Paragraphe 2 : Revue de littérature et
hypothèses de recherche
A- La Revue de littérature
Dans cette partie, nous allons présenter les apports de
certains auteurs en termes d'outils d'analyse en relation avec l'étude
que nous menons. Elle consiste dans toute recherche, à présenter
la clarification de certains concepts et le point des connaissances sur les
problèmes en résolution.
1- Clarification conceptuelle
Dans le cadre de ce travail de recherche, il nous paraît
nécessaire de clarifier certains concepts clés afin de faciliter
leur compréhension et le sens qu'on pourrait leur accorder dans le
contexte actuel où le Bénin est engagé dans un processus
de décentralisation. Ceci pour faire participer plus activement les
populations à la base aux affaires de leurs localités.
? Décentralisation : Au terme de sa
recherche sur la décentralisation et le développement local,
Patrick FAURE (2003) définit la décentralisation
comme : « un système de partage de pouvoir entre l'Etat et ses
démembrements, régions, départements et les communes
». C'est également la reconnaissance d'un certain degré de
responsabilité sur la gestion des affaires aux échelons autres
que l'échelle centrale. Au niveau d'un pays, il ajoute qu'elle
correspond à la reconnaissance aux collectivités territoriales
d'un certain niveau de responsabilité et en particulier les communes sur
la gestion de leurs affaires.
? Autonomie financière : Situation
d'une collectivité locale ou d'un organisme disposant d'un pouvoir
propre de gestion de ses recettes et de ses dépenses, regroupées
en un budget ou dans un document équivalent.
? Collectivités locales : Elles
désignent des entités de droit public correspondant à des
groupements humains géographiquement localisés sur une portion
déterminée du territoire national, auxquels l'Etat a
conféré la personnalité juridique et le pourvoir de
s'administrer par des autorités élus.
? Commune : La plus petite division
administrative dirigée par un Maire et son
Conseil Communal ou Municipal.
? Coopération décentralisée:
Coopération que les collectivités territoriales peuvent
engager avec des collectivités territoriales étrangères
dans la limite de leurs compétences.
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développement des Communes Béninoises : cas de la commune de
Klouékanmè.
· Personnalité juridique :
Personne juridique titulaire de droits et d'obligations qui, de ce
fait a un rôle dans l'activité juridique et qui peut rester en
justice.
· Recettes fiscales: Recettes
émises sur rôle recouvrées par la Recette des
Impôts. En d'autres termes, ce sont des ressources
issues du recouvrement des impôts directs, des impôts indirects, de
toutes taxes locales prévues au code général des
impôts et des ristournes comprenant la part revenant à la
Commune.
· Recettes non fiscales : Recettes non
émises sur le rôle qui sont perçues par la Recette
Perception. Il s'agit des ressources des prestations et des services de la
Commune et des produits du patrimoine.
· Recouvrement: Opération qui
consiste à faire passer de l'argent de la trésorerie du
contribuable dans les caisses de la collectivité locale ou de l'Etat
· Rôle : Liste des contribuables
indiquant pour chacun d'eux la base d'imposition et le montant de
l'impôt.
· Système d'information foncière
communale : C'est un système qui permet d'avoir une vue globale
sur les matières imposables et d'aboutir à la mise en oeuvre des
données foncières.
· Taxe de développement local :
Taxe que l'on peut prélever sur les produits agricoles,
industriels etc. en tenant compte des filières potentiellement porteuses
d'une commune.
· Développement local : Le
développement local est un processus concerté et planifié
d'enrichissement économique, social et culturel d'une localité
donnée. Il vise donc d'une part, la satisfaction des besoins
fondamentaux des habitants de ladite localité et d'autre part, la mise
en place d'un environnement de plus en plus propice à
l'épanouissement des habitants et à leur descendance.
· Impôt : L'impôt est un
prélèvement pécuniaire effectué par voie
d'autorité, à caractère obligatoire, à titre
définitif et sans contrepartie pour assurer la couverture des
dépenses d'un organisme public.
