2.3. Formes de l'érosion hydrique
Les phénomènes d'érosion du sol
s'extériorisent sous deux formes essentielles selon que l'attaque se
fait en surface ou sur une épaisseur donnée (Latrille, 1979).
2.3.1. Attaque du sol en surface
L'attaque du sol en surface se manifeste par deux processus
successifs : la mobilisation des particules de terre fine par l'effet
splash et leur transport par le ruissellement
(Pouquet, 1967).
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2.3.1.1. L'effet splash
L'effet splash est le processus
élémentaire de l'érosion pluviale par lequel les
particules de terre sont mobilisées. Par l'énergie
cinétique d'une goutte de pluie, des particules fines jaillissent et
sont projetées jusqu'à 0,60 m verticalement et 1,50 m
horizontalement (Latrille, 1979) tandis que les particules grossières,
d'un diamètre allant jusqu'à 2 cm, peuvent glisser et subir un
mouvement de reptation (Moeyersons, 1975). L'inclinaison de la pente et
l'obliquité de la pluie ainsi que la direction du vent permettent la
dérive d'un nuage de particules en saltation par-dessus les collines
(Moeyersons, 1989).
Les conséquences du splash sont, outre la
mobilisation des particules, la formation, sur pente faible, d'une mince
croûte de terre fine qui durcit au soleil (battance) et la disparition
des aspérités des mottes du sol qui prennent un aspect
émoussé (Latrille, 1979).
2.3.1.2. Erosion par ruissellement
L'effet splash est le premier processus de
l'érosion pluvial. Pendant une pluie, l'infiltration d'eau diminue de
sorte qu'elle descend en dessous de l'apport en eau. C'est ce défaut de
perméabilité résultant de la saturation de la
porosité qui amène les eaux de pluie excédentaires
à ruisseler vers l'aval dès que la pente est suffisante
(Latrille, 1979 ; Moeyersons, 1989). C'est le ruissellement, deuxième
processus de l'érosion pluviale qui a pour propriété
d'évacuer les particules fines mobilisées par l'effet splash
et de posséder dans certaines conditions un effet érosif.
1° Erosion en nappe ou diffuse
L'érosion en nappe se produit sur des faibles
déclivités et lorsque la pente est régulière et
prélève à la surface les particules fines (argiles, sables
fins) détachées par l'impact des gouttes de pluie (Mutiviti,
2004). Cette forme n'a pas de force de creuser. L'énergie qui provoque
le ruissellement est celle de la pesanteur.
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Le haut des versants s'érode plus vite que le bas.
L'érosion diffuse est une forme d'érosion souvent pernicieuse,
imperceptible, peu spectaculaire. Son effet principal est le décapage du
sol (Latrille, 1979). Sur les pentes faibles ou modérées, seules
les particules fines du sol sont entraînées alors que sur des
pentes raides, l'ensemble des fractions texturales peut être
indistinctement entraîné (Hennebert, 1992).
L'érosion en nappe est visible dans les parcelles de
cultures, mais en suivant la pente. L'érosion commence à
s'organiser en petits filets d'eau qui se rassemblent dans les parties les plus
basses. On obtient un ruissellement organisé ou concentré
(Ruelle, 1990).
20 Erosion en rigole
Lorsque la morphologie du terrain présente des
irrégularités et des obstacles à l'écoulement, le
ruissellement diffus se concentre et acquiert, par augmentation de sa vitesse,
un pouvoir accru. Il provoque des incisions linéaires dans le sol dont
les dimensions dépendent des caractéristiques du ruissellement
(Mutiviti, 2004). L'action des forces de frottement de l'eau agit sur les
particules avec une force verticale qui peut arracher celles-ci et les mettre
en mouvement dans le courant (Latrille, 1979).
Généralement, l'érosion en rigole se
produit de paire avec l'érosion en nappe. Le ruissellement se concentre
et creuse le sol mais sans que ce ne soit déjà un obstacle
à l'agriculture. En général, la rigole ne s'approfondit
pas au-delà de l'horizon A, car l'horizon B est souvent plus compact
(Hennebert, 1992). L'incision est de l'ordre de 20 cm, le profil étant
en V quelque fois en U. Elle peut être supprimée par le travail du
sol (Latrille, 1979).
30 Erosion en ravine
L'érosion par ravinement est la phase suivante de
l'érosion en rigole. Elle est causée par la concentration du
ruissellement dans les dépressions d'une grande surface (Hennebert,
1992). Le ravinement est donc
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consécutif à la concentration des eaux
atteignant des vitesses érosives et pouvant avoir une cause naturelle ou
anthropique (Mutiviti, 2004).
Lorsque le débit et la vitesse de l'eau de
ruissellement deviennent suffisants, elle arrache peu à peu tous les
matériaux du sol et creuse une ravine qui s'agrandit. Par ce processus
continu, les ravines rongent le terrain jusqu'au sommet de la pente,
s'accroissant non seulement en longueur et en profondeur mais également
en largeur (Hennebert, 1992).
L'érosion en ravine est une forme d'érosion
régressive, érosion concentrée qui démarre de
l'aval à partir d'un point de rupture de la topographie mettant à
nu un horizon de sol sous-jacent plus fragile que la surface (Duchaufour,
1997). Certains ravins se forment trop rapidement, d'autres progressivement
à partir des rigoles. Le profil est en général en V dans
les matériaux résistants et évolue en U dans les
matériaux meubles. La puissance érosive est fonction notamment de
la surface et de l'aptitude au ruissellement des bassins versants (Latrille,
1979).
4° Erosion des berges
L'érosion des berges résulte de l'accroissement
des débits des rivières où un équilibre entre la
section et le débit s'était installé. Avec la hausse des
débits, suite à l'augmentation du coefficient de ruissellement du
bassin versant, un déséquilibre est crée. La vitesse de
l'eau augmente et le cours d'eau va augmenter sa section par érosion. Il
peut en résulter des pertes en terres sur les berges (Hennebert,
1992).
Les berges constituées de matériaux
limono-sableux et sableux, dont les pentes sont abruptes, sont
particulièrement sensibles à l'activité fluviale. Les
phénomènes et les formes d'érosion les plus
fréquemment observés dans la portion avale des rivières
sont les glissements et les éboulements. Ces mouvements de masse
entraînent le long des pentes une pente importance de matériaux
qui sont directement livrés aux cours d'eau (Saint-Laurent &
Guimont, 1999). En cas de vallée encaissée avec pentes
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fortes en équilibre, cet élargissement des
berges va déstabiliser les pentes et donc démarrer une
érosion régressive (remontante) de type de ravine,
éventuellement sur une grande largeur du bas des pentes vers les sommets
(Hennebert, 1992).
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