaine satisfaction quant
à l'offre des soins dans son ensemble. Ces derniers affirment avoir
été bien accueillis et traités.
Page 71
Ainsi donc, les données de terrain qui font état
de la pauvreté, du revenu des parents enquêtés au centre de
référence de la drépanocytose, et le prix
élevé des produits confirment notre première
hypothèse selon laquelle: les charges souvent
élevées par rapport aux revenus des parents influencent le bon
suivi des enfants en raison du nombre de consultations, du coût du
traitement.
Ensuite, l'enquête révèle des multiples
formes de rapports dans le processus de prise en charge et cela confirme notre
deuxième hypothèse qui stipule que : les interactions
entre agents de santé, drépanocytaires et familles de malades
sont des facteurs décisifs dans la prise en charge de la
drépanocytose.
Enfin, les représentations que se font les populations
d'enquête de la drépanocytose confirment la dernière
hypothèse selon laquelle : Le poids des perceptions et des
représentations populaires influencent le vécu psychologique du
drépanocytaire.
L'étude a permis de mieux cerner les tenants et les
aboutissants de la prise en charge par le CNRD. Cependant, quelques questions
restent ouvertes comme des nouvelles pistes de recherche :
? Quel serait l'impact de la création d'autres centres
de référence régionaux voire départementaux dans la
prise en charge de la drépanocytose?
? La politique de la gratuité des soins au-delà
de 5ans allège-t-elle les coûts sanitaires pour les ménages
pauvres ?
Page 72
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE: i
DEDICACES ii
REMERCIEMENT: iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS: v
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES : vii
GLOSSAIRE : ix
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE: CADRES METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE 4
CHAPITRE I : CONSTRUCTION THEORIQUE DE L'OBJET D'ETUDE 5
1.1 Justification du choix d'étude 5
1.2 Définition des concepts 6
1.3 Revue de la littérature 12
1.4 Problématique 19
1.5 Hypothèses 21
1.6 Objectifs de la recherche 21
1.7 Approche théorique 22
CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE 24
2.1 Recherche documentaire 24
2.2 Enquête de terrain 25
2.2.1 Méthode qualitative 25
2.2.2 Méthode quantitative 25
2.3 Techniques d'investigation 25
2.3.1 Entretiens 25
2.3.2 Observation 26
2.3.3 Enquête par questionnaire 26
2.3.4 Echantillonnage 26
2.4 Outils d'investigation 27
2.4.1 Guide d'entretien 27
2.4.2 Grille d'observation 28
Page 76
2.4.3 Questionnaire 28
2.5 Dépouillement des données 28
2.6 Difficultés rencontrées 29
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET DU CNRD 30
3.1 Ville de Niamey 30
3.1.1 Démographie 30
3.1.2 Organisation administrative 30
3.2 Présentation du CNRD 32
3.2.1 Cadre institutionnel 32
3.2.2 Missions 32
3.2.3 Infrastructures 33
3.2.4 Ressources humaines 34
3.2.5 Logistique 35
3.3 Mode de transmission de la drépanocytose 35
DEUXIEME PARTIE : PRISE EN CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE PAR LE
CNRD 37
CHAPITRE IV : CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION CIBLE 37
4.1 Caractéristiques sociales et économiques 37
4.1.1 Classe d'âge 37
4.1.2 Sexe 38
4.1.3 Situation matrimoniale 39
4.1.4 Niveau d'instruction et profession 40
4.1.5 Nombre d'enfants 42
CHAPITRE V : FREQUENTATION ET MODALITES D'ACCES AU CNRD 44
5.1 Fréquentation et circonstance d'admission au CNRD
44
5.2 Perceptions des enquêtés des critères
d'admission 46
5.3 Connaissance de l'Association de Lutte contre la
Drépanocytose au Niger 47
5.4 Connaissances des modalités d'accès au CNRD
48
CHAPITRE VI : INTERACTIONS AUTOUR DE LA PRISE EN
CHARGE DE LA
DREPANOCYTOSE 51
6.1 Interactions nées autour de l'accueil 52
Page 77
6.2 Rapports conflictuels entre agents de santé et usagers
53
6.3 Interventions de l'Etat et stratégies
développées dans la P.E.C 54
6.4 Manifestations et implications variées de la
drépanocytose 56
CHAPITRE VII : PERCEPTIONS DE LA DREPANOCYTOSE 58
7.1 Perceptions de l'état de santé 58
7.2 Perceptions de la durée de la maladie 59
7.3 Moyens utilisés pour accéder au CNRD 60
7.4 Perceptions du coût des médicaments 61
7.5 Perceptions des raisons de la maladie, connaissance
de la maladie par un
membre de la famille et implication du conjoint 62
7.5.1 Raisons de la maladie 62
7.5.2 Connaissance de la drépanocytose par la famille
64
7.5.3 Implication du conjoint 65
7.6 Attitudes diverses face à la manifestation des crises
66
7.6.1 Attitudes des enfants drépanocytaires en cas de
crise 66
7.6.2 Attitudes des enquêtés pendant l'admission
67
7.7 Perceptions des comportements des agents de santé du
centre 68
CONCLUSION 70
BIBLIOGRAPHIE 72
ANNEXES 78
Page 78
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ANNEXE 1 :
Guide d'entretien adressé aux responsables du
CNRD
THEME 1 : L'installation du
CNRD.
· Création du centre
· Organisation administrative
· Objectifs et missions du centre
THEME 2 : La drépanocytose au Niger.
· Prévalence de la maladie
· Impact de la maladie
THEME 3 : Les modalités de prise
en charge de la drépanocytose.
· Processus de prise en charge des enfants
drépanocytaires
· Règles de prise en charge
· Stratégies développées dans la
prise en charge
THEME 4 : Les interactions entre les
différents acteurs en présence.
· Rôles des différents acteurs autour de la
prise en charge
· Interventions de l'Etat et des partenaires dans la
prise en charge
Page I
Merci de votre disponibilité.
Page II
ANNEXE 2 :
Questionnaire adressé aux parents et/ou
accompagnants d'enfants
drépanocytaires admis et consultés au
centre national de
référence de la drépanocytose de
Niamey.
N° :
DATE : /..../..../2012 HEURE : ... : ....
I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
1.1 Sexe : M F
1.2 Age : /__/__/
1.3Statut matrimonial : Marié (e) monogame Marié
(e) polygame Divorcé (e) Célibataire Veuf (ve)
1.3 Quel est votre arrondissement
1.4 Quel est votre quartier
II. CARASTERISTIQUES SOCIOECONOMIQUES
2.1 Combien d'enfants avez-vous ? /___/___/
Page III
2.2 Combien sont drépanocytaires ?
Un Deux Trois Plus (précisez le nombre) /__/__/
2.3 Quelle est votre profession ?
Agriculteur
Eleveur
Commerçant
Salarié
Autres (à préciser)
2.4 Quel est votre niveau d'instruction ?
Aucun
Primaire
Secondaire
Supérieur
Coranique
Alphabétisation
III. FREQUENTATION DU CENTRE DE REFERENCE DE NIAMEY
3.1 Combien de vos enfants ont fréquenté ce
centre de référence?
Un Deux Trois Plus (précisez le nombre) /__ /__ /
3.2 A quelle occasion cet enfant ou ces enfants ont-ils
été admis pour la première fois au centre ?
Pré-dépistage
Consultation (PEC)
Autres (à préciser)
Page IV
3.3 Quel est son âge ou leur âge ? /__ /__ /
/__ /__ / /__ /__ / 3.4 Votre enfant fréquente-t-il actuellement le
centre ?
Oui
Non
3.5 Comment avez-vous trouvé l'état de
santé de votre l'enfant à la suite de son admission dans le
centre ?
Amélioré Dégradé Aucun changement
constaté
IV .FREQUENTATION DE L'ASSOCIATION DE LUTTE CONTRE
LA
DREPANOCYTOSE AU NIGER
4.1 Avez-vous entendu parler de l'Association de Lutte contre
la Drépanocytose au Niger ?