· Assiette fiscale : déterminer
l'assiette fiscale revient non seulement à apprécier la
matière imposable mais également à fixer les règles
d'évaluation (réelle, forfaitaire et indiciaire)
· Plan : Le plan est un document qui
comporte un diagnostic, des objectifs et des priorités, des
stratégies et une organisation des actions, ainsi que des moyens
à mettre en
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développement des Communes Béninoises : cas de la commune de
Klouékanmè.
oeuvre pour atteindre ces objectifs. Il éclaire les
choix et oriente les interventions des différents acteurs.
· Plan Communal de Développement :
Le Plan Communal de Développement est un document qui retrace
l'ensemble des projets et programmes de développement à
exécuter au sein d'une commune. Il précise le but, les
stratégies et les résultats à atteindre dans un temps
donné ainsi que les moyens nécessaires pour leur
réalisation.
· Recettes budgétaires : Les
recettes budgétaires sont l'ensemble des recettes fiscales, des recettes
non fiscales et des autres recettes.
· Opération Marbre : C'est une
stratégie mise en place par le conseil communal de
Klouékanmè dans le souci de limiter la fuite des capitaux et le
détournement des fonds/recettes de marché par les agents
collecteurs.
· Pistes de dessertes rurales : C'est
l'ensemble des ruelles qui débouchent sur des localités.
· Taxe : La taxe est une prestation
pécuniaire rémunérant un service précis et
déterminé et qui est payée par le contribuable
bénéficiaire d'un avantage spécifique de la part de la
commune.
· Arrondissement : c'est la subdivision
administrative d'une commune.
· Budget : c'est l'acte par lequel sont
prévues et autorisées pour une année l'ensemble des
recettes ainsi que l'ensemble des dépenses.
· Programme : c'est un ensemble de
projets liés cohérents et coordonnés contribuant à
la réalisation d'un même but.
· Projet : c'est un ensemble
d'opérations non répétitives agencées pour la
réalisation d'un bien ou d'un service spécifique et mesurable sur
la période déterminée.
· Registre Foncier Urbain (RFU) : Le
RFU est un outil de conception, d'organisation et de gestion de la ville. Il
trouve son utilité dans la nécessité d'accroître les
ressources locales pour le financement du développement des
collectivités locales. Instauré par l'ordonnance n° 94-001
du 16 septembre 1994 portant loi des finances pour la gestion de 1994, il donne
naissance à la TFU et à la TPU.
· Impôt locaux : Ce sont des
impôts perçus au profit des collectivités locales. Dans les
communes dotées du RFU, ces impôts sont : la TFU, la TPU /BL, la
patente et la licence ; Par ailleurs dans les communes non dotées du
RFU, il y a la contribution au foncier bâti la contribution au foncier
non bâti, la patente et la licence.
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développement des Communes Béninoises : cas de la commune de
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? Subvention : Encore connu sous le vocable
subside, elle est une aide pécuniaire versée par l'Etat ou par
une institution publique ou privée à une collectivité ou
à une personne pour favoriser une oeuvre d'intérêt
général. Dans ce cas d'espèce, c'est l'ensemble des
ressources que l'Etat octroie aux différentes communes afin de les
encourager dans l'exécution de leur PCD.
? Partenaires Techniques et Financiers : ce
sont des associations, des ONG, des groupements, national ou international qui
viennent appuyer les communes dans l'exécution de leur PCD.
? Emprunt : Opérations de prêts
avec engagement de rendre ou de rembourser selon les modalités
prévues.
2-Points des connaissances
Les problèmes liés au financement du
développement local sont nombreux. C'est ainsi que J.P.
Prud'homme en 1996 (Cité par CODJO TOVIGNON Basilia Chantal en
2009) disait : « il n'y aurait pas de développement local sans une
volonté populaire et une démarche collective sur et pour un
espace. Cette volonté consciente ou latente correspond à la
capacité de l'ensemble des habitants, quels que soient leur position et
leur degré de responsabilité à élaborer et à
mettre en oeuvre un projet collectif en rapport direct avec leurs aspirations,
leurs besoins et les ressources locales ».
Pour le Professeur WALINE (cité par
YOBODO K. Hyppolite en Janvier 2009) « la décentralisation est le
transfert de pouvoir de décision à des autorités librement
élues par les intéressés eux-mêmes à qui on a
reconnu des intérêts distincts et la compétence de
gérer par leurs élus ces intérêts ». Ce pouvoir
de décision doit être accompagné des ressources
nécessaires afin de permettre aux élus locaux de mettre en oeuvre
leurs projets et programmes de développement.
