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Apport de la justice transitionnelle à  travers la communication dans le processus de résolution des conflits interethniques. Cas du territoire de Masisi, de 2000 à  2006

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par Ladislas NDAKOLA MUHIMA
Université de CEPROMAD ( République démocratique du Congo) - Licence en sciences de l'information et de la communication 2010
  

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE DU CEPROMAD

UNIC/ISGEA

BP. 573 GOMA

FACULTE DES SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION « SIC »

APPORT DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE A
TRAVERS LA COMMUNICATION DANS LE
PROCESSUS DE RESOLUTION DES CONFLITS
INTERETHIQUES.
Cas du Territoire de Masisi, de 2000 à 2006

NDAKOLA MUHIMA Ladislas

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du diplôme de licencié en Sciences de l'Information et de la Communication

Option : Communication des Organisations Directeur : CT Vincent MUKWEGE Encadreur : Ass2 Edgar MAHUNGU

Année académique : 2010-2011

EPIGRAPHE

« En Afrique celui qui se met hors de la société (communauté) d'une manière
ou d'une autre, perd sa qualité d'être humain et devient une porte de la
réincarnation de génie malfaisant mis à l'index et craint de tous »

Sergou Badian

La Richesse de l'humanité c'est sa diversité

Lucien Outer

DEDICACE

A l'Eternel Dieu notre créateur qui m'a prêté force et vie et à vous papa Leonard MUHIMA KISHUBA, ma regrettée mère SIFA BISHERYA et l'Honorable MWAMI BAHATI KAEMBE pour l'affection, l'encadrement, les conseils et les sacrifices consentis pour mon instruction.

A vous ma bien aimée REGINE BUHORO NDAMWENGE, pour la marque d'amour, de fidélité, de courage et de patience face à toutes les souffrances endurées durant mes études.

A vous mes enfants DANIEL MUISHA, GRACIER KUBUYA, SALAMA KAHINDO MERVEILLE, EUNICE NGOWA NDAKOLA, EMMANUEL LUANDA NDAKOLA et beaux- frères.

A vous Révérend Pasteur SAFARI MABOKO, MATEYABO-LUNGE JEAN, Honorable SHEMS, MUSTAFA LUANDA, Dr BLAISE NDAMWENGE, BAJOS NDAMWENGE, AMANI SHUKURU mes frères et soeurs dans le Seigneur.

A vous ami(es) et connaissances.

NDAKOLA MUHIMA Ladislas

REMERCIEMENTS

La vie est, semble-t-il, un adversaire qu'il faut prendre avec des stratégies et des conseils provenant de soi et d'autres.

C'est pourquoi, au terme de ce travail, je tiens à remercier le grand frère Honorable Mwami BAHATI KAEMBE, pour sa contribution morale et matérielle à la réalisation de ce travail ; son épouse Jeannine BANDU, à François MWINJA mon ami; Richard WABULA ; aux grands et petits-frères de ma famille élargie; sans oublier Thomas KITSA ; mon beau-père l'Ingénieur BENJAMIN NDAMWENGE ; BAHANI KULU ; Abbé KITSA DANIEL et Abbé Joseph MAHINDULE, pour leur soutien, moral et matériel.

Ma profonde gratitude au Chef de travaux Vincent MUKWEGE et l'Ass2 Edgar MUHUNGU qui ont accepté de nous orienter et diriger et cela en dépit de leurs multiples occupations.

Je remercie également tout le corps professoral de l'UNIC/ Goma pour avoir contribué à l'aboutissement de ma formation de licencié en communication.

Mes remerciements sont aussi adressés au Directeur Général de l'UNIC-ISGEA/ Goma, le CT BYAMUNGU, le Secrétaire Général Académique, le CT RAJABO SHABANI et tout le personnel administratif de l'UNIC-ISGEA/Goma pour leur encadrement.

Je remercie enfin tout les camarades à savoir MUGUMALEWA, LEBREF, MUHINDO, JOVIAL LUANDA, NICIOLE, FLORENCE, KABERINGABO, LONNY, MOISE MUTUNGA et tous les amis pour leur encouragement et collaboration pour l'aboutissement de ce travail. Que toutes les personnes citées ainsi que celles non citées dans le présent mémoire trouvent entre ces lignes l'expression de mes sincères remerciements.

NDAKOLA MUHIMA L.

iv

SIGLE ET ABREVIATION

Ass2 : Assistant du deuxième mandant

CEBZE : Communauté des Eglises Baptiste à l'Est du Zaïre

CICR : Comité International de la Croix-Rouge et du croissant rouge

CT : Chef des travaux

CVR : Commission Vérité et réconciliation

EIC : Etat Indépendant du Congo

HCR : Haut commissariat pour les réfugiés

HSS : Histoire et science sociale

Idem : même chose

IMPS : International media support

ISP : Institut Supérieur Pédagogique

ISDR : Institut Supérieur de développement Rural

Jt : Justice transitionnelle

GM : Guerre mondiale

MIB : Mission d'immigration Banyarwanda

Opcit : Opere citato

MCC : Communauté chrétienne des Mennonites

MPR : Mouvement Populaire pour la démocratie

RCD : Rassemblement Congolais pour la Démocratie

RDC : République Démocratique du Congo

TFC : Travail de fin de cycle

Theki : Thé du Kivu

TPIR : Tribunal Pénal International pour le Rwanda

TPIY : Tribunal Pénal pour l'ex Yougoslavie

S.D : Sans date

Se : Siècle

SIC : Sciences de l'information et de la communication

SL : Sans lieu

UNIC : Université du CEPROMAD

ULPGL : Université Libre des pays de Grands Lacs

UNTZA : Union Nationale des Travailleur Zaïrois.

1

INTRODUCTION GENERALE

01. Problématique

Définie comme une préoccupation de départ, la problématique renferme des interrogations qu'un chercheur soulève sur l'objet de son étude. (1)

Au regard de ce qui précède, dans le cadre de ce travail scientifique, le souci qui nous anime est de trouver des réponses aux différentes préoccupations que nous allons formuler dans les lignes qui suivent.

Depuis l'époque coloniale jusqu'à ce jour, l'histoire politique et sociale de la province du Nord-Kivu en général et celle du territoire de Masisi en particulier, est jalonnée par la permanence des conflits parfois armés entre les populations autochtones, constituées essentiellement des Hunde et Tembo d'une part et des populations d'expression rwandaise d'autre part, formée notamment des Hutu et Tutsi. (2)

Cette situation a engendré une sorte de bipolarité constituée d'une minorité de pauvres autochtones revendiquant la terre de leurs ancêtres, spoliée et exploitée par une majorité jadis constituée d'étrangers riches et déplacés, en grande majorité, par le pouvoir colonial belge et supportant très mal les droits politiques de cette minorité.

Initialement présentés comme conflits interethniques entre les différentes communautés habitant ce territoire, ces conflits se sont révélés plus tard comme étant fondés sur divers aspects souvent liés au manque de communication ou liés à des buts non avoués. Ces conflits ont déjà produit plusieurs dégâts humains et matériels sous diverses formes. Le climat de méfiance et de rejet a caractérisé ces communautés condamnées à cohabiter malgré leurs différences. Cela parce que la promulgation de la constitution de la République Démocratique du Congo de décembre 2006 a octroyé la nationalité congolaise à des populations vivant dans ces limites actuelles depuis l'indépendance en 19603.

1 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, éd. Dalloz, Paris 2003, p. 345.

2 D. BATACHOKA, Essai d'histoire des résistants Mai- Mai dans le territoire de Masisi de 1993 à 2003, TFC inédit, ISP MACGHUMBI, 2004, p.10.

3 Constitution de la RDC du 18/02/2006 à son article 10.

2

Les conflits ethniques devaient normalement prendre fin, car les soi-disant jadis étrangers sont devenus citoyens du pays et à part entière.

L'acceptation mutuelle devait se faire sans difficulté. Et si tel est le cas, comment expliquer la persistance de ces conflits interethniques ? Si les plaies se sont refermées sans être nettoyées, elles risquent ainsi de générer une infection ; de même, si un passé douloureux n'est pas réglé, il risque de resurgir. Et la preuve en est que les guerres ont été répétitives, justement parce que les frustrations héritées de précédentes guerres n'avaient pas été pansées convenablement.

Ceci dit, dans la résurgence des conflits armés, il sied que les
responsabilités des parties soient établies et partagées. Ce qui faciliterait la réconciliation et la cohabitation pacifique afin que des conflits nouveaux ne soient plus nourris par des discours du genre : (( telle tribu nous a tués ou les autres nous ont massacrés ». Pareils discours sont discriminatoires et de nature à alimenter les méfiances intercommunautaires de type (( nous contre eux ».

Les tribunaux locaux n'ont pas été en mesure de faire face aux graves violations des droits humains pour ainsi répondre aux prescrits de la justice. La confiance et la crédibilité dans les tribunaux de la part des certaines composantes de la population de Masisi ne sont pas totales. Les capacités, l'indépendance et l'impartialité manquent, ou ont, en tout cas, manqué face aux différents crimes commis dans le cadre des conflits armés. Pourtant, il faut en finir avec le cycle de violence, il faut rassurer les communautés de Masisi que les pages sombres sont définitivement guéries.(4)

Pour y arriver, il faut utiliser une approche qui va amener les communautés qui sont séparées à se mettre autour d'une même table pour régler pacifiquement leurs différends.

A cet effet, nous pensons que la communication peut être un outil important pour arriver à se mettre ensemble. Le contact physique favorise le début de la résolution en brisant les barrières interethniques. Alors pour que cette approche qui est la communication aboutisse à des résultats probants ou

4 D. KANYUGU, La justice transitionnelle, Université du Burundi, 2005, p.14

3

escomptés, nous avons voulu l'étayer par un mécanisme de la justice qui met en avant la communication, comme moyens presque sûr pour éradiquer ou diminuer les conflits interethniques dans ce territoire. Ce mécanisme s'appelle la justice transitionnelle.

A cet effet, nous nous sommes posé les questions suivantes pour développer notre travail.

Ainsi, pour développer notre travail, nous sommes parti de questions suivantes : Existe-t-il réellement des conflits interethniques dans le territoire de Masisi ? Et dans l'affirmative, que peut-on faire pour les résoudre ?

02. Hypothèse du travail

Une hypothèse est une réponse provisoire que la recherche aura à vérifier ; le bien fondé ou non de la question que l'on se pose (5).Elle est généralement considérée comme la transposition directe d'une proposition théorique dans le monde empirique. Jean Louis Laubet montre que les hypothèses (( sont à la fois des questions que l'on se pose à propos de la recherche et des faits recueillis par l'observation et des propositions des réponses à cette question.

Selon M. BAYAVUGE, (( Une hypothèse est une réponse et une explication possible formulée à une ou plusieurs questions que l'on se pose, mais réponse ou explication qui attend une vérification ». (6)

Selon J.WALKER, le conflit ne peut pas toujours être considéré comme élément d'indentification et par ricochet une occasion bien indiquée pour la transformation et la résolution d'un problème. Un conflit bien appréhendé dès le départ, peut être une occasion de rapprochement ou d'intégration des protagonistes.

A partir de l'analyse qui a fait l'objet de la problématique, l'hypothèse de ce travail ambitionne de proposer des solutions provisoires aux problèmes posés à savoir :

> Persistance des conflits interethniques en territoire de Masisi;

5 MUKENDI NKONKU Abdoul Karim, De l'intervention du pouvoir public dans la vie des médias en provenance du Nord-Kivu, 2008-2009, Mémoire Inédit, UNIC-Goma. p.2

6M. BAYAVUGE, L'évolution du régime foncier coutumier et le problème des terres dans la zone d'Idjwi, cité par KIBUTHI, M. , Essaie d'histoire socioculturelle de groupement du Ziralo en territoire de Kalehe (des origines à 2002), TFC en Histoire ISP/Machumbi de Goma, 2001, p.2.

4

> Utilisation efficace des stratégies ou mécanismes de la communication au processus de résolution des conflits interethniques en territoire de Masisi;

> La justice transitionnelle : mode de résolution des conflits sociaux en vue d'une cohabitation pacifique dans ce territoire longtemps meurtris par des conflits de tout genre.

03. Choix et intérêt du sujet

La cohabitation pacifique d'un peuple favorise l'épanouissement de ce dernier. Le choix de ce sujet a été motivé par le fait que nous avons été interpellé par l'existence de l'insécurité généralisée et l'instabilité socio-économique et politique qui sévit dans le territoire de Masisi dans son ensemble. Notre souci est de chercher à comprendre comment ce territoire pourrait retrouver son calme d'antan sous le nom de « Masisi la verte » « l'un des territoires jadis grenier de la province du Nord-Kivu. A l'instar d'autres chercheurs, nous voulons nous investir dans la recherche du mieux-être de ce territoire, en recourant à la communication comme l'un des moyens de résolution des conflits interethniques et intercommunautaires.

04. Etat de la question

L'état de la question sert à dégager l'originalité ou la spécificité du chercheur par rapport aux travaux intérieurs. C'est aussi un fait qui consiste à examiner les résultats antérieurs, les connaissances accumulées par d'autres chercheurs sur un phénomène donné. (7) Ainsi, nous ne pouvons prétendre avoir été le premier à aborder le thème ayant trait à l'apport de la communication dans la résolution des conflits interethniques. Nous comptons analyser les différentes stratégies de la communication et montrer leur impact sur ce point dans le territoire de Masisi.

7 Walker, J., et all, in `Bâtissons la paix dans le pays des Grands lacs » Rapport du séminaire organisé par MCC-ECC/

5

05. Méthodologie du travail

Une méthode est un ensemble d'opérations intellectuelles par les quelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie (8). Condray définit la méthode comme étant un grand système d'action et de réflexion, une mise en oeuvre cohérente des principes, des règles et de moyens divers permettant de conduire systématiquement une recherche à sa réalisation (9). Les techniques par contre sont des outils, des moyens permettant au chercheur d'accéder à la réalité, de traiter des données à cette réalité dont il a besoin pour comprendre un phénomène ou un sujet d'étude. C'est donc des moyens utilisés pour la récolte des données. Ainsi, pour la réalisation de ce travail, les méthodes et techniques suivantes ont été utilisées.

0.5.1. Méthodes

A) Méthode historique

Cette méthode consiste à établir des faits en vue d'arriver à une description et à une compréhension exacte concernant les événements du passé. De façon concrète, cette méthode nous a permis de décrire le milieu du travail pour mieux appréhender le sujet.

B) Méthode comparative

Comparer, c'est chercher simultanément les ressemblances et les dissemblances entre deux ou plusieurs choses. Cette méthode nous a servi à découvrir par comparaison, à confronter plusieurs témoignages recueillis auprès de nos informateurs mais également à travers les différents documents.

C) Méthode analytique

Cette méthode nous a permis de rassembler la documentation de base nécessaire en rapport avec notre sujet d'étude et faire une analyse approfondie des données recueillies.

8 PINTO-GRAWITZ, L'application du Marketing mix dans une école privée, 2003, p.4

9 MARMUSE, Les aides à la décision, Ferdinand Nathan, Paris, SD, p.83.

6

d) Méthode statistique

Cette méthode nous a été utile, car elle nous a aidé à interpréter les données chiffrées et des variables qualitatives pour mieux les appréhender.

0.5.2. Les techniques

Les techniques sont des procédés ou des moyens qui appuient les méthodes (elles facilitent les contacts avec le milieu du travail (terrain).

A) La technique d'interview

Elle nous a servi à la collecte des données auprès des personnes contactées dans le territoire de Masisi à travers des entretiens.

B) La technique de questionnaire

Elle nous a permis d'établir des questions qui nous ont facilité la récolte des données concernant notre étude.

C) La technique documentaire

Cette technique a servi à la collecte de la documentation nécessaire au travail de recherche.

