Introduction
Générale
Le Bassin arachidier 41000 Km2 est
composé des régions administratives de Kaolack, Fatick, Louga,
Diourbel et Kaffrine.
Aujourd'hui la culture de l'arachide gagne les régions
de Tambacounda, Kolda et Ziguinchor. La Région de Kaolack, coeur du
Bassin arachidier comprend trois Département qui sont Kaolack,
Nioro et Guinguénéo.
Le Département de Kaolack est subdivisé en trois
Arrondissement : Sibassor, Ndiédieng et Koumbal.
La Communauté Rurale de Ndiaffate, qui est l'une des
Communautés Rurales de l'Arrondissement de Ndiédieng, est la plus
étendue avec 209 km2. Elle est limitée au Nord par la
ria du Saloum, à l'Ouest par l'Arrondissement de Djilor, à l'Est
par la Communauté Rurale de Lat Mingué et de Keur Socé et
au Sud par les Communautés Rurales de Diossong et Ndiédieng.
La Communauté Rurale est comprise dans le climat
tropical à nuance soudano-atlantique Nord - Sagna (2000)
Du point de vue géomorphologique, la CR comprend au
Nord des tannes salé s acides, sols halomorphes à gley
salé et au sud des sols ferrugineux tropicaux lessivés ou non
lessivés.
Pour la végétation on après le tanne la
savane arbustive et arborée avec des forêts classées :
Kousmar, Koutal, Vélor, Keur Makhtar.
Sur le plan hydrographique, la Communauté Rurale de
Ndiaffate est limitée au Nord par la ria le Saloum et ses bolongs dont
un se déverse vers le Sud dans une dépression se prolongeant
jusqu'à la forêt classée de Keur Makhtar au centre. On
compte aussi beaucoup de mares temporaires.
Sur les données démographiques, la
Communauté Rurale de Ndiaffate comptait 18849 habitants en 1988 DPS 1988
(selon le recensement général de la population 1988). Cette
population est estimée en 2007 à 28181 habitants. (DPS
Projections démographiques 2005 à 2015),
En 1988 la densité de la population était de 90
habitants/km2, en 2007 elle est de 139 habitants/km2. La
trame ethnique est composée essentiellement de Wolof 59%, de Pular 21%,
de Sérères 19%, autres ethnies 1%.
La CR de Ndiaffate, du point de vue économique,
s'adonne essentiellement aux activités agricoles et à
l'élevage, avec cependant des activités commerciales non
négligeables.
Carte 2 : carte de situation de la région de
Kaolack au Sénégal
Carte 2 : carte de situation de la CR de Ndiaffate dans
la région de Kaolack.
Carte 2 : carte administrative de la Communauté
Rurale de Ndiaffate (DAT, 2007)
Problématique
Les institutions nationales et internationales oeuvrant dans
la protection et la réhabilitation des ressources naturelles publient
assez fréquemment des chiffres indiquant que, sans aucun doute, la
richesse des pays africains au sud du Sahara est en continuel déclin
ENDA Pronat : Environnement et développement du tiers monde
(2000).
Au Sénégal, plusieurs facteurs, les uns
naturels, les autres humains ont contribué à la
dégradation des ces ressources depuis bientôt quarante ans. Il
s'agit, pour les facteurs naturels du cycle de sécheresse qui
sévit depuis les années 1970. Pour les facteurs humains, il faut
compter avec la poussée démographique qui influence directement
les activités agro- sylvo-pastorales et dans l'agriculture
l'introduction de la culture attelée après l'indépendance.
Mamadou A. Sow, ENDA Pronat : Environnement et développement du
tiers monde, examen général de la Conservation de l'Eau et des
Sols (CES) au Sénégal (1998).
Pour les ressources hydriques, nos questionnaires
d'enquêtes ont révélé presque partout dans la CR une
baisse de la nappe phréatique, la salinisation des eaux de surface dans
les endroits proches de la ria. Les abords de la ria sont le domaine des
tannes.
Quelle est aujourd'hui l'étendue de ces
tannes ?
Y a des difficultés d'accès à
l'eau douce?
Dans le Centre Ouest (Bassin arachidier), ce sont des
phénomènes d' altération chimique qui prédominent
avec la tendance a l'acidification des sols siliceux pauvres en bases
échangeables(calcium ,phosphore...). Ce phénomène est
accentué avec la mise en culture continue et, en certains endroits, la
pluviométrie, de courte durée certes mais suffisamment intense
pour détremper les sols qui deviennent asphyxiants pendant l'hivernage.
