3.2 Les dangers liés à la contamination
des eaux de la nappe phréatique par les eaux vannes et
excréta
Les quartiers précaires en raison du manque
d'infrastructures en assainissement collectif ne peuvent être que des
foyers où les risques de pollution sont élevés. Il s'agit
surtout de la pollution de la nappe phréatique par infiltration des eaux
vannes et excréta et eaux usées même si celle-ci est
fonction du type de la nappe et du relief.
Plusieurs études menées dans la CUN ont
démontré qu'il y'a un lien entre la mauvaise gestion des
déchets et la pollution de la nappe phréatique.
Ainsi, GROSS P (1999) a évalué le degré
de pollution des nappes de la CUN et rechercher les mécanismes de la
pollution. La question qu'il s'était posée était de savoir
si l'origine de la pollution était liée aux modes d'exploitation
de l'eau ou si elle découle de la gestion de l'assainissement. Les
résultats de son étude ont montré que tous les puits de la
plaine et du plateau présentent une contamination microbiologique et que
la proportion de coliformes et streptocoques fécaux était
alarmante. Il a déduit que la pollution bactériologique des
nappes superficielles est la conséquence directe de la mauvaise gestion
des déchets urbains.
DENIAU L (2002) a menée une étude dans le cadre
du CERMES qui a concerné certains quartiers de la CUN dont notre
quartier d'étude. Elle a révélé une pollution
physico-chimique élevée et bactériologique et que la
multiplication des points d'infiltration de la matière fécale
(puits perdu, latrines) ou la lixiation des dépôts d'ordure
entraîne une pollution localisée de la nappe. Il existe donc une
corrélation entre la mauvaise gestion des déchets et la pollution
de la nappe phréatique qu'il est inutile de parler des autres
études menées dans ce cadre dans la CUN. Plusieurs facteurs
contribuent à la vulnérabilité des populations, il s'agit
de la densité, l'habitat de médiocre qualité, la
pauvreté, Pays-bas est caractéristique de tous ces facteurs.
Alors quel lien peut-on faire de l'assainissement autonome qui
caractérise Pays-bas et les risques de pollution à travers le
mode d'évacuation des ordures ménagères, eaux usées
et excrétas ? Quel est le mode d'évacuation des ordures
ménagères ?
3.2.1 Mode d'évacuation des ordures
ménagères
A l'image de la ville de Niamey, Pays-bas est un «
quartier poubelle » où tout se déverse dans la rue.
Plusieurs facteurs concourent pour rendre le milieu très insalubre, il
s'agit de la topographie du site qui engage les habitants dans une lutte
quotidienne contre l'érosion. Les déchets solides ne sont pas
perçus par les
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populations comme nuisibles à la santé humaine
mais plutôt comme un matériau pour remblayer les ravins qui sont
situés souvent juste derrière les habitations.
Les résultats de notre enquête rendent compte de cet
état de fait dans le tableau n° 4.
Ainsi, 71,7% des ménages de notre échantillon
déversent leurs déchets solides dans les ravins ce qui vient
renforcer notre affirmation sur la lutte pour maintenir stable le milieu
physique ; 10% des ménages les déversent tout simplement dans les
espaces vides situés juste à côté de la concession,
ceux qui ne veulent pas faire comme les autres passent par incinération
(6,7%) pour se débarrasser de ces déchets. D'autres passent par
la carrière à banco pour les déverser (10%) et enfin
seulement 2,5% se débarrassent de leurs déchets juste
derrière la concession.
Tableau n°4 : Mode d'évacuation des
ordures ménagères
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12
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86
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Mode évacuation ordures
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Nb. cit.
8
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Fréq.
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4
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Espace vide
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3
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10,0%
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Ravin
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12
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71,7%
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Incinération
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120
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6,7%
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Ancien puits
Dérrrière la concession
Carrière à banco
TOTAL OBS.
Source : notre enquête
2,5%
10,0%
Au regard de l'importance de l'insalubrité
causée par les déchets solides on est en droit vraiment de se
demander si ce quartier est intégré dans le tissu urbain. Toutes
les rues si on peut les appeler ainsi sont jonchées de déchets et
de plastiques qui sont fréquemment déplacés par les vents.
Comment peut-on rester insensible à cette situation d'iniquité de
l'offre des services urbains de la part des autorités communales ? Le
fait que les habitants du quartier sollicitent les ordures ne doit pas faire de
celui-ci un dépotoir sauvage et souvent sur requête des habitants.
L'essentiel pour ces derniers c'est d'arriver à remblayer et utiliser
ces ordures comme matériau dans les carrières à banco pour
la fabrication des briques.
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Autres facteurs de la prolifération des déchets
solides c'est l'aménagement par les propriétaires des parcelles
vides avant leur mise en valeur. Il faut beaucoup remblayer pour arriver
à surmonter la structure en pente des terrains ou lutter contre le ravin
pour ramener le sol à un niveau acceptable tout ceci constitue des
dangers énormes. Il s'agit surtout des risques d'infection, de coupure,
de toxicité, d'allergies et d'incendie. A cela il faut ajouter un risque
d'étouffement et d'ingestion de produits chimiques par les animaux. Les
habitants sont soumis à une pollution olfactive et visuelle. Cette
situation ne va-t-elle pas reproduire un mode d'évacuation des eaux
usées identique à celui des déchets solides.
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