1.2.2 Les fontainiers ou gérants de
châteaux
Habitants du quartier, ils sont choisis par les promoteurs
pour vendre et entretenir les points d'eau. Leur rémunération
varie entre 15 000 à 25 000 FCFA par mois en plus de certaines
indemnités comme pour le petit déjeuner ou le déjeuner. A
titre
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illustratif la gérante de Sotruni1
gagne 3 500 FCFA par mois sans compter les 500 FCFA qu'elle soustrait pour elle
ce qui lui donne un revenu de 18 500 FCFA/mois. Comparée à la
fontainière de Fati pompo, Fati2 gagne un salaire
net de 25 000 FCFA sans compter ses indemnités journalières petit
déjeuner qui s'élèvent à 150 FCFA/jour. Son revenu
s'élève donc à 29 500 FCFA/mois ce qui peut permettre de
satisfaire certains besoins personnels sans faire recours à un parent.
Cette différence de traitement s'explique par l'importance du chiffre
d'affaire de la BF car à Sotruni on vend entre 3 500 à
20 000 FCFA/jour en fonction des saisons alors qu'à Fati pompo
la vente tourne autour de 9 000 à 10 000 FCFA /jour.
Pour les gérants des forages, la
rémunération ne dépasse guère 15 000 FCFA
nonobstant l'importance de la vente. Certains gérants ont une
rémunération forfaitaire c'est le cas du forage yorouba et de la
BF Tazartché3. Ces revenus comparés avec le
salaire minimum interprofessionnel de croissance du Niger (SMIC) qui est de 28
000 FCFA montre que seule Fati est payée conformément aux textes
en vigueur. Les autres se contentent du peu même si le travail est
étalé sur toute la semaine du matin jusqu'au soir.
1.2.3 Les vendeurs d'eau (VE) ou Garoua en haoussa
En général saisonniers, ils viennent du Burkina
Faso, du Mali et quelques régions du Niger. Ils utilisent des bidons de
20 à 25 L déposés dans des charrettes pour transporter
l'eau du point d'eau aux ménages. Ils payent les 12 bidons de 20 L
constituant une charrette, entre 75 à 100 FCFA pour les revendre
à 350 FCFA en temps normal. En cas de pénurie ou si le client est
pressé d'avoir de l'eau le VE augmente sur le prix car certains ont des
abonnés qui attendent le service quotidien. C'est ce qui explique que le
coût grimpe jusqu'à atteindre un seuil inimaginable dans ce
quartier pour ceux qui ne sont pas leurs clients habituels. Leurs
problèmes avec les abonnés demeurent le non payement des dettes
qu'ils ne peuvent cautionner à cause de la durée du
séjour.
La nomenclature des acteurs intervenant dans le secteur de
l'eau et de l'assainissement au Niger donne l'impression d'un secteur
épanoui. Cependant, le rôle et les attributions ne sont que farces
du fait du constat amer qui se dégage sur le terrain.
1 Ce nom est donné à cette BF parce
qu'elle est située derrière la Société des
Transports Urbains de Niamey SOTRUNI
2 C'est Fati le nom de la gérante que les
usagers ont donné à la BF, en Zarma c'est la BF de Fati
3 Le mot signifie continuité en Haoussa, son
installation a coïncidé avec la tentative de prolongation du mandat
constitutionnel de Mamadou Tandja après le 22 décembre 2009,
certains pensent qu'elle est installée pour faire adhérer les
habitants du quartier au projet.
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D'abord du côté des acteurs institutionnels, le
ministère de l'eau, de l'environnement et de la lutte contre la
désertification ne dispose pas des moyens conséquents pour faire
face à sa mission.
Il y'a une insuffisance des moyens humains : au
31décembre 2009 (Ministère de l'Hydraulique, 2010) l'effectif des
agents du ministère se chiffre à 264 actifs, si on ajoute les
agents en disponibilité, en position de stage,... ce chiffre
s'élève à 424 pour l'ensemble du pays. A ceux-là il
faut ajouter aussi les appelés du service civique national au nombre de
172 à la même date. L'écart est grand entre
l'immensité du territoire national (1 267 000 Kilomètre
carré), les besoins du fait de la croissance démographique (3,3%)
plus rapide que les infrastructures surtout en milieu rural. Ceci s'aggrave
encore avec le système de fonctionnement des services publics
caractérisés par l'absentéisme et l'improductivité
de certains agents. Les appelés du service civique quant à eux,
passent le temps à circuler à cause du cynisme de certains chefs
de service qui ne les utilisent pas. Tout ceci se répercute sur les
finances du ministère.
Sur le plan financier, nous ne pouvons affirmer si les
crédits alloués sont insuffisants ou pas, mais sachant le
caractère budgétivore des services publics nous ne pouvons que
raisonner dans ce sens. A titre illustratif, les crédits votés
pour les dépenses de fonctionnement s'élèvent à 367
050 760 FCFA, crédits libérés 326 890 466 FCFA,
crédits bloqués 40 160 294 FCFA ce qui donne un taux
d'exécution de 98%.
Le matériel roulant, malgré l'immensité
de la tâche n'est composé que de 86 véhicules et 73 motos
mal entretenus à cause de l'insuffisance des crédits
alloués pour leur entretien.
Comment assurer sa mission dans ces conditions marquées
par des insuffisances? Tout dysfonctionnement va se ressentir sur les
institutions dont il a la tutelle dont la SPEN par excellence.
La SPEN bien qu'étant autonome en principe dans sa
gestion, souffre de la mauvaise gestion au niveau supérieur car elle est
sous le joug du ministère.
Pour les PTF, ONG et Associations, souvent leur action ne
cadre pas avec les besoins réels des populations et certaines
réalisations ne sont pas soumises à des études
préalables ce qui ne peut que rendre invisible leur action sur le
terrain. Certaines de leurs réalisations sont le fruit des relations
personnelles entre les populations et les responsables de ces structures. C'est
le cas du château appelé Izala, installé
grâce aux relations d'un habitant du quartier avec l'ONG la vie en
mieux.
Les acteurs locaux eux, ont beaucoup soulagé les
populations avec de plus en plus l'augmentation des points d'eau potable et
leur intervention dans la lutte contre la pauvreté couplée
à l'assainissement. Seulement l'offre du service conditionnée par
le bénéfice comme celle des VE rend encore plus difficile
l'accès aux services à ceux qui n'ont pas les moyens
financiers.
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La carence de la gouvernance qui gangrène les services
publics se ressent sur les structures dont ils ont en charge. Dans le secteur
de l'eau et de l'assainissement ce problème se répercute sur les
conditions d'accès à ces services par les populations surtout les
plus démunies.
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