I.1.4. Les politiques de lutte contre l'inflation
La diversité des origines du processus inflationniste
conduit les pouvoirs publics à mettre en place de multiples instruments
pour lutter tant contre les causes que contre les effets de l'inflation.
40
Deux grands types de politiques sont principalement
utilisés : des politiques de régulation conjoncturelle et des
politiques de régulation structurelle de l'évolution des prix.
I.1.4.1. Les moyens d'une régulation
conjoncturelle de l'inflation
Dans une économie de marché, les moyens de
régulation conjoncturelle se situent à la fois au niveau
macroéconomique et au niveau microéconomique. Pour lutter contre
l'inflation, les pouvoirs publics peuvent en effet agir par le contrôle
tant du budget et de la monnaie que par celui des prix et des revenus.
I.1.4.1.1. Les instruments de régulation du budget
et de la monnaie
Afin de réduire un écart inflationniste
conjoncturel, les pouvoirs publics peuvent contracter la demande globale en
utilisant les instruments macroéconomiques que sont les politiques
budgétaire et monétaire.
a) La politique budgétaire et lutte contre
l'inflation
La politique budgétaire de lutte contre l'inflation
s'appuie sur la recherche de l'équilibre des finances publiques et de la
réduction du déficit budgétaire d'une part et sur la mise
en place d'un financement non monétaire du déficit
budgétaire d'autre part. En effet, l'équilibre peut être
atteint par une réduction des dépenses de l'Etat et par une
augmentation des recettes publiques. La réduction du déficit
budgétaire provoque une baisse du niveau du revenu global et contribue
par là même à atténuer les tensions inflationnistes.
Une telle situation est favorable à l'équilibre des finances
publiques et à la réduction du déficit
budgétaire.
41
De plus, en empruntant les moyens de financement disponibles
pour le reste de l'économie et notamment pour l'investissement, le
financement du déficit par l'épargne pousse les taux
d'intérêt à la hausse ; le ralentissement de
l'activité qui s'en suit exerce une action déflationniste.
Dans un double souci d'économies budgétaires et
de recherche d'une plus grande efficacité économique, l'Etat peut
se désengager peu à peu de certains domaines d'activité.
Ces mouvements de privatisation et de déréglementation qui
constituent un processus global de dérégulation participent de la
sorte à une politique de lutte contre l'inflation.
b) La politique monétaire et lutte contre
l'inflation
La politique monétaire joue un rôle croissant
dans la lutte contre l'inflation : l'idée maîtresse, largement
inspirée du courant monétariste est que le contrôle de la
quantité de monnaie doit permettre de maîtriser l'évolution
du niveau général des prix. A cette fin, les pouvoirs publics
peuvent recourir à deux instruments essentiels à savoir la
politique de réduction du taux de liquidité de l'économie
et la politique du maintien de la valeur externe de la monnaie. Ces politiques
économiques conduisent donc à une réduction des tensions
inflationnistes. La recherche d'un réglage de la demande par une
combinaison des politiques budgétaire et monétaire s'appuie sur
le fait que, d'une manière générale, la politique
monétaire a une action rapide mais indirecte, alors que la politique
budgétaire agit de manière plus directe mais avec des
délais qui peuvent être importants. Ce constat conduit à la
conception d'une politique conjoncturelle, dénommée politique
mixte, associant une stratégie budgétaire et des tactiques
monétaires.
42
I.1.4.1.2. Les instruments de régulation des prix
et des revenus
A côté des instruments classiques de
régulation macroéconomique, ont souvent été mis en
place des moyens d'intervention plus microéconomiques pour lutter contre
l'inflation : le contrôle des prix et la politique des revenus.
a) Le contrôle des prix
C'est une politique qui s'attaque aux effets de l'inflation
(la hausse des prix) plus qu'à ces causes profondes ; elle consiste,
selon les circonstances, soit à bloquer artificiellement les prix ; soit
à administrer leurs évolutions. Les diverses mesures de
contrôle des prix des biens et services du secteur concurrentiel se sont
souvent accompagnées de mesure de freinage de la progression des tarifs
publics, qui ont par ailleurs longtemps dégradé la situation
financière des entreprises publiques. Cependant, l'efficacité de
la réglementation des prix apparaît doublement contestable :
- Tout d'abord parce que le blocage, s'il brise
momentanément l'inflation, ne permet pas de la juguler durablement ;
- Ensuite parce que toute administration des prix est peu
rationnelle dans une économie de marché ou la liberté de
fixation des prix est érigée en principe.
b) La politique des revenus
L'expérience montre qu'il ne peut y avoir de
véritable contrôle des prix sans contrôle des salaires ;
composante essentielle des coûts de revient des entreprises, les salaires
ont été ainsi, à des fins de lutte contre l'inflation et
de réalisation de certains objectifs sociaux, l'objet de
réglementations variées dans le cadre de la «politique des
revenus».
43
Etant donné que les principaux objectifs de la
politique des revenus sont la fixation, pour une période donnée,
des normes non inflationnistes de progression des revenus nominaux et
l'assurance d'une meilleure répartition de la richesse
créée, les gouvernements sont alors amenés à
adapter ces objectifs dans la lutte contre l'inflation. D'une part, ils
exercent un contrôle des variations des salaires en fonction de
l'évolution de multiples variables économiques : taux de
croissance, productivité du travail au niveau naturel et par branche de
production. D'autre part, dans un souci de répartition non
inflationniste des fruits de la croissance, les pouvoirs publics peuvent par
exemple procéder à une redistribution des revenus ou de la
fortune par le biais de la politique fiscale et des transferts.
|