UNIVERSITE DU BURUNDI
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
ADMINISTRATIVES
Par
BAKANIBONA Jean-Marie Vianney
&
NDAYISENGA Elie
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du grade de Licencié en Sciences
Economiques et Administratives.
Composition du jury :
Président : Dr. Gilbert NIYONGABO
Directeur : Dr. Cyriaque NZIRORERA Membre :
Richard NDEREYAHAGA
Option : Economie Politique
Bujumbura, août 2010
LE PROCESSUS INFLATIONNISTE FACE AUX DEFIS DE LA
CROISSANCE ECONOMIQUE AU BURUNDI : UNE VERIFICATION EMPIRIQUE A L'AIDE DU
MODELE A CORRECTION D'ERREURS (1980-2008)
i
Dédicaces
A Dieu tout puissant qui a fait de moi Ce que je suis ;
A mon regretté père qui nous quitta trop
tôt et ne goûta pas aux fruits de ses efforts ;
A notre courageuse mère ;
A mes frères et soeurs ;
A mes regrettées soeurs ;
A tous ceux qui me sont chers ;
J.M. V. BAKANIBONA
A Dieu qui créa l'univers et pour toutes ses
grâces ;
A ma regrettée mère ;
A mon père pour l'amour qu'il m'a
témoigné ;
A mes frères et soeurs qui m'ont fait découvrir
que le
travail est un trésor;
A ma chère épouse Bertilde ;
A mes cousins, cousines, neveux et nièces ;
A toute personne qui s'intéresse à ma bonne
destinée.
E. NDAYISENGA
Et de manière plus spéciale, nous
témoignons notre grande reconnaissance à nos courageux et
altruistes parents qui ont pris la salvatrice décision de nous
envoyer
ii
Remerciements
Le présent travail est le résultat des efforts
conjugués de plusieurs personnes. Qu'il nous soit permis d'adresser nos
vifs remerciements à toutes les personnes qui ont contribué
à sa réalisation.
Nos remerciements vont plus particulièrement au Docteur
NZIRORERA Cyriaque, Professeur et chef de département d'Economie
Politique de la Faculté des Sciences Economiques et Administratives qui,
malgré ses multiples obligations, a bien voulu diriger ce mémoire
et l'a suivi avec perspicacité. Sa méthodologie de travail, sa
rigueur scientifique, ses critiques pertinentes nous ont été
d'une impérieuse nécessité. Que ce travail lui donne
entière satisfaction.
Nous tenons également à remercier Dr. NIYONGABO
Gilbert, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et Administratives
et Me. Richard NDEREYAHAGA respectivement président et membre du jury
pour avoir sacrifié leur temps précieux pour la lecture de ce
mémoire et accepté d'en composer le jury. Qu'ils éprouvent
en ce travail l'expression de toute notre gratitude.
Nous ressentons aussi un agréable plaisir de remercier
tous nos éducateurs de l'enseignement primaire au supérieur, plus
spécialement à tous les professeurs de la Faculté des
Sciences Economiques et Administratives et surtout ceux du département
d'Economie Politique pour la formation intellectuelle et morale qu'ils nous ont
dispensée. Qu'ils éprouvent en ce travail le couronnement de
leurs efforts inlassables.
iii
à l'école. Que ce travail soit
considéré de leur part comme le fruit de leur affection à
notre endroit.
Il serait aussi pour nous une dette insolvable de ne pas
déployer des éloges à l'endroit de nos familles
respectives pour les consistantes contributions qu'ils nous ont
apportées sous divers angles. A cet effet, que les familles NAHIMANA
Ildephonse, SINDAYIGAYA Gaspard et NIYONZIMA Tite d'une part (J.M.
Vianney) et celles de DOGORI Evariste, RURIHAFI Jérôme,
d'autre part (Elie) sentent ce paragraphe comme le reflet de
notre reconnaissance.
Enfin, à toute personne qui se réjouit de notre
réussite nous disons sincèrement MERCI.
BAKANIBONA Jean-Marie Vianney
&
NDAYISENGA Elie
iv
Liste des sigles et abréviations
ADF : Augmented Dickey Fuller
ARCH-LM : Autoregressive Conditionnal Heteroscedasty Lagrange
Multiplier
BRB : Banque de la République du Burundi
EAC : East African Community
ECM : Errors Correction Model
FMI : Fonds Monétaire International
FSEA : Faculté des Sciences Economiques et
Administratives
IDEC : Institut de Développement Economique
IPC : Indice des Prix à la Consommation
ISTEEBU : Institut des Statistiques et d'Etudes Economiques du
Burundi
M BIF : Millions de Francs Burundais
MCE : Modèle à Correction d'Erreurs
MPDRN : Ministère du Plan, du Développement et de
la Reconstruction Nationale
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
Op. Cit : Opera Citato
P. : Page
PAS : Programmes d'Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PIBR : Produit Intérieur Brut Réel
PP : Phillips Perron
RIDEC : Revue de l'Institut de Développement Economique
SFI : Statistiques Financières Internationales
UB : Université du Burundi
v
Liste des tableaux
Tableau n°1 : Résultats du test de PHILLIPS et
PERRON 73
Tableau n°2 : Résultats des tests de
stationnarité du résidu 77
Tableau n°3 : Résultats de la régression du
MCE 79
vi
Liste des graphiques
Graphique n°1 : Contribution au PIB par chaque secteur de
1980 à 2008
en M BIF (prix courants) 50 Graphique n°2 : Evolution de
la production du secteur primaire de
1980 à 2008 en M BIF (prix courants) 53 Graphique
n°3 : Evolution de la production du secteur secondaire de
1980 à 2008 (en M BIF au prix courants) 54 Graphique
n°4 : Evolution de la production du secteur tertiaire de
1980 à 2008 en M BIF (prix courants) 56
Graphique n° 5 : Evolution du taux d'inflation de 1980
à 2008 58
Graphique n°6 : Evolution de la masse monétaire au
sens large et de ses
composantes de 1980 à 2008 (en MBIF) 61 Graphique
n°7 : Evolution comparée du taux de croissance de la masse
monétaire et du taux d'inflation (en %) de 1980 à
2008 62 Graphique n°8: Taux de change effectif nominal et taux
d'inflation (en %)
de 1980 à 2008 64 Graphique n°9 : Evolution
comparée du taux de croissance du PIB et du taux
d'inflation (en %) de 1980 à 2008 65
vii
Table des matières
Dédicaces i
Remerciements ii
Liste des sigles et abréviations iv
Liste des tableaux v
Liste des graphiques vi
Table des matières ..vii
0. INTRODUCTION GENERALE 1
0.1. Motivation et intérêt du sujet 1
0.2. Problématique 2
0.3. Hypothèses du travail 3
0.4. Méthodologie de la recherche 4
0.5. Articulation du travail 5
CHAP. I : REVUE DE LA LITTERATURE RELATIVE A
L'INFLATION
ET A LA CROISSANCE ECONOMIQUE 6
I.1. Littérature théorique de l'inflation et de
la croissance économique 6
I.1.1. Présentation du phénomène «
inflation » 6
I.1.1.1. Définition et historique de l'inflation 6
I.1.1.1.1. Définition de l'inflation 7
I.1.1.1.2. Historique de l'inflation 8
I.1.1.2. Terminologie liée à l'inflation 9
I.1.1.2.1. La déflation et la désinflation 9
I.1.1.2.2. L'inflation rampante ou graduelle 9
I.1.1.2.3. L'inflation réprimée 10
I.1.1.2.4. L'inflation galopante ou classique 10
I.1.1.2.5. L'hyperinflation 11
viii
I.1.1.3. Mesure de l'inflation 11
I.1.2. Les principaux facteurs à l'origine de l'inflation
13
I.1.2.1. L'inflation par la demande 13
I.1.2.1.1. L'analyse classique 14
I.1.2.1.2. L'analyse Keynésienne 14
I.1.2.2. L'inflation par les coûts 15
I.1.2.2.1. L'influence de l'Etat dans l'élévation
du niveau des prix 16
I.1.2.2.2. La part des entreprises dans l'élévation
du niveau des prix 17
I.1.2.2.3. Influence du reste du monde dans l'évolution du
niveau des prix 19
I.1.2.3. L'inflation monétaire 22
I.1.2.3.1. Définition de la monnaie 22
I.1.2.3.2. Les agrégats monétaires 24
I.1.2.3.3. Les causes et les mécanismes à la base
de la création monétaire 26
I.1.2.3.4. L'action des taux d'intérêt dans
l'accroissement du niveau de la
demande agrégée 27
I.1.2.3.5. La théorie quantitative de la monnaie 29
I.1.2.3.5.1. Les premières conceptions de la relation
quantitative 30
I.1.2.3.5.2. La théorie quantitative traditionnelle 32
I.1.2.3.5.3. L'équation de Cambridge 33
I.1.2.3.5.4. Une nouvelle interprétation de la
théorie quantitative de la
monnaie 34
I.1.3. Les conséquences de l'inflation 36
I.1.3.1. Les effets bénéfiques de l'inflation 37
I.1.3.1.1. Allégement des dettes des agents
économiques 37
I.1.3.1.2. Amélioration de la rentabilité
financière des entreprises 38
I.1.3.2. Les effets néfastes de l'inflation 38
I.1.3.2.1. La perturbation de la répartition
macroéconomique des revenus 38
I.1.3.2.2. L'apparition de l'incertitude 39
I.1.4. Les politiques de lutte contre l'inflation 39
ix
I.1.4.1. Les moyens d'une régulation conjoncturelle de
l'inflation 40
I.1.4.1.1. Les instruments de régulation du budget et de
la monnaie 40
I.1.4.1.2. Les instruments de régulation des prix et des
revenus 42
I.1.4.2. Les moyens d'une régulation structurelle de
l'inflation 43
I.1.4.2.1. Restauration du rôle des marchés 43
I.1.4.2.2. Suppression des mécanismes amplificateurs de la
hausse des prix 43
I.2. Littérature empirique de l'inflation et de la
croissance économique 44
CHAP. II : LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LE
PROCESSUS
INFLATIONNISTE AU BURUNDI : UNE APPROCHE
DESCRIPTIVE 47
II.1. Le secteur réel 48
II.1.1. Le secteur primaire 51
II.1.1.1. L'agriculture vivrière 51
II.1.1.2. Les cultures de rente ou d'exportation 51
II.1.1.3. L'élevage 52
II.1.1.4. La pêche 52
II.1.2. Le secteur secondaire 54
II.1.3. Le secteur tertiaire 55
II.2. L'évolution de l'inflation de 1980-2008 57
II.2.1. Les statistiques des prix 57
II.2.2. Evolution de la masse monétaire et son influence
sur le taux
d'inflation 60
II.2.3. Volatilité du taux de change et son influence sur
le taux d'inflation 63
II.3. Evolution comparée du taux de croissance du PIB et
du taux d'inflation 64
x
CHAP. III : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE L'INCIDENCE
DE
L'INFLATION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
67
III.1. Spécification du modèle d'analyse 68
III.1.1. Présentation des variables du modèle
68
III.1.1.1. Explication de la variable dépendante : le
PIB 68
III .1.1.2. Présentation des variables
indépendantes 69
III .1.1.2.1. L'Indice des prix à la consommation (IPC)
70
III.1.1.2.2. La masse monétaire 70
III .1.1.2.3. Le taux de change 70
III.1.1.2.4. Les erreurs de spécifications 71
III.2. Spécification du modèle et
présentation des résultats de l'estimation 71
III.2.1. Spécification du modèle d'analyse 71
III.2.2. Analyse de la stationnarité des séries
72
III.2.3. Estimation de la fonction et interprétation
des résultats 74
III.2.4. Analyse de la cointégration entre les
variables 76
III.2.5. Estimation du MCE 78
CONCLUSION GENERALE 84
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 88
ANNEXES 91
1
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. Motivation et intérêt du sujet
Partant des observations quotidiennes, on se rend compte que
la perte de la valeur de la monnaie et partant celle du pouvoir d'achat ne fait
qu'aggraver les conditions de vie des habitants considérés
isolément mais affecte l'économie dans son ensemble.
Aussi, les questions relatives aussi bien à l'inflation
qu'à son impact sur les pays en voie de développement prennent de
plus en plus le devant de la scène des politiques d'assainissement de
l'économie et, de là même, elles font couler beaucoup
d'encre et de salive. A l'heure actuelle, l'inflation est entrain de s'aggraver
au rythme d'inquiéter le monde entier. L'inflation est donc un fameux
problème qui intéresse tout le monde. De la
ménagère au fonctionnaire, tout le monde y est confronté
dans la vie de chaque jour, plus particulièrement pour ce qui est des
prix des produits de première nécessité (aliment,
habillement,...).
Le choix d'un tel sujet a été donc
motivé, d'une part, par la gravité que revêtent les
tensions inflationnistes au Burundi actuellement et, d'autre part, par le fait
que l'inflation est un processus qui mérite d'être
étudié au fur du temps afin de sauver l'agent économique
burundais qui ne cesse de perdre son pouvoir d'achat. De plus, ce sujet nous
paraît d'une importance capitale dans la mesure où le
dépistage de l'incidence du processus inflationniste sur la croissance
économique est d'une utilité inégalable et permet de
guider les décideurs en matière de politiques économiques
au Burundi. Dans le présent travail, nous contribuons à
l'orientation de la politique économique en proposant des lignes
majeures de stimuler la croissance économique burundaise. Il nous serait
très agréable si les conclusions auxquelles nous sommes
arrivés permettaient de
2
guider les décideurs en matière de politiques
économiques. Une fois bien raisonnée et appliquée,
l'orientation de la politique économique proposée dans le
présent travail permettrait un accroissement de la production
intérieure du Burundi.
0.2. Problématique
Dans l'économie burundaise, nous assistons au cours de
ces derniers jours à un phénomène de hausse
généralisée et continue des prix : l'inflation. Cette
situation paraît à première vue inquiétante, mais il
faut noter qu'actuellement, les économistes entretiennent un
débat contradictoire autour de cette notion d'inflation.
Certains la considèrent comme un mal à combattre
vigoureusement au moment où d'autres trouvent en elle, quelque chose de
normal pouvant même être source de croissance économique.
A cet effet, Denis CLERG (1984) nous dit : «
...l'inflation n'a pas que des inconvénients. Dans le cas du JAPON et de
la FRANCE, elle a incontestablement aidé à financer
l'accumulation du capital, donc à accélérer le rythme de
croissance, au moins jusqu'au début des années soixante-dix....
».
Et plus loin, le même auteur ajoute : « ...dans les
faits, tous les pays ont accepté l'idée de vivre avec
l'inflation. Leur seul problème est de la contenir, de l'empêcher
de déraper au-delà d'un certain rythme... ».
Par ailleurs, d'autres reconnaissent que la réduction
du salaire réel suite à l'augmentation des prix peut, toutes
choses restant égales par ailleurs, permettre de relancer le niveau de
l'investissement et, par conséquent, le niveau de l'activité.
C'est le cas d'Edmond MALINVAUD (1986) qui nous dit : «
...selon les uns, comprimer les salaires réels serait indispensable pour
favoriser l'investissement
3
faute duquel il ne pourrait exister à l'avenir des
capacités de production suffisantes pour permettre le plein-emploi ...
».
Toutefois, il précise que pour lui, les taux de salaire
doivent être à un niveau approprié, c'est-à-dire ni
trop haut ni trop bas.
On peut alors se demander si les passages cités ci-haut
sont uniquement valables pour les pays développés et leurs
économies.
Ce qu'il faut seulement savoir aujourd'hui, c'est que les
questions relatives à l'inflation elle-même ainsi qu'à son
impact sur la croissance économique des pays
sous-développés comme le Burundi prennent de plus en plus une
place de choix dans les politiques d'assainissement de ces économies.
Qu'en est-il alors au Burundi ?
A ce niveau, nous nous sommes posés trois questions
essentielles auxquelles nous nous sommes proposés de pouvoir apporter
certains éclaircissements tout au long de notre travail de recherche:
- L'inflation exerce-t-elle une influence positive ou
négative sur la croissance économique au Burundi ?
- La volatilité du taux de change effectif réel
inhibe-t-elle la croissance économique au Burundi ?
- Faut-il une politique monétaire expansionniste pour
relancer l'économie burundaise?
0.3. Hypothèses du travail
Pour pouvoir répondre aux interrogations ci-haut
évoquées, nous nous sommes servis des hypothèses suivantes
:
H1 : Le problème de la hausse chronique des prix est
une entrave importante à la croissance économique au Burundi.
H2 : L'augmentation du taux de change effectif réel due
à la perte du pouvoir d'achat de la monnaie inhibe la croissance
économique au Burundi.
4
H3 : Au Burundi, la croissance de la masse monétaire
s'accompagne d'une croissance de moindre ampleur de l`économie.
Toutes ces hypothèses ont été
vérifiées sur base de l'évolution des variables choisies
comme explicatives.
0.4. Méthodologie de la recherche
En vue de mener les recherches, l'analyse documentaire a
été privilégiée. Il a été question de
consultation des ouvrages généraux, des publications des bureaux
d'études, des mémoires et revues économiques traitant des
questions économiques relatives à l'inflation. Aussi la
consultation des rapports de la BRB, des annuaires statistiques à
l'ISTEEBU et des revues économiques publiés par l'IDEC nous
a-t-elle été d'une grande utilité dans la collecte des
données. Les documents du service de planification
macroéconomique au Ministère de la planification, du
Développement et de la Reconstruction Nationale ont-ils aussi
été consultés.
Dans ce travail, un modèle linéaire a
été développé et l'estimation des variables faisant
l'objet d'étude a été effectuée à l'aide du
logiciel Eviews 3.1. A partir des résultats de ce modèle, on a pu
déterminer dans quelles mesures la variable expliquée,
c'est-à-dire le Produit Intérieur Brut Réel (PIBR), est
liée ou pas aux variables explicatives qui sont l'Indice des prix
à la consommation (IPC), la masse monétaire au sens large (M2),
le taux de change effectif réel (TCER). Notre étude de recherche
a porté sur le BURUNDI et la période sous l'analyse va de 1980
à 2008.
5
0.5. Articulation du travail
Notre étude est subdivisée en trois chapitres
:
Le premier chapitre est consacré à
l'exposé théorique et empirique relatif à l'inflation et
à la croissance économique. Il s'agit de la littérature
qui confronte les divers courants de pensées économiques traitant
l'inflation et ses effets sur la croissance d'une économie
donnée.
Le second chapitre met en évidence l'évolution
de la croissance économique et de l'inflation au BURUNDI depuis
l'année 1980 considérée comme année de base
jusqu'en 2008 par une analyse descriptive.
Pour le troisième chapitre, il a été
question, à partir des données du deuxième chapitre qui
constitue le noeud de notre travail, de pouvoir montrer l'incidence de
l'inflation sur le niveau du Produit Intérieur Brut (PIB) à
travers une analyse économétrique.
A la fin, une conclusion générale
accompagnée de quelques suggestions boucle notre travail.
6
CHAP. I : REVUE DE LA LITTERATURE RELATIVE A
L'INFLATION
ET A LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Dans l'approche méthodologique, on ne peut pas
rédiger ou faire un exposé sur un thème donné sans
se référer aux différentes théories
antérieures pour montrer la valeur ajoutée du travail ou de
l'exposé qu'on est entrain de faire.
Ce chapitre a pour objectif de passer en revue la
littérature tant théorique qu'empirique antérieure afin de
dégager, par la suite, la valeur ajoutée de notre travail.
I.1. Littérature théorique de l'inflation
et de la croissance économique
Cette section est consacrée à la confrontation
des idées de différents courants de pensée traitant
l'inflation et la croissance économique.
I.1.1. Présentation du phénomène
« inflation »
Deux points essentiels nous permettent de présenter le
phénomène « inflation ». Il s'agit d'un
côté de sa définition et de son historique et de l'autre,
de sa terminologie.
I.1.1.1. Définition et historique de
l'inflation
De même que pour les autres concepts, la
définition de l'inflation permet de donner une idée
générale et quelques fois diffuse de cette notion. C'est dans
cette logique, qu'une analyse de son évolution au cours du temps est
parfois indispensable pour la rendre plus intelligible.
7
I.1.1.1.1. Définition de l'inflation
Dénis CLERG (1984) définit l'inflation comme
étant « la hausse générale et cumulative des prix
nominaux ». De ce fait, il importe de souligner qu'une hausse des prix
limitée à une catégorie de biens ou limitée dans le
temps n'est pas qualifiée d'inflationniste.
L'inflation ne se rapporte pas donc à des variations
des prix relatifs mais à des variations des prix absolus ;
c'est-à-dire nominaux.
Beaucoup d'auteurs s'accordent pour dire que pour qu'il y ait
inflation, trois conditions doivent être remplies. Il faut donc :
1° qu'il y ait hausse des prix ;
2° que cette hausse des prix soit
généralisée ; c'est-à-dire qu'elle affecte tous les
biens et services ;
3° que cette hausse des prix soit continue,
c'est-à-dire qu'il soit prolongée dans le temps et qu'elle
paraisse devoir se prolonger indéfiniment.
En fin, le terme d'inflation est certes le plus utilisé
par le public. Cependant, sa signification exacte échappe à plus
d'un. Certains confondent la nature même de ce concept à ses
manifestations ou à ses causes. C'est ainsi que, par exemple, la perte
du pouvoir d'achat de la monnaie qui est l'une des conséquences de
l'inflation est souvent assimilée à cette dernière.
D'autres prennent l'accroissement de la masse monétaire qui est l'une
des causes de l'inflation comme déjà de l'inflation alors que
d'autres conditions doivent être remplies entre autres, le plein emploi
des facteurs de production.
Plusieurs définitions étaient, dans l'histoire
de la pensée économique, données à ce terme, mais
comme nous vivons une époque de consensus et que l'économie ne
peut pas échapper à la règle, les économistes
reconnaissent que l'inflation correspond à une hausse
généralisée et régulière des prix nominaux
des biens et services.