D'une manière générale l'installation
des conseillers communaux et municipaux, l'élection des maires, des
adjoints au maire et des chefs d'arrondissement et les cérémonies
de passation de pouvoir devraient consacrer le transfert effectif de la gestion
des affaires publiques par l'Etat à des autorités locales
démocratiquement élues. Mais face à ce problème de
la non mise en place des ressources relatives au transfert de
compétences par l'Etat aux communes, le directeur de la Maison des
collectivités locales par l'espace INFO
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Communales succès, problèmes
n°24 de Janvier 2004 a
déclaré ce qui suit : « la revendication des communes pour
le transfert des compétences a une base juridique ».
De même François YATTA
(cité par AKAKPO A. Rosine en Février 2009) dans
Décentralisation financière en Afrique : et contraintes, PDM page
4, affirme : « la crise financière que connaissent les Etats
africains ne leur permet pas de transférer aux collectivités
locales les ressources financières qu'ils ont du mal à mobiliser
du fait du niveau général de la pauvreté des populations
».
Zerbo (cité par ASSOGBA, T. en 2007).
Dynamiques et contraintes du financement des collectivités locales dans
le contexte actuel de la décentralisation: cas de la commune d'Abomey,
p.25), souligne que pour le financement du processus du développement
local, la recherche des ressources propres au niveau local s'impose aux
communes. Elles doivent mobiliser les ressources nécessaires à la
conduite du développement urbain sur les activités
économiques locales.
G. CHAMBAS (2005), dans son étude
réalisée sur le thème : « Afrique au Sud du Sahara :
mobiliser des ressources fiscales pour le développement », conclut
que l'administration de l'impôt requiert un civisme fiscal croissant.
Pour lui la promotion du civisme fiscal doit désormais constituer un
objectif crucial. A cet effet, il propose la transparence et
l'accessibilité des règles et procédures fiscales,
l'application effective des sanctions crédibles aux fraudeurs et
défaillants, seules garanties d'un Etat de droit et constituant les
conditions de la promotion du civisme fiscal.
En abordant le problème relatif au faible niveau de
recouvrement des ressources propres, Jean TOBOULA (cité
par YOBODO K. Hyppolite en Janvier 2009) dans « La mobilisation des
ressources locales pour le financement des futures communes : cas de la commune
d'Abomey- Calavi » a affirmé que « les finances locales,
garantes de l'autonomie financière des collectivités locales
apparaissent ainsi comme la condition sine qua non de réussite de la
décentralisation.» Il s'en suit que l'autonomie financière
n'est réelle que lorsque la commune arrive à mobiliser les
ressources nécessaires pour couvrir ses charges.
Dans Accès des collectivités locales
à l'emprunt et au marché financier, Pierre AUBRY
(cité par YOBODO K. Hyppolite en Janvier 2009) voit que le
recours à l'emprunt constitue tout à la fois, pour les
collectivités locales un risque majeur et la seule opportunité de
financement de l'urbanisation. Le financement de l'urbanisation par
l'endettement est normal dans la mesure où on doit anticiper des
recettes futures. Ces dernières sont celles de la
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fiscalité locale d'une part et celles des
contributions directes des bénéficiaires et des usagers des
services locaux. L'anticipation repose sur les prévisions de croissance
extensive (croissance démographique, hausse des revenus) ou intensive
(efficacité des services communaux notamment fiscaux,
productivité des entreprises et services). Poursuivant ses
démonstrations, Pierre AUBRY estime ainsi que l'emprunt
municipal est un élément essentiel de la stratégie
financière et fiscale des responsables du développement local
africain. Selon lui, l'emprunt :
-Est un apport en capital et non un revenu. Son remboursement
doit faire l'objet d'un poste budgétaire du budget municipal ou communal
(service de la dette ;
-Doit être canalisé vers les investissements et
non les dépenses d'opérations comme l'entretien et le paiement du
personnel ;
-Son remboursement doit être associé à un
champ spécifique du revenu municipal.
Raogo Antoine SOWADOGO (cité par
AKAKPO A. Rosine en Février 2009) dans la Revue Africaine des Finances
Locales n°3 affirme que : « dans un système
décentralisé, il est connu que l'impôt est la source la
plus importante des recettes publiques ; il détermine le volume des
ressources propres que les municipalités peuvent utiliser sans le
recours à des transferts monétaires et indique la notation du
niveau d'indépendance financière ». A la question de savoir
comment atteindre une souveraineté locale, il répond : « si
les affaires sont socialement acceptées correspondant aux aspirations
fondamentales des populations et légitimées collectivement, on
devrait assister logiquement à l'encaissement d'une fiscalité qui
ne sera plus une imposition de l'extérieur, mais une pratique
intégrée dans les consciences collectives ».
Pour Solange GBAGUIDI AGBOGNIHOUE, Expert en
finances locales au PRODECOM,( cité par BALLO Zola Michel et ZANNOU
Romaric en 2009) le RFU est une réponse au problème de
mobilisation des ressources locales en ce sens que, par l'amélioration
de la connaissance du patrimoine foncier, ce système permet aux villes
qui en sont dotées de maîtriser leur gisement fiscal relatif au
domaine foncier.
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Elle déclare : « c'est un Système
d'Information Foncière (SIF) à but multiple, qui permet
d'associer les propriétés foncières aux
propriétaires de terrains concernés »2. Mais le
succès de cet outil de gestion ne doit pas occulter les freins
liés à son évolution et les conditions de sa mise en
oeuvre.
L'auteur Ch. GELU (cité par BALLO
Zola Michel et ZANNOU Romaric en 2009), dans son exposé sur le
Financement du Développement Municipal et Fiscalité locale,
affirme que la maîtrise de la fiscalité locale par les
collectivités bénéficières résultera de la
renaissance d'un droit d'accès et de participation aux travaux de
détermination des bases d'imposition. Selon lui, les
collectivités doivent y contribuer de façon active. GELU
va plus loin et ajoute que les impôts locaux et leur niveau
doivent être mis en oeuvre pour équilibrer le budget des
collectivités locales et que les impôts à recouvrer au
cours d'une année doivent l'être pour couvrir les dépenses
qui incombent aux collectivités. Pour le même auteur, la
renaissance de la fiscalité locale est un impératif de la
décentralisation qui doit être assortie de moyens de
fonctionnement. Il pense que la maîtrise de la fiscalité exige que
les collectivités locales compétentes puissent doter les services
chargés du suivi de l'évolution du tissu fiscal de moyens humains
et matériels.
Dans son ouvrage « les finances locales »,
(cité par BALLO Zola Michel et ZANNOU Romaric en 2009) Michel
BOUVIER a fait ressortir un certain nombre de problèmes parmi
lesquels on peut citer un système fiscal inadapté à
l'industrialisation de la société. Il pense que les impôts
étaient non rentables et injustes et propose la reforme de la
fiscalité locale.
La consultation de l'URL a révélé que la
fiscalité locale dans les pays en voie de développement est
négligée.
Notre étude de recherche portant sur le thème
« Problématique de financement des plans communaux de
développement des communes béninoises: cas de la commune de
Klouékanmè » est l'un des sujets très peu
exploré en matière de travaux de Mémoires.
Néanmoins, nous avons pu trouver quelques uns qui se sont donc
intéressés à la question de la planification locale avec
les esquisses de réflexion sur le financement du PCD. Il s'agit entre
autres de :
2 Journal La Nation n°3949 du vendredi 10 mars
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Problématique de financement des plans communaux de
développement des Communes Béninoises : cas de la commune de
Klouékanmè.
V' « Contribution à la gestion efficace des
ressources financières des communes au Bénin : cas de la commune
d'Abomey » soutenu par Flore Mahoukpé SAKPE en 2006.
V' « Contribution à l'amélioration de la
capacité financière pour la réalisation
effective du PDC de Ouidah » soutenu par Rose A. AKAKPO
en Février 2009. V' « Contribution à l'amélioration
du financement du PDC : cas de la commune
d'Aplahoué » soutenu par Hyppolite K. YOBODO en
Janvier 2009.
V' « Problématique de financement du PDC : cas de
la commune de Sèmè-Podji » soutenu par Grace de Laudes Y.
ADANMINAKOU en décembre 2006.
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