Oui
Non (Si non passez au point V)
4.2 Si OUI par quel canal ?
Parents/voisins Hôpital Médiat Parent
drépanocytaire
4.3 Connaissez-vous le nom de cette association ?
Oui
Non
4.4 Avez-vous été orienté vers cette
association ?
Oui
Non
Page V
4.5 Fréquentez-vous cette association ?
Oui Non
4.6 Votre fréquentation est-elle régulière ?
Oui
Non
4.7 Etes-vous satisfait de cette association ? Oui
Non
4.8 Quels sont les avantages liés à la
fréquentation de cette association ?
4.9 Quelles sont les difficultés que vous rencontrez avec
cette association ?
V. PERCEPTIONS DES POPULATIONS DE LA DREPANOCYTOSE
5.1 Selon vous l'état de santé des enfants
drépanocytaires que vous connaissiez s'est-il amélioré
grâce aux prestations de ce centre?
Oui
Non
5.2 L'état de santé de votre enfant est selon vous
?
Très satisfaisante Satisfaisante Peu satisfaisante
5.3 Est-ce que la drépanocytose gêne votre enfant
dans sa vie de tous les jours (école, jeux, sport) ?
Pas du tout
|
Un peu
|
Beaucoup
|
Page VI
5.4 Combien de temps pensez-vous que sa maladie va durer ?
Peu de temps Longtemps Toujours
5.5 A combien estimez-vous
les coûts des transports ? 5.6 Comment trouvez-vous le coût des
médicaments?
5.7 Quelles sont à votre avis les raisons principales
qui ont provoqué la maladie de votre enfant ?
Une mauvaise circulation du sang
Un sang de mauvaise qualité Une maladie
héréditaire
Un incident pendant la grossesse Une malédiction pesant
sur la famille Le destin ou la volonté de Dieu Ne sait pas
|
|
5.8 Le reste de votre famille est-elle au courant de la maladie
de votre enfant ?
Oui
Non
5.9 Parmi les collatéraux de cet enfant y a-t-il ceux qui
souffrent de la drépanocytose ?
Frères Soeurs Demi-frères Demi-soeurs
5.10 Est-ce que votre conjoint s'intéresse autant que vous
à la santé de votre enfant ? Oui
Non
Si Non pourquoi ?
Page VII
5.11 Quelle est l'attitude de votre enfant en cas de crise ?
Triste En colère Indifférent Souriant
Pleurnichard
5.12 Comment votre enfant appréhende-t-il la maladie (si
enfant âgé de plus de 7 ans) ?
5.13 Qu'avez-vous ressenti quand votre enfant a été
admis dans ce centre ?
Contente Malheureuse Préoccupée Autre (à
préciser)
VI. RAPPORTS ENTRE LES DIFFERENTS ACTEURS
6.1 Comment appréciez-vous le comportement des agents de
santé ?
Très appréciable Appréciable
Déplorable
6.2 Etes-vous satisfaite des services fournis par ce centre ?
Oui
Non
6.3 Connaissez-vous un agent au niveau du centre ?
Oui
Non
6.4 Pensez-vous qu'on est mieux pris en charge quand on connait
un agent dans le centre?
Oui
Non
6.5 D'une manière générale quelle est votre
appréciation vis-à-vis de la prise en charge au niveau de ce
centre ?
Peu satisfaisante Satisfaisante Très satisfaisante
Page VIII
VII. MODALITES D'ACCES AU CENTRE
7.1 Quels sont les critères d'admission au centre ?
7.2 Lorsque votre enfant ne remplit pas les critères
d'admission, est-il refoulé ?
Oui
Non
7.3 Que pensez-vous de ces critères d'admission ?
Acceptables
|
Bons
|
Mauvais
|
Autres (précisez)
|
7.4 Ces critères d'admission, répondent-ils
à vos attentes ?
Oui
Non
7.5 Vous arrive-t-il de réagir lorsque les
critères ne vous conviennent pas ?
Oui
Non
7.6 Si Oui comment réagissez-vous ?
Merci de votre disponibilité.