D) Observation libre

Citoyen natif de ce territoire, nous ne sommes pas indifférent aux situations et phénomènes qui s'y déroulent. Cet esprit d'observation nous a conduit à nous informer, à vivre de près ou de loin les conflits qui déchirent notre territoire.

06. Délimitation du sujet

Une étude scientifique de qualité doit être délimitée dans l'espace et dans le temps. C'est dans ce sens que l'étude actuelle s'est effectuée dans le territoire de Masisi, couvrant la période allant de 2000 à 2006, période-clé au cours de laquelle la RD Congo faisait ses premiers pas en démocratie.

07. Difficultés rencontrées

On ne peut certes pas faire des omelettes sans casser des oeufs. De ce fait, il est tout à fait honnête d'avouer que c'est non sans peines et sacrifices que le présent travail a été réalisé. Les difficultés majeures rencontrées au cours de son élaboration peuvent grosso modo se résumer en l'insuffisance bien déplorable des bibliothèques et ouvrages de référence dans la ville de

7

Goma. Ce qui s'est traduit en un accès difficile à un maximum d'ouvrages et autres documents traitant de l'objet de notre étude.

A cela s'ajoutent les difficultés liées aux moyens financiers sans oublier les manques des données, suite au refus catégorique de collaboration de certaines personnes censées nous renseigner sur le sujet de recherche. Ce faisant, usant des stratégies et de notre savoir-faire et surtout en matière de communication, nous avons pu surmonter certaines difficultés majeures pour ainsi glaner les matériaux disponibles et indispensables.

08. Subdivision du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générales, notre travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier chapitre porte sur les généralités et la présentation du milieu d'étude, c'est-à-dire un effort définitionnel, compréhensif des concepts-clés de cette étude et la présentation du milieu d'étude. Le deuxième chapitre planche sur les conflits interethniques dans le territoire de Masisi tandis que le troisième et dernier chapitre qui est également le noeud de ce travail traite de l'apport de l'apport de la justice transitionnelle à travers la communication dans la résolution des conflits interethniques.

8

Chapitre Premier :

GENERALITES DEFINITIONNELLES

I. INTRODUCTION PARTIELLE

Dans ce chapitre, nous nous efforçons de clarifier certains concepts qui seront utilisés tout au long de ce travail de recherche. En outre, nous allons présenter le milieu d'étude qui est le territoire de Masisi.

SECTION I. ELUCIDATION DES CONCEPTS

§1. Notions de la communication

I.I.1. Définition

La communication est l'action de communiquer quelque chose à quelqu'un ou un moyen technique par lequel des personnes communiquent. Selon le dictionnaire Larousse de la langue Française, la communication est l'action de communiquer, transmettre le message, mise en relation de deux correspondants par téléphone, ensemble de processus d'échanges signifiants entre un sujet parlant qui produit un énoncé et un interlocuteur dont il sollicite l'écoute et/ou une réponse explicite ou implicite. (10) Pour Edgar MORIN, la communication constitue une liaison organisationnelle qui s'effectue par la transmission et l'échange des signaux. Parmi les éléments intervenants dans la communication, on peut aisément mentionner : l'émetteur qui émet le message, le destinataire qui reçoit le message, le message lui-même, un code ou un langage communs, un canal de communication, l'intention de communiquer, les effets du message sur le destinataire et la rétroaction. Bref, la communication permet une interaction symbolique par le langage et le geste, par des moyens techniques, les medias et la télématique. (11)

La communication est donc le rapport d'interaction qui est établi lorsque les partenaires sont en présence. C'est pour cette raison que Marie Françoise Coulons et ses compagnons disent que le terme « communication » désigne à la fois une action (communiquer) ; un objet (le message,

10 Dictionnaire Larousse de la langue française, imprimée, 1979.

11 K. OLIMBA, Méthodes de recherches en communication, 2008, UNIC, Cours inédit, cité par L.BITA , p. 6.

9

l'information que l'on communique) et le moyen technique par lequel s'effectue l'échange.

Selon Edgar Paluku, dans son cours de sciences de l'information et de la communication, dit qu'on communique pour informer, pour s'informer, pour connaître, pour expliquer, comprendre, se comprendre etc....12

I.I.2. Information et connaissance

Il existe une relation évidente entre information et connaissance.

La connaissance est ce qui permet de situer l'information, de la contextualiser et la globaliser, c'est-à-dire la placer dans son ensemble.

Expliquer, c'est avoir recours à des déterminismes, à des causalités voire à des finalités ; c'est utiliser tous ces moyens repérables en procédant par déduction dans l'objectif de connaître un objet en tant qu'objet.

La compréhension, déduite de « comprendre », introduit la dimension subjective sans la connaissance et l'explication. En fait, l'explication est caractérisée par l'objectivisme, tandis que la compréhension nécessite le recours à un processus d'empathie et de sympathie, donc à un processus subjectif. L'explication permet ainsi de connaître un fait humain, en tant qu'objet « se rapportant à l'objet », la compréhension permet de comprendre un sujet en tant que sujet se rapportant au pourquoi de l'objet. Cependant, la compréhension humaine renferme quelques obstacles.

1. Le premier obstacle, pour comprendre autrui, c'est l'incompréhension qui prévaut même à l'égard de nous-mêmes. C'est notre capacité de nous autoculter ; c'est-à-dire la tromperie, le mensonge à l'égard de soi-même ; l'automystification permanente dans le sujet qui se fuit.

2. Le deuxième obstacle dans la compréhension de l'autre, est cette tendance à le réduire à une personnalité figée. L'être humain a tendance à ignorer cette dimension fondamentale qui est la diversité inhérente à l'autre, la personnalité multifaciale d'autrui. Ceci est dû au sentiment de possession, aux croyances et aux mythes. Et pourtant l'être humain ne saurait se réduire à un seul épisode de sa vie (un seul trait)

12 Edgar Paluku, Sciences de l'information et de la communication, Cours inédit, UNIC, 2010.

10

« réduction de l'alter ego ». En ce sens, la communication devient le

refus de la réduction de l'alter ego. Ainsi, toutes ces raisons nous

conduisent aux phénomènes de l'incompréhension et du malentendu13 .

Jean Lohisse14, quant à lui, définit la communication comme étant souvent liée à l'idée de transport ou de transmission. Cette transmission n'est possible que grâce aux signes (sons, formes, gestes etc.) qui traduisent, en quelque sorte, les choses non perceptibles par les sens et que nous voulons échanger. Les signes sont donc d'abord des réalités physiques et perceptibles, soit directement par nos sens, soit grâce à l'intervention des divers instruments (écran cathodique, amplificateurs) qui nous les rendent perceptibles. La communication porte en outre sur la relation humaine de l'essence à l'existence, de l'intemporel à l'historique. Sans la communication, la réalité humaine est comme une image à la recherche de ses contours, l'une et l'autre ne peuvent être séparées que par une opération de l'esprit.

De ces définitions qui précèdent, nous retenons que la communication est un processus d'échange entre deux partenaires et à ce sujet certains éléments doivent être pris en compte.

I.1.3. Le processus d'une communication.

La communication est un processus qui ne se laisse appréhender qu'au travers de ces composantes :

a. Emetteur : c'est le point de départ du message. Il collectionne à l'intérieur du code un certain nombre des signaux dont il se sert pour transmettre le message.

b. Le récepteur : le point d'arrivée du message où s'opère le décodage. A ce niveau, les éléments sélectionnés par l'émetteur et constituant le message sont reçus et sélectionnés.

c. Le canal : le support physique de la transmission du message ou le moyen par lequel le code et les signaux sont véhiculés

13 E. PALUKU, Op. Cit., p.20.

14 V. MUKWEGE, Communication globale en entreprise, UNIC-ISGEA, 2011, cours inédit.

11

d. Le code : la langue ou le système des signes. Le code comprend des signaux spécifiques et l'ensemble des règles de combinaison propres à ce système des signaux.

e. Le message : c'est le contenu ou le flux d'informations qui sont transmises par l'émetteur et orientées vers le récepteur.

f. Le contexte : l'environnement, le cadre dans lequel les deux partenaires échangent l'information. Il doit être le même pour les deux partenaires afin d'éviter les erreurs.

g. Le bruit : c'est tout ce qui apportera une interférence à la bonne réception du message dès que celui-ci quitte l'émetteur. Tout ce qui rend la réception difficile entre une personne et une autre, que ce soit en parole ou sur la page imprimée ou dans les transmissions radiophoniques. Il existe une diversité de bruits qui peuvent faire obstacle à la transmission/réception des messages : bruits mécaniques, sémantiques, bruits d'attitudes et de conduite. Les partenaires communicant devront fournir des efforts pour dépasser et maintenir le niveau de ce lien, cette relation ou cet échange.

Source : Roger COOK, la communication chrétienne par les ondes, cours de formation à
Goma, 2005, GBM, Royaume Uni, p.7.

15 A. KULIMUSHI K. Incidence de la communication sur une action humanitaire efficiente..., mémoire, UNIC-ISGEA, Goma, 2010, inédit p10-11.

12

Le schéma ci-dessus résume le processus de communication. Il

comprend deux parties : la transmission et réception du message et le feedback, qui est la réaction au message. Tout part alors de l'Emetteur qui formule son message, l'encode et le transmet au destinataire, c'est-à-dire au Récepteur qui va le décoder.

- Le message est l'information qui sera transmise au récepteur. Cela se fera à travers un canal ou un moyen ou encore un support qui sera choisi par l'Emetteur.

- Le feedback consiste en ce que le récepteur qui a reçu le message et l'a décodé puisse y réagir. C'est-à-dire qu'il devient maintenant «émetteur. Il va alors formuler sa réaction, l'encoder et l'envoyer au premier émetteur qui change de rôle et devient alors récepteur. Cette étape est d'une très grande utilité dans le processus de communication car elle permet d'apprécier le niveau d'intériorisation du message par le récepteur et prolonge la relation ou l'échange.

Tout au long de cette relation établie, c'est-à-dire la communication, le schéma poursuivra son cours et les deux camps s'interchangeront les tours de rôle.15

1.1.4 Les formes et modes de communication.

1.Formes

L'on démontre généralement deux formes principales de la communication humaine :

La communication verbale et la communication non verbale

- La communication verbale repose essentiellement sur le langage articulé, un contenu symbolique véhiculé par la parole pour transmettre des états d'âme et dialogue avec autrui. Elle peut être formelle (quand elle a trait aux groupes) ou informelle (dans le cas des échanges libres).

- La communication non verbale se réfère aux attitudes du corps, aux traits du visage et aux regards. Il y a d'une part des modalités

13

somatiques ou comportementales qui englobent le corps et sa dynamique, c'est-à-dire la gestique, la mimique et la proxémique, et d'autre part, les modalités prosodiques qui relèvent de l'expressivité vocale, à savoir l'intonation ou variation mélodique de la voix, la durée, la hauteur (le timbre), l'intensité.

Verbale ou non verbale, la communication humaine sert à transmettre des idées, des intentions, des convictions.

2. Modes de la communication humaine

Sous cet aspect, B. Voyenne16, distingue quatre modes de communication :

a) La communication directe : réalise « l'union la plus intime et la plus complète qui puisse se concevoir » comme les murmures des amoureux ; Elle suppose l'existence d'un émetteur unique proche du récepteur, par exemple, la présence physique des interlocuteurs. Le message se transmet ici en chaîne par le regard, le geste et la parole. Ce mode de communication présente les insuffisances suivantes :

· Le message n'atteint qu'un groupe restreint d'individus.

· Il est occulté suite à l'imperfection de nos sens et avec le temps, au colportage des intermédiaires ;

· La transmission est essentiellement spatiale. Elle donne facilement lieu à la rumeur. La vérification du message à la source devient, par conséquent, quasi impossible.

b) La communication indirecte se fonde sur l'écriture qui fixe les messages sur un support. C'est le régime de la graphosphère. Les messages sont indépendants des inter-actants. L'écriture vient supprimer la contiguïté matérielle ou physique entre eux. De ce fait, il devient possible de multiplier à l'infini les messages, de prolonger leur durée et de revenir à leur source d'émission.

c) La communication multiple présente les mêmes atouts que la communication indirecte. Mais, grâce à l'imprimerie, elle a permis de réaliser, de façon économique et régulière (périodicité), la transmission des messages auprès d'un nombre théoriquement illimité des destinataires.

16 B. VOYENNE, La presse dans la société contemporaine, Armand Colin, Paris, 1962 ,p.11-29.

14

d) La communication collective utilise le langage de l' « ON » ; c'est-à-dire le langage de masse depuis les émetteurs jusqu'aux récepteurs. Les uns et les autres peuvent être des groupes composés soit d'individus soit de sous-groupes. Ici les messages passent par un organe de diffusion et d'information. La communication collective est plus en plus instantanée, car elle porte l'événement en direct ou en différé.

I.1.7. Nécessité d'une stratégie de communication

La stratégie de communication est indispensable pour l'action à entreprendre en ce sens qu'elle constitue un plan cadre comprenant une combinaison d'interventions, de communication capables de susciter les changements nécessaires en matière de connaissances, d'opinions, d'attitudes ou de comportements au niveau du public cible.17 Elle constitue un engagement et une boussole permettant de mobiliser et d'orienter les actions et les énergies de différents partenaires, tout en évitant les erreurs dues aux improvisations. Elle permet ensuite de donner des directives, de tester la validité d'une création et d'en assurer la conduite.

1.1.8. La culture et la communication

Il est généralement attesté que la langue est le principal système de communication entre les hommes. En réalité, la langue est toujours accompagnée d'autres systèmes ou moyens de communication. Et toute culture est un réseau complexe de systèmes signifiants permettant divers types de communication dont la langue n'est qu'une composante. La culture est par conséquent la somme des répertoires de comportement codés, accomplis et interprétés par les membres de l'organisation sociale dans des situations communicatives.18 . Bref, la culture est :

· La façon de réfléchir, ressentir et croire ;

· La façon de vivre qui se transmet d'une génération à l'autre ;

· La façon de réagir et de se conduire ;

· Un schéma pour vivre ;

17 V. MUKWEGE, Stratégies de communication des organisations, Cours UNIC, 2011, Inédit.

18 E. K. OLIMBA, Méthode de recherche en communication, cours UNIC 2010, inédit, p. 18.

19 R. COOK, La communication chrétienne par les ondes, Cours de formation, 2005, GBM, Royaume-Uni, p. 16.

15

· Un plan selon lequel la société s'adapte à son environnement physique, social et idéal.

En résumé, la culture est le style de vie total d'une société, comprenant tous les aspects ou les besoins de la vie humaine, quelles que soient les réponses à ses besoins. Ainsi, les éléments de la culture sont interprétés de cette manière :

- La structure familiale (cellule de toute société) ;

- Les structures sociales :

o Le rôle des sexes ;

o Le processus pour prendre des décisions ;

o Les individus vis-à-vis des groupes. - La religion

o Comment s'approcher de Dieu ?

Ce que l'on croit Bien ou mal

La vie quotidienne

Philosophie

Structures Valeurs Mythologie

La vérité

Quant à la nature de la nature de la culture, il ressort que les divers aspects de la culture peuvent être considérés suivant des niveaux différents. Dans le dessein ci-dessous, les cercles illustrent les différents niveaux de la culture.19

16

· Le niveau philosophique

En disant philosophique, nous entendons : ce qui est considéré comme les vraies pensées aux problèmes de la vie, c'est-à-dire, la façon de penser d'une communauté. Ceci est au coeur d'une culture et de ce fait est le plus difficile à changer.

· Le niveau mythologique, les croyances à la base de l'héritage ancestral : certains peuples ont de la peine à rejeter leurs croyances ancestrales. Ils croient que toutes leurs postérités les ont reçues de cette façon, il n'y a donc aucune raison de changer.

· Le niveau des valeurs

Toute communauté a des valeurs différentes :

Par exemple : dans nos communautés respectives :

- Il est important de se marier,...

- Il est plus important d'avoir des enfants,...

- Il est encore plus important d'avoir des enfants mâles.

Par contre les occidentaux mettent plus de valeur sur les richesses que sur

l'homme.

· Le niveau structurel

Les couches de chaque culture sont comme les éléments composés d'un oeuf ; le jaune, le blanc et la coquille ; l'intérieur peut être pourri, mais la coquille donne l'impression que l'oeuf est bon.

17

§2. NOTION DE CONFLITS

I.2.1. Définition

Le mot « conflit » vient du latin « confligere » qui se traduit par heurter, et signifie par-là antagonisme, opposition matérielle ou morale. Cependant, tout conflit a comme origine un intérêt quelconque.

Il est résolu lorsque chaque partie en conflit trouve son intérêt.20 Selon Madeleine GRAWITZ, des conflits naissent et opposent des groupes aux intérêts contradictoires.21 A en croire Jacques S. OMAR, « Le conflit a plus ou moins trente synonymes : mésentente, désunion, malentendu, inimitié, rupture, rivalité, brouille, division, antagonisme,... disons que le conflit n'est pas assimilable à la compétition, même à la concurrence, il se distingue de la dialectique, il est différent des crises bien que celle-ci soient porteuse de conflits ».22

Et selon M.GRAWITZ, le conflit est une opposition ou affrontement aigu ou violent entre deux ou plusieurs parties. Il peut s'agir des groupes, des personnes, des classes ou encore de tendance, des aspirations, de motifs à l'intérieur d'un même groupe.23 A l'opposé des fonctionnalistes, les marxistes considèrent les conflits comme liés au mode de production et se manifestant dans la lutte des classes pour marquer toute l'histoire du monde.

Pour expliquer l'origine des conflits, GRAUD distingue trois niveaux d'analyse :

- Les logiques objectives des situations : l'appartenance à une classe

sociale conditionne objectivement l'intérêt ou le maintien de l'ordre. Il y a conflit parce que chaque individu, chaque groupe social, chaque structure de la population a sous un certain rapport, des intérêts spécifiques, donc non convergents, voire incompatibles avec ceux d'autres acteurs.

- La construction sociale des attentes : l'antagonisme et le conflit d'intérêts demeurent latents, aucune prise de conscience collective ne

20 P. BRAUD, Sociologue politique, 5e éd LC, DL, Paris 2000, p. 277-288.

21 M. GRAWITZ, Méthodes de sciences sociales, 9e éd. p.20.

22 A. OMAR, L'impact du multipartisme sur la question des conflits interethniques, TFC, inédit, 2003-2004.

23 M. GRAWITZ, Lexique des sciences sociales, éd. DALLOZ, 7e éd, Paris, 2000, p.85.

18

s'opère concernant la réalité des intérêts spécifiques d'un groupe face à ceux d'autres groupes.

- La politisation des antagonismes et des exigences : antagonisme et conflit d'intérêt ne sont constitutifs d'enjeux politiques qu'à condition d'être portés sur la scène politique.24

Un conflit peut être la manifestation d'une différence, d'un antagonisme. Dans ce cas, il est néfaste et génère des graves perturbations dans la société en général. Le conflit auquel il faut s'attèle à résoudre est une opposition d'intérêt, des sentiments car :

- Si l'opposition s'effectue dans la complémentarité, la situation est statique, sinon positivement dynamique car chacun assume et renforce sa différence. C'est une douce et saine bataille qui pousse l'un et l'autre à se surpasser sans entraver les manoeuvres de quiconque.

- Si l'opposition constitue plutôt une confrontation inéluctable, le conflit est imminent et nécessaire d'être traité.

1.2.2. Types des conflits

Il sied de noter qu'en partant des circonstances que l'homme éprouve dans sa vie, celui-ci cherche des conflits avec son entourage pour essayer de se positionner dans la société.

De ce qui précède, nous pouvons distinguer les différents types des conflits que l'homme traverse.

1.2.2.1. Le conflit du pouvoir

Les luttes de pouvoir possèdent leurs propres règles. Elles se jouent indirectement et avec circonscription ; ce qui en soi constitue une stratégie politique. En effet, tenter ouvertement de renforcer sa position quant au pouvoir ne servira qu'à affaiblir.

24 BRAUD, P., Op Cit, p. 277-286.

25 F. BALUNGU, Conflit de la foncière et la coutume dans la gestion des terres en milieu rural en, Droit positif congolais, cas de territoire de Masisi, 2009, rapport, p.1.

19

1.2.2.2. Le conflit socio- émotif

Le conflit socio- émotif renvoie aux dimensions affectives, émotives, émotionnelles et irrationnelles. Ce type de conflit est souvent lent, parfois n'exprime que l'aspect symptomatique d'un conflit socio- émotionnel.

1.2.2.3. Les conflits territoriaux

Ils désignent le mouvement nationaliste de revendication territoriale.

1.2.2.4. Les conflits liés aux populations

Il en existe deux types principaux : d'une part les conflits ethniques et d'autres par les conflits identitaires. Le premier cas place l'accent sur les divisions ethniques conçues comme arme de guerre, une exacerbation des clivages ethniques selon François Thual qui estime que, pour qu'il y ait conflit identitaire, il faut qu'un groupe se persuade à tord et à raison soit menacé de disparaître soit sur le plan politique, par la domination exclusive d'un groupe.

E. GLASER, citant THUAL, démontre que dans ces types de conflits, les acteurs ont le sentiment de se défendre. Ils ont peur que la substance même de l'identité du groupe menacé plus ou moins fantasmatiquement n'aboutisse à sa disparition, se considérant comme des victimes agressées ; la violence qu'ils déploient est exacerbée et peut culminer dans des phénomènes comme la purification ethnique.25

1.2.2.5. Conflit foncier

C'est une violence ou opposition matérielle caractérisée par l'intérêt entre deux au plusieurs personnes, cet intérêt portant sur une propriété foncière relative à l'exploitation d'une terre de l'imposition d'un fonds de terre, des impôts financiers dont la situation peut être recherchée soit par des négociations, par l'appel à une instance judiciaire.

20

1.2.2.6. Conflits armés internes

Un conflit armé interne ou une guerre civile est un conflit qui mène jusqu'à l'affrontement les forces armées égales, d'un Etat à des groupes armés dissidents ou rebelles et qui est inclus dans les affaires relevant essentiellement de la compétence nationale de cet Etat.26

Les conflits armés internes se distinguent des conflits armés internationaux, malgré quelques ressemblances de plus en plus prévisibles. C'est ainsi que, aujourd'hui, même une insurrection est réglementée par le droit de la guerre, du moins dans certains de ces aspects.

Les conflits armés internes se distinguent des conflits armés internationaux dans leur lettre prolongée dans l'espace et dans le temps.

Ils se distinguent aussi dans la mesure où cette lutte intéresse les entités juridiques, possédant la pleine capacité internationale, en d'autres termes, des sujets de droit international.

Pour le cas sous examen, un conflit armé est celui qui fait usage des armes blanches ou à feu et qui se produit soit entre Etats ou plusieurs entités étatiques, soit entre entités étatiques et non étatiques (conflit interne), soit entre deux ethnies à l'intérieur d'une entité étatique.

1.2.2.7. Conflits armés non internes ou internationaux

L'expression (( conflit armé international )) s'applique aux différents types d'affrontements notamment ceux qui peuvent se produire entre deux ou plusieurs entités étatiques ou entre une entité étatique et une entité non étatique (mouvement de libération national dans lequel les peuples luttent contre la domination coloniale, l'occupation étrangère (( qu'il y ait ou non résistance active )) ou un régime raciste et en général les guerres qui peuvent subvenir lorsque les peuples veulent exercer leurs droits à l'autodétermination.27

26 VERRI, P., Dictionnaire du Droit internationale des conflits armés, Genève, CICR, 1981-1988, p.36

27 BAHATI BUSANGA E., Essai d'analyse des conflits entre les Bahunde et les Banyarwanda et son impact sur la cohabitation dans le territoire de Masisi (1937 - 1993), p.8.

21

SECTION II. PRESENTATION DU MILIEU DU TRAVAIL

II.1. CADRE GEOGRAPHIQUE

a) Situation géographique

Le Territoire de Masisi est situé dans la province du Nord-Kivu.

Il est limité de la manière suivante :

- Au Nord par le Territoire de Walikale ;

- Au Sud par le Lac Kivu et le Territoire de Kalehe ;

- A l'Est par le Territoire de Rutshuru et la Ville de Goma, et

- A l'Ouest par le Territoire de Walikale et de Kalehe.28

Le Territoire de Masisi est divisé en quatre collectivités comprenant au total dix-neuf groupements.

Le territoire de Masisi29 à une superficie de 4734km2, après avoir perdu plus ou moins une dizaine de kilomètres carrés avant le découpage de la ville de Goma en zone urbaine. Il s'agit de Mugunga et Buheno, deux contrées limitrophes de la ville de Goma et aujourd'hui annexées à cette dernière.30

b) Relief, climat, les sols, la végétation et l'hydrographie

1. Le relief

Le territoire de Masisi se trouve inclus dans la région montagneuse du Congo où il est doté de trois régions de reliefs différents à savoir :

- La région de haute altitude allant de 2000 à 2800m. Elle est localisée dans la partie Sud-Est et dans la bande centrale du territoire. Elle englobe les localités suivantes : Mupfuni-Matanda, Kibabi et Mihanga. Cette dernière constitue la partie la plus accidentée du territoire, avec une multitude des collines.

- La région ayant une altitude moyenne de 1500 à 2000m : nous remarquons que cette région constitue plus ou moins le trois

28 K.BATACHOKA, Essai d'histoire des résistants Maï-Maï dans le territoire de Masisi de 1993 à 2003, TFC en Histoire, Sciences Sociales, ISP/MACHUMBI, Goma, 2004, p.6.

29 Masisi signifie « Catastrophe »

30 K.BAENI, La résolution pacifique des conflits interethniques préalables à tout développement dans le territoire de Masisi, Province du Nord-Kivu, TFC en Développement Rural, ISDR/Bukavu, 2006. p.7.

22

cinquième de la zone de Masisi. Elle est constituée précisément de Kirumbu, de Nyange et une partie remarquable de Mweso.

- En dernier lieu, la région de moins de 1500m. Elle comprend la partie au bord du Lac formant le piedmont de la région de haute altitude et la partie constituée par Osso, Mweso et le Sud-ouest. L'altitude moyenne de ces régions ne dépasse guère 1500m. 31

2. Le climat

Le climat de Masisi est humide, caractérisé par deux saisons : la saison sèche et la saison de pluie. La saison sèche va de juillet à août, par contre la saison de pluie va de septembre à décembre. Les autres mois peuvent être caractérisés soit par la pluie, soit par une sécheresse notamment les mois de janvier et les pluies de février.

Le territoire de Masisi est situé entre 1° à 2° latitude Sud et entre 28° et 30° de longitude Est.32

3. Les sols

Le sol du Territoire de Masisi est à classer dans les catégories suivantes :

- Les sols volcaniques récents localisés à Sake, Kirotshe, Karuba, Ngungu et même aux environs et autour des Lacs Mokoto.

- Les sols constitués des roches anciennes, sont remarquables dans la partie des Bashali Mokoto.

Les Bahunde s'adonnent à l'agriculture à cause de leurs sols qui sont favorables.33

4. La végétation

La végétation du territoire de Masisi est fonction des conditions climatiques et du relief.

31K. NKUBA, La région traditionnelle des Bahunde face à l'évangélisation chrétienne, (1912-1963), mémoire inédit en Histoire, ISP/Bukavu, 1977, p.7.

32 S. MYATSI, S., La polygamie et son impact socio-ecclésiastique dans le Territoire de Masisi, TFC en Théologie, ULPGL/Goma, 2002, p.10.

33 K.BAHATI, Interview à Masisi, le 16/03/2011

23

Elle est dominée des savanes herbeuses et par ailleurs une forêt de montagne, laquelle forêt disparaît progressivement suite à l'accroissement démographique ainsi qu'aux activités humaines.

5. L'hydrographie

Le territoire de Masisi est entièrement arrosé par plusieurs rivières larges et quelquefois profondes. Les rivières les plus importantes sont les suivantes, classées selon chaque collectivité :

Dans la collectivité chefferie des Bashali, les rivières Osso, Rusoma, Mweso et Muhongotsi.

Dans la collectivité secteur d'Osso, se trouvent les rivières Osso, Loashi, Mbitsi, Nyabukerere et Mindi.

Quant à la collectivité de Katoyi, nous avons les rivières : Nyalipe, Nyabukerere, Sembe, Kabete, Sheke et Nyamubuto.34

En outre, dans ce territoire de Masisi, on y trouve également des petits lacs précisément dans la collectivité des Bashali, il s'agit de Ndaala, Mbita, Mbalukira et Lukulu.

Le lac Kivu délimite le territoire dans sa partie Sud-est avec la localité de Nzulo dans le groupement Kamuronza.

6. Situation administrative

C'est en 1901 que commence le stade d'occupation entière du territoire de Masisi. Monsieur SIFFER va ainsi fonder le poste de Walikale, mais bien avant cette période, Masisi avait la seule appellation de « Masisi ma Muunda »35, car Masisi et Walikale n'étaient pas encore scindés, c'est en1951 qu'il y aura le « Masisi ma Buhala »36

Le poste de Masisi connaîtra successivement des transferts.

Le premier poste était nommé Kitopfu localisé sur la colline Mulunda, en localité Ngenge, du groupement Walowa-Yungu, dans le Walikale actuel,

Vu la distance devant être effectuées à pied entre le poste de Gisegni et Masisi, chef lieu du territoire, le chef lieu était alors transféré à :

34 HANGI, NK, Interrogé à Goma, le 24/03/20011

35 Masisi Muunda, c'est le nom du village Ngenge.

36 Bahula, Nouveau Masisi, lieu où la nourriture était en abondance.

24

- Rusika dans le groupement Biiri, collectivité de Osso/Banyungu, sur la colline Nyarufaranga à un endroit appelé aujourd'hui Katale, sur la route Goma - Masisi.

- Matopfu, en groupement des Bashali/Kaembe sur la route Masisi - Nyamitaba.

- Nyambatsi, dans le groupement Bapfuna, collectivité secteur Osso-Banyungu, près du marché Kahanga. Enfin, à Nyonyi, dans la localité de Bahala, du groupement.

- Baptuna, de la colelctivité secteur Osso-Banyungu et depuis lors le chef-lieu qui portera le nom composé Masisi-Nyonyi pour devenir plus tard Masisi, village situé à quatre-vingt kilomètres (87Km) de la ville de Goma.37

7. Situation démographique

Sous ce point, nous vous présentons le tableau récapitulatif du recensement de la population congolaise du IVème trimestre 2006 du territoire de Masisi.

Tableau N°1 : Recensement de la population en 2006

 

SUBDIVISION

ADMINISTRATIVE

CONGOLAIS

H

F

G

F

TOTAL

1

BAHUNDE

42181

51686

73751

86609

254227

2

BASHALI

34827

37596

56379

58953

187754

3

OSSO/BANYUNGU

29525

31371

33872

35176

129947

4

KATOYI

6207

6990

8106

8574

29877

5

CITE / MASISI

962

1284

1715

1781

5742

 

TOTAL

113702

128925

173823

191093

607547

Source : Rapport annuel du Service d'Etat civil du territoire de Masisi 2006.

Commentaire :

Nous référant à e tableau, la collectivité des Bahunde est plus peuplée car elle regroupe plusieurs autochtones, des immigrés rwandais.

37S .MYATSI, Op.cit, p.10.

25

Ensuite, la cité de Masisi est la moins peuplée étant donné qu'elle est constituée en grande partie de la population autochtone et à cause des troubles, nombreux ménages s'étaient réfugiés dans les campagnes, d'autres vers la ville de Goma.

Quant à la collectivité de Katoyi, elle est aussi moins peuplée parce qu'elle était constituée par les Tembo mais au terme de l'éruption volcanique de Nyiragongo, d'autres populations s'y ajoutèrent. Enfin, ce tableau ne tient pas compte des étrangers et des infiltrations clandestines devenues massives dans le territoire de Masisi depuis l'avènement du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.

II.2. LE CADRE HUMAIN

Sous ce paragraphe, nous aborderons la problématique relative aux populations vivant dans le territoire de Masisi selon les différentes migrations.

1. Les pygmées

La tradition orale des Bahunde rapporte que les pygmées sont les premiers occupants du Masisi. Ces pygmées appelés « Batwa » sont minoritaires car généralement chasseurs de gibiers pour la survie.

Ce peuple vivait de la cueillette et de la chasse et pratiquait la céramique. Ils se différencient des Bantu par leur petite taille, leur teint clair. Ils ont initié les autochtones à la technique de la chasse et jouent le rôle de premier plan dans l'investiture des chefs traditionnels Hunde.

Actuellement, plusieurs pygmées adoptent les coutumes des voisins qu'ils côtoient.

2. Les Bahunde

Les Bahunde constituent une tribu de l'Est du Congo localisée dans les territoires de Masisi, Rutshuru, dans l'Est du Territoire de Walikale, le Nord de Kalehe ainsi que dans le Sud de Lubero.

26

Bien d'auteurs ont prétendu que les Bahunde ont pour pays d'origine l'Ouganda et le Toro. Mais, en réalité, c'est « l'empire de Kitara/Bunyooro » qui est leur pays d'origine.

Ce dernier était de loin plus étendu et plus ancien que l'actuel Ouganda. Le Bunyoro était la partie centrale du Kitara qui s'affirma comme royaume après le déclin dudit empire vers le XIVe s » 38

Les Bahunde ne venaient pas de Toro. Mais ils l'ont traversé à la suite des fuites, des guerres, des batailles et des exploits restés célèbres : élimination des chefs locaux Nguru et Nanga, Ruse de Kinyungu se déguisant en porteur de pots, tragédie du Coble Kihurula revêtu des insignes royaux et décapité en conséquence par les guerriers de Toro. Toro n'était qu'une petite province du Bunyoro située à l'Est du lac Edouard, en face des actuelles régions des Bahunde et des Banande.39

3. Les Batembo

Selon la tradition orale récoltée par Kibuthi Maheshe : « Les Batembo sont venus du Bunyoro en Ouganda sous la conduite de leur chef « Kifamandu ». Ce dernier était avec son homologue « Kinyungu ».40

Quittant ce royaume, Kifamandu et son groupe s'installèrent d'abord au Bwito, d'où ils prirent la route vers le Sud pour s'installer définitivement sur la colline près du mont Muhanga dans le Bufamandu actuel. Kifamandu légua son pouvoir à son fils Katembo après sa mort. Celui-ci entreprit plusieurs conquêtes et parvint à former un grand Etat « le Butembo » constitué par le Ziralo, le Bufamandu et une portion de Walowa-Luanda en territoire de Walikale.

Katembo laissa également le pouvoir à son fils Chichoko. Il engendra six enfants qui se partagèrent le territoire qu'occupent les Batembo jusqu'aujourd'hui à savoir : Mbulumbulu, occupa le Bafamandu ; Mulira occupa le Ziralo ; Kalemira, le Walowa Luanda, Nzuli I, Muluu, Kabutetetwa, le Kalima, Kaloha et le Buholo.

38 J.P/MURAIRI, A Propos du livre « La dynastie de Ndalaa », Bruxelles, 2004, P.1.

39 Idem

40 M. KIBUTHI, Essai d'histoire socio-culturelle du groupement de Ziralo en territoire de Kalehe (des ocigines à 2002), TFC en HSS, ISP/Machumbi, 2001, Goma, p.12 .

27

Dans le Masisi, les Batembo occupent les régions d'Ufamandu, précisément à Kamuobe, Ngungu, Fungura, Kishandja, Remeka, Katuunda, Miano, Kirumbu, Burora, Buuli, Ndeko et Biriko.

3. Les Banyarwanda

A part ces groupes ci-haut décrits, le territoire de Masisi avait accueilli également des populations d'origine rwandaise. Les Banyarwanda vivant dans le Masisi sont subdivisés en Hutu essentiellement agriculteurs et Tutsi hamites qui sont des éleveurs de gros bétail.

Les différentes phases de l'immigration de Banyarwanda dans le Misisi peuvent se résumer en quatre périodes suivantes : les immigrés libres, les fugitifs, les immigrations imposées par le régime colonie, les réfugiés politiques rwandais de 1959, 1994 et les infiltrés clandestins.

a) Les immigrées libres

Ce sont des Banyarwanda venus au Congo de leur propre volonté. Ils venaient demander des terres à cultiver. En effet, au cours de son histoire, la famine sévissait au Rwanda et bon nombre de Rwandais étaient morts de faim.

Pour échapper à cette calamité, certains Rwandais durent se déplacer vers les régions où ils pouvaient obtenir des terres à cultiver et de quoi survivre, d'où des migrations liées à des facteurs économiques.

Cette migration fut, à son tour, subdivisée en deux phases : celle de clans Basinga arrivés dans le territoire de Rutshuru au XVIIe siècle et l'autre, des Rwandais restés au Congo lors de la délimitation de la colonie séparant le Congo-Belge et la colonie allemande de l'Est.41

Moins nombreux, ils adoptèrent les us et coutumes des Hunde autochtones.42

b) Les fugitifs

C'est une catégorie des immigrés qui s'infiltraient au Congo pour des raisons multiples. Nous la situons après 1918.

41 H.DUNIA, Réflexion sur un conflit ethnique dans le Nord-Kivu, « conflit Banyarwanda » : cas de la zone de Masisi, cité par K.BATACHOKA; Op.cit, p.16

42 G.KAJIGA, « Cette immigration séculaire des rwandais au Congo » in, bulletin trimestriel et du CEPSI, N° 32, mars 1956, p.8.

28

c) Les immigrations imposées par le régime colonial

Ce sont celles de banyarwanda qu'on avait amenés de force dans le Buhunde pour favoriser le colonat des Belges.

A la fin de la première guerre mondiale (1914-1918), la question de la main-d'oeuvre s'accrut au sein des grandes sociétés et concessions agricoles et minières dans les colonies belges du Congo. Pour ce faire, il fallait avoir une main-d'oeuvre à bas prix en provenance du Rwanda.

En 1936, le Gouvernement général autorisa le drainage des Rwandais au Congo belge et ce fut une grande vague d'immigration dans le territoire de Masisi. En 1948, le gouvernement belge créa « la Mission d'Immigration Banyarwanda » MIB.43

d) Les réfugiés politiques rwandais de 1959

C'était surtout les Tutsi, lors des événements politiques survenus au Rwanda de 1959 à 1962, entre Hutu et Tutsi et le Parmehute qui renversa la monarchie sous Kigeri V.

Par la suite plusieurs adeptes de l'UNAR (Union Nationale Rwandaise), se réfugieront en RD Congo.44

Après le 30 juin 1960, date à laquelle notre pays accéda à l'indépendance, Monsieur Miruho Jean facilita l'exode tutsi dans la région de l'Est du pays expulsés par les Hutu rwandais et plaça à la tête du district du Nord-Kivu Monsieur Habarugira, un Tutsi et un autre de cette tribu à la Mission d'Immigration Banyarwanda.45

e) Les réfugiés rwandais de 1994

Cette période constitue la dernière phase des réfugiés rwandais, clandestines et anarchiques. Cette phase semble, d'ailleurs plus meurtrière, pour la sécurité intérieure de la RD Congo.

En effet, à partir de juillet 1994, des milliers des réfugiés Hutu rwandais sont venus s'installer au Congo suite à l'assassinat de Juvénal

43K. NKUBA, Histoire des Bashali, TFC en Hiqstoire culture-Africaine, ISP-BUKAVU, 1975, p. 39.

44 Rapport de la mission Teuwen, Enquête générale sur les Banyanrwanda établis dans les Provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, cité par B. MATATA, Op.cit, p.16.

45 S. KAWAYA et E. MUMFANZALA, Les populations du Nord-Kivu avant et après l'immigration des Banyarwanda, S.L., S.D., p.7

29

Habyarimana, Président Rwandais et Cyprien Ntarymira, Président du Burundi, le 06 avril 1994.

A cette même année, l'Est du Congo fut largement occupé par plus d'un million des rwandais hutu. Ainsi la majorité des réfugiés rwandais s'installa au tour de la ville de Goma, dans le Rutshuru et plus tard dans le territoire de Masisi et Walikale.

f) L'infiltration clandestine et incontrôlée

A côté des immigrations libres, celles organisées par les colonisateurs belges, il en existe aussi des infiltrations anarchiques dès 1960 à nos jours.

Par ailleurs, ce sont les Hutu et Tutsi rwandais et Burundais qui traversent anarchiquement la frontière du pays afin de s'installer dans la région du Nord-Kivu, particulièrement dans le territoire de Masisi.

Ces clandestins, arrivés au Congo, se déguisent en Citoyens Congolais car ils détiennent déjà des pièces d'identité zaïroises/congolaises de la part de leurs frères installés à Masisi un peu avant.

II.3. Conclusion partielle

Beaucoup de concepts usuels ont été expliqués dans ce chapitre qui sert d'introduction dans le domaine de communication et de conflit d'une part, et la description du territoire de Masisi d'autre part. Cela permettra au lecteur d'avoir une même compréhension sur l'ensemble des concepts utilisés. Des questions persistent quant à la genèse et l'évolution des conflits en territoire de Masisi entre les communautés interethniques, objet du second chapitre de notre étude.

30

Chapitre Deuxième :

LES CONFLITS INTERETHNIQUE DANS LE TERRITOIRE DE

MASISI

Dans ce chapitre, nous aborderons les causes qui ont été à la base des conflits qui continuent à opposer les communautés vivant dans ce territoire.

II.1. HISTORIQUE DU CONFLIT

Les conflits, dans la région de l'Est de notre pays en général et dans le territoire de Masisi en particulier, ont bien d'aspects de part et d'autre, leurs causes.

Tous ces aspects sont ainsi liés à la colonisation belge, à la politique interne du pays, à la géopolitique, à la conjoncture politique, etc. Les aspects ou facteurs des conflits étant très complexes, voyons-en les plus importants.

II.1.1. La période coloniale (1885-1960)

Cette période va de la conférence de Berlin à l'accession de la RD Congo à l'indépendance (30 Juin 1960). Elle est marquée par :

- Le morcellement de l'Afrique en plusieurs colonies, dont le Congo Belge :

- Après la première guerre mondiale (1914-1918), la Belgique administrait sous tutelle les territoires du Rwanda-Urundi ainsi que le Congo-Belge en vue d'une espace plus étendu.

- De 1937 à 1955 : la Mission d'Immigration des Banyarwanda (MIB), programme mis en place par l'autorité coloniale et qui consistait à mettre en valeur les régions non peuplées, bref, la main d'oeuvre pour le colonat belge. Les principales vagues d'immigrés ont été installées au Kishali.

- A partir de 194-1945 : les immigrés rwandais allaient agrandir les limites de la chefferie de Gishari et c'est le début du conflit entre les immigrés et les autochtones Hunde.46

46 D. MASUMBUKO, Essaie de synthèse des situations conflictuelles et des initiatives de paix au Nord-Kivu, Goma, Août 2002, p.8. Inédit.

31

II.1.2. Création anarchique de la chefferie de Gishari

Comme nous l'avons évoqué ci-haut, en 1927 les colons belges eurent l'intention de favoriser le mouvement massif de peuplement au Congo Belge.

Parmi les régions qui paraissaient favorables à ce peuplement, nous pouvons citer : Mukoto, Lubero, Baraka et Uvira47.

Concernant la création de la chefferie de « Gishari », retenons le concept « Gishari » que les Banyarwanda confondent au mot « Kishali » qui signifie la terre du roi Kashali et sa filiation.

La chefferie de Gishari fut autonome en 1944 et le chef fut Bucynayandi Wilfrid par le décret N°1/11 du Commissaire de District du Nord-Kivu, Monsieur SPITAELS. Monsieur Bucynayandi et ses confrères envisagèrent de placer les limites de Gishari sur les autres chefferies avoisinantes mais les autochtones s'opposèrent à travers leur chef Kilinda et c'est sous l'arrêté N°21/236 du 25 Octobre 1957 que le chef Bucynayandi sera frappé d'interdiction et d'accès au Nord-Kivu et dans le territoire de Kalehe48.

II.2. CAUSES DU CONFLIT

A la suite de ce qui précède, les causes du conflit en territoire de Masisi sont multiples et trouvent leur genèse à partir de la colonisation belge. Toutefois nous parlerons des conflits politiques.

II.2.1.Conflit foncier

Dans la culture Hunde, la terre appartient à toute la communauté représentée par le chef coutumier et traduite par cette expression « mwami ye nina butaka », « le chef est le propriétaire terrien ».

En effet, il est chargé de la répartition de la terre entre les sujets pour l'usage et non en propriété. Le chef est toujours le « propriétaire des terres ». Ce droit est ainsi appelé « Shumba » et le « Mutambo » ou notable est le possesseur du pouvoir politique et le « mbana musingo », le pouvoir foncier sous la supervision du chef coutumier.

47K. NUKBA., Op.cit, p.40.

48K. NKUBA, La fausse dynastie de Ndallla ou la falsification de l'histoire du Kishali à l'époque du RCD (1998-2003). Territoire de Masisi, Goma, décembre 2003, p.24 inédit.

32

Le notable est, de ce fait, redevable envers le chef d'un tribut dit « mutulo » soit une peau animale, vivres, vache, boissons, pointe d'ivoire, et un tribut en vivres est appelé « ngemu » qu'on offre au mwami lors de son voyage. Le notable peut aussi accorder l'usage d'un lopin de terre qu'il octroie à un ou plusieurs paysans qui payent une redevance appelée « Kishoke », cadeau en vivres ou participation au mitulo49, c'est-à-dire redevances coutumières.

Le problème des terres ne se posait pas pendant la colonisation, raison pour laquelle les autochtones ont perdu des terres qui furent attribuées aux immigrés rwandais et l'EIC s'appropria toutes les terres vacantes.

II.2.2. Conflit politique

Les conflits entre les Hunde et les immigrés Banyarwanda tournent ensuite autour de la nationalité.

· La nationalité

La nationalité est un lien juridique et politique qui rattache un individu à un Etat souverain50. Bon nombre d'écrits d'intellectuels immigrés et réfugiés rwandais sur la nationalité congolaise sèment la confusion tout en citant les textes juridiques édictés par les colonisateurs.

Il faut noter en outre que l'administration coloniale belge n'a jamais favorisé ou accepté les confusions entretenues entre les ressortissants du Rwanda-Urundi et les sujet belges de statut congolais.

A cette période, le problème des immigrés Banyarwanda et à plus forte raison celui des réfugiés rwandais, clandestins ou infiltrés et autres, n'avaient jamais reçu la nationalité belge de statut colonial.

De 1967 à 1972, le régime Mobutu avait tenté de résoudre les conflits par :

- L'intégration des réfugiés aux populations autochtones supprimant des camps gérés par le Haut Commissariat des Réfugiés.

- La réunification de la province du Kivu quand le Nord-Kivu redevient un district.

49P. MATHIEU - J.C. WILLAME., Conflits et guerres au Kivu et dans la région des Grands Lacs, entre tensions, locales et escalades régionales, Institut Africain, CEDAF, Bruxelles, 1999, p.103.

50 P.MATHIEU- J.C.WILLAME., Op.cit, p.105.

33

- La promulgation de la N°2/02 accordant la nationalité aux originaires du Rwanda-Urundi établis au Congo à la date du 30 Juin 196051.

De 1972 à 1981, les tensions graves sont observées sur toute l'entendue du territoire national à cause du pouvoir dictatorial du Président Mobutu, les politiciens « natifs » et « immigrés » qui se livrent à une lutte contestèrent les députés de la région du Kivu quant à la nomination des trois immigrés rwandais comme membres du Comité Central du Mouvement Populaire de la Révolution en 1981.

Les démarches des députés autochtones aboutirent à la promulgation de la loi N° 81/002 du 29/06/1981 relative à la « nationalité zaïroise ». Vu cette protestation, les immigrés étaient insatisfaits et ne tardèrent pas à le manifester par diverses voies.

· L'arrivée des réfugiés rwandais et ses conséquences

La période de 1959 à 1962 affiche des troubles socio-politiques entre les Hutu et Tutsi du Rwanda. Le parti Parmehutu chassa les Tutsi qui se réfugièrent notamment dans les territoires de Masisi et Walikale à Bibwe et à Thula.

A cette même période (1959-1962), les ressortissants du Rwanda-Urundi recevaient la qualité d'électeurs pour 10 ans de résidence temporaire au Congo.

En 1963, les réfugies Tutsi incitent les Hutu à la violence, qui causa beaucoup de dégât auprès des communautés Hunde, chassées de Goma vers Sake et où on dénombra plusieurs victimes face à ces affrontements dont : - Kashira Alphonse

- Antoine Mihio

- Lambert Ngendo respectivement président de l'Assemblée provinciale. Ministre de l'Intérieur, chef de groupement Luberike, tous ressortissant, du territoire de Walikale.

- Ruben MUNGO (Hunde) Ministre de l'économie et son collègue des affaires sociales ;

51 MASUMBUKO D., Op. Cit. p.15

34

- Antoine KAYUMBA (Tembo) en territoire de Masisi.

La communauté Hunde dénonce ensuite le non retour des réfugiés dans leur pays d'origine (( le Rwanda » et la non participation du haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) dans cette opération de rapatriement.

· La révolte de Karuba en 1962

C'est l'insurrection ou révolte de Karuba organisée par les immigrés coalisés avec les réfugies politiques de 1959-1960 contre l'autorité coutumière et d'administration locale.

Les instigateurs de cette révolte furent : BITEGETSIMANA, MVUYEKURE et NDIBURO qui prêchaient sans cesse l'insurrection dans la chefferie des Bahunde surtout à Karuba, Bunyole, Kibabi, Kashebere, Mema, Katale et Ngungu.

Par la suite, les réfugiés rwandais, en complicité avec l'autorité ecclésiastique catholique du Kivu et Rwanda, établirent à Bibwe (localité situé à 50 Km de Mweso-Masisi52 sans l'avis l'aucune autorité coutumière du territoire de Masisi.

Ainsi donc ladite révolte se soldera par des tueries de plusieurs Hunde en l'occurrence Monsieur Bonane Jules, commissaire de police, Mathias et ses deux enfants et un capita vendeur à Mema.

De ce fait, ce mouvement préparera un autre à partir de l'année 1963-1965.

· La rébellion Kanyarwanda de 1963

Il convient de signaler qu'à partir de 1963-1965 s'était organisé un autre mouvement de rébellion appelé Kanyarwanda à travers tout le territoire de Masisi. Ce mouvement fut provoqué par les Batutsi agissant de connivence avec quelques Hutu.

Cette situation était farouche, provoquée par des tensions entre les groupes ethniques dans l'ensemble du territoire où vivait cette (( peuplade » de souche rwandaise dont un certain nombre de Tutsi.53

52J. KABATAMA. Informateur déjà cité.

53 L. BAHATI., Interrogé à Sake, le 11/04/2011

35

Cette rébellion était aussi suivie des massacres des autochtones par les Banyarwanda dont notamment le chef de poste d'encadrement administratif de Mihanga, dans le Groupement des Bashali-Kaembe, Monsieur Malira Polycarpe, assassiné par une grande masse de plus de 2000 rebelles Kanyarwanda au moyen d'armes blanches : lances et poignards.

Le gouvernement congolais, face à cette situation, envisagea des mesures adéquats à cet état de choses.

· La contestation des élections municipales par les populations Banyarwanda de 1987 à 1989.

Pour ces élections, il fallait être congolais d'origine. Cette position entraîna le soulèvement des immigrés Banyarwanda suivi des massacres des autochtones Hunde et de la destruction méchante de bâtiments administratifs.

· La contestation de l'opération d'identification des nationaux en 1991 par les banyarwanda

En 1991, les immigrés rwandais avaient éparpillé des tracts sur toutes les collines du territoire de Masisi, Bwito, dans le Rutsuru et Walikale suite au déclenchement de l'opération de l'identification des nationaux.

· La guerre de 1993 et l'expulsion des autochtones de leurs milieux

En date du 20 mars 1993, une guerre fut déclenchée à Ntoto dans le territoire de Walikale. Elle visait selon ses organisateurs Banyarwanda, à exterminer les autochtones de Masisi, Walikale et ceux de Bwito.

Pour échapper à leur extermination, les autochtones de ces entités visées s'organiseront autour des forces d'auto-défense populaire appelées Maï Maï pour défier les agresseurs.

Dans ce cadre, la jeunesse Hunde et Tembo de Masisi se trouvant à Goma a pu rédiger une plainte à charge des sieurs Nzabara Masetsa, alors secrétaire de l'UNTZA/Goma, Gatambi Ndisetse, qui fut coordinateur de la CEBZE/Goma et Nyarubwa Léonard, qui était Assistant à l'ISP/Rutshuru.

36

Cette plainte ambitionnait de dénoncer le complot contre les autochtones de Masisi résidant à Goma dont notamment les Hunde et les Tembo. Les initiateurs de ce plan s'étaient partagé les tâches à ce que chacun s'occupe des Hunde et Tembo socialement proches de lui de la manière suivante :

- Monsieur Gatambi Ndisetse se chargerait des Zaïrois pasteurs ;

- Nzabara Masetsa : des Zaïrois administratifs ;

- Rubakare Nkunda, des Zaïrois agents de l'enseignement ; et

- Nyarubwa léonard pour se charger des politiciens Zaïrois et ainsi de suite.54

· Installation d'une administration mono ethnique

Après avoir expulsé les autochtones de leurs milieux, les immigrés se partagèrent les terres et installèrent une administration mono ethnique sur tout le plan.

· Sur le plan politique

Les immigrés Rwandais occupèrent la quasi-totalité de tous les postes administratifs des contrées occupées par eux et procédèrent au remplacement systématique des chefs coutumiers autochtones pour les empêcher ainsi de rentrer dans leurs fiefs coutumiers.

· Sur le plan éducationnel

Les autorités scolaires sont en majorité, issues des populations d'expression Kinyarwanda.

· Du Point de vue économique

Le Territoire de Masisi est une région à vocation agricole. C'est pourquoi les immigrés ont envahi la contrée afin de s'approprier les terres du territoire. Ils ont procédé au pillage systématique des vaches, chèvres et autres biens.

Ils ont pillé partout dans le territoire notamment chez Monsieur NDAKOLA de Katale, Mwami BAHATI de Nyamitaba, RIGO de Katale,... Ils ont détruit les hôpitaux, écoles et habitations.

54 Plainte du 12 mars 1996 pour menace de mort des communautés Hunde et Tembo de Goma.

37

· Difficile cohabitation entre les deux communautés

Ces immigrés et réfugiés Rwandais ont exterminé les autochtones de Masisi et ceux de la région de l'Est afin de ce créé un Etat indépendant, en l'occurrence la république des Volcans proclamée par Laurent Nkunda à Kitshanga, le 11 Août 2006.

Ils sont intolérants, ainsi il est difficile que les deux communautés vivent ensemble.

Plusieurs confessions religieuses et associations ont tenté d'organiser des journées de réflexion sur la cohabitation pacifique entre les différentes communautés vivant dans le Territoire de Masisi.

Ces organisations se positionnent, de ce fait, comme médiatrices dans les affrontements qui eurent lieu en Territoire de Walikale, Masisi et Rutshuru, depuis mars à juin 1993. Le mois suivant, c'est-à-dire juillet 1993, une « commission régionale de pacification était mise en place par les autorités provinciales ». Mais la commission n'est pas arrivée aux résultats escomptés à cause de l'aggravation et de la persistance de la crise politique qu'à connue le pays tout entier.

De ce fait, des journées dites de réflexion étaient organisées par les ONG locales à Mweso du 25 au 28 novembre 1993, puis à Masisi du 13 au 17 février 1993.

Ci-après les résumés des résultats de ces journées.

Tableau N°3 : Résumé des résultats des journées de réflexion à Mweso

Communauté

Problème central

Solution centrale

Hutu et Tutsi

Pouvoir abusif et mono ethnique

Partage du pouvoir entre ethnies

Nande

Course au pouvoir dans

une collectivité -
chefferie

Que le pouvoir coutumier se fasse accepter par tous et que les chefs soient crédibles et instruits

Hunde et

Nyanga

Conquête du pouvoir et des terres

Mettre fin à la conquête du pouvoir et des terres dans le respect absolu de l'autorité coutumière.

Source : Diocèse de Goma et Acodri « journées de réflexion et de sensibilisation à la
réconciliation et à la cohabitation pacifique des ethnies », « tenues à ETM/Mweso du 25 au
28 Novembre 1993, rapport final », Goma, S.D, cité par MASUMBUKO, D, Op.cit, p.17

38

Tableau N°4 : Synthèse des journées de réflexion à Masisi

Problème

Position de Hunde et
Nyanga

Position de Hutu et Tutsi

Hostilité

Cessez-le-feu

Arrêt des hostilités

Pillage

Cessez les pillages

Arrêt immédiat des pillages

Chefs

coutumiers

Retour de chefs dans leurs juridictions

Retour de ceux qui n'ont pas trempé dans les massacres

Nationalité

Respect de la loi en matière de demande de nationalité

Respect de la loi de 1972

La conquête du pouvoir

Existence des moyens honnêtes

Partage du pouvoir

Pouvoir coutumier

Pouvoir héréditaire

Plus des chefferies mais des secteurs

Ordre public

Suppression des comités de paix » institués pendant les hostilités

1. Retrait des militaires appartenant aux groupes ethniques de la région.

2. Désarmement de milices privées.

3. voies d'accès à la région contrôlée par des équipes interethniques.

Déplacés

-

Retour dans leurs ressorts respectifs

Source : « Journées de réflexion sur la pacification des zones de Masisi et Walikale », Masisi du 13 au 17 février 1994, annexe 19, cité par MASUMBUKO, Op.cit, p.18

Commentaire :

Nous constatons que le bilan de deux rencontres et beaucoup d'autres qui ne sont pas cités est plus au moins positif pour un moment en ce sens que la tension a pu baisser presque partout, les plaies ont été fermées sans être nettoyées ; les belligérants se sont rencontrés malgré eux, pour partager à manger et même prendre un verre d'amitié comme par le passé. Chaque

39

représentant du groupe avait le souci et le courage de vulgariser, à sa manière, le message sur la soi-disant pacification et décisions prises sans procéder aux massacres.

Un autre élément, quant aux pistes de solutions en est que :

- Les populations du territoire se méfient de toute tentative d'adhérer aux mauvais idéaux, c'est-à-dire ceux basés sur les guerres, le tribalisme, etc.

- S'impliquer dans la participation du processus de reconstruction de la paix et du développement du territoire.

Il est important que toutes les autorités s'engagent à :

- Sécuriser les régions qu'ils administrent et s'occuper du développement.

- Mettre fin aux manipulations politiciennes et toutes tracasseries, tout en faisant respecter le droit de tout un chacun, sa culture, le problème foncier, coutumier, etc.

Comme évoqué ci-haut, ces résolutions n'ont pas abouti. Les protagonistes ne sont pas arrivés à se mettre autour d'une même table pour régler leurs différents sans aucune interférence. Nous l'avons constaté lorsque nous avons posé certaines questions relatives à l'existence des conflits interethniques ou non, malgré d'énormes efforts consentis pour les résoudre. En voici quelques résultats :

40

Tableau n°5 : Existence des conflits interethnique

Catégories

Réponses

Nombre

Pourcentage

Hunde

Oui

64

37,7

Non

23

13,5

Indécis

0

0

Hutu

Oui

50

29,4

Non

13

7,7

Indécis

0

0

Tutsi

Oui

58

34,1

Non

31

18,2

Indécis

0

0

Tembo

Oui

58

34,1

Non

23

13,5

Indécis

0

0

Nande

Oui

37

21,8

Non

34

20

Indécis

17

10

Twa

Oui

82

48,2

Non

0

0

Indécis

10

5,9

Total

 

500

100

Source : voir annexe

Ce tableau montre que 64 personnes de la communauté Hunde sur 500 personnes enquêtées (36,5%) affirment qu' il y a des conflits interethnique dans le territoire contre 23 (13,5%) qui disent le contraire ; 50 personnes de la communauté Hutu 29,4% affirment qu'il y a des conflits contre 13 (7,7%) qui de leur côtés disent autres choses ; 58 personnes de la communauté Tutsi (34,1%) affirment aussi l'existence des conflits contre 31 (18,2%) qui ne soutiennent pas cette affirmation ; 58 personnes de la communauté Tembo (34,1%) affirment aussi la même chose contre 23 (13,5%) qui pour eux il n'y a pas des conflits ; 37 personnes de la communauté Nande (21,8%) affirment l'existence des conflits interethnique

41

contre 34 (20%) qui nient cela et 82 personnes de la communauté Twa 48,2% affirment enfin que les conflits interethniques existent bel et bien contre 10 (5,99%) qui pour eux, les conflits ne leur concernent pas.

II.3 Conclusion partielle

Vu ce qui précède, nous pouvons affirmer sans risque d'être contredit que les conflits interethniques dans le territoire de Masisi sont bel et bien une réalité. C'est pourquoi nous devons chercher les voies et moyens pour mettre fin aux cycles des violences qui caractérisent ce territoire. Ceci nous amène à entamer notre dernier chapitre, le noeud de notre travail qui va nous aider à proposer un mécanisme approprié pour arriver à mettre fin à ces conflits interethniques en territoire de Masisi.

42

Chapitre Troisième :
APPORT DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE A TRAVERS LA
COMMUNICATION AU PROCESSUS DE RESOLUTION DES
CONFLITS INTERETHNIQUES
DANS LE TERRITOIRE DE MASISI

III.1. INTRODUCTION PARTIELLE

Dans ce chapitre, nous allons montrer comment la communication est l'un des moyens pour résoudre les conflits de diverses sortes, en utilisant la justice transitionnelle qui privilégie cette approche pour la réconciliation. Naturellement, les conflits sont inhérents à la vie humaine ; la violence, par contre, ne l'est pas. Les conflits résultent de la diversité humaine et peuvent avoir des conséquences tant positives que négatives. Une gestion des conflits basée sur la coopération et la rationalité permet aux conflits de déboucher sur le progrès social.

III.2. MODES DE RESOLUTION DES CONFLITS

Dans les sociétés modernes, il y a plusieurs voies de sorties pour un conflit. Lors de nos enquêtes, les personnes que nous avons rencontrée au moment des entretiens, ont montré qu'il y a beaucoup des modes pour mettre fin à un conflit ; mais le mode approprié et qui n'a pas des conséquences néfastes, c'est la justice transitionnelle à travers la communication. Ci-après les résultats de ces enquêtes.

Comment résoudre les conflits interethniques :

43

Tableau N°6 : Guerre

Catégories

Réponse

Nombre

Pourcentage

1

Hunde

Oui

11

2.8

Non

82

21.3

indécis

0

0

2

Hutu

Oui

13

3.3

Non

64

16.6

indécis

0

0

3

Tutsi

Oui

17

4.4

Non

58

15.1

indécis

0

0

4

Tembo

Oui

9

2.3

Non

50

13

indécis

0

0

5

twa

Oui

5

1.3

Non

75

19.5

indécis

0

0

Total

384

100

Source : voir annexe

Ce tableau montre que 82 personnes de la communauté Hunde sur 384 personnes enquêtées (23,3%) affirment que la guerre n'est pas un mode approprié pour résoudre les conflits interethniques dans le territoire de Masisi contre 11 (2.8%) qui disent le contraire ; 64 personnes de la communauté Hutu 16.6% affirment que la guerre n'est pas un mode approprié pour mettre fin aux conflits interethniques de ce territoire contre 13 (7.7%) qui de leur côtés disent autres choses ; 58 personnes de la communautés Tutsi (15.1%) affirment que la guerre n'est pas un mode approprié pour résoudre les conflits interethniques dans le territoire de Masisi contre 17 (4.4%) qui ne pas d'accord avec cette affirmation ; 50 personnes de la communauté Tembo (13%) affirment la même chose que les autres communauté contre 9 (2.3% ) qui eux disent autre choses ; 75 personnes de la communauté Twa (19.5%) affirment enfin que la guerre n'est

44

pas un mode approprié pour mettre fin aux conflits interethnique contre 5 (1.3%) qui disent autre choses.

Lorsque la guerre éclate, c'est la loi du plus fort. Le conflit est rarement enterré. Il y a risque à ce que le plus faible se réorganise, se renforce, cherche des soutiens et, un jour, il recommence le conflit ; c'est pourquoi la majorité des personnes rencontrées lors des entretiens n'ont pas apprécié ce mode.

Tableau N°7 : Renoncement

Catégories

Réponse

Nombre

Pourcentage

1

Hunde

Oui

55

12.1

Non

13

2.8

Indécis

0

0

2

Hutu

Oui

65

14.3

Non

17

3.7

Indécis

0

0

3

Tutsi

Oui

75

16.5

Non

23

5

Indécis

0

0

4

Tembo

Oui

86

18.9

Non

23

5

Indécis

0

0

5

twa

Oui

90

19

Non

7

1.5

Indécis

0

0

Total

454

100

Source : voir annexe

Ce tableau montre que 55 personnes de la communauté Hutu sur 454 personnes rencontrées (12 ,1%), affirment que ce mode de résolution des conflits interethnique parait être bon contre 13 (2,8%) qui eux avancent autre chose ; 65 personnes de la communauté Hutu (14,3% ) affirment aussi comme le premier contre 17 (3,7%) qui disent autre chose ; 75 personnes de la communauté Tutsi (16,5%) affirment que ce mode peut entre bon contre

45

23 (5%) qui avancent autre chose ; 86 personnes de la communauté Tembo (18,9%) affirment que ce mode parait être bon contre 23 (5%) qui disent autre chose ; 90 personnes de la communauté Twa (19%) affirment avec force car dit-on, nous sommes un peuple pacifique que ce mode est bon contre 7 (1,5%) qui eux disent qu'ils ne sont pas concernés par les conflits.

Lors d'un conflit entre deux parties, l'un des protagonistes estime qu'il est de son intérêt de renoncer à l'objet de leur conflit. Il est possible que les deux parties en conflit se retiennent du conflit et renoncent à se battre. Et la menace en est qu'un jour l'un peut s'estimer plus fort pour relancer le conflit. Par exemple, deux voisins qui ont un litige de démarcation de leur champs. Les deux craignent d'en venir aux mains, parce qu'ils se craignent mutuellement, mais chacun continue à croire que la borne a été déplacée. Dans ces deux cas, le conflit est-il vraiment résolu ?

Tableau n°8 : justice transitionnelle

Catégories

Réponse

Nombre

Pourcentage

1

Hunde

Oui

75

16,1

Non

7

1,5

Indécis

0

0

2

Hutu

Oui

72

15,5

Non

17

3,6

Indécis

0

0

3

Tutsi

Oui

82

17,6

Non

23

4,9

Indécis

0

0

4

Tembo

Oui

82

17,6

Non

9

1,9

Indécis

0

0

5

twa

Oui

92

19,8

Non

5

1

Indécis

0

0

Total

464

100

Source : voir annexe

46

Ce tableau montre que 75 personnes de la communauté Hunde sur 464 personnes enquêtées (16,1%) affirment a que ce mode de résolution des conflits 7(1,5%) qui eux avancent autre chose ; 72 personnes de la communauté Hutu (15,5%) affirme avec joie que ce mode est vraiment approprié contre 17 (3,6%) qui eux disent autre chose ; 82 personnes de la communauté Tutsi (17,6%) affirment que ce mode est réellement approprié contre 23 (4,8%) qui eux pensent autre chose ; 82 personnes de la communauté Tembo (17,6%) affirment comme les premiers contre 9 (1,9%) qui eux disent, autre choses ; 92 personnes de la communauté Twa (19,8% ) affirment comme le précédent mais elle ajoute en disant que, c'est meilleure, car elle va le valoriser contre 7 (1,5%) qui disent autre chose.

De ce qui, précède, on peut aisément constater qu'il y a lieu de privilégier la justice transitionnelle à travers la communication qui seule est de nature à contribuer efficacement à une résolution efficace des conflits, en dépit des risques que peut comporter pareil processus.

Par contre, une paix contrainte, c'est la pax Romana.55 On parlerait aujourd'hui de la Pax Americana, une sorte de paix imposée par les vainqueurs, par les conquérants, par la force et par l'épée. La paix est presque toujours le résultat d'une victoire : militaire, politique, sociale, économique, etc. C'est la paix la plus couramment pratiquée à l'échelle des rapports entre les pays et les Etats. Son inconvénient, c'est qu'il n'y a pas d'engagement de tous à adhérer à cette paix, à la faire respecter et à mettre en application ces mécanismes, sinon par la force. Il faut toujours se demander si la paix dont on se réjouit et dont on jouit ne répond pas à cette paix-là, avec toutes ses limites.

· Une autre façon de considérer la paix comme « une absence de guerre » est de croire que la paix est quelque chose de simplement pratique : il s'agirait de mettre un certain nombre de mécanismes, capables d'arrêter la guerre et les conflits en général, par exemple en neutralisant les belligérants et en leur imposant une ligne de conduite

55 R.HOWARD, Pour un journalisme sensible aux conflits, Impacts, Canada, 2003, p. 11-12.

47

pour qu'il y ait la paix... Mais là encore, il peut s'agir simplement d'un rapport de forces qui n'entraîne pas nécessairement et ne requiert même pas l'adhésion des parties en présence. Elles ont juste à se tenir tranquilles ; juste pour faire la paix ; une paix de façade !

· Dans une encyclique qui a connu beaucoup de succès, Pacem in

Terris (la paix dans le monde), le Pape Jean XXIII a essayé de se sortir de ce piège négatif en montrant que la paix ne doit pas seulement être comprise comme une absence de conflit, mais comme un ensemble de relations positives entre les individus et entre les communautés. L'Encyclique démontre, en effet, combien la logique des rapports de force est toujours contre productive à tous les points de vue.56

Les diplomates savent qu'en cas des conflits, l'une des règles de comportement est d'essayer de ne jamais rompre le contact, de rester en communication, même si celui-ci peut-être difficile. En réalité, la communication est la seule chose qui traduit une volonté de paix... Il permet de mettre en lumière pas mal de choses : supprimer des malentendus, comprendre le sien, construire une mémoire collective commune, reconnaître ses propres fautes erreurs et mieux comprendre celles de l'autres, etc. bref de faire la vérité.

Le conflit suppose la perte de confiance. La mise en oeuvre, d'un processus de paix doit reposer sur la restauration de cette confiance, sans laquelle toutes les tentatives risquent d'être vouées à l'échec parce qu'elles sont piégées par la suspicion et la mauvaise foi. Dans le territoire de Masisi un climat de méfiance s'installait au sein des communautés ethniques.

Ainsi tout chercheur, intellectuel du Territoire de Masisi ne doit pas croiser les bras devant le drame qui ravage son peuple. Il doit vite créer un cadre permettant un métissage des compétences de son élite et s'engager dans la dynamique de résolution de ces conflits en mettant à l'abri son peuple contre l'aliénation. Ce cadre fera participer la base et lui permettra de retrouver la confiance de son élite intellectuelle.

56 Jean XXIII, Encyclique, PACEM TERRIS, n° 126-129.

57 New approches in international criminal justice, KOSOVO, East Timor, Sierra Leone and Cambodia - Ambos et Othan, Institut Max Plank, SD, p.135.

48

Ce mécanisme que nous proposons pour résoudre les conflits interethniques et ses corollaires comme les résultat de l'enquête l'ont montré. C'est la justice transitionnelle à travers la communication.

A cet effet, nous allons décortiquer certains points sui sont en rapport avec la justice transitionnelle que voici :

· Notions de justice transitionnelle ;

· Pertinence des mécanismes de justice transitionnelle : contexte de mise en place des mécanismes et justice ;

· Les avantages des mécanismes justice ;

· Les limites des mécanismes de justice ;

· Les défis de la justice ;

· La réconciliation dans le processus de justice ;

· Les choix qui sont faits en matières e justice ;

· Les conditions de succès des mécanismes de justice transitionnelle ;

· Cas de Masisi :

o La pertinence des mécanismes de justice ;

o Les défis ;

o Modalités pratiques.

III.3. LA NOTION DE JUSTICE TRANSITIONNELLE57 De la justice transitionnelle, on retient que :

· Il n'existe pas de définition unanime de la justice ;

· Elle englobe les vocables de justice restauratrice, justice réparatrice et justice réconciliatrice ;

· La justice transitionnelle est souvent définie comme un ensemble de mécanismes mis en place dans un pays qui sort d'un conflit civil ou d'une dictature (caractérisée par des violations massives des droits humains) vers un début de démocratie ;

· La justice transitionnelle est aussi un ensemble des mécanismes mis sur pied par rapport à un cadre de solution pour le rétablissement de la paix

49

dans un contexte de transition à la suite d'un conflit, ou d'un régime totalitaire, en vue d'aller vers un régime démocratique.

Il existe des définitions divergentes de la justice transitionnelle mais elle doit être définie comme un cadre de solution, c'est-à-dire un contenant de plusieurs alternatifs. Il s'agit principalement de répondre à la question « Qu'est-ce qu'on fait avec les crimes du passé ? ». Et cela avant de se tourner vers l'avenir, un avenir sans répétition des crimes du passé.

· En matière de la justice transitionnelle, il sied aussi de ne pas opposer les mécanismes mais de prôner une complémentarité qui s'adapte au contexte de chaque entité.

Il faut noter qu'il s'agit d'une justice transitionnelle et non « transitoire », il sied de bien analyser le contexte pour savoir quand est-ce qu'elle commence et prend fin, mais il faut laisser le temps au temps.

· Il n'existe pas de mécanismes « miracles » de justice transitionnelle : ce sont des décisions (des choix) qui tiennent compte du contexte de chaque pays, de la nature du conflit et des forces en présence mais également de la manière dont le conflit a été terminé.

· Dans les années 70 - 80, l'Uganda, sous le régime d'Idi Amin et le Tchad, avait fait allusion à la justice transitionnelle, mais elle visait seulement à établir les faits.

· En Afrique du Sud, après l'Apartheid, au Canada, il y a eu création des CVR « Commission de Vérité et de Réconciliation » pour réparer les torts faits au peuple autochtone (indiens). L'accent était mis plus à la mémoire que sur le crimes ;

· En RDC, la « Commission Vérité et Réconciliation » a été mise en place en 2002 mais elle n'a pas fait son travail ;

Ainsi, peut-on dégager quelques pistes pour le choix d'un mécanisme :

a) Tenir compte de la spécificité du contexte. Ex : Le génocide des proximités au Rwanda.

b) Quels sont les objectifs qu'on veut prioriser ? S'ils sont contradictoires, Quels sont les objectifs majeurs ?

c) Niveau de participation élevé de la population (appropriation par la population).

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Il faut que la population soit préparée et participe aux phases préparatoires, la négociation avec les forces politiques qui sont au pouvoir s'impose si celles-ci s'opposent aux mécanismes de la justice ou ne sont pas transparentes. Le niveau de confiance de la population dans les institutions comptent beaucoup. Dans une approche pareille si jamais la population n'a pas confiance en ses institutions, en sa justice, pourquoi et comment aura-t-elle confiance en sa CVR ?

Des précautions doivent ainsi être prises en ce que cette justice créée n'incite pas à la révolte.

d) Faire une évaluation de ce qui est possible ; il ne faut pas rêver, il faut voir ce qui est faisable, enfin laisser le temps au temps.

III.4. LA PERTINENCE DES MECANISMES DE JUSTICE

Les Etats qui ont ressenti la nécessité d'instaurer la justice transitionnelle sont caractérisés par :

· Un Etat émergeant d'une situation anormale : situation de conflit ou de dictature politique caractérisée par de massives violations des droits humains notamment le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.

· Un pays qui veut pourtant rompre avec le cercle vicieux de la violence et l'impunité.

· Un pays qui aspire à l'Etat de droit.

· Un pays où les cours et tribunaux ont été incapables de satisfaire le besoin favorise la création de la justice transitionnelle.

- Les tribunaux n'ont pas suffisamment de moyens ou d'indépendance pour faire face aux crimes massifs commis.

- Les tribunaux sont dépassés par les événements de milliers de victimes et de milliers d'autres ;

- Les tribunaux ont témoigné du manque d'impartialité, sont soupçonnés d'être partiaux et manquent ainsi de crédibilité pour une partie de la population.

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- Les tribunaux ont été utilisés par le régime passé notamment dans l'entérinement des mesures d'arrestations arbitraires, de torture au d'exécution extrajudiciaires des opposants.

- Les moyens légaux de preuve ne permettent pas de découvrir la vérité.

· En territoire de Masisi, ces caractéristiques précitées sont presque toutes réunies pour que ce mécanisme, une fois mis en place, permette de mettre toute les communautés vivant dans ce territoire au tour d'une table pour régler leurs différends. Dans ce territoire il y a eu beaucoup de violations massives, une situation d'anomalie presque chaque communauté tribale ait sa milice armée, qui fait que certaines armes ayant été distribuées aux civiles par quelques politiciens véreux. Ces armes n'ont jamais été récupérées, les tribunaux n'étant pas en mesure de faire face aux multiples violations suite au manque d'indépendance et eux-mêmes soupçonnés par certains membres des communautés qui les accusent de partie pris et de corruption.

III.5. LES AVANTAGES ET LIMITES DES MECANISMES DE JUSTICE TRANSITIONNELLE

III.5.1. Avantages

Ces mécanismes que nous proposons facilitent la résolution des conflits car ils présentent beaucoup d'avantages :

· Ils affrontent un problème de manière structurelle et globale ;

· Ils s'attaquent aux causes et aux conséquences du conflit ;

· Ils associent les communautés dans la gestion de leurs problèmes ;

· Ils proposent des reformes institutionnelles et structurelles pour garantir la non répétition des conflits ;

· Ils permettent d'arriver à une lecture officielle commune des événements (la vérité commune) ;

· Ils permettent de proposer des mesures de réparation et de mémoire en faveur des victimes et de la société ;

· Ils permettent d'établir les responsabilités individuelles (savoir qui a fait quoi même si le but n'est pas nécessairement celui de punir) et ainsi d'éviter la globalisation des responsabilités ;

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III.5.2. Limites et défis des mécanismes

· Ils ont souvent une durée limitée car ils sont budgétivores ;

· Ils ne proposent pas des sanctions appropriées aux auteurs de crimes. Quant aux défis, les mécanismes de la justice transitionnelle sont appelés à satisfaire aux besoins suivants :

- Les poursuites judiciaires : comment poursuivre des milliers d'auteurs, pour des crimes qui datent de longtemps, et surtout lorsque certains des auteurs ou complices gardent encore une partie ou le tout du pouvoir ?

- Les réparations : les auteurs étant souvent des démunis, l'économie du pays étant ébranlée, comment pourvoir une réparation aux milliers de victimes qui la réclament ?

- La vérité : comment amener les victimes et les auteurs à venir autour d'une même table et raconter leur histoire ou confesser leur responsabilité ? Comment couvrir pendant un temps réduit des événements qui s'étalent sur plusieurs années ?

- Les réformes institutionnelles : l'assainissement institutionnel (purge administrative), les reformes du système judiciaire, de la police, de l'armée, de l'éducation,... pour en découdre avec les injustices institutionnelles ou exclure les criminels.

- Les pays qui traversent une période trouble pour démarrer la démocratie se doivent alors de faire des choix stratégiques entre ces besoins et ainsi déterminer les priorités. Les choix ne sont pas faciles. Les cinq axes de la justice sont complémentaires et le meilleur choix serait de les retenir tous.

III.6. LA PLACE DE LA RECONCILIATION DANS LES MECANISMES DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE

· La réconciliation entre les communautés est certes une des garanties de la non répétition des violences dans le pays, puisque elle permet le retour de la confiance et de la compréhension des composantes de la population, le partage équitable des ressources naturelles...

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· Mais la réconciliation n'est pas un fait palpable que l'on peut atteindre au bout d'un temps limité de mise en place des mécanismes de « Jt ». c'est plutôt un processus inter et intra individuel.

· La réconciliation est la conséquence de la justice, des réparations des reformes institutionnelles et de recherche de la vérité.

· L'important c'est d'atteindre des formes acceptées de gouvernement démocratique garantissant le respect des droits et libertés fondamentales et de l'Etat de droit.

· La réconciliation ne peut pas être décrétée ou imposée par les autorités nationales ; seulement celles-ci peuvent oeuvrer dans le sens d'aider les communautés à se réconcilier.

· La réconciliation n'est pas possible dans un pays qui consacre l'impunité. Donc, il est impossible d'atteindre la réconciliation si les intérêts des victimes ne sont pas pris en compte et si les responsabilités des uns et des autres ne sont pas établis officiellement.

III.6.1. Les choix qui sont faits en matière de « Jt58 »

· Les poursuites judiciaires par :

o Les tribunaux internationaux ad hoc : ex : TPIR et PIY ;

o La combinaison des tribunaux internationaux et nationaux : ex : le cas du Rwanda ;

o Les tribunaux traditionnels de justice ; ( ex. au Rwanda) ;

o Les tribunaux spéciaux mixtes.

· Les mesures non judiciaires :

o Les commissions vérité et réconciliation nationale (Afrique du Sud), mixte (Guatemala) ou internationale (Salvador) ;

o L'amnésie : Mozambique ;

o Epuration purge administrative (vetting, lustration) ; les pays de l'Est ou du centre de l'Europe.

· La combinaison des mesures non judiciaires et des poursuites judiciaires :

58 Jt = Justice Transitionnelle.

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o CVR et tribunaux nationaux ; ex : Argentine ;

o CVR et Tribunal international ; ex : Sierra Léone.

· Tribunaux nationaux et mesures administratives de retting ; Belgique, France et Hollande après la 2e Guerre Mondiale.

III.6.2. Conditions de succès des mécanismes de Jt

· Une relative stabilité ;

· Un appui massif de la population : implication depuis la conception jusqu'à la fin de la mission.

· La non discrimination dans la recherche de la vérité.

· La transparence.

· La mise en place des mesures de réparation et de mémoire pour éviter les frustrations des victimes.

· L'existence de mesures de contraintes pour les acteurs qui ne participent pas.

· L'existence de conditionnalité pour les mesures de souplesse envers les crimes : dire la vérité et demander pardon.

· L'impartialité, l'indépendance et l'objectivité des membres des mécanismes mis sur pied.

· Le soutien du gouvernement, de la communauté nationale et internationale.

III.7. CAS DE MASISI

· Pertinence ;

· Défis ;

· Modalité pratique.

III.7.1. Pertinence des mécanismes de Jt dans le territoire de Masisi

· Les autochtones se disent victimes de toutes sortes des crimes, les autres disent presque la même chose. Il y a besoin de clarifier l'histoire de la vérité.

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· Les victimes crient à la justice et à la lutte contre l'immunité ainsi qu'à la reconnaissance publique de ce qui s'est passé.

· Si les plaies sont fermées sans être nettoyées, elles risquent de causer une infection : de même, si le passé n'est pas réglé, il risque de surgir. Et la preuve c'est que les guerres ont été répétitives justement parce que les frustrations créées par les précédentes guerres n'avaient pas été résolues.

· Il faut que les responsabilités des unes et des autres soient établies pour éviter de dire (( les autochtones nous ont tués » ou (( les rwandais nous ont tués » et de porter l'étiquette de tueur ou à cause de tous les malheurs pour la simple raison d'appartenir dans l'autre camp.

· Les tribunaux congolais, surtout du Nord-Kivu n'ont pas été en mesure de faire face aux graves violations des droits humains et ainsi de satisfaire au besoin de justice. La confiance et la crédibilité des tribunaux du Nord-Kivu de la part de certaines composantes de la population du territoire de Masisi ne sont pas totales. Les capacités, l'indépendance et l'impartialité manquent ou ont, en tout cas, manqué face aux différents crimes commis.

· Pourtant, il faut en finir avec le cycle de violence. Il faut trouver des solutions définitives, il faut rassurer les communautés du territoire de Masisi que les pages sombres sont définitivement guéris. 59

III.7.2 Défis de la justice transitionnelle dans le Masisi

· La découverte de la vérité : qui sont les responsables de ce passé malheureux des populations ? qui sont victimes ? où sont enterrées les victimes ? quelles sont les causes et les conséquences du conflit dans ce territoire de Masisi ?... Il faut établir les responsabilités pour en découdre avec la globalisation ou la collectivisation des responsabilités. Mais comment amener les victimes et les bourreaux à participer au mécanisme de recherche de la vérité ?

· Les poursuites judiciaires des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité : mais le défi majeur est ici lié au fait qu'en RD Congo

59 D. KANYUGU, La justice transitionnelle, 2005, p.15.

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contrairement aux autres pays qui ont mis en place des mécanismes « d'accountability » ou d'établissement des responsabilités, il n'est pas évident que les gens qui ont la lourde responsabilité de graves violations des droits de l'homme n'aient pas toujours un certain pouvoir capable de freiner la mise en place des mécanismes de jugement.

· Des milliers de victimes réclament réparation alors que rien n'a été fait depuis longtemps pour les victimes des différentes atrocités que le Masisi a connues. Non seulement le fait que les victimes n'ont jamais été officiellement reconnues, mais pire encore, les bourreaux se moquent d'eux.

· Pourtant il faut trouver les mécanismes qui puissent garantir les communautés de Masisi que les pages sombres de leur histoire ne se reproduiront plus ; la garantie de non répétition.

III.7.3. Modalités pratiques

Selon F. MAYOR, « les communautés ont besoin de repérer dans la complexité et la brume du présent, le chemin d'un avenir de paix et de justice. N'oublions jamais que la recherche d'une solution doit se faire par la parole et non par l'épée, par le dialogue et non par la contrainte. Il faut construire l'avenir du territoire et non vivre seulement du passé ».60

La réconciliation, par-dessus tout, consiste à communiquer, écouter attentivement et avoir des conversations profondes à tous les niveaux de la société. Elle implique une conversation inclusive. Il s'agit de créer des espaces d'écoute mutuelle ou individus et communautés qui puissent commencer le travail difficile de compréhension même si cette conversation soit parfois conflictuelle et marquée par des désaccords, elle est également une alternative à la violence et un moyen de trouver des solutions à des problèmes qui paraissent insolubles.61

60 Federico Mayor ; Discours d'ouverture lors de la conférence de Paris, sur le Burundi : construire l'avenir du Burundi, 26-28/09/1998, par UNESCO.

61 VILLA C., La réconciliation : Apprendre à s'asseoir sous un même arbre, colloque international au Burundi, du 2-22/09/2005, p.65

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Accepter ce qui s'est passé est parfois plus important que reconnaître les faits en cause. Bien qu'une partie seulement de ceux qui ont souffert aient nécessairement besoin d'excuses formelles pour laisser derrière eux les conflits du passé, les recherches sur le processus d'amnistie de la CVR démontrent que l'acceptation de ses résultats augmente de manière significative lorsque la victime ou la famille des victimes obtiennent une reconnaissance et des excuses légitimes.

On suggère parfois que le nouvel ordre ne puisse se construire en laissant un passé douloureux. Le problème est qu'en commençant quelque chose de nouveau, on ne repart jamais à zéro. L'histoire poursuit sa course, façonnant le présent tout en faisant planer son ombre sur le futur. La mémoire muette crie pour se faire entendre. Il est nécessaire que l'on y soit attentif, non seulement pour découvrir la vérité du passé, mais aussi pour affronter le futur. Beaucoup d'histoires racontées par les victimes à la CVR lors de la transition en RDC ne concernaient pas tant ce qui s'est passé réellement que l'impact de ce qui s'était passé sur les vies présentes et futures des victimes.

Les débats sur la nature et l'ampleur des réparations pour les victimes de violations massives des droits de l'homme n'est pas prêt de s'éteindre. Exclure la justice socio-économique du processus de réconciliation revient à mettre en danger les perspectives de consolidation démocratique.

Au milieu, le but des réparations est d'intégrer l'objectif et le subjectif et de transcender les divisions matérielles et émotionnelles du passé. Il s'agit de créer une forme de société différente (de l'ancienne société).

La réconciliation est un long processus qui prend du temps et implique de confronter le passé. C'est un travail qui exige deuil, écoute, entente, guérison, reconnaissance et réparations. C'est un commencement, un fondement pour créer une nouvelle façon de vivre.62

L'on peut dire aussi que le deuil est le cheminement qui mène de la mort à la vie. Ainsi l'orientation fondamentale de la mémoire et du pardon s'inscrit dans la trajectoire de la réorganisation de la vie, du « davantage de vie encore ».

62 D. TUTU, No future without forgiveness, Canada, Rider, 1999, p.20

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A contrario, l'oubli et le maintien de la souffrance de l'offense (haine, vengeance, violence) s'inscrivent dans la trajectoire opposée, celle de la désorganisation de la vie, mais les opposer de façon figeante ne peut conduire qu'à la création des catégories antagonistes.

La conservation et la reproduction des faits et gestes douloureux, comme c'est le cas pour le génocide, font mal. Il en va de même des paroles et des discours, des vestiges et autres conséquences ou retombées d'une action, d'un phénomène douloureux.

Conservation et reproduction restent supportables pendant un certain temps proche du moment des faits et gestes, des paroles et discours des actions et des événements. Mais au fur et à mesure que ces choses commencent à reparaître entrent dans l'histoire et font partie du passé, leur reproduction est mal supportée et rejetée quand il s'agit des choses douloureuses. Le pardon est impossible aussi longtemps que la mémoire est conservation et reproduction.

Lorsque les souffrances persistent, le processus de pacification ne peut pas se mettre en route. Mais en quoi consiste au juste ce processus de pacification ? Quelles sont les caractéristiques du pardon ?

Le pardon est au coeur du deuil et par voie de conséquence au coeur de la vie. Il l'y est comme moment d'aboutissement de la réorganisation de l'histoire personnelle et comme démarrage du voyage vers l'autre.

Il est l'espace émouvant des retrouvailles avec soi unifié, de cheminement alterné vers soi et vers autrui. Il est l'horizon des retrouvailles avec les autres au plus profonds de soi-même.

Voilà pourquoi il est le processus de pacification avec soi-même, les morts les vivants, l'environnement physique et social, Dieu ou l'Etre Suprême ou le Tout Autre, ce qui empêche de se retrouver avec soi-même et avec autrui, c'est la perte des repères culturels, l'insécurité matérielle, sociale et mentale, l'incapacité à se décaler du moment présent, le mélange des sentiments et de la culpabilité. Ce qui permet de se retrouver avec soi-même et avec autrui, c'est l'opportunité de raconter et de mettre les mots sur ce que l'on a vécu, de trouver quelqu'un qui écoute sans se lasser, ni interférer, ni juger,

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communier, compatir et partager. Mais raconter comme s'il s'agissait d'une histoire à la quelle on a assisté ne suffit pas.

C'est donc l'opportunité d'exprimer sa souffrance et tous les sentiments qu'elles charrient.

Exprimer est certes une bonne chose, mais il ne suffit pas non plus pour accéder au pardon, à la paix ; c'est donc aussi l'opportunité de trouver un sens à l'expérience vécue, de la reconnaître et de l'assumer63.

Le sens est à la fois une direction et la destination, un horizon et la marche qui y mènent. Il fait accéder à la responsabilité, à la sienne et à celle des autres. Se percevoir et se reconnaître comme responsable, c'est ce prévaloir et se reconnaître comme sujet libre, acteur si pas de ce qui s'est passé, mais au moins des conséquences64.

La responsabilité apparaît ainsi au coeur du travail de mémoire : non pas comme conservation ou reproduction (culpabilité), mais comme production et transformation du sens65.

C'est l'homme responsable qui est sujet de la mémoire de vie passée (héritage), présente (adaptation) et future (projet). Mais, tant qu'on est englué dans la culpabilité et empêtré dans le mélange des sentiments, on ne peut pas accéder au pardon.

On a peur de trahir en oubliant, et l'intensité des sentiments entremêlés donne le vertige, brouille la perception des événements et des êtres, des paroles et des actes, épuise l'énergie nécessaire pour accéder à la responsabilité et en assumer les conséquences.

III.7.4. Justice transitionnelle et réconciliation

La réconciliation ne peut pas aboutir à cent pour cent mais elle arrive à un point. La justice transitionnelle permet la coexistence pacifique. C'est un processus qui prône le dialogue et qui s'effectue dans une localité donnée, généralement sous l'arbre.

· La justice transitionnelle a pour rôle dans cette localité : o Révéler la vérité sur ce qui s'est passé par les guerres ;

63 ABELO, Le pardon. Briser la dette et l'oublie, Autrement, Paris, 1991, p.101.

64 VILLA C., Op. Cit. p.66.

65 Idem., p67.

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o Accélérer les procès des crimes commis dans cette localité ;

o Renforcer l'unité et la réconciliation de la population ;

o La catégorisation des auteurs des crimes ;

o La participation intégrante de la population.

· Outils : une commission de vérité et réconciliation doit être mise en place par les communautés.

Les membres de cette commission ne seront pas désignés mais choisis

par les communautés réunies pour ce fait. Il n'y a pas des critères mais ne feront parti de cette commission que des hommes ou femmes jugés dignes, intègres, capables, et neutres par leurs communautés respectives.

Les membres deviennent directement des juges, ils doivent être entre neuf et sept du siège et deux remplaçants ;

· Leur rôle :

o Etablir les faits ;

o Etablir les responsabilités ;

o Favoriser la demande du pardon ;

o Préconiser la réparation ;

o Rassurer les parties ;

o Etablir une nouvelle mémoire.

Ce chapitre qui est le noeud de notre travail a été consacré à la mise en place d'un mécanisme de justice qui met en avant la parole comme moyen approprié pour résoudre les conflits interethniques sans pour autant laisser derrière les séquelles ou frustrations.

Comme l'erreur est humaine, c'est un mécanisme mis en place par des hommes donc on ne peut pas affirmer qu'il peut arriver à mettre fin aux conflits à cent pourcent ; néanmoins, ce processus est susceptible de faire évoluer, transformer positivement des situations conflictuelles.

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CONCLUSION GENERALE

Notre travail a porté sur « l'Apport de la justice transitionnelle à travers la communication dans la résolution des conflits interethnique, cas des conflits interethniques dans le territoire de Masisi : de 2000 à 2006. Ce travail s'était proposé de vérifier des hypothèses suivantes :

- S'il arrivait que les conflits interethniques existent ;

- L'utilisation de toutes les stratégies ou mécanismes de la communication serait une bonne manière de résoudre les conflits interethniques dans ce territoire ;

- La justice transitionnelle comme mode des résolutions des conflits sociaux pourrait facilement aboutir à la résolution pacifique des conflits interethniques dans cette partie du territoire longtemps meurtri par des conflits de tout genre.

Pour vérifier ces hypothèses, nous nous sommes servi des méthodes et des techniques.

Les méthodes historique, comparative, analytique et statistique nous ont aidé à analyser, traiter et à interpréter les données de notre travail.

En ce qui concerne les techniques, nous nous sommes servi des techniques documentaires, l'observation libre et un questionnaire a été administré auprès de nos interviewés. A l'issue de nos investigations et grâce aux méthodes et techniques ci-haut citées, nous remarquons que les conflits interethniques existent bel et bien dans le territoire de Masisi, plus le 90% de personnes rencontrées, l'ont affirmé ; cela confirme notre premier hypothèse.

Malgré les tentatives des résolutions des conflits utilisées jusque-là, les conflits persistent. Ainsi, pour arriver à éradiquer, si pas atténuer les conflits, la communication, via la justice transitionnelle, est l'un des mécanismes de résolution des conflits qui semble appropriée. Ce qui confirme aussi nos deux hypothèses.

A cet effet, nous demandons à la société civile et aux organisations des droits de l'homme de s'approprier ce mécanisme pour mieux résoudre ces

62

conflits qui ont non seulement déchiré le territoire mais aussi freiné le développement du territoire de Masisi. En outre, nous demandons au gouvernement tant provincial que national d'appuyer ce processus, sans interférence, et enfin aux communautés vivant dans le territoire de Masisi, d'être disponibles, coopérantes et promptes à conjurer ce fléau qui gangrène leur milieu et hypothèque leur avenir.

Nous ne prétendons pas avoir épuisé tous les aspects de notre thème, ce qui nous pousse à demander à d'autres chercheurs de l'approfondir d'avantage et de compléter ainsi nos suggestions et recommandations ci-haut données. Nous sommes totalement persuadé que ces résultats seront avantageux pour les communautés du territoire de Masisi en particulier et pour les communautés vivant au Nord-Kivu en général, qui devront oeuvrer la main dans la main pour éradiquer à jamais les conflits interethniques sous toutes leurs formes.

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BIBLIOGRAPHIE

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2. CT KAVIN OLIMBA, Méthodes de recherches en communication, 2008, UNIC, Cours inédit, cité par BITA LUBUNGO.

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6. Roger COOK, La communication chrétienne par les ondes, Cours de formation, 2005, GBM, Royaume Uni.

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1. AMZA OMAR, L'impact du multipartisme sur la question des conflits interethniques, TFC, Inédit, 2003-2004.

64

2. Annanie; KULIMUSHI, Incidence de la communication son action humanitaire efficience ; mémoire, 2010, inédit.

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5. BATACHOKA, K., Essai d'histoire des résistants Maï-Maï dans le territoire de Masisi de 1993 à 2003, TFC en Histoire Science Sociales, ISP/MACHUMBI, Goma, 2004.

6. Daniel BATACHOKA, Essaie d'histoire des résistants maï-maï dans le territoire de Masisi de 1993 à 2003, TFC inédit, ISP, MACGHUMBI, 2004.

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10. MYATSI, S., La polygamie et son impact socio-ecclésiastique dans le Territoire de Masisi, TFC en Théologie, ULPGL/Goma, 2002.

11. NKUBA, K., Histoire des Bashali, TFC en Histoire culture-Africaine, ISP-BUKAVU, 1975.

12. NKUBA, K., La région traditionnelle des Bahunde face à l'évangélisation chrétienne, (1912-1963) mémoire inédit en Histoire, ISP/Bukavu, 1977.

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2. JEAN PAUL XXIII, Encyclique, PACEM TERRIS, n° 126-129

3. KAJIGA, G., « Cette immigration séculaire des rwandais au Congo » in, bulletin trimestriel et du CEPSI, N° 32, mars 1956.

4. Plainte du 12 mars 1996 pour menace de mort des communautés Hunde et Tembo de Goma.

5. TUTU, Desmond, No future without forgiveness, Canada, Rider, 1999

6. VILLA V., Charles, La réconciliation : Apprendre à s'asseoir sous un même arbre, colloque international au Burundi, du 2-22/09/2005.

65

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

INTRODUCTION GENERALE 1

1. Problématique 1

2. Hypothèse du travail 3

3. Choix et intérêt du sujet 4

4. Etat de la question 4

5. Méthodologie du travail 5

0.5.1. Méthodes 5

0.5.2. Les techniques 6

6. Délimitation du sujet 6

7. Difficultés rencontrées 6

8. Subdivision du travail 7

Chapitre Premier : 8

GENERALITES DEFINITIONNELLES 8

SECTION I. ELUCIDATION DES CONCEPTS 8

§1. Notions de la communication 8

I.I.1. Définition 8

I.I.2. Information et connaissance 9

1.1.4 Les formes et modes de communication. 12

1. Formes 12

2. Modes de la communication humaine 13

I.1.7. Nécessité d'une stratégie de communication 14

1.1.8. La culture et la communication 14

§2. NOTION DE CONFLITS 17

I.2.1. Définition 17

1.2.2. Types des conflits 18

1.2.2.1. Le conflit du pouvoir 18

1.2.2.2. Le conflit socio- émotif 19

1.2.2.3. Les conflits territoriaux 19

1.2.2.4. Les conflits liés aux populations 19

1.2.2.5. Conflit foncier 19

1.2.2.6. Conflits armés internes 20

1.2.2.7. Conflits armés non internes ou internationaux 20

SECTION II. PRESENTATION DU MILIEU DU TRAVAIL 21

II.1. CADRE GEOGRAPHIQUE 21

66

II.2. LE CADRE HUMAIN 25

II.3. Conclusion partielle 29

Chapitre Deuxième : 30

LES CONFLITS INTERETHNIQUE DANS LE TERRITOIRE DE MASISI 30

II.1. HISTORIQUE DU CONFLIT 30

II.1.1. La période coloniale (1885-1960) 30

II.1.1. Création anarchique de la chefferie de Gishari 31

II.2. CAUSES DU CONFLIT 31

II.2.1.Conflit foncier 31

II.2.2. Conflit politique 32

II.3 Conclusion partielle 41

Chapitre Troisième : 42

APPORT DE LA JUSTICE TRANSITIONNELLE A TRAVERS LA COMMUNICATION AU PROCESSUS DE RESOLUTION DES CONFLITS

INTERETHNIQUES 42

DANS LE TERRITOIRE DE MASISI 42

III.1. INTRODUCTION PARTIELLE 42

III.2. MODES DE RESOLUTION DES CONFLITS 42

III.4. LA PERTINENCE DES MECANISMES DE JUSTICE 50

III.5. LES AVANTAGES ET LIMITES DES MECANISMES DE JUSTICE

TRANSITIONNELLE 51

III.5.1. Avantages 51

III.5.2. Limites et défis des mécanismes 52

III.6. LA PLACE DE LA RECONCILIATION DANS LES MECANISMES DE LA

JUSTICE TRANSITIONNELLE 52

III.6.1. Les choix qui sont faits en matière de « Jt » 53

III.6.2. Conditions de succès des mécanismes de Jt 54

III.7. CAS DE MASISI 54

III.7.1. Pertinence des mécanismes de Jt dans le territoire de Masisi 54

III.7.2 Défis de la justice transitionnelle dans le Masisi 55

III.7.3. Modalités pratiques 56

III.7.4. Justice transitionnelle et réconciliation 59

CONCLUSION GENERALE 61

BIBLIOGRAPHIE 63

TABLE DES MATIERES 65

67

ANNEXES

LISTE DES INFORMATEURES

Noms et post nom

AGE

FONCTION

Tribu

Lieu et date de
l'interview

1

BAHATI KAEMBE

59

Chef coutumier

Hunde

Masisi, le 3/2/11

2

BAHATI LUANDA

53

Commerçant

Hunde

Sake, le 11/4/11

3

BAHATI LUHUNGA

56

Notable

Hunde

Kirotshe, le 13/4/11

4

BISHUEKA NABUEIBO

48

Enseignant

Hunde

Goma, le 2/4/11

5

HANGI NKUBA

60

Chef de secteur

Hunde

Goma, le 24/3/11

6

KABATAMA JULES

60

Notable

Hunde

Mweso, le 15/5/11

7

KAHINDO MULEMBERI

56

Enseignant

Hunde

Goma, le 9/5/11

8

KASHAHO KULU

57

Conseiller

Hunde

Goma, le 23/3/11

9

KAXELO ASSANI

40

Enseignant

Hunde

Goma, le 2/4/11

10

KIKA MUYONDO

64

Infirmier

Hunde

Goma, le 30/4/11

11

KUBUYA BULNDA

64

Diacre

Hunde

Goma, le 3/2/11

12

BATHAYO LUTYATSO

68

Révérend

Hunde

Masisi, le 20/3/11

13

MUHANUKA MABOKO

58

pasteur

Hunde

Burungu, le 20/3/11

14

MUTIMANWA THÉOPHILE

58

Cultivateur

Hunde

Goma, le 9/3/11

15

NDAKOLA FREDERIC

68

Directeur

Hunde

Goma le 12/5/11

16

NKUBA KAHOMBO

56

Eleveur

Hunde

Goma, le 18/5/11

17

SIMWERAY MBIIRWA

50

Prof assistant

Hunde

Masisi le 6/4/11

18

KIBANDO M

55

Préposé

Hunde

Butare, le 21/04/11

19

SEBAKA Seraphim

60

-

Hutu

Butare, le 20/03/11

20

MANIRAGUHA DONATIEN

45

Enseignant

Hutu

Butare, le 19/04/11

21

SEBISHIMBO

55

Enseignant

Hutu

Butare, le 14/04/11

22

NIYISENGE

48

Cultivateur

Hutu

Butare, le 16/03/11

23

TUYISENGE

50

Agronome

Hutu

Butare, le 16/03/11

24

SEBYERA K

48

Directeur

Hutu

Busihe, le 16/03/11

25

UZAMUKUNDA

50

Cultivateur

Hutu

Busihe, le 16/03/11

26

HABIMANA SEMAWA

46

Vétérinaire

Hutu

Busihe, le 18/04/11

27

HABYARINKA

47

Cultivateur

Hutu

Busihe, le 17/04/11

28

SEBIRAGAYE

45

Commerçant

Hutu

Busihe, le 10/04/11

29

HABIMANA

50

Commerçant

Hutu

Busihe, le 10/04/11

30

NZEKUYE FLUGISHA

51

Commerçant

Hutu

Busihe, le 10/04/11

31

KAZARAMA BEMEYE

50

Commerçant

Hutu

Muheto, le 20/04/11

32

UGIRASHE Fabien

53

Commerçant

Hutu

Muheto, le 20/04/11

33

NGARUYE BAHOZE

55

Commerçant

Hutu

Muheto, le 22/04/11

34

35

SEMAJERI BIKUYE IYAMUREMYE Denis

50

55

Cultivateur Cultivateur

Hutu Hutu

Muheto, le 23/04/11 Muheto, le 02/04/11

36

GAKURU RWANGIRAHA

50

Cultivateur

Hutu

Nyakariba, le 02/04/11

37

NKURUMVA M

50

Commerçant

Hutu

Nyakariba, le 02/04/11

38

KIRIMUI MUTO

55

Cultivateur

Hutu

Nyakariba, le 02/04/11

39

BAZIYAKA K

60

Cultivateur

Hutu

Nyakariba, le 15/04/11

40

KIRIBUSHI

53

Commerçant

Hutu

Nyakariba, le 16/04/11

41

NIYOYITA DAMIEN

55

Commerçant

Tutsi

Rushinga, le 20/04/11

42

SEGAHUNGU K

60

Eleveur

Tutsi

Rushinga, le 23/04/11

43

RWAMUCYO KAITESI

58

Eleveur

Tutsi

Rushinga, le 24/04/11

44

MUKIZA K

55

Cultivateur

Tutsi

Rushinga, le 30/05/11

45

KAIRANGWA

57

Eleveur

Tutsi

Rushinga, le 30/05/11

46

MAWIRIDO KAYUMBA

55

Eleveur

Tutsi

Rushinga, le 02/06/11

47

MUTESI Janvier

54

Enseignant

Tutsi

Rushinga, le 20/03/11

48

IRANKUNDA KAYUMBA

53

Enseignant

Tutsi

Rushinga, le 20/03/11

49

DUSABE MANZI

50

Ménagère

Tutsi

Rushinga, le 20/03/11

50

KALIMBIRO

53

Tailleur

Tembo

Ngungu, le 20/03/11

51

CYIRIMWAMI KIKARA

50

Cultivateur

Tembo

Ngungu, le 23/03/11

52

KYAHI KALULU

53

Cultivateur

Tembo

Ngungu, le 23/03/11

53

MUKAMBILWA Joseph

50

Pasteur

Tembo

Ngungu, le 23/03/11

54

BATACHOKA KUBEHWA

56

Enseignant

Tembo

Ngungu, le 24/04/11

55

KABETSI KYAHI

53

Directeur

Tembo

Ngungu, le 26/04/11

56

HAMULI MASUMBE

50

Cultivateur

Tembo

Ngungu, le 28/04/11

57

KAKO

51

Cultivateur

Twa

Burungu, le 29/05/11

58

MAUSMBUKO MUTUTU

50

Cultivateur

Twa

Burungu, le 30/04/11

59

KARANGA MUTEPFU

53

Cultivateur

Twa

Burungu, le 30/04/11

60

KAKUBYO B

49

Cultivateur

Twa

Kingi, le 01/05/11

61

MUNGUMWA

55

Cultivateur

Twa

Kingi, le 01/05/11

62

RUTYATSO K

54

Chasseur

Twa

Kingi, le 15/05/11

63

MUHIRWA M

48

Chasseur

Twa

Mubambiro, le 16/05/11

64

KIRIYA K

51

Chasseur

Twa

Mubambiro, le 16/05/11

65

MARIYABO KATYO

52

Cultivateur

Twa

Mubambiro, le 16/05/11

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Dans le cadre de nos recherches en vue de la production du mémoire de licence en SIC, option de communication de organisations, nous vous prions de bien vouloir répondre aux questions ci-après et vous en remercions d'avance :

CONSIGNE :

- Veuillez mettre (( V )) ou (( X )) dans l'une des cases où je trouve la (les) proposition (s) de votre choix.

I.3. IDENTITE DE L'ENQUETE

Age : ans Nom et Post nom :

Sexe : Masculin Féminin

Etat civil : célibataire Marié Veuf Veuve

Niveau d'étude : Primaire Secondaire

Universitaire Pas d'étude

II. QUESTIONS PROPREMENT DITES

1. Etes-vous habitants de Masisi

Oui Non

2. Si oui, y a-t-il des conflits interethniques dans ce territoire ?

3. Si oui, quelle (s) en est (sont) la (les) causes (s) ?

- Tribales

- Fonciers

- Politique

- Identitaire

- Etc.

4. Selon vous qui viendra résoudre les conflits dans votre territoire ?

5. Lequel des modes de résolution des conflits est approprié ?:

- Guerre

- Compromis

- Négociation

- Communication

- Justice transitionnelle






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius