Ministère des Enseignements Secondaire BURKINA
FASO
et Supérieur
Unité-Progrès-Justice
Unité de Formation et de Recherche en Sciences
Economiques et de Gestion (UFR/SEG)
Etat des lieux, enjeux et perpectives de la
filière des biocarburants au Burkina Faso : cas
du
jatropha, l'expérience de l'entreprise Belwet
Elaboré par :
OUEDRAOGO Abdoulaye (Mle
|
Maitrise en Sciences
81 114) Economiques et de Gestion
|
NASSA Hamidou (Mle 81
|
017) Année universitaire 2011
|
-2012
|
YAMEOGO L Clement (Mle 81 672
)
2
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont tout d'abord, à l'endroit de
tous les professeurs de l'Unité de Formation et de Recherche en Sciences
Economiques et de Gestion (UFR-SEG) pour nous avoir supporté,
guidé et transmis leurs connaissances durant ces quatre années
universitaires qui demeureront à jamais parmi nos beaux souvenirs.
Aussi nous tenons également à remercier le PDG
du Groupe BELWET ainsi que tout son aimable personnel pour leur fructueuse
collaboration.
A tous ceux qui ont contribué à la
réalisation de ce document, nous leur exprimons notre profonde
gratitude.
On ne saurait terminer sans remercier nos parents pour avoir
cru en nous et pour nous avoir donné les moyens d'être à ce
stade.
BIBLIOGRAPHIE
> Ministère des mines des carrières
et de l'énergie : << Rapport sur l'étude des
biocarburants >> JUILLET 2012
> Pierre JANIN et François de Charles
OUEDRAOGO, <<Enjeux des agro carburants au Burkina Faso : le cas
du Jatropha curcas L.>> NOVEMBRE 2009
> Jean Paul LAUDE : <<Situation de
la filière jatropha au Burkina Faso : perspectives pour le court
terme>>
> Ministère de l'agriculture de
l'hydraulique et des ressources halieutiques
<< Opportunités de développement des
biocarburants au Burkina Faso >> DECEMBRE 2008
> BELWET, <<Projet jatropha pour le
Burkina Faso>> 2008
3
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C'expérience cie C'entreprise BELWE 7
REMERCIEMENTS 2
BIBLIOGRAPHIE 2
SOMMAIRE 3
INTRODUCTION ..4
I- GENERALITES SUR LES BIOCARBURANTS .5
1- Contexte et justification 5
2- Les biocarburants au Burkina Faso 4
II- ETAT DES LIEUX DE LA PRODUCTION DES BIOCARBURANTS
AU
BURKINA FASO : CAS DU JATROPHA 5
1- Les principaux acteurs de la filière .5
2- Etat des lieux de la culture des plantes 6
3- Les performances des entreprises de la filière et les
difficultés majeures
rencontrées 11
III- ENJEUX DE LA FILIERE BIOCARBURANT POUR LE BURKINA FASO 15
1- Analyse sectorielle des besoins énergétiques du
pays 15
2- Le jatropha comme alternative économique, sociale et
énergétique .17
IV- L'EXPERIENCE DE L'ENTREPRISE BELWET 20
1- Présentation de l'entreprise 20
2- La position actuelle de l'entreprise ...22
V- LES PERSPECTIVES ET OPPORTUNITES DE LA FILIERE
BIOCARBURANTS
POUR LE BURKINA FASO ..24
1- Perspectives 24
2- Opportunités ..24
CONCLUSION 26
RECOMMANDATIONS 27
4
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
INTRODUCTION
Dans le contexte actuel, les changements climatiques
conjugués au regain de tension sur les marchés
énergétiques et agricoles ont largement modifiés les
perspectives macroéconomiques de la plupart des pays pauvres
importateurs endettés et non autosuffisants comme c'est le cas du
Burkina Faso. Dans la perspective d'un prix du baril qui ne cesse de
croître sur le long terme, d'une importante croissance
démographique et du développement des activités
économiques du pays qui alimenterait l'accroissement soutenu de la
demande d'énergie, la forte dépendance du pays envers les
hydrocarbures comporte plusieurs conséquences néfastes pour son
économie. Elle comporte le risque d'une dégradation soutenue de
la balance commerciale, d'une non maitrise des prix des importations de
produits énergétiques, des biens et services domestiques et d'une
aggravation des émissions de dioxyde de Carbonne. L'accroissement des
coûts de l'énergie est de nature à réduire
structurellement la compétitivité du pays et le
développement de certaines activités économiques. En
réponse à cette problématique, au Burkina Faso, de
nouvelles stratégies sont en cours de développement. Ces
stratégies consistent pour la plus grande part en une utilisation plus
rationnelle de l'énergie et à l'exploration de nouvelles sources
d'énergies afin de réduire sa dépendance en matière
d'importations d'hydrocarbures et du même coup assurer la
préservation de l'environnement. D'où l'alternative par les
biocarburants, une catégorie de plantes agro-énergétiques,
pour les grandes potentialités qu'ils offrent aux économies comme
les nôtres. C'est ainsi que depuis 2008 au pays bon nombre d'acteurs
(collectivités locales, entreprises privées, associations, ONG et
groupements) s'investissent dans des projets de développement des
biocarburants et mènent des études dans le domaine pour mieux
développer et réussir les initiatives entreprises. Le
gouvernement burkinabè dans sa mission de promouvoir l'autonomie
énergétique du pays, à travers le ministère en
charge de l'énergie, met actuellement en oeuvre, avec le soutien de
partenaires au développement, le Programme d'Accès aux Services
Energétiques (PASE). Ce projet a pour objectif global de contribuer
à réduire, de manière significative, l'incidence de la
pauvreté en milieu rural, par la mise en oeuvre de mécanismes
appropriés de fournitures de services énergétiques
adaptés aux conditions et contraintes locales.
En tant que étudiants en fin de cycle universitaire en
sciences économiques et de gestion et probablement des futurs
décideurs politiques, nous sommes conscients des défis majeurs
que nécessite le développement durable de notre pays dans sa
volonté de, réduire sa dépendance vis-à-vis de
l'extérieur en matière énergétique ;la substitution
d'une production de biocarburants aux importations des hydrocarbures pouvant
être une solution pour résorber le déficit de sa balance
commerciale.
Ainsi l'intérêt d'une telle étude est de
contribuer à peser les enjeux et les opportunités de la
filière des biocarburants dans le développement économique
et social du Burkina Faso, en passant par une analyse de la situation actuelle
de la filière et en s'appuyant sur l'expérience d'une entreprise
(BELWET) évoluant depuis fort longtemps dans ce secteur.
5
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
I- Généralités sur les
biocarburants
I.1 contexte et justification
Situé dans la boucle du Niger, le Burkina Faso est un
pays enclavé de l'Afrique de l'ouest qui est fortement dépendant
de ses importations d'hydrocarbures à la fois pour le transport et la
production d'énergie motrice et électrique. Les coûts de
production au Burkina Faso sont élevés et la hausse des prix des
produits pétroliers associée à la baisse du dollar a
lourdement pesé sur la balance des paiements du pays ces
dernières années. Un risque majeur, est l'exclusion d'une tranche
importante de la population dans l'accès à l'énergie
(populations rurales, artisans, petites industries), ce qui peut être
fatale pour une économie en construction déjà
fragilisée par des contraintes multiples liées à un
marché mondialisé. On peut noter également une prise de
conscience de la crise progressive des énergies fossiles et des
conséquences négatives de leur utilisation. En effet, à
l'échelle de la biosphère, la pollution au dioxyde de carbone et
autres dérivés du pétrole fossile a atteint des seuils
critiques dont les manifestations n'échappent à aucun habitant de
la terre : effet de serre, sécheresses, inondations, ouragans, maladies
et bien d'autres phénomènes aux conséquences dramatiques
pour la vie et l'avenir de la biosphère.
Cette situation a conduit à la prise de mesures vers
les énergies propres et renouvelables, telle que la maîtrise de
l'énergie solaire, la fabrication de voitures électriques, la
production et l'utilisation des biocarburants, perçues comme des
alternatives sérieuses pouvant contribuer à renforcer nos
économies. Ainsi les biocarburants sont apparus comme une
opportunité pour certains pays d'Afrique de l'ouest qui se sont
dotés d'une stratégie de développement de ces
biocarburants, principalement à base d'oléagineux. Du reste au
plan social, l'accès à l'énergie permet de
développer et de moderniser les services sociaux de base que sont la
santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable; ainsi que
des activités productives, notamment celles liées à la
valorisation et la transformation des produits agropastoraux à
destination des marchés urbains.
Le Burkina Faso, à l'instar de la plupart des pays non
producteurs de pétrole de l'Afrique de l'ouest, ne saurait rester en
marge de cette nouvelle dynamique de « pétrole vert ». C'est
pourquoi les autorités politiques et gouvernementales ont
intégré dans les politiques économiques et agricoles des
stratégies de promotion des énergies renouvelables pour plusieurs
raisons dont notamment :
· La nécessité de contribuer à la
dépollution du fait de l'utilisation trop massive du pétrole
fossile et ses dérivés ;
· La nécessité de limiter ou de
réduire la dépendance de certains segments de l'économie
rurale du pétrole fossile de plus en plus hors de portée ;
· Un besoin d'alléger la facture
énergétique qui limite le développement du tissu
industriel national.
6
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
Face à ces défis, le développement de
cette filière apparaît comme une piste intéressante
à explorer pour le pays, en tenant compte des situations agricole et
foncière, et en appréhendant les impacts socio-économiques
et environnementaux.
I.2 les biocarburants au Burkina Faso
Les projets en cours au Burkina Faso se concentrent uniquement
sur les filières oléagineuses majoritairement à base de
Jatropha curcas. Ces filières font appel à des
technologies matures et applicables à court terme (biocarburants de
première génération). Elles sont de deux types :
- les huiles végétales brutes (HVB)
sont produites à partir de plantes oléagineuses, faisant
appel à des technologies simples qui sont accessibles de
l'échelle villageoise à celle industrielle. Une fois
filtrées, les huiles végétales peuvent être
incorporées jusqu'à 100% dans des moteurs diesel statiques qui
fonctionnent à haute charge en procédant à quelques
adaptations mineures (bicarburation...). La production d'HVB est donc
adaptée à la production et aux besoins en zone rurale.
- le biodiesel (ou ester) est produit par
estérification d'huile végétale en présence
d'alcool, qui nécessite obligatoirement un procédé
rentable à l'échelle industrielle. Cette technologie n'est
à ce jour mature que pour une estérification méthanolique,
donc à partir de méthanol qui est l'alcool résiduel
d'unités de raffinage de produits pétroliers, très peu
disponible sur le marché africain. Pour produire un biodiesel à
100% d'origine végétale et produit localement, il convient
d'utiliser de l'éthanol, production encore au stade recherche et
développement(R&D). L'avantage du biodiesel c'est qu'il a quasiment
les mêmes caractéristiques physico-chimiques que le gasoil et peut
aisément être utilisé en mélange ou à 100%
dans tout type de moteur diesel, même dans le domaine du transport.
Les projets biocarburants au Burkina Faso sont
néanmoins très diversifiés quant à leurs objectifs
et à leur mode de mise en oeuvre (communautaire, paysanne, industriel).
Aucun ne concerne la filière éthanol. Tous les projets visent le
marché national voire régional, du fait du positionnement des
pays européens qui ne souhaitent pas importer de biocarburants issus du
continent africain.
Certains porteurs de projets se concentrent exclusivement sur
la production des graines oléagineuses et ne transforment pas en
biocarburants.
7
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
D'autres cultivent et transforment les graines ou se
contentent de transformer les graines en biocarburants pour les commercialiser.
Enfin d'autres acteurs utilisent ces biocarburants pour la production
d'énergie, ces acteurs achètent et/ou produisent eux mêmes
leur biocarburant.
En accord avec le projet de stratégie nationale
biocarburant du Burkina Faso ces carburants sont utilisés (ou vont
être utilisés) pour trois principale applications :
Les huiles végétales brutes sont utilisées
:
1) pour le développement de l'énergie en zone
rurale par l'accès à la force motrice et/ou la production
d'électricité décentralisée. Elles peuvent
également,
2) se substituer à une grande partie du carburant
utilisé dans les 11 centrales thermiques de la SONABEL
(Société Nationale Burkinabè d'Electricité) pour
fournir de l'électricité sur le réseau national. Enfin le
biodiesel qui est plus compliqué et plus cher à produire est
plutôt utilisé,
3) en substitution au carburant pour le transport. Il s'agit
d'incorporer du biodiesel entre 0 à 100% en lieu et place du gasoil.
