2.4. LA PROBLEMATIQUE VIANDE DE BROUSSE AU CONGO
La viande de brousse a été une source primaire
de protéines pour les populations vivant en milieu rural depuis plus de
40.000 ans. Hélas, la chasse commerciale pour l'approvisionnement des
centres urbains n'est plus supportable pour plusieurs espèces animales
et plus spécialement les grands singes. Des espèces plus communes
telles que les céphalophes bleus, le pangolin géant et d'autres
petits mammifères souffrent d'un dramatique déclin. En plus de la
déforestation, la chasse commerciale est devenue la menace la plus
directe pour l'avenir de la faune sauvage. Il est estimé qu'entre 01 et
5 millions de tonnes de viande de brousse sont extraites annuellement des
forêts d'Afrique Centrale. La croissance explosive du commerce de la
viande de brousse est principalement due à/au :
- développement de l'industrie forestière qui en
ouvrant des voies d'accès à l'intérieur des forets
facilite la pénétration de plus en plus loin des chasseurs ;
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- cadre institutionnel et juridique parfois inadapté et
aux insuffisances dans l'application de la législation;
- la faible gouvernance environnementale ;
- l'urbanisation croissante ;
- la précarité des conditions de vie et la
pauvreté en milieu rural ;
- la prolifération des armes à feu (de chasse et
de guerre), aggravée depuis la fin des années 90 par les nombreux
conflits armés qui sévissent dans la sous-région ;
- l'implication de certaines autorités administratives
et militaires dans le trafic des produits de la faune (viande et
trophées), et l'entretien des groupes de braconniers (apport des
équipements et des moyens de transport) ;
- l'insuffisance des moyens humain et matériel au
niveau de l'administration. Le personnel essentiellement constitué
d'agents publics a vu ses effectifs passés de 740 (1985) à 319
agents des eaux et forêts (2003) pour causes de départ à la
retraite, au non recrutement de personnel à la Fonction Publique depuis
1986 ; Ces principales causes dont la liste est loin d'être exhaustive,
sont à l'origine d'une présence excessive, de la viande de
brousse dans tous les marchés des grands centres urbains du pays. Les
espèces les plus braconnées et commercialisées sont celles
appartenant aux groupes des céphalophes et des singes. La perte de la
faune sauvage n'entraîne pas seulement la perte de la biodiversité
et ses corollaires signifient également une perte de ressources pour les
populations rurales qui en dépendent depuis des siècles. Le Congo
ne fait pas exception à la crise généralisée de la
viande de brousse en Afrique Centrale. La législation nationale
n'autorise pas le commerce de la viande de brousse mais se retrouve «
brisée » par une forte pression des braconniers qui, de nos jours,
sont de plus en plus nombreux, mieux équipés et organisés
que les agents de surveillance qui sont en nombre très insuffisant et
dépourvus de tout moyen d'intervention. Au regard de ce qui
précède, de nombreuses actions ont été entreprises
pour la gestion durable de la biodiversité en général et
de la faune en particulier. Mais le croît démographique et le
marasme économique avec leurs corollaires, la pauvreté et la
misère annihilent sans cesse les efforts de conservation entrepris et,
des nouvelles dispositions doivent être prises pour tenter
d'atténuer les fléaux sous-jacents et les pressions de toutes
sortes que subit la faune sauvage.
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