Amadou A. Sow (1998)
Les déficits pluviométriques engendrés
par l'aridité du climat ont déclenché et amplifier la
sursalure et l'acidification des sols sur l'ensemble des domaines. La
sursalure, peu rependue avant les annés1971, a vite atteint tout les
sols, depuis les terrasses basses jusqu' au glacis de raccordement. Elles se
produit par divers processus dont le premier est : la migration
verticale des sels par remontés capillaires de la solution du sol ou de
la nappe phréatique peu profonde, sous l' action des
phénomènes d'évaporation intenses dues aux
températures très élevées (25-40°C) et qui
maintiennent pendant 8 à 9 mois un profil salin ascendant. Sadio
S. : Pédogenèse et potentialités forestières
des sols sulfatés acides salés des tannes du Sine Saloum,
Sénégal (1991)
. Qu'en est-il du sol de la Communauté Rurale de
Ndiaffate dans le contexte ainsi évoqué ?
Le changement du taux d'humidité du sol et
l'irrégularité des pluies ont aussi pour conséquence la
disparition progressive des espèces ayant besoin de beaucoup d'eau pour
subsister :
Le décapage de la couche utile du sol met les racines
à nu ce qui fragilise les arbres cf (Photo Abdoulaye Sène :
Bill peul 2007).
La salinisation aussi, modifiant le PH du sol, élimine
la végétation qui ne peut supporter les PH élevés
de 7,4 à 8 dans les cas extrêmes. Quel est aujourd'hui
l'état général de la végétation dans la
Communauté Rurale de Ndiaffate ?
Il a été évoqué plus haut la
salinisation comme facteur de dégradation de la
végétation, mais il y a aussi la baisse de la nappe
phréatique.
Sur les rives, les inondations par les eaux sursalées
des cours d'eau, deux à trois fois plus salées que l'eau de mer
(46Ms/cm) Sadio (1991) déciment la mangrove et écartent
plusieurs espèces de poisson.
Quel est l'effet réel de la salinité sur les
ressources hydriques ?
Dans un contexte de dégradation de la
végétation du fait de la poussée démographique,
à quelles difficultés est liée la conservation
étant donné que dans la CR Ndiaffate, même si le taux
naturel n'atteint que 1,36%, l'immigration impulse une poussée
démographique très forte. Cette immigration s'explique par
l'histoire et la position géographique de la Communauté
Rurale.
Du point de vue historique, le mouvement mouride a
initié une colonisation agricole de grande ampleur à partir des
années 1940 intéressant les régions de Kaolack et de
Tambacounda avec des villages de toponymie caractéristique avec des noms
commençant souvent par Touba ou Darou. On a l'exemple de Touba Sanokho
et de Darou Mbitéyène.
Plus récemment, sous l'égide de l'Etat, la
colonisation des terres neuves du Saloum et de la Région de Tamba a
été le prétexte de beaucoup de départs, des
terroirs usés du Sine vers le Saloum avec comme destination les terres,
d'abord les plus proches, comme la CR de Ndiaffate, que l'on atteint dès
que le pont Noirot de Kaolack est franchi. Ici, c'est le facteur
géographique qui est déterminant.
Cet apport de populations découlant du flux migratoire
ou de l'accroissement naturel a pour conséquence l'augmentation des
superficies emblavées.
Quelle est aujourd'hui la situation du foncier dans la CR de
Ndiaffate ?
Quel est l'effet des défrichements dans la
Communauté Rurale de Ndiaffate sur la végétation ?
Quelles sont les difficultés de conservation des
ressources naturelles? Il importe d'évoquer les activités
économiques de ces populations.
La première d'entre elles est l'agriculture, elle est
dominée par la culture de l'arachide qui procure des revenus
monétaires aux paysans, même si le mil garde une bonne place avec
la culture attelée introduite par la Société d'Aide
Technique et de Coopération (SATEC) (1965), avant la
Société de Développement et de Vulgarisation Agricole
(SODEVA) (1975), avec la mise en place du programme agricole fournissant le
matériel et les intrants. Du coup, les surfaces emblavées ont
été multipliées par 10 dans toutes les exploitations en
moins de 15 ans!
La nouvelle politique agricole initiée à partir
des années 1980 a été principalement le
désengagement de l'Etat avec abandon du programme agricole et
dissolution de l'ONCAD.
Le paysan continue la culture attelée et les
défrichements sans possibilité de bénéficier
d'engrais.
Les programmes de reboisement, qui avaient accompagné
le dessouchage des champs à l'initiative de la SODEVA avaient
privilégié des espèces comme l'Eucalyptus arbres
asséchant le sol.
Quels sont les impacts des activités agricoles sur les
sols et sur la végétation ?
La Communauté Rurale de Ndiaffate est aussi une grande
zone d'élevage. Les agriculteurs sont aussi le plus souvent des
éleveurs et il existe des pasteurs professionnels.