II- Etat des lieux de la production du biocarburant au
niveau national : cas du jatropha
II.1 Les principaux acteurs de la filière
Selon le récent rapport d'une étude menée
dans le domaine des biocarburants par le ministère burkinabé en
charge de l'énergie, un total de 14 opérateurs répartis
dans les villes suivantes du Burkina, ont pu être identifiés :
· Trois (03) opérateurs à Bobo Dioulasso ;
· Trois (03) opérateurs à Ouagadougou ;
· Huit (08) opérateurs dans les localités
suivantes en raison d'une entreprise par localité : Bagré,
Barsalogho, Bérégadougou, Boni, Dano, Dori et Léo.
Sur ces quatorze opérateurs identifiés :
· Ilaria Burkina abandonne progressivement
l'activité spécifique de production de jatropha et se
réoriente vers la production vivrière : en effet, l'entreprise
est implantée à Bagré sur des terres
aménagées.
· La STAB (Société de Transformation
Agro-alimentaire du Burkina) et Fasogaz produisent de l'huile de coton à
usage alimentaire et pas de
8
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
biocarburant mais souhaite diversifier leurs activités par
le pressage de graines de jatropha.
A part la STAB, dont la création remonte à 1996,
les unités sont jeunes : l'âge moyen est de cinq ans. La plus
jeune unité, Fasobiocarburant, existe seulement depuis un an et la plus
ancienne existe depuis douze ans.
Le tableau suivant donne une liste exhaustive des entreprises et
leur localisation :
Tableau 1 : Liste des acteurs
Sigle
|
Localisation
|
Adresse
|
Année de création
|
AGRITECH FASO
|
Boni
|
04 BP 8702 Ouaga
|
2005
|
APROJER
|
Ouagadougou
|
08 BP 11372 Ouaga
|
2007
|
ASSOCIATION IMPULSION
|
Barsalogho
|
BP 6056 Ouaga 01
|
2004
|
BELWET BIOCARBURANT
|
Ouagadougou
|
BP 25 Ouagadougou
|
2009
|
FASOBIOCARBURANT
|
Léo
|
|
2009
|
FASOGAZ
|
Bobo
|
01 BP 564 Bobo
|
2009
|
FONDATION DREYER
|
Dano
|
BP 178 Dano
|
2001
|
GENESE SARL10
|
Bobo
|
Bobo
|
2008
|
ILARIA BURKINA
|
Bagré
|
|
2008
|
MAIRIE DE BONI
|
Boni
|
|
2005
|
MAIRIE DE DORI
|
Dori
|
|
2009
|
STAB
|
Bobo
|
BP 1038 Bobo
|
1996
|
TIIPAALGA
|
Ouagadougou
|
06 BP 9890 Ouaga
|
2006
|
WOUOL
|
Bérégadougou
|
BP 179 Banfora
|
1999
|
(Source : rapport final 2012 du Ministère des Mines des
Carrières et de l'Energie)
II.2 Etat des lieux de la culture des plantes de
biocarburant
Selon le rapport 2012 sur l'étude des biocarburants au
Burkina Faso, Il ressort d'après les données collectées
auprès des producteurs de la culture de jatropha, qu'il ya une
superficie totale déclarée de 80.758 hectares. Le tableau suivant
donne une répartition de la superficie déclarée par acteur
identifié :
9
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BEGWE 7
Tableau de répartition de la superficie
déclarée par acteur
SIGLE
|
superficies jatropha (ha)
|
localisation des plantations
|
annee de plantation
|
nombre de pieds a l'ha
|
AGRITECH FASO
|
1012
|
Boni, Gampela
|
2007
|
470
|
APROJER
|
4000
|
Banfora, Dédougou, Kompienga
|
2007
|
NR
|
ASSOCIATION IMPULSION
|
375
|
Barsalogho, Dablo
|
2010
|
400
|
BELWET
BIOCARBURANT
|
70 203
|
Bentogo, Yimkouka, Kombissiri, national
|
2007
|
555
|
FASOBIOCARBURANT
|
2000
|
Province du Nayala
|
2009-2011
|
860
|
FASOGAZ
|
218
|
Diassogo, Badara, Yaho
|
2008
|
860
|
FONDATION DREYER
|
250
|
Dano
|
2009-2011
|
600
|
GENESE SARL10
|
2500
|
Province du Houët
|
2008
|
100
|
ILARIA BURKINA
|
100
|
Bagré
|
2008
|
NR
|
MAIRIE DE BONI
|
50
|
Boni
|
2008
|
NR
|
MAIRIE DE DORI
|
50
|
Dori
|
2009
|
NR
|
STAB
|
0
|
|
|
|
TIIPAALGA
|
NR
|
provinces du Kadiogo et du Soum
|
2007
|
Haies
|
WOUOL
|
NR
|
Bérégadougou
|
2002
|
NR
|
TOTAL
|
80 758
|
|
|
|
10
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
Il faudra noter que cette surface déclarée ne
semble pas en production et il est difficile de vérifier l'état
des plantations actuelles. En effet, les différentes expériences
montrent un taux d'échec relativement important à la plantation.
Sur la superficie plantée, le nombre de pieds à l'hectare est
très variable (entre 100, avec cultures associées, et 860 pieds
à l'hectare) avec une moyenne de près de 560 pieds à
l'hectare. Théoriquement, on estime la production des plants de jatropha
à 1,5 kg de graine / arbre en moyenne. La réalité de la
production déclarée donne une production moyenne de 0.3 kg de
graines/arbre, soit 5 fois moins.
Pour un tel volume, le potentiel en huile serait de 2.64
millions de litres sur la base d'un rendement de 5 kg de graines pour 1 litre
d'huile.
La réalité devra être analysée de
manière différente au regard de la nature des plants, des modes
de cultures et de la qualité (ou forme) de l'entretien des plants. Or
à ce niveau on constate d'importantes disparités.
.
11
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
II.3 Les performances des entreprises de la
filière et les difficultés majeures rencontrées
II.3.1 les performances des entreprises de la
filière
a) Niveau d'investissement
Les fonds investis par les entrepreneurs au démarrage
de l'activité sont relativement importants puisque sept
opérateurs déclarent avoir injecté plus de 100.000.000 de
F CFA dans l'entreprise, une entreprises a investi entre 50 et 100 millions et
cinq opérateurs ont misé entre 10 et 50 millions. Les
investissements les plus faibles sont généralement le fait des
structures associatives. On peut également noter que beaucoup
d'investissements ont fait l'objet de subventions de la part de projet ou de
partenaires au développement.
Le niveau minimum des investissements réalisés
jusqu'ici serait de ce point de vue de 10 million F CFA. Même si la
fourchette est très large, on peut évaluer l'ensemble des
investissements des 14 unités à plus de un milliard de francs
CFA; ce qui montre tout de même que le niveau d'effort et de prise de
risque est relativement important dans le secteur des biocarburants.
b) Volume d'activité : Chiffre d'affaires des
entreprises
Il faut d'abord noter que sur la question du volume
d'activité, les acteurs ont été peu coopératifs car
seulement cinq (sur neuf) d'entre eux ont accepté répondre
à cette question. En outre, cinq promoteurs ne sont pas encore en
production et donc ne peuvent déclarer de résultats. Sur la base
des réponses obtenus, on peut dire que le volume d'activité
annuelle des unités reste encore faible au regard des investissements
réalisés. Cette situation peut s'expliquer par la
nouveauté et la jeunesse du secteur mais aussi par le fait que la
production n'est pas immédiatement commercialisable. Il faut planter et
attendre trois ans avant de pouvoir vendre ou utiliser la récolte qui du
reste n'arrive pas à un rendement maximal dès les
premières années de production.
Au stade actuel, et selon les données fournis par les
acteurs, seules cinq entreprises commercialisent leur production :
- trois d'entre elles réalisent un chiffre d'affaires
annuel de plus de 100.000.000 de F CFA;
- deux autres déclarent un chiffre d'affaires de moins de
10.000.000 F CFA. On note tout de même que sur les cinq
répondants, trois chefs d'entreprises reconnaissent que
l'activité est en croissance et une personne estime qu'elle est en
stagnation.
12
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
c) Les effectifs
Le secteur des biocarburants est de toute évidence un
secteur pourvoyeur d'emplois au regard des effectifs déclarés.
L'effectif du personnel travaillant dans les 12 entreprises de biocarburant se
chiffre à 279 personnes soit en moyenne 23 personnes par unités.
Deux promoteurs, Ilaria Burkina et la Mairie de Dori, ne donnent pas de
chiffres de personnel salarié :
- Ilaria exploite les pieds de jatropha initialement
plantés mais dont la production ne constitue plus l'activité
centrale de l'entreprise,
- la Marie de Dori a confié la gestion des 50 ha de
jatropha à un groupement de producteurs. Elle n'a donc pas de personnel
affecté à cette activité.
II.3.2 Les difficultés rencontrées par les
acteurs
Plusieurs analyses des contraintes qui pèsent sur le
développement des biocarburants au Burkina Faso pointent les
difficultés liées a l'approvisionnement en graines, aux
équipements, au foncier (compétition accrue et conflictuelle
entre acteurs pour le contrôle et l'exploitation des terres et des
ressources naturelles) et aux institutions en place; Les difficultés
liées à l'approvisionnement en graines de jatropha sont
soulevées par l'ensemble des transformateurs. Ces difficultés
portent sur :
· la disponibilité de la matière
première tant en quantité, qu'en qualité et dans les
délais souhaités. Cette disponibilité est surtout
liée à la faiblesse de la production ou à l'absence
d'information sur les lieux et les producteurs ou les éventuels
fournisseurs ;
· la concurrence déloyale pour le rachat des
graines : certains opérateurs rachètent les graines de
producteurs en contrat avec une autre société à des prix
défiants toute concurrence (300 FCFA/kg) ;
· les problèmes de transport et d'acheminement de
la matière première : éloignement et dispersion des
sources d'approvisionnement ;
· le niveau élevé et la fluctuation
importante des prix ;
· le manque de logistique de stockage et de moyens et
techniques de conservation ;
· le financement des achats de graine (fond de
roulement).
13
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
Le prix d'achat de la graine décortiquée varie
entre 100 et 150 FCFA/kg. En 2010, les prix variaient entre 60 et 85 FCFA/kg.
Cette augmentation témoigne de la difficulté d'approvisionnement
des opérateurs.
Les difficultés des opérateurs sur les
équipements sont entre autres :
La méconnaissance de l'offre en équipement ou
technologie la mieux adaptée ; et de manière
générale le manque d'information technique sur le secteur :
certains équipements achetés dans les pays d'Asie ont des manuels
d'installation uniquement en chinois ou en indien, il n'y a pas de service
après vente qui permette aux opérateurs de
bénéficier d'un quelconque appui technique ; L'insuffisance de
formation du personnel technique surtout en matière de manipulation des
machines, des travaux en laboratoire et techniques de production ; L'absence de
matériel de conditionnement du produit fini et de la matière
première ; La non maîtrise de la qualité du produit
fini.
Outre les difficultés techniques déjà
évoquées, au niveau institutionnel, les acteurs estiment qu'il y
a un manque d'intérêt pour le secteur. Le secteur des
biocarburants est encore à ses premiers pas au Burkina et la
filière est encore en construction :
· Au niveau institutionnel, les acteurs soulignent :
· L'absence d'interlocuteur direct : malgré la
création du CICAFIB, les acteurs ne le considèrent pas totalement
fonctionnel et à même de répondre à leurs
préoccupations ;
· les difficultés d'accéder aux
autorisations soit par méconnaissance des procédures soit par
manque d'information ;
· La méconnaissance et/ou l'absence de textes
règlementant les autorisations pour les entreprises du secteur. Ainsi,
le statut d'industriel n'est pas toujours considéré par les
autorités fiscales pour les transformateurs. Ce vide juridique pose des
difficultés aux promoteurs pour être reconnu auprès des
banques et avoir accès au crédit. A priori, en l'absence de
textes spécifiques, les textes généraux en matière
d'approvisionnement énergétique peuvent s'appliquer ;
· La faible collaboration entre acteurs / l'Etat / et le
monde de la recherche ne permet pas d'informer les acteurs sur les
possibilités réelles de production, des techniques et des
variétés les plus performantes, etc.
Au niveau des normes et des référentiels
techniques :
14
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
· l'absence d'information et de
référentiels dans de nombreux domaines : la qualité, les
coûts de production, les protocoles et les technologies, les
équipements ;
· l'absence de normes pour la commercialisation ; Au niveau
de l'organisation des filières :
· les industriels ignorent s'ils devront vendre la
production à la SONABHY ou créer leur propre point de vente.
Il y a donc visiblement un problème d'information et
de maîtrise de la règlementation en vigueur dans le secteur des
biocarburants.
15
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
III- Enjeux de la filière biocarburant pour le
Burkina Faso
III.1 Analyse sectorielle de la consommation
énergétique du pays
Le Burkina importe environ chaque année de
l'extérieur des produits pétroliers d'une valeur d'environ 80
milliards de FCFA (environ 35 milliards de gasoil par an) pour combler ses
besoins énergétiques qui sont de plus en plus croissants en
moyenne de 15% par an. (Statistiques SONABHY 2005)
En effet jusqu'aujourd'hui 90% des besoins
énergétiques du pays sont satisfaits par le bois et le charbon de
bois qui proviennent essentiellement des formations naturelles de plus en plus
réduites.
Les principaux secteurs consommateurs d'hydrocarbures au Burkina
étant :
· Le transport avec 61% des volumes mis en consommation
;
· La production d'électricité avec 26 %;
· L'éclairage, les applications thermiques et le
transport aérien avec 13%
L'analyse du potentiel biocarburant au Burkina Faso ne
saurait partir d'une opportunité technique aussi innovante soit-elle
mais plutôt de la demande et des besoins que ces techniques permettent de
satisfaire. Il est utile de bien apprécier les besoins
énergétiques actuels et à venir de l'économie et de
la population burkinabé avant d'analyser dans quelles mesures et sous
quelles conditions des produits agricoles peuvent, à l'aide de
procédés disponibles ou facilement accessibles dans le contexte
étudié, se substituer à des sources d'énergie
devenues trop coûteuses et / ou améliorer l'accès à
l'énergie des ménages et des entreprises.
Une analyse récente laisse entrevoir que le secteur de
l'énergie au Burkina Faso se caractérise par :
· la faiblesse de l'utilisation des énergies
modernes (électricité et transport routier) et l'importance de la
valorisation des ressources ligneuses, qui représente la majeure partie
de la consommation nationale et la quasi-totalité de l'énergie
rurale (84% de la totalité des énergies primaires et 82% de la
consommation finale d'énergie).
· un approvisionnement en électricité qui est
assuré à 68% par les centrales thermiques fonctionnant aux fuels
(DDO et gasoil), 15% par les barrages hydroélectriques de Bagré
et de Kompienga, l'importation d'électricité de la Côte
d'Ivoire représente les 17% restants.
· une forte dépendance vis-à-vis des
importations de produits pétroliers, qui, en raison de la flambée
récente du prix du baril, génèrent de fortes pressions sur
l'économie du pays,
· une faible utilisation des importantes ressources
solaires dont le coût d'investissement à grande échelle
reste prohibitif par rapport aux ressources traditionnelles.
16
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
Hormis les ressources ligneuses qui sont quasi exclusivement
utilisées sous forme de bois de chauffe (usages domestiques), les
hydrocarbures sont la première source énergétique
utilisée au Burkina Faso.
Le pays n'étant pas détenteur de
réserves d'hydrocarbures, la totalité des produits
pétroliers sont importés. L'approvisionnement en hydrocarbures
est assuré par une compagnie nationale, la SONABHY, à partir de
Cotonou, Lomé et Abidjan, où cette dernière a ses
dépôts côtiers.
Les hydrocarbures commercialisés sur le marché
national se déclinent en 7 produits principaux dont la
répartition peut être constatée dans le tableau suivant
:
Tableau de répartition de la consommation
des hydrocarbures
Produit pétrolier
|
Part dans hydrocarbures importés (2007)
|
utilisation
|
Gazoil
|
31%
|
94% transport (véhicules
diesel légers et poids lourds)
5% production d'électricité en centrales
thermiques
|
Super
|
30%
|
100% transport (véhicules
légers de type essence)
|
Fuel oil
|
16%
|
100% production électricité dans les centrales
thermiques
|
DDO (Distillate Diesel Oil)
|
11%
|
80% production d'électricité dans les centrales
thermiques
20% transport (train)
|
Petrole lampant
|
5%
|
100% éclairage (1/3 ménages et 2/3 secteur
informel), milieu rural surtout
|
Gaz butane
|
4%
|
Applications thermiques (60% cuisson et 40%
activités économiques :
restauration, séchage, etc)
|
Kérosène Jet A1
|
3%
|
100% transport (aviation)
|
|
17
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
La consommation d'hydrocarbures au Burkina Faso en 2007
était de 522.364 de Tonnes Equivalent Pétrole (TEP) ou (641.602
m3) pour un montant de 218 milliards de FCFA. Mis à part le
pétrole lampant, le gaz butane et le kérosène, il apparait
que les hydrocarbures importés sont principalement utilisés pour
le transport et la production d'électricité dans des centrales
thermiques.
En outre il faut noter que le secteur électrique du
pays connait des contraintes majeures. En effet l'électrification du
Burkina Faso est caractérisée par la faiblesse de la couverture
du territoire national. Cela se remarque par l'implantation des systèmes
d'exploitation électrique qui sont localisés prioritairement dans
les communes urbaines.
Les communes rurales désavantagées par
l'inexistence d'une demande solvable d'électricité et par une
insuffisante évaluation des besoins sectoriels, se trouvent
privées des atouts du progrès technique se rattachant à ce
bien. Les stratégies d'électrification du pays étaient
jadis exécutées par la SONABEL (Société Nationale
d'Electricité du Burkina) qui avait l'exclusivité de
l'exploitation, mais qui gérait des systèmes d'approvisionnement
aux capacités limitées. Ainsi, pour des raisons évidentes
d'équilibre de gestion, la SONABEL arrivait difficilement à
desservir les communes rurales.
Avec la libéralisation du secteur de la production et
distribution d'électricité engagées par le gouvernement,
la stratégie actuelle guidée par des opportunités
économiques, implique le secteur privé dans la politique de
couverture électrique du territoire national, ce qui favorise de plus en
plus l'électrification des communes rurales.
Ainsi, non seulement l'utilisation d'hydrocarbures pour le
transport et la production d'électricité est dominante mais ces
usages sont en forte augmentation, ce qui place ces
secteurs au tout premier plan des préoccupations
nationales et constituent une cible pour la définition d'une politique
biocarburant.
III.2 Le jatropha comme alternative économique
sociale et énergétique
Découvert dans les années 1990 pour sa production
d'huile, même s'il était déjà présent dans
les terroirs, le Jatropha curcas connaît un engouement marqué
depuis quelques années sur fond de crise alimentaire et
énergétique. Avec la science, on a découvert qu'avec le
jatropha, on peut obtenir du savon de lessive et de toilette, de la fumure
organique, de l'huile qui sert de
18
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
biocarburant car pouvant déboucher sur du biodiesel
qui a les mêmes normes que le gasoil fossile mais sans impact sur l'effet
de serre. Par ailleurs, les feuilles de l'arbre sont utilisées pour
soigner le rhumatisme, la sève pour les maux de dents et de ventre, le
palu, le diabète... et, ses racines utilisées pour le cancer. Une
plante d'avenir qui a énormément de vertus,
présentée par certains comme le « nouvel or vert du sahel
», elle est posséderait de nombreux atouts.
D'un point de vue énergétique, la culture du
Jatropha permettrait de réduire la facture énergétique des
populations rurales pauvres pour les besoins domestiques d'éclairage et
de cuisson alimentaire (huile pure et briquettes fabriquées à
partir des résidus de broyage).
L'huile extraite permettrait le développement d'un
ensemble d'activités artisanales autonomes nécessitant l'emploi
d'une petite motorisation fixe (moulin, motopompe,...). De même, la mise
en réseau d'unités familiales d'habitation, raccordées
à des micro-centrales électriques (groupes
électrogènes), permettrait de désenclaver des zones
rurales enclavées où l'électrification classique n'a pas
été jugée prioritaire, ni considérée comme
rentable. Enfin, elle aurait également pour conséquence
immédiate de réduire la pression anthropique sur les
écosystèmes arborés dégradés, surtout aux
pourtours des centres urbains.
Dans l'optique de la mise en place d'une stratégie de
développement de biocarburants au Burkina Faso, qui vise notamment
à substituer des hydrocarbures importés, ce sont ces trois types
d'utilisations qu'il faut prioritairement cibler étant donné leur
part importante dans la consommation totale des hydrocarbures et les secteurs
d'activités clés concernés.
Concrètement, cela suppose de mettre en place des
systèmes de production permettant de produire des biocarburants
utilisables dans les centrales thermiques pour la production
d'électricité et dans des moteurs de types diesel ou essence pour
le transport. Le développement de la filière locale peut
contribuer à la réduction de la pauvreté en offrant des
nouvelles opportunités de produits à vendre et en
développant des unités locales de production d'énergie.
En outre, dans la mesure où les biocarburants
(agrocarburants) peuvent être produits facilement en zone rurale et
étant donné les objectifs nationaux d'amélioration de
l'accès des populations à l'énergie, il convient
également de prendre en considération la possibilité que
de nouvelles activités consommatrices d'énergies apparaissent en
zone rurale. Dans ce cas, les biocarburants ne se développeraient pas
pour se substituer aux hydrocarbures, mais pour le développement de
nouvelles activités.
19
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
En résumé il faut noter que la promotion du
jatropha dans notre économie englobe essentiellement trois (03)
objectifs :
· La réduction de l'impact des importations
d'hydrocarbures sur l'économie du Burkina Faso,
· La valorisation des avantages de la production de
biocarburants pour le développement de l'économie et des
conditions de vie du monde rural en particulier et celui de l'économie
en général,
· La contribution à la lutte contre la
pauvreté en milieu rural et l'insécurité alimentaire par
l'augmentation des revenus et la création d'emplois qui va occuper la
population agricole car on a une saison de pluie qui ne dure que 6mois
maximum.
20
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWET
IV- L'expérience de l'entreprise BELWET
IV.1 Présentation de l'entreprise
Créée en 2003, sur l'initiative de son
Excellence le Larlé Naaba Tigré, ministre du Moogho Naaba et
député à l'Assemblée Nationale, l'Association Belem
Wend Tiiga (BELWET) est sans doute, le plus grand promoteur du biocarburant au
Burkina Faso.
Engagé initialement dans un accord de partenariat avec
la société allemande Deutsch Biodiesel, BELWET se lance dans la
culture du jatropha dans le but d'exporter des graines en Europe. Pourtant,
suite au retrait de cette société, BELWET s'est retrouvé
seul avec les engagements pris. Dans le même temps, la polémique
liée aux biocarburants surgissait, modifiant le contexte : les pays
européens ne voulant plus importer de produits oléagineux des
pays du Sud, BELWET a recentré ses activités sur le marché
national ou régional.
Avec un montant estimé à près de 32.8
millions de FCFA, la première unité pilote de production de
biodiesel à base de graines de jatropha, a été
installé à Kossodo dans la ville de Ouagadougou en juillet 2010
et on peut évaluer à ce jour plus de 300 millions de FCFA
injecté dans la filière des biocarburants par le promoteur depuis
2008.
L'Association Belem Wend Tiiga (BELWET) est un grand groupe qui
comprend en son sein plusieurs sociétés qui sont
interdépendants sur le plan organisationnel. Ce sont : * BELWET
PLANTATIONS SA : C'est une société anonyme de droit
commercial privé qui a pour objet de réaliser de grandes
plantations de Jatropha et d'organiser la collecte et la commercialisation des
graines de Jatropha en lien avec l'Union Nationale des Producteurs de Jatropha
(UNAPROFIJA).
En contractualisant ses rapports avec l'Union et les
structures de transformation, la société permet, la mise en place
d'une agriculture contractuelle sécurisée et garantit la
régularité des approvisionnements des unités industrielles
; et donc assure leur fonctionnement continu. .
BELWET PLANTATION se comporte comme un promoteur du Jatropha
et comme une centrale d'achat à l'échelle nationale et sous
régionale des graines de Jatropha.
* BELWET BIOCARBURANT SA : C'est une société
anonyme de droit privé mise en place par Son Excellence le Larlé
Naaba et d'autres actionnaires dont une société Sud Africaine
dénommé DEGRO. La société a pour objet la
transformation des graines de Jatropha en huiles et biocarburants dont le
biodiesel avec une capacité journalière de transformation de 15
à 30 tonnes de graines soit une production de 1440 litres de biodiesel
et 4200 litres d'huile. Elle entretiendra des relations commerciales
d'approvisionnement avec BELWET PLANTATION et l'UNAPROFIJA.
*BELWET INDUSTRIES : C'est une société anonyme
de droit privé qui a pour objet la transformation de l'huile de graines
de Jatropha en d'autres sous produits industriels (savon, produits
cosmétiques, glycérine et produits phytopharmaceutiques). Elle
entretiendra des relations commerciales d'approvisionnement avec BELWET
BIOCARBURANT qui lui fournira la matière première (l'huile de
Jatropha).
Les relations de sa structure avec toutes ses
parties-prenantes sont résumées par l'organigramme suivant :
La structure organisationnelle du groupe
BELWET se présente comme suite :
BELWET PLANTATIONS
BELWET
BIOCARBURANT
MINISTERES
BELWET INDUSTRIES
INSTITUTS DE RECHERCHE
AUTRES PARTENAIRES COMMERCIAUX
CHEF DE PROJET PDG DU GROUPE
BELWET Excellence Larlé Naba Tigré
ASSISTANTE DE DIRECTION
CONSEILLER EN MANAGEMENT
AUDITEUR INTERNE
DIRECTEUR CHARGE DE LA PRODUCTION
DU JATROPHA
DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION ET DES
FINANCES
DIRECTEUR DE
LA PRODUCTION INDUSTRIELLE
UNAPROFIJA
Groupements de base
Unions communales
Groupements de base
Unités
Biocarburants
Unités Autres productions industrielles
21
Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatroplia et
C~expérience de C~entreprise BEGWE 7
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Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
IV.2 La position actuelle de l'entreprise
Ayant depuis longtemps pesé la portée des
biocarburants pour notre économie, les activités menées
par BELWET, connaissent une croissance acceptable, ce qui lui confère un
rôle fondamental dans la promotion de la filière avec
essentiellement le jatropha. Sa position actuelle peut être
appréhendée à travers ses principales réalisations
et la variété de ses produits sur le marché.
Sur le plan de ses réalisations on note principalement
:
· Mise en place d'une pépinière de production
du jatropha
· Une plantation de 67000 ha en 2008 et 5418 ha en 2009
à travers le Burkina Faso
· Mise en place de champs expérimentaux de
jatropha associes aux cultures vivrières, de rentes et d'autres ligneux
(Bantogdo : 20 ha, Yimkouka : 83 ha avec 30 ha de cultures irriguées et
400 ha de champs délimités)
· Trois (03) comptoirs d'achats inaugurés
à Pousghin, Yimkouka et Mansila en 2009
· Test de l'huile de jatropha et de la fumure organique
en collaboration respectivement avec la SONABHY et l'INERA en 2009 mais aussi
avec la SONABEL et 2IE
· Octroi de microcrédits a 11600 femmes en
2008-2009
· Emploi de 3081 à 62000 producteurs entre
2008-2009
Pour mieux satisfaire une demande qui est diversifiée
en fonction des besoins de la clientèle, BELWET a mis en place une
variété de produits sur le marché qui sont :
· Des savons de toilette et de lessive certifiés
par LNSP (Ref 00322/08/10) et fabriquées à base d'huile de
jatropha, de beurre de karité, d'huile de balanites, de basilique et de
citronnelle.
· Des huiles (brut et raffinée) de jatropha
utilisées respectivement comme biocarburant et aussi pour la fabrication
de produits cosmétiques, et pour le fonctionnement des motos pompes et
groupes électrogènes. Mélangée à 20% avec du
gasoil, l'huile raffinée est utilisable directement dans les moteurs
diesel.
· L'huile de balanites, potentiellement alimentaire,
elle est utilisée dans la production des produits cosmétiques.
· Les tourteaux de balanites, très riche en
protéine, ils sont utilisés comme aliment pour bétail.
23
Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 7
· La fumure organique du jatropha, très riche en
azote, elle est utilisée comme engrais et est un excellent
fertilisant.
Il faut noter que les produits de BELWET, principalement les
huiles, sont caractérisés par une demande excédentaire que
l'entreprise peine à satisfaire. Cet état des choses s'explique
en partie par le problème d'approvisionnement en graines de jatropha qui
comme déjà évoqué, est un problème commun
à tous les promoteurs du jatropha
En conclusion, malgré les difficultés
rencontrées, l'entreprise évolue, lentement mais surement, vers
la réalisation de son objectif général qui est de
Contribuer, grâce au Jatropha, à l'amélioration des
conditions de vie des communautés rurales et à la lutte contre la
pauvreté au Burkina Faso.
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Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
V- Les Perspectives Et opportunités de la
filière Biocarburants pour le Burkina Faso
V.1 Les Perspectives
La consommation d'énergie moderne par habitant constitue
un important indicateur du développement. Il est donc nécessaire
que les politiques gouvernementales s'attachent à mettre des
quantités toujours croissantes et suffisantes d'énergie à
la disposition de tous les secteurs de la vie économique et sociale.
La politique de développement des biocarburants vise
en priorité l'approvisionnement du marché national en
énergie. L'exportation des biocarburants ne sera envisagée
qu'à la condition que les questions de sécurité
alimentaire du pays soient pleinement assurées. Pour ce faire, la
production de biocarburants répondra en priorité à la
demande du secteur électrique dont l'économie est tributaire des
fluctuations des prix des produits pétroliers et à la demande en
énergie des zones rurales. Sur la base d'une production de plusieurs
milliers de tonnes de graines de jatropha à l'hectare, une mobilisation
maximale de 200 000 ha est estimée nécessaire pour ces besoins
prioritaires.
A partir de 2015, une contribution des biocarburants pour les
besoins de transport pourrait être envisagée sur la base de
réponses positives en termes de faisabilité. Ce marché
pourrait requérir une demande supplémentaire en terre de 300 000
ha. Il est donc retenu une mobilisation maximum de 500 000 ha au total ce qui
correspondrait à 5,6 % des terres cultivables au Burkina Faso. Ce niveau
de mobilisation est acceptable et ne mettra pas en danger la mobilisation des
terres pour les besoins de sécurité alimentaire.
Enfin, les biocarburants pourraient constituer un atout pour
le Burkina tant sur le plan de l'environnement que sur celui de l'agriculture
et de la politique énergétique. C'est la somme des avantages
qu'ils procurent qui justifie leur développement. Une politique
nationale volontariste est donc nécessaire pour l'assurer.
V.2 Les opportunités
Le jatropha pourrait améliorer l'accessibilité
financière des populations rurales aux produits alimentaires à
travers les revenus supplémentaires qu'elle pourrait apporter aux
populations.
· En effet, Le développement de la filière
des biocarburants va contribuer à une diversification des sources
d'approvisionnement énergétique du pays complétant ainsi
sa
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Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
C~expérience cie C~entreprise BELWE 'T
politique d'interconnexion dans le domaine de
l'électricité mais surtout réduire le déficit de la
balance commerciale du pays.
· La vente des graines ou de l'huile ou du savon apporte
un revenu supplémentaire aux ménages ruraux qui sont parmi les
plus pauvres au Burkina.
· Aussi, grâce au jatropha au Burkina Faso, des
emplois ont été crées ; chez les promoteurs plus de 200
emplois directes ont été recensés sans compter les
producteurs.
· Citons en exemple BELWET SA qui, grâce à
son système de micro crédit, a pu mobiliser prés de 62 000
producteurs et emblavant plus de 80 000 Ha de jatropha.
· Il ressort du secteur un potentiel de production de
plus de 282 millions de litres et 847 907 tonnes de tourteaux qui pourrait
servir de fertilisants agricoles. Cette production permettrait de couvrir les
besoins du pays en gasoil à plus de 146% soit un gain en devises de plus
de 100 milliards et une disponibilité de près de 90 millions de
litres de
biocarburant exportable.
· L'une des meilleures alternatives pour une culture du
jatropha est une production extensive qui laisse de l'espace pour les cultures
vivrières.
· Le jatropha s'adapte à des conditions
pluviométriques peu favorables et à des sols marginaux
(dégradés). Il participe donc à la lutte contre la
désertification et l'érosion des sols et pourrait donc être
utilisé efficacement pour la récupération des terres
dégradées ; toute chose pouvant favoriser la
sécurité alimentaire.
De façon générale, le jatropha, peut non
seulement, contribuer effectivement à l'augmentation des revenus des
producteurs mais aussi, permettre une indépendance croissante de
l'approvisionnement énergétique du pays envers les importations
d'hydrocarbures et aussi permettre de moderniser l'agriculture en milieu rural
par conséquent la promotion d'une sécurité alimentaire
durable.
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Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCière cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatropha et
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Conclusion
Le déficit énergétique constitue un
handicap majeur dans le développement économique de tout pays. Le
train du développement, dont la machine, pour fonctionner en continu,
doit être approvisionné en énergie. Hors l'accès
à l'énergie, dans le contexte actuel de la mondialisation et de
la compétition internationale qui s'impose à nos
économies, est parsemé de contraintes. Les perspectives
économiques nécessitent plus que jamais une prise en compte de la
maitrise de la consommation de l'énergie, donc une exploration de
nouvelles sources, prenant en compte les enjeux du développement durable
et l'objectif de réduction de la pauvreté conformément
à la vision de la SCADD (Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable). La question
de la dépendance énergétique de la grande majorité
des pays en voie de développement est à prendre en
considération.
Un pays comme le Burkina Faso voit une part importante de sa
balance commerciale (218 milliards de francs CFA en 2007, soit plus de 50 %)
consacrée aux importations d'hydrocarbures, aussi bien pour le transport
que pour la production d'électricité. Et ce alors que la
consommation par habitant reste très faible (l'équivalent de 275
litres de super par habitant et par an). Face aux perspectives de fortes
croissances démographique et économique, il devient donc urgent
de mettre en place un cadre juridique et institutionnel permettant le
développement d'alternatives au pétrole fossile comme les
biocarburants et principalement le jatropha.
Le jatropha constitue donc un atout majeur et il ne faudrait
donc pas se contenter de sa seule rentabilité économique, Sinon
son devenir à moyen terme paraît fragile. N'est-il pas aussi
nécessaire de faire une analyse en termes de coûts et avantages
à long terme de cette nouvelle donne énergétique sur notre
économie?
Mais quels peuvent être les risques pour la
sécurité alimentaire d'une exploitation excessive de la culture
des biocarburants?
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Etat des Cieux~ enjeux et perspectives de
Ca~iCière des 6iocar6urants au Burkina Faso : cas du jatropha et
C~expérience de C~entreprise BELWE 7
Recommandations
Le renforcement de l'économie nationale, passant par une
réduction des importations d'hydrocarbures et par le
développement d'une production nationale durable de biocarburants en vue
de la création de revenus pour les agriculteurs, l'amélioration
du bien-être du monde rural dans le respect d'une sécurité
alimentaire durable et la protection de l'environnement, peut être une
réalité si un certain nombre de conditions parmi tant d'autres
sont remplies :
· le développement des biocarburants doit se faire
dans un premier temps pour répondre à la demande du marché
local, afin de ne pas menacer les efforts d'autosuffisance alimentaire en
cours.
· Des politiques environnementales devront être
immédiatement définies pour
accompagner la production des biocarburants afin de
prévenir des risques éventuels en la matière.
· Le secteur financier devra assister l'installation des
différents maillons de la filière par une politique de mise en
place d'instruments de financement adaptés et équitables au vu
des enjeux macro-économiques liés au développement de
cette filière.
Un cadre réglementaire et fiscal de développement
des biocarburants devra être mis en place pour :
· assurer la sécurité des investissements
des acteurs travaillant dans le secteur ; et aussi des normes qui garantissent
la qualité des produits au niveau des utilisateurs/consommateurs
s'imposent.
· Limiter les exportations des graines de jatropha en
vue d'une sécurisation des approvisionnements au profit des acteurs
locaux.
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Etat cies Cieux~ enjeux et perspectives
cie Ca~iCi~re cies 6iocar6urants au Burkina Faso : cas ciu jatroplia et
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Contacts des auteurs :
OUEDRAOGO Abdoulaye
Cel : 00226 78 23 67 00
Email : abdoullahoued@
gmail.com /
obless1er@yahoo.fr
NASSA Hamidou
Cel : 00226 76 88 89 55 Email : midak08@
yahoo.fr
YAMEOGO L Clement Cel : 00226 75 29 65 87 Email :
ylclement@
yahoo.fr
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