8
I.1.1.1.2. Historique de l'inflation
La situation d'inflation n'a cessé d'attirer
l'attention des gouvernements et des décideurs en matière de
politiques économiques.
En guise d'illustration, notons que déjà au
IIIème siècle, alors qu'il traversait une crise
économique et politique, l'empire romain d'Occident a connu une hausse
considérable des prix des denrées et des
rémunérations.
Pour faire face à cet état de choses, l'empereur
Dioclétien tenta de réglementer, en 301, les prix et
prévoyait la peine de mort pour ceux qui augmenteraient abusivement les
prix.
Mais qu'en est -il au cours des siècles
récents ?
Au XVIème siècle, l'inflation fut
également très vive : En Europe, la hausse des prix fut de
l'ordre de 400% de 1500 à 1600AV J.C. Des économistes
tentèrent d'en donner des explications. Ce fut le cas de Jean BODIN qui
attribua à l'afflux d'or et d'argent en provenance d'Amérique la
« Cherté de toutes », et bien qu'il n'ait pas limité
son analyse au rôle de la monnaie en elle-même.
Depuis 1960, l'inflation a joué un rôle croissant
dans la vie économique des pays industrialisés (FRANCE, GRANDE-
BRETAGNE, ALLEMAGNE, ITALIE, USA, JAPON). Aux XVII et
XVIIIème siècles, William PETTY, John LOCKE, David
HUME, puis David RICARDO au début du XIXème
siècle systématiseront l'explication des variations du niveau des
prix nominaux par celle de la masse monétaire.
Quant au XXème siècle, il est
considéré par bon nombre d'économistes comme celui de
l'inflation. Cette période de l'histoire est marquée par une
hausse des prix, en longue période, particulièrement
spectaculaire [Bezbakh (1990)].
Le XXème siècle a été
considéré comme celui de l'automobile et de
l'électricité, pourquoi pas comme celui de l'inflation... [Clerg
(1984)] ?
9
I.1.1.2. Terminologie liée à
l'inflation
On ne saurait clore cette section sur la présentation
du phénomène « inflation » sans évoquer, au
moins brièvement, certaines formes prises par cette hausse
générale et cumulative des prix absolus au cours du temps. Ainsi
parlerons-nous de la déflation et de la désinflation, de
l'inflation rampante ou graduelle, de l'inflation réprimée, de
l'inflation galopante sans oublier la forme extrême de cette hausse des
prix appelée l'hyperinflation.
I.1.1.2.1. La déflation et la
désinflation
La déflation et la désinflation correspondent
à deux cas de figures différentes : Par opposition à
l'inflation, la déflation désigne une situation dans laquelle le
niveau général des prix est en baisse continue, plus ou moins
rapide. Il importe de signaler que la déflation ne se caractérise
pas uniquement par une baisse des prix. Bien plus, elle se manifeste par une
réduction de l'activité marquée par une aggravation du
chômage laquelle engendre des problèmes économiques et
sociaux.
La désinflation, quant à elle, se situe entre
l'inflation et la déflation. Il s'agit d'une phase au cours de laquelle
le taux de croissance de la hausse des prix est en continuelle diminution. Les
prix continuent certes à augmenter, mais de plus en plus faiblement car
on n'a pas encore atteint la déflation.
I.1.1.2.2. L'inflation rampante ou graduelle
C'est une phase au cours de laquelle le niveau
général des prix croît de façon lente mais
persistante au moment où la demande agrégée, si elle ne
diminue pas, ne connaît pas un rythme d'accroissement
particulièrement rapide. Elle se caractérise par un taux de
croissance qui ne dépasse pas 3 à 4%.
10
Notons que c'est cette forme d'inflation qui a favorisé
la croissance économique des pays développés dans les
décennies 1950 et 1960.
I.1.1.2.3. L'inflation réprimée
L'inflation réprimée désigne une
situation où, malgré l'absence d'une hausse des prix notable pour
la période considérée, il est probable que ces derniers
pourront ultérieurement monter de manière brutale et
remarquable.
Cette forme d'inflation peut se produire par exemple lors de
la pénurie de certains produits. Les mesures de contrôle et de
rationnement exercées par les pouvoirs publics peuvent réussir
à empêcher les prix de monter et à limiter les
dépenses des agents économiques. Cependant, cette solution est
illusoire puisque le risque d'accroissement de la propension moyenne à
consommer future de ces mêmes agents contraint à
l'épargne.
I.1.1.2.4. L'inflation galopante ou classique
L'inflation galopante se manifeste par une perte
considérable du pouvoir d'achat de la monnaie ; ce qui, à la
longue, pousse les gents économiques à retirer leur confiance en
cette monnaie. Celle-ci peut, par conséquent, cesser d'être un
moyen de paiement.
Elle se caractérise également par un taux de
croissance à deux chiffres (à partir de 10% par an). Pendant
cette période, les équilibres sont menacés, les
décisions brouillées, les structures attaquées et cette
situation précède la crise.
C'est le cas de l'inflation, qui a frappé les pays
industrialisés dans les années 1970.
11
I.1.1.2.5. L'hyperinflation
On parle d'hyperinflation lorsque la hausse du niveau
général des prix devient spectaculaire. L'hyperinflation commence
dans le mois où la hausse des prix dépasse 50% et finisse dans le
mois qui précède celui où la hausse mensuelle des prix
tombe en dessous de ce montant et y reste au moins un an [Cagan (1956)]. Ce
type d'inflation désorganise très fortement l'économie et
instaure un climat de panique pouvant entraîner des soulèvements
sociaux.
A travers cette terminologie de la notion d'inflation, on
n'aura remarqué que les différents types d'inflation n'affectent
pas l'économie et la société en général de
la même manière. Certains sont brutaux et provoquent de violentes
perturbations dans la vie économique et sociale au moment où
d'autres ne troublent pas de façon notable le plan des agents
économiques. C'est le cas de l'inflation rampante dont
l'évolution lente et régulière peut être source de
la croissance économique.
I.1.1.3. Mesure de l'inflation
La mesure de l'inflation se fait par la réduction à
la moyenne des diverses variations de tous les prix spécifiques des
biens pendant une période donnée. Elle se mesure donc par un
indice des prix. Cette tâche est d'autant plus compliquée que les
prix ne varient dans la même proportion d'une part, et que la nature
(qualité) des biens change dans le temps d'autre part, car les produits
entièrement nouveaux apparaissent et d'autres disparaissent de la
scène.
Soient :
P1a : le prix du bien a pendant la
période 1 ;
P1b : le prix du bien b pendant la période 1
;
P2a: le prix du bien a pendant la
période 2 ;
12
On a : Indice de Laspeyres (Lp) =
X 100 (4')
z
P Q
i i
1 1
p Q
i i
i a
z
2
1
i a
P2b : le prix du bien b pendant la période
2.
Pratiquement, la variation des prix entre la période 1 et
la période 2 correspond au rapport P2/
P1. Cet indice des prix tient compte à
l'importance accordée à ces biens au niveau de l'économie,
c'est-à-dire que les marchandises sont pondérées par leur
importance dans les budgets des consommateurs.
Soient Q1a : la quantité du bien
à acheter pendant la période 1 et Q1a
P1a la valeur associée, avec des biens variant de
a à z,
On a:
W 1a = Q1a P1a /(
Q1a P1a + Q1b
P1b +...+ Q1z P1z )
(1)
W 1a traduit la part du bien a dans les
dépenses totales et d'une façon analogue on peut définir W
1b , W 1a ,...,W1z
La variation des prix peut s'écrire de manière
suivante :
P2 / P1 = W 1 a (P2a
/P1 a)+ W 1 b (P2b /P1
b)+... + W 1 z (P2z/P1
z) (2) W 1a (P2a
/P1a) = Q 1a P2a / (
Q1a P1a + Q1b
P1b +...+ Q1z
P1z ) (3)
L'équation (3) implique que la variation moyenne des
prix, des biens offerts au sein de l'économie, d'une période t
à un période t+1 peut aussi s'écrire comme
suit :
(4)
L'équation (4) peut également s'écrire :
P2 / P1 (Qb P:
Qb Pb ... Qz Pz)
(Qb Pâ Qb Pb...Qz
Pz) (5)
En simplifiant et en multipliant par 100 les écritures
des égalités (4) et (5), on obtient respectivement l'indice de
LASPEYRES et PAASCHE qui correspondent exactement aux indices utilisés
pour rendre compte de l'évolution du niveau général des
prix.
13
Indice de Paasche (Pp) =
X 100 (5')
z
i a
i a
z
PQi i
p Q
i i
Avec : le prix du bien i pendant la période 1 ;
: le prix du bien i pendant la période 2 ;
: la Quantité demandée du bien i pendant la
période 1 ; : la Quantité demandée du bien i pendant la
période 2.
Il importe de souligner que le premier indice est
calculé avec la pondération de l'année de base tandis que
le second est obtenu avec la pondération de l'année en cours.
Notons également que c'est le premier indice qui est le plus
utilisé dans la pratique.
I.1.2. Les principaux facteurs à l'origine de
l'inflation
Comprendre la notion d'inflation nécessite
également qu'on fasse une étude de ce à quoi elle est due
parce que la hausse du niveau général des prix peut avoir
plusieurs causes soit un choc d'origine réelle soit alors
monétaire.
Ainsi, parlerons-nous successivement de l'inflation par la
demande, de l'inflation par les coûts pour terminer par l'inflation
monétaire.
I.1.2.1. L'inflation par la demande
Sur un marché, le prix permet, dans une situation de
concurrence pure et parfaite, d'équilibrer l'offre et la demande.
14
Cette règle nous permet de comprendre l'une des sources
de l'inflation par la demande. Si la demande globale est supérieure
à l'offre, une hausse du niveau général des prix permet de
rétablir l'équilibre.
Cette forme d'inflation sera traitée sous un double
aspect : l'analyse classique et l'analyse keynésienne.
I.1.2.1.1. L'analyse classique
Une version, appelée drame classique de l'inflation
qualifie l'Etat comme le principal acteur et le responsable de tous les
maux.
Le schéma en est simple : l'Etat ayant besoin de plus
de biens et d'une main-d'oeuvre plus nombreuse, souvent pour la guerre,
achète plus, les citoyens eux, devront acheter moins car
l'économie fonctionnant très près de la capacité
normale.
Les nouvelles demandes du gouvernement s'accumulent et
s'ajoutent à la diminution des demandes privées si bien que
l'économie ne peut satisfaire les deux à cause du revenu national
supplémentaire faible.
Ainsi, l'excès des dépenses gouvernementales
viendra t-il, dans ce cas, favoriser une hausse du niveau général
des prix et sa manifestation première sera une perte du pouvoir d'achat
des agents économiques.
I.1.2.1.2. L'analyse Keynésienne
La responsabilité d'un excès de demande dans le
processus inflationniste a été mise en évidence par J. M
KEYNES. Pour lui, l'inflation a lieu lorsque la demande globale excède
l'offre globale alors que l'économie se trouve dans une situation de
plein- emploi des facteurs de production.
15
En effet, en supposant que les entrepreneurs anticipent une
hausse de dépenses de consommation, ce qui provoque par
conséquent un accroissement des dépenses d'investissement, la
demande globale se trouve propulsée à un niveau plus
élevé. Dans ce cas, le produit d'équilibre anticipé
en vue de répondre à cette demande ne pourra pas être
réalisé dans la mesure où tous les facteurs de production
ont été pleinement utilisés. En définissant le
revenu national comme la production en termes réels Q multipliée
par le niveau général des prix P, nous aurons l'équation
suivante : Y= P.Q
Comme l'économie se trouve dans une situation de plein
- emploi, la production Q ne peut augmenter ; ce qui signifie que toute
augmentation du revenu national ne pourrait provenir que d'un accroissement des
prix.
Dans ce cas, l'inflation par la demande peut constituer une
situation favorable aux entrepreneurs dans la mesure où elle leur
permettrait d'accroître leurs recettes avec la même quantité
d'output.
I.1.2.2. L'inflation par les coûts
L'idée directrice de l'explication de l'inflation par
les coûts de production est que celle-ci provient d'une croissance de la
rémunération des facteurs de production supérieure
à celle de leur productivité.
Cette expression l'inflation par les coûts
appelée aussi l'inflation de productivité [Bezbakh (1990)]
désigne une forme actuelle et généralisée
d'inflation caractérisée par une hausse lente et
régulière des prix qui ne perturbe pas de manière notable
la confiance du public dans sa monnaie [Kerever (1971)].
Nous remarquons que cette forme d'inflation émane de la
volonté de l'Etat, des entreprises et du reste du monde de
déterminer les prix en fonction de leur « coût social et
économique de production » ; lequel coût tend à
s'accroître irrésistiblement.
16
Nous allons analyser, un peu en détail, la part qui
revient à l'Etat, aux entreprises et au reste du monde dans le processus
inflationniste.
I.1.2.2.1. L'influence de l'Etat dans
l'élévation du niveau des prix
Dans une économie, l'Etat peut influencer
principalement le niveau des prix à deux niveaux à savoir :
l'influence sur les prix alimentaires ainsi que l'influence sur le niveau
général des prix.
a) L'influence sur les prix alimentaires
Dans la plupart des pays, l'Etat intervient dans la fixation
des prix des principaux produits agricoles et industriels. L'objectif poursuivi
est l'amélioration du bien-être des agents économiques. Il
est à noter que, dans certains pays, le niveau de vie des agriculteurs
est défendu non par la hausse des prix mais par l'octroi des subventions
de la part des pouvoirs publics pouvant revêtir des formes multiples.
L'avantage de ce mécanisme est de pouvoir permettre la
réduction des coûts de production et du même coup
l'augmentation du pouvoir d'achat des consommateurs.
b) L'influence sur le niveau général des
prix
L'impôt indirect affectant la production influe de prime
à bord sur le niveau général des prix. Pour collecter les
recettes destinées à couvrir, les dépenses
gouvernementales, l'Etat se voit obligé de taxer le chiffre d'affaire
(taxe sur les transactions).Cette action gouvernementale n'est pas sans
influence sur le prix de vente de l'output.
17
De plus, cette influence de l'Etat s'exerce par le truchement
de l'impôt précisément sur le bénéfice des
sociétés. Cet impôt au même titre que la taxe sur le
chiffre d'affaire se taille la part du lion dans les recettes de l'Etat.
Pour pallier à un déficit budgétaire
éventuel, la plupart des gouvernements ont tendance à revoir ces
impôts à la hausse. Ceci conduit à une diminution du revenu
disponible des citoyens. C'est pour cela que l'augmentation de ces taux
d'imposition ne devra pas dépasser les limites en vertu de la loi des
rendements fiscaux décroissants comme le montre la courbe d'Arthur
LAFFER qui conforte l'adage «les gros taux tuent les totaux»
[Nzirorera (1991)].
Toutefois, les ressources provenant de ces impôts (si
elles sont gérées
efficacement) sont indispensables dans l'accomplissement des
missions
régaliennes de l'Etat qui sont, d'après les
classiques :
- Assurer la sécurité ;
- Assurer la justice ;
- Assurer l'équipement en biens publics ;
- Assurer la défense nationale.
I.1.2.2.2. La part des entreprises dans
l'élévation du niveau des prix
Les entreprises agissent sur le niveau des prix en
déterminant le prix des produits industriels qui, hormis les coûts
de fabrication et de distribution, dépendent des rapports de forces
entre les producteurs et les consommateurs.
En cas de monopole, les producteurs ont, à des
degrés variés, une puissance économique supérieure
à celle des consommateurs. Ce qui fait que, pour la plupart des cas les
prix sont, soit « imposés», soit «conseillés»
par les fabricants aux détaillants.
18
Les conséquences de cette situation de maîtrise
partielle des prix sont entre autres :
- La tendance de la part des entrepreneurs à freiner et
pourquoi pas à supprimer toute variation des prix dans le sens de la
baisse et n'admettre qu'une évolution des prix se situant entre la
stabilité et la hausse ; cela même en cas de conjoncture
économique favorable (baisse de coût de production, accroissement
de la productivité...).
- La tendance de la part des producteurs à incorporer
dans le prix de vente tous les facteurs de hausse alors que ceux-ci pouvaient
être l'objet d'une minimisation. C'est pour cette raison que, dans une
situation monopolistique, la hausse des salaires ne «dérange »
pas à condition que cette hausse de salaire soit prise en
considération dans la fixation du niveau des prix.
- Le souci de financer les équipements sur les
ressources propres de l'entreprise (autofinancement). C'est ainsi que la
recherche de réaliser des profits maxima sera mise en vigueur.
Généralement, quand bien même les pouvoirs
publics interviennent dans la fixation des prix des principaux biens et
services produits par les entreprises, la part de ces dernières restent
perceptible d'autant plus qu'elles se trouvent en amont du processus.
Toutefois, il est à reconnaître que même en
cas de monopole ou d'oligopole l'augmentation des prix connaît une limite
: à un certain niveau, la demande peut diminuer ou se déplacer
vers d'autres biens substituts ; ce qui fait que tout simplement, les
monopoleurs ou les oligopoleurs ne peuvent pas renchérir leurs biens
indéfiniment.
19
I.1.2.2.3. Influence du reste du monde dans
l'évolution du niveau des prix
L'économie nationale n'est pas simplement soumise aux
conséquences des affrontements entre les groupes sociaux (les
entreprises, les salariés, les banques).
Plus l'économie s'ouvre sur l'extérieur, plus
elle est dépendante des relations de ces groupes avec ceux qui se
trouvent à l'extérieur de l'économie nationale.
Les stratégies des Etats développés ou en
voie de développement, celles des firmes multinationales vont influencer
la conjoncture et les affrontements internes d'une économie
nationale.
a) Les échanges commerciaux et
l'inflation
Aucune économie moderne ne peut vivre sans relations
avec l'extérieur. Elle ne peut produire tous les biens qui lui sont
indispensables ; elle doit aussi, pour acheter ce qu'elle ne produit pas,
vendre les biens qu'elle fabrique.
Normalement, ce sont les exportations qui représentent
un risque inflationniste important. Exporter, vendre à l'étranger
c'est satisfaire une demande extérieure au dépens de l'offre des
biens sur le marché national. De plus, lorsque l'exportation se produit
par un excédent commercial, le paiement se fait en monnaie
internationale qui, en se transformant en monnaie nationale augmente les
disponibilités monétaires sur le marché.
D'un certain point de vue, l'exportation a un rôle
multiplicateur identique à celui de l'investissement tant qu'il y a une
capacité de production inutilisée, le multiplicateur
accélère l'expansion ; au moment où la capacité de
production est totalement utilisée, il multiplie les prix.
20
Par contre, les importations viennent accroître l'offre
nationale et jouent un effet de stabilisateur utilisé d'ailleurs,
quelquefois, pour enrayer une hausse des prix. C'est le cas des importations de
choc sur les produits agricoles qui visent à palier les mauvais
résultats d'une récolte ou les hausses des prix à la
consommation.
b) Les mouvements des capitaux et l'inflation
Les mouvements des capitaux accompagnent nécessairement
les échanges de biens : il faut payer les marchandises achetées,
recevoir le paiement de marchandises vendues.
D'autre part, des mouvements indépendants de capitaux
peuvent avoir lieu si des firmes investissent dans un pays autre que leur pays
d'origine ou si des capitaux cherchent des placements avantageux à court
ou à long terme.
S'il y avait une monnaie mondiale unique, les échanges
commerciaux et les transferts de capitaux ne poseraient pas de problèmes
différents de ceux qui existent à l'intérieur de
l'économie d'un pays. Seulement les monnaies sont essentiellement
nationales. Ce sont les Etats qui donnent à une monnaie sa valeur
libératoire. L'émission de monnaie dépend des besoins de
chaque économie nationale et le maintien de sa valeur dépend de
la capacité de cette économie à offrir sur le
marché des biens et des services à un prix constant.
Dans ces conditions pour régler les échanges
internationaux et transférer des revenus ou des capitaux d'un pays
à un autre, il suffit de choisir une monnaie reconnue par tous et ce qui
servira de monnaie internationale.
Lorsque la monnaie sert de monnaie internationale, il est
normal et même nécessaire que sa balance des paiements se traduise
par un solde déficitaire entraînant une sortie nette de sa
monnaie. S'il n'en allait pas ainsi, la monnaie de ce pays ne pourrait pas
circuler à l'extérieur de son espace national.
21
L'Etat cherchant à financer ce déficit par la
création monétaire risque d'être frappé par
l'inflation au cas où la production n'a pas suivi. De plus, lorsqu' il
existe une masse de monnaie internationale excédant les besoins normaux
des échanges, on entre alors dans une période de suspicion
vis-à-vis de la devise clé et le moindre mouvement de fuite ou
d'engouement va donc être amplifié par le déplacement de la
trésorerie du pays. La spéculation prend ainsi une dimension
nouvelle.
Il importe de signaler que, dans un pays, la présence
d'une masse des capitaux flottants peut paralyser n'importe quelle politique
anti-inflationniste ou provoquer dans n'importe quel pays, l'inflation.
c) Les fluctuations du cours des changes et
l'inflation
Les échanges commerciaux sont accompagnés par
des mouvements des capitaux et l'ensemble nécessite une monnaie
internationale, de fait, la monnaie du pays dominant. Mais l'existence d'une
monnaie internationale suppose que chaque monnaie puisse être clairement
définie par rapport à elle.
La dévaluation ou la réévaluation sont
les décisions par lesquelles un Etat décide d'échanger sa
parité avec les autres monnaies. Naturellement, on peut profiter d'une
dévaluation pour acquérir une meilleure
compétitivité ou protéger son économie. De ce point
de vue, le maniement du taux de change peut être une arme nationale
redoutable.
En dehors des périodes de réévaluation ou
de dévaluation, la parité entre les monnaies demeure fixe. Bien
entendu, la dévaluation et la réévaluation aboutissent
à des réajustements assez brutaux qui comportent des risques
d'inflation.
22
Dévaluer sa monnaie c'est accepter d'importer des
produits coûtant plus cher et de solder, en quelque sorte, ses
exportations. Pour qu'une telle mesure réussisse, il est
nécessaire d'imposer l'austérité à
l'intérieur car il faut se priver d'une grande partie des
résultats de son effort productif pour les vendre à
l'extérieur. Il faut éviter d'acheter à
l'extérieur. Si cette austérité ne réussit pas, la
dévaluation entraîne un accroissement des prix internes, par suite
de l'accroissement du prix des produits importés.
I.1.2.3. L'inflation monétaire
Pour les auteurs néoclassiques et monétaristes,
l'inflation résulte d'une émission monétaire trop
importante : c'est en effet l'excès de la croissance de la masse
monétaire sur celle de la production qui provoque l'augmentation du
niveau général des prix.
I.1.2.3.1. Définition de la monnaie
Plusieurs auteurs ont tenté de définir le
concept de monnaie dans l'histoire de la pensée économique.
Cependant, il n'existe pas une définition qui est
considérée comme la meilleure d'autant plus qu'il existe
plusieurs conceptions de la monnaie. Malgré cette diversité, il y
a lieu de retenir que la monnaie est l'intermédiaire moderne des
échanges et l'unité de compte en laquelle sont exprimés
les prix et les dettes. En contrôlant l'évolution de la monnaie et
du crédit, l'Etat, avec le concours de la banque d'émission, peut
nourrir l'espoir de favoriser l'équilibre des épargnes et des
dépenses d'investissement, le niveau du PNB réel et
monétaire et donc influer sur le taux d'inflation et le niveau des prix
[Samuelson (1982)].
23
Partant de cette définition, il transparaît
clairement les différentes fonctions de la monnaie ainsi que le
rôle de l'Etat dans la mise en oeuvre de la politique monétaire
à travers sa banque d'émission. Par ailleurs, la plupart des
économistes se contentent de la définition fonctionnelle de la
monnaie. Selon cette définition, la monnaie est définie non pas
par rapport à ce qu'elle est mais par rapport au service qu'elle rend.
Ainsi, la monnaie remplit traditionnellement trois fonctions :
i) La monnaie comme unité de compte
La monnaie permet d'évaluer chaque bien par rapport
aux autres. L'expression de cette valeur, c'est le prix de chaque bien. C'est
donc au moyen de la monnaie que nous exprimons les prix en ce qui concerne tant
les transactions immédiates que les transactions futures ou
différées. Cette définition de la monnaie en tant qu'une
unité de compte nous amène à faire des constatations
suivantes :
- Le prix relatif donne la possibilité aux agents
économiques de faire des choix ;
- La valeur d'un même bien sur deux marchés
différents permettent de procéder à des arbitrages ;
- La monnaie en tant qu'unité de compte sert à
effectuer des comparaisons dans le temps ; c'est-à-dire à
anticiper les prix.
ii) La monnaie comme intermédiaire des
échanges
Dans une économie d'échange non basée sur
le troc, la monnaie permet d'effectuer des transactions portant sur le revenu
dont disposent les agents économiques. La monnaie est donc un moyen de
paiement accepté par tout le monde, directement utilisable pour
effectuer les règlements sur le marché des biens et services ou
pour régler définitivement toutes les dettes dans un espace de
souveraineté monétaire défini.
24
Si la monnaie est acceptée par tous, elle est un
phénomène social qui doit faire l'objet d'un consensus
conforté par l'Etat qui lui donne un cours légal et un pouvoir
libératoire. Ainsi, la monnaie repose sur la confiance qui signifie que
chacun accepte la monnaie parce qu'il s'attend à ce que n'importe quel
autre l'accepte et l'acceptera dans un futur indéterminé. La
confiance est donc la disposition d'esprit individuel qui appréhende la
communauté de paiements comme une réalité qui
dépasse l'horizon économique de chaque individu [Aglietta
(1988)].
iii) La monnaie comme réserve de
valeur
A partir du moment où la monnaie est un moyen
d'échange, il est possible de la conserver. De ce fait, la monnaie est
une réserve de pouvoir d'achat en ce sens que l'exercice de ce pouvoir
est simplement reporté dans le temps.
La monnaie fournit un moyen sûr de conserver tout au
moins une partie d'une fortune sûre en ce sens qu'elle protège le
possesseur contre les fluctuations en hausse et en baisse inhérents aux
stocks, aux terrains, aux maisons ou aux obligations.... [Samuelson (1982)].
I.1.2.3.2. Les agrégats
monétaires
Dans tous les pays, la connaissance des instruments de
paiement à la disposition du public, des instruments de réserve
et de la monnaie à la disposition tant du public que des institutions
financières s'acquiert ou se conçoit à travers des
agrégats monétaires.
L'objet d'une telle démarche est d'essayer de
déterminer la capacité potentielle de dépenses des agents
économiques dont l'activité principale est d'intervenir sur le
marché des biens et services, de produire, acheter, de vendre et
d'épargner.
25
La mesure de la monnaie est d'autant plus complexe dans la
mesure où elle est devenue un phénomène social à la
fois institutionnel et conventionnel dans une économie moderne. C'est
pour cette raison que la classification des actifs monétaires sous forme
d'agrégats diffère d'un pays à l'autre. La
définition théorique des agrégats constitue un effort de
classification permettant de distinguer différents avoirs
monétaires de façon logique.
a) L'agrégat M1
C'est un instrument de paiement à la disposition du
public sans formalités et sans coûts. Cette monnaie est
constituée par les billets et pièces en circulation ainsi que des
dépôts à vue non rémunérés dans les
banques ou organismes assimilés. Elle est utilisée directement
comme moyen de paiement et c'est aussi la monnaie au sens strict du terme.
b) L'agrégat M2
En plus de l'agrégat M1 qui est sa composante,
l'agrégat M2 renferme aussi la quasi -monnaie ; c'est-à-dire les
dépôts ou placements liquides à court terme. C'est la
monnaie au sens large de même que l'agrégat M3.
c) L'agrégat M3
Cet agrégat est constitué par M2 auquel
s'ajoutent les placements liquides à moyen et long terme.
26
I.1.2.3.3. Les causes et les mécanismes à
la base de la création monétaire
Plusieurs facteurs sont reconnus comme pouvant être
à l'origine de l'augmentation de la quantité de la monnaie en
circulation et par conséquent de l'inflation. Il s'agit notamment de
l'excès de crédit, de l'excédent de la balance commerciale
et du financement du déficit budgétaire.
a) L'excès de crédit
Les mécanismes d'octroi de crédits peuvent
aboutir à une véritable création monétaire.
En effet, les banques utilisent normalement leurs
dépôts pour accorder des crédits. Cependant lorsque les
dépôts sont insuffisants (notamment en cas d'excès de
crédits) les banques s'adressent à la banque centrale pour
réescompter les effets de commerce qu'elles détiennent : ce qui
occasionne une augmentation de la quantité de monnaie en circulation.
b) Le financement du déficit
budgétaire
Contrairement à ce qui est couramment répandu,
le financement budgétaire n'entraîne pas, dans tous les cas, une
création de monnaie excédentaire. C'est le cas lorsque
l'épargne publique et les dépôts en banques ou chez les
correspondants du trésor sont assez abondants pour couvrir, sans trop de
peine, l'excédent des dépenses sur les recettes de l'Etat.
Par contre, la dette extérieure publique ainsi que les
avances de la banque d'émission au trésor conduisent à une
augmentation de la quantité de monnaie en circulation. S'agissant de
cette dernière forme de financement du déficit budgétaire,
il faut noter que le problème réside dans le fait que, dans
beaucoup de cas, la banque centrale fait imprimer des billets qu'elle remet au
trésor moyennant une simple reconnaissance de dette.
27
Bien plus, les avances sont en théories remboursables,
mais ce n'est pas encore le cas dans les pays en voie de développement
où ce mode de création monétaire ex-nihilo fait l'objet de
vives critiques en raison de son caractère inflationniste.
c) L'excédent de la balance
commerciale
Il importe également de signaler que l'excédent
de la balance commerciale entraîne une augmentation de la masse
monétaire et comporte par conséquent un risque inflationniste
dans la mesure où le paiement se fait en monnaie étrangère
qui, en se transformant en monnaie nationale, accroît la masse
monétaire sur le marché. Si cet excédent commercial est
à la fois permanent et important, il peut créer un
déséquilibre entre les disponibilités monétaires et
la masse des biens et services offerts sur le marché local ; ce qui
occasionne un phénomène inflationniste.
I.1.2.3.4. L'action des taux d'intérêt
dans l'accroissement du niveau de la demande agrégée
L'action du taux d'intérêt dans l'accroissement
du niveau de la demande globale diffère selon que l'on se déplace
dans la logique de Keynes ou Wicksell.
a) L'approche de Keynes
Contrairement à la théorie quantitative de la
monnaie qui reconnaît l'existence d'une relation directe entre la
quantité de monnaie et le niveau des prix, Keynes considère que
la relation entre les deux est indirecte.
La divergence entre ces deux taux d'intérêt
explique la variation du nouveau général des prix.
28
En effet, une augmentation de la quantité de monnaie
entraîne une baisse du taux d'intérêt (monétaire)
lequel provoquera, à son tour, un accroissement de la demande
d'investissement et, par la suite, une élévation de la
demande.
En situation de sous-emploi, cette hausse de la demande
globale suscitera une augmentation de la production. Par contre, la monnaie
sera neutre dans deux cas suivants :
- situation de plein-emploi dans la mesure où
l'accroissement de la demande globale (due à l'augmentation de la masse
monétaire) déclenche une hausse des prix du fait qu'il n'existe
pas de ressources inemployées ;
- Situation de trappe à liquidité dans laquelle
le taux d'intérêt ne peut pas descendre en dessous d'un certain
seuil. Selon Keynes, cette situation est générée par
l'indifférence des agents entre des titres rapportant un taux
d'intérêt très petit ou des encaisses ne rapportant
rien.
b) L'approche de Wicksell
Le modèle de Wicksell, tout comme celui de Keynes,
introduit l'existence d'un mécanisme indirect entre la monnaie et les
prix mais, cette fois-ci, par l'intermédiaire de deux types de taux
d'intérêt :
- Le taux d'intérêt naturel ou réel qui
correspond au rendement monétaire que les entrepreneurs espèrent
tirer de l'investissement productif des capitaux empruntés sur le
marché monétaire ;
- Le taux d'intérêt monétaire qui
apparaît sur le marché monétaire lors des prêts
d'argent.
29
Pour l'expliquer, partons d'une situation d'équilibre
avec coïncidence du taux d'intérêt naturel tno et du taux
monétaire tmo. Supposons que suite à une modification
de l'innovation technologique, par exemple, entraînant un accroissement
de la productivité, le taux naturel augmente passant de
tno à tn1. Si le secteur bancaire ne
parvient pas à accroître le taux monétaire, un excès
de demande sera créé sur le marché des biens à
cause de l'accroissement de la demande d'investissements consécutifs
à ce déséquilibre entre les deux sortes de taux
d'intérêt. Cette situation provoquera une élévation
du niveau général des prix toujours dans l'hypothèse d'une
économie se trouvant dans un état de plein-emploi de ses facteurs
de production. Remarquons également que le cas contraire,
c'est-à-dire une baisse du prix peut se produire en cas de maintien, par
les banques, d'un taux monétaire supérieur au taux naturel.
I.1.2.3.5. La théorie quantitative de la
monnaie
Un théoricien quantitativiste est quelqu'un qui partage
l'idée que les changements séculaires dans le niveau des prix
sont dus surtout aux changements du stock de monnaie ou que toute
instabilité des prix provient fondamentalement des causes
monétaires plutôt que non monétaires [Blaug (1996)].
L'idée d'une relation entre la quantité de
monnaie et le niveau général des prix est ancienne. En effet, les
penseurs grecs comme ARISTOTE et XENOPHON avaient constaté que l'afflux
des métaux précieux dû à l'exploitation des mines et
aux conquêtes coïncidait avec la hausse des prix. En
considérant les deux conceptions ci-avant, la connaissance des variables
qu'il faut retenir dans l'expression de la relation quantitative d'une part, de
la forme qu'il faut lui donner d'autre part et en fin de son pouvoir explicatif
sont les principales interrogations des économistes dans le temps.
30
A cet effet, les premiers auteurs quantitativistes identifient
la relation entre la monnaie et les prix sans lui donner la forme
algébrique parfaitement satisfaisante. C'est Irving FISHER qui ouvrira
la voie à de substantiels progrès dans la formulation des
équations quantitatives de la monnaie.
I.1.2.3.5.1. Les premières conceptions de la
relation quantitative
Dans ce paragraphe, nous cherchons à confronter les
auteurs préclassiques d'un côté et les classiques de
l'autre.
a) Les auteurs préclassiques
J.BODIN est souvent considéré comme le
précurseur de ces auteurs. En réfléchissant avec
MALESTROIT à la hausse des prix en Espagne et en France au
XVIème siècle, J.BODIN attribuait cette hausse
à l'afflux d'or et d'argent en provenance du nouveau monde. Mais,
puisqu'il établissait le rapport entre l'afflux des métaux
précieux et la hausse des prix, cet auteur n'a pas
généralisé ses conclusions pour en faire une
véritable théorie, il n'apparaissait pas l'idée d'une
proportionnalité entre les variations de la quantité de monnaie
et celles des prix.
C'est cependant avec apparition de J. LOCKE au XVI
siècle que cette idée de proportion qui est à la base de
la théorie dans la période fut perçue. En effet, pour J.
LOCKE, les prix varient en proportion directe avec la quantité de
monnaie en circulation. Le philosophe et banquier du nom de HUME (1752) discute
l'idée que le pouvoir d'achat de la monnaie est inversement
proportionnel à sa quantité. L'apport propre de cet auteur est la
distinction claire entre le court terme et le long terme. Ainsi, dans le long
terme, une stricte proportionnalité entre le niveau des prix et la
quantité de monnaie doit être vérifiée mais dans le
court terme les variations de la quantité de monnaie produisent des
variations dans le volume des transactions.
31
b) Les auteurs classiques
Si nous admettons que les auteurs classiques du
XIXème siècle ont inscrit leur analyse de la monnaie
dans le cadre de la théorie quantitative, nous porterons une plus grande
attention à D. RICARDO considéré comme le père de
cette théorie et à J.S. MILL qui l'a reformulée.
D'un coté, la vision ricardienne de la théorie
quantitative comparée aux intuitions, aux nuances des auteurs qui en
avaient posé les prémices, peut sembler simplificatrice en ce
sens que la vitesse de circulation de la monnaie n'est pas prise en compte
d'une part et que la monnaie n'exerce aucune influence sur la production et les
échanges d'autre part. La quantité de monnaie en circulation
dépend, selon RICARDO, des variations du stock d'or dues aux
découvertes de nouvelles mines. Cela signifie donc que l'offre de
monnaie est définie de manière exogène.
RICARDO adopte une conception stricte de la théorie
quantitative : les besoins de la circulation monétaire étant
fixés par le niveau de la production et des échanges, les
variations de la quantité de la monnaie conduisent à une
variation proportionnelle du niveau général des prix.
D'un autre coté, J.S. MILL reformule à son tour
la théorie quantitative à laquelle il apporte plusieurs
perfectionnements par rapport à celle de RICARDO. Quant à lui,
MILL prend en compte la vitesse de circulation la monnaie. Pour lui, la monnaie
thésaurisée, donc retirée provisoirement de la circulation
n'exerce aucun effet sur les prix.
32
I.1.2.3.5.2. La théorie quantitative
traditionnelle
La formulation la plus courante de la théorie
quantitative de la monnaie est celle d'Irving FISHER : M*V =P*T où M est
la masse monétaire en circulation, V la vitesse de circulation de la
monnaie, P le niveau général des prix et T le volume des
transactions à assurer.
Une définition la plus large de la masse
monétaire déboucha sur l'expression : M*V+M'*V' = P*T, qui
distingue les espèces en circulation (M) des dépôts (M'),
chaque composante de la masse monétaire globale ayant une vitesse de
circulation propre (respectivement V et V'). La signification la plus simple
consiste à dire que tout accroissement de la masse monétaire
supérieur à celui de la production réelle se traduira par
un ajustement à la hausse de l'ensemble des prix tel que la valeur
globale des échanges soit égale à celle de la nouvelle
quantité de la monnaie en circulation. En d'autres termes, la relation
entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix
est directe.
A court terme ou dans le cas d'un appareil de production ne
pouvant pas répondre à l'augmentation de la demande, la variation
des prix serait proportionnelle à celle de la masse monétaire.
Dans cette approche, l'offre et la demande de monnaie dépendent de
facteurs distincts voire qu'il n'existe pas de véritable demande de
monnaie pour elle-même, celle-ci n'étant demandée que pour
être immédiatement transformée en demande de biens et
services «réels» s'il en était autrement en effet, la
création monétaire pourrait n'être que la
conséquence du besoin en moyens de paiement de la communauté et
les facteurs monétaires perdraient leur pouvoir explicatif du mouvement
des prix, en devenant au contraire une conséquence de ceux- ci.
33
Pour donner à la monnaie un rôle propre et
déterminant dans la formation des prix nominaux, force est donc de
considérer qu'il existe une offre de monnaie, fonction soit
d'événements aléatoires, soit de la politique suivie
arbitrairement par les autorités monétaires contrôlant le
système bancaire.
I.1.2.3.5.3. L'équation de Cambridge
Développée par Alfred MARSHALL et Arthur Cecil
PIGOU, cette équation consiste à tenir en compte les encaisses
monétaires que les individus souhaitent détenir sous forme de
revenu réel en monnaie. Cette encaisse réelle sera
déterminée par application d'un coefficient k au revenu
réel.
On aura : M/P = k Y (1)
Avec :
M : masse monétaire
P : niveau général des prix
Y : le revenu réel
De l'équation (1), il est possible de déduire
l'encaisse nominale de la forme suivante :
M = k PY (2)
L'équation (2) signifie que l'accroissement de la masse
monétaire conduit les agents à recevoir de la monnaie pour un
montant supérieur à celui qu'ils souhaitaient détenir. Ils
augmentent donc leurs dépenses. Cela provoque une hausse des prix tant
que l'encaisse réelle n'a pas encore retrouvé la même
proportion avec le revenu réel qu'avant l'augmentation de la masse
monétaire.
34
I.1.2.3.5.4. Une nouvelle interprétation de la
théorie quantitative de la monnaie
Dans cette section, il sera question d'analyser la
théorie quantitative de la monnaie telle qu'interprétée
par Milton FRIEDMAN, Don PATINKIN et Richard CANTILLON.
a) Analyse de M. FRIEDMAN
L'inflation est toujours et partout un phénomène
dont la responsabilité repose sur la politique de l'Etat [Friedman
(1990)]. Pour lui, la création monétaire relève d'une
décision ou d'un contrôle des gouvernements.
Soumis à des permanentes pressions des
différents agents ou du système bancaire, l'Etat doit
dépenser davantage sans pour autant augmenter la pression fiscale ou
valider les créances privées afin de soutenir l'activité
économique et d'aider telle ou telle catégorie sociale. La
création monétaire permet ainsi de créer un
«impôt d'inflation», les recettes de l'Etat augmentant dans la
mesure où les tranches d'impôts sur le revenu ne s'ajustent pas
mécaniquement à l'inflation et/ou les bilans des entreprises ne
sont pas réévalués.
Dans le même temps, la dette de l'Etat se trouve
allégée .Ainsi, conclut cet auteur, le gouvernement doit donc
partout être rendu responsable de l'inflation.
Pour Milton FRIEDMAN, si le rythme de la croissance
monétaire n'est pas le même que celui de la croissance de la
production réelle observée dans le long terme, donc la
création monétaire (excessive), les agents qui désirent
détenir une encaisse monétaire déterminée par son
pouvoir d'achat (encaisse réelle : M/P est fonction de variables de
comportement stables) convertiront une partie de cette encaisse en demande de
biens et services afin de conserver la même structure de leur
patrimoine.
35
Cet «effet d'encaisse réelle» provoquera un
excès de demande qui entraînera une hausse des prix. Celle-ci peut
entraîner, selon FRIEDMAN, une relance ponctuelle de l'activité,
mais à très court terme seulement car l'inflation réduira
bien vite le pouvoir d'achat des revenus et de la monnaie. Cela
découragera tout nouveau développement de l'activité.
Ainsi, dans le long terme, la masse monétaire n'exercerait un effet que
sur les prix et non sur le produit réel.
b) Analyse de DON PATINKIN
Il revient sur l'effet d'encaisse réelle ou effet
Pigou et insiste sur son double avantage :
- Elle permet de comprendre comment la monnaie agit sur les prix
:
Soit M1/P1, l'encaisse réelle de la période 1
Si M1 augmente jusqu'à M2, les agents
détiennent une encaisse M2/P1 supérieure, ce qui entraîne
un accroissement des dépenses, donc de la demande provoquant, à
son tour, une hausse des prix en cas de plein-emploi des facteurs de
production. Cette analyse rejoint donc la précédente.
- Elle permet également de montrer que le niveau
général des prix n'est pas indéterminé car une
hausse des prix entraîne normalement une dévaluation des encaisses
réelles qui passent de M1/P1 à
M1/P2 avec P2>P1.
Cette situation fait que les agents reconstituent leurs
encaisses et la diminution de la demande qui en découle conduit à
une réduction des prix.
c) Richard CANTILLON
Richard CANTILLON est considéré comme
étant l'auteur à avoir donné l'approche quantitativiste la
plus convaincante. Il rend hommage à ceux qui ont relevé le
rôle de l'abondance de l'argent sur la hausse du prix des biens et
services mais se distingue en quelque sorte d'eux.
36
Pour Richard CANTILLON, la hausse des prix s'explique non pas
par le simple accroissement de la quantité de la monnaie mais par
l'augmentation de la demande que celle-ci permet. Or, cet effet sur les prix
s'effectuera à travers une succession de dépenses et ne sera donc
pas immédiat surtout si ceux dont le revenu augmente ont une propension
à épargner élevée et différente de
l'accroissement de leur consommation. De surcroît, il estime qu'une
partie de ces revenus peut être utilisée à l'achat de
produits importés, ce qui réduit la circulation monétaire
et l'effet de la demande sur les prix intérieurs. D'autre part,
l'augmentation de la circulation monétaire se traduit par une
entrée dans l'économie monétaire, de transactions prenant
jusqu'alors la forme du troc ; ce qui accroît l'offre globale. Ce dernier
argument apparaît évoquer une organisation économique
dépassée mais ceux qui le soutiennent affirment qu'il peut
être transposé dans les économies développées
où la création monétaire a attiré vers le monde de
la production marchande des catégories sociales qui lui étaient
extérieures.
L'analyse de Richard CANTILLON reconnaît donc que la
monnaie exerce une action sur l'économie réelle et
n'établit la responsabilité de la création
monétaire dans la hausse des prix que dans certaines conditions.
I.1.3. Les conséquences de l'inflation
Par rapport aux sociétés du passé et
à leurs réorganisations brutales (crises,
épidémies, famine, guerre, révolution), l'inflation est
une régulation en douceur mais sans doute aussi efficace [Meister
(1975)]. A travers cette idée apparaît toute la bivalence de
l'inflation : Phénomène aux effets tout à la fois
bénéfiques et néfastes.
Dans cette section, nous allons analyser les effets
bénéfiques de l'inflation d'une part et les effets
néfastes d'autre part.
37
I.1.3.1. Les effets bénéfiques de
l'inflation
Caractérisée par une augmentation des revenus
nominaux distribués, l'inflation peut contribuer à soutenir la
demande globale et, partant, à stimuler la croissance économique.
Deux facteurs principaux sont susceptibles de justifier l'existence d'une
relation entre l'inflation et la croissance économique :
- L'inflation allège les dettes des agents
économiques ;
- L'inflation améliore, par l'effet de levier, la
rentabilité financière des entreprises.
I.1.3.1.1. Allégement des dettes des agents
économiques
L'inflation diminue le coût réel de l'endettement
en fonction de la différence entre la hausse du niveau
général des prix et les taux d'intérêt
débiteurs en général non révisables ;
ménages et entreprises ont longtemps bénéficié des
taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs.
En effet, l'inflation allège la charge de remboursement
réel d'un débiteur.
La somme reversée au créancier peut même
être, en valeur réelle, inférieure à celle
empruntée si le taux d'inflation devient supérieur au taux
d'intérêt.
Considérons par exemple qu'un thésauriseur,
conscient de la ponction que l'inflation opère sur son épargne,
trouve pour son avoir de 100 000 FBU, un emprunteur acceptant de lui accorder
un taux d'intérêt nominal de 10% pour l'emprunt sur la
période. En francs constants, la somme rendue sera de 100 000 + (100
000*0.1) =110 000FBU.
Si le taux d'inflation a été de 15 %, nous
pouvons déterminer ce que représente réellement cette
somme en termes de pouvoir d'achat. Le coût réel de l'emprunt
apparaît si l'on comptabilise le montant du remboursement en francs
constants.
38
Celui-ci est de :(110 000*100)/115 =95 652 F Bu
L'emprunteur a ainsi réalisé un gain de 100
000-95 652 = 4 348 FBU. Non seulement le créancier ne s'est pas enrichi,
mais il n'a pas réussi à préserver sa richesse.
On assiste ainsi à un transfert de richesse au profit
de l'emprunteur chaque fois que le taux d'intérêt réel est
négatif.
I.1.3.1.2. Amélioration de la rentabilité
financière des entreprises
L'inflation exerce une action d'un autre ordre sur la
rentabilité des entreprises. En effet, comme elle réduit le poids
de la dette, les entreprises sont d'autant plus incitées à
recourir au financement extérieur que leur taux de profit interne est
supérieur au taux d'intérêt des capitaux empruntés
car une telle situation élève la rentabilité de leurs
fonds propres : c'est ce que l'on appelle l'«effet de
levier».
I.1.3.2. Les effets néfastes de l'inflation
Lorsqu'elle se pérennise dans la société,
l'inflation peut aussi entraîner des effets néfastes : elle
perturbe la répartition macroéconomique des revenus et
accroît l'incertitude globale.
I.1.3.2.1. La perturbation de la répartition
macroéconomique des revenus
Tous les agents ne peuvent pas évaluer leurs revenus
à la même vitesse que l'inflation. Celle- ci favorise une
redistribution occulte des revenus : elle est favorable aux emprunteurs et aux
titulaires de revenus flexibles, mais elle pénalise les
épargnants, les créanciers et les titulaires de revenus
imparfaitement indexables.
39
I.1.3.2.2. L'apparition de l'incertitude
En rendant incertaine l'évolution des valeurs nominales
des prix et des revenus, l'inflation complique les prévisions
économiques et rend la croissance économique plus chaotique. En
effet, l'avenir apparaît risqué car l'inflation rend
«myope».
En effet, lorsque les prix varient, il est difficile de
distinguer les mouvements de prix relatifs et le mouvement
général des prix. Si la réalité des mouvements est
difficile à appréhender, leur anticipation est encore plus
incertaine. La variabilité des prix et l'éventuelle modification
des prix relatifs engendrent une incertitude sur les prix futurs. Cette
incertitude rend le calcul individuel moins efficace. Les décisions
prises par les agents ne sont plus nécessairement optimales et la
mauvaise allocation des ressources conduit à une situation sous-optimale
au sens de Vilfredo PARETO (1981).
En définitive, l'inflation peut conduire, lorsqu'elle
est forte, à un ralentissement de la croissance économique, du
produit global et d'une détérioration de l'emploi. D'autre part,
lorsque l'inflation nationale est plus forte qu'à l'étranger,
elle réduit la compétitivité de l'économie et
conduit à procéder à des réajustements
monétaires.
L'intensité et la fréquence de l'inflation font
que les pouvoirs publics cherchent à élaborer les
stratégies appropriées pour y remédier. C'est ce que
traite la section suivante.
I.1.4. Les politiques de lutte contre l'inflation
La diversité des origines du processus inflationniste
conduit les pouvoirs publics à mettre en place de multiples instruments
pour lutter tant contre les causes que contre les effets de l'inflation.
40
Deux grands types de politiques sont principalement
utilisés : des politiques de régulation conjoncturelle et des
politiques de régulation structurelle de l'évolution des prix.
I.1.4.1. Les moyens d'une régulation
conjoncturelle de l'inflation
Dans une économie de marché, les moyens de
régulation conjoncturelle se situent à la fois au niveau
macroéconomique et au niveau microéconomique. Pour lutter contre
l'inflation, les pouvoirs publics peuvent en effet agir par le contrôle
tant du budget et de la monnaie que par celui des prix et des revenus.
I.1.4.1.1. Les instruments de régulation du budget
et de la monnaie
Afin de réduire un écart inflationniste
conjoncturel, les pouvoirs publics peuvent contracter la demande globale en
utilisant les instruments macroéconomiques que sont les politiques
budgétaire et monétaire.
a) La politique budgétaire et lutte contre
l'inflation
La politique budgétaire de lutte contre l'inflation
s'appuie sur la recherche de l'équilibre des finances publiques et de la
réduction du déficit budgétaire d'une part et sur la mise
en place d'un financement non monétaire du déficit
budgétaire d'autre part. En effet, l'équilibre peut être
atteint par une réduction des dépenses de l'Etat et par une
augmentation des recettes publiques. La réduction du déficit
budgétaire provoque une baisse du niveau du revenu global et contribue
par là même à atténuer les tensions inflationnistes.
Une telle situation est favorable à l'équilibre des finances
publiques et à la réduction du déficit
budgétaire.
41
De plus, en empruntant les moyens de financement disponibles
pour le reste de l'économie et notamment pour l'investissement, le
financement du déficit par l'épargne pousse les taux
d'intérêt à la hausse ; le ralentissement de
l'activité qui s'en suit exerce une action déflationniste.
Dans un double souci d'économies budgétaires et
de recherche d'une plus grande efficacité économique, l'Etat peut
se désengager peu à peu de certains domaines d'activité.
Ces mouvements de privatisation et de déréglementation qui
constituent un processus global de dérégulation participent de la
sorte à une politique de lutte contre l'inflation.
b) La politique monétaire et lutte contre
l'inflation
La politique monétaire joue un rôle croissant
dans la lutte contre l'inflation : l'idée maîtresse, largement
inspirée du courant monétariste est que le contrôle de la
quantité de monnaie doit permettre de maîtriser l'évolution
du niveau général des prix. A cette fin, les pouvoirs publics
peuvent recourir à deux instruments essentiels à savoir la
politique de réduction du taux de liquidité de l'économie
et la politique du maintien de la valeur externe de la monnaie. Ces politiques
économiques conduisent donc à une réduction des tensions
inflationnistes. La recherche d'un réglage de la demande par une
combinaison des politiques budgétaire et monétaire s'appuie sur
le fait que, d'une manière générale, la politique
monétaire a une action rapide mais indirecte, alors que la politique
budgétaire agit de manière plus directe mais avec des
délais qui peuvent être importants. Ce constat conduit à la
conception d'une politique conjoncturelle, dénommée politique
mixte, associant une stratégie budgétaire et des tactiques
monétaires.
42
I.1.4.1.2. Les instruments de régulation des prix
et des revenus
A côté des instruments classiques de
régulation macroéconomique, ont souvent été mis en
place des moyens d'intervention plus microéconomiques pour lutter contre
l'inflation : le contrôle des prix et la politique des revenus.
a) Le contrôle des prix
C'est une politique qui s'attaque aux effets de l'inflation
(la hausse des prix) plus qu'à ces causes profondes ; elle consiste,
selon les circonstances, soit à bloquer artificiellement les prix ; soit
à administrer leurs évolutions. Les diverses mesures de
contrôle des prix des biens et services du secteur concurrentiel se sont
souvent accompagnées de mesure de freinage de la progression des tarifs
publics, qui ont par ailleurs longtemps dégradé la situation
financière des entreprises publiques. Cependant, l'efficacité de
la réglementation des prix apparaît doublement contestable :
- Tout d'abord parce que le blocage, s'il brise
momentanément l'inflation, ne permet pas de la juguler durablement ;
- Ensuite parce que toute administration des prix est peu
rationnelle dans une économie de marché ou la liberté de
fixation des prix est érigée en principe.
b) La politique des revenus
L'expérience montre qu'il ne peut y avoir de
véritable contrôle des prix sans contrôle des salaires ;
composante essentielle des coûts de revient des entreprises, les salaires
ont été ainsi, à des fins de lutte contre l'inflation et
de réalisation de certains objectifs sociaux, l'objet de
réglementations variées dans le cadre de la «politique des
revenus».
43
Etant donné que les principaux objectifs de la
politique des revenus sont la fixation, pour une période donnée,
des normes non inflationnistes de progression des revenus nominaux et
l'assurance d'une meilleure répartition de la richesse
créée, les gouvernements sont alors amenés à
adapter ces objectifs dans la lutte contre l'inflation. D'une part, ils
exercent un contrôle des variations des salaires en fonction de
l'évolution de multiples variables économiques : taux de
croissance, productivité du travail au niveau naturel et par branche de
production. D'autre part, dans un souci de répartition non
inflationniste des fruits de la croissance, les pouvoirs publics peuvent par
exemple procéder à une redistribution des revenus ou de la
fortune par le biais de la politique fiscale et des transferts.
I.1.4.2. Les moyens d'une régulation
structurelle de l'inflation
L'évolution des prix depuis 1945 a montré qu'une
part de l'inflation était liée aux structures économiques
internes [Biales (1991)]. La lutte contre une telle inflation exige l'emploi de
moyens appropriés.
I.1.4.2.1. Restauration du rôle des
marchés
La concurrence joue un rôle essentiel de
régulation des prix : elle permet en effet d'éliminer les rentes
de situations inflationnistes et de contraindre les entreprises à mener
une politique plus rationnelle en recherchant des gains de
productivité.
I.1.4.2.2. Suppression des mécanismes
amplificateurs de la hausse des prix
Il existe, dans toute économie à tradition
inflationniste, des mécanismes de propagation et d'amplification des
déséquilibres inflationnistes, comme l'indexation automatique des
salaires sur la hausse des prix, ou encore la contagion d'avantages consentis
dans des entreprises productives à des secteurs qui le sont moins.
44
Par ailleurs, la compression des salaires est de nature
à atténuer l'inflation par la demande. Elle se traduit aussi par
une réduction de l'inflation par les coûts. Cette réduction
est d'autant plus forte que l'amélioration de la productivité
autorise une baisse des coûts salariaux sans diminution des salaires
nominaux.
I.2. Littérature empirique de l'inflation et de
la croissance économique
Dans un colloque international tenu en Istanbul sur «
Inégalités et développement dans les pays
méditerranéens » en Turquie du 21 au 23 mai 2009,
l'étude menée par deux économistes Teheni EL GHAK et Hajer
ZARROUK «Développement financier et inégalité de
revenu : analyse empirique sur les données de panel », a
révélé le rôle des variables monétaires dans
l'explication des inégalités de revenus. En effet, les
résultats soulignent qu'un niveau élevé d'inflation
entrave la convergence économique des pays. Cependant, un système
monétaire développé aide à réduire les
inégalités des revenus. Les études empiriques ne semblent
pas répondre définitivement et clairement aux coûts et
avantages d'une politique monétaire expansionniste. Toutefois, de
nombreux économistes ont démontré l'existence d'un lien
négatif entre le niveau d'inflation et la croissance économique.
Une inflation élevée peut éroder l'intermédiation
financière en affectant l'utilité des actifs monétaires et
en conduisant à des décisions politiques qui déforment la
structure financière. Elle peut introduire des distorsions dans le choix
des investissements productifs en défavorisant les investissements
à long terme.
Au Sénégal, dans leur travail « Le
Sénégal en quête d'une croissance durable », Abdoulaye
DIAGNE et Gaye DAFFE (2002) ont montré l'existence d'une relation
négative entre le niveau d'inflation et la croissance économique
(le coefficient associé à la variable explicative IPC est de
-0.153).
45
Une inflation forte peut être le signe d'une
imperfection du marché financier. Néanmoins, un niveau
d'inflation modéré (7 à 9% par an) n'est incompatible avec
une croissance rapide. En effet, une croissance forte peut contribuer à
la stabilité des prix, en renforçant la base imposable et donc en
réduisant le besoin de création monétaire pour le
financement du déficit budgétaire. Toutefois, une croissance
forte peut également exacerber les conflits sociaux pour le partage du
revenu national et donc conduire à une spirale inflationniste
liée aux coûts. C'est pourquoi l'interprétation de l'effet
de l'inflation sur la croissance économique doit être faite avec
prudence surtout si le taux moyen de la hausse des prix dépasse rarement
12% ; ce qui est le cas du Sénégal.
En France, Olivier BRUNO et Patrick MUSSO (2005), dans leur
étude « Volatilité de l'inflation et croissance
économique », ont montré un modèle simple de
croissance endogène dans lequel la composante systématique
(anticipée) de la politique monétaire a un impact non
linéaire sur le taux de croissance de long terme de l'économie.
Ils ont montré également que, hors sentier régulier, la
volatilité de l'inflation (anticipée et non anticipée)
influence négativement le taux de croissance économique. Il
apparaît notamment qu'en univers incertain, le mécanisme
d'épargne de précaution induit par la volatilité de
l'inflation est toujours dominé par un effet de revenu dû à
l'augmentation du rendement global espéré de l'épargne.
Ces résultats sont compatibles avec les différentes analyses
empiriques de la relation inflation-épargne et de l'influence de la
volatilité de l'inflation sur la croissance économique.
D'après ces auteurs, il est aujourd'hui banal
d'affirmer que les effets de long terme de la politique monétaire sont
difficiles à quantifier. Les nombreux travaux empiriques
réalisés sur le sujet n'ont réussi qu'à
démontrer l'extrême difficulté d'un tel exercice.
46
Leurs conclusions sont souvent ambigües et peu robustes.
Les seuls résultats réellement significatifs qu'il semble
possible de dégager de ces études peuvent être
résumés par les points suivants :
- L'inflation est fortement positivement
corrélée avec l'évolution de la masse monétaire
[McCandeless et Weber (1995)] ;
- La croissance économique de long terme est
inversement reliée à la volatilité de l'inflation [Judson
et Orphanides (1966)], [Andres, Domenech et Molinas (1966)] ;
- Il existe une corrélation positive entre
l'évolution de la masse monétaire et la croissance
économique de long terme, mais uniquement pour les pays dont les taux
d'inflation moyens sont relativement faibles (pays de l'OCDE). La relation
n'est plus significative lorsqu'on prend en compte un échantillon de
pays plus étendu [McCandeless et Weber (1995)].
En définitive, le travail de recherche scientifique
fait appel à la littérature antérieure pour montrer sa
valeur ajoutée afin d'en corriger les imperfections éventuelles.
Après avoir interrogé la théorie traitant de l'inflation
et de la croissance économique dans le premier chapitre, il
s'avère indispensable de mener une analyse descriptive sur base des
faits observés. Le second chapitre est consacré à
l'analyse descriptive de l'activité économique et du processus
inflationniste pour le cas du Burundi. Dans cet ordre d'idée, ce
chapitre permet de vérifier partiellement les hypothèses que nous
avons posées au départ.
47
CHAP. II : LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LE PROCESSUS
INFLATIONNISTE AU BURUNDI : UNE APPROCHE
DESCRIPTIVE
Les problèmes des économies de bon nombre de
pays du monde entier en général et des pays en voie de
développement en particulier ne sont pas à rechercher dans un
passé récent. La majorité des puissances actuelles ont
connu dans le passé des difficultés de tous ordres :
difficultés politiques, économiques et sociaux. Alors que ces
difficultés ont laissé des effets didactiques pour certains pays
actuellement développés, certains dirigeants, en Afrique surtout,
voyaient dans ces troubles la « très bonne occasion de
renchérir leurs agendas privés ».
Ayant constaté au début des années 80 que
le phénomène d'inflation prenait une allure sans
précédente dans plusieurs pays du tiers monde, le FMI initia des
programmes de stabilisation afin de promouvoir le développement
socioéconomique ; cela à travers les programmes d'ajustement
structurels (PAS). Entre autres recommandations, assainir les finances
publiques, promouvoir le secteur privé, contrôler rigoureusement
la masse monétaire, pour ne citer que ceux-là étaient
considérés comme obligatoires aux Etats africains accusés
de mauvais gestionnaires des affaires publiques.
Le Burundi ne peut pas s'écarter de cette
réalité qui prévalait dans bon nombre de pays en voie de
développement. Des taux d'inflation inconnus jusqu'alors ont
été observés vers la fin des années 1990 avec les
sanctions que les pays partenaires économiques ont affligées au
Burundi.
Dans le présent chapitre, il est question de mettre
à jour l'évolution du PIB et de l'inflation le long de notre
période d'étude en s'appuyant sur une analyse descriptive. Une
évolution de la production par secteur et par branche d'activité
économique sera aussi présentée.
48
Les données présentées dans ce chapitre
ont été tirées des différentes publications
périodiques de la BRB et dans le document « Economie burundaise
» publié annuellement par le Ministère de la Planification,
du Développement et de la Reconstruction Nationale.
II.1. Le secteur réel
L'économie réelle est définie comme
l'ensemble des mécanismes de production, de distribution et de
consommation de biens et services.
Par opposition, les moyens servant à financer ces
activités relèvent de la sphère financière. La
comptabilité nationale est une représentation schématique
et quantifiée de l'activité économique d'un pays. Elle
prend en compte de nombreux indicateurs macroéconomiques dont le plus
important est le PIB (Produit Intérieur Brut) qui est un indicateur qui
mesure la production de l'activité économique nationale au cours
d'une période donnée, généralement une
année.
Il correspond à la somme des valeurs ajoutées
des différents agents économiques regroupés par secteur et
par branche. C'est le PIB au coût des facteurs auquel on ajoute les taxes
indirectes sur la consommation des biens et services produits diminuées
des subventions octroyées pour avoir le PIB au prix du marché.
L'économie est subdivisée en trois secteurs
à savoir le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur
tertiaire.
Le secteur primaire concerne l'exploitation directe des
ressources naturelles. Il est subdivisé en trois branches :
l'agriculture de rente, l'agriculture vivrière et les autres produits
primaires à savoir l'élevage, la pêche et la
sylviculture.
49
Même si les chiffres peuvent avoir changé, la
conviction est que les variations sont dans des proportions faibles. Le
recensement général de la population en 1990 estimait la
population rurale et agricole à 93.7% de la population totale. Cette
agriculture est dominée par les cultures des produits dits non
échangeables.
Le secteur secondaire concerne les industries de
transformation des matières premières issues du secteur primaire.
Il comprend la branche industries, énergie, mines auxquelles sont
ajoutées les activités artisanales de transformation y compris la
forge et la vannerie et la branche constructions.
Le secteur tertiaire regroupe les services aussi bien
parapublics que privés et administratifs. Il s'agit donc de tous les
services que l'on peut subdiviser en deux branches qui sont les services
marchands et les services non marchands. Les services non marchands sont
représentés par l'administration publique tandis que les services
marchands sont constitués par le commerce, les transports,
télécommunications et les autres services privés.
Les ressources de l'économie sont constituées du
PIB et des importations.
Les emplois de l'économie regroupent la consommation
finale, l'investissement et les exportations.
Pour étayer l'idée de la subsistance de
l'économie burundaise, il convient d'analyser la part de chaque secteur
à la formation du PIB au coût des facteurs. La part du secteur
primaire dans le PIB est la plus élevée comme le témoigne
le graphique n°1 :
50
Graphique n°1 : Evolution du PIB par chaque secteur
de 1980 à 2008 en M BIF (prix courants)
1400000
1200000
1000000
400000
800000
600000
200000
0
Années
Source : Nous-mêmes à
partir des données du tableau n°1 repris en annexes
Secteur primaire Secteur secondaire
Secteur tertiaire PIB au coût des facteurs en
MBIF
A travers ce graphique, il ressort clairement que la formation
du PIB au coût des facteurs est marquée par une
prépondérance du secteur primaire suivi par le secteur tertiaire
; le secteur secondaire venant en troisième lieu tout au long de notre
période d'analyse. Cependant, à partir de l'année 1999, la
part du secteur tertiaire commence à augmenter dans des proportions
remarquables par rapport aux années antérieures jusqu'à
même dépasser celle du secteur primaire respectivement en 2000,
2001, 2003 et 2004.
De par ce constat, la confiance des opérateurs
économiques, le progrès des télécommunications et
des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), le
transport ainsi que la reprise du tourisme sont des raisons probables pour
caractériser cette situation.
51
II.1.1. Le secteur primaire
La population burundaise est essentiellement agricole et plus
de 90% de la population vivent des produits vivriers et de l'élevage
[MPDRN (2004)].
Le secteur primaire est plus important au Burundi si l'ont
tient compte de son apport dans le PIB. Ce secteur comprend l'agriculture
vivrière, l'agriculture de rente ou d'exportation, l'élevage, la
pêche et la sylviculture.
II.1.1.1. L'agriculture vivrière
L'agriculture vivrière constitue l'activité
économique la plus importante au Burundi si on tient compte de la
population active qu'elle occupe et de sa place dans l'économie
nationale. Cependant, ce secteur est soumis à plusieurs contraintes qui
réduisent significativement ses performances entre autres une
atomisation progressive des exploitations agricoles résultant de
l'accroissement démographique et la faible disponibilité
d'emplois non agricoles en milieu rural. La production vivrière est
composée en grande partie par 4 types principaux de cultures à
savoir les céréales, les légumineuses, les racines et
tubercules ainsi que les bananes. Cette agriculture occupe une place de choix
dans l'économie dans la mesure où elle contribue à elle
seule à 25% du PIB [MPDRN (2006)].
II.1.1.2. Les cultures de rente ou d'exportation
Cette branche regroupe l'ensemble des produits agricoles
exportés. Il s'agit essentiellement du café et du thé, en
petite quantité du coton ainsi que les peaux, le quinquina et le
tabac.
Ce secteur ne représente qu'une proportion minime du
PIB et des terres cultivées mais il assure plus de 80% des recettes
d'exportations et joue par conséquent un rôle
prépondérant dans l'économie du pays [MPDRN (2006)].
52
II.1.1.3. L'élevage
L'élevage demeure extensif sur pâturage avec des
races locales peu productives. Toutefois, on observe ces derniers jours
l'introduction progressive de races laitières mais les effectifs restent
limités par l'insuffisance de géniteurs et de ressources
financières. Les principales espèces élevées au
Burundi sont les bovins, les caprins, les ovins, les porcins, les volailles,
les lapins et les abeilles sans oublier la production des produits
dérivés (lait, beurre, oeufs et du miel).
Toutefois, la crise sociopolitique qui a secoué le pays
n'a pas épargné l'élevage. Les événements
tragiques que le Burundi a connus depuis le 21 octobre 1993 ont, à eux
seuls, emporté un grand nombre de cheptel surtout pour le gros
bétail.
II.1.1.4. La pêche
La pêche quant à elle, représente toujours
une part très minime dans l'ensemble du secteur primaire. Ceci est
dû surtout au fait qu'il s'agit d'une pêche essentiellement
artisanale et limitée en source d'approvisionnement.
Comme dans le cas de l'élevage, la crise sociopolitique
qu'a connue le Burundi a fragilisé le secteur de la pêche.
Certaines plages de la province Bujumbura ont fermé du fait de
l'insécurité qui régnait dans cette zone de
pêche.
Le graphique suivant montre l'évolution de la production
du secteur primaire :
53
Graphique n°2 : Evolution de la production du
secteur primaire de 1980 à 2008 en M BIF (prix courants)
400000
700000
600000
500000
300000
200000
100000
0
Années
Source : Nous-mêmes à
partir des données du tableau n°2 repris en annexes
Agriculture vivrière Agriculture rente
Elevage, pêche et sylviculture Secteur
Primaire
De par ce graphique, il ressort que la production du secteur
primaire provient essentiellement de l'agriculture vivrière tandis que
l'agriculture de rente se concurrence avec l'élevage, pêche et
sylviculture.
Comme le montrent les données du tableau n°2 en
annexes, la contribution l'agriculture vivrière dans le secteur primaire
varie entre 72.11% et 82.5% respectivement le pourcentage le plus bas
remarqué en 1981 et le plus élevé en 1993. Quant à
l'agriculture de rente, la part en pourcentage du PIB dans le secteur primaire
varie entre 2.42% et 13.16% respectivement le pourcentage le plus bas
remarqué en 2005 et le plus élevé en 1981. Les autres
produits primaires comprenant l'élevage, la pêche et la
sylviculture contribuent dans les pourcentages qui oscillent entre 9.81 % et
16.55 % respectivement le pourcentage le plus bas observé en 1998 et le
plus élevé en 1985.
En fin de compte, l'économie burundaise est une
économie de subsistance dominée par l'agriculture vivrière
qui comprend des cultures variées dont la quasi-totalité est
destinée à la satisfaction des besoins alimentaires, donc la
54
production des biens non échangeables. C'est un cas
typique d'agriculture de subsistance appelée aussi agriculture
d'autoconsommation.
II.1.2. Le secteur secondaire
Ce secteur comporte les activités des industries
diversifiées en l'occurrence les industries alimentaires, les industries
chimiques, les industries de textiles et du cuir et les industries des
matériaux de construction d'une part, l'artisanat, l'eau et
l'énergie d'autre part. Le graphique ci-après illustre la
répartition de la production intérieure par branche
d'activité dans le secteur secondaire.
Graphique n°3 : Evolution de la production du
secteur secondaire de 1980 à 2008 (en M BIF au prix
courants)
250000
200000
150000
100000
50000
Industries, mines, énergie et artisanat Constructions
Secteur secondaire
0
Années
Source : Nous-mêmes à partir
des données du tableau n°3 repris en annexes
Ce graphique montre que le secteur secondaire est
dominé par la branche industries, mines et énergie. Ces
dernières années, l'écart entre les deux branches du
secteur secondaire est énorme.
55
En effet, comme le montrent les données du tableau
n°3 en annexes, la branche industries, mines et énergie
représente plus de 60 % tout au long de notre période
d'étude jusqu'à dépasser 92% en 1991. Toutefois, la
branche constructions occupe un pourcentage variant entre 7.4% et 53.18 %
valeurs respectives des années 1992 et 1991. Comparativement aux autres
années comme le montre le tableau n°3 en annexes, cette branche
représentait une part importante dans le secteur secondaire de 1982
à 1985. A la fin de 1985, le rendement de la branche constructions a
chuté. Le rendement le plus élevé est celui de 1991
où la branche constructions représentait une part plus
élevée que celle de la branche industries, mines et
énergie. Toutefois, la part de cette branche dans le secteur secondaire
a augmenté jusqu'à dépasser 30% ces 4 dernières
années. A partir de 2005 jusqu'à la fin de notre période
d'étude, les deux branches du secteur secondaire contribuent dans des
proportions presque constantes 68.86%, 67.83%, 67.51%, 68.10% et 31.14%,
32.17%, 32.49%, 31.90% respectivement pour la branche industries, mines,
énergie et artisanat et la branche constructions. Ces valeurs varient
autour d'une moyenne respective de 68.07% et 31.92%.
II.1.3. Le secteur tertiaire
Le secteur tertiaire est composé en grande partie
(environ 60%) de la production de services non marchands par les
administrations publiques ; le reste étant partagé entre les
activités de transports, postes et télécommunications, les
activités commerciales et en fin les services modernes comme les banques
et les assurances, les services rendus par les bars et les restaurants
(autrement dit les services marchands) [MPDRN (2007)].
Les activités de la branche services non marchands
prennent le devant comme le montre le graphique n°4 suivant :
56
Graphique n°4 : Evolution de la production du
secteur tertiaire de 1980 à 2008 en M BIF (prix courants)
450000
400000
500000
350000
300000
250000
200000
150000
100000
50000
0
Années
Source : Nous-mêmes à partir
des données du tableau n°4 repris en annexes
A travers ce graphique, il ressort que la production de
services non marchands est plus développée que celle des services
marchands.
Services marchands Services non marchands Secteur
tertiaire
En effet, comme le montrent les données du tableau
n°4 en annexes, au début des années 1980, les services
marchands représentaient plus de 50% dans la production du secteur
tertiaire avec 52.62%, 53.31%, 51.72% respectivement en 1980, 1981 et 1983.
Comme le montre les valeurs des 11 dernières années de notre
période d'étude, la part de chaque branche dans le secteur
tertiaire varie dans de moindres proportions. La part des services marchands
tourne autour d'une moyenne de 34% alors que celle des services non marchands
oscille autour d'une moyenne de 63%.
57
II.2. L'évolution de l'inflation de
1980-2008
Le phénomène « inflation » n'est pas
récent ici au Burundi. Le début des années 80 a
été marqué par des taux d'inflation plus
élevés dans bon nombre de pays en voie de développement.
Une telle situation est allée jusqu'à inquiéter les
institutions de Bretton woods. Ces institutions n'ont pas accueilli l'inflation
mains ouvertes. EIles ont de même adressé des recommandations aux
Etats du tiers monde en mettant sur pied les Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS). Ces recommandations telles qu'évoquées au début du
second chapitre sont entre autres assainir les finances publiques, promouvoir
le secteur privé, contrôler rigoureusement la masse
monétaire. Les Etats du tiers monde dont le Burundi furent
qualifiés de mauvais gestionnaires et le Fonds Monétaire
International demandait alors à ces pays de mettre en avant la
privatisation d'autant plus que les subventions octroyées par l'Etat aux
entreprises publiques pourraient être affectées ailleurs.
L'inflation a battu le record dans la deuxième
moitié de la décennie 1990 quand les pays partenaires
économiques du Burundi lui ont pris des sanctions économiques.
Dans la présente section, nous allons présenter de façon
descriptive comment le taux d'inflation, le taux de croissance de la masse
monétaire et le taux de change ont évolué de façon
comparative.
II.2.1. Les statistiques des prix
Au Burundi, un indice des prix à la consommation est
obtenu à partir des calculs statistiques ; ces derniers mesurant
l'évolution des prix du très grand nombre de biens et services
qu'achètent les ménages. C'est une mesure du pouvoir d'achat de
la monnaie par rapport à un ensemble fixe de biens et services de
consommation marchands. Les données sur les statistiques des prix sont
établies sur la base des relevés des prix collectés par
l'ISTEEBU aux différents marchés de la capitale de Bujumbura.
58
Le panier de la ménagère est composé des
articles répartis en huit groupes à savoir :
1. Alimentation ;
2. Logement;
3. Habillement ;
4. Articles de ménage ;
5. Services médicaux ;
6. Transport et communication ;
7. Culture, loisir et enseignement ;
8. Autres biens et services.
Cette classification a été adoptée à
l'issu d'une enquête effectuée en 1991. Pour calculer l'IPC, on
emploie la formule de Laspeyres ou celle de Paasche. Le graphique suivant
montre l'évolution du taux d'inflation le long de notre
période d'analyse :
Graphique n°5 : Evolution du taux d'inflation de
1980 à 2008
35
30
25
20
15
10
-5
5
0
Taux d'inflation
Années
Source : Nous-mêmes à partir
des données du tableau n°5 repris en annexes
Il ressort de ce graphique que le taux d'inflation
évolue en forme de dents de scie et le pouvoir d'achat des agents
économiques n'a cessé de se détériorer
énormément ces dernières années.
59
Comme le montre le tableau n°5 en annexes, les taux
d'inflation tournent dans une bande de -1.2% en 2002 et 31.2% en 1997.
En 1980-1981, les conditions climatiques défavorables
sont à l'origine du taux d'inflation de 12.07% observé en 1980.
Le taux d'inflation de 14.4% de 1984 est quant à lui principalement
lié à la décision du gouvernement prise en novembre 1983
de dévaluer le FBU. Par la suite, ce taux a sensiblement ralenti en 1985
où il était de 3.6% grâce à une offre
améliorée des produits vivriers, à la baisse de l'indice
d'habillement et à la stabilité de celui des transports. En 1986,
ce taux est passé à 1.8% à la suite de bonne performance
de la production caféière. En 1987, ce taux est tiré
à 7.1% causé principalement par la chute brutale des cours du
café. Depuis 1993 jusqu'à 1997, on a assisté à une
détérioration continue du pouvoir d'achat de la population
burundaise liée à une accélération du taux
d'inflation qui est indubitablement lié au blocus économique
depuis 1996 et à la crise qui ont paralysé la machine
économique du Burundi. Après la levée de ces sanctions en
1999, ce taux a diminué et le taux d'inflation le plus
élevé de 2000 est liée à la crise persistante
conjuguée à des facteurs exogènes qui ont laissé le
pays dans un marasme économique. Le long de cette année, tous les
secteurs d'activités ont été affaiblis et plus
particulièrement le secteur primaire qui a pâti d'une
sévère sécheresse. Cette dernière a
entraîné des effets néfastes sur la production agricole. En
effet, l'année 2000 a été marquée par le
renchérissement des produits vivriers et du logement ainsi que
l'envolée des huiles minérales.
S'agissant de l'année 2002, la seule à avoir un
taux d'inflation négatif le long de notre période d'étude,
l'économie burundaise a été caractérisée par
des résultats performants avec une abondante production
caféière et le taux d'inflation a passé de 9.3% à
une baisse de 1.3%. Par la suite, ce taux s'est accru de 10.7% en 2003 suite
à l'offre insuffisante des produits de consommation courante liée
à l'insécurité persistante dans certaines régions
du pays et aux mauvaises conditions climatiques.
60
En 2006, le coût de la vie de la population s'est
faiblement renchéri de 2.7% suite à la disponibilité des
produits de première nécessité pendant les neuf premiers
mois de l'année. Le taux d'inflation de 8.7% observé en 2007 est
principalement dû au renchérissement des produits
pétroliers et vivriers ainsi que ceux de la BRARUDI.
En 2008, le pouvoir d'achat des ménages, tel que
mesuré par l'IPC des ménages à Bujumbura, s'est fortement
détérioré de 24.5% contre 8.4% en 2007. Une telle
situation est indubitablement liée à la hausse des prix des
produits alimentaires et hors-alimentaires.
II.2.2. Evolution de la masse monétaire et son
influence sur le taux
d'inflation
Au Burundi comme dans bon nombre de pays, l'on distingue deux
types d'agrégats monétaires.
L'agrégat M1, aussi appelé masse
monétaire au sens strict ou encore disponibilités
monétaires, est constitué par les billets et pièces en
circulation hors banques ainsi que les dépôts à vue dans le
système bancaire. La composition fiduciaire des billets de la monnaie
burundaise est la suivante : billets de 10 000F, de 5 000F, de 2 000F, de 1
000F, de 500F, de 100F, de 50F, de 20F, de 10F. Les pièces
métalliques, sont au nombre de trois : celle de 10F, de 5F et de 1F.
L'agrégat M2 comprend M1 auquel il ajoute les quasi-monnaies. Cet
agrégat est aussi appelé masse monétaire au sens large. Il
est utilisé comme indicateur de mesure de la croissance
économique à travers le taux de sa variation comparé au
taux de variation du PIB. Au Burundi, la masse monétaire a tendance
à la hausse comme le graphique suivant en est parlant.
61
Graphique n°6 : Evolution de la masse
monétaire au sens large et de ses composantes de 1980 à 2008 (en
MBIF)
400000
500000
300000
200000
100000
0
Années
Source : Nous-mêmes à partir
des données du tableau n°6 repris en annexes
Masse monétaire M1 Quasi-monnaie Masse
monétaire M2
Ce graphique montre que la masse monétaire ne cesse
d'augmenter d'année en année. Les disponibilités
monétaires sont plus élevées par rapport à la
quasi-monnaie.
Comme le montre le tableau n°6 en annexes, le taux de
croissance de la masse monétaire a fluctué dans une bande allant
de -2.43% en 1995 à 45.55% en 1999. Ce taux est de 34.25% en 2008 contre
10.06% l'année précédente. Le taux d'inflation a aussi cru
dans des proportions remarquables 24.5% en 2008 contre 8.4% en 2007. Comme le
montre les données du tableau n°7 en annexes, toutes ces 5
dernières années de notre période d'étude, les deux
taux varient dans le même sens ce qui montre que durant cette
période, l'inflation paraît être le plus d'origine
monétaire. Toutefois, pour certaines années, le taux de
croissance de la masse monétaire et celui d'inflation varient en sens
inverse. C'est le cas des années 1984, 1995, 2000, .... Les taux de
croissance de la masse monétaire sont variables chaque année et
le taux le plus élevé est celui de 1999 où le Burundi
traversait une situation lourde à cause des sanctions
décidées par les pays partenaires économiques. En
définitive, l'évolution comparée du taux de
62
croissance de la masse monétaire et du taux d'inflation
apparaît sur le graphique suivant :
Graphique n°7 : Evolution comparée du taux
de croissance de la masse monétaire et du taux d'inflation (en %) de
1980 à 2008
-10,00
40,00
50,00
30,00
20,00
10,00
0,00
Taux de croissance de la masse monétaire Taux
d'inflation
Années
Source : Nous-mêmes à partir
du tableau n°6 en annexes
On soupçonne une nette corrélation entre le taux
de croissance de la masse monétaire et le taux d'inflation. Plus
profondément, le taux d'inflation monte chaque fois que le taux de
croissance monétaire augmente et diminue dans le cas contraire, et ce
résultat semble plus vraisemblable durant toute la période allant
de 1994, où les pics de la croissance monétaire correspondent
avec ceux de la croissance du taux d'inflation. Cette situation montre
justement que durant la période de la guerre civile au Burundi,
l'inflation semble être le plus d'origine monétaire. Cela
résulterait des déficits financés par la création
monétaire. Ces constats convergent avec les résultats empiriques
dégagés par les économistes français McCandeless et
Weber (1995). D'après ces auteurs, l'inflation est fortement
positivement corrélée avec l'évolution de la masse
monétaire.
63
II.2.3. Volatilité du taux de change et son
influence sur le taux d'inflation
Compte tenu de la dévaluation de la monnaie nationale
burundaise ou des fluctuations des prix internationaux, le
renchérissement des biens importés, notamment des produits
pétroliers, se répercute immédiatement ou à moyen
terme sur le prix des denrées produites et offertes localement. C'est
l'inflation importée [Bararuzunza (2008)].
Ce mécanisme de transmission s'explique au travers
notamment de la théorie des prix relatifs. La notion de prix relatifs
désigne ici le rapport entre les prix intérieurs,
c'est-à-dire des biens et services produits nationalement, et les prix
extérieurs, c'est-à-dire des biens et services produits dans le
reste du monde [Dornbush (1976), Kouri (1975), Mundell (1974)].
Ce canal de transmission des fluctuations des prix
internationaux est implicitement lié au principe de la
«parité des pouvoirs d'achat» qui stipule que le prix
d'un bien devrait être le même partout où il est
échangé, ce qui signifie que le taux de change d'une monnaie
dépend du niveau d'inflation pratiqué dans les partenaires
étrangers et que, dans un pays quelconque, l'accroissement de
l'inflation intérieure implique la dévaluation de la monnaie et
inversement.
Pour le cas du Burundi, la corrélation entre le taux de
change et le taux d'inflation pourrait être appréciée au
travers du graphique suivant :
64
Graphique n°8: Taux de change effectif nominal et
taux d'inflation (en %) de 1980 à 2008
180
160
140
120
100
-20
40
80
60
20
0
Taux de change effectif nominal Taux d'inflation
Années
Source : Nous-mêmes à partir
du tableau n°8 en annexes
Il ressort de ce graphique que le taux de change n'influence
pas directement et dans des proportions importantes le taux d'inflation. En
effet, quand l'indice du taux de change effectif nominal a tendance à la
baisse, le taux d'inflation ne suit pas. Ceci s'explique par le fait que les
effets de la dévaluation sur l'inflation transitent par d'autres canaux
dont la diminution sensible de la consommation de certains biens en provenance
de l'extérieur, etc.
II.3 Evolution comparée du taux de croissance du
PIB et du taux d'inflation
Comme nous l'avons évoqué dans les sections
antérieures, le pouvoir d'achat de la population s'est
détérioré d'années en années à cause
de la hausse des prix qui s'est aggravée ces dernières
années de notre période d'étude.
Le graphique suivant montre une évolution
comparée du taux d'inflation et de la croissance du PIB.
65
Graphique n°9 : Evolution comparée du taux de
croissance du PIB et du taux d'inflation (en %) de 1980 à
2008
-20
40
20
0
Taux de croissance du PIB Taux d'inflation
Années
Source : Nous-mêmes à partir
du tableau n° 7 en annexes
Il ressort de ce graphique que le taux d'inflation n'influence
pas directement et proportionnellement le taux de croissance du PIB. En effet,
on remarque qu'une hausse du taux d'inflation est associée soit à
une hausse ; soit à une baisse de la production respectivement pour les
années 1983, 1984, 1988, 1994, 1996, 1997, 2003, 2005, 2008 et 1987,
1991, 1993, 1995, 2000 et 2007.
La variation en sens inverse converge avec les
résultats empiriques des économistes français Judson et
Orphanides (1966) d'un côté ; et de l'autre Andres, Domenech et
Molinas (1966). Les études empiriques menées respectivement par
ces auteurs ont révélé que la croissance économique
de long terme est inversement reliée à la volatilité de
l'inflation.
De plus, au Burundi, une diminution du taux d'inflation n'est
pas nécessairement liée à une croissance de
l'activité économique et cela pour les années 1982, 1986,
1998, 1999,2002 et 2006. Tout cela montre que les variations du PIB sont
expliquées par d'autres phénomènes (variables) en plus du
taux d'inflation.
En définitive, ce chapitre était une occasion de
mener une analyse descriptive des différentes variables qui influent sur
le niveau de l'activité économique au Burundi et montrer
l'évolution du taux d'inflation dans la période allant de 1980
66
à 2008. Toutefois, afin d'éviter des
affirmations gratuites ou erronées sur les variables retenues pour
expliquer le niveau du PIB, nous sommes amenés à passer par une
analyse économétrique afin de confronter la théorie et les
faits observés ; ce qui fait l'objet du troisième chapitre afin
de vérifier empiriquement nos hypothèses de recherche.
67
CHAP. III : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE L'INCIDENCE DE
L'INFLATION SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
« ...Ces petits modèles sont des abstractions.
C'est l'économétrie qui détermine s'ils sont
réalistes ou non... » [Arjo (1988)].
L'étude des phénomènes économiques
porte sur la vérification des théories déjà
existantes sur chaque concept de la science économique. La
théorie économique est cependant souvent incertaine, allant
jusqu'à des explications contradictoires. C'est pour cette raison qu'il
s'avère toujours indispensable sinon crucial de confronter les
énoncés théoriques aux faits observés.
L'économétrie est un outil à la
disposition de l'économiste qui lui permet de confirmer ou d'infirmer
les théories qu'il a construites [Bourbonnais (1998)].
L'économétrie a ainsi la tâche de mettre à
l'épreuve des théories économiques par l'application des
méthodes statistiques aux observations des phénomènes
étudiés. A partir des relations explicatives exprimées
sous forme d'équations, l'application des tests
économétriques fournis des estimations de la valeur des
coefficients ainsi que la précision attendue sur le sens de la relation.
Comme dans toute recherche empirique, nous allons suivre un schéma qui
consiste en la spécification du modèle, en l'estimation et
l'évaluation du modèle retenu.
L'objet de ce troisième chapitre est ainsi de mener une
analyse empirique au moyen des séries chronologiques que constitue la
variable endogène d'une part et les variables exogènes d'autre
part telles que nous les avons spécifiées dans les paragraphes
qui suivent. C'est en fin l'occasion de mener une vérification empirique
des hypothèses de recherche afin de les confirmer ou les infirmer. Pour
ce faire, les tests préliminaires ont été faits sur les
séries des variables du modèle et les résultats ont
été interprétés sur base des critères
édictés par la logique économétrique.
68
III.1. Spécification du modèle
d'analyse
Comme nous l'avons déjà souligné, la
spécification du modèle est l'une des étapes de toute
démarche économétrique. Elle consiste à donner des
confirmations sur les variables, sur les anticipations théoriques, sur
la significativité ou non des coefficients des variables
indépendantes, etc.
III.1.1. Présentation des variables du
modèle
Les phénomènes économiques sont le
résultat des interactions de plusieurs variables. Pour expliquer les
phénomènes, l'analyste peut choisir des variables qu'il
présume expliquer le plus les faits observés. Autrement dit, il
est appelé à chercher la contribution d'une variable
déterminée à l'explication d'un phénomène
économique quelconque.
Dans le cadre du présent travail dont le point focal
est l'évolution de l'indice des prix à la consommation et du
niveau de l'activité économique, il s'agit d'analyser l'incidence
de la variation du taux d'inflation sur la croissance économique au
Burundi.
La spécification des variables comprendra d'une part la
variable dépendante (PIB) et de l'autre les variables
indépendantes (IPC, M2, TCER).
III.1.1.1. Explication de la variable dépendante
: le PIB
Le présent chapitre a pour objectif principal de
déterminer les différents éléments qui peuvent
intervenir dans l'explication du niveau de l'activité économique
du Burundi. En effet, le PIB reflète le niveau de l'activité
économique d'un pays.
69
Comme nous l'avons souligné au début du second
chapitre selon l'approche de l'évaluation du PIB par la production, le
PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées de tous les
secteurs de l'économie et forme le PIB au coût des facteurs. C'est
le PIB au coût des facteurs auquel on ajoute les taxes indirectes sur la
consommation des biens et services produits diminuées des subventions
octroyées pour avoir le PIB au prix du marché.
L'évaluation de la production peut être faite en
termes tant nominaux que réels. La production nominale étant
celle qui ne tient pas compte de l'inflation ; la production réelle
quant à elle est déflatée et c'est aussi elle qui
renseigne sur la croissance réelle de l'économie. C'est pour
cette raison que notre modèle portera sur le PIB réel que nous
obtenons avec la formule suivante :
PIBR t = PIBN t (1-tt)
tt= (IPC t- IPC t-1)*100/ IPC t-1
Avec :
PIBR t : PIB réel au temps t
PIBN t : PIB nominal au temps t
IPC t : indice des prix à la consommation au temps t
(comme au temps t-1 pour
IPC t-1)
tt : taux d'inflation au temps t
III .1.1.2. Présentation des variables
indépendantes
Ces variables sont au nombre de trois : l'indice des prix
à la consommation, la masse monétaire au sens large et le taux de
change auxquelles on associe le terme d'erreur.
70
III .1.1.2.1. L'Indice des prix à la consommation
(IPC)
L'indice des prix à la consommation reflète la
variation des prix au cours de la période considérée. Son
taux de variation au cours de la période donnée correspond au
taux d'inflation. L'IPC est l'instrument de mesure de l'inflation le plus
courant et il dénote les variations du coût d'acquisition par un
consommateur moyen d'un « assortiment » donné de biens et
services.
Comme nous l'avons évoqué à la fin du
premier chapitre, un taux d'inflation élevé peut conduire
à un ralentissement de la croissance économique et partant la
diminution du produit global.
III.1.1.2.2. La masse monétaire
Selon la théorie quantitative de la monnaie, une
augmentation de la masse monétaire entraîne une hausse des prix.
Beaucoup de travaux économiques ont révélé une
relation de « cause à effet » entre la masse monétaire
et l'inflation. La masse monétaire agit indirectement sur le niveau de
l'activité économique.
Au Burundi, les agrégats monétaires les plus
usuels sont de deux ordres : M1 ou masse monétaire au sens strict
renfermant la circulation fiduciaire et les dépôts à vue,
puis M2 qui ajoute à M1 les quasi-monnaies. Il convient alors de
préciser que la régression portera sur l'agrégat M2.
III .1.1.2.3. Le taux de change
De façon générale, le taux de change est
un prix qu'il faut payer pour acquérir des monnaies
étrangères et, par leur biais, pouvoir acquérir des
marchandises à l'étranger. Pour pallier à la
variabilité fréquente des taux de change des différentes
monnaies, l'on considère souvent le taux de change multilatéral
appelé « le taux de change effectif réel ».
71
Le TCER indique donc le rapprochement entre la monnaie des
pays partenaires retenus. De plus, il établit une relation entre les
différentiels existant entre le taux d'inflation domestique et le taux
d'inflation étranger (composite).
Il existe donc une relation négative entre le niveau du
taux de change et le niveau du taux d'inflation. Une telle situation exerce une
influence indirecte sur le niveau de l'activité économique d'un
pays.
III.1.1.2.4. Les erreurs de
spécification
Les facteurs influençant le niveau du PIB sont
multiples. L'existence d'autres variables ayant des effets positifs ou
négatifs sur cette variable dépendante nous pousse donc à
prévoir un terme d'erreurs représentant l'ensemble de ces
éléments non considérés par notre analyse.
III.2. Spécification du modèle et
présentation des résultats de l'estimation
III.2.1. Spécification du modèle
d'analyse
En corollaire à ce qui est dit au début du
chapitre en cours, l'analyse empirique portant sur l'explication de la variable
endogène (PIB) par les variables exogènes précitées
(IPC, M2, TCER) nous amène à préciser qu'il s'agit ici
d'expliquer la croissance économique par des variables explicatives
pouvant influencer directement ou indirectement le niveau du PIB.
En effet, la forme mathématique de notre modèle
d'analyse sera la suivante :
PIBR (t) = f (IPC (t), M2 (t), TCER (t), e (t))
où les dites variables dénotent respectivement le PIB réel
de la période t, l'indice des prix à la consommation de la
période t, la masse monétaire de la période t, le taux de
change effectif réel de la période t et le terme d'erreurs.
72
Après transformation, la forme linéaire du
modèle est la suivante :
PIBR (t) =a0 +a1 IPC (t) +a2 M2
(t) +a3 TCER (t) + t
Où :
a0 =terme indépendant ;
a1, a2, a3 = coefficients des variables indépendantes ; t
= terme d'erreurs.
III.2.2. Analyse de la stationnarité des
séries
Dans l'analyse statistique contemporaine, le traitement d'une
série chronologique implique une attention particulière. En
effet, l'étude des variables stochastiques de la chronique est une
étape préliminaire importante dans la mesure où il faut
d'abord s'assurer que ces caractéristiques que sont la variance et
l'espérance mathématique de ladite série se trouvent ou
non modifiées dans le temps. Cette étude porte le nom
d'étude de la stationnarité. Une série chronologique sera
dite stationnaire si les variables stochastiques sont invariantes dans le
temps. Dans le cas contraire, elle sera dite non stationnaire. Plus
précisément, les tests de DICKEY-FULLER augmentés et de
PHILLIPS et PERRON sont les plus usuels. Comme le test de PHILLIPS et PERRON
améliore sensiblement la pertinence du test de DICKEY-FULLER, seuls ses
résultats paraissent ; ceux de l'ADF sont repris en annexes.
Le test de PHILLIPS et PERRON est construit sur une correction
non paramétrique des statistiques de DICKEY-FULLER pour prendre en
compte des erreurs hétéroscédastiques. Le tableau suivant
montre les résultats du test de PHILLIPS et PERRON.
73
Tableau n°1 : Résultats du test de PHILLIPS
et PERRON
|
Valeurs en niveau
|
Valeurs en différence première
|
Décision statistiqe
|
Séries
|
|
PP t-stat
|
Valeur critique à 5%
|
Stationnaire Oui ou non
|
PP t-stat
|
Valeur critique à 5%
|
Stationnaire Oui ou non
|
I(0) ou I(1)
|
PIBR
|
Intercept
|
0.283
|
-2.970
|
Non
|
-5.821
|
-2.975
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.263
|
-3.579
|
Non
|
-5.797
|
-3.587
|
Oui
|
I(1)
|
IPC
|
Intercept
|
0.704
|
-2.970
|
Non
|
-3.725
|
-2.975
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-1.763
|
-3.579
|
Non
|
-3.830
|
-3.587
|
Oui
|
I(1)
|
M2
|
Intercept
|
2.915
|
-2.970
|
Non
|
-6.503
|
-2.975
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
0.189
|
-3.579
|
Non
|
-8.981
|
-3.587
|
Oui
|
I(1)
|
TCER
|
Intercept
|
-0.931
|
-2.970
|
Non
|
-4.541
|
-2.975
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.752
|
-3.579
|
Non
|
-4.382
|
-3.587
|
Oui
|
I(1)
|
Source : Nous-mêmes sur base des
données de la régression
Afin de prendre une décision sur la
stationnarité ou la non stationnarité d'une variable, qu'elle le
soit en niveau ou en différence première, la théorie
économétrique recommande des critères de décision
basés sur la comparaison entre les valeurs critiques et les valeurs
calculées au seuil de signification fixé.
Pour le cas d'espèce, le seuil de signification est
égal à 5%. Aux valeurs
affectées d'un même signe, la série est
dite stationnaire si la valeur calculée est inférieure à
la valeur tabulée ou valeur critique au seuil fixé ; si les
valeurs sont de signes opposés, l'interprétation est rendue plus
aisée par le recours aux valeurs absolues.
En effet, la série sera stationnaire si, en valeur
absolue, la valeur calculée est supérieure à la valeur
tabulée ; elle aussi rapportée en valeur absolue au seuil
fixé. En principe, à la lumière des résultats
dégagés par le tableau ci-dessus, la prise en compte de
l'intercept d'un côté et de l'intercept et trend de l'autre nous
révèle que toutes les variables testées en niveau
confirment l'hypothèse de la
74
présence de la racine unité et donc non
stationnaires en niveau, en appliquant le test de PHILLIPS et PERRON.
En revanche, les valeurs en différence première
rejettent l'hypothèse nulle de présence de racine unitaire. Elles
sont donc stationnaires en différence première et donc
intégrées d'ordre 1. Ceci nous amène à faire le
test de cointégration entre les variables mais avant d'accéder
à cette étape, il nous convient d'estimer l'équation de
notre modèle et en faire ensuite les interprétations
économiques éventuelles. Rappelons que, comme nous faisons face
à des séries en différence, les interprétations
économétriques sont impossibles car les estimateurs sont
biaisés.
III.2.3. Estimation de la fonction et interprétation
des résultats
A titre de rappel, notre modèle est
spécifié de la manière suivante : LnPIBR =a0 +a1 LnIPC +a2
LnM2 +a3 LnTCER +
La régression du modèle par les MCO donne les
résultats suivants : LNPIBR = 6.78 + 0.12LNIPC + 0.59LNM2 -
0.31LNTCER
Les résultats obtenus ci-haut à l'aide du
logiciel eviews 3.1 nous permettent de procéder à une
confrontation des modèles théoriques aux différentes
valeurs des paramètres calculés et, par voie de
conséquence, en faire des interprétations requises.
En fin de compte, nous signalons que ces valeurs, en les
comparant, permettent de se prononcer sur la qualité du modèle;
c'est-à-dire l'existence de l'influence des variables explicatives sur
la variable endogène comme le montre le modèle. La prise de
décision fondée sur ces comparaisons nous permet ainsi
d'appréhender l'impact des variables exogènes sur la variable
endogène.
75
Quant à l'interprétation des résultats,
il s'agit de vérifier si les résultats obtenus en ce qui concerne
les coefficients de la régression (ici les élasticités) de
la variable endogène par rapport aux variables exogènes sont
conformes à la théorie et à la logique économique.
Comme le font remarquer les résultats de la régression, le signe
du coefficient de l'IPC est positif, soit 0.12 ; ce qui signifie que si l'IPC
varie de 1%, le PIB variera de 0.12%. Autrement dit, l'IPC varie plus
proportionnellement que le PIB au Burundi. Il y a donc une relation positive
entre l'IPC et la croissance économique. En politique économique,
il existe une ambiguïté sur le taux d'inflation. Pour les
consommateurs les prix ne devraient pas augmenter au moment où les
producteurs se demandent qui serait stimulé à produire s'il
n'était pas attiré par des prix rémunérateurs. Pour
eux, une petite inflation est préférable à une inflation
nulle. Dans tous les cas, il clair que le taux d'inflation dépasse le
taux de la croissance du PIB, ce qui montre que l'instabilité des prix
constitue une entrave majeure à la croissance économique. Par
voie de conséquence, notre première hypothèse stipulant
que le problème de la hausse chronique des prix est une entrave
importante à la croissance économique est confirmée. Il en
découle que l'inflation exerce une influence négative sur la
croissance économique au Burundi ; ceci apporte la réponse
à notre première question de recherche.
En ce qui concerne la masse monétaire, le signe du
coefficient d'élasticité associé à cette variable
est positif, soit ici 0.59; ce qui signifie que si la masse monétaire
varie de 1%, le PIB variera de 0.59%.
Il en découle en définitive que notre
troisième hypothèse selon laquelle la croissance de la masse
monétaire s'accompagne d'une croissance de moindre ampleur de
l'économie est confirmée. Il sied de signaler en outre que la
nature du signe de l'élasticité correspond à nos attentes
et est conforme à la théorie économique qui, en vertu des
prédictions du modèle IS-LM, stipule que la
76
politique monétaire expansionniste exerce un effet
positif sur le revenu national, identifié pour le cas d'espèce
par le PIB.
En réponse à la troisième question, il
faut une politique monétaire expansionniste à condition de
programmer la croissance monétaire au rythme de la croissance de la
production.
En fin, le coefficient d'élasticité
associé au taux de change effectif réel est négatif. Une
telle situation traduit une variation en sens inverse entre cette variable
indépendante et la variable dépendante qui est le PIB. En
d'autres termes, si le taux de change effectif réel augmente (diminue)
de 1%, le PIB diminuera (augmentera) de 0.31%. Ce qui permet de confirmer notre
deuxième hypothèse qui dit que l'augmentation du taux de change
effectif réel inhibe la croissance et, par là même,
répond positivement à la deuxième question de
départ. La volatilité du taux de change effectif réel
inhibe la croissance économique au Burundi.
III.2.4. Analyse de la cointégration entre les
variables
Le test de cointégration cherche à faire une
analyse de l'évolution de long terme entre les variables. Pour appliquer
le test de cointégration, nous partons de l'approche d'ENGEL et GRANGER
(1987) fondée sur l'analyse du résidu. En principe, les tests de
cointégration basés sur l'analyse du résidu se rapprochent
du test simple de la racine unitaire. Les tests sont menés ici sur la
série du résidu de la relation de long terme.
La régression par les MCO de l'équation de notre
modèle nous donne alors un résidu sur lequel nous sommes
amenés à appliquer le test de stationnarité.
On a donc pour notre modèle:
et = LnPIBRt - â0 - â1 LnIPCt - â2 LnM2t -
â3 LnTCERt
77
Si le résidu est stationnaire, nous acceptons
l'hypothèse d'une cointégration entre les variables. Les
résultats de l'analyse de la stationnarité du résidu sont
donc consignés dans le tableau suivant :
Tableau n°2 : Résultats du test de
stationnarité du résidu
Valeur de la stat
Série
du résidu
|
ADF Val. crit à 5% : -2.975
|
PP
Val. crit à 5% :
-2.970
|
Stationnaire en niveau Oui ou non
|
Décision statistique I(0) ou I(1)
|
Les variables sont cointégrées Oui ou non
|
R
|
-4.099
|
-3.324
|
Oui
|
I(0)
|
Oui
|
Source : Nous-mêmes sur base des
résultats de la régression
Comme le test de stationnarité du résidu par le
test d'ADF et celui de PP le font remarquer dans le tableau ci-dessus, le
résidu est stationnaire en niveau et par conséquent
intégré d'ordre zéro. De ce fait, nous avons raison
d'accepter l'hypothèse qui stipule la présence de la relation de
cointégration entre les variables. Plus précisément, il
existe une relation de long terme entre les variables du modèle.
En résumé et tel que le recommande la
méthodologie de l'étude économétrique, le
franchissement des itérations ci-avant nous donne accès à
l'utilisation du modèle à correction d'erreurs (MCE). Nous
cherchons ici à estimer la relation dynamique de court terme entre les
variables de notre modèle.
78
III.2.5. Estimation du MCE
Ayant confirmé la relation de long terme entre la
croissance économique identifiée par le PIB et les variables
exogènes retenues pour notre modèle à savoir l'IPC, la
masse monétaire et le TCER, le théorème de la
représentation de ENGEL et GRANGER nous autorise à faire une
estimation d'un modèle dynamique de court terme. Celui-ci est une
représentation à correction d'erreurs, donc un VAR pour les
séries en différence première des variables auxquelles
l'on ajoute un terme d'erreurs, appelé Modèle à Correction
d'Erreurs ou Errors Correction Model (ECM). La démarche adoptée
ici est celle qui procède par les deux étapes proposées
par les mêmes auteurs ci-haut cités. En comparaison avec
l'estimation d'un modèle à l'aide des MCO, nous tenons à
signaler que le modèle à correction d'erreurs altère le
coefficient de détermination R2. Ainsi, pour juger de la
qualité de l'ajustement du modèle, la statistique SER
dénotant la somme des erreurs des résidus est usitée. En
effet, pour que le modèle soit globalement satisfaisant, il faut que la
SER soit inférieure à l'unité. De plus, la
rétention du MCE pose la condition que la force de rappel autrement dit
appelée vecteur cointégrant soit statistiquement et
significativement négative, sinon le MCE n'est pas valide.
Pour normaliser les résidus, la théorie
économétrique recommande d'introduire dans le modèle les
variables muettes. Ces variables indicatrices correspondent aux années
de chocs. Au cours de l'année 1986, le dollar américain s'est
déprécié vis-à-vis du franc burundais tandis que
deux années plus tard, la chute brutale des cours du café a
secoué l'économie burundaise. Par ailleurs, les années
1995, 1997, 1998, 1999,2000 et 2002 ont été
caractérisées par la crise persistante. L'année 2004 a
été celle des préparatifs des élections de 2005. Au
cours des années 2006 et 2007, la nouvelle équipe gouvernementale
avait plus de crédibilité de la part des bailleurs de fonds.
L'équation du MCE est de la forme suivante :
79
dLnPIBR= a0 + a1dLnIPC + a3dLnM2 + a4dLnTCER + a5dLnPIBR(-1) +
a6dLnIPC(-1) + a7dLnM2(-1) + a8dLnTCER(-1) + a9Res(-1) + +
Les résultats de l'estimation de cette dernière
équation sont consignés dans le tableau ci-après.
Tableau n°3 : Résultats de la
régression du MCE
Variable dépendante dLnPIBR
|
Variables explicatives
|
Coefficients estimés
|
t-Statistic
|
Probabilités
|
C
|
0.022444
|
0.379380
|
0.71998
|
DLNIPC
|
-1.492448
|
-7.463853
|
0.00068
|
DLNM2
|
0.359184
|
2.087025
|
0.091243
|
DLNTCER
|
-0.170579
|
-0.814809
|
0.45223
|
DLNPIBR(-1)
|
0.436214
|
1.967352
|
0.10628
|
DLNIPC(-1)
|
1.656236
|
6.320508
|
0.00146
|
DLNM2(-1)
|
0.066302
|
0.384500
|
0.71642
|
DLNTCER(-1)
|
0.063150
|
0.578734
|
0.58785
|
RES(-1)
|
-0.588843
|
-2.631440
|
0.04645
|
DUM1986
|
-0.130810
|
-3.735912
|
0.01349
|
DUM1988
|
0.007301
|
0.212895
|
0.83981
|
DUM1995
|
-0.205983
|
-3.294878
|
0.02159
|
DUM1997
|
-0.003430
|
-0.069098
|
0.94759
|
DUM1998
|
-0.074518
|
-1.032274
|
0.34926
|
DUM1999
|
-0.147574
|
-1.050920
|
0.34141
|
DUM2000
|
-0.037186
|
-0.730668
|
0.49776
|
DUM2002
|
-0.137613
|
-3.054188
|
0.02828
|
DUM2004
|
-0.043237
|
-1.084318
|
0.32771
|
DUM2006
|
-0.157112
|
-3.783743
|
0.01284
|
DUM2007
|
-0.019533
|
-0.676888
|
0.52852
|
R2=0.99 DW = 2.29
R2 ajusté =0.96 Breusch-Godfrey (prob) = 0.496 (0.651)
SER=0.026 Jarque-Bera (prob) =0.023 (0.988)
F-stat(prob) =35.005(0.000463) ARCH-LM (prob) =0.088 (0.769)
|
Source : Nous-mêmes sur base des
résultats du MCE à l'aide du logiciel Eviews 3.1
80
A partir de ce tableau, il s'avère indispensable de
faire un diagnostic et une évaluation des résultats du MCE pour
les variables ainsi retenues. Pour nous assurer de la validité du
modèle, certains tests économétriques constituent notre
préoccupation et nous amènent à tirer des conclusions
afférentes à notre estimation.
Premièrement, l'étude de la
significativité globale de la relation estimée porte sur le test
de FISHER et sur l'analyse des erreurs standard de la régression. En
effet, la statistique empirique de FISHER au seuil de 5% est supérieure
à sa valeur théorique, soit ici 35.005 > 2.934. Aussi sa
probabilité critique est presque nulle, soit 0.000463. Par
conséquent, la significativité globale du MCE est
acceptée. De plus, la valeur de SER est faible et inférieure
à l'unité, soit 0.026 ; cette valeur est un autre outil pour
tester la significativité du modèle comme déjà
précisé dans les paragraphes antérieurs. De son
côté aussi, cette valeur de SER confirme la significativité
globale du modèle.
En plus des conditions remplies ci-haut, la théorie
économétrique énonce bien d'autres en ce qui concerne la
force de rappel vers l'équilibre de long terme. Le MCE est acceptable
dans la mesure où le coefficient associé à la force de
rappel est statistiquement négatif. Pour notre cas, ce coefficient est
égal à -0.589. Aussi, la statistique de STUDENT et sa
probabilité associée nous appuient quant à l'acceptation
de la spécification du type MCE. La statistique empirique de STUDENT en
valeur absolue est supérieure à la valeur théorique ; soit
2.631 > 1.699 et de plus, la probabilité associée à
cette statistique est inférieure au seuil de signification de 5% ; soit
0.046 < 0.05. Autrement dit, la vitesse d'ajustement à la cible de
long terme est de 58.9% ; soit 1 an 8 mois 16 jours. Deuxièmement,
l'analyse se focalise sur l'étude de la pertinence individuelle des
variables explicatives du modèle. Cette dernière se fait au moyen
du test de STUDENT ainsi que sa probabilité critique associée.
Nous rappelons en passant
81
que si le STUDENT empirique est supérieur au STUDENT
théorique au seuil fixé, l'hypothèse nulle de
nullité du coefficient est rejetée.
L'analyse des résultats nous montre que certaines
variables ne contribuent pas à expliquer individuellement la variable
endogène au seuil de 5%, mais, l'attention est accordée sur le
coefficient associé au résidu quant à la validation du
MCE.
Ce coefficient est significativement contributif à
l'explication de la variable dépendante; ce qui nous conduit à
confirmer qu'il existe une relation de court terme entre la variable
dépendante et les variables indépendantes au Burundi.
Après l'étude de la significativité tant
globale qu'individuelle des variables du modèle, nous sommes
appelés à faire une évaluation économétrique
sur l'hétéroscédasticité des résidus,
l'autocorrélation de ceux-ci, la normalité des résidus.
A partir du test ARCH-LM d'ENGEL (1982), nous pouvons analyser
l'hétéroscédasticité des résidus. Ce test
est fondé sur le test de FISHER classique ; soit un multiplicateur de
LAGRANGE et il est utilisé quand il s'agit des séries
temporelles. L'hypothèse nulle pour ce test est celle de la
nullité des
coefficients des carrés des résidus
décalés Ho : = = ... = = 0 contre
l'alternative stipulant la présence d'au moins un
coefficient non nul
Ha :
0. Pour notre estimation, si nous nous fions à la
statistique de
FISHER, nous constatons que sa probabilité critique qui
lui est associé qui est la probabilité de rejeter à tort
l'hypothèse nulle est élevée par rapport au seuil de
signification de 5% ; soit alors 0.769. Ainsi donc, nous concluons que les
résidus sont homoscédastiques et non
hétéroscédastiques.
82
Quant à l'autocorrélation des résidus, le
fait qu'ils sont décalés nous pousse à ne plus baser
l'étude sur le test de DURBIN WATSON mais la théorie
économétrique recommande de faire recours au test de
BREUSH-GODFREY. Ce test est fondé sur le test de FISHER de
nullité des coefficients ou du multiplicateur de LAGRANGE (LM test). Le
test d'hypothèse permet de trancher entre Ho et Ha respectivement
hypothèse nulle et hypothèse alternative :
Ho : = = ... = = 0
Ha : 0
Par analogie au test de FISHER, nous acceptons
l'hypothèse nulle stipulant la nullité des coefficients des
résidus décalés et cela d'autant plus que la
probabilité critique est pour notre estimation supérieure
à 5% ; soit 0.651. Par conséquent, les résidus sont
indépendants, autrement dit, nous sommes à même de rejeter
l'hypothèse d'autocorrélation des erreurs du modèle
estimé.
Ensuite, l'analyse de la normalité des résidus
est axée sur le test de JARQUE et BERA (1984) fondé sur la notion
de Skewness et de Kurtosis. La statistique de J-B utilisée pour ce test
suit une loi du chi deux à deux degrés de liberté. En
vertu de l'hypothèse nulle de ce test formalisé v1 =0, il existe
une distribution normale des résidus. Elle est acceptée lorsque
la statistique de J-B ne dépasse pas la valeur critique de 2 (2) = 5.99.
Pour notre cas en nous référant aux résultats de
l'estimation, la statistique de J-B est de 0.023 avec une probabilité
critique de 0.988 et donc supérieure au seuil de 5%. Il en
découle donc que l'hypothèse nulle de normalité des
résidus est acceptée car la valeur de J-B calculée est
inférieure à la statistique théorique, soit 0.023<5.99.
Ainsi donc, les erreurs sont normalement distribuées. En revanche, le
modèle peut être utilisé à des fins de
prévision.
83
Au terme de ce chapitre axé sur l'analyse empirique, il
est crucial de conclure que l'analyse l'économétrique nous a
montré que l'indice des prix à la consommation et la masse
monétaire influencent la croissance économique dans une
proportion moindre.
Quant au PIB, il varie en sens inverse du taux de change
effectif réel. De plus, masse monétaire et le taux de change
effectif réel, lorsqu'elles sont considérées
individuellement, ne contribuent en rien à l'explication de la
croissance économique.
L'indice des prix à la consommation à son tour
contribue à l'explication individuelle de la croissance
économique. Nous devons cette affirmation aux résultats qui nous
sont fournis par le test de STUDENT sur la significativité individuelle
des coefficients. Par conséquent, nos trois hypothèses de travail
ont été confirmées. De part cette confirmation, les
questions de recherche que nous nous sommes posées sont
répondues. Au Burundi, l'inflation exerce une influence positive sur la
croissance économique mais de moindre ampleur. De plus, La
volatilité du taux de change effectif réel inhibe la croissance
économique au Burundi. En fin, il faut une politique monétaire
expansionniste à condition de canaliser le crédit vers
l'investissement productif tout en programmant la croissance monétaire
au rythme de la croissance de la production.
Par le même raisonnement, nous avons pu constater que
l'analyse économétrique a aussi révélé, par
le biais du test de la cointégration, l'existence d'une relation de long
terme entre la variable endogène (le PIB) et les variables
exogènes (IPC, M2, TCER) lorsque ces dernières sont prises
conjointement.
Quant à la relation de court terme qui a
été détectée par le modèle à
correction d'erreurs, celui-ci a confirmé qu'il existe une relation
dynamique ou de court terme entre la variable dépendante et les
variables explicatives telles que précitées.
84
CONCLUSION GENERALE
En entreprenant ce travail libellé « Le
processus inflationniste face aux défis de la croissance
économique au Burundi : Une vérification empirique à
l'aide du modèle à correction d'erreurs (1980-2008) »,
notre préoccupation ultime était d'expliquer l'importance
relative du processus inflationniste dans la détermination de la
croissance économique burundaise et de proposer les lignes majeures de
stimuler la croissance économique au Burundi.
Au cours de la réalisation de notre travail nous avons
procédé par une analyse documentaire dans les
bibliothèques de l'université du Burundi, de L'IDEC et de la BRB.
La consultation d'ouvrages généraux, les revues et
mémoires nous a permis de dresser le plan de notre travail et
également nous a servi dans le développement des théories
et autres traits marquant de notre travail.
Pour arriver à notre objectif, notre travail est
articulé en trois chapitres. Nous avons d'abord jugé important
d'interroger la littérature tout au long du premier chapitre afin de
mieux comprendre la notion d'inflation ainsi que ses liaisons
éventuelles avec le niveau d'activité économique et
d'analyser de manière critique les travaux empiriques similaires
menés par les autres chercheurs. Dans ce chapitre, plusieurs conceptions
théoriques des différents courants de pensées
économiques ont été confrontées.
Dans le deuxième chapitre dont le Burundi constitue le
cadre d'analyse, le point saillant était la présentation
détaillée, analyse descriptive et commentaires à l'appui,
de l'évolution de la croissance économique par secteur
d'activité et par branche ainsi que celle du taux d'inflation. Dans la
répartition du PIB par secteur d'activité économique, les
données ont révélé que pour la
quasi-totalité de notre période d'étude, c'est le secteur
primaire qui prend le devant suivi du
85
secteur tertiaire et le secteur secondaire vient en
dernière position. Nous avons par la suite procédé
à une analyse de l'évolution de l'inflation et force est de
constater que le deuxième versant de la décennie 90 a
été marqué par une forte perte du pouvoir d'achat de la
population et cela est en grande partie lié à la guerre civile et
au blocus économique intervenu en 1996 et levé en janvier 1999.
C'est au cours de ce même chapitre que les questions posées au
départ ont trouvé en partie des réponses dont l'analyse
empirique a étayé le reste au troisième chapitre. Nous
avons en effet constaté que l'inflation se cache derrière une
mauvaise conjoncture de l'activité économique. En effet,
l'accroissement de la production, et donc de l'offre des biens et services
participe à l'amortissement du phénomène
inflationniste,
Le troisième chapitre quant à lui était
centré sur une vérification empirique des hypothèses de
recherche afin de les confirmer ou de les infirmer. Au premier abord, il a
été question de présenter les variables du modèle.
Ensuite, nous sommes passés à l'estimation de l'équation
liant les variables exogènes à la variable endogène ainsi
qu'à l'interprétation économique des résultats nous
fournis par le logiciel Eviews 3.1.
Les résultats issus des différentes
itérations et ceux découlant des tests usuels appliqués
sur les séries des variables considérées ont appuyé
les conclusions tirées du second chapitre, nous permettant ainsi de
confirmer toutes les trois hypothèses retenues pour notre travail. La
première disant que le problème de la hausse chronique des prix
est une entrave importante à la croissance économique au Burundi,
la seconde stipulant que l'augmentation du taux de change effectif réel
due à la perte du pouvoir d'achat de la monnaie inhibe la croissance
économique au Burundi et la dernière disant qu'au Burundi, la
croissance de la masse monétaire s'accompagne d'une croissance de
moindre ampleur de l'économie. L'analyse économétrique a
montré qu'il existe une relation de long terme entre les variables et
que, par la suite, les variables sont
86
cointégrées. Par la suite, les résultats
du MCE ont révélé qu'il existe une relation de court terme
entre les mêmes variables.
En définitive, à la lumière des constats
faits le long de notre travail, nous ne manquerions pas de formuler quelques
suggestions :
? Au niveau monétaire, une politique de financement de
l'économie par le revenu de la création monétaire devrait
être remise en cause pour maîtriser les tensions inflationnistes et
les autres perturbations macroéconomiques observées ces
dernières années.
? Etant donné que l'accroissement de la production, et
donc de l'offre des biens et services participe à l'amortissement du
phénomène inflationniste, les autorités monétaires
devraient contrôler la croissance monétaire en la programmant au
rythme de la croissance de la production.
? Au niveau structurel, le gouvernement devrait envisager des
réformes visant à transformer l'appareil productif national et
à l'adapter aux besoins contemporains en production et en consommation.
Dans ce but, il mettrait en place la politique de gros investissements
directement productifs au travers des entreprises productrices de biens
marchands ou indirectement productifs en l'occurrence les infrastructures
publiques comme les routes, les écoles et les dispensaires. Dans cette
même logique, le gouvernement devrait investir davantage en capital
humain, en défense nationale et en sécurité publique
surtout compte tenu de la guerre sociopolitique qui a perturbé le
système productif burundais.
? Aux autorités monétaires burundaises, il est
recommandé de se rallier à la politique de ciblage de l'inflation
en fixant un niveau d'inflation cible à l'instar des autres pays de
l'EAC.
87
A la fin de ce travail, nous ne prétendons pas avoir
épuisé tous les contours d'un sujet aussi vaste et pertinent qui
s'étend sur une très longue période. Les recherches
ultérieures devraient tenir compte des éventuelles lacunes, en
élargissant le champ d'étude et en touchant les aspects du sujet
dont nous n'aurions pas pu faire une ascèse dans le présent
travail. Ces recherches peuvent, par exemple, s'attarder à rechercher
les liens de causalité qui existeraient entre le processus
inflationniste et la croissance économique dans les pays de l'EAC en
appliquant les différentes méthodologies
économétriques alternatives dont l'approche VAR peut être
une bonne illustration.
88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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La Découverte, 1990, 125 P.
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Editions Foucher, 1991,303P.
3. BLAUG M., La pensée économique,
Edition du seuil, Paris, 1966, 187P.
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corrigés, Paris, 1ère édition, Dunod, 1993,278P.
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corrigés, Paris, 2ème édition, Dunod, 1998,212P.
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séries temporelles, Paris, Presses Universitaires de France,
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10. KEREVER A., L'inflation aujourd'hui,
3ème édition, Paris, Editions Ouvrières, 1971,
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l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie,
2ème édition, Payot, 1975, 139P.
12. LABROISSE C., Introduction à
l'économétrie, Paris, Dunod, 1972,321P.
13. MEISTER A., L'inflation créatrice, Presses
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Garnier-Flammarion, 1968, 181P.
89
15. MUNDELL R., Croissance et inflation. Des relations
entre développement, monnaie et balance des paiements, Paris,
Dunod, 1997, 214P.
16. PARETO V., Manuel d'économie politique,
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17. SAMUELSON P., L'Economique 1, 7005 Paris, 1982,
391P.
II. Revues et mémoires
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française d'économie n°3, 1998
2. BARARUZUNZA F., Fondements réels et
monétaires de l'inflation au Burundi, RIDEC, Volume 3 n°1,
Mars-Août 2008
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et croissance économique, Revue française d'économie
n°3, Volume 51, Octobre 2005
4. BRB, Rapports annuels
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Sénégal, Université de Dakar, Dakar, 2002
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quête d'une croissance durable, Revue sénégalaise
d'économie n°2, 2002
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Macroeconomic Policy, Scandinavian journal of economy, 1976
8. EL GHAK T. et ZARROUK H., Développement
financier et inégalité de revenu : analyse empirique sur les
données de panel, Revue turquoise d'économie, 2009
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monétaire de l'inflation : cas du Burundi de 1970 à 1993,
Mémoire, Bujumbura, UB, FSEA, 1998
10. JUDSON P., Croissance économique et inflation,
Lyon, Université lumière de Lyon, 1966
90
11. KANYANGE D., Essai de détermination des causes
de la pression inflationniste au Burundi et ses incidences
socio-économiques (1980-1997), Mémoire, Bujumbura, UB, FSEA,
1999
12. KIDWINGIRA R., Déficit budgétaire,
dépréciation du taux de change et inflation au Burundi : Une
approche empirique (1980-1998), Mémoire, Bujumbura, UB, FSEA,
1999
13. KOURI, Essays on the Theory of Flexible Exchange
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15. MPDRN, Economie burundaise
16. MUNDELL, Exchange Rate Margins and Economic
Policy, Money in International Order, Murphy Dallas Editions, 1964
17. NDENZAKO J., De la causalité entre la masse
monétaire et l'inflation au Burundi : Une investigation
économétrique, 1980.I-1995.IV, RIDEC, Vol.2, n°1, Mars
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18. NKUNZIMANA F., Le financement du déficit
budgétaire par la banque centrale et son impact sur le niveau
d'inflation au Burundi, Mémoire, Bujumbura, UB, FSEA, 1996
19. NYANDWI P., Déficit budgétaire,
croissance monétaire et inflation au Burundi (1970-2002) : Une analyse
empirique à partir du modèle VAR, Mémoire, Bujumbura,
UB, FSEA, 2004
20. NZIRORERA C., Effets du processus inflationniste sur
l'évolution du déficit budgétaire au Burundi, RIDEC,
Volume 2 n°1, Mars 1998
21. NZIRORERA C., La courbe de Laffer : Essai de
vérification empirique pour le cas du Burundi, Mémoire,
Bujumbura, UB, FSEA, 1991
91
ANNEXES
I
P Q P Q
* 1 00 * 1 00
Annexe n°1
Exemple de calcul de l'IPC
P Q P Q
07 07 07 08
|
Prix en FBU
|
Quantité en Kg
08 07 08 08
|
Indices simples
|
Période
|
2007
|
2008
|
2007
|
2008
|
2007
|
2008
|
Produit X
|
300
|
400
|
10
|
12
|
100
|
133
|
Produit y
|
60
|
90
|
30
|
20
|
100
|
150
|
L2008/2007= P2008/2007=
Indice de Laspeyres Indice de Paasche
Application numérique
L2008/2007= ((400*10) + (90*30))/ ((300*100) +
(60*30))=139.58
Soit une augmentation de 39.58% entre la période de
référence (période 2007) et la période courante
(période 2008).
P2008/2007 = ((400*12) + (90*20))/ ((300*12) +
(60*20))=137.50
Soit une augmentation de 37.50% entre la période de
référence et la période courante. Les deux indices ne
donnent pas exactement la même estimation de la hausse des prix.
Toute estimation de l'inflation est fondée sur une
convention : Il n'existe pas de manière unique d'estimer la hausse des
prix.
II
Tableau n°1 : Evolution du PIB par chaque secteur de
1980 à 2008 en
M BIF (prix courants)
Année
|
Secteur primaire (1)
|
Secteur secondaire (2)
|
Secteur tertiaire (3)
|
PIB au
coût des
facteurs (4)
|
1 dans
4 en%
|
2 dans 4 en %
|
3 dans
4 en %
|
Taux de
croissance du PIB
|
1980
|
47655.4
|
11506.7
|
20076
|
79238.1
|
60.142
|
14.522
|
25.336
|
-
|
1981
|
50708.6
|
12906.5
|
22528
|
86143.1
|
58.866
|
14.983
|
26.152
|
8.71
|
1982
|
47977.5
|
12673.8
|
23351
|
84002.3
|
57.115
|
15.087
|
27.798
|
-2.49
|
1983
|
53834.1
|
15128.3
|
25629
|
94591.4
|
56.912
|
15.993
|
27.094
|
12.61
|
1984
|
64692.1
|
14867
|
27958
|
107517.1
|
60.169
|
13.828
|
26.003
|
13.66
|
1985
|
77656.5
|
16407
|
32129
|
126192.5
|
61.538
|
13.002
|
25.460
|
17.37
|
1986
|
80984
|
18527
|
34813
|
134324
|
60.290
|
13.793
|
25.917
|
6.44
|
1987
|
70679.8
|
21668
|
35604
|
127951.8
|
55.239
|
16.935
|
27.826
|
-4.74
|
1988
|
73270.4
|
23399
|
39290
|
135959.4
|
53.891
|
17.210
|
28.898
|
6.26
|
1989
|
83285.2
|
24097
|
43421
|
150803.2
|
55.228
|
15.979
|
28.793
|
10.92
|
1990
|
100831.2
|
33600
|
44566
|
178997.2
|
56.331
|
18.771
|
24.898
|
18.70
|
1991
|
103638.2
|
37200
|
48099
|
188937.2
|
54.853
|
19.689
|
25.458
|
5.55
|
1992
|
112005.9
|
43200
|
56489
|
202300
|
55.366
|
21.354
|
27.923
|
7.07
|
1993
|
107313.1
|
42700
|
61383
|
204300
|
52.527
|
20.901
|
30.046
|
0.99
|
1994
|
110645
|
46300
|
98229
|
212900
|
51.970
|
21.747
|
46.139
|
4.21
|
1995
|
105035
|
44300
|
71100
|
220435
|
47.649
|
20.097
|
32.254
|
3.54
|
1996
|
136018
|
31000
|
74025
|
241043
|
56.429
|
12.861
|
30.710
|
9.35
|
1997
|
163355
|
50500
|
115060
|
328915
|
49.665
|
15.354
|
34.982
|
36.45
|
1998
|
191070
|
61300
|
138299
|
390669
|
48.908
|
15.691
|
35.401
|
18.78
|
1999
|
186919
|
75500
|
162645
|
425064
|
43.974
|
17.762
|
38.264
|
8.80
|
2000
|
184024
|
85561
|
185876
|
455461
|
40.404
|
18.786
|
40.811
|
7.15
|
2001
|
195867
|
94345
|
205423
|
495635
|
39.518
|
19.035
|
41.446
|
8.82
|
2002
|
230217
|
91076
|
200612
|
521905
|
44.111
|
17.451
|
38.438
|
5.30
|
2003
|
205281
|
120669
|
257600
|
583550
|
35.178
|
20.678
|
44.144
|
11.81
|
2004
|
222374
|
145981
|
307000
|
675355
|
32.927
|
21.615
|
45.458
|
15.73
|
2005
|
389198
|
132294
|
279800
|
801292
|
48.571
|
16.510
|
34.919
|
18.65
|
2006
|
422400
|
143000
|
306900
|
872300
|
48.424
|
16.393
|
35.183
|
8.86
|
2007
|
442800
|
158633
|
343300
|
944733
|
46.870
|
16.791
|
36.338
|
8.30
|
2008
|
573700
|
204700
|
449700
|
1228100
|
46.714
|
16.668
|
36.618
|
29.99
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008) -Nos calculs pour les quatre dernières colonnes
III
Tableau n°2 : Evolution du secteur primaire par
branche d'activité de 1980 à 2008 en M BIF (prix
courants)
Années
|
Agriculture vivrière (1)
|
Agriculture de rente (2)
|
Elevage.
pêche et sylviculture (3)
|
Secteur Primaire (4)
|
(1) en % de (4)
|
(2) en % de (4)
|
(3) en % de (4)
|
1980
|
37843
|
2990
|
6822.4
|
47655.4
|
79.41
|
6.27
|
14.32
|
1981
|
36567
|
6671.3
|
7470.3
|
50708.6
|
72.11
|
13.16
|
14.73
|
1982
|
36828.5
|
3209.3
|
7939.7
|
47977.5
|
76.76
|
6.69
|
16.55
|
1983
|
41283.6
|
5376
|
7174.5
|
53834.1
|
76.69
|
9.99
|
13.33
|
1984
|
51309
|
4737
|
8646.1
|
64692.1
|
79.31
|
7.32
|
13.37
|
1985
|
63181.8
|
5598.8
|
8875.9
|
77656.5
|
81.36
|
7.21
|
11.43
|
1986
|
56056
|
6671.3
|
9330.2
|
72057.5
|
77.79
|
9.26
|
12.95
|
1987
|
53043
|
7915
|
9721.8
|
70679.8
|
75.05
|
11.20
|
13.75
|
1988
|
55373
|
7397
|
10500.4
|
73270.4
|
75.57
|
10.10
|
14.33
|
1989
|
64459
|
7943
|
10883.2
|
83285.2
|
77.40
|
9.54
|
13.07
|
1990
|
79077
|
10740.2
|
11014
|
100831.2
|
78.43
|
10.65
|
10.92
|
1991
|
82918.2
|
9170.7
|
11549.3
|
103638.2
|
80.01
|
8.85
|
11.14
|
1992
|
89339.3
|
10322.2
|
12344.4
|
112005.9
|
79.76
|
9.22
|
11.02
|
1993
|
88267.3
|
7015.5
|
12030.3
|
107313.1
|
82.25
|
6.54
|
11.21
|
1994
|
83765
|
9677
|
17203
|
110645
|
75.71
|
8.75
|
15.55
|
1995
|
81473
|
11097
|
12465
|
105035
|
77.57
|
10.57
|
11.87
|
1996
|
107448
|
14324
|
14246
|
136018
|
79.00
|
10.53
|
10.47
|
1997
|
130586
|
16222
|
16547
|
163355
|
79.94
|
9.93
|
10.13
|
1998
|
155855
|
16467
|
18748
|
191070
|
81.57
|
8.62
|
9.81
|
1999
|
139944
|
22726
|
24249
|
186919
|
74.87
|
12.16
|
12.97
|
2000
|
141962
|
18481
|
23581
|
184024
|
77.14
|
10.04
|
12.81
|
2001
|
151047
|
20314
|
24506
|
195867
|
77.12
|
10.37
|
12.51
|
2002
|
161801
|
42594
|
25822
|
230217
|
70.28
|
18.50
|
11.22
|
2003
|
167097
|
13329
|
24855
|
205281
|
81.40
|
6.49
|
12.11
|
2004
|
172181
|
21670
|
28523
|
222374
|
77.43
|
9.74
|
12.83
|
2005
|
319700
|
9400
|
60098
|
389198
|
82.14
|
2.42
|
15.44
|
2006
|
330100
|
26800
|
65500
|
422400
|
78.15
|
6.34
|
15.51
|
2007
|
359000
|
11200
|
72600
|
442800
|
81.07
|
2.53
|
16.40
|
2008
|
440500
|
39800
|
93400
|
573700
|
76.78
|
6.94
|
16.28
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008) -Nos calculs pour les trois dernières colonnes
IV
Tableau n°3 : Evolution du secteur secondaire par
branche d'activité de 1980 à 2008 en M BIF (prix
courants)
Années
|
Industries.
mines. énergie et artisanat (1)
|
Constructions (2)
|
Secteur secondaire (3)
|
1 dans 3
en %
|
2 dans 3 en %
|
1980
|
10136.7
|
1370
|
11506.7
|
88.09
|
11.91
|
1981
|
11562.5
|
1344
|
12906.5
|
89.59
|
10.41
|
1982
|
7665.8
|
5008
|
12673.8
|
60.49
|
39.51
|
1983
|
9578.3
|
5550
|
15128.3
|
63.31
|
36.69
|
1984
|
9700
|
5167
|
14867
|
65.25
|
34.75
|
1985
|
10808
|
5599
|
16407
|
65.87
|
34.13
|
1986
|
13585
|
4942
|
18527
|
73.33
|
26.67
|
1987
|
15970
|
5698
|
21668
|
73.70
|
26.30
|
1988
|
17223
|
6176
|
23399
|
73.61
|
26.39
|
1989
|
17458
|
6639
|
24097
|
72.45
|
27.55
|
1990
|
25826
|
7774
|
33600
|
76.86
|
23.14
|
1991
|
17417
|
19783
|
37200
|
46.82
|
53.18
|
1992
|
40158
|
3042
|
43200
|
92.96
|
7.04
|
1993
|
36500
|
6200
|
42700
|
85.48
|
14.52
|
1994
|
40471
|
5829
|
46300
|
87.41
|
12.59
|
1995
|
39994
|
4306
|
44300
|
90.28
|
9.72
|
1996
|
24169
|
6831
|
31000
|
77.96
|
22.04
|
1997
|
38919
|
11581
|
50500
|
77.07
|
22.93
|
1998
|
47069
|
14231
|
61300
|
76.78
|
23.22
|
1999
|
57279
|
18221
|
75500
|
75.87
|
24.13
|
2000
|
64915
|
20646
|
85561
|
75.87
|
24.13
|
2001
|
71270
|
23075
|
94345
|
75.54
|
24.46
|
2002
|
68600
|
22476
|
91076
|
75.32
|
24.68
|
2003
|
89100
|
31569
|
120669
|
73.84
|
26.16
|
2004
|
105600
|
40381
|
145981
|
72.34
|
27.66
|
2005
|
91100
|
41194
|
132294
|
68.86
|
31.14
|
2006
|
97000
|
46000
|
143000
|
67.83
|
32.17
|
2007
|
107100
|
51533
|
158633
|
67.51
|
32.49
|
2008
|
139400
|
65300
|
204700
|
68.10
|
31.90
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008) -Nos calculs pour les deux dernières colonnes.
V
Tableau n°4 : Evolution du secteur tertiaire par
branche d'activité de 1980 à 2008 en M BIF (prix
courants)
Année
|
Services
marchands (1)
|
Services non
marchands (2)
|
Secteur tertiaire (3)
|
(1) dans (3)
en%
|
(2) dans (3)
en %
|
1980
|
10564
|
9512
|
20076
|
52.62
|
47.38
|
1981
|
12010
|
10518
|
22528
|
53.31
|
46.69
|
1982
|
11521
|
11830
|
23351
|
49.34
|
50.66
|
1983
|
13256
|
12373
|
25629
|
51.72
|
48.28
|
1984
|
13424
|
14534
|
27958
|
48.01
|
51.99
|
1985
|
15525
|
16604
|
32129
|
48.32
|
51.68
|
1986
|
16457
|
18356
|
34813
|
47.27
|
52.73
|
1987
|
16947
|
18657
|
35604
|
47.60
|
52.40
|
1988
|
19462
|
19828
|
39290
|
49.53
|
50.47
|
1989
|
20618
|
22803
|
43421
|
47.48
|
52.52
|
1990
|
17585
|
26981
|
44566
|
39.46
|
60.54
|
1991
|
20170
|
27929
|
48099
|
41.93
|
58.07
|
1992
|
23480
|
33009
|
56489
|
41.57
|
58.43
|
1993
|
23903
|
37480
|
61383
|
38.94
|
61.06
|
1994
|
40197
|
58032
|
98229
|
40.92
|
59.08
|
1995
|
48169
|
22931
|
71100
|
67.75
|
32.25
|
1996
|
30319
|
43706
|
74025
|
40.96
|
59.04
|
1997
|
42738
|
72322
|
115060
|
37.14
|
62.86
|
1998
|
51056
|
87243
|
138299
|
36.92
|
63.08
|
1999
|
57379
|
105266
|
162645
|
35.28
|
64.72
|
2000
|
65259
|
120617
|
185876
|
35.11
|
64.89
|
2001
|
73536
|
131887
|
205423
|
35.80
|
64.20
|
2002
|
71814
|
128798
|
200612
|
35.80
|
64.20
|
2003
|
91300
|
166300
|
257600
|
35.44
|
64.56
|
2004
|
108200
|
198800
|
307000
|
35.24
|
64.76
|
2005
|
99000
|
180800
|
279800
|
35.38
|
64.62
|
2006
|
108100
|
198800
|
306900
|
35.22
|
64.78
|
2007
|
124200
|
219100
|
343300
|
36.18
|
63.82
|
2008
|
160800
|
288900
|
449700
|
35.76
|
64.24
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008) -Nos calculs pour les deux dernières colonnes.
VI
Tableau n°5 : Evolution de l'indice des prix
à la consommation et du taux d'inflation (1980-2008)
Année
|
IPC
base 100 =
1995
|
Taux
d'inflation
|
1980
|
27.54
|
-
|
1981
|
30.87
|
12.07
|
1982
|
32.66
|
5.8
|
1983
|
35.34
|
8.2
|
1984
|
40.43
|
14.4
|
1985
|
41.93
|
3.7
|
1986
|
42.69
|
1.8
|
1987
|
45.72
|
7.1
|
1988
|
51.07
|
11.7
|
1989
|
54.65
|
7
|
1990
|
58.48
|
7
|
1991
|
63.7
|
9
|
1992
|
66.13
|
3.75
|
1993
|
73.01
|
10.4
|
1994
|
83.89
|
14.9
|
1995
|
100
|
19.2
|
1996
|
126.3
|
26.3
|
1997
|
165.7
|
31.2
|
1998
|
186.41
|
12.5
|
1999
|
192.19
|
3.1
|
2000
|
239.47
|
24.6
|
2001
|
261.19
|
9.07
|
2002
|
258.05
|
-1.2
|
2003
|
298.82
|
15.8
|
2004
|
323.92
|
8.4
|
2005
|
366.03
|
13
|
2006
|
375.91
|
2.7
|
2007
|
407.49
|
8.4
|
2008
|
507.32
|
24.5
|
Source : - MPDRN. Economie burundaise
(1980-2008) - BRB. Rapports annuels (1980-2008)
VII
Tableau n°6 : Evolution de la masse monétaire
au sens large et de ses composantes (1980-2008) en M BIF
Années
|
Masse monétaire M1
(en MBIF)
|
Quasi- monnaie (en MBIF)
|
Masse
monétaire M2 (en MBIF)
|
Taux
de croissance
de la masse
monétaire (en %)
|
1980
|
9766.1
|
2843.2
|
12609.3
|
-
|
1981
|
11629.8
|
3917.5
|
15547.3
|
23.30
|
1982
|
10882
|
4477.4
|
15359.4
|
-1.21
|
1983
|
13589.8
|
5601.1
|
19190.9
|
24.95
|
1984
|
14510.6
|
5601.1
|
20111.7
|
4.80
|
1985
|
18093.1
|
5552
|
23645.1
|
17.57
|
1986
|
19678.1
|
4251.3
|
23929.4
|
1.20
|
1987
|
19222.9
|
5046
|
24268.9
|
1.42
|
1988
|
19594.5
|
7027.7
|
26622.2
|
9.70
|
1989
|
20240.9
|
9166.1
|
29407
|
10.46
|
1990
|
21875.1
|
8324.9
|
30200
|
2.70
|
1991
|
24515.8
|
9484.2
|
34000
|
12.58
|
1992
|
27237.3
|
8862.7
|
36100
|
6.18
|
1993
|
29858.2
|
8841.8
|
38700
|
7.20
|
1994
|
39635.8
|
12660.7
|
52296.5
|
35.13
|
1995
|
39955.4
|
11068.1
|
51023.5
|
-2.43
|
1996
|
43349
|
13851.5
|
57200.5
|
12.11
|
1997
|
48419.1
|
14707.7
|
63126.8
|
10.36
|
1998
|
48960
|
14178.3
|
63138.3
|
0.02
|
1999
|
49000
|
42900
|
91900
|
45.55
|
2000
|
68900
|
26900
|
95800
|
4.24
|
2001
|
79000
|
31148
|
110148
|
14.98
|
2002
|
100200
|
40188
|
140388
|
27.45
|
2003
|
119000
|
53294
|
172294
|
22.73
|
2004
|
157100
|
44400
|
201500
|
16.95
|
2005
|
183500
|
74177
|
257677
|
27.88
|
2006
|
215600
|
84297
|
299897
|
16.38
|
2007
|
235372
|
94700.2
|
330072.2
|
10.06
|
2008
|
335887.6
|
107230.2
|
443117.8
|
34.25
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008) -Nos calculs pour la dernière colonne.
VIII
Tableau n°7 : Evolution comparée du taux de
croissance du PIB. du taux d'inflation et du taux de croissance de la masse
monétaire (1980-2008)
Années
|
Taux de croissance de la masse
monétaire (en %)
|
Taux
d'inflation
(en %)
|
Taux de croissance du PIB (en %)
|
1980
|
-
|
-
|
-
|
1981
|
23.30
|
12.07
|
8.71
|
1982
|
-1.21
|
5.8
|
-2.49
|
1983
|
24.95
|
8.2
|
12.61
|
1984
|
4.80
|
14.4
|
13.66
|
1985
|
17.57
|
3.7
|
17.37
|
1986
|
1.20
|
1.8
|
6.44
|
1987
|
1.42
|
7.1
|
-4.74
|
1988
|
9.70
|
11.7
|
6.26
|
1989
|
10.46
|
7
|
10.92
|
1990
|
2.70
|
7
|
18.70
|
1991
|
12.58
|
9
|
5.55
|
1992
|
6.18
|
3.75
|
7.07
|
1993
|
7.20
|
10.4
|
0.99
|
1994
|
35.13
|
14.9
|
4.21
|
1995
|
-2.43
|
19.2
|
3.54
|
1996
|
12.11
|
26.3
|
9.35
|
1997
|
10.36
|
31.2
|
36.45
|
1998
|
0.02
|
12.5
|
18.78
|
1999
|
45.55
|
3.1
|
8.80
|
2000
|
4.24
|
24.6
|
7.15
|
2001
|
14.98
|
9.07
|
8.82
|
2002
|
27.45
|
-1.2
|
5.30
|
2003
|
22.73
|
15.8
|
11.81
|
2004
|
16.95
|
8.4
|
15.73
|
2005
|
27.88
|
13
|
18.65
|
2006
|
16.38
|
2.7
|
8.86
|
2007
|
10.06
|
8.4
|
8.30
|
2008
|
34.25
|
24.5
|
29.99
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008)
IX
Tableau n°8: Taux de change effectif nominal et taux
d'inflation (1980-2008)
Année
|
Taux de change effectif nominal (en %)
|
Taux d'inflation (en
%)
|
1980
|
-
|
-
|
1981
|
129
|
12.07
|
1982
|
147.1
|
5.8
|
1983
|
157.2
|
8.2
|
1984
|
135.5
|
14.4
|
1985
|
141.3
|
3.7
|
1986
|
123.8
|
1.8
|
1987
|
102.7
|
7.1
|
1988
|
90.2
|
11.7
|
1989
|
82.2
|
7
|
1990
|
80.8
|
7
|
1991
|
86.6
|
9
|
1992
|
82.5
|
3.75
|
1993
|
90.4
|
10.4
|
1994
|
102.6
|
14.9
|
1995
|
100
|
19.2
|
1996
|
86.3
|
26.3
|
1997
|
81.4
|
31.2
|
1998
|
66.9
|
12.5
|
1999
|
55.7
|
3.1
|
2000
|
52.7
|
24.6
|
2001
|
47.8
|
9.07
|
2002
|
46.8
|
-1.2
|
2003
|
77.4
|
15.8
|
2004
|
67.1
|
8.4
|
2005
|
80.5
|
13
|
2006
|
69.8
|
2.7
|
2007
|
67.5
|
8.4
|
2008
|
60.6
|
24.5
|
Source : -Rapports annuels de la BRB
(1980-2008)
-FMI. Statistiques Financières Internationales (1990.
1995. 2000. 2008)
X
Tableau n°9 : Les variables utilisées dans la
régression
Année
|
IPC
base 100 = 1995
|
M2
(en M BIF)
|
PIBR
(en M BIF)
|
TCER
Base 100 = 1995
|
1980
|
27.54
|
12609.3
|
66974.25
|
133
|
1981
|
30.87
|
15547.3
|
72715.2083
|
160.3
|
1982
|
32.66
|
15359.4
|
79451.58
|
176.6
|
1983
|
35.34
|
19190.9
|
86328.08
|
190.5
|
1984
|
40.43
|
20111.7
|
92034.98
|
176.6
|
1985
|
41.93
|
23645.1
|
121524.53
|
180.2
|
1986
|
42.69
|
23929.4
|
120900.6
|
154.9
|
1987
|
45.72
|
24268.9
|
119143.41
|
132.6
|
1988
|
51.07
|
26622.2
|
119826.191
|
116.6
|
1989
|
54.65
|
29407
|
144294.34
|
118.1
|
1990
|
58.48
|
30200
|
163488.23
|
103.5
|
1991
|
63.7
|
34000
|
170771.78
|
106.4
|
1992
|
66.13
|
36100
|
204315.843
|
90.3
|
1993
|
73.01
|
38700
|
190519.706
|
90.1
|
1994
|
83.89
|
52296.5
|
206259.423
|
94.6
|
1995
|
100
|
51023.5
|
176254.696
|
100
|
1996
|
126.3
|
57200.5
|
183647.134
|
105.1
|
1997
|
165.7
|
63126.8
|
210825.904
|
124.9
|
1998
|
186.41
|
63138.3
|
308672.875
|
111.8
|
1999
|
192.19
|
91900
|
400825.881
|
89.9
|
2000
|
239.47
|
95800
|
343417.594
|
92
|
2001
|
261.19
|
110148
|
450680.906
|
88.3
|
2002
|
258.05
|
140388
|
528167.86
|
82.7
|
2003
|
298.82
|
172294
|
491349.1
|
73.8
|
2004
|
323.92
|
201500
|
618600.448
|
71.1
|
2005
|
366.03
|
257677
|
697501.62
|
83.1
|
2006
|
375.91
|
299897
|
848747.9
|
81.7
|
2007
|
407.49
|
330072.2
|
865978.156
|
76.2
|
2008
|
507.32
|
443117.8
|
927215.5
|
80.3
|
Source : - Rapports annuels de la BRB
(1980-2008)
-Nos calculs pour la deuxième et la dernière
colonne
XI
Tableau n°10 : Résultats du test
d'ADF
|
Valeurs en niveau
|
Valeurs en différence première
|
Décision statistique
|
Séries
|
|
ADF t-stat
|
Valeur critique à 5%
|
Stationnaire Oui ou non
|
ADF t-stat
|
Valeur critique à 5%
|
Stationnaire Oui ou non
|
I(0)ou I(1)
|
PIBR
|
Intercept
|
0.163
|
-2.975
|
Non
|
-4.264
|
-2.980
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.075
|
-3.587
|
Non
|
-4.271
|
-3.594
|
Oui
|
I(1)
|
IPC
|
Intercept
|
0.769
|
-2.975
|
Non
|
-3.174
|
-2.980
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.079
|
-3.587
|
Non
|
-4.770
|
-3.594
|
Oui
|
I(1)
|
M2
|
Intercept
|
3.390
|
-2.975
|
Non
|
-3.255
|
-2.980
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.079
|
-3.587
|
Non
|
-3.700
|
-3.594
|
Oui
|
I(1)
|
TCER
|
Intercept
|
-1.389
|
-2.975
|
Non
|
-3.602
|
-2.980
|
Oui
|
I(1)
|
Intercept & trend
|
-2.338
|
-3.587
|
Non
|
-3.540
|
-3.594
|
Non
|
Non
|
Source : Nous-mêmes sur base des
données de la régression
XII
Tableau n°2: Résultats de l'estimation par
les MCO
Dependent Variable: LNPIBR Method: Least Squares
Date: 03/30/10 Time: 18:14 Sample: 1980 2008
Included observations: 29
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
6.776578
|
1.171487 5.784594
|
0.0000
|
LNIPC
|
0.119245
|
0.126645 0.941575
|
0.0454
|
LNM2
|
0.592245
|
0.115510 5.127234
|
0.0000
|
LNTCER
|
-0.315385
|
0.142473 -2.213648
|
0.0362
|
R-squared
|
0.979734
|
Mean dependent var
|
12.33217
|
Adjusted R-squared
|
0.977302
|
S.D. dependent var
|
0.800768
|
S.E. of regression
|
0.120642
|
Akaike info criterion
|
-1.264539
|
Sum squared resid
|
0.363861
|
Schwarz criterion
|
-1.075947
|
Log likelihood
|
22.33582
|
F-statistic
|
402.8676
|
Durbin-Watson stat
|
1.198996
|
Prob (F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Nous-mêmes sur base des
données de la régression
|