Cette activité alimente un important marché du
bétail à Passy et crée des mouvements constants en
direction de Koutal, place d'embarquement en direction de Kaolack et Dakar.
Le piétinement de la terre par le bétail autour
des forages et des marchés induit des effets négatifs sur les
sols, tandis que le surpâturage décime la
végétation.
Ce phénomène est-il remarquable dans la
Communauté Rurale de Ndiaffate ?
Pour les populations de la Communauté Rurale de
Ndiaffate, il s'agit d'exploiter les ressources naturelles pour survivre et
réaliser des surplus, mais aussi de conserver et restaurer ces
mêmes ressources. Deux préoccupations difficilement conciliables
quand les conditions écologiques ne sont pas toujours favorables et
quand ce paysan n'a plus les moyens de ses activités.
Telle semble être la problématique de la gestion
des ressources naturelles de la Communauté Rurale de Ndiaffate.
Ce travail très modeste est mené dans les soucis
d'accorder les vues des populations locales, des pouvoirs publics, des ONG et
des institutions internationales sur la gestion l'environnement.
Objectifs
Objectif principal
Montrer les difficultés liées à la
restauration et à la conservation des ressources naturelles
Objectifs spécifiques
- Analyser les facteurs de dégradation des ressources
naturelles
- Analyser les stratégies de lutte au plan local
- Dégager les solutions adoptées
Pour atteindre ces objectifs, il importe de définir des
hypothèses de travail, qui sont les suivantes :
Hypothèses
- La dégradation des ressources hydriques, des sols et
de la végétation dans la Communauté Rurale de Ndiaffate
est due aux facteurs anthropiques.
- Les activités de production sont en contradiction
avec la protection des ressources naturelles
- Les stratégies de gestion ne sont pas efficaces pour
inverser la tendance.
Méthodologie
Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie a
consisté à procéder d'abord en une recherche documentaire,
ensuite en une phrase d'enquête sur le terrain, enfin au traitement et
à l'analyse des données recueillies.
La recherche documentaire
Dans la perspective d'avoir un aperçu
général sur notre Travail d'Etude et de Recherche (T.E.R.) nous
avons eu à fréquenter les centres de documentation suivants :
La Bibliothèque Centrale de l'Université Cheikh
Anta DIOP de Dakar (UCAD)
La Bibliothèque du Département de
Géographie de l'UCAD
Le Centre de Suivi Ecologique, CSE,
La Direction de la Prévision et de la Statistique,
DPS
L'Institut de Recherche sur le Développement IRD
La Direction des Travaux Géographiques et
Cartographiques (DTGC)
L'Institut Sénégalais de Recherche Agricole
(ISRA)
La Direction de l'Analyse de la Prévision et de la
Statistique DAPS
La Direction de l'Aménagement du Territoire DAT
La Direction de la Météorologie Nationale
(DMN)
La Direction de l'Elevage
La Direction des Pêches Maritimes
La Directions des Eaux et Forêts
La Coopération Allemande GTZ-PBA Kaolack
Le Service Régional des Eaux et Forêts,
Kaolack
Le Service Régional de l'Agriculture Kaolack
Le Service Régional de l'Elevage, Kaolack
Le Service Régional des Pêches, Kaolack
Le Service Régional de la Prévision de la
Statistique, Kaolack
La phase de terrain
Elle nous a permis de connaître notre cadre
d'étude et d'avoir un contact direct avec les autorités locales :
Président du Conseil Rural, quelques élus locaux, des chefs de
villages et des personnes ressources.
Il a fallu d'abord, avec la liste des 75 villages de la CR
fournie par la DPS (à partir du recencement de 1988), procéder
à un zonage pour pouvoir visiter le 1/3 des 75 villages de la CR soit 25
villages.
Le zonage est basé sur les réalités
écologiques et socio-économiques comme la proximité des
tannes, la présence des forêts classées, les fortes
concentrations Humaines. Nous avons donc établi la liste à voir
en annexe.
Puis nous avons constitué des focus groupes qui, avec
un questionnaire souple (voir annexe), ont rencontré les chefs de
villages, les chefs de carrés et les populations des villages
visités.
Traitement et analyse des données
La dernière partie a été
réalisée grâce au support informatique. Le logiciel
Microsoft Word a été utilisé pour la saisie et le
traitement de textes, le logiciel Excel pour les tableaux, le calcul et les
graphiques des données statistiques obtenues.
Les résultats de nos travaux sont
présentés en trois grandes parties
1ère partie : présentation du
milieu
2ème partie : La dégradation des
Ressources Naturelles que sont les eaux, les sols, la végétation,
mais aussi les conséquences de cette dégradation sur les
activités socioéconomiques.
3ème partie : les stratégies de lutte
contre la dégradation.
|