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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§ 3. Théocratie et patrimoine

Peu d'entre nous ont à faire face à la haine une attitude d'autogérance. Il est souvent impossible aux blessés de pardonner tant que leurs offenseurs ne se repentent et ne leur demandent pas pardon. Cependant, les Bantu ne veulent pas que la haine gouverne leur propre vie et ils disent aux Hima-Tutsi de ne plus continuer dans ces manèges, afin qu'ils vivent dans la vérité. Ainsi, les blessures étant profondes, le cheminement vers la liberté peut être très long et douloureux. Nous pensons ici aux milliers des Congolais qui ont survécu aux exterminations des massacres à l'Est. Comment cela peut-il être possible si le pouvoir et ce qu'il est censé protéger ne sont pas bien compris ? Comment alors comprendre l'humanisme tutsi en face de la théocratie ? En d'autre terme quelle théocratie est digne du pardon et porteur d'espoir d'un peuple victime en face d'un peuple bourreau qui s'écrie victime?

La théocratie vient du grec èåï? - dieu - êñáôïò de êñáôåéí - tenir, posséder, ce que la science politique traduit par gouverner ou pouvoir, theokratos, « gouvernement de Dieu », gouvernement fondé sur la souveraineté divine, où le détenteur du pouvoir est Dieu, l'incarnation d'un dieu ou son ministre394(*). Par extension, un pays où le pouvoir est entre les mains du clergé est également appelé théocratie.

Les nuances des régimes de l'ancienne Babylone ou du Japon traditionnel nous montrent que ces monarchies n'étaient pas, au sens propre, des théocraties. Si le souverain était également le grand prêtre du culte national, il n'était cependant pas un dieu. Les pharaons de l'ancienne Égypte dirigeaient un régime proche de la théocratie. Moïse, pour sa part, a instauré un véritable régime théocratique au sein du peuple hébreu. Le théologien français Jean Calvin, au XVe siècle, puis l'homme d'État et militaire anglais Oliver Cromwell, au XVIe siècle, ont essayé de mettre en oeuvre des théocraties. Dans les communautés musulmanes, le califat était aussi une théocratie. À l'époque contemporaine, le gouvernement de l'ayatollah Khomeiny en Iran a pu être considéré comme théocratique.

C'est cette manière qui nous a conduit à replacer les correspondances culturelles dans leur situations externes du point de vue chronologique ; et les corrélations culturelles dans leurs rapports sémiologiques et essentiels. Dans ce sens les évolutionnistes avec leur concept de survivance nous aideront beaucoup. Ces survivances constituent le patrimoine culturel.

Le patrimoine constitue l'ensemble des richesses du monde naturel, culturel ou historique héritées du passé et transmis à une collectivité qui doit le préserver pour le transmettre aux générations suivantes. Le patrimoine est un bien, une richesse commune. Il ne peut pas appartenir à une seule personne. Sa valeur est inestimable, on ne peut pas lui donner de prix et il ne peut pas être acheté ou vendu. Cet héritage peut prendre plusieurs formes ; on distingue le patrimoine naturel, le patrimoine historique et le patrimoine culturel.

Tout ce qui fait la richesse et la diversité de la nature constitue le patrimoine naturel. Appartenant à l'ensemble des habitants de la Terre, il est formé par les ressources naturelles, comme l'air et l'eau, et par toutes les formes de vies animales et végétales présentes dans la nature (c'est la biodiversité). Il comprend aussi les montagnes, les volcans, les océans, les mers et les fleuves, les déserts, etc.

Très fragile, ce patrimoine est de plus en plus menacé. Pour le protéger, on crée par exemple des parcs nationaux et des réserves naturelles. Cependant, une grande partie des richesses existant à la surface de la Terre ne bénéficie d'aucune protection particulière.

Le développement des villes et des industries, la multiplication des automobiles et des déchets non recyclables ont un effet négatif sur sa préservation. Les problèmes de pollution et les catastrophes écologiques (comme les marées noires) ont fait comprendre aux hommes que certains éléments de leur environnement risquaient de disparaître à jamais. Déjà des espèces animales et végétales se sont éteintes et d'autres sont en danger. L'équilibre climatique lui aussi est menacé en raison du réchauffement de la planète. De nombreuses ressources naturelles, comme l'eau, peuvent s'épuiser.

Les hommes sont responsables du patrimoine naturel qui leur a été légué. Leur devoir est de le respecter et d'en prendre soin. Ils devront sans doute changer leur manière de vivre pour réussir à laisser aux générations futures une planète qui a conservé toutes ses beautés et sa diversité. Le patrimoine historique est constitué de tout ce qui apporte un témoignage sur l'histoire d'un lieu ou d'un peuple. Chaque pays, chaque région, chaque groupe national ou ethnique à travers le monde possède donc un patrimoine historique qui lui est propre.

Le patrimoine historique s'illustre sous diverses formes. Par exemple, les écrits rassemblés au cours des siècles et qui témoignent d'événements historiques ou donnent des détails sur la vie quotidienne de nos ancêtres font partie de ce patrimoine. Tous ces textes et récits constituent une somme de documents que l'on nomme archives et qui font l'objet d'une conservation minutieuse.

Les objets de la vie courante sont à regrouper dans la même catégorie. Ils sont souvent l'unique trace de coutumes, d'activités ou de métiers disparus. Certains sont conservés dans des musées tandis que d'autres se transmettent au sein des familles de génération en génération. Toutes ces traces constituent des héritages importants pour comprendre et connaître notre histoire et celle de nos ancêtres. Le patrimoine historique englobe également, en raison de leurs fonctions ou de leur lien précis avec certains évènements de l'histoire, les monuments civils ou religieux. Malheureusement, comme pour les autres vestiges du passé, nombre d'entre eux ont disparus. Des mesures importantes (comme en France la loi Malraux de 1962) ont été prises pour tenter de les protéger et les garder en bon état. L'attachement de la population au patrimoine historique s'exprime chaque année depuis 1984 en France au travers des Journées du Patrimoine.

Certains monuments font également partie, en raison soit du type de leur architecture, soit de leur style ou du renom de leur architecte, du patrimoine culturel. Le patrimoine culturel est constitué de toutes les oeuvres artistiques mais aussi toutes les traditions issues de la culture populaire qui nous viennent des siècles passés.

Le patrimoine culturel d'un peuple représente une grande partie de son identité. Il fournit des références communes à un même groupe d'individus et renforce pour chacun le sentiment d'appartenance à ce groupe.

La langue parlée dans une région ou un pays est l'une des composantes principales de son patrimoine culturel. On range également dans cette catégorie de nombreux autres types d'expressions comme les hymnes nationaux, des chansons, des productions artisanales ou gastronomiques, des danses, des fêtes, des célébrations et tout ce qui appartient au folklore. Les contes et légendes populaires, mais aussi les poèmes et les oeuvres des grands écrivains occupent une grande place au sein du patrimoine culturel. Celui-ci englobe également les oeuvres architecturales mais aussi toutes les autres oeuvres artistiques.

Les bibliothèques et les musées sont chargés de la conservation d'un grand nombre de ces créations : manuscrits ou partitions originales, oeuvres sculptées et peintes par les plus grands artistes y sont gardés avec le plus grand soin. Les éléments qui forment ce patrimoine appartiennent parfois à des particuliers. Eux aussi ont le devoir de les préserver et de les transmettre. Ils doivent créer et entretenir les conditions nécessaires à une bonne conservation et faire entreprendre des travaux de restauration lorsque cela s'impose.

La nécessité de préserver toutes les richesses transmises par les générations passées et la prise de conscience des dangers qui guettent cet héritage ont amené la Conférence générale de l'Unesco de Paris à établir, à partir de 1972, une liste d'éléments du patrimoine dont la survie doit être garantie : le patrimoine mondial de l'Unesco.

C'est le point de vue beaucoup plus compréhensif de l'anthropologie sociale et de la philosophie de l'Histoire qui est intervenu, lequel embrasse, en plus de l'esthétique, l'import général de la manifestation culturelle étudiée, son sens intérieur et sa valeur logique et sociale par rapport au système ethno-historique auquel elle appartient, et en outre les rapports organiques ou essentiels entre manifestations culturelles relevant de civilisations différentes dans l'espace et dans le temps. Cela étant, les monuments littéraires, ainsi que les autres témoins de la civilisation, comme le mwami, deviennent des sources au sens propre du mot, non de sources d'histoire littéraire ou d'histoire d'art, mais des sources historiques au plus haut degré, de vrais documents-témoins de l'évolution socioculturelle de l'humanité. Cela fonde parfois le mythe.

Ernst Cassirer précise que le mythe n'est pas identique à l'émotion qui l'a fait naître mais en est l'expression -- l'objectivation, dans laquelle l'identité et les valeurs fondamentales du groupe acquièrent une signification absolue. Selon lui, le mythe et les modes de pensée mythiques forment le substrat des cultures occidentales, scientifiques et technologiques.

La théocratie tutsie est le passage du mythe à la religion. Ainsi, si l'on passe de la mythologie à la religion, c'est une autre forme culturelle que l'on découvre : sacrifice, prière, rituels du culte modifient le projet mythique. Nous découvrons de cette manière que le mythe Hima-Tutsi se conforme à la pensée de Ernest Cassirer selon laquelle pour le mythe le monde est fait de physionomie, pour la religion toute physionomie est suspecte : le divin étant au-delà, son objectivation nous donne un objet pur intérieur, le roi ou le mwami. Car « le roi n'est pas un homme (...), le roi, c'est lui Dieu » (Poème 65, p. 53 selon la présentation de Kagame).

* 394 Dans le cas sous examen le souverain est dieu lui-même. Il n'y a pas de ministres intermédiaires. Le Roi est dieu, celui-ci est dieu s'il est Roi.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault