2.1.2 Les points d'eau traditionnels
Il s'agit essentiellement des puits disséminés
dans tous les coins du quartier dont beaucoup sont en état de
dégradation avancée ou très dégradé. Ce qui
n'empêche pas les populations d'y faire usage multiple.
2.1.2.1 Les puits
Même s'il est certain que vivre en milieu urbain n'est
pas que synonyme d'avoir tous les privilèges qu'offre celui-ci par
rapport au milieu rural, il est évident que l'eau potable en est un.
L'urbanité de Pays-Bas pose beaucoup de questions en raison de
l'importance des puits que nous avons recensés et du nombre important
des ménages qui n'utilisent que l'eau du puits en milieu urbain.
En effet, il y'a des personnes au Pays-Bas qui n'utilisent que
l'eau de puits pour tous leurs usages en eau. Ils constituent 10,8 % des
individus composant notre échantillon. Qu'est-ce qui explique cette
situation ? Est-ce la gratuité du service des puits ou simple choix ?
Faire tous ses besoins avec l'eau de puits en ville ne saurait s'expliquer que
par le fait de contourner son poids financier.
Nous avons dénombré quatre vingt huit (88) puits
dans ce quartier, la répartition de ceux-ci montrent à quel point
jusqu'à présent certains habitants souffrent. C'est surtout au
sud qu'on rencontre beaucoup de puits comme le montre la carte n°5, cette
zone est éloignée des points d'eau moderne mais aussi de la zone
industrielle où certains peuvent souvent avoir de l'eau potable. De ce
côté, on rencontre un puits presque dans chaque maison et souvent
même dans des maisons situées face à face ou
alignées. La proximité de la nappe alluviale explique cet
état de fait. Avoir son propre puits est sans doute la raison qui
explique cette situation qui apparait comme une sorte de souveraineté
mais aussi avoir un accès illimité à l'eau. Quoiqu'il en
soit il est rare de voir qu'il y'ait plus de puits que de « forage »
ou de borne fontaine en milieu urbain où il est utilisé en
général pour faire face aux pénuries
récurrentes.
Les populations de ces quartiers constituant sans doute un
électorat ne peuvent bénéficier de certains
équipements que par « chantage » pour soutenir tel ou tel
bloc. Ce fut le cas lors des élections controversées de 2009
où les populations se sont vues offrir une borne fontaine par un homme
politique de la place « très généreux ». Ce
point d'eau a beaucoup soulagé les populations, ce qui montre à
quel point les techniciens ne sont pas les seuls acteurs de
l'aménagement du territoire au Niger.
41
Carte n°5 : Répartition des points d'eau
traditionnels
42
2.1.2.2 La dynamique des points d'eau traditionnels
Une véritable dynamique est entrain de s'opérer
au quartier Pays-Bas ces derniers mois. Il s'agit de la transformation des
puits en forage et en château ce qui va accroitre le nombre de points
d'eau moderne. Le premier puits transformé en forage appartient à
un particulier un habitant du quartier qui a eu l'initiative et l'a
concrétisé courant juin 2010. Le deuxième a
été l'oeuvre d'une ONG Arabe qui en plus du château a
construit des douches qui ne sont pas encore opérationnelles ce qui va
soulager ceux qui n'ont pas de latrines et de douches. Ces ouvrages sont
réalisés au cours du mois de septembre (2010).
L'enjeu de cette dynamique est qu'avec le temps beaucoup de
puits seront affectés par ces transformations qui seront un soulagement
surtout pour ceux qui sont dans la zone dépourvues de points d'eau
moderne. Cependant, cette situation risque de décourager les habitants
à chercher l'installation d'un réseau d'eau potable même si
avoir son robinet chez soi n'est pas facile même dans les quartiers
réguliers. Il faut user de tous les moyens, les souvent relations
personnelles, la corruption, pour obtenir l'autorisation d'installer un
robinet. Bien qu'il n'y ait pas de réseau, certains ménages
attendent encore depuis plusieurs années déjà, ils ont
rempli toutes les formalités requises pour l'installation du robinet.
L'accès à l'eau au quartier Pays-Bas est
caractérisé par une forte pluralité de sources
d'approvisionnement. Le critère de choix de ces dernières n'est
qu'une question d'opportunité du fait de la mauvaise répartition
des points d'eau potable concentrés dans une seule zone. Les points
d'eau traditionnels quant à eux, sont éparpillés sur tout
l'espace et plus accessible que les autres en terme de coût et de
distance. La dynamique de ces sources va sans doute alléger les
souffrances des ménages à travers la transformation des puits en
forage. Quelles ont été les conséquences de la
pluralité des sources d'approvisionnement en eau ?
43
2. 2 L'ACCES A L'EAU POTABLE AU QUARTIER
PAYS-BAS 2.2.1 L'accès à diverses sources
d'approvisionnement
C'est l'une des caractéristiques des quartiers
précaires de Niamey. Recourir à plusieurs voies pour satisfaire
les besoins quotidiens du ménage en eau permet à ceux-ci d'avoir
de l'eau potable pour la boisson et de faire les autres tâches
domestiques avec l'eau du puits. Ainsi, 25,8 % des ménages
s'approvisionnent auprès des vendeurs d'eau et des puits, 16,7 %
à la BF et aux puits, 14,2 % directement au forage et aux puits, 4,2 %
à la BF et aux puits et enfin 0,8 % au forage et auprès des
vendeurs d'eau. Ces chiffres montrent à quel point le combat pour la
satisfaction des ménages est loin d'être une chose facile dans ce
quartier. L'essentiel c'est d'avoir de l'eau pour satisfaire ses besoins peu
importe sa provenance. Cependant, il faut noter que la plupart des
ménages utilisent l'eau du puits rien que pour les tâches
domestiques notamment la lessive, la vaisselle, et le bain comme le montre le
tableau n°1.
Tableau n°1 : Usages de l'eau de
puits
|
|
|
|
49
|
|
|
44
|
|
Utilisation eau puits
|
Nb. cit.
47
|
Fréq.
|
|
3
|
|
Léssive
|
2
|
27,4%
|
Vaisselle
|
34
|
24,6%
|
Bain
|
179
|
26,3%
|
Arrosage
Abreuvage des animaux
Tous les usages de l'eau
TOTAL CIT.
Source : notre enquête
1,1%
19,0%
100%
Le tableau n°1 établi en fonction des citations,
montre que 27,4 % des ménages utilisent l'eau de puits pour la lessive,
24,6 % pour la vaisselle, 26,3 % pour leur bain quotidien ; 1,7 % pour
l'arrosage des arbres et des fleurs ; 1,1 % pour abreuver les animaux et enfin
19 % qui font tous leurs besoins en eau avec l'eau de puits. Ces
résultats reflètent l'ampleur de la pluralité des sources
d'approvisionnement en eau des ménages qui semble être une
règle des quartiers précaires de l'Afrique. A Bafoussam
(Cameroun), certains ménages pauvres s'approvisionnent auprès des
ouvrages alternatifs tels que les puits, la source ou soit directement dans les
cours d'eau. Beaucoup, d'ailleurs ont déclaré même qu'ils
ne s'alimentent jamais au
44
robinet. Avec des familles nombreuses, un ménage pauvre
ne peut couvrir des besoins en eau de tout le monde en achetant uniquement de
l'eau du réseau (MPAKAM H.G, 2007). Les habitants des quartiers
précaires développent les mêmes stratégies pour
faire face à leurs besoins en eau en général et celle
potable en particulier.
Au quartier Pays-Bas, les puits sont beaucoup utilisés
du fait certainement de la gratuité du service et leur
accessibilité ce qui n'est pas sans conséquence sur les
quantités d'eau potable consommées par personne et par